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Voulez-vous que je l'explique?
Monsieur Hanger, je peux vous dire tout de suite que je me suis entretenue avec la greffière législative et son chef d'équipe avant qu'elle-même ne soit affectée au projet de loi à l'étude. Elle m'a indiqué que, parce que le projet de loi ne comprend qu'un paragraphe, parce qu'il est formulé comme cela, il est très difficile de le modifier à cette étape-ci.
Pendant nos audiences, bien des témoins ont parlé de la discrétion et de la dénonciation. Mon amendement traduit essentiellement ce que le gouvernement libéral précédent avait prévu à cet article de l'ancien , mais on me dit que les règles sont telles que mon amendement sera irrecevable.
La greffière législative, ainsi que le chef de son service, m'ont aussi dit que tout amendement contenant une liste d'infractions serait irrecevable.
Je sais donc que mon amendement est irrecevable. J'aimerais néanmoins le déposer pour que tous ceux qui ont témoigné sachent que nous avons tenté de faire modifier le projet de loi selon leurs préférences.
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Je comprends aussi la position de Mme , qui a sollicité des informations auprès de la même source, monsieur .
Voici maintenant ma décision.
Le apporte un seul changement de fond à l'article 742.1 du Code criminel. Il prévoit que les infractions poursuivies par mise en accusation et passibles d'une peine maximale d'emprisonnement de 10 ans ou plus ne peuvent faire l'objet d'un emprisonnement avec sursis.
L'amendement propose d'autres mesures en remplacement de ce plan législatif. Selon son libellé, les infractions auxquelles il s'appliquerait dépassent, dans certain cas, la portée du projet de loi.
Par ailleurs, le paragraphe 2 de l'amendement permet au tribunal d'exercer son pouvoir discrétionnaire, ce qui est contraire au principe du .
L'ouvrage de Marleau et Montpetit précise, à la page 654: « Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture est irrecevable s'il en dépasse la portée et le principe ».
Par conséquent, je déclare l'amendement irrecevable au motif qu'il propose un autre plan législatif qui contredit le principe du projet de loi et en dépasse la portée.
Monsieur le président, chers collègues, nous avons entendu des témoins qui se sont prononcés sur ce projet de loi. Je présente cet amendement... comme vous pouvez le constater, c'est un extrait du premier amendement qui a été jugé irrecevable. Cet amendement limite l'exclusion de la peine d'emprisonnement avec sursis aux infractions que le gouvernement précédent estimait inadmissibles à cette peine. L'amendement est le suivant: « ... qu'une infraction constituant des sévices graves à la personne au sens de l'article 752, qu'une infraction de terrorisme ou qu'une infraction d'organisation criminelle, chacune d'entre elles étant poursuivie par mise en accusation et passible d'une peine maximale d'emprisonnement de ... » et nous mentionnons ensuite les dix ans.
Cet amendement énonce donc quelles catégories d'infractions ne pourront faire l'objet d'une peine d'emprisonnement avec sursis.
Il y a donc les infractions d'organisation criminelle prévues au Code criminel, catégorie qui pourrait donc inclure plus d'infractions si jamais on en prévoyait d'autres dans ces dispositions du Code criminel. Une infraction de trafic de drogue, par exemple, commise dans le cadre des activités d'une organisation criminelle ne pourrait par conséquent faire l'objet d'une peine d'emprisonnement avec sursis. En revanche, les petits trafiquants n'ayant aucun lien avec une organisation criminelle pourraient recevoir une peine d'emprisonnement avec sursis, ce qui, comme nous l'ont dit certains témoins, surtout ceux qui nous ont parlé du tribunal de type Gladu et des tribunaux de traitement de la toxicomanie, serait plus utile et plus conforme à l'intention initiale.
En ce qui concerne les infractions de terrorisme, encore une fois, bon nombre d'infractions seraient visées et la liste de ces infractions pourrait être augmentée. La société canadienne s'inquiète beaucoup du terrorisme et nous estimons que quiconque s'adonne à ce genre d'activité, quiconque dont la Couronne peut prouver qu'il a participé à des activités terroristes ne devrait pas profiter d'une peine d'emprisonnement avec sursis.
La catégorie des sévices graves à la personne est, encore une fois, assez souple pour faire l'objet d'ajouts; c'est aussi celle qui préoccupe le plus le public. Nous avons mené des consultations à ce sujet et ce sont les infractions qui soulevaient le plus de préoccupations et que l'on voulait exclure des peines d'emprisonnement avec sursis à l'origine, avant que ne soit rendue la décision dans l'affaire Proulx. Ce sont dans ces cas-là que des limites s'imposent, selon nous.
En conséquence, les infractions contre les biens ne seront plus assujetties à cette mesure législative. Je rappelle aux membres du comité que, lors de sa comparution devant notre comité, le ministre nous a encouragés à en discuter entre nous et avec nos collègues, ce que nous avons fait. J'ai prévenu le secrétaire parlementaire de nos intentions et j'en ai certainement parlé ici, en comité, à maintes reprises.
Nous avons reçu des statistiques aujourd'hui, ce qui est un peu tard, mais c'est ce qui se produit quand les échéanciers sont si serrés. Ces statistiques indiquent que 29 p. 100 de ces cas étaient des cas de crime avec violence... Je ne retrouve plus ces statistiques, monsieur le président.
Je n'ai pas l'intention de parler longtemps, parce que mon gouvernement a choisi ces domaines avec soin lors de la dernière législature. Je ne pourrais pas ajouter le domaine de la dénonciation que nous avions également ajouté, parce que ça ajoutait un autre concept au projet de loi qui n'était pas inclus dans le paragraphe. Voilà donc l'option que j'ai dû adopter, parce que ce projet de loi ne nous a pas été présenté avant la seconde lecture. Il est conforme, et je crois qu'il limite partiellement les peines d'emprisonnement avec sursis. Notre gouvernement croit que les peines d'emprisonnement avec sursis...
Les témoins que nous avons entendus jusqu'à maintenant disent que nous n'aurions pas dû aller aussi loin. La réponse la plus convaincante nous a été donnée par Julian Roberts, qui avait fait beaucoup de travail pour le ministère de la Justice, et qui a dit que c'était l'orientation à prendre.
Je vais m'arrêter là. Certains de mes collègues ont peut-être quelque chose à ajouter. Je pourrais toutefois m'étendre sur le sujet. Le projet de loi ne compte qu'un paragraphe, il y a donc des limites aux façons dont on peut l'amender, et je crois que c'est la façon qui correspond le mieux à ce que le gouvernement précédent voulait faire.
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Monsieur le président, il m'est agréable d'annoncer au comité, sans vouloir surprendre qui que ce soit, que le Bloc québécois va appuyer cet amendement. Il s'agit d'un amendement qui fait preuve de génie à sa façon, compte tenu que les règles n'étaient pas faciles et que le fait de n'avoir qu'un article rendait la portée assez circonscrite.
Je pense qu'au terme de nos travaux, suite à cet amendement, deux ou trois enseignements doivent être tirés. Il faut préciser, d'abord, que le recours à l'emprisonnement avec sursis est une pratique marginale au sein du système de justice. On sait bien que seulement 5, 6, ou 7 p. 100 des cas où il y a condamnation donnent lieu à une peine d'emprisonnement avec sursis. Malgré ce qu'ont laissé entendre certaines personnes, rien n'a permis à ce comité de conclure, au cours des travaux et des discussions avec les témoins, que le recours à l'emprisonnement avec sursis était démesuré.
D'ailleurs, l'Association canadienne de justice pénale est venue nous rappeler que seulement 38 p. 100 des cas d'emprisonnement avec sursis concernaient des infractions liées aux biens des personnes. De plus, si on additionne les infractions concernant l'administration de la justice et celles liées au Code de la sécurité routière, le total dépasse 50 p. 100.
L'emprisonnement avec sursis a été très bien balisé. Nous ne pouvons donc pas partager la crainte du gouvernement. Ce qui inquiète davantage le Bloc québécois et qui le pousse à appuyer cet amendement, c'est la question du marqueur de 10 ans. La liste que le gouvernement a présentée manque totalement de nuances. Il ne faudra pas que cela se reproduise dans le cadre des prochains projets de loi. Il faudra que le gouvernement travaille avec un peu plus de dextérité intellectuelle, de souplesse et d'habileté. Les témoins nous ont bien dit que le marqueur de 10 ans était, de toute évidence, trop général.
Un des témoins nous a donné l'exemple de l'introduction par effraction. Il y a une différence entre le cas d'un individu qui fait un cambriolage en pleine nuit sur la rue Darling, dans la circonscription d'Hochelaga-Maisonneuve, et celui d'une ex-conjointe qui tente de récupérer des biens faisant partie du patrimoine familial. En vertu du Code criminel, c'est la même infraction, mais il s'agit de réalités complètement différentes.
Évidemment, ça ne signifie pas que les législateurs doivent s'abstenir d'envoyer des messages. À cet égard, je pense que vous et moi serons d'accord. Certains aspects de l'amendement de Mme Barnes me plaisent. Quelqu'un qui côtoie Mme Barnes depuis plusieurs années dans le cadre des travaux de comité peut se rendre compte qu'il s'agit d'une personnalité plutôt nuancée. Bien sûr, elle peut à l'occasion faire preuve d'un certain tempérament, mais qui peut prétendre traverser la vie publique sans jamais manifester un peu de caractère? J'imagine qu'il en va de même pour les sous-ministres. Quand on a des responsabilités, il arrive qu'on doive s'affirmer.
À moins de vouloir faire partie de la trop longue liste d'invertébrés — et ici, je ne vais pas citer d'exemples à ce comité —, on peut relever des aspects positifs. Un témoin que vous tenez sans doute en haute estime, en l'occurrence un membre du Service de police de Montréal, nous a dit qu'il était acceptable, dans certains cas, de donner des indications. On a mentionné les cas de terrorisme. À ce sujet, on se rappellera le projet de loi C-36. Je n'implique pas ici que nous sommes favorables aux certificats de sécurité. Quoi qu'il en soit, c'est un autre débat, et on lira avec beaucoup de plaisir le rapport que fera la Cour suprême sur cette question.
Mon collègue du Bloc québécois, le très talentueux Serge Ménard, qui n'est évidemment pas le seul de ce nom à être talentueux au caucus, s'est prononcé. Nous sommes d'accord pour dire qu'il faut, dans certaines circonstances, donner des indications à la magistrature. En effet, nous faisons encore confiance aux juges. C'est peut-être un facteur qui différencie grandement les gens ce côté-ci de la table et ceux de l'autre côté.
Les infractions de terrorisme et de gangstérisme sont un très bon exemple de situations où il faut créer du droit nouveau. Je me rappelle avoir rencontré des hauts fonctionnaires du ministère de la Justice — et il ne s'agissait pas de vous, madame, mais de certains de vos collègues — qui étaient convaincus qu'on pouvait démanteler les grands réseaux de crime organisé en ayant simplement recours aux dispositions sur le complot.
Étant député du comté où était survenu l'attentat à la voiture piégée, qui avait coûté la vie à un jeune concitoyen de 11 ans, Daniel Desrochers, je savais bien qu'il fallait créer du droit nouveau, donc une nouvelle infraction.
Dans les cas de terrorisme, de gangstérisme, d'organisation criminelle et de sévices contre la personne, tels que décrits à l'article 752, il n'est pas souhaitable de recourir à l'emprisonnement avec sursis. Je veux terminer en disant qu'une chose m'a beaucoup déçue, à ce comité. Pendant toute la durée des travaux, des gens ont laissé entendre — et je vais peut-être considérer de mon devoir d'adresser une question au secrétaire parlementaire de même qu'à Mme Kane — que l'emprisonnement avec sursis, tel que la Cour suprême du Canada le définit dans l'arrêt Proulx, n'était pas une peine d'emprisonnement. Or, l'emprisonnement avec sursis, monsieur le président, c'est de la prison. C'est à ce point vrai que si vous vous donnez la peine de relire l'arrêt Proulx, ce jugement de 94 pages voté à la majorité et rendu par le juge Lamer, vous constaterez que le juge doit motiver son jugement.
On y dit même — et vous me corrigerez si je me trompe, madame Kane, — que la décision d'avoir recours à l'emprisonnement avec sursis, de même que celle de ne pas y avoir recours, doit être motivée. En outre, la Cour suprême dit qu'il y a trois conditions: il faut idéalement qu'il y ait un couvre-feu et de la surveillance électronique, et il y a, bien sûr, toutes les conditions minimales, dont le maintien de la paix et d'une bonne conduite.
Monsieur le président, si vous le permettez, je vais poser une question à notre secrétaire parlementaire et à Mme Kane. Êtes-vous sous-ministre? Si vous ne l'êtes pas, je vous souhaite de l'être.
Considérez-vous qu'en tant que parlementaires, nous pouvons, à la lumière de l'arrêt Proulx, conclure que l'emprisonnement avec sursis, tel qu'on le retrouve à l'article 742 du Code criminel, doit être dûment assimilé à une peine de prison?
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Je vais vous faire part de mes commentaires relativement à cet amendement, et je remercie Mme Barnes de l'avoir présenté. Toutefois, le gouvernement n'appuiera pas l'amendement, et je vais vous dire pourquoi.
Le problème semble venir... Votre liste comprend l'infraction de terrorisme, l'infraction d'organisation criminelle et l'infraction constituant des sévices graves à la personne. Ce projet de loi a été rédigé de cette façon pour une raison. Le maximum a été établi pour une raison. Nous nous sommes servis du maximum de 10 ans ou plus parce que nous voulions une loi qui s'appliquait de façon générale, sans avoir à dresser une liste précise.
Je vais vous donner l'exemple du leurre par Internet, qui ne serait pas couvert par votre amendement. Un projet de loi d'initiative parlementaire a été présenté à la Chambre. C'est quelque chose de très sérieux. Le projet de loi vise à faire passer la peine maximale à 10 ans. Donc le projet de loi ne comprendrait pas cette infraction. Et nous, de notre côté, ne pensons pas que pour ces infractions dont nous avons dressé la liste ici, et qui sont punissables, comme le gouvernement du Canada l'a déjà dit, d'une peine maximale de 10 ans, et dans certains cas de 14 ans... Nous avons déjà déterminé qu'il s'agissait d'infractions graves. Nous croyons que lorsque nous procédons par voie de mise en accusation, la peine d'emprisonnement avec sursis ne devrait pas être une option. Et votre amendement ne couvre pas cela. Cela veut dire qu'une personne reconnue coupable de leurre par Internet...
Je veux simplement qu'on se comprenne sur un point. Je respecte la logique du gouvernement. Ce sera votre prérogative d'émettre un vote favorable ou non, et il en va de même pour nous. On va s'en tenir ici à l'état du droit et à la façon dont la Cour suprême a interprété l'emprisonnement avec sursis. Ma question s'adresse à Mme Kane.
Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que dans l'arrêt Proulx contre la Cour suprême, en l'an 2000, on nous a invités, comme législateurs, à comprendre que l'emprisonnement avec sursis était une peine de prison?
Je ne vais pas aborder les autres nuances. Trop souvent, au cours des travaux de notre comité, des députés se sont comportés comme si l'emprisonnement avec sursis n'était pas une peine d'emprisonnement. Ce système souffre peut-être de certaines lacunes, j'en conviens, mais je ne voudrais pas que qui que ce soit pense, au terme de nos travaux, que l'emprisonnement avec sursis n'est pas une peine d'emprisonnement. Est-ce que j'ai bien compris l'arrêt Proulx?
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Comme M. Lee, j'aimerais qu'on note les faits suivants. J'ai lu très tard l'amendement de Mme Barnes, mais il reste que je l'ai lu. À l'instar de mon gouvernement, je vais voter contre cet amendement, mais je vais vous expliquer pourquoi.
Une des raisons pour lesquelles je suis ici, au Parlement, c'est qu'en tant que praticien du droit, comme M. Lemay, j'ai travaillé du côté des victimes et de celui de la Couronne. Dans le projet de loi , le but est de protéger les victimes. Je veux qu'on sache que moi, Daniel Petit, je veux protéger les victimes et non essayer, par l'entremise de toutes sortes de scénarios, de protéger ce qu'on a déjà essayé de protéger mais sans succès.
Je veux donc qu'on note clairement que je ne suis absolument pas d'accord pour que l'amendement soit adopté de cette façon. Je veux empêcher qu'on ne puisse pas protéger les victimes d'actes criminels, soit des enfants, des femmes et même des hommes. Je pense que c'est très important. Ce n'est plus une question d'avocasserie: il s'agit tout simplement d'accorder la priorité aux victimes.
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Merci, monsieur le président.
Tout comme le Bloc, j'appuie cette modification. Avant même que le comité entame son travail, et lors des témoignages, j'ai constaté qu'il y avait des problèmes au Canada dans le système d'attribution des peines avec sursis. En effet, le régime est perçu comme étant utilisé à mauvais escient alors que le public canadien aurait préféré que le criminel purge une peine plus sévère qu'une condamnation avec sursis. J'estime que cet amendement répond à cette préoccupation.
Pour être franc, monsieur le président, lorsque j'ai lu ce projet de loi pour la première fois et après l'avoir analysé, je me demandais s'il ne limitait pas trop la portée des peines avec sursis et ne donnait pas trop de directives aux tribunaux. Mais après avoir analysé en plus à fond le projet de loi, j'estime que nous avons adopté un ton adéquat et que nous répondons correctement aux préoccupations des collectivités canadiennes. Des témoins nous ont indiqué que si l'amendement du gouvernement, soit le projet de loi C-9, était adopté, environ 5 500 incidents -- c'est-à-dire des accusations -- ne pourraient chaque année faire l'objet de peines avec sursis.
J'ai effectué une analyse, qui n'est pas scientifique. J'ai constaté que si on excluait toutes les accusations, du moins en surface, en vertu de l'article 752, qui sera le critère utilisé par les tribunaux si cet amendement est adopté en comité et au Parlement, alors seulement environ 1 500 accusations ne pourraient chaque année faire l'objet de peines avec sursis. Nous savons qu'à cela s'ajoutent les peines qui se muteront en probations, ce qui est pire que les peines avec sursis en raison des restrictions auxquelles font face les juges pour les conditions de la probation. Je le répète, nous avons entendu beaucoup de témoignages à cet effet.
Enfin, monsieur le président, ma dernière préoccupation porte sur les coûts. Nous savons que les montants seraient assez importants si les 5 500 accusations étaient exclues des peines avec sursis, et si un nombre important des accusés se retrouvait dans les prisons provinciales. Bien sûr, ces coûts ne seraient pas absorbés par le gouvernement fédéral mais par les provinces. De nouveau, j'estime que si nous adoptons cet amendement en comité et à la Chambre, nous aurons réduit substantiellement les coûts pour les provinces. Je n'en ai pas fait l'analyse, mais les coûts seraient considérablement moins élevés que si on adoptait l'amendement du gouvernement.
J'aimerais faire une dernière observation, monsieur le président. J'ai étudié certaines infractions précises, et 'ai demandé à la Chambre de me fournir quelques statistiques. Quatre ou cinq des infractions se trouveraient dans la catégorie des infractions constituant des sévices graves à la personne. Ce sont ces infractions auxquelles on porte le plus d'attention et qui comprennent la majorité des 1 500 accusations dont je parlais plus tôt. Il y avait deux infractions qui me préoccupaient plus particulièrement, et nous allions les exclure complètement. D'abord, il y avait l'infraction pour avoir causé des lésions corporelles. D'après les statistiques de l'année dernière, ce type d'infraction a mené à environ 850 peines avec sursis. Je tiens pour acquis que, étant donné la qualité des pouvoirs judiciaires du pays, bon nombre de ces infractions méritaient des peines avec sursis, tandis que les cas de lésions corporelles n'étaient pas graves au point de justifier un emprisonnement. C'est ce que les juges ont tranché dans 850 cas. Des statistiques similaires s'appliquent aux infractions relatives à la conduite d'un véhicule.
Ce que nous faisons en adoptant cet amendement — je tiens pour acquis que l'amendement sera adopté — c'est de permettre aux tribunaux et aux juges de déterminer que, même si quelqu'un est accusé d'avoir commis une infraction ayant causé des lésions corporelles, les conséquences de ce préjudice — soit les blessures causées à la victime — ne sont pas graves au point d'exclure la possibilité d'une peine avec sursis.
À cet égard, j'ai fait des recherches sur des affaires liées à l'article 752. Bon nombre des affaires indiquent que l'on peut invoquer l'article 752 dans ces cas. La peine avec sursis est infligée même lorsqu'elles remplissent le critère législatif mais non le critère circonstanciel. Donc, si l'infraction ayant causé des lésions corporelles est plus mineure, ils seraient quand même admissibles.
Cela dit, monsieur le président, je suis convaincu que les infractions qui seront exclues seront celles que la société souhaite exclure des peines avec sursis. Cet amendement fournit une orientation suffisante aux juges pour qu'ils sachent quelles infractions exclure, soit celles causant les plus graves préjudices et qui requièrent une peine plus sévère.
Voilà qui termine mes observations. Merci, monsieur le président.
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Je vous dirai, au départ, que s'il n'en avait tenu qu'à moi, j'aurais voté sans hésitation contre ce projet de loi et j'aurais fortement recommandé à mes collègues de notre parti de s'opposer carrément à ce projet de loi.
Je me suis plutôt rangé à l'avis de Mme Barnes et à l'avis de mon collègue, l'extraordinaire et très savant Réal Ménard.
M. Réal Ménard: Pas tant que ça, monsieur le président
M. Marc Lemay: Je n'en ajouterai pas plus, monsieur le président. Il a réussi à me convaincre que cet amendement était juste et équitable et qu'il guidera adéquatement les tribunaux à l'avenir. Je vais m'y soumettre.
Cependant, je veux m'adresser à mes collègues d'en face en reprenant les paroles de Giuseppe Battista, qui est probablement l'un des meilleurs avocats en droit criminel de la province de Québec. Il est extrêmement respecté par les Cours supérieures, la Cour d'appel et la Cour suprême du Canada en particulier. Il a déclaré aux législateurs, que si le projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, ce serait le crime et non l'individu qui serait jugé, ce qui est contraire à toutes les pratiques établies par les tribunaux et aux principes de réhabilitation et de sanction.
J'ai plaidé durant 25 ans devant les tribunaux et devant la cour criminelle et j'ai toujours cru important de rappeler au juge que c'était l'individu qu'il devait juger, et non pas le crime commis. Commettre un crime est un geste odieux, peu importe sa nature. Comme le dit l'adage: « Qui vole un oeuf vole un boeuf ». C'est dommage que notre collègue ne soit pas ici aujourd'hui, car je lui dirais que lorsqu'il est question de réhabilitation et de sanction, on doit considérer l'individu en face de soi, et non pas le crime.
Oui, on doit tenir compte du crime, de la réprobation que le crime soulève. C'est exactement ce qu'a fait l'emprisonnement avec sursis. Je répète que j'ai lu les 94 pages de l'arrêt Proulx. Je les ai citées et déposées devant le tribunal au moins une vingtaine de fois depuis 1996, et je vous dirai que l'arrêt Proulx est clair, pour une fois. La Cour suprême déclare que l'emprisonnement avec sursis est une peine de prison. J'ai des clients à qui j'ai fortement recommandé de ne pas accepter la peine d'emprisonnement avec sursis, parce qu'ils ne seraient pas capables d'observer les conditions extrêmement strictes que bien souvent les tribunaux imposent avec un emprisonnement avec sursis.
C'est la raison pour laquelle je suis prêt à expliquer, devant tous les comités de victimes auxquels mes collègues, Me Petit ou d'autres, voudront bien m'inviter, la position que je défends et que je défendrai toujours. Nous allons prendre des mesures pour que le Code criminel soit adapté aux situations et que les criminels récidivistes ne se retrouvent pas dans les rues tous les jours.
Cependant, s'il y a des associations de victimes pour plaider leur cause — et je respecte les associations de victimes —, il y a aussi d'autres moyens de se faire entendre du Parlement. Je m'excuse de le rappeler, cela semble une évidence, mais nous sommes ici pour discuter du Code criminel, et le Code criminel s'intéresse aux crimes. Or, malheureusement, les crimes sont commis par des individus. C'est pour cette raison que nous sommes ici, soit pour faire en sorte que le Code criminel réponde mieux aux aspirations du XXIe siècle.
Je termine en disant que je voterai en faveur de l'amendement, car il me semble qu'il pose des balises intéressantes. Il ne faut pas oublier que nous allons guider les tribunaux et leur expliquer que dans le cas de certains crimes, tels que ceux prévus par l'amendement de , ils devront limiter les peines d'emprisonnement avec sursis. De cette manière, nous n'entraverons pas le travail du juge qui doit rendre une sentence, nous n'influencerons pas sa décision quant à la sentence qu'il doit rendre.
J'espère que mes collègues vont comprendre ces arguments et faire en sorte que nous passions au vote sur cet amendement dans les plus brefs délais.
Merci.
Je vais vous dire brièvement ce que je pense de l'amendement. C'est aussi un résumé de toutes les audiences.
En gros, je crois que l'emprisonnement ne fonctionne pas dans notre système. On inflige des peines d'emprisonnement depuis des siècles, et la criminalité existe toujours. Il s'agit surtout de cas de récidive; alors il est clair que l'emprisonnement ne fonctionne pas. On a donc instauré l'emprisonnement avec sursis. La grande majorité des témoins et des témoignages laissaient entendre soit qu'il y avait eu amélioration, soit que cette option n'était pas pire que l'emprisonnement. En fait, même le ministre, lorsqu'il a comparu, a eu l'occasion de parler de quelques cas — peut-être huit ou une demi-douzaine parmi des dizaines de milliers parmi les pires — et pour ces cas, il n'était pas en mesure de déterminer si l'emprisonnement avec sursis avait fonctionné. Cela aurait pu fonctionner dans tous les cas.
L'élimination de l'emprisonnement avec sursis comporte certains risques. Certains délinquants pourraient ne pas être condamnés parce qu'il n'y a pas de peine juste et raisonnable à la disposition des tribunaux. Dans certains cas, on procédera par procédure sommaire; les délinquants ne suivront donc pas un traitement d'une aussi longue durée. Et comme M. Comartin du NPD l'a dit, certains délinquants qui n'obtiendraient pas normalement une probation recevraient une période de probation — un traitement moins efficace que l'emprisonnement avec sursis, parce qu'il n'offre pas tous les traitements et toutes les conditions.
Je suis déçu du fait que nous n'avons pas suffisamment mis l'accent et que nous n'avons pas eu assez d'information sur les types de conditions et de traitements dont peut être assorti l'emprisonnement avec sursis, de même que sur les raisons pour lesquelles cette option est universellement acceptée par les universitaires et les praticiens du domaine. Bien que cela puisse à première vue sembler contre-intuitif, à mon avis les témoignages laissent entendre que nous améliorons la sécurité de la société pour les femmes, les enfants et les victimes, parce que les délinquants sont beaucoup moins susceptibles de récidiver. N'oubliez pas que tous les délinquants visés par cette loi vont finir par retourner dans la collectivité ou ont à tout le moins le potentiel de retourner dans la collectivité. Donc, s'ils sont tous pour retourner dans la collectivité, et si nous avons deux options, et l'une des options fait en sorte que les délinquants sont moins susceptibles de récidiver, c'est celle qu'il faut choisir pour assurer la sécurité des victimes, des gens et de la société.
Finalement, à titre de représentant du Nord pour l'opposition, je veux vous dire que nous faisons face à des conditions uniques qui peuvent exacerber le potentiel de dangerosité des délinquants. Lorsque les délinquants sont incarcérés à des centaines et même à des milliers de milles de chez eux, ils sont loin du soutien familial nécessaire à la réinsertion sociale. L'emprisonnement peut donc nuire davantage à un délinquant du Nord qu'à un délinquant du Sud.
Compte tenu de ce qui précède, je n'appuie pas le projet de loi. Toutefois, nous avons tous entendu le témoignage de Canadiens qui ne veulent pas que cette option soit offerte aux délinquants reconnus coupables d'un crime grave. Je peux le comprendre.
Je veux revenir au caractère unique du Nord. Dans certains cas de crimes sexuels graves, par exemple, on voudrait assortir l'emprisonnement avec sursis de conditions, mais comme les collectivités sont petites et isolées, il serait presque impossible de tenir le délinquant loin de la victime, souvent une femme. L'amendement tiendrait compte de ces situations.
Finalement, je veux réagir à deux objections qui ont été soulevées. La première a été formulée par M. Moore. C'était que les crimes graves ne seraient pas visés. N'oubliez pas que toutes les peines maximales pour ces infractions existent toujours; elles seront donc à la disposition des juges dans les cas de crimes graves. Les tribunaux pourront toujours y recourir.
La seule autre objection qui a été soulevée jusqu'à maintenant a été émise par M. Petit, je crois. Il dit qu'il ne faut pas manquer à notre devoir de protéger les femmes et les enfants. Comme je l'ai déjà dit, les témoignages laissent entendre qu'ils seront en fait mieux protégés.
Ce qui m'a vraiment convaincu et surpris, ce sont les statistiques selon lesquelles une peine d'emprisonnement avec sursis assortie d'une probation comportait en moyenne 700 jours de traitement, pour tenter de mettre fin à la récidive, ce que nous n'avons jamais réussi à enrayer dans la société... et des conditions, etc. pour favoriser la réinsertion sociale des délinquants, alors qu'en prison, le nombre moyen de jours de traitement est de 47. À mon avis, la société est beaucoup mieux protégée avec 700 jours de traitement et plusieurs options de conditions qu'avec 47 jours de traitement.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je ne vais pas répéter tout ce qui s'est dit. Félicitations à Sue Barnes d'avoir travaillé avec les autres partis pour proposer des amendements qui ont vraiment du sens.
Je crois que ce qui me dérangeait le plus dans ce projet de loi dès le départ, à titre de nouveau député au Parlement et d'avocat, et je ne crois pas devoir m'excuser pour cela — être député, je ne sais pas, mais être avocat, non — c'est que le projet de loi semblait s'en prendre à la magistrature. On estimait que le système ne fonctionne pas, que les juges sont trop cléments, et qu'il fallait donc corriger la situation avec ce projet de loi. Je trouvais que c'était insultant.
Mais il faut retenir que le gouvernement ne visait pas à éliminer complètement les peines d'emprisonnement avec sursis, même s'il a peut-être mené le public à croire que c'était le cas. Donc, si l'objectif n'était pas d'éliminer cette option complètement, mais seulement de resserrer le système, je crois que ces amendements atteignent l'objectif visé.
Deuxièmement, selon les témoignages que nous avons entendus, les peines d'emprisonnement avec sursis fonctionnent. Elles sont appropriées dans de nombreux cas. En limitant le recours à ces peines, ou en éliminant cette option dans les trois cas énoncés dans cet amendement, le gouvernement réussit en fait à resserrer l'utilisation des peines d'emprisonnement avec sursis pour les crimes graves, si je peux les appeler ainsi. Il dira peut-être « mission accomplie », mais on ne doit pas oublier qu'il s'agit d'un processus. L'imposition de peines d'emprisonnement avec sursis est un phénomène relativement nouveau dans le Code criminel et dans le système de justice pénale, et par cet amendement et le projet de loi présenté par le gouvernement, je crois qu'on confirme la perception du public selon laquelle ces peines ne fonctionnaient pas.
Je peux blâmer les médias et le gouvernement d'avoir créé et d'avoir renforcé ces perceptions, mais le fait est que ces perceptions existent. Comme Myron Thompson dirait s'il était ici, les gens ont toujours raison, et les gens ont l'impression qu'il faut faire quelque chose en ce qui a trait à certaines applications de l'emprisonnement avec sursis. C'est ce que cet amendement fait.
Aussi, à titre de membres responsables du comité, il ne faut pas oublier que plusieurs procureurs de plusieurs provinces ont demandé à ce que le recours aux peines d'emprisonnement avec sursis soit limité dans certains cas, et c'est exactement ce que cet amendement fait.
Finalement, n'oublions pas les victimes. Il ne faut pas oublier que les délinquants qui purgent une peine d'emprisonnement avec sursis sont surveillés par la société et le système de justice, et ce, pour une période plus longue que les délinquants qui sont simplement incarcérés.
Je crois que Larry en a déjà parlé, mais on ne peut pas répéter assez que tout régime de détermination des peines touche les populations autochtones de manière disproportionnée. Nous devons donc, à titre de députés responsables, faire très attention lorsque nous resserrons et augmentons les peines qui, comme nous le savons, nuiront de façon pernicieuse aux collectivités autochtones.
Je suis donc tout à fait en faveur de cet amendement. Évidemment, Sue Barnes me ferait passer un mauvais quart d'heure si ce n'était pas le cas, mais j'y crois aussi du fond du coeur.
Merci.
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Merci. Nous avons discuté de beaucoup de choses. J'ai eu le temps d'examiner l'amendement plus en profondeur et d'y penser, et je dirais aux membres de l'opposition qu'on ne peut pas tout avoir. D'un côté, — et j'ai écouté tout ce qui a été dit — les peines d'emprisonnement avec sursis sont considérées comme une réponse à tout: ce système est meilleur que le système carcéral; il règle tous nos problèmes; les juges appliquent toujours, mais toujours, les peines d'emprisonnement avec sursis de façon appropriée. C'est ce que j'entends. Voilà toutefois un amendement qui limite en fait le recours aux peines d'emprisonnement avec sursis.
Le gouvernement a écouté les Canadiens, et nous avons déterminé qu'il faut réduire le recours aux peines d'emprisonnement avec sursis. Dans les cas de leurre par Internet, d'incendie criminel à des fins frauduleuses, d'introduction par infraction, qui sommes-nous pour déterminer qu'il ne s'agit pas d'infractions graves?
J'ai entendu les témoins. Je peux même dire que nous avons reçu des universitaires qui n'ont même jamais rencontré une victime de leur vie. Nous avons entendu des groupes de victimes et des policiers qui rencontrent des victimes quotidiennement nous parler de ce qu'était pour eux la justice, de leur sentiment que justice avait été rendue, que leur gouvernement les a protégés, que le système de justice les a protégés; ils nous ont parlé de leur sentiment de sécurité, nous disant que si un crime était commis contre leur personne ou contre leurs biens, ils estiment que justice pourrait être rendue. Ils ont confiance en notre système, et plus tard, lorsqu'ils découvrent que le délinquant est de retour dans la collectivité, ils ont l'impression qu'aucune justice n'a été rendue.
Encore une fois, compte tenu de ce qui précède, je ne suis pas en faveur de cet amendement. Je tenais à réagir après avoir pris le temps de l'analyser un peu mieux, parce que c'était la première fois que j'en prenais connaissance. Je crois qu'il est trop limité; il limite trop le projet de loi. L'opposition semble reconnaître que dans certains cas, on ne devrait pas pouvoir recourir aux peines d'emprisonnement avec sursis. Je ferais valoir que ces cas étaient compris dans le projet de loi, mais cet amendement limite trop le projet de loi. Je crois qu'il ne tient pas compte de certaines infractions très graves qui causent des torts irréparables aux victimes. Dans ces cas, le délinquant peut très bien se retrouver dans le même quartier que les victimes après avoir purgé sa peine. La victime elle, doit vivre avec les conséquences le reste de sa vie, tandis que le délinquant est détenu à domicile.
Et nous savons tous maintenant à quel point les délinquants sont surveillés lorsqu'ils purgent une peine d'emprisonnement avec sursis. Je sais que c'est bien de parler d'un certain nombre de jours de surveillance, mais qu'est-ce que les témoignages nous ont dit sur la surveillance? Certains témoins ont indiqué que la surveillance n'était pas efficace. Il y a bien une raison qui explique la perception des Canadiens selon laquelle les gens qui commettent des crimes s'en tirent bien lorsqu'ils obtiennent une peine d'emprisonnement avec sursis.
Et cet amendement reconnaît que c'est bel et bien le cas, mais j'estime tout simplement que l'amendement ne va pas assez loin. Voilà ce que je pense de l'amendement; je n'ai rien d'autre à ajouter.
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Merci, monsieur le président. Je pense qu'il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce qui a déjà été dit.
J'aimerais répondre à l'intervention de M. Moore. Il a dit — et j'utilise ses termes — que certaines infractions graves ne seront pas visées par cet article qui restreint la portée du projet de loi. Mais en fait, la quasi-totalité qui l'inquiète tombera bientôt sous le coup de l'article même du Code criminel, parce qu'en vertu des dispositions actuellement en vigueur, le juge ne peut imposer une peine avec sursis que si ladite peine est de moins de deux ans. Si le juge estime que le crime est assez grave pour mériter l'emprisonnement dans un pénitencier, il ne peut pas, à l'heure actuelle, imposer une peine d'emprisonnement avec sursis.
Le Code criminel n'oblige jamais le juge à imposer une peine d'emprisonnement avec sursis; ce n'est qu'une option parmi d'autres. D'après les témoignages que nous avons entendus, le projet de loi du gouvernement, sous sa forme actuelle, pourrait entraver considérablement les modalités de détermination de la peine qui sont actuellement utilisées dans le cas d'accusés autochtones, aussi bien dans le Nord que dans les centres urbains, et par certains tribunaux spécialisés; il existe trois ou quatre tribunaux consacrés aux affaires de drogues qui recourent aux peines d'emprisonnement avec sursis.
J'ai exercé le droit dans la région de Toronto. Je connais l'existence de tribunaux qui, bien qu'ils ne se spécialisent pas officiellement dans des affaires de nature précise, s'occupent particulièrement d'infractions touchant les femmes ou les familles. À l'occasion, ces tribunaux de ressort pénal imposent — et certains le font plus que d'autres — des peines avec sursis. Voilà pourquoi j'hésite à restreindre indûment leur pouvoir de le faire.
Je suis cependant prêt à envisager la création d'une restriction raisonnable qui permettrait de remédier à la situation hypothétique où un juge aurait prononcé une sentence de toute évidence injustifiable.
Mon collègue a mentionné la possibilité d'en appeler. C'est probablement de cette façon qu'on peut corriger les erreurs des juges, qui représenteraient 2 p. 100 des jugements rendus. Je reconnais que les appels coûtent cher, et que nous ne voulons pas alourdir indûment la charge de travail des procureurs de la Couronne en multipliant les appels, mais c'est une solution possible.
Sous sa forme actuelle, le projet de loi se sert d'un outil d'évaluation que nous reconnaissons tous comme très grossier: la peine maximale de 10 ans. Pour toutes les raisons évoquées par nos témoins, y compris nos témoins experts, ce n'était pas un bon critère pour restreindre les peines avec sursis.
Nous avons donc cherché un autre critère. C'est du moins ce que j'ai fait. Et ce que j'ai trouvé de mieux, pour respecter la portée du projet de loi, c'est le critère qui a été proposé aujourd'hui.
Permettez-moi de réitérer clairement mes appréhensions. Comme le projet de loi distingue les infractions punissables par mise en accusation des infractions punissables par voie de déclaration sommaire de culpabilité, quant à la possibilité d'imposer des peines avec sursis, il me semble qu'on refile aux procureurs de la Couronne et à la police le pouvoir discrétionnaire et la prise de décisions dès le début de la procédure; cela ne changerait pas la nature de la procédure criminelle à utiliser mais cela aurait une conséquence sur le type de peine dont serait passible l'accusé. On se trouve à ajouter au pouvoir décisionnel du procureur de la Couronne et, pour ma part, je ne crois pas qu'il soit souhaitable que les avocats de la Couronne prennent les décisions de cette nature dès le début de la procédure.
À l'heure actuelle, les avocats de la Couronne prennent parfois de telles décisions, mais étant donné le libellé de l'amendement, que j'ai l'intention d'appuyer, la portée de leur pouvoir décisionnel sera limitée à un plus petit nombre d'infractions prévues au Code criminel, ce qui me semble souhaitable.
Sous sa forme actuelle, l'amendement est-il aussi efficace que le serait une liste précise d'infractions? Probablement pas, mais si nous devions dresser cette liste, nous en débattrions indéfiniment. Je suis disposé à faire confiance à la magistrature qui pourra à mon avis déterminer quelles infractions méritent une peine d'emprisonnement de plus de deux ans; ainsi, nous n'aurons pas à nous soucier de l'emprisonnement avec sursis, tout simplement parce qu'il n'est pas possible de l'imposer en vertu du régime actuel.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme mon collègue a invoqué les listes, pour éclairer ceux qui ne sont pas au courant, je vais consigner au compte rendu certains conseils que la greffière législative a donnés aux cadres supérieurs et que j'ai personnellement vérifiés. Selon ses conseils, un amendement qui aurait comporté une liste d'exemptions aurait été jugé irrecevable. C'est du moins le conseil qu'elle m'a donné et voilà pourquoi je le signale ici.
Par ailleurs, je crois qu'on peut tirer certains enseignements de cette affaire. Le ministre de la Justice a témoigné lors de la première réunion de notre comité sur ce projet de loi; il a déclaré qu'il était prêt à envisager un autre critère que la règle arbitraire des 10 ans d'emprisonnement, si nous voulions lui en proposer un. Nous avons donc travaillé en respectant ces balises. Comme je l'ai déjà indiqué, il n'y a que deux façons d'amender légalement ce projet de loi.
Cette activité m'a aussi appris autre chose. Lors de cette première réunion sur le projet de loi, j'ai demandé au ministre de la Justice de pouvoir faire appel aux fonctionnaires de son ministère pour la rédaction de certains amendements. J'ai fait cette demande parce que je souhaitais examiner toutes ces infractions à la lumière de leur grande expertise. Le ministre a refusé. Fort heureusement, nous avons un excellent attaché de recherche en la personne de Robin et je lui ai demandé d'ébaucher les listes initiales qui auraient été incluses dans cet amendement.
Au cas où des députés de l'opposition trouveraient courte cette liste, je signale que trois pages d'infractions graves seraient visées. Il y aurait aussi un élément de subjectivité. Il incombera toujours au juge de déterminer qu'une activité relève du terrorisme ou du crime organisé ou de décider qu'un acte constitue des sévices graves à la personne, mais il reste que cet amendement, loin d'être irrationnel, est tout factuel.
Dans l'intérêt du travail du comité, lorsqu'on veut modifier de bonne foi un projet de loi pour favoriser une politique judicieuse et lorsqu'on demande à avoir accès à des séances d'information ou à des gens qui sont les plus compétents dans le domaine, cela devrait nous être accordé. Nous sommes sans doute parvenus au même résultat mais nous aurions pu le faire d'une meilleure façon, en travaillant ensemble de façon plus collégiale, du moins en ce qui concerne le gouvernement et les partis d'opposition.
Cela dit, je suis ravie que mes collègues des deux autres partis appuient cet amendement, parce qu'il me semble tout à fait approprié. Personnellement, j'aurais préféré que le juge conserve son pouvoir discrétionnaire, mais cette option n'était pas envisageable. Comme nous estimons que la population était inquiète à ce sujet et souhaitait que les pratiques soient plus strictes dans ce domaine, j'ai indiqué très clairement dès le premier discours au printemps dernier et ma première réunion avec les représentants du gouvernement que nous allions collaborer pour limiter la gamme d'infractions pouvant entraîner l'imposition d'une peine d'emprisonnement avec sursis.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président, ma motion comporte trois points.
Tout d'abord, je tiens à signaler que mon whip m'a remis une directive indiquant que le Bloc québécois ne souhaite pas que les comités, de manière générale, se réunissent plus de deux fois par semaine, parce que les tâches sont réparties entre tous les députés. Cette directive ne s'applique pas spécifiquement au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, mais à tous les comités. D'ailleurs, on me dit que ce principe a été adopté par tous les whips, y compris celui du gouvernement. Nous nous sommes entendus en ce qui a trait à l'étude du projet de loi qui vise à modifier la Loi sur les juges. Je pense qu'il faut poursuivre cela, mais après l'étude du projet de loi C-17, je ne crois pas que nos whips vont nous autoriser à siéger plus de deux fois par semaine au même comité. Je suis lié par cette décision. Si votre whip souhaite soulever cette question lors de la réunion où se retrouvent tous les whips, c'est sa prérogative.
Souhaitez-vous, monsieur le président, que l'on étudie ma motion point par point, ou que j'explique les trois d'un seul coup?
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Sur la question de tenir trois réunions par semaine, une chose qui me préoccupe un peu c'est qu'il y a des réunions du sous-comité, qui nous revient avec une recommandation, que le comité adopte ensuite. Nous avons une charge de travail lourde. C'est la même que celle de la semaine dernière. Les projets de loi sont là; aujourd'hui, il y en a encore plus. Pourquoi devrait-on reculer alors que trois...?
Cela ne fait pas des lustres que je suis ici, mais cela fait quand même deux ans. Je sais que trois jours de séances, ce n'est ni rare ni déraisonnable quand vous avez une lourde charge de travail. On a encore la même charge de travail. Je ne vois pas pourquoi on passerait de trois à deux jours parce qu'il y a beaucoup de projets de loi sur notre ardoise, beaucoup d'études à faire en comité. Les membres du comité ont dit qu'il faut se donner le temps d'entendre les témoins. Si nous voulons faire honneur à certains de ces projets de loi, il faut se réunir trois fois par semaine sinon nous ne pourrons pas leur accorder l'attention qu'ils méritent.
Au sujet de mon premier point, monsieur le président, à la sortie de ces réunions, nous votons... J'ai ça ici sous les yeux: il a été convenu que nos séances se tiendraient lundi, mardi et mercredi de 15 h 30 à 17 h 30; nous réglons nos emplois du temps en conséquence. Et voilà que des membres du comité disent que nous devrions tenir moins de séances.
Pourquoi changer cela à mi-parcours? Qu'est-ce qui a changé?
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La règle est que tous les comités se réunissent deux fois par semaine. Que le gouvernement dépose moins de projets de loi qui portent sur la justice, qu'il en dépose moins pour les autres domaines, mais nous ne sommes pas responsables du fait que le gouvernement gère mal son ordre du jour. Deux fois par semaine, c'est la règle. Avant de passer au deuxième point, que votre whip discute de cette question avec mon whip: ils étudieront cela. Pour nous, la règle est qu'il y a deux réunions par semaine.
Monsieur le président, en tout respect pour vous et pour l'ensemble des parlementaires, je sens bien que si on ne se donne pas des règles de fonctionnement, on va s'engager dans un processus qui prendra des allures — et je pèse mes mots — de bulldozer. Nous ne voulons pas ce type de fonctionnement. La dernière fois, monsieur le président — et je vous le dis en toute amitié —, vous êtes arrivé au comité directeur et vous avez dit qu'il y aurait deux séances pour le projet de loi, alors que nous n'en avions pas discuté. Je ne veux pas qu'on détermine le nombre de séances au préalable, je veux qu'on voie le type d'information dont on a besoin, les témoins qu'on veut entendre, l'ensemble de l'information dont le comité a besoin pour adopter le projet de loi à la lumière d'une information rigoureuse et probante. S'il faut huit séances de comité, il y en aura huit; s'il en faut deux, il y en aura deux, mais je ne veux pas qu'on dise au préalable qu'il y aura deux séances pour tel ou tel comité. Cela, monsieur le président, n'est pas la façon de faire. Il y a des projets de loi sur lesquels on est d'accord, d'autres sur lesquels on n'est pas d'accord, mais on devra toujours se demander quel est le type d'information dont on a besoin.
Monsieur le président, il faut que le gouvernement s'enlève de la tête qu'on va travailler en quantité industrielle parce que le gouvernement a un programme de type law and order. Ce n'est pas la responsabilité du comité. Le gouvernement est libre de déposer le projet de loi de son choix, mais le comité est libre de décider de son fonctionnement. Je crois que ce doit être une règle du jeu incontournable.
Je termine, monsieur le président, en vous disant que je ne veux pas en faire une discussion partisane, mais c'est la démocratie. Sept Canadiens sur dix n'ont pas appuyé votre plateforme. On ne va donc pas tasser le système de justice à droite pour faire plaisir à Stephen Harper. Vous pouvez compter sur notre collaboration pour que les choses se passent rondement en comité, mais vous en êtes rendus à 12 projets de loi sur 29. On ne va pas travailler à ce rythme.
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Merci, monsieur le président.
Je ne veux pas mettre des mots dans le bouche de M. Ménard, mais je suis sensible aux arguments des porte-parole en matière de justice. Il n'y a pas que le travail ici au comité; il y a le travail que vous faites sur le projet de loi à la Chambre que souvent — parce que le gouvernement parle aux journalistes de ses lois avant de les déposer en Chambre — les journalistes demandent de commenter. Il s'agit des mêmes personnes.
L'inquiétude que M. Ménard m'a exprimée, c'est qu'il entend dire maintenant que nous allons avoir des comités législatifs, et que ce sont les mêmes personnes qui devront y être les porte-parole pour examiner ces projets de loi. On n'a pas le don d'ubiquité.
Il semble qu'on se soit engagé ici à augmenter le nombre jusqu'à trois. On ignorait à ce moment-là qu'on pourrait avoir recours à des comités législatifs pour examiner d'autres lois, mais avec les mêmes personnes. C'est l'argument qu'il m'a confié et je pense qu'il est fondé.
Ce qu'il dit dans le point numéro deux, et il me corrigera sûrement si je me trompe, c'est que la façon dont on calcule le nombre de séances à accorder à tel projet de loi, et qui débarquent ici, comme c'est arrivé la dernière fois pour les juges, alors que l'on n'a même pas décidé — et qu'un avis n'a même pas été envoyé par la greffière — quels témoins nous voulons mettre sur la liste, met un peu la charrue devant les boeufs.
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Monsieur le président, j'ai du respect pour et pour l'équipe qui est assise en face de moi. Je ne sais pas comment ils fonctionnent, mais pour ma part, il me faut me préparer avant les réunions.
Prenons l'exemple du projet de loi , car on vient de finir l'étude du projet de loi . De nombreuses personnes nous ont envoyé des mémoires sur le projet de loi C-10; nous avons beaucoup de documents à lire. De plus, certains d'entre nous ne siègent pas seulement au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Je fais également partie du Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord et je remplace , qui est malade.
J'ai trouvé que trois séances par semaine pour l'étude du projet de loi étaient acceptables, mais qu'on revienne à deux séances par semaine ferait mon affaire, car cela me donnerait le temps de me préparer et d'étudier les documents. Je ne sais pas ce que vous en pensez, monsieur le président, mais il y a énormément de matériel. De plus, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne nous inonde: il nous a envoyé beaucoup de papier juste pour le projet de loi . Il nous faut lire tout ce qu'on nous a envoyé, uniquement pour se préparer. On vient de recevoir la liste des témoins qu'on voudrait entendre dans le cadre de l'étude du projet de loi . Je regarde la liste des témoins et je me dis que j'aimerais avoir le temps de me renseigner, pour savoir ce que fait telle ou telle personne dans ce dossier.
Ce n'est pas qu'on veuille moins travailler, c'est qu'on voudrait être capable de fonctionner convenablement. Si on siège lundi après-midi, mardi après-midi et mercredi après-midi, on n'aura plus de temps de se préparer. C'est pourquoi je suis d'accord avec la proposition. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas travailler, car lire ne me dérange pas, mais cela commence à être difficile.
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J'aimerais ajouter quelque chose. Quand j'ai travaillé avec au sein du comité législatif chargé du projet de loi C-2, nous avons travaillé, lui et moi, parfois jusqu'à 23 h 30 ou minuit pendant presque trois mois, pour étudier le projet de loi . Nous avions le temps de lire les documents, de nous préparer et de poser nos questions aux différents témoins.
Aujourd'hui, on essaie d'obtenir à peine trois heures supplémentaires, en plus des six heures que nous avons déjà, pour pouvoir travailler. J'ai vu travailler autant que moi. Je peux vous dire qu'il est un gros travailleur, comme moi et comme . Je pense qu'on doit quand même reconnaître que notre comité n'est pas facile. Je siège à deux et même trois comités, dans certains cas. Je siège au comité à temps complet. Je suis capable de prendre mon temps, de travailler et de lire, mais je comprends les problèmes de .
Par contre, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne traite de justice, et il est donc normal qu'il y ait plusieurs projets de loi. On peut faire des reproches tant qu'on veut parce qu'ils ne sont pas tous réunis. Toutefois, il est extrêmement important que le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, compte tenu de ce que nous savons maintenant, puisse siéger trois fois par semaine. Comme je vous le disais un peu plus tôt, si certains ne peuvent pas être toujours présents pour des raisons personnelles — et je les comprends —, ils peuvent se faire remplacer par quelqu'un d'autre à l'occasion. D'ailleurs, cela nous aide, car on entend d'autres points de vue. C'est tout ce que j'ai à dire.
C'est pourquoi l'amendement de m'indispose. Contrairement à ce que j'espérais, cela créerait un ralentissement. Cette façon de toujours diminuer la quantité de travail m'inquiète. M. Benoît Sauvageau avait présenté le même genre de motion; était présent et il s'en souvient. Je ne connaissais pas l'histoire des whips. Ils ont peut-être des raisons, mais je voudrais souligner que six heures, ce n'est pas beaucoup.