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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
C'est avec plaisir que je rencontre les membres du comité de la justice pour discuter du Budget principal des dépenses du ministère de la Justice. Je suis accompagné aujourd'hui par le sous-ministre, John Sims.
Le ministère de la Justice joue un rôle crucial dans la société canadienne. Il promeut les droits, la liberté et les lois du Canada, fournit des conseils juridiques de haut calibre au gouvernement du Canada et assure l'accessibilité, l'efficacité et l'équité du système de justice canadien. Le travail que nous accomplissons au ministère de la Justice a des répercussions concrètes sur la vie de chaque Canadienne et de chaque Canadien. Grâce à notre travail sur les politiques et les lois, nous cherchons à créer des collectivités plus sûres et plus saines à l'avantage de tous.
En tant que Canadiens, nous avons toujours été fiers de notre société démocratique, du faible taux de criminalité et de la sécurité de nos collectivités. La plupart d'entre nous se souviennent du temps où nous ne fermions pas nos portes à clé et où nous ne craignions pas de laisser les enfants jouer dehors sans surveillance. Mais de génération en génération, notre société a changé. Aujourd'hui, nous fermons nos portes à double tour. Nous surveillons constamment nos enfants. Nous sommes conscients des dangers qui les attendent comme le taxage, les gangs et les drogues.
Même si le système de justice du Canada a évolué au fil du temps, son évolution n'a pas suivi le rythme de celle de la société canadienne et il fait maintenant l'objet de pressions grandissantes pour s'adapter aux besoins du Canada du XXIe siècle. C'est pourquoi les Canadiens ont voté pour le changement. Le système de justice du Canada a besoin de nouvelles solutions à nos défis modernes.
Le nouveau gouvernement a énoncé son plan de changement selon cinq priorités: adopter la Loi fédérale sur l'imputabilité, réduire la TPS, augmenter la sécurité de nos collectivités en s'attaquant au crime mettant en cause des armes à feu, des gangs et des drogues, donner aux parents le choix en matière de garderies et établir une garantie sur les délais d'attente pour les patients.
En tant que ministre de la Justice et procureur général, je travaillerai en étroite collaboration avec mon collègue Stockwell Day, ministre de la Sécurité publique, pour concrétiser la priorité du nouveau gouvernement, qui est de rendre nos rues et nos collectivités plus sûres en nous attaquant à la criminalité.
Aujourd'hui, j'aimerais aborder certaines priorités de notre nouveau gouvernement visant à renforcer notre système de justice. Je suis convaincu que les mesures que nous prenons pour donner suite à ces priorités entraîneront des réformes qui feront que tous — et particulièrement les membres les plus vulnérables de la société — pourront se sentir en sécurité dans leur quartier.
Le premier changement à faire est de modifier la façon dont nous traitons les délinquants qui commettent des crimes graves. Il est grand temps que le Canada se montre sévère à l'égard des crimes violents. C'est un problème que les Canadiennes et les Canadiens veulent régler, et le nouveau gouvernement est déterminé à faire en sorte que ceux qui commettent des crimes graves en assument les lourdes conséquences. Toutefois, des peines plus sévères pour les criminels ne sont qu'une partie de la solution.
Nous savons également que le moyen le plus efficace de réduire la criminalité et la victimisation est de les prévenir au départ. C'est la raison pour laquelle nous sommes résolus à appuyer des initiatives de prévention du crime qui s'attaqueront aux causes profondes du comportement criminel. Nous donnerons aux jeunes les connaissances et les outils nécessaires pour prendre de bonnes décisions afin qu'ils puissent éviter les facteurs qui risquent de les mettre en contact avec le système de justice pénal.
Monsieur le président, je suis heureux de dire que nous avons déjà commencé à prendre des mesures pour donner suite à notre engagement de renforcer le système de justice du Canada. Au début du mois, j'ai déposé à la Chambre des communes deux projets de loi qui réformeront notre droit pour que les crimes graves fassent l'objet de sanctions graves.
Un projet de loi qui traite de la détermination de la peine mettra fin au recours aux peines d'emprisonnement avec sursis — y compris la détention à domicile — pour les infractions graves et violentes. Les réformes prévues dans ce projet de loi raffermiront la loi en supprimant la possibilité, pour les contrevenants les plus violents et les délinquants sexuels, de recevoir des peines d'emprisonnement avec sursis. Ainsi, le recours aux peines d'emprisonnement avec sursis sera plus prudent et plus approprié puisqu'il sera réservé aux infractions moins graves qui représentent un moins grand risque pour la sécurité de la collectivité.
L'autre projet de loi que nous avons déposé renforcera les peines prévues pour des crimes impliquant des armes à feu, en donnant davantage de mordant aux dispositions du Code criminel visant les peines minimales obligatoires. Selon la loi proposée, les infractions graves mettant en cause des armes à feu seront assujetties à des peines très sévères. En cas d'infraction reliée à un gang ou d'utilisation d'une arme à feu à autorisation restreinte ou prohibée, notamment une arme de poing, la peine minimale sera de cinq ans pour une première infraction, de sept ans si l'accusé a déjà été condamné pour une infraction mettant en cause une arme à feu et de dix ans si l'accusé a déjà été condamné plus d'une fois pour des infractions impliquant une arme à feu. D'autres infractions liées aux armes à feu, notamment le trafic et la contrebande, ainsi que la nouvelle infraction de vol qualifié accompagné du vol d'une arme à feu, feront également l'objet de peines minimales croissantes plus rigoureuses.
Grâce à ces deux projets de loi, le nouveau gouvernement donne suite à son engagement de protéger les familles et les collectivités canadiennes en s'attaquant à la violence mettant en cause des armes à feu, des gangs et des drogues. Nous serons mieux équipés pour combattre le crime organisé et sortir de nos rues les délinquants dangereux.
En plus de ces deux projets de loi visant la réforme de la détermination de la peine, nous prendrons, plus tard ce printemps, les premières mesures de notre plan visant à protéger les enfants. Nous déposerons un projet de loi qui relèvera de 14 à 16 ans l'âge de consentement à des relations sexuelles, que nous appellerons l'âge de protection. Ce changement permettra de nous aligner sur la plupart des pays du monde. Il était grand temps, et ce changement est d'autant plus important en cette ère d'Internet, alors que les jeunes sont ciblés par des cyberprédateurs.
Il s'agit de premières étapes audacieuses dans la réforme du droit. Outre ces projets de loi et d'autres mesures législatives, nous mettons au point des stratégies améliorées en matière d'application de la loi, de prévention du crime et de services correctionnels, en nous attaquant à des enjeux clés de la justice qui préoccupent grandement les Canadiennes et les Canadiens.
Un de ces enjeux est celui des drogues. Le nombre de plantations de marijuana a augmenté considérablement au Canada, et elles s'étendent maintenant aux banlieues et aux zones rurales. La production et la distribution de drogues comme le crack, la cocaïne, la meth cristallisée et l'ectasy ont aussi augmenté.
Il est temps de déployer encore plus d'efforts en vue de nettoyer nos rues en s'attaquant aux crimes liés à la drogue. Nous devons travailler en vue d'assurer la sécurité et la santé de nos jeunes, en les aidant à faire les bons choix et à ne pas consommer de drogues illicites. Dans cette veine, nous avons déclaré que nous n'avons aucunement l'intention de décriminaliser les drogues, car nous tenons à envoyer aux jeunes le juste message à propos du danger de ces drogues.
Les réformes de la détermination des peines que j'ai annoncées plus tôt joueront un rôle important dans la lutte contre les crimes importants liés aux drogues. De plus, nous allons rendre plus difficile l'accès aux produits chimiques précurseurs des méthamphétamines cristallisées, notamment la pseudoéphédrine. Nous allons déposer une stratégie canadienne antidrogue visant particulièrement les jeunes. La stratégie, qui englobera toutes les drogues, mettra en oeuvre une campagne de sensibilisation à l'échelle nationale en vue de dissuader les jeunes de consommer des drogues. Nous allons accélérer l'expulsion des non-citoyens condamnés pour trafic, importation ou culture de drogues. Enfin, nous allons remettre sur pied la police portuaire du Canada.
Un autre genre de crimes que nous devons régler est celui des courses de rue. Nos villes ne sont pas des pistes de course, et il est temps de nous débarrasser des coureurs qui mettent en danger la sécurité de nos citoyens. Grâce à une réforme de la justice pénale, nous enverrons un message fort de non-tolérance des courses dans les rues canadiennes. Malgré les possibilités de préjudice corporel grave ou de mort, ce phénomène dangereux continue au Canada. Il est manifeste que ceux et celles qui font de la course automobile dans les rues ne se soucient ni de leur propre sécurité ni de celle d'autrui. Les reportages au sujet de pareilles courses sont tragiques. Au cours des dernières années, nombre d'incidents ayant fait l'objet des manchettes ont causé la mort des conducteurs, de leurs passagers et de victimes innocentes. Depuis janvier dernier seulement, trois hommes, un à Vancouver, un autre à Edmonton et un chauffeur de taxi à Toronto, auraient péri à cause de courses de rue.
Le gouvernement du Canada fera en sorte de débarrasser nos rues de ces criminels. Nous sommes résolus à combattre cette activité dangereuse en punissant sévèrement les contrevenants qui mettent délibérément en danger la vie humaine.
En plus de lutter contre ce genre de crimes, nous réformerons la loi visant les processus de libération conditionnelle et de cautionnement. La libération conditionnelle est un privilège qui doit être mérité, non pas un droit à exiger. À cet égard, nous examinerons un éventail d'options, notamment la création d'une présomption de désignation de délinquant dangereux pour quiconque est condamné à une peine de prison fédérale pour trois infractions violentes ou de nature sexuelle. Nous allons envisager d'abroger l'article 745.6 du Code criminel — ce qu'on appelle la « clause de lueur d'espoir » — qui permet à un criminel purgeant une peine d'emprisonnement à perpétuité de présenter une demande de libération conditionnelle anticipée. Nous allons voir s'il y a lieu de remplacer la libération d'office (disposition permettant à un prisonnier d'être libéré sous condition après avoir purgé les deux tiers de sa peine) par une libération conditionnelle méritée. Nous allons voir s'il faut renforcer des dispositions visant la libération conditionnelle pour toute personne condamnée pour avoir commis un crime durant sa période de libération conditionnelle et éliminer à vie la mise en liberté sous condition après une troisième condamnation. Nous allons envisager d'empêcher les tribunaux d'accorder un « crédit » pour temps passé sous garde avant procès pour les personnes à qui un cautionnement a été refusé à cause de leur casier judiciaire passé ou pour avoir enfreint des conditions de cautionnement; enfin, nous allons envisager d'inverser le fardeau de la preuve lors des audiences de cautionnement pour toute personne accusée d'un acte criminel mettant en cause une arme à feu.
Pour toutes ces initiatives, je compte travailler en collaboration avec le Parlement, les responsables de l'application de la loi, les services correctionnels, les poursuivants et mes homologues provinciaux en vue d'élaborer de nouvelles politiques efficaces.
Je voudrais aborder un dernier enjeu fort important, celui de la prévention du crime. Notre gouvernement, comme je l'ai souligné, se concentre sur la lutte contre les problèmes pressants que représentent les crimes commis à l'aide d'armes à feu, les gangs de criminels et les drogues. Mais il reconnaît également qu'il est tout aussi important d'empêcher l'émergence d'un comportement criminel. Nous nous attaquerons aux causes profondes de la criminalité en soutenant les collectivités et les familles grâce à des programmes sociaux efficaces et à des politiques économiques solides. Ces efforts comprendront notamment la concertation avec les provinces, les municipalités, la police et les dirigeants communautaires dans les zones menacées par la violence armée et les gangs, en vue d'appuyer les programmes d'aide aux jeunes. Nous devons les aider à discerner les dangers de la violence dans leurs écoles et leur quartier pour qu'ils soient en mesure de rejeter la violence armée et la violence des gangs.
Les efforts comprendront aussi un appui aux initiatives axées sur les résultats et la collectivité pour traiter la toxicomanie, donner de la formation et réadapter ceux et celles qui ont des démêlés avec la loi, en plus d'investir dans les possibilités offertes aux jeunes à risque, dans les collectivités, axées sur le sport, la culture et la formation professionnelle. En travaillant de concert avec les provinces, les territoires et d'autres partenaires, ce gouvernement soutiendra des solutions qui permettront de mettre fin au cycle de la violence qui peut entraîner l'éclatement des collectivités et de vies.
Je note avec plaisir, monsieur le président, que le budget de 2006 reflète l'engagement pris par le gouvernement du Canada de s'attaquer au crime. En voici les points saillants : 161 millions de dollars pour le recrutement de 1 000 gendarmes et de poursuivants fédéraux afin de mieux se concentrer sur des priorités au chapitre de l'application de la loi comme les drogues et la sécurité des frontières (y compris la contrebande d'armes à feu); 37 millions de dollars pour la GRC pour qu'elle puisse agrandir son Académie nationale de formation (Dépôt) afin d'accueillir ses nouveaux agents et d'augmenter la capacité de formation des futurs agents; des fonds réservés à l'agrandissement des établissements correctionnels pour accueillir un plus grand nombre de détenus à la suite des changements apportés à la détermination de la peine; 20 millions de dollars pour les collectivités en vue d'empêcher la criminalité chez les jeunes, plus particulièrement en ce qui a trait aux armes à feu, aux gangs et aux drogues; et 26 millions de dollars pour donner aux victimes une voix plus efficace dans les services correctionnels et le système de justice fédéraux et leur donner un plus grand accès à des services (possibilité de se rendre aux audiences de libération conditionnelle).
Le budget de 2006 représente une approche équilibrée aux dépenses consacrées au maintien de l'ordre. À mon avis, ces investissements aideront à renforcer le système de justice afin de mieux répondre aux besoins de la société canadienne contemporaine.
Pour terminer, monsieur le président, je voudrais vous remercier, vous et les membres de votre comité, du travail considérable et important que vous accomplissez. C'est un honneur pour moi de participer à ce processus en tant que tout nouveau ministre de la Justice du Canada. Comme je l'ai mentionné au tout début, le système de justice du Canada contribue de maintes façons au bien-être des Canadiennes et des Canadiens — mais il fait également face à de nombreux défis. Je suis convaincu que ces initiatives, que nous poursuivrons au cours des prochains mois, aideront à moderniser le système de justice du Canada. En étant plus sévère à l'égard des criminels — et en nous attaquant aux causes profondes du crime —, nous ferons du Canada un pays où vivre en toute sécurité.
Je suis prêt à répondre à vos questions et j'ai hâte de prendre connaissance de vos réactions.
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie beaucoup. Monsieur le ministre, soyez le bienvenu.
C'est peut-être votre première comparution, mais ce ne sera certes pas la dernière. En effet. le comité examinera le menu législatif du gouvernement quand les projets de loi lui seront renvoyés, mais pour l'instant, il est question du budget des dépenses.
Ce qu'il faut bien comprendre, au départ, c'est que tous les partis sont préoccupés par l'efficacité du système de justice pénale et par son accessibilité. Nous savons que de nombreuses personnes, de plus en plus en fait, n'ont pas accès à l'aide juridique.
J'aimerais que nous parlions des paiements de transfert. Je vois dans le document que certains postes budgétaires ne sont plus requis. Les contributions à l'appui de projets pilotes en matière d'aide juridique, pour lesquelles 955 000 $ avaient été prévus l'an dernier, sont disparues. Mais ce que je trouve le plus intéressant, c'est de constater qu'il existe une aide juridique en matière pénale, et je sais que l'aide juridique en matière civile est préoccupante, monsieur le ministre.
Les contributions versées aux provinces pour faciliter le fonctionnement des systèmes d'aide juridique: tout d'abord, notre budget principal des dépenses de 2005-2006 prévoyait quelque 119 827 000 $. Voilà que ces contributions n'atteignent plus que 79 827 000 $. Vous nous avez décrit un menu législatif qui pourrait mettre plus de gens en prison. Or, vous venez tout juste de parler de votre responsabilité, en tant que ministre, de faire en sorte que le système est équitable, juste et accessible.
J'aimerais savoir où vous en êtes dans vos pourparlers avec vos homologues provinciaux, tant au sujet du besoin de plus d'aide juridique ou, peut-être, d'encore plus que ce qui est offert actuellement — la raison pour laquelle ce montant a diminué. M. Sims peut peut-être vous aider à fournir les détails, parce que c'est dans les détails que j'aimerais...
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Je vous remercie, et je veux effectivement répondre à ce que vous avez dit tout à l'heure au sujet des taux de criminalité. Je vais déposer ces données statistiques, car il s'agit de donner entièrement canadiennes.
Le pourcentage de crimes violents impliquant des armes à feu a augmenté de 10 p. 100 environ au cours des dernières années. C'est particulièrement vrai pour les crimes commis avec des armes de poing. Les meurtres commis au moyen d'une arme de poing ont augmenté de 25 p. 100 environ depuis la fin des années 1990. La police signale également un recours accru aux armes de poing pour commettre des vols qualifiés, extorquer des fonds et perprétrer divers crimes avec violence. En 1993, les victimes d'homicides liés à des gangs représentaient 2,1 p. 100 de toutes les victimes d'homicides. Ce taux est actuellement de 15,3 p. 100. Ce sont seulement quelques-unes des données statistiques. Par conséquent, les crimes violents commis avec une arme de poing et la violence liée aux gangs sont de toute évidence à la hausse.
Ainsi, je peux vous répéter les données statistiques que j'ai citées tout à l'heure concernant les agressions sexuelles. Voici des chiffres intéressants. Les taux d'agressions sexuelles ont augmenté sensiblement depuis la modification de la loi en 1983. Ainsi, de 1983 à 1993, le taux a grimpé de 158 p. 100, soit de 10 p. 100 en moyenne par année. En 2004, 98 p. 100 de toutes les agressions sexuelles étaient classées comme étant des agressions sexuelles mineures. J'ignore ce qu'est la nature d'une agression sexuelle mineure. Selon moi, une agression sexuelle demeure une agression sexuelle. Pendant toute la période de 35 ans, soit de 1970 à 2004, les taux d'agressions sexuelles ont augmenté de 45 p. 100, ce qui revient à 1,1 p. 100 de plus par année. Donc, à nouveau, les données statistiques n'ont pas révélé que ces crimes étaient à la baisse. Le nombre d'infractions avec violence et de crimes graves continue d'augmenter.
Je tenais simplement à le déclarer officiellement, et je suis disposé à contester les affirmations faites avec autant d'assurance selon lesquelles le crime est à la baisse. Demandez aux gens du centre-ville de Winnipeg, de la partie nord de Winnipeg, ce qu'ils pensent de la criminalité d'il y a 20 ans, d'il y a 10 ans et d'aujourd'hui. Demandez aux gens du centre-ville de Toronto si la criminalité avec violence s'améliore. En réalité, elle empire.
J'ai été très heureux de voir le NPD adopter notre point de vue durant les élections fédérales en prônant des peines minimales obligatoires de quatre ans pour les crimes commis avec une arme à feu et d'entendre vos propres commentaires selon lesquels des peines allant de cinq à sept ans pour la commission de crimes violents au moyen d'armes à feu sont acceptables sur le plan constitutionnel. Je suis donc ravi d'avoir pu déposer des projets de loi qui correspondent à certaines de ces vues. Assurément, une peine de dix ans pour un jeune qui, pour la troisième fois, est jugé coupable d'un crime commis avec une arme à feu est trop clémente. Imaginez celui qui, trois fois, commet un crime violent avec une arme à feu, mais qui n'est condamné qu'à dix ans d'emprisonnement. Je suis heureux de voir que vous appuyez l'orientation du projet de loi, si ce n'est les mesures préconisées.
Quant aux deux projets de loi, c'est-à-dire au projet de loi C-9 et au projet de loi C-10, je suis très heureux que, durant mes entretiens avec les procureurs généraux des provinces, bien qu'il n'ait pas été question des effets particuliers de ces projets de loi, ils ont en règle générale manifesté leur appui. En fait, le procureur général néo-démocrate du Manitoba réclame justement l'adoption de ces mesures pour régler le problème des gangs qui est en train d'échapper à tout contrôle dans des régions comme Winnipeg et Toronto et qui commence à s'étendre à d'autres villes.
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Je vous remercie beaucoup.
Puis-je dire au ministre non seulement à quel point il est agréable de le revoir ici, mais également que je le félicite de sa nouvelle nomination. Votre présence à mes côtés va me manquer, mais je suis sûr que je ne vous manquerai pas. Vous aurez de mes nouvelles. Vous vous réjouirez, par ailleurs, d'apprendre que j'agirai avec beaucoup de douceur à l'égard du nouveau ministre par opposition à son prédécesseur.
J'aimerais m'arrêter à certains points. Je suis ravi de voir que vous examinez les données statistiques remontant à 1970, en somme que vous vous penchez sur un tableau plus global d'où nous en sommes en ce pays en termes de crimes graves. J'espère sincèrement que les moyens adoptés seront très efficaces.
Je tiens aussi à mentionner à quel point je me réjouis de voir l'âge de consentement mentionné dans votre déclaration. Vous savez ce que cela représente pour moi personnellement et, seulement la semaine dernière, des jeunes de 14 et de 15 ans ont été retirés du commerce du sexe à Calgary. Ce sont vraiment de bonnes nouvelles. Il est temps d'agir pour aider les enfants qui se retrouvent dans de pareils pétrins.
Vos propos et vos vues au sujet de l'article 745 sont également une douce musique à mes oreilles. Je vous en suis reconnaissant.
Voici le commentaire que j'aimerais faire. Je crois que les projets de loi C-9 et C-10 représentent un pas dans la bonne direction qui pourrait vraiment avoir un effet dissuasif. Plus on en dissuadera de commettre des crimes, naturellement, moins il y aura de crimes. Je crois que c'est là le but de n'importe quel gouvernement, soit de faire ce qu'il peut pour faire reculer la criminalité.
Il y a deux points qui me tracassent depuis longtemps et que j'aimerais que vous commentiez avant tout autre. Le premier, c'est que j'ai travaillé avec Paul Gillespie et des agents d'autres forces policières du pays à lutter contre la pornographie juvénile. Les efforts qu'ils déploient me comblent. Je suis également extrêmement heureux d'entendre Bill Gates et les autres fabricants de logiciels se ranger à notre point de vue et lancer des idées, sur la scène internationale, pour contrer cette industrie diabolique de plusieurs milliards de dollars.
J'aimerais vous entendre parler de ce que nous allons faire dans le domaine de la pornographie juvénile. Selon moi, il conviendrait peut-être d'envisager des peines minimales obligatoires pour ceux qui commettent ce genre de crime.
Ensuite, ma plus grande source de préoccupation est la quantité d'argent que nous dépensons à l'égard des tribunaux. Par exemple — et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres —, il y a sept ou huit ans, un certain Christopher Goodstoney a causé une collision frontale qui a tué quatre jeunes de Saskatoon, en Saskatchewan. Au premier procès, il a plaidé coupable. Il conduisait avec des facultés affaiblies. Ce fut le début d'un long processus. Cinq ans et 18 causes plus tard, on a fini par infliger une peine à Christopher Goodstoney. Je n'arrive tout simplement pas à comprendre pourquoi les procès sont si longs, particulièrement dans des cas aussi évidents. Pourtant, ils sont nombreux. Pouvez-vous me répondre?
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Je peux essayer de répondre à certaines de ces questions, monsieur Thompson. Je vous suis certes reconnaissant de votre indéfectible appui à l'égard de la protection des enfants et du travail que vous avez accompli dans ce domaine au fil des ans. Croyez bien que je l'apprécie à sa juste valeur. Je sais que si nous ne parvenons pas à régler ces problèmes à votre satisfaction, je serai le premier à en être informé directement par vous. J'en suis très conscient. J'apprécie aussi le travail fait par Paul Gillespie et l'escouade de Toronto qui travaillent avec autant de diligence depuis plusieurs années. Cette unité est un exemple éloquent de ce que peuvent faire des policiers dévoués pour le compte des enfants au Canada et, en fait, de notre société. De les voir travailler dans un domaine aussi difficile... Je ne puis qu'imaginer l'effet de voir cela jour après jour. Certains d'entre nous qui ont participé à des poursuites ne font qu'entrevoir ce que voient ces personnes tous les jours. C'est vraiment horrible.
Je tenais également à mentionner la question de l'âge de protection, soit de relever l'âge du consentement à 16 ans. Nous sommes convaincus que c'est très important. Comme vous le savez, nous ne visons pas de la sorte à criminaliser les relations consensuelles entre jeunes. Nous proposerions au contraire que soient exclues en quelque sorte les relations entre jeunes d'un âge rapproché. Certains groupes de protection des enfants militent en faveur d'une exemption pour ceux dont l'écart d'âge n'excède pas cinq ans. De la sorte, ils ne seraient pas poursuivis si la différence d'âge est de moins de cinq ans. Nous maintiendrions cependant l'exemption à l'égard des moins de 14 ans dont l'écart d'âge est de deux ans au plus.
Le problème posé par l'article actuel du Code criminel concernant l'exploitation des jeunes, c'est qu'il appartient essentiellement à l'enfant de déclarer à la barre des témoins qu'il a effectivement 14 ans et qu'il estime que ses relations sexuelles avec une personne de 40, 50 ou 60 ans étaient consensuelles. Les enfants ne devraient pas avoir à subir un interrogatoire pour savoir s'il y avait consentement à cet âge. Le fait que la pratique se poursuive devant nos tribunaux actuellement est répréhensible. Il faut changer cela. C'est pourquoi nous souhaitons relever l'âge de consentement, l'âge de protection, à 16 ans, pour que lorsque ces prédateurs adultes exploitent nos enfants, ceux-ci n'aient pas à passer en jugement. C'est le prédateur qui est poursuivi. Nous avons donc pris l'engagement de régler ce genre de problème.
L'autre problème que vous avez mentionné est celui de la longueur des procès. Le problème est de taille, et je crois qu'il va falloir travailler en partenariat avec les cours pour le résoudre. Toutefois, le gouvernement dispose de certaines options. Ainsi, depuis les arrêts de la Cour suprême du Canada dans l'affaire R. c. Stinchcombe, il faut essentiellement remettre à la défense chaque petit bout de papier pour qu'elle puisse assurer une défense entière et convenable à l'accusé d'un crime.
Il faut donc s'interroger. Si nous fournissons déjà toute cette documentation sur papier, essentiellement par voie d'enquête préliminaire, pourquoi maintenir l'enquête préliminaire? Pourquoi soumettons-nous les témoins à deux interrogatoires par les avocats de la défense alors qu'en fait, il ne devrait y avoir qu'un seul procès? Rien dans la Constitution n'exige la tenue d'enquêtes préliminaires. En fait, souvent, lorsque des crimes graves sont commis, particulièrement ceux qui mettent en cause d'importantes transactions de drogue ou qui sont liés à un gang et que vous ne voulez pas que vos témoins soient intimidés entre temps, vous pouvez passer à la mise en accusation directe et ainsi accélérer le dossier de manière à ce qu'il se retrouve rapidement devant un juge -- de sorte qu'il y a un procès complet et constitutionnel -- et n'avoir qu'une seule audience.
Ce sont là des points qui à mon avis méritent qu'on s'y arrête. En tant que comité de la justice, vous devriez examiner des moyens de l'améliorer. Donc, à mesure que les tribunaux ont modifié notre système de justice de manière à respecter les droits constitutionnels, d'autres étapes qui ne sont pas requises par la Constitution sont essentiellement dédoublées. Il faut se demander si elles sont, en fait, requises autrement.
Monsieur le ministre, il faut punir le criminel avec sévérité, cela ne fait aucun doute, mais il faut aussi le faire avec intelligence, et si de nouvelles mesures sont proposées en matière de justice pénale, il faut qu'elles soient justifiées par des faits.
Vous citez des données de Statistique Canada, mais je suis en train justement de lire le rapport de Statistique Canada selon lequel le taux de criminalité du Canada, d'après les données fournies par les services policiers, a baissé de 1 p. 100 l'an dernier. Les crimes avec violence ont diminué. Les vols qualifiés commis au moyen d'une arme à feu continuent de régresser. Je ne souhaite pas me lancer dans une guerre futile de chiffres, mais je tiens tout de même à dire qu'on ne peut pas se présenter devant le comité avec les projets de loi C-9 et C-10 à moins de pouvoir prouver qu'ils sont justifiés. Ce côté-ci de la Chambre n'est pas convaincu par vos chiffres, sauf votre respect. De plus, on ne peut pas justifier une politique gouvernementale par une simple impression. Il faut avoir une certaine preuve pour justifier les mesures envisagées. Or, d'après les données de Statistique Canada dont je dispose, sauf votre respect, ce n'est pas le cas.
Le deuxième problème, c'est le fait que mes commettants d'Etobicoke-Lakeshore sont tout aussi préoccupés par le crime que vos commettants de Winnipeg, mais qu'ils souhaitent une approche équilibrée, monsieur le ministre, et je me demande si l'approche que vous avez choisie est équilibrée. Investit-on réellement assez dans la prévention du crime? Investit-on assez dans des programmes de justice pour les jeunes de manière à éviter le plus possible leur incarcération?
Ce que je constate, dans la stratégie de base qui nous est présentée, c'est qu'on insiste trop sur l'incarcération. J'ai donc deux questions à vous poser. Tout d'abord, avez-vous en main, lors de vos entretiens avec le ministre de la Sécurité publique, des données précises sur les répercussions budgétaires qu'aura la nécessaire expansion des services correctionnels? Je ne crois pas que nous ayons obtenu de vous une réponse claire à ce sujet. Combien cela va-t-il coûter, monsieur le ministre? Ensuite, pouvez-vous nous donner l'assurance qu'il existe un équilibre? Vous semblez vous en remettre presque exclusivement à l'incarcération.
Sur une note plus personnelle, j'aimerais dire que j'ai passé trois ans dans une prison à sécurité maximale où, tous les mardis soirs, j'allais faire du bénévolat. La conclusion à laquelle j'en suis venu après mon passage dans un pareil établissement — et nul n'est moins tolérant que moi à l'égard du crime —, c'est que le recours exclusif à l'incarcération ne fait qu'endurcir presque tous les détenus. Il va falloir que vous convainquiez le grand public qu'un recours exclusif à plus d'incarcérations va vraiment régler le problème que vous souhaitez résoudre. Or, d'après ce que j'ai vu, ce n'est tout simplement pas le cas.
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En réponse à vos propos, puis-je simplement vous suggérer d'examiner la situation en termes de générations. Ne vous limitez pas à un an ou deux. Très franchement, une augmentation de 100 p. 100 des crimes violents ou dangereux dans certaines régions est simplement inacceptable, qu'elle se produise sur une génération ou en dix ans.
Ce qui nous préoccupe et nous incite plus particulièrement à déposer ces projets de loi par exemple, c'est le pourcentage actuel d'homicides commis avec des armes de poing. Leur nombre a effectivement augmenté de 25 p. 100 environ depuis la fin des années 1990. Et ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres.
Je vous invite à demander aux chefs de police de venir vous parler de l'activité des gangs dans votre ville. J'ai reçu des breffages au sujet des moyens perfectionnés qu'utilisent les gangs et de la manière dont ils contrôlent maintenant les rues. Nous ne parlons pas ici simplement de petits gangs de rue isolés, mais de gangs qui s'allient à d'autres gangs plus âgés, si vous me passez l'expression, pour pousser encore plus loin leurs entreprises criminelles.
Par conséquent, ce qu'accomplissent les projets de loi, particulièrement celui qui établit des peines minimales obligatoires, c'est de braquer les feux sur la criminalité commise au moyen d'armes à feu et de faire en sorte que les problèmes causés par les gangs et les armes à feu sont réglés.
Le maire Giuliani a une feuille de route impressionnante. Tout récemment, il a pris la parole devant un auditoire de Winnipeg, et on m'en a fait un compte rendu. Il serait essentiellement d'accord avec vous, je crois, pour dire qu'il faut avoir en place tous ces programmes de prévention. Ils sont très importants. Cependant, il a bien insisté pour dire que, si l'on ne s'attaque pas simultanément au crime de la rue, c'est de l'argent jeté par les fenêtres. Le crime de la rue exige une réaction très ferme. On peut envier au maire sa feuille de route. Le taux de meurtres commis à New York est actuellement inférieur à ce qu'il était en 1963. Vers le milieu des années 1990, 2 200 personnes étaient tuées chaque année à New York. Actuellement, le nombre oscille aux alentours de 550. Vous me direz que 550 personnes, c'est beaucoup, mais si l'on s'arrête aux mesures qu'il a prises pour réagir fermement au crime, on peut affirmer qu'on sauve chaque année 1 500 vies.
Quant vous parlez d'approche équilibrée, que pourrait-il y avoir de plus équilibré que de sauver 1 500 vies? Voilà ce qui importe, selon moi.
Quande je rencontre un homme ou une femme autochtone dans la partie nord de Winnipeg, où les gangs règnent en maîtres sur la rue... qu'y a-t-il d'équilibré dans le fait d'avoir peur de sortir, non seulement la nuit, mais également en soirée et durant le jour? Qu'y voyez-vous d'équilibré? Il faut retirer de la rue les gangsters et les trafiquants de drogues. Je puis vous assurer qu'à ce moment-là, les programmes sociaux, économiques et communautaires donneront les résultats escomptés.
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Ce sont là d'excellentes questions, mais je n'ai pas la réponse à chacune d'entre elles.
Est-ce que le processus qui a servi à choisir le candidat à la Cour suprême et à nommer le juge Rothstein m'a plu? Tout à fait. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec tous les partis, y compris avec votre ex-collègue bloquiste, M. Marceau, qui faisait partie de votre comité. En fait, c'est lui qui a présidé le comité examinant la question des nominations aux tribunaux inférieurs à la Cour suprême du Canada.
Pour ce qui est de la nomination à la Cour suprême du Canada et de savoir si nous devrions conserver la même démarche, le premier ministre a certes indiqué qu'il y est favorable. Il aimerait que la démarche devienne permanente. Il est certain, à tout le moins, qu'il faudrait continuer de faire ce que nous avons fait. Je puis vous dire que nous avons reçu une demande pour que le comité soit convoqué à nouveau pour parler du processus, parce que nous n'avons pas encore eu l'occasion de tirer des leçons et de faire peut-être des suggestions ou des recommandations au premier ministre en ce qui concerne les audiences futures.
Pour ce qui est des cours inférieures — et je n'emploie pas le terme dans son sens péjoratif, mais bien pour signaler qu'elles relèvent toutes de la Cour suprême du Canada, si j'ai pu l'exprimer ainsi — , je ne suis pas sûr que le même processus convienne, étant donné le nombre de vacances actuellement. Il existe une démarche que nous avons examinée, et le rapport a effectivement signalé certaines préoccupations concernant la façon dont les juges ont été nommés.
Plusieurs organes provinciaux examinent les nominations provinciales, par exemple, et je crois que nous pourrions en apprendre beaucoup de ce qu'ont fait des comités provinciaux qui recommandent des nominations à la cour provinciale. Je connais assurément mieux la situation au Manitoba, mais je ne crois pas qu'elle soit si différente de celle de l'Ontario.
Le point important à retenir en ce qui concerne la nomination des juges, surtout à la Cour suprême du Canada, c'est qu'il faut présenter ces personnes à la population canadienne. Voilà ce que j'ai constamment entendu après la tenue des audiences, que les gens ont compris que ces personnes — plus particulièrement le juge Rothstein, qui est le seul à avoir fait l'objet d'une pareille démarche — sont des êtres en chair et en os. Ce sont de véritables êtres humains. On en a réellement pris conscience. La population a estimé que les audiences lui ont permis de connaître beaucoup mieux la personne. Je crois que le fait de connaître les juges entraînera aussi une meilleure acceptation de leurs décisions. Quand vous connaissez le décideur, il est facile d'accepter sa décision. Donc, pour ce qui est de la crédibilité des tribunaux, c'est une étape importante à franchir, mais je suis disposé à travailler avec le comité à ce genre de recommandations.
J'aimerais remercier le ministre de la Justice de l'exposé fort instructif qu'il nous a fait aujourd'hui. J'ai pu constater par moi-même, dans la circonscription que je représente et un peu partout ailleurs au Canada, à quel point la population ose maintenant espérer que les rues seront sécuritaires.
J'ai une question à poser, mais il faut auparavant que je vous fournisse un peu de contexte. Je suis la mère d'un policier de la Gendarmerie royale du Canada. J'ai été également porte-parole de mon parti en matière de justice au Manitoba.
J'aimerais poser une question centrée sur les données statistiques dont il a été question aujourd'hui. Le ministre a, à très bon droit, souligné le fait que le nombre d'homicides commis avec une arme de poing a augmenté du quart et celui des agressions sexuelles, de 158 p. 100. Dans la rue, quand la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents est entrée en vigueur, on s'en moquait en disant que les mesures prévues pour contrer la criminalité chez les jeunes n'étaient pas assez sévères. Beaucoup d'événements se sont produits par la suite. Je sais, après avoir travaillé avec la police et être allée sur le terrain, que de nombreuses données statistiques ne sont pas connues parce que les jeunes criminels ne sont jamais mis en accusation. Qu'ils utilisent des armes de poing ou autre chose, leurs crimes ne sont souvent pas pris en compte dans les données statistiques simplement parce que les jeunes ne sont pas incarcérés et qu'ils ne sont pas mis en accusation. Donc, en tenant compte de ce fait et après avoir parlé à de nombreux policiers qui ont travaillé avec ces jeunes, je crois que les données statistiques canadiennes ne disent pas tout.
De toute évidence, les gens ne se sentent pas en sécurité et, depuis les annonces selon lesquelles nous allons sévir contre les criminels, les gens ont commencé à faire à nouveau confiance au système de justice canadien. C'est à vous et aux membres du comité assis autour de cette table qu'en revient tout le crédit parce qu'au sein d'une société démocratique, les Canadiens devraient avoir le privilège de se sentir en sécurité dans leurs quartiers. Il est question ici de quartiers qui, par le passé, étaient sans danger.
Cela étant dit, quand on parle d'incarcération et du fait qu'il faut avoir une approche équilibrée, la population n'a pas l'impression que le système de justice a été dans le passé équilibré parce qu'il n'y avait pas de conséquences pour les crimes commis contre elle.
Une autre donnée statistique dont nous ne disposons pas est le coût de la criminalité. Combien coûtent les automobiles détruites au hasard? Quel est le coût des entrées par infraction dans les maisons des Canadiens? Quel est le coût pour la famille de l'agression sexuelle d'un de ses membres? Il est si élevé qu'il ne sera pas reflété dans ce genre de données statistiques, parce qu'il existe tant d'autres variables.
Je m'attendrais, monsieur le ministre, à ce que le nombre d'incarcérations augmente effectivement. Un point que vous avez fait valoir, c'est qu'il faut d'abord s'occuper de ceux qui commettent les crimes, nettoyer les rues, avant de mettre en place des programmes qui appuient les jeunes et les détournent du crime. Souvent, les jeunes — et j'ai parlé à de nombreux jeunes — ont versé dans la criminalité parce qu'ils n'avaient pas un milieu familial positif ou à la suite de pressions exercées par les pairs. Les attaques en bande à main armée dans les cours d'école se font plus fréquentes.
Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous faire connaître votre réaction au fait que la statistique dont nous disposons ne donne pas un portrait vraiment juste des incarcérations parce que tant de jeunes n'ont pas été mis en accusation, même s'ils ont commis des crimes?
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Il est certain que c'est exactement ce que nous avons constaté, avec la promulgation de la
Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Bien des agents de police ne prennent même plus la peine de dresser des rapports ou de porter des accusations. Alors je ne serais pas étonné qu'à bien des égards, les statistiques sur la criminalité soient en baisse, mais l'incidence de la criminalité continue d'augmenter.
Je peux donner l'exemple d'une situation survenue tout récemment à Vancouver, alors que le nouveau maire de Vancouver vient d'annoncer à nouveau — je l'ai entendu il y a environ deux mois — que désormais, les agents de police seraient envoyés enquêter sur les introductions par effraction. Auparavant, quand quelqu'un était entré par effraction chez vous, vous téléphoniez à la police et c'était la fin de l'enquête. Maintenant, ces infractions qui, jusqu'ici, ne comptaient pas dans les statistiques y seront intégrées. Comme il n'y avait pas de suivi, il n'y avait pas de statistiques officielles.
Si on regarde la situation sous l'angle du bon sens seulement, les gens savent que la criminalité, dans nos rues, est loin de ressembler à la situation d'il y a 20 ans. Vous êtes dans le nord-est de Winnipeg, un secteur où moi, j'ai grandi, et je sais qu'il y a eu des changements. Il y a eu des vols, des introductions par effraction, des vols de voiture, alors qu'il y a 25 ou 30 ans, on n'entendait jamais parler de ce genre de choses.
Je remarque le bon travail que vous faites avec les organisations communautaires, à cet égard, et que vous appuyez la police. Votre fils n'est pas seulement un agent qui vient de joindre les rangs de la GRC, mais il était agent de police à Brandon pendant de nombreuses années. Avec les étroits rapports qu'il entretient avec la communauté autochtone du Manitoba, il a une connaissance solide et approfondie de ce qui se passe réellement dans nos rues et dans nos collectivités autochtones, qui sont tellement marquées par la hausse de la criminalité.
Nous nous préoccupons de soutien de la prévention du crime. Mon ministère, avec celui de la Santé, gère le programme du financement des tribunaux de traitement de la toxicomanie. Par ce programme, nous versons des fonds à six tribunaux de traitement de la désintoxication : Toronto, Ottawa, Winnipeg, Edmonton, Regina et Vancouver. Il y a d'autres programmes de financement de la justice, qui se poursuivront — le fonds de renouvellement du système de justice pour les jeunes. Le programme du fonds juridique et de partenariats et d'innovation est toujours prêt à examiner des propositions visant à prévenir et à réduire la criminalité. Nous travaillons en étroite collaboration, au ministère de la Justice, avec d'autres ministères comme celui de la Protection publique, et il y a de solides programmes de prévention du crime.
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Pour l'instant, nous n'avons pas examiner la
Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Je sais que divers partis ont pris divers engagements lors des dernières élections, en ce qui concerne la réduction de l'âge de la responsabilité criminelle pour certains types de délits. Mon ministère est en train d'examiner certains aspects de la
Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, et nous n'avons pas encore élaboré de stratégie particulière au sujet de cette Loi. Mais je peux dire que le procureur général Scott, de la Nouvelle-Écosse est venu me voir et qu'il était très préoccupé de la question de la libération provisoire des jeunes délinquants. Il estimait que c'était un problème qu'il fallait régler. Le maire de Toronto, par exemple, a parlé d'inversion du fardeau de la preuve quand il s'agit de crimes mettant en cause des armes à feu.
Je pense qu'il nous faut tenir compte du fait qu'il s'agit d'un adulte ou d'un adolescent quand nous parlons des conditions de libération, et c'est quelque chose qui doit être fait.
Nous examinerons tous les engagements qu'a pris mon parti lors des dernières élections, ainsi que certains des engagements qu'a pris, je pense, le parti néo-démocrate relativement à certaines de ces mêmes questions.
Je crois qu'il y a une certaine marge de manoeuvre. Avec un parlement minoritaire, bien entendu, il faut agir quand on peut et où on le peut, et c'est l'une des raisons qui fait, par exemple, que nous ayons mis de l'avant les peines d'emprisonnement minimales obligatoires pour les crimes mettant en cause des armes à feu — un élément qu'appuyaient le Parti libéral et le NPD lors des dernières élections. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons pu agir aussi rapidement que nous l'avons fait, et les partis devront nous rendre des comptes s'ils ne s'acquittent pas des promesses qu'ils ont faites pendant les élections, et de fait, ils devront en rendre à la population canadienne.
Je dirai seulement ceci pour terminer, au sujet de ce que vous disiez sur les coûts, quel est le coût pour la société. Je parlais devant la Chambre de commerce de Surrey, il y a quelque temps, et elle estimait à ce moment-là qu'un toxicomane dépendant du crack qui vit dans les rues coûte d'environ mille dollars en biens volés chaque jour — tous les jours. C'est 365 jours par année, 365 000 $ par année. Ce n'est pas tout le monde qui paie pour cela, mais les gens d'affaires, eux, le paient. Il y a un coût énorme dans ces 365 000 $ qu'un toxicomane vole au cours d'une année. C'est un coût qui, souvent, passe inaperçu. C'est un coût financier.
Mais le coût pour quelqu'un chez qui on est entré par effraction... Pour un vieillard, par exemple, chez qui ont surgi des gens qui l'ont battu sans scrupule, pour voler quelque centaines de dollars, quel est le coût pour cette personne? Où est l'équilibre? Où est l'équilibre quand on commence à parler de ce genre de coûts et de ceux qui commettent ce genre d'actes contre les plus vulnérables de notre société?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, il est certainement rafraîchissant d'entendre quelqu'un d'aussi déterminé que vous l'êtes à durcir l'approche de la criminalité, en votre qualité de nouveau ministre de la Justice.
Avant d'être élu député, j'étais conseiller municipal. S'il y a une chose que j'ai remarquée, une année après l'autre, en ce qui concerne l'augmentation de la criminalité, c'est que chaque année, notre service de police nous annonçait des augmentations de plus de 10 p. 100, et la raison à cela était une augmentation du nombre d'incidents. Il est certain que c'est l'une des raisons qui fait que la municipalité manque tellement d'argent — l'augmentation de la criminalité, et je l'ai même constaté dans notre petite ville de Barrie.
La hausse du taux de criminalité ne survient pas seulement dans les grandes communautés du pays, et cela devient un problème pour les petites villes et communautés. Alors, votre approche est certainement rafraîchissante.
J'ai assisté à une réunion à l'hôtel de ville, en novembre dernier, avant les élections. Notre chef de police y était, de même que des représentants de toutes les divisions de la police de la ville de Barrie, et l'une des critiques qui a été entendue au sujet du maintien du Code criminel et de la politique du ministre de la Justice d'alors, c'est qu'on avait tout simplement l'impression d'une porte tournante.
La question que j'ai à vous poser est la suivante: quelles initiatives avez-vous mises en oeuvre pour apaiser cette impression de désespoir chez nos agents de police qui travaillent si fort, qui font leur travail et qui revoient dans les rues quelques semaines plus tard les gens qu'ils avaient arrêtés?
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Permettez-moi de vous raconter un incident qui, selon moi, illustre et résume de nombreux incidents, particulièrement en ce qui concerne les peines avec sursis ou la détention à domicile.
Un sergent du Sud de la Colombie-Britannique, dans la région de White Rock, me parlait d'une situation où ils avaient arrêté pour la troisième fois une personne qui avait été condamné à une peine avec sursis. Il avait déjà eu deux condamnations avec sursis. Il était encore en période de sursis. Quand il a été ramené la troisième fois devant le juge, celui-ci lui a dit qu'il était évident qu'il n'écoutait tout simplement pas les conditions qui lui avaient été imposées; par conséquent, il supprimait toutes les conditions et renvoyait la personne dans la rue.
Alors voici un incident, peut-être radical ou extrême, d'une réaction judiciaire, mais l'enjeu des condamnations multiples avec sursis n'est pas extrême. Cela se fait tout le temps, et la police peut vous dire exactement la même chose. De fait, cela contribue à la frustration que ressentent bon nombre des agents de police qui appréhendent particulièrement des jeunes qui participent aux vols de voitures ou à l'introduction par effraction... de simplement libérer ces personnes sans même les faire passer par le système. Ce que nous faisons, quand nous libérons ainsi les jeunes, c'est que nous créons de meilleurs criminels. Ils comprennent qu'il n'aurons pas à assumer de conséquences, et leurs crimes augmentent. Malheureusement, ce qui arrive, c'est que quand ils atteignent l'âge de 18 ans, à un moment donné, ils doivent les assumer, ces responsabilités, mais plutôt que d'avoir à les jeter en prison ou dans un établissement pénitencier à l'âge de 18 ans, si nous travaillons vraiment avec eux pour qu'ils prennent leurs actes au sérieux, je pense que nous pourrions réduire cet effet de porte tournante.
Les peines avec sursis ne rendent service à personne. En ne faisant qu'appréhender les jeunes et en les relâchant à cause de la frustration que cause la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, nous ne rendons pas service aux jeunes. En fin de compte, leurs actes les rattrapent. Que ce soit le système judiciaire qui les rattrape, ou la toxicomanie, ou que ce soit le malheur qu'ils font vivre à leurs familles et à leur collectivité, ils finissent par devoir assumer. Alors il faut régler cela.
C'est l'une des premières étapes si on dit qu'en ce qui concerne les peines avec sursis, si on a commis un acte passible d'une peine de 10 ans ou plus, les peines avec sursis ne sont tout simplement pas une possibilité. C'était l'intention originale du projet de loi, quand il a été proposé, mais il était mal rédigé, ou peut-être qu'il a été délibérément ainsi libellé, dans le but qu'il s'applique aux crimes violents et graves. Alors nous avons l'homicide involontaire et les agressions sexuelles qui sont maintenant passibles de détention à domicile.
Très franchement, l'idée que rien que parce qu'on abolit les peines avec sursis pour ce genre de crimes on envoie des gens en prison n'est pas correcte. Il reste encore la solution de la condamnation avec sursis avec ordonnance de probation, ce qui est beaucoup plus efficace, pas aussi fastidieux, pas aussi complexe, et un mécanisme beaucoup plus efficace que peut utiliser la police pour faire assumer leurs responsabilités à ces personnes. Alors on n'a pas besoin de les envoyer en prison, mais il faut avoir un mécanisme qui leur fait assumer leurs responsabilités quand ils enfreignent ces ordonnances. À mon avis, dans ce type de situation, les peines avec sursis ne suffisent tout simplement pas.
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Monsieur le ministre, le 10 novembre, nous devons voter relativement à ce budget. Vos plans et priorités seront révélés en septembre, je crois. Nous aurons probablement le Budget supplémentaire des dépenses, alors vous pourrez nous donner plus de détails sur ces discussions avec vos collègues des provinces, parce que ce sont des sujets importants.
Je ne pense pas que nous jouions à la politique avec le Code criminel du Canada. Je trouve que nous nous fondons effectivement sur les preuves. Je pense que c'est important pour tout le monde. J'aimerais rappeler à tous que le Code criminel prévoit actuellement vingt peines minimales obligatoires rien que pour les crimes mettant en jeu des armes à feu. Il y en a plusieurs autres concernant d'autres types de délits, mais le critère de proportionnalité de la condamnation est clairement prédominant; il est encore là. Vous n'y changez rien. C'est l'objet du débat et nous avons ici un parlement minoritaire.
Certains d'entre nous aimerions nous attaquer très sérieusement à ces enjeux. Lorsque nous nous adresserons à vous et à votre ministère, monsieur le ministre, j'aimerais recevoir votre assurance que lorsque nous recevrons des documents d'information, ce sera plus que les projets de loi et les documents que vous diffusez, comme communiqué de presse, que nous recevrons des informations complètes et appropriées pour pouvoir comprendre le point de vue que vous essayez de mettre de l'avant — pourquoi vous avez ou non inclus certains articles du Code, certaines infractions, et le raisonnement, pour que ces renseignements puissent être partagés. Vous avez dit aujourd'hui que vous êtes prêt à faire certaines modifications. Je suis tout à fait impatiente de m'attaquer à la modification de certaines de ces dispositions.
Nous devons travailler sérieusement, faire un effort concerté pour agir dans l'intérêt de tous les Canadiens. Ce n'est pas quelque chose qui appartient à un parti ou à l'autre de la Chambre. C'est quelque chose qui a très bien marché. Avant de commencer toute étude approfondie des aspects de la loi, je pense que ce comité devra entendre les gens de Statistique Canada et des juristes ici, et commencer à travailler en partant d'une base sur laquelle nous nous entendons tous. Ce n'est pas l'affaire pour quelqu'un de choisir un certain lieu et une certaine heure, une certaine période, ou une certaine tribune, mais de travailler avec des données pertinentes et acceptées sur lesquelles nous pouvons tous nous entendre. Ce n'est pas trop demander si on veut faire une étude sérieuse de ce projet de loi, et nous avons procédé à des études sérieuses de projets de loi dans le passé; je siégeais à ce comité quand nous avons instauré certaines de ces peines minimales obligatoires.
Personnellement, je ne suis pas particulièrement folle des peines minimales, mais mon avis personnel ne veut pas dire qu'elles ne sont pas utiles. Je suis prête pour ce débat. Je pense que ces discussions devront se tenir et laisser une place appropriée aux témoignages de gens qui en savent peut-être plus que vous ou moi personnellement, des gens qui ont étudié ces questions toute leur vie, et les intervenants, que ce soit des associations de policiers — vous savez, les associations de policiers du pays nous disent que le registre des armes à feu est pour eux un outil, par exemple.
Nous devons nous intéresser à tous les intervenants, à tous les renseignements, et ne pas faire de choix. Je pense que c'est ce qu'il y a de plus important à comprendre.