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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître. J'ai préparé un bref exposé que je vais maintenant vous présenter. J'ai apporté des copies de cet exposé ce matin pour que vous puissiez le lire.
En 1892, un policier argentin s'est servi pour la première fois d'une petite banque d'empreintes digitales qu'il avait prélevées auprès de la population locale afin de résoudre le meurtre de deux enfants. Le recours aux empreintes digitales a constitué l'outil suprême en matière d'identification judiciaire pendant plus de 100 ans partout dans le monde.
Le règne de cet outil suprême en matière d'identification humaine a pris fin vers la fin des années 1980, lorsque Alex Jeffries, un scientifique britannique qui effectuait des recherches sur l'évolution au moyen de la technique de l'analyse de l'ADN, a appliqué le fruit de ses recherches à quelques meurtres sur lesquels enquêtait la police britannique. Sa technique a mené non seulement à la condamnation d'un suspect mais a également permis d'exonérer un autre individu.
En 1989, la GRC a utilisé pour la première fois la nouvelle technique de l'analyse de l'ADN dans une enquête sur une agression sexuelle. La victime avait identifié son agresseur et l'analyse de l'ADN a confirmé plus tard qu'il était bien l'auteur du crime. C'était la première fois que des preuves génétiques aboutissaient à une condamnation au Canada et la première fois qu'un laboratoire de police élaborait ses propres preuves génétiques et présentait ses résultats à un tribunal canadien.
Aucune autre application judiciaire n'a connu un usage et une acceptation aussi répandus au sein de la communauté scientifique, et en particulier devant les tribunaux, depuis la première utilisation des empreintes digitales en 1892. L'analyse génétique est devenue un outil important et puissant de lutte contre le crime. Le Canada a signalé son intention d'élargir l'emploi de l'ADN avec l'adoption de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, qui est entrée en vigueur le 30 juin 2000.
Cette loi établissait la Banque nationale de données génétiques, ou BNDG, qui a commencé ses activités dès la promulgation de la loi et qui tient deux fichiers: le fichier des condamnés, qui contient les profils génétiques des contrevenants condamnés pour les infractions désignées de l'article 487.04 du Code criminel et le fichier de criminalistique, qui contient les profils génétiques établis à partir des substances corporelles trouvées sur les lieux de perpétration des infractions désignées.
La banque de données aide les organismes d'application de la loi à résoudre les crimes en leur permettant de faire ce qui suit: établir un lien entre des crimes lorsqu'aucun suspect n'a pu être identifié, faciliter l'identification des suspects, éliminer les suspects lorsque l'échantillon d'ADN recueilli sur le lieu d'un crime ne correspond à aucun des profils génétiques de la BNDG et déterminer si l'on est en présence d'un tueur en série.
Physiquement, la BNDG, avec ses laboratoires, son matériel d'analyse perfectionné, ses installations de calcul et son équipe de scientifiques et de techniciens, est située à Ottawa, à la direction générale de la GRC. La BNDG fait partie des Services nationaux de police de la GRC.
Pour préserver la confidentialité des données, éviter toute contamination et respecter la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, la BNDG est une entité autonome. La BNDG est une véritable réussite et a pleinement répondu aux attentes et aux objets de la loi. Elle n'a jamais connu de problème de capacité et continue de prendre de l'ampleur chaque année. Elle ne s'occupe toutefois que de l'analyse des échantillons prélevés auprès des condamnés.
La BNDG emploie 30 scientifiques et techniciens et reçoit entre 350 et 450 échantillons de condamnés chaque semaine. Au 19 février 2007, la BNDG avait établi 6 522 correspondances entre le fichier des condamnés et le fichier de criminalistique.
Il importe d'établir une distinction entre les activités et l'environnement de la BNDG et ceux des Services de laboratoire judiciaire, ou SLJ. Les SLJ font également partie des Services nationaux de police de la GRC. Les SLJ offrent des services judiciaires aux provinces et territoires qui concluent des contrats avec le gouvernement fédéral en vue d'obtenir des services de police provinciaux et territoriaux. L'Ontario et le Québec ont leur propre sûreté provinciale et leurs propres laboratoires judiciaires. Les laboratoires judiciaires sont des partenaires clés de la BNDG car ils analysent les preuves trouvées sur les lieux du crime à l'appui des enquêtes criminelles et fournissent les profils d'identification génétique au fichier de criminalistique.
Même si l'analyse génétique représente aujourd'hui la plus grosse partie de leur travail, les laboratoires judiciaires effectuent également des analyses balistiques, des analyses d'échantillons de peinture, des analyses chimiques et d'autres types de services judiciaires.
Les SLJ de la GRC emploient 120 scientifiques et technologues en empreintes génétiques et produisent des rapports d'analyse génétique dans cinq villes au Canada: Vancouver, Edmonton, Regina, Ottawa et Halifax.
Les répercussions de la technique d'analyse de l'ADN sur l'application de la loi et le système judiciaire ont motivé les services de police à recourir plus largement à cette technique pour élucider des crimes et ont causé une augmentation exponentielle du nombre des demandes d'analyse transmises aux laboratoires judiciaires.
Le nombre des nouvelles demandes reçues par les SLJ en 2005-2006 était supérieur de 23 p. 100 à celles reçues en 2001-2002. Les SLJ ont donné suite à ces demandes en redéployant des ressources d'autres domaines judiciaires dans celui de l'analyse génétique, en élaborant de nouvelles techniques d'analyse de l'ADN et en améliorant les processus. En outre, les SLJ utilisent des mesures du rendement individuel et de groupe pour maximiser le rendement, ainsi qu'un système d'établissement de priorités pour veiller à ce que les cas les plus graves soient traités en premier.
Au cours des deux dernières années, les SLJ ont en fait dépassé les quotas d'analyse de cas précisés dans les ententes fédérales-provinciales-territoriales sur les analyses biologiques conclues avec les provinces et territoires. En outre, il faudrait noter que, grâce à une réorganisation et à l'amélioration des processus, les SLJ ont pu respecter les quotas tout en participant à l'enquête Pickton, à laquelle les SLJ ont apporté une contribution importante.
La demande d'analyses génétiques dépasse toutefois la capacité actuelle de traitement des SLJ. Pour combler ce besoin en partie, la GRC augmentera les fonds versés aux SLJ au début de l'exercice 2007-2008. Ce financement aidera les SLJ à réduire le délai de traitement des analyses génétiques, compte tenu de la demande actuelle, mais ne permettra pas de traiter les demandes accrues créées par les changements législatifs découlant du . L'amélioration de la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques au moyen du projet de loi C-18 aura une incidence sur les SLJ.
Une analyse du nombre des condamnations relatives aux infractions primaires et secondaires montre que les changements législatifs augmenteront la charge de travail des SLJ de 42 p. 100 environ par année. Il s'agit d'un chiffre conservateur fondé sur le nombre actuel des condamnations et qui ne fait pas état du nombre des enquêtes. Un changement dans les priorités du gouvernement fédéral ou des administrations provinciales ou dans les priorités judiciaires ferait augmenter ce chiffre. De même, le nombre des échantillons de condamnés transmis à la BNDG augmentera d'un tiers au moins, encore une fois en fonction du nombre des condamnations.
Les SLJ devront accroître leurs ressources humaines et scientifiques pour pouvoir faire face à cette demande accrue. On évalue le coût de l'embauche du personnel et de l'acquisition de l'équipement à environ 15 millions de dollars pour les seuls services de laboratoire judiciaire — 15 millions pour la première année, avec un budget d'opération permanent d'environ 7 millions de dollars. Il faut reconnaître toutefois que les bénéfices sur le plan du fonctionnement ne se feront sentir que de 18 à 24 mois après l'attribution des fonds. Les activités liées à l'embauche du personnel, la formation, l'acquisition, l'installation et la validation de l'équipement et l'accréditation sont étalées et doivent être effectuées de manière à en assurer la qualité et l'efficacité.
La GRC est résolue à assurer la sécurité des foyers et des collectivités et a hâte de collaborer avec le gouvernement afin d'améliorer cet outil judiciaire et d'application de la loi extrêmement important.
Je vous remercie.
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Je vais faire mon possible.
Votre première question porte sur l'opportunité d'autoriser ce genre de choses. En fait, le projet de loi C-25 — qui est maintenant le projet de loi C-13 —, le chapitre 25 des Lois du Canada 2005, autorisait la communication, au palier national, de renseignements concernant ce que nous appelons les correspondances moyennes.
Je ne sais pas si vous vous souvenez du dernier témoignage que nous avons livré — je pense que vous avez été obligée de quitter la salle au moment où j'essayais de répondre aux questions que vous aviez posées précédemment à ce sujet —, mais cela devrait figurer dans le compte rendu.
Les correspondances moyennes sont des cas où nous ne sommes pas certains d'avoir une correspondance complète, à cause des problèmes scientifiques que pose l'analyse. Je sais qu'il y a des cas où les empreintes génétiques provenant des victimes et des auteurs de l'infraction ont été mélangées. Il y a également des cas où l'échantillon génétique est abîmé parce qu'il est ancien. La scène du crime n'a été découverte que récemment ou l'on trouve des corps, mais il est difficile d'être absolument certain de la nature de ces profils génétiques amplifiés.
C'est pourquoi il existe dans le fichier des condamnés ce que nous appelons, ou du moins ce que les scientifiques appellent, la norme idéale. Ce sont les échantillons, les substances corporelles, qui ont été pris sur ces personnes à l'époque — habituellement du sang pris dans des circonstances sanitaires — dont on a réussi à tirer d'excellents profils. Dans la plupart des cas, le nombre des échecs scientifiques en matière d'établissement de profils est statistiquement très faible, si l'on se base sur le nombre des profils rejetés. Je ne peux pas vous dire exactement quel est ce pourcentage, mais il est très faible. Les profils tirés des fichiers des condamnés sont donc extrêmement fiables. Les profils criminalistiques peuvent être des mélanges, des profils dégradés, et il est parfois difficile de dire si le profil criminalistique ressemble à un autre.
C'est la raison pour laquelle on a voulu autoriser, avec le projet de loi C-13, l'échange de profils ayant une correspondance moyenne. Cet échange ne porte pas sur les renseignements signalétiques. C'est tout simplement une façon de présenter la situation aux spécialistes des laboratoires judiciaires: voici le profil que nous avons; est-il possible que le profil que vous avez soit le même et que vous l'ayez mal lu ou que vous n'avez pas été en mesure de l'extraire correctement? Ces spécialistes peuvent alors procéder à une seconde analyse et dire oui, il y a une correspondance ou non, il n'y en a pas. Les renseignements signalétiques feraient alors l'objet d'une demande distincte associée à la poursuite de l'enquête. Cela peut être relié à une autre scène de crime; cela peut être relié aux fichiers des condamnés. C'est la raison pour laquelle nous avons introduit cette disposition dans le projet de loi C-13.
Nous demandons, avec le projet de loi , le pouvoir de faire exactement la même chose avec les comparaisons nationales.
Comme j'ai déjà essayé de l'expliquer, il existe une forte possibilité que les comparaisons internationales soient basées sur des parties du profil génétique que nous n'analysons pas nécessairement dans notre système. Il est donc possible que l'on ne découvre qu'un nombre limité de correspondances entre les mêmes loci et cela augmente la probabilité que l'on enregistre davantage de correspondances moyennes pour savoir si elles peuvent déboucher sur une correspondance complète.
S'il n'est pas possible d'effectuer ce travail à un certain niveau, autrement dit, dans le but de réduire le plus possible les correspondances potentielles... Cela accélère les enquêtes internes. Nos forces policières pourraient souhaiter savoir si elles ont affaire à un délinquant international et évidemment les pays étrangers souhaiteraient eux aussi, pour la même raison, pouvoir relier les lieux d'un crime et des contrevenants qui exercent leurs activités dans plusieurs pays. C'est pourquoi la rapidité est un élément essentiel de la plupart de ces enquêtes.
Cela permettrait de savoir plus rapidement s'il y a ou non correspondance. Si nous ne pouvons pas envoyer cette information à l'étranger, il est très probable que nous pourrons uniquement dire que nous n'avons pas suffisamment d'information pour faire savoir au pays intéressé s'il y a ou non une correspondance. Cela pourrait mettre un terme à l'échange d'information, même si cette information pourrait être utilisée par la police, pour l'assister dans son enquête visant à identifier un contrevenant international en série, un terroriste ou quelque autre événement.
La raison d'être de la communication internationale de cette information vise uniquement à permettre aux analystes de disposer d'informations exactes qui leur permettent de résoudre scientifiquement la question des correspondances. Les renseignements signalétiques ne seront pas transmis, ni même les profils criminalistiques tant que les scientifiques ne se seront pas entendus pour dire qu'il y a correspondance, ou une correspondance suffisamment proche, et qu'ils souhaitent obtenir des renseignements au sujet des contrevenants ou des lieux du crime qui y sont associés.
Il s'agit donc en fait d'autoriser au palier international ce que nous avons autorisé au palier national, et nous ne communiquerions pas plus d'information sur le plan international que nous ne le faisons sur le plan national, pour les mêmes raisons. Tout cela est assujetti à notre entente internationale conclue avec INTERPOL, qui limite l'utilisation de tous ces renseignements aux enquêtes et aux poursuites relatives à des infractions pénales. C'est ce qu'exigent à l'heure actuelle du commissaire le projet de loi et la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, et cela se fait par le biais d'une entente-cadre avec INTERPOL. Chaque échange d'information donne lieu à l'énumération des conditions qui s'appliquent au transfert de profils génétiques.
Soyez les bienvenus.
Nous sommes évidemment favorables à l'esprit du projet de loi, mais la question consiste à savoir jusqu'où il faut aller. Nous convenons que la prise d'empreintes génétiques et l'analyse ultérieure d'échantillons peuvent aider à dénouer des enquêtes et même, dans certains cas, protéger des gens accusés à tort.
Les représentants de l'Association du Barreau canadien ne viendront pas témoigner, mais ils nous ont fait parvenir un mémoire. Le Barreau est toujours une voix extrêmement éclairante pour les parlementaires de ce comité. Ce mémoire nous met en garde contre l'ajout du complot, qui se trouve à l'alinéa 8(5)e) proposé dans le projet de loi. Parmi la trentaine d'infractions qui seront ajoutées, le complot peut mener à la prise d'empreintes génétiques, sans qu'on soit passé à un acte qui avait été planifié.
À certains égards, va-t-on un peu trop loin dans le prolongement de la liste des infractions désignées?
C'est ma première question; j'en aurai deux autres. J'imagine que cette question s'adresse davantage à M. Bird qu'à vous tous.
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Je pense que vous n'avez pas compris ma question.
Je comprends ce que pourrait signifier, ultimement, d'avoir un échantillon d'ADN de gens qui planifient des complots. Cependant, le mémoire de l'Association du Barreau canadien dit que l'alinéa 8(5)e) ajouterait à la liste le complot et la tentative en vue de perpétuer certaines infractions, bien qu'il puisse ne pas avoir réellement pour résultat l'accomplissement d'une action, mais plutôt sa planification.
Est-il sage que le législateur permette le prélèvement d'échantillons d'ADN, considérant son caractère intrusif potentiel dans l'identification des individus pour des infractions qui n'ont pas été commises, mais qui en sont au stade de la planification? Bien sûr, on peut porter des accusations de complot. Cela existe à l'article 465 du Code criminel. Toutefois, il est ici question de prélèvement. Je me demande si le prolongement de la liste n'a pas été un peu trop généreux.
Peut-être n'est-ce pas tout à fait vous qui devriez répondre à cette question, mais je voulais vous faire part de cette préoccupation. Ultimement, il faudrait convoquer le ministre à nouveau pour qu'il nous explique pourquoi on a ajouté le complot.
Monsieur Buckle, expliquez-moi clairement la différence entre le travail qu'effectuent la Banque nationale de données génétiques et les laboratoires de services juridiques, qui sont disponibles dans cinq provinces. Je pense saisir cette différence, mais il est bon que vous y reveniez. Comment ces deux entités se répartissent-elles le travail? En quoi sont-elles complémentaires?
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Je vais faire de mon mieux.
Lorsque le a été présenté pour la première fois, il visait en fait à régler le problème de ce que nous appelons les infractions non désignées qui faisaient l'objet de mandats pour analyse génétique. Ces infractions étaient conservées dans la banque de données sans être analysées, mais conservées, parce qu'elles faisaient l'objet d'une ordonnance judiciaire valide. Mais ces ordonnances paraissaient irrégulières aux yeux du commissaire de la GRC et il ne voulait pas placer dans la banque de données des échantillons provenant d'infractions qui ne devaient pas y être conservés et dont il n'avait pas les moyens de s'occuper. Le gouvernement a donc introduit un certain nombre de modifications visant à autoriser le commissaire à renvoyer ces affaires au procureur général de la province concernée pour qu'il révise le dossier. On voulait notamment autoriser les procureurs généraux à demander l'avis des tribunaux — autrement dit, obtenir l'annulation de ces ordonnances.
Après consultation, les procureurs généraux ont estimé qu'ils pouvaient fournir des conseils au commissaire de la GRC, sans avoir à demander aux tribunaux d'annuler toutes ces ordonnances. Ils ont dit qu'à leur avis, s'ils confirmaient l'opinion du commissaire selon laquelle il s'agissait d'une infraction non désignée, le commissaire devrait être autorisé à détruire ces échantillons en se fondant sur cette opinion.
Ce changement a ainsi été introduit dans le projet de loi.
L'autre question visait à régler...
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Je vais répondre tout d'abord à votre seconde question.
La banque de données a été conçue pour séparer les renseignements signalétiques et les renseignements génétiques. En fait, cette information se trouve dans deux fichiers distincts. L'information génétique est conservée par la Banque nationale de données génétiques. Un profil génétique n'est en fait qu'une simple série de chiffres auxquels est associé un code barre et les personnes qui travaillent avec cette information ne disposent d'aucune autre information concernant l'individu dont est tiré le profil génétique. Les empreintes digitales, l'adresse et la description personnelle de cette personne figurent dans notre service des dossiers criminels qui se trouve dans un autre bâtiment du complexe de la GRC. En fait, le personnel de ces différents services ne se mélangent pas. Nous avons pris des mesures pour veiller à ce que la banque de données, l'unité que j'ai décrite plus tôt, ait une structure de gouvernance indépendante des structures de gouvernance des deux autres entités, qu'il s'agisse des Services de laboratoire judiciaire ou du service des dossiers criminels. Il y a en outre des dispositions législatives qui encadrent la conservation des renseignements signalétiques et des informations génétiques.
Votre première question portait sur la comparaison des échantillons d'ADN. Là encore, j'aimerais signaler la différence qui existe entre la banque de données génétiques et les Services de laboratoire judiciaire. Les Services de laboratoire judiciaire sont les gens, si je peux m'exprimer ainsi, qui se trouvent du côté pointu du bâton des policiers. Ils travaillent avec les enquêteurs pour essayer d'établir des correspondances, qu'il s'agisse d'une correspondance entre un échantillon pris sur les lieux d'un crime et d'autres lieux de crime ou d'une correspondance entre un échantillon pris sur les lieux d'un crime et un suspect. Certains de ces échantillons se retrouvent dans la Banque nationale de données génétiques. Par exemple, si un contrevenant est déclaré coupable d'une infraction désignée, son échantillon pourrait être versé dans la Banque nationale de données génétiques. Les empreintes génétiques non reliées à un suspect trouvées sur les lieux d'un crime seraient versées dans le fichier criminalistique.
Mais s'il doit y avoir une correspondance... Je vais vous donner un exemple. Supposons qu'il y ait une enquête. Du sang a été répandu et des enquêteurs récupèrent le sang qui se trouve sur les lieux d'un crime et l'apportent pour qu'il soit analysé par un de nos laboratoires judiciaires; il y en a dans tout le Canada; cela peut être un laboratoire provincial ou un laboratoire fédéral. Le profil génétique est ensuite comparé aux profils des condamnés qui se trouvent dans la banque de données et également aux échantillons criminalistiques non reliés à un suspect qui figurent dans la banque de données pour voir s'il y a une correspondance. C'est un exemple que l'on pourrait utiliser pour relier les laboratoires qui existent au Canada avec la banque de données génétiques.
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Eh bien, je peux vous dire que pour prendre un échantillon sur la personne d'un condamné, il faut être autorisé à le faire par une ordonnance judiciaire valide. Si vous avez une affaire où... et je crois qu'il y a un facteur humain.
L'explication que je retire de mes conversations avec les juges et avec les poursuivants est que le système est très complexe. Autrement dit, il y a un long procès pour meurtre, des preuves complexes; à la fin du procès, le juge doit tenir compte d'un certain nombre de facteurs pour fixer la peine correspondant à ces infractions graves: il doit se demander s'il n'y aurait pas lieu de délivrer une ordonnance d'interdiction, s'il est possible que soit présentée une demande de déclaration de délinquant dangereux... Il y a un certain nombre de choses qui peuvent retarder la fixation de la peine.
L'explication est qu'au cours de ce processus, on a tout simplement oublié les ordonnances de prise d'empreintes génétiques et que personne n'a pensé demander une ordonnance jusqu'à ce que l'on s'aperçoive, plus tard, parfois, que cela était prévu. À ce moment-là, le tribunal est dessaisi — autrement dit, il n'a plus le pouvoir de rendre une telle ordonnance — et sans ordonnance, la police n'a rien à exécuter; par conséquent, aucune empreinte génétique n'est remise à la banque pour qu'elle soit versée dans le fichier des condamnés. C'est le scénario général qui explique pourquoi la banque de données ne recevait que 50 p. 100 environ des empreintes génétiques correspondant aux infractions primaires commises.
On a voulu ainsi obliger les tribunaux à rendre une ordonnance de prise d'empreintes génétiques pour ces infractions les plus graves.
Il nous faudra peut-être trouver la solution pour les cas où, si cela se produisait, le tribunal aurait quand même 90 jours de plus pour revoir sa décision. Nous serons amenés à revoir certains mécanismes dans cette optique — que se passe-t-il si le tribunal oublie encore de rendre cette ordonnance — et à réfléchir à ce que nous allons faire pour parer à cette éventualité.
À l'heure actuelle, c'est ce que je vous dirais pour expliquer pourquoi 50 p. 100 ou à peu près des infractions primaires ne donnent pas lieu à la prise d'échantillons.
Pouvez-vous nous dire, d'après votre expérience, quelle est la motivation profonde qui a poussé à prévoir la communication des profils à des pays étrangers? S'agit-il de simple réciprocité avec les autres pays? Est-ce parce que l'on croit vraiment que l'information que ces pays vont nous fournir va nous être utile? Ou cela vient-il simplement du fait que les services policiers s'entendent bien d'une façon générale et estiment que cette communication pourrait être utile?
Qu'est-ce qui est à l'origine de cet amendement qui vise à faciliter la communication de ces profils? Je vois le résultat final. Je ne connais pas la raison d'être de cette modification et vous pourriez peut-être m'aider sur ce point.
Deuxièmement, j'ai appris au cours de notre visite des laboratoires de la GRC une chose qui m'a été fort utile et je vous en remercie. Une question a été soulevée — et elle ne concerne pas la banque de données mais les Services de laboratoire judiciaire — et je veux que cela figure au compte rendu, parce que c'est un sujet qui a été soulevé au cours de notre visite.
Qu'arrive-t-il lorsque le sergent Tremblay de Saint-Juste arrive avec sa camionnette avec 50 éléments de preuve en arrière de son camion et vous dit: « Madame Untel pense que son neveu a volé ses clés de voiture. Pouvez-vous vérifier tout ceci et voir ce que vous pouvez trouver? » — alors qu'il n'en a aucune idée? Je me demande s'il existe des protocoles qui permettent de rationaliser l'utilisation des Services des laboratoire judiciaire, compte tenu de cette politique qui semble consister à accepter toutes les demandes.
Si un service de police d'une province qui a conclu un contrat — ce n'est pas nécessairement la GRC mais cela pourrait l'être — voulait simplement que soient vérifiés ces échantillons et si cela n'était pas conforme aux priorités...
Pourriez-vous également aborder cette question?
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Je vous remercie. Je vais peut-être répondre à cette question et demanderai ensuite à mon collègue David Bird de vous parler du partage d'information avec les pays étrangers.
Il est évident que ce système doit fonctionner dans le pays très vaste qu'est le Canada. Il est possible que les priorités d'un secteur ne soient pas les mêmes que celles d'un autre secteur. Les viols et les meurtres sont très rares dans les petites villes, mais malheureusement, ce genre d'infractions est en augmentation dans certaines de nos grandes villes. Il est évident que pour les personnes qui vivent dans ces collectivités, peu importe la nature de l'infraction commise. Si elles pensent que l'affaire est importante, alors il faut s'en occuper.
Cependant, il y a un problème de capacité dans nos Services de laboratoire judiciaire, comme d'une façon générale dans les services médico-légaux en Amérique du Nord. Les émissions comme CSI: Crime Scene Investigation, qui sont diffusées à la télévision, ont popularisé ces techniques. L'analyse génétique est un outil très puissant. La demande de services de ce genre augmente constamment.
Cela nous a obligés à utiliser nos ressources pour essayer de résoudre en priorité les crimes les plus graves. Pour y parvenir, nous parlons aux enquêteurs. De sorte que si le constable Tremblay arrive de Saint-Juste et voulait résoudre une affaire pour un résident de cette collectivité, nous lui parlerions pour savoir exactement de quel genre de crime il s'agit. Nous essaierions ensuite de lui faire comprendre l'importance d'établir des priorités et de lui expliquer que, pour nous, les viols, les meurtres et les autres infractions désignées ont une priorité plus forte que le vol d'un véhicule en matière d'accès à ces services, compte tenu des problèmes de capacité. Je pense qu'on pourrait utiliser d'autres techniques d'enquête pour essayer de résoudre ce crime avant d'envisager de recourir à des technologies coûteuses.
Au sein de la GRC, nous avons pris deux genres de mesures pour veiller à ce que nos ressources soient consacrées aux infractions les plus graves. Nous parlons avec l'enquêteur de la force probante des — vous avez dit 50 — échantillons présentés par le constable Tremblay et nous lui demanderions d'en choisir six ou huit qui seraient le plus susceptibles de répondre à la question qu'il souhaite nous poser. Dans le cas d'un meurtre, nous lui demanderions de nous fournir les six ou huit échantillons susceptibles de nous permettre de relier un suspect au meurtre. Cela ne veut pas dire que nous allons limiter notre analyse à six ou huit échantillons. Cela veut simplement dire que nous voulons maximiser la rentabilité de notre système.
Nous utilisons également un système que nous appelons l'établissement des priorités des dossiers opérationnels, qui nous permet de classer, après avoir posé une série de questions à l'enquêteur, les infractions les plus graves. Vous comprenez que nous nous occupons principalement d'affaires très graves — viol, meurtre et agression sexuelle de diverses sortes. Nous faisons en sorte que les affaires de meurtre, de viol ou des deux, dans lesquelles il n'y a pas de suspect, sont traitées en priorité.
En posant une série de questions et en utilisant un logiciel que nous avons acheté, nous réussissons à classer ces affaires. Nous disons à l'enquêteur: « Eh bien, vous nous avez transmis un dossier, nous l'avons classé, et il tombe dans la catégorie A2, ce qui veut dire que nous pouvons faire ce travail dans tel délai. Cela va-t-il vous être utile ou voulez-vous en parler davantage? » L'enquêteur nous répond parfois: « Non, c'est très bien. La date de comparution est encore lointaine et nous attendrons les résultats. » Il nous dit aussi parfois: « Non, nous avons vraiment besoin de ces analyses ». Nous discutons du dossier avec eux pour être sûrs que nous utilisons nos ressources de la façon la plus efficace possible.
Est-ce que cela répond à votre question, monsieur?
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Les seules garanties que je peux vous fournir sont celles que prévoit la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, qui incrimine le fait pour le commissaire ou le délégué du commissaire d'utiliser les renseignements génétiques que l'agence possède dans la Banque nationale de données génétiques, ou BNDG, pour toutes autres fins que celles qui sont autorisées par la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques. Il y a des restrictions qui visent l'utilisation de ces données et d'autres qui visent leur communication; il y a également d'autres restrictions qui s'appliquent au palier national sur la communication des données qui ont été fournies par la GRC à un autre organisme.
À mon avis, la Loi actuelle sur l'identification par les empreintes génétiques et les modifications contenues dans le projet de loi sont très restrictives. L'information génétique que possède la GRC peut être uniquement communiquée conformément à l'article 6 de cette loi; toute autre communication constitue une infraction. De la même façon, constitue une infraction toute recherche effectuée sur un profil génétique qui ne consiste pas à établir un profil génétique judiciaire aux fins d'alimenter la banque de données génétiques.
Ce sont là des interdictions assez sévères, qui devraient suffire, à mon avis, à répondre aux inquiétudes que pourrait susciter pour les Canadiens le risque que les profils génétiques contenus dans la BNDG soient utilisés de façon non autorisée ou illégale. Notre régime de protection des renseignements génétiques est peut-être un des plus complets qui soit, puisque les personnes qui utilisent les empreintes génétiques ne possèdent pas les renseignements signalétiques de la personne qui a fourni les échantillons. La banque de données respecte donc l'anonymat pour ce qui est des renseignements signalétiques. Elle possède uniquement les renseignements génétiques et elle est assujettie à un régime légal très strict qui l'autorise uniquement à communiquer ces renseignements génétiques pour les fins prévues par la Loi sur l'identification par les empreintes génétiques, c'est-à-dire essentiellement pour comparer le fichier des condamnés avec le fichier criminalistique et signaler les correspondances, notamment conformément aux dispositions relatives aux correspondances moyennes qui lui permettent de déterminer s'il existe une correspondance. Voilà la portée de ce régime.
C'est essentiellement tout ce que peuvent faire les responsables de la banque de données génétiques avec les profils qu'ils possèdent dans la BNDG. Ils peuvent se demander s'ils ont une correspondance et si c'est le cas, l'information est transmise à un autre secteur qui ne possède pas l'information génétique mais uniquement les renseignements personnels.
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Bonjour à tous les témoins.
Ma question s'adresse à M. Bird ou à M. Buckle. Je vais essayer d'être le plus précis possible.
Supposons qu'un jeune de 14 ans est condamné pour meurtre. Son cas ne sera pas nécessairement traité comme celui d'un adulte mais plutôt en vertu d'une loi particulière. Pour ce jeune homme ou cette jeune femme, la période pendant laquelle il ou elle devra rester en résidence surveillée sera d'environ trois ans, au maximum. Je le répète: ce jeune ne recevra pas le traitement réservé à un adulte, mais on parle ici d'un cas de meurtre.
Il semble manquer un détail. L'avocat de la GRC, M. Bird, pourrait me répondre. Cette difficulté pourrait se présenter dans les autres provinces. Cependant, je ne connais pas les lois des autres provinces. Au Québec, cette mesure s'applique dans le cas des contrevenants de moins de 18 ans qui sont condamnés pour meurtre, sauf dans ceux où les jeunes sont envoyés dans un établissement pour adultes. J'insiste sur cette nuance.
Je voudrais savoir si dans ces conditions, l'ADN de cette personne vous serait transféré ou si le juge pourrait demander qu'il le soit.
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Ma deuxième question pourrait s'adresser à M. Buckle.
Il existe au Québec des banques d'ADN qui ne sont pas contrôlées par la GRC, naturellement. Elles sont régies par le Code civil et servent dans les cas de recherche de paternité. Il y a maintenant une ordonnance de la Cour supérieure. Auparavant, on faisait un test sanguin, mais maintenant on ne le fait plus. On fait un test d'ADN.
Le test d'ADN est toujours effectué par des compagnies très spécialisées. Elles détiennent beaucoup d'échantillons d'ADN et utilisent des points de comparaison. Elles existent depuis plus longtemps que vos banques et détiennent plus d'échantillons d'ADN que vous pourriez en posséder, même ici, à Ottawa. En fait, depuis de très nombreuses années, il y a des recherches de paternité. On en compte jusqu'à 3 000 ou 4 000 par année.
Avez-vous des ententes avec ces laboratoires, qui sont uniques, voulant qu'ils vous transfèrent les résultats de leurs recherches? À moins qu'il y ait dans les autres provinces un système identique. Je ne connais pas la common law, qui s'applique dans ces provinces.
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La Loi sur l'identification par les empreintes génétiques ne précise pas d'où doivent venir les profils criminalistiques. Elle oblige simplement le commissaire à examiner l'information qu'il reçoit avant de la verser dans le fichier des condamnés, et sur le plan des politiques et des modifications au projet de loi , cette décision doit être prise par le commissaire lui-même ou par une personne à qui il a délégué ce pouvoir. Cependant, je crois savoir qu'à l'heure actuelle, cette décision est toujours prise par des membres de la GRC et que la politique applicable interdit de communiquer sur une base contractuelle l'information destinée au fichier des condamnés.
Pour ce qui est des profils criminalistiques, les problèmes sont en fait reliés à la politique relative à l'utilisation du système CODIS pour ce qui est de la transmission d'information à la BNDG. L'utilisation par le laboratoire du système CODIS — qui est un système d'analyse génétique intégrée élaboré par le FBI qui a autorisé n'importe quel autre pays à s'en servir — prévoit le transfert uniforme d'information, au moins sur le plan national, et c'est essentiellement le système que nous utilisons pour échanger de l'information avec les 27 autres pays — je crois — qui utilisent le système du FBI.
Cela facilite le transfert d'information au palier international mais ce n'est pas le principal objectif recherché. Le but est en fait d'assurer l'efficacité du fonctionnement de la banque de données nationale à partir du réseau de laboratoires qui existe au Canada. Il y a donc des laboratoires au Québec et en Ontario, distincts des laboratoires de la GRC, qui utilisent tous le même système pour transmettre leurs profils à la banque de données génétiques.
D'après ce que je sais, si un laboratoire privé effectuait ce genre de travail, il faudrait, pour respecter les règles du CODIS, qu'un des laboratoires provinciaux officiels ou que le laboratoire de la GRC valide les résultats de sa recherche, mais cette recherche n'irait pas dans l'autre sens. La banque de données génétiques n'enverrait pas l'information qu'elle possède aux laboratoires privés.
Toute l'information est envoyée à la BNDG et une fois entreposée dans cette banque, elle est visée par les restrictions en matière de communication des profils. L'information contenue dans le fichier des condamnés ne peut pas être transmise à qui que ce soit, sauf dans le cas où il y a une correspondance moyenne qui suscite une discussion entre des organismes travaillant à contrat pour la police et qui cherchent à décider s'il y a une correspondance avec un condamné, mais ce fichier serait uniquement utilisé pour cette fin.
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Mais dans les deux cas, je dirais qu'il y a un problème. Nous avons effectivement été informés du fait qu'avec ce système — avant la nouvelle loi et les nouveaux amendements — du moins pour les infractions primaires, la moitié seulement de ces infractions donnait lieu à l'entreposage d'un profil dans la banque. On espère, je pense, que le projet de loi C-18 va remédier à cette situation en rendant ces ordonnances obligatoires.
Je le concède. Mais s'il y a, compte tenu des infractions primaires et secondaires — il y a près de 35 000, ou presque, échantillons dans le fichier criminalistique — environ 142 000 échantillons maintenant dans la banque, d'après votre mémoire, il me semble, si l'on pense à la question de la capacité, que, si cette loi est modifiée, nous savons qu'elle entraînera l'entreposage obligatoire d'un grand nombre d'échantillons dans la banque. Ce nombre va donc se rapprocher progressivement de 200 000 échantillons. Ce n'est même pas un chiffre exact — oubliez ce que j'ai dit — mais cela va augmenter le nombre des profils entreposés dans la banque.
Il y a un aspect qui concerne une lettre que le comité précédent avait envoyée à la vérificatrice générale, en mai 2005, au sujet de l'arriéré. Je veux en fait qu'on me rassure et qu'on me dise qu'avec ce montant supplémentaire de 14 millions de dollars, et le financement permanent de 7 millions de dollars prévu... Nous nous demandons en fait si, du point de vue de l'intérêt public, vous allez être en mesure de répondre à l'accroissement de la demande que va entraîner cette nouvelle loi.
Sur ce même sujet, je voudrais savoir si le gouvernement vous a consulté au sujet de vos besoins budgétaires et si vous avez fourni au ministère de la Justice — en conservant la muraille de Chine qui existe entre la GRC et le ministère de la Justice — la garantie, et vice versa, que vous seriez en mesure d'effectuer ce travail avec ce financement.
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Monsieur le président, j'aimerais encore une fois faire la différence, pour pouvoir répondre à la question, entre le fichier des condamnés et le fichier criminalistique.
Nous avons évalué à près de 10 000 échantillons par an les changements qu'apporterait le projet de loi et qui se traduiraient par une augmentation des empreintes génétiques versées dans le fichier des condamnés. La banque de données a été en fait conçue en 2000 pour avoir une capacité beaucoup plus importante que celle qui est utilisée actuellement. Notre analyse indique également que pour ce qui est de la banque de données elle-même, elle serait capable d'absorber ces 10 000 échantillons supplémentaires sans que cela ait des répercussions sur le temps consacré à leur analyse ou à l'obtention de réponses. Autrement dit, la banque de données a une capacité suffisante pour traiter tous les échantillons concernant les condamnés.
Le problème que nous avions concernait les échantillons destinés au fichier criminalistique. D'après une évaluation conservatrice, le projet de loi aura pour effet d'augmenter le nombre des échantillons soumis de près de 42 p. 100. Nous avons préparé un plan d'affaires, que nous avons présenté à nos collègues de Sécurité publique et Protection civile Canada, SPPCC, selon lequel nos besoins seraient d'environ 15 millions de dollars pour la première année, et de 7 millions de dollars pour les années suivantes. Ces fonds seraient suffisants pour absorber l'augmentation du nombre des échantillons qui devraient être traités en raison de l'adoption du projet de loi C-18.
Nous reconnaissons qu'il existe une insuffisance de capacité à l'heure actuelle. J'en ai parlé avec mes collègues au sein de la GRC, et l'état-major supérieur de la GRC va fournir des fonds aux Services de laboratoire judiciaire le 1er avril prochain de façon à combler cette insuffisance de capacité en prévision du nombre des échantillons qu'il faudra traiter en raison du projet de loi C-18.
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J'aimerais répondre à cela.
J'invite le comité à revoir les témoignages que vous ont livrés les témoins au cours de l'examen du projet de loi C-13. J'étais ici lorsque vous avez entendu M. Chris Maguire des services médico-légaux du Royaume-Uni. Il a parlé de l'expérience qu'ils ont acquise en concentrant leurs efforts sur les empreintes génétiques reliées aux lieux de crime et aux contrevenants concernant les introductions par effraction, les vols qualifiés et les vols de voiture. Grâce à leurs statistiques, ils ont pu constater que les contrevenants commettaient progressivement des infractions de plus en plus graves. En concentrant leurs ressources sur ces types d'infractions, ils ont réussi à réduire la criminalité dans les municipalités ou les régions où ils concentraient leurs efforts sur ces types d'infractions.
Il a parlé d'un certain nombre d'études qui avaient porté sur l'efficacité de ce genre de travail. Je crois savoir que la banque de données génétiques de la Floride a également effectué des études de ce genre, et M. David Koffman, que vous avez également entendu, je crois, a été en mesure de confirmer ces résultats. En concentrant leurs efforts sur ces infractions moins graves, ils ont pu résoudre des affaires graves — des affaires concernant des agressions sexuelles, en particulier, mais également d'autres crimes graves qui étaient reliés à ces infractions mineures.
Je crois savoir que la banque de données a elle-même réussi à établir un lien entre les introductions par effraction en particulier et un certain nombre d'infractions très graves. Il existe une corrélation très forte, et des liens entre les introductions par effraction et les crimes plus graves, comme les meurtres et les viols.
Je crois que ces personnes pourraient vous fournir directement ces données statistiques.
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Je pense par conséquent qu'il ne faudrait pas hésiter à élargir l'utilisation de cette technologie. Nous ne devrions pas hésiter. Je pense que nous devrions aller de l'avant. Allons-y. N'est-ce pas ce que nous voulons faire, lutter contre crime, empêcher le crime? N'est-ce pas notre rôle principal?
Je pense que le crime coûte beaucoup plus cher que les sommes que nous devrions dépenser pour élargir le recours à cette technologie, qui est le meilleur outil que nous ayons jamais imaginé. J'espère que nous irons de l'avant dans ce domaine. Nous avons toujours très peur de porter atteinte aux droits des citoyens. Ce n'est pas ce que je veux faire mais en même temps, nous pourrions empêcher que se commettent un bon nombre d'infractions.
Je ne peux m'empêcher de penser que, si la personne qui vient de commettre une infraction est informée du fait que ses empreintes génétiques seront maintenant versées dans une banque de données génétiques — cela est regrettable pour elle, mais cela résulte de ses actions, c'est elle qui s'est attiré cela —, cela aura un effet dissuasif. De toute évidence, l'emprisonnement ne donne rien. Il y a beaucoup de gens qui pensent que cela ne donne pas de bons résultats. Je pense personnellement que l'emprisonnement donne certains résultats, mais j'espère que la banque de données génétiques aura un effet dissuasif.
Je vous félicite donc, messieurs, pour le travail que vous effectuez. J'espère simplement que le gouvernement qui sera au pouvoir aura la sagesse de comprendre que ce que vous faites est dans l'intérêt de tous les Canadiens, que cela va renforcer leur sécurité et qu'il n'hésitera pas à appuyer ces mesures.
C'est tout ce que j'avais à dire.
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Monsieur le président, je voudrais d'abord qu'on s'assure d'obtenir le cahier pour l'étude article par article du projet de loi . Comme on doit s'attaquer à cela jeudi, je veux m'assurer qu'on recevra ce cahier au plus tard mercredi, de façon à pouvoir prendre connaissance de son contenu.
Par ailleurs, pourrait-on demander au personnel affecté à la recherche de dresser la liste des infractions désignées actuelles et de celles qui seront ajoutées au projet de loi? Je parle ici d'un tableau, d'une synthèse rapide.
Monsieur le président, mon deuxième rappel au Règlement concerne ma motion. Je ne souhaite pas qu'elle soit renvoyée au comité directeur. Je souhaite qu'on en débatte. Étant donné que j'ai donné le préavis réglementaire, c'est ma prérogative, en vertu du Règlement. Je répète au gouvernement que je suis prêt à me rendre à l'analyse de Mme Jennings voulant qu'on ajoute une séance de travaux par semaine. La motion vient du comité directeur, elle a donc déjà fait l'objet d'un débat.
À mon avis, on devrait passer au vote maintenant. Que le gouvernement ne soit pas favorable à l'idée, soit; c'est sa prérogative. Pour ma part, j'agis de bonne foi. La dernière fois, M. Moore m'a interpellé et m'a demandé si j'étais d'accord pour qu'on ajoute une séance afin de discuter du processus de sélection des juges. Je n'étais pas tout à fait convaincu, mais je me suis dit qu'après tout, il était important de travailler dans un climat de bonne entente et d'amitié.
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Je voudrais faire quelques remarques, monsieur le président.
Premièrement, pendant que le témoin témoignait, il y a eu quelques discussions — officieuses, je dirais — dont il ressortait que les membres de ce côté étaient favorables à la motion de Mme Jennings. Ce n'est pas du tout le cas, compte tenu du préambule. Si l'on essayait vraiment d'obtenir notre appui de façon à pouvoir obtenir un vote unanime du comité...
Entre autres choses, il a été clairement précisé la semaine dernière que le gouvernement n'accepterait pas une motion ou un amendement à une motion qui reprendrait un langage aussi biaisé dans son préambule. S'il y a des sceptiques, je peux simplement vous citer la discussion que nous avons eue au cours de la dernière séance: « Attendu que ce processus de révision modifié comporte des signes flagrants de partisanerie et d'influence idéologique ». Est-ce que cela ressemble à quelque chose que nous pourrions appuyer? Si l'on voulait vraiment obtenir notre appui, je dirais que le préambule devrait disparaître.
Je vais donner du temps de parole à M. Petit qui, je le sais, veut présenter quelques idées.
Je pense que cette étude est trop restreinte. Notre pays nomme des juges depuis qu'il existe et je me demande pourquoi nous allons examiner les nominations effectuées l'année dernière. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit là d'une attaque partisane, ou presque d'un sale coup. Il y a la question des nominations judiciaires et les comités consultatifs de la magistrature fédérale existent depuis 1988. Cela fait une éternité que les ministres de la Justice nomment les juges et pourtant, nous nous inquiétons beaucoup du processus de nomination des juges. Mais regardons seulement ce qui s'est passé l'année dernière. Examinons ce qui s'est passé, parce qu'il y a eu un changement de gouvernement. N'examinons pas l'année précédente. N'examinons pas ce qui s'est passé depuis 1993, ces 13 dernières années, quand un autre gouvernement était au pouvoir. La motion de M. Ménard vise uniquement ce qui s'est produit depuis que nous formons le gouvernement. Il y a là, d'après moi, un manque de sincérité. Si nous voulions vraiment examiner honnêtement les nominations judiciaires, ou examiner honnêtement le processus consultatif judiciaire, alors il ne faudrait pas se limiter à l'année dernière.
Voilà quelle serait ma position. Il est possible que cela ne fasse aucune différence et que vous ayez un nombre de voix suffisant, mais le gouvernement ne va pas appuyer une motion précédée d'un préambule aussi biaisé.
Nous avons parlé la dernière fois d'avoir deux séances plutôt que trois. J'ai fait part de ces remarques à M. Ménard, à Mme Jennings et à d'autres.
De plus, sur la question d'entraver les travaux du comité, la motion de Mme Jennings indique clairement que nous poursuivrons les travaux du comité prévus à l'horaire et que nous sommes tous d'accord pour examiner le . J'espère que nous pourrons faire les deux, mais la motion soulève trop de problèmes pour que je puisse l'appuyer.
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Monsieur le président, j'avais déposé la motion que vous connaissez avec la ferme conviction que le comité devait prendre le temps, non pas d'examiner ce qui s'est fait dans le passé ni de revenir 10 ans en arrière. Le gouvernement a posé un geste qui va changer le processus de sélection des juges. Comme on le sait, ce processus est extrêmement sensible parce que c'est un pilier de la démocratie.
Le sens de la proposition, monsieur le président, est de vérifier si la nomination de membres issus de corps policiers est bien sage, eu égard à l'équilibre que l'on souhaite préserver. Ma motion prévoyait trois séances d'audition de témoins. J'ai d'ailleurs parlé à M. Antonio Lamer, à Mme L'Heureux-Dubé. Tous deux seraient prêts à venir nous rencontrer. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui seraient prêts à comparaître devant le comité. Je connais toute l'affection et tout le respect que les membres de ce comité portent à M. Antonio Lamer et à Mme L'Heureux-Dubé et je vous assure que tous deux seraient prêts à venir partager avec nous leur expertise longue d'une décennie.
Je ne voulais pas non plus, monsieur le président, abuser indûment du temps du comité. C'est pour cela que j'ai pensé proposer trois séances, plus une pour rédiger le rapport.
Je vous rappelle, monsieur le président, qu'aux termes de notre règlement, nous votons sur les quatre propositions; le préambule ne fait jamais partie du vote. Le préambule a une valeur interprétative, explicative, mais ne fait jamais partie du vote. Évidemment, il n'est pas dans mon intention de le retirer. Je pense que le gouvernement a agi dans un dessein idéologique très connu. Nous acceptons cela, mais je crois que cela doit faire partie des termes du débat. Je m'explique mal la susceptibilité de M. Moore, qui souhaiterait que le préambule soit retiré. Mon objectif n'était pas de blesser les députés du gouvernement, mais je crois qu'il faut dire les choses telles qu'elles sont.
Et pourquoi, monsieur le président, nommer des policiers? Pourquoi pas des infirmières, des professeurs, des enseignants ou d'autres gens qui, dans la société, ont également des choses à dire sur l'administration de la justice? Le gouvernement a choisi à dessein de nommer des policiers parce que ça répond à son orientation idéologique. Nous respectons cela. Nous pouvons comprendre cela, en démocratie, mais nous disons que c'est le travail de l'opposition et du comité d'en débattre.
Je termine, monsieur le président, en vous disant une chose. À plusieurs reprises, j'ai entendu les ministériels dire qu'ils avaient un ordre du jour. Oui, et nous respectons le fait que le gouvernement est le gouvernement. C'est un gouvernement minoritaire — et plaise à Dieu qu'il ne devienne jamais majoritaire —, et nous avons étudié cinq projets de loi. Nous avons étudié l'article 25 du Code criminel, nous avons examiné l'emprisonnement avec sursis, le projet de loi C-9, le projet de loi C-10 et, jeudi, nous allons disposer du projet de loi C-18. Par conséquent, on ne peut pas dire qu'il y a eu, de la part de l'opposition officielle, une volonté de ne pas suivre l'ordre du jour du gouvernement. Il est normal qu'au sein d'un comité, il y ait un équilibre entre les travaux que souhaite mener l'opposition et les travaux que souhaite mener le gouvernement.
Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas utiliser 100 p. 100 de son temps pour mettre en oeuvre l'ordre du jour du gouvernement? Parce qu'il n'a pas fait élire 100 p. 100 des députés. La réponse est aussi plate et parlementaire que cela.
Monsieur le président, si le gouvernement veut appuyer mon amendement, j'en serai très heureux. Je me rallie, d'ailleurs, aux amendements qui ont été proposés par Mme Jennings. Ce n'est pas notre politique, au Bloc québécois, de siéger en comité plus longtemps que prévu. Cela vient de notre whip, parce que nous sommes très, très occupés. Dans le fond, l'opposition travaille à rendre le gouvernement meilleur. Alors, c'est évidemment un travail à temps plein, et il n'y pas une journée où ne sommes pas exténués, monsieur le président. C'est la raison pour laquelle notre whip ne nous autorise pas, de manière générale, à siéger en dehors des heures normales des comités. C'est parce que nos services sont requis ailleurs. Mais, dans un esprit de bonne collaboration, de franche camaraderie, de respect mutuel et d'attachement réciproque, je me rends aux amendements de Mme Jennings qui feraient que le président serait autorisé à convoquer le comité à une séance additionnelle.
Monsieur le président, j'ai bon espoir que cet amendement, avec la proposition initiale, puisse rallier tous les membres du comité et que nous pourrons apporter un éclairage en comité. On sait bien que ce sont des questions qui ont soulevé beaucoup de passion à la Chambre. Le chef du Bloc québécois et le chef du Parti libéral ont posé beaucoup de questions. Le NPD a posé des questions sur le processus de sélection. Il est normal que nous fassions notre travail de parlementaires de l'opposition.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier mon collègue Me Réal Ménard pour les commentaires qu'il a faits. Je peux vous dire que nous, les libéraux, sommes en faveur de la motion de M. Ménard, d'abord parce que nous croyons que l'objectif en est tout à fait louable et ensuite, parce que c'est un sujet pour lequel plusieurs parties, autant à l'intérieur du Parlement qu'à l'extérieur, ont déjà exprimé un intérêt, celui d'obtenir une révision du processus de sélection des juges que le gouvernement conservateur actuel a mis en place.
Toutefois, compte tenu des objectifs et priorités du caucus libéral concernant la stratégie et la justice, nous avons une stratégie libérale de justice en vertu de laquelle nous avons donné priorité, nous-mêmes, à des projets de loi du gouvernement présentés le printemps dernier, après l'ouverture du Parlement. À l'automne 2006, nous avons très clairement identifié des projets de loi sur lesquels nous étions entièrement d'accord et avons offert au gouvernement de prêter notre collaboration et coopération afin de prendre ce que l'on appelle un fast track, ou la voie rapide, pour que ces projets de loi soient débattus à la Chambre, renvoyés en comité, étudiés en comité, renvoyés à l'étape du rapport à la Chambre, etc. Malheureusement, le gouvernement n'a pas cru bon d'accepter notre offre, qui touchait plusieurs projets de loi, y compris le projet de loi qui concerne l'âge de consentement. C'est seulement au mois de février que le gouvernement a finalement jugé bon de l'inscrire au calendrier pour un débat en deuxième lecture.
Nous voulons voir le travail de ce comité progresser, en ce qui a trait à ce projet de loi. C'est pourquoi, malgré notre appui à la motion que M. Ménard a présentée au nom du Bloc, nos députés ont cru bon d'apporter ou de proposer des amendements à sa motion même. Cela visait à permettre au comité de continuer ses travaux et de suivre son calendrier régulier, de procéder à l'étude en deuxième lecture du projet de loi C-22 sur l'âge de consentement, mais en même temps, de considérer l'importance que plusieurs parties intéressées portent à la révision que le gouvernement a effectuée du processus de sélection des juges, sans aucune consultation.
Je dois ajouter que ce n'est pas moi qui le dis, ni M. Ménard, ni Mme Freeman, ni M. Comartin, ni Me Murphy, ni M. D'Amours, ni Me Barnes. C'est la juge en chef de la Cour suprême du Canada elle-même qui a dit publiquement que si le gouvernement voulait procéder à une modification ou à une révision du processus de sélection des juges, il avait l'obligation de procéder à une consultation. Or, cette consultation n'a pas été faite.
Alors, non seulement nous appuyons la motion de M. Ménard, mais nous y apportons notre propre amendement. Vous avez entendu de vive voix de la part de Me Ménard que le Bloc va appuyer l'amendement que les libéraux ont présenté, par mon entremise, à sa motion.
Je propose la tenue du vote.
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Pour commencer, j'ai lu la motion de M. Ménard, qui me semble très intéressante. Ensuite, j'ai également lu l'amendement proposé par Mme Jennings, qui me semble encore plus intéressant.
Si vous lisez la motion de M. Ménard — et il affirme que le préambule va être conservé —, elle dit ceci:
Attendu que ce processus de révision modifié comporte des signes flagrants de partisanerie et d'influence idéologique;
1. Que le gouvernement sursoit à la réforme apportée à la composition des comités de sélection des juges et qu'il rétablisse le fonctionnement antérieur de ces comité.
Jusque là, je suis capable de la lire, c'est compréhensible. Toutefois, si on veut nous dire que nous sommes partisans, il faut qu'on sache ce qui s'est passé autrefois. Je pense que c'est la logique même. Si on me traite de partisan et d'idéologue, je veux savoir ce qui s'est passé de 1993 à aujourd'hui.
À ce moment-là, j'ai commencé à considérer la possibilité de me ranger derrière ce que disait Mme Jennings, c'est-à-dire étudier la question en profondeur. Je crois sincèrement que les libéraux, comme les conservateurs et les bloquistes, veulent savoir ce qui s'est passé depuis. On se lance de part et d'autre, on s'accuse d'être des idéologues, de ne pas en être, d'être partisans, de ne pas l'être. Je ne suis pas d'accord. On doit donc approfondir les choses. Pour ce faire, il faut que les gens aient la possibilité de dire que le système judiciaire est imperméable aux décisions partisanes et idéologiques.
Je partage la position de M. Ménard du Bloc québécois, mais également celle des libéraux qui veulent aussi faire enquête sur ce qui s'est passé de 1993 à aujourd'hui. Il s'est dit certaines choses à la Chambre, et je vais aller vérifier si c'est vrai. Je suis encore avocat, je pratique encore au Québec, je me présente encore devant les juges et je ne veux plus qu'il y ait de doute dans mon esprit quand je me présente devant le tribunal. Cela s'applique même au futur avocat que sera M. Ménard, même à M. Brian Murphy, avocat lui aussi. Il ne veut pas avoir de doute lorsqu'il se présente en cour quant au fait qu'il y aurait des possibilités, comme l'a dit M. Ménard, de partisanerie de notre côté ou des problèmes idéologiques. Je ne veux pas de ça. La justice doit être impartiale.
Si vous lisez mon amendement, que j'ai fait traduire en anglais du mieux que j'ai pu parce que je ne disposais pas de tous les services hier soir pour le faire, vous constaterez que je propose en réalité un sous-amendement. En vertu de ce sous-amendement, on créerait un sous-comité. Je pense que c'est une question trop importante pour qu'on en dispose en deux ou trois séances, qu'on adopte cela très vite. Non, on doit étudier profondément la question. Il s'agit d'un élément important en vertu de l'article 100 de la Constitution. C'est nous qui nommons tous les membres de la magistrature. On doit donc étudier la question en profondeur.
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En ce qui a trait à l'amendement de Mme , j'ai le droit de proposer un sous-amendement, qui devrait être fonction du raisonnement suivant.
Je ne suis pas d'accord pour qu'il y ait un minimum de trois séances. On voit qu'elle en veut plus, et je voudrais qu'il y en ait beaucoup plus parce que le sujet est trop important. Je ne tolérerais pas qu'après deux ou trois séances, nous nous grattions le dos, tout le groupe ensemble. Nous sommes des parlementaires sérieux, ce dont je ne doute point, ni en ce qui concerne les députés de l'opposition et ni en ce qui concerne ceux du gouvernement. Je pense que nous devons ratisser beaucoup plus large que cela et ne pas inviter uniquement ceux qui voudraient nous faire des révélations qui pourraient nous plaire.
J'imagine qu'on devra obtenir des budgets à cette fin: toute une structure est rattachée à cela. Je verrais très bien que nous y consacrions beaucoup plus que trois séances qui ne représentent qu'environ six heures de débat. Ce n'est pas suffisant. Je suggère au moins une dizaine de séances environ parce que nous ferons venir des témoins. Ce n'est pas vrai qu'ils ne feront venir que ceux qu'ils veulent entendre.
Je comprends que je suis minoritaire et qu'ils peuvent tout faire. Cependant, je crois bien qu'à titre de parlementaires, nous devons nous assurer que le tout se fasse et que le public reprenne confiance dans le processus. En effet, si on dit que nous sommes partisans et idéologues, je voudrai peut-être savoir ce qui s'est passé avant, pendant et après mon passage. C'est ce que je veux savoir. Et ne serait-ce que pour avoir une bonne réponse, je pense que trois séances ne sont pas suffisantes.
Vous dites que l'honorable juge de la Cour suprême parle en votre faveur. J'ai un très grand respect pour Mme Claire L'Heureux-Dubé, qui est une avocate de Québec. De fait, elle a été l'avocate de ma famille pendant longtemps. Donc, j'ai un grand respect pour elle, mais nous sommes des parlementaires. Nous ne sommes pas des...
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J'ai écouté ce que M. Petit a dit et je pense qu'il faisait référence à des séances supplémentaires pour tenir une consultation plus large et cela me paraît justifié.
J'ai demandé plus tôt pourquoi nous limiter à une seule année. J'ai interrogé M. Ménard à ce sujet, parce que comme vous le savez, les comités consultatifs de la magistrature fédérale existent depuis 1988 et ils ont été modifiés un certain nombre de fois. Affirmer qu'il est bouleversant de voir modifier la composition des comités consultatifs de la magistrature fédérale — à mon avis, c'est un changement positif, mais cela peut faire l'objet d'un débat... Nous avons droit à nos opinions, mais pourquoi nous limiter à une seule année? Je pense que nous devrions examiner d'autres années pour ce qui est des comités consultatifs de la magistrature fédérale.
Par contre, si nous parlons des motions de Mme Jennings et des amendements à ses motions, je serais disposé à appuyer une motion — si vous voulez un appui unanime; si ce n'est pas le cas, cela n'est pas important. Mais si vous voulez un appui unanime, je serais disposé à appuyer une motion qui n'aurait pas un préambule aussi biaisé, comme nous l'avons déjà mentionné — je ne vais certainement pas appuyer votre préambule — et cela demande au comité consacrer deux séances... et de poursuivre ses travaux, pourvu que cela ne touche pas, comme vous l'avez dit, la priorité accordée au projet de loi .
Je n'ai pas de problème avec le point 2, avec l'amendement qui remplace « trois » par « un minimum de deux ».
Enfin, au point de 3, je dirais: « Que ces séances supplémentaires soient consacrées à l'audition de témoins qui informeront le comité des conséquences des changements proposés par le gouvernement sur... le système judiciaire ».
Je pense qu'on influence l'issue des témoignages lorsqu'on parle de « l'intégrité du système judiciaire », comme si cela avait nécessairement un effet négatif sur son intégrité. Nous tirerons nos propres conclusions après avoir entendu les témoins, mais je ne suis pas disposé à appuyer une motion qui demande l'étude des changements que nous avons apportés au comité consultatif de la magistrature fédérale. Je n'ai rien contre l'étude de cette question, et je le dis clairement, mais pas avec une motion dont la conclusion semble déjà être fixée. J'aimerais entendre les témoignages et nous pourrons ensuite tirer nos propres conclusions.
Si les membres de l'opposition veulent vraiment étudier cette question, alors je les invite à parler de ces quelques amendements qui conserveraient l'objectif principal consistant à étudier le comité consultatif de la magistrature fédérale pendant quelques jours, à des moments qui ne nuiront pas à l'étude du projet de loi ou .
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Oui. Les amendements que je proposerais à Mme Jennings et à M. Ménard... Je regarde plus précisément l'amendement de Mme Jennings. M. Ménard a déclaré qu'il appuyait l'amendement de Mme Jennings et je vais donc examiner son amendement.
Les amendements que j'apporterais consisteraient à supprimer le préambule parce qu'il me paraît trop biaisé et le point 1, « que le gouvernement sursoit à la réforme apportée à la composition des comités de sélection des juges et qu'il rétablisse la composition », parce que les changements apportés à cette composition ont déjà été mis en oeuvre. Je supprimerais donc le point 1.
Les points 2, 3 et 4 demeureraient, à l'exception des mots « un minimum de trois », qui seraient remplacés par « un minimum de deux », et de la suppression des mots « l'intégrité du » au point 3.
Nous pourrions ainsi effectuer une étude des comités consultatifs de la magistrature fédérale, ce qui est, je pense, ce que souhaite M. Ménard, mais je supprimerais les termes qui semblent indiquer que le comité a déjà tiré sa propre conclusion.
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Monsieur le président, comme comotionnaire avec Mme Jennings, je dois dire que nous ne désirons pas retirer le préambule.
Ensuite, votre collègue demandait 10 séances; vous en voulez deux. Nous pensons donc être équilibrés en en proposant trois. Mais si Mme Jennings est d'accord, nous le serions aussi pour retirer le mot « intégrité ». Ainsi, on pourrait lire:
[...] à l'audition de témoins qui informeront le comité des conséquences des changements proposés par le gouvernement sur le système judiciaire.
Cependant, il n'est pas question de retirer le préambule, n'en déplaise au gouvernement.
Monsieur le président, j'aimerais que M. Moore nous explique pourquoi choisir des policiers. Pourquoi pas des infirmières ou des enseignantes, si ce n'est pas idéologique? Il y a beaucoup de gens dans la société qui ont des choses à dire au sujet du système judiciaire.
Le gouvernement a le droit d'avoir cette orientation idéologique, mais qu'il n'essaie pas de nous faire croire que ce n'est pas ce dont on parle. On a le droit de vouloir des policiers, mais cela obéit à des considérations idéologiques. Sinon, quelle est l'utilité d'avoir un policier pour participer à la nomination d'un juge de la Cour canadienne de l'impôt? En quoi un policier a-t-il une expertise à cet égard? Il y a donc une orientation idéologique. Nous sommes une démocratie, nous acceptons que les gens aient des idéologies, mais on ne va pas nous faire croire que le gouvernement n'a pas obéi à des considérations idéologiques.
Pourquoi suis-je contre le fait de remonter jusqu'aux années 1980? Le problème n'est pas que le gouvernement veuille changer le mode de nomination. Oui, le ministre a le droit de changer le mode de nomination. Il faut associer le Comité permanent de la justice et des droits de la personne.
Ensuite, si les libéraux avaient nommé des policiers au comité de sélection, je suis convaincu que mon collègue Richard Marceau aurait déposé cette motion. On ne le fait pas parce que c'est un gouvernement conservateur, on le fait parce qu'on pense que ce n'est pas souhaitable que des policiers, qui enclenchent souvent le processus de mise en accusation, siègent à des comités de sélection. C'est ce dont nous voulons débattre.
Vous l'avez fait pour des considérations idéologiques. Sinon, nous sommes prêts à voter unanimement pour nommer des infirmières, des professeurs, des journalistes, des gens qui ont aussi de l'expertise. Le gouvernement s'est bien gardé d'élargir l'éventail des gens qu'il souhaite voir nommés à ce comité, parce qu'il veut avoir des policiers qui adhèrent à sa vision du système juridique. Il a le droit de dire cela, mais qu'il ne s'offusque pas que nous en prenions acte.
Il n'est pas question, pour aucune considération, que je retire le préambule, et j'espère avoir l'appui des collègues libéraux et du NPD.
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Nous pourrions tenir un débat sur cette question, mais je ne pense pas que ce soit le moment de le faire.
Je rejette toutefois l'hypothèse à la base des commentaires de M. Ménard selon lesquels il est possible de placer des policiers dans une catégorie de pensée politique ou autre. Est-ce que nous disons que les avocats ont une certaine couleur idéologique? Je ne pense pas que nous le fassions. De la même façon, le représentant des policiers qui serait membre du comité consultatif de la magistrature fédérale ne devrait pas être placé automatiquement dans une catégorie donnée. C'est pourquoi il ne me paraît pas équitable d'affirmer ce genre de chose.
Pour ce qui est de nommer des professeurs, des journalistes et des pompiers aux comités consultatifs de la magistrature fédérale, cela est possible. Il y a une place qui est réservée aux représentants de la province; un représentant du barreau et des représentants de la population comme les professeurs, les journalistes ou autres. Mais nous avons créé un poste pour les policiers, parce que les policiers jouent un rôle dans le système judiciaire, tout comme les avocats.
Vous n'êtes peut-être pas d'accord avec cela, et j'en conclus que c'est le cas, mais il me paraît injuste d'affirmer que tous les policiers qui seront nommés membres du comité y apporteront un ensemble de valeurs ou de positions idéologiques.
Pour ce qui est de la motion de Mme Jennings, j'ai présenté un texte que nous pourrions appuyer. Bien évidemment, nous n'appuyons pas le préambule et nous n'appuierons donc pas la motion.
Nous essayons d'intervenir de façon constructive et je suis d'accord avec M. Ménard lorsqu'il affirme que nous devrions effectuer une étude. Je suis d'accord avec lui en ce moment, comme Mme Jennings a modifié sa motion, lorsqu'il dit que cela ne devrait pas nuire aux études que nous demande la Chambre, aux travaux qui nous ont été confiés par la Chambre, et il s'agit des projets de loi et .
Il serait donc possible d'obtenir l'unanimité en faveur de cette motion, mais pas si nous conservons le préambule ou le paragraphe 1 de la motion.
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Le secrétaire parlementaire a parlé du fait qu'il y avait des policiers qui siègent à un comité. M. Ménard a fait un long préambule, disant que nous étions idéologues, etc.
Tout à l'heure, je voulais simplement savoir si le fait de nommer un policier à ce comité faisait de nous des idéologues. Lorsque les députés du Parti libéral ont nommés des avocats, étaient-ils des idéologues eux aussi? J'aimerais le savoir parce qu'on aura à prendre une décision. Les députés du Parti libéral qui ont nommé ces gens — ici, je fais le même reproche que M. Ménard nous a fait — étaient-ils des idéologues? Étaient-ils partisans? J'ai besoin de savoir cela, car je suis nouveau au gouvernement.
patauge ici depuis 14 ans, il connaît tout le système. Bien souvent, même dans ma province, on a dit que certains juges fédéraux penchaient toujours du côté d'Ottawa, parce qu'il existe une perception. Il est important que les gens qui comparaissent devant ces juges n'aient plus cette perception.
Alors, le député dit que nous avons nommé un policier, que nous sommes des idéologues. Mais je lui pose cette question: lorsque vous avez nommé les sept autres personnes, en 1993, étiez-vous des idéologues, étiez-vous partisans? Je ne le sais pas.
Je vous crois lorsque vous dites que Mme Jennings veut faire la même enquête que moi. Je veux savoir si c'est vrai ou faux. Je veux surtout rassurer la population à savoir que ce que M. Ménard et moi disons est faux et que nous sommes tous de bonnes personnes, de bons parlementaires, et que nous voulons tous une justice impartiale. C'est ce que je veux dire, pas plus. C'est pourquoi je voulais qu'il y ait une enquête plus approfondie.
Toutefois, si vous bloquez, si vous mettez le couvercle sur la marmite, c'est bien simple, ça continuera à chauffer en-dessous. Ne l'oubliez pas. Tout ce qu'on va dire à la Chambre et tout ce que le public va dire, c'est qu'on a voulu bouger, mais qu'on a seulement bougé un peu. Nous sommes là, nous avons une occasion unique dans notre carrière de parlementaires de faire un beau travail, peut-être d'apporter une modification, d'apporter des améliorations qui feront en sorte que lorsque MM. Murphy et Ménard seront reçus avocats et qu'eux et moi plaiderons, nous serons devant des juges au sujet desquels il n'y aura aucun doute dans notre esprit. C'est tout ce que je veux.
Je sais que Mme Jennings veut la même chose que moi, sauf qu'on semble être en désaccord sur certains points. En outre, j'ai cru que c'était ce que le Bloc québécois aurait favorisé. Je suis content que M. Ménard soit très au fait des événements et qu'il appuie à ce point ce qu'on appelle les tribunaux canadiens. Je sais que son optique n'est pas celle-là, mais je le trouve extraordinaire parce qu'il est capable de passer outre, de se sublimer afin de nous aider.