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Je déclare ouverte la séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous sommes le jeudi 29 mars 2007 et nous avons à l'ordre du jour la poursuite de notre étude sur le , Loi modifiant le Code criminel (âge de protection) et la Loi sur le casier judiciaire en conséquence.
J'ose dire que nous avons une liste impressionnante de témoins aujourd'hui, en commençant par le premier, M. Paul Gillespie, qui témoigne à titre personnel. M. Gillespie est un expert-conseil et ex-membre de la police de la Ville de Toronto.
Le Centre canadien de la statistique juridique est représenté par Lynn Bar-Telford, directrice, et par Karen Mihorean, directrice adjointe.
De l'Association du Barreau canadien, nous accueillerons Mme Tamra Thomson, directrice, Législation et réforme du droit, M. Kevin Kindred, président des divisions, Conférence sur l'orientation et l'identité sexuelles, et Mme Margaret Gallagher, trésorière, Section nationale du droit pénal.
Nous entendrons également Mme Judy Nuttall, coordonnatrice de White Ribbon Against Pornography, M. Steve Sullivan, du Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, et Martha Mackinnon et Emily Chan, de Justice for Children and Youth.
Nous allons procéder dans l'ordre où figurent les témoins à l'ordre du jour.
Monsieur Gillespie, vous avez la parole.
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Monsieur le président, je vous remercie beaucoup.
Je m'appelle Paul Gillespie. J'étais auparavant à l'emploi du Service de police de Toronto, où j'ai eu la chance de servir la population pendant 28 ans. Durant les six dernières années, j'étais l'officier en charge du service de l'exploitation des enfants de l'unité des crimes sexuels où j'ai eu le grand bonheur de travailler avec un merveilleux groupe. L'équipe a fait de l'excellent travail qui a su inspirer certains des efforts qui sont déployés dans le monde actuellement concernant l'exploitation sexuelle en ligne des enfants.
Depuis que j'ai quitté le service policier en juin dernier, je travaille auprès d'un groupe sans but lucratif de Toronto que j'ai contribué à mettre sur pied, soit le Kids' Internet Safety Alliance ou kinsa.net. Notre énoncé de mission est simple. Nous nous consacrons simplement à éliminer l'exploitation sexuelle des enfants sur l'Internet et à toutes les questions connexes.
Durant mes années de travail en tant que policier et, certes, au service de l'exploitation des enfants de l'unité des crimes sexuels, j'ai connu un groupe très talentueux de jeunes agents pour lesquels la technologie n'avait pas beaucoup de secrets. C'est ce qui nous a permis de mener des enquêtes à la recherche de renseignements dans des recoins très obscurs de l'Internet. Certains d'entre eux sont connus sous l'appellation « libertel », « freenet » ou « undernet ». Nous parlons ici des entrailles de l'Internet, des zones presque impossibles à suivre. C'est là que nous avons trouvé le pire du pire. Les pédophiles y puisent leur information, y réfèrent les membres, transmettent l'information et apprennent l'un de l'autre. C'est par ces zones que les plus vils images et films dont nous connaissons malheureusement tous l'existence maintenant entrent sur l'Internet.
Nous avions des agents expressément affectés à la surveillance des bavardoirs et des groupes de discussion dans ce domaine qui prenaient le pouls de ce qui se passait partout dans le monde. À plusieurs occasions, des membres et des pédophiles du monde entier y préconisaient ouvertement de venir au Canada et s'expliquaient entre eux qu'ici, on peut avoir des relations sexuelles avec un enfant de 14 ans en toute légalité. Ils étaient non pas consternés de l'apprendre, mais émerveillés et surpris de ce laxisme.
J'ai eu l'occasion de faire des centaines d'exposés sur des questions de sécurité, sur des questions reliées à la sexualité infantile et à l'exploitation sexuelle, devant des groupes d'élèves, des groupes confessionnaux et lors d'assemblées publiques, y compris une réunion qui a eu lieu hier à Brantford. Chaque fois, je demande simplement de lever la main si l'on croit qu'il est légal, pour un cinquantenaire, d'avoir des relations sexuelles avec un enfant de 14 ans. Jusqu'ici, la plupart des Canadiens ne le savent tout simplement pas. Quand vous leur exposez les faits, la plupart du temps, ils sont révoltés et ils comprennent tout à coup que si cela leur arrivait, ils seraient morts de honte. Ils estiment qu'en réalité, cela ne peut pas être. Heureusement et, avec un peu de chance, si le projet de loi à l'étude est adopté, le Canada aura pris une excellente mesure.
Depuis quatre ans, je travaille de concert avec Microsoft à un logiciel que nous avons développé, appelé système de surveillance de l'exploitation des enfants. Ce travail me fait parcourir le monde alors que je cherche à convaincre d'autres pays d'utiliser le logiciel, qui un jour sera un réseau mondial. Au cours des deux dernières années, j'ai visité six continents et j'ai rencontré des agents actifs dans différents domaines. Je suis fort conscient de ce qui se passe dans ces domaines en ce qui concerne l'exploitation sexuelle des enfants assistée par ordinateur, et cette question est la préoccupation numéro un.
Le seul thème que j'ai en commun, certes avec mes pairs en exécution de la loi et au sein du gouvernement, est le fait que des hommes adultes ne devraient pas en vérité pouvoir avoir des relations sexuelles avec des enfants. J'espère que c'est un problème que le projet de loi à l'étude réglera.
C'est tout ce que j'avais à dire.
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Je vous remercie, monsieur le président, de l'occasion qui m'est offerte de présenter des données d'intérêt pour votre étude du . Vous avez en main l'information dont je vais vous parler.
Nous allons vous présenter des données de déclarations policières sur les enfants et les jeunes victimes de violence sexuelle au sens du Code criminel, ainsi que des données sur le traitement judiciaire de ces actes de violence.
Statistique Canada recueille des données à l'échelle nationale sur le nombre global de cas d'infractions sexuelles signalés à la police. On a obtenu d'un sous-ensemble de 122 services de police en 2005 des renseignements sur les caractéristiques des infractions sexuelles signalées à la police, soit l'âge de la victime, l'âge de l'accusé et la relation entre les deux. Bien que ces sous-ensembles nous livrent des renseignements utiles sur les enfants et les jeunes victimes d'infractions sexuelles, nous devons garder à l'esprit qu'ils ne sont pas représentatifs à l'échelle nationale. Nous évoquons les limites des données dans les notes qui figurent au bas des diapositives.
J'aimerais tout d'abord vous indiquer ce que nous savons de l'activité sexuelle des jeunes d'après les données de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes de 2000-2001 de Statistique Canada, dans le cadre de laquelle nous leur avons demandé s'ils avaient déjà eu des relations sexuelles avec consentement. Nous avons constaté que 5 p. 100 des jeunes de 12 et 13 ans, 13 p. 100 des 14-15 ans et 41 p. 100 des 16-17 ans avaient déjà eu des rapports sexuels. Parmi les jeunes de 14 et 15 ans sexuellement actifs, 37 p. 100 avaient eu leurs premiers rapports sexuels entre 10 et 13 ans, 36 p. 100, à 14 ans et les 27 p. 100 qui restent, à 15 ans.
Avant de passer à ce que nous savons des infractions sexuelles au Canada, il importe de reconnaître que, parce que ces actes de violence ne sont pas bien souvent révélés au grand jour, il s'agit de l'infraction la moins susceptible d'être portée à l'attention de la police. Selon les données de l'Enquête sociale générale de 2004 sur la victimisation qui a été menée auprès des personnes de 15 ans et plus, seulement 8 p. 100 des infractions sexuelles sont signalées à la police. On peut penser que les taux de déclaration seraient même moindres dans le cas des jeunes de moins de 15 ans (à la fin de l'exposé, vous trouverez une diapositive supplémentaire illustrant les raisons pour lesquelles il n'y a pas de signalement à la police).
Passons à la deuxième diapositive. En 2005, on a dénombré environ 26 000 infractions d'ordre sexuel connues de la police, dont approximativement 23 000 étaient des agressions sexuelles et un peu moins de 3 000 d'autres infractions sexuelles, qui comprennent les contacts sexuels, l'incitation à des contacts sexuels, l'exploitation sexuelle, l'inceste, les rapports anaux et la bestialité. S'il est impossible de ventiler ces autres infractions à partir des données des déclarations policières, nous savons par ailleurs, par les données des tribunaux, qu'environ les trois quarts des autres infractions sont liées à des contacts sexuels.
Les données d'un sous-ensemble de services de police nous indiquent que les infractions sexuelles consistent en des actes criminels dont sont victimes dans une large mesure les jeunes femmes de moins de 18 ans. Dans l'ensemble, dans six cas sur dix de violence sexuelle, la victime a moins de 18 ans. Comme le révèle la diapositive, les jeunes femmes de 13 à 15 ans sont les plus vulnérables.
En ce qui concerne l'âge des accusés d'agressions sexuelles et d'autres infractions du même ordre où la victime a moins de 18 ans, on constate que, dans les deux tiers des cas environ, l'accusé a 21 ans et plus et n'appartient donc pas à la tranche d'âge d'exclusion. Pourtant, les jeunes hommes de 13 à 17 ans présentent les risques les plus élevés de commettre de pareilles infractions. Vous trouverez à la fin une diapositive supplémentaire sur l'âge des accusés.
Nous ne pouvons pas prédire ce que sera l'incidence directe de l'adoption du sur le nombre et la nature des infractions sexuelles signalées à la police, mais nous pouvons examiner les cas d'agressions sexuelles où la victime a 14 ou 15 ans. On en dénombre 788 où un accusé a été identifié, selon les données fournies par un sous-ensemble de 122 services de police en 2005. Dans six cas sur dix, l'accusé a 21 ans et plus et, dans le quart environ, l'accusé a entre 16 et 20 ans.
Notre sous-ensemble de données déclarées par des services policiers nous permet de voir quelle est la relation entre la victime et l'accusé si ce dernier peut être identifié. La majorité des infractions sexuelles contre les enfants et les jeunes sont commises par quelqu'un qu'ils connaissaient — le plus souvent des amis ou des connaissances — , cette proportion s'établissant à 50 p. 100 environ. Un peu plus du tiers de ces actes sont commis par des membres de la famille et un peu plus de 10 p. 100, par des étrangers. Mais nous savons que, lorsque les enfants sont plus jeunes, ils sont plus susceptibles de subir la violence sexuelle d'un membre de la famille. À mesure que les enfants vieillissent et deviennent plus interactifs sur le plan social, ils sont plus enclins à être victimes d'actes de violence sexuelle posés par des amis ou des connaissances.
Passons maintenant à la diapositive 4. Voyons les tendances. Nous avons pu, dans notre examen des tendances, examiner des données représentatives des autres infractions sexuelles commises à l'échelle nationale réparties sur seize ans. Nous observons une diminution générale du quart environ du taux de ces infractions entre 1990 et 2005. Toutefois, malgré cette baisse générale, de légères hausses ont été relevées dans trois des quatre dernières années. Le déclin général se rapproche des tendances observées dans les taux de crimes violents qui se caractérisent par des baisses tout au long des années 1990 et par une stabilisation relative depuis 1999. Vous trouverez également, dans les diapositives supplémentaires à la fin de la présentation, de l'information sur les tendances générales en matière d'agressions sexuelles.
Nous pouvons vous fournir certaines données sur le « leurre » dont il est question dans le projet de loi à l'étude. Ces données proviennent également du sous-ensemble de 122 services de police en 2005. Bien qu'elles ne soient pas représentatives à l'échelle nationale, elles donnent une idée générale des tendances relatives à de pareilles infractions. Entre 2003 et 2005, 116 cas ont été signalés, dont 44 en 2005.
Nous pouvons aussi vous fournir des renseignements sur la suite donnée aux cas d'infractions sexuelles. Une affaire peut se traiter de trois façons lorsqu'elle est signalée à la police. Elle peut se traiter par mise en accusation, être classée sans mise en accusation ou encore demeurer non classée. En 2005, les autres infractions sexuelles présentaient, après les vols qualifiés, le taux d'inculpation le plus faible (37 p. 100) pour les crimes commis avec violence. Le fait qui mérite d'être signalé, c'est la diminution de 44 p. 100 du taux d'inculpation dans le cas des autres infractions sexuelles entre 1990 et 2005. C'est bien plus que les baisses des taux d'inculpation relatives aux cas d'agressions sexuelles (22 p. 100) et des crimes commis avec violence en général (4 p. 100).
On doit se rappeler qu'environ 8 p. 100 seulement des agressions sexuelles sont signalées à la police et, comme je l'ai indiqué, que les autres infractions sexuelles comptent parmi les affaires criminelles les moins susceptibles d'être classées par mise en accusation. Une fois que les affaires sont déférées à la justice, à l'exception des homicides et des tentatives de meurtre, les infractions sexuelles sont les moins susceptibles de mener à une condamnation si on les compare aux autres crimes commis avec violence. Dans l'ensemble, 49 p. 100 des crimes commis avec violence mènent à une condamnation, par rapport à seulement 39 p. 100 des agressions sexuelles et à 37 p. 100 des autres infractions sexuelles.
Bien que les taux de condamnation pour les infractions sexuelles soient faibles, les infractions en question sont frappées de peines plus lourdes en cas de condamnation. En effet, les taux d'incarcération sont plus élevés pour ces infractions que pour les crimes commis avec violence en général. Ainsi, le taux global d'incarcération dans les condamnations pour crimes avec violence s'établit à 35 p. 100, alors qu'il est de 45 p. 100 pour les agressions sexuelles et pour les autres infractions sexuelles. Ces taux sont plus élevés que ceux qui sont observés dans le cas d'homicide, de tentative de meurtre et de vol qualifié.
Grâce aux données des tribunaux, nous savons aussi que les personnes condamnées pour agression sexuelle ou pour une autre infraction d'ordre sexuel sont plus susceptibles d'avoir une peine d'emprisonnement plus longue que dans les cas d'agressions physiques, y compris les voies de fait graves. Pour d'autres infractions sexuelles comme les contacts sexuels, l'incitation à des contacts sexuels et l'exploitation sexuelle, les peines d'emprisonnement sont plus longues en moyenne que pour les agressions sexuelles. En 2003-2004, en moyenne, la personne condamnée pour une autre infraction sexuelle et qui a reçu une peine d'emprisonnement a eu une peine d'une durée de 529 jours, ce qui représente une hausse de 117 jours par rapport à 1994-1995. En ce qui concerne les crimes avec violence en général, la durée de la peine d'emprisonnement était en moyenne de 212 jours, alors qu'elle s'établissait à 466 jours pour les agressions sexuelles. La durée moyenne d'incarcération est plus longue seulement pour les homicides, les tentatives de meurtre et les vols qualifiés.
Toutes les agressions sexuelles et les autres infractions d'ordre sexuel sont traitées plus sévèrement si la victime a 11 ans et moins que si elle a entre 12 et 17 ans. Par exemple, 47 p. 100 des cas d'autres infractions sexuelles où la victime avait 11 ans ou moins ont mené à des peines d'emprisonnement. Cette proportion s'établissait à 39 p. 100 pour les autres infractions d'ordre sexuel dont la victime avait de 12 à 17 ans. Que l'accusé soit un membre de la famille ou non influe aussi sur les peines d'emprisonnement. Plus de la moitié des cas où l'accusé est un membre de la famille aboutissent à une peine d'emprisonnement, comparativement à 40 p. 100 environ de ceux où l'accusé n'est pas membre de la famille.
En résumé, monsieur le président, les données ont révélé que les actes de violence sexuelle sont les infractions les moins susceptibles d'être signalées à la police. Les jeunes femmes de 13 à 15 ans sont les plus vulnérables à la violence sexuelle.
Les deux tiers environ des accusés ont plus de 21 ans, alors que la vicitme a moins de 18 ans. Pourtant, les jeunes hommes présentent les risques les plus élevés de commettre de telles infractions.
Un moins grand nombre de cas d'infractions sexuelles sont classés par mise en accusation, et les infractions sexuelles affichent l'un des plus faibles taux de condamnation. Cependant, s'il y a condamnation, les infractions sexuelles sont traitées avec sévérité par les tribunaux, surtout si la victime est jeune et que l'accusé est un membre de la famille.
Monsieur le président, voilà qui met fin à mon exposé.
Vous trouverez une série de points supplémentaires à la fin de la documentation.
Je vous remercie.
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L'ABC est heureuse d'avoir l'occasion de vous exposer aujourd'hui une question importante sur le plan de l'égalité dans ce domaine également. Il s'agit d'un problème dont le milieu juridique est conscient depuis plus d'une décennie. Il en est maintenant question devant le comité parce que, pour la première fois depuis longtemps, le Parlement traite à nouveau de la question de l'âge du consentement. Je parle des dispositions discriminatoires concernant les relations sexuelles anales à l'article 159 du Code criminel.
Depuis 1995, les tribunaux ont conclu que l'article 159 enfreint la Charte puisqu'il renferme une disposition discriminatoire à l'égard des hommes homosexuels du fait qu'il stigmatise leur comportement sexuel. On pourrait s'interroger sur la raison pour laquelle cette question est encore problématique si, depuis 1995, les tribunaux nous disent que l'article 159 devrait être invalidé.
Il n'empêche que les tribunaux, depuis 1995, sont saisis d'affaires mettant en cause l'article 159. Ainsi, ce fut le cas à nouveau en 1998 au Québec, en 2003 en Colombie-Britannique, en 2004 en Alberta et en 2006 en Nouvelle-Écosse. Toutes ces causes sont citées à la note en bas de page 4 de notre mémoire.
Je fais particulièrement remarquer que, dans l'affaire de 2006 en Nouvelle-Écosse, une personne qui assurait elle-même sa défense a dû en appeler devant la cour d'appel pour faire annuler sa condamnation en vertu de l'article 159.
En fait, le problème est toujours aussi actuel. Toutefois, sans égard au fait que c'est toujours un problème devant les tribunaux actuellement, le fait qu'une disposition discriminatoire subsiste toujours dans le Code criminel comme tel envoie un message qui est à la fois inapproprié et discriminatoire.
Nous avons aussi entendu dire qu'il existe certaines résistances à régler une fois pour toutes le problème posé par l'article 159 dans le contexte du projet de loi à l'étude.
Naturellement, il n'appartient pas à un témoin de dire au comité comment il doit procéder. J'affirmerai donc qu'il existe des moyens pour que votre comité règle le problème de l'article 159 dans le cadre de l'étude que vous êtes en train de faire. Il se peut qu'il faille plutôt que le gouvernement et le ministre aient la volonté politique de soit modifier le projet de loi ou de traiter de l'article 159 de manière distincte.
L'ABC a pour position ferme que la pleine égalité exige l'abrogation de l'article 159 et qu'il est maintenant temps de le faire.
Je vous remercie.
Des lettres ont été envoyées à tous les députés provinciaux de l'Ontario et, en 2006, il a été noté dans le hansard que, par vote unanime, le ruban blanc de la campagne White Ribbon Against Pornography serait porté pendant une journée complète, cette semaine-là. Nous avons aussi envoyé 8 000 lettres d'électeurs de Barrie aux juges de la Cour suprême pour plaider en faveur du relèvement de l'âge de consentement, durant l'affaire John Robin Sharpe.
Pourquoi faisons-nous tout cela? En 1995, un juge de Toronto a imposé une sentence minimale à un homme qui avait agressé sexuellement un garçon de 14 ans. On ne tenait aucunement compte de l'agonie de la victime. De plus, 1999 a marqué l'arrivée à nos portes, à Barrie, du fléau qu'est la pornographie infantile quand Ivan Cohen a été jugé coupable de possession et de production de pornographie infantile. Il a été condamné à l'emprisonnement, mais la Cour d'appel de l'Ontario a commué cette peine en détention à domicile, ce qui a provoqué beaucoup de colère au sein de la population locale. C'est alors qu'est survenue l'affaire John Robin Sharpe, avec tous ses tours et détours.
Le Canada a violé et continue de violer la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'exercice des droits et des libertés doit s'accompagner de la responsabilité d'utiliser judicieusement ses droits personnels sans nuire à d'autres, surtout à des enfants, et sans saper leurs droits à eux. Il faut, contre les droits du contrevenant, tenir compte aussi des droits des victimes. Si nous ne le faisons pas, nous perdons nos libertés. Nous nous retrouvons avec un système de justice qui a déraillé. Il ne tient plus compte des véritables fondements de la justice.
L'accroissement de la pornographie infantile gravite autour de l'âge de consentement. Le Canada a un âge de consentement à des relations sexuelles inférieur à celui de tous les autres pays. Les adultes peuvent en toute légalité avoir des relations sexuelles avec des enfants de 14 ans et plus. L'âge de consentement crée une énorme échappatoire en droit. Ainsi, à 14 ans, l'âge de consentement du Canada est inférieur à celui de la plupart des pays occidentaux. Aucun autre pays de l'Occident n'autorise les relations sexuelles dès l'âge de 14 ans. Selon le National Post, un nombre croissant d'hommes étrangers se sont servis de l'Internet pour attirer des enfants canadiens. D'après Concerned Citizens Against Child Pornography, de plus, la réduction de l'âge de consentement est la clé de la montée de la pédophilie au Canada, y compris du leurre sur l'Internet.
Lorsque j'ai interrogé mon ex-députée à ce sujet, elle m'a répondu qu'il s'agissait d'une loi ancienne. Je vous le demande : combien d'autres anciennes lois le Canada a-t-il conservées? Aux États-Unis, au Royaume-Uni et ailleurs, on a mis à jour les lois médiévales concernant le mariage et le sexe. Pourquoi le Canada ne l'a-t-il pas fait?
L'âge de consentement continue d'être une échappatoire de la loi qui permet aux pédophiles d'abuser de nos enfants. Il faut agir et le faire rapidement pour protéger nos enfants et préserver leur innocence. Le chef de police Fantino a déclaré que même des pays du tiers monde s'acquittaient de manière plus consciencieuse et civilisée que le nôtre du devoir en tant qu'adultes de protéger nos éléments les plus vulnérables, c'est-à-dire nos enfants. D'après Focus on the Family, nos enfants font face à un danger clair et présent. Par ailleurs, le premier ministre du Manitoba Gary Doer a affirmé que nous croyons que les droits de nos enfants devraient primer, au Canada, sur ceux des pervers.
En termes de développement, un jeune de 14 ans n'est pas prêt à assumer la responsabilité des relations sexuelles. La maturité émotionnelle, physiologique, physique, mentale, psychologique et spirituelle sont autant de facteurs qui jouent dans les deux à quatre années suivantes. Le jeune de 14 ans ne peut pas comprendre ou évaluer à sa juste valeur le danger des maladies sexuellement transmises, dont certaines sont fatales et qui bouleversent la vie des personnes qui en sont affectées.
Les enfants victimes de pornographie infantile affichent manifestement de multiples symptômes : le retrait affectif, le comportement antisocial, les sautes d'humeur, la dépression, de la crainte, de l'anxiété, un risque élevé d'avoir eux-mêmes plus tard dans la vie les mêmes comportements, et des sentiments destructeurs de culpabilité et de honte. La pornographie désensibilise les enfants.
Les moyens d'enquête et les lois concernant la pornographie au Canada sont encombrants, désuets, inefficaces et coûteux, en plus de consommer un temps fou. Comme l'énonce si bien le dépliant de la campagne WRAP, des règles de divulgation désuètes obligent la police à examiner tous les fichiers d'un ordinateur qui est saisi avant de porter des accusations. D'autres pays occidentaux se contentent d'examiner deux ou trois fichiers, puis d'arrêter le pédophile. Les travaux effectués dans le cadre du Project P et d'autres initiatives innovatrices du même genre marquent un net progrès dans ce travail de protection fort difficile et stressant pour le Canada et les enfants canadiens.
Enfin, le mouvement en faveur de rendre public le nom des pédophiles pour leur faire honte en Angleterre a fait ressortir un point fort à propos, comme l'illustre l'en-tête suivant : « Honte aux députés qui refusent d'appuyer la loi de Sarah ». L'article portait sur le registre des délinquants. Il ressemble à la loi de Christopher en Ontario et la loi de Megan aux États-Unis.
J'exhorte le Parlement fédéral du Canada à adopter les lois vitales requises pour relever l'âge du consentement de 14 à 16 ans de manière à protéger les enfants du Canada, notre avenir.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de venir témoigner devant votre comité au sujet du projet de loi à l'étude. C'est un projet de loi dont, monsieur le président, vous et moi avons discuté dans le passé lorsque vous avez vous-même essayé de faire adopter une loi similaire que nous avions appuyée. Nous avions aussi appuyé les mesures prévues dans le que votre comité avait examinées il y a quelques années et qui, à mon avis, a accru la protection des enfants jusqu'à l'âge de 18 ans, de manière plus discrète, de toute évidence, que le projet de loi à l'étude.
Je n'ai pas grand-chose à ajouter. Il est rare que nous nous présentions devant un comité quand tous semblent s'entendre, du moins sur les principes sur lesquels s'appuie le projet de loi. Nous n'avons donc pas grand-chose à dire.
Je vais me faire l'écho de ce qu'a dit M. Gillespie au sujet de l'Internet et des échanges qui ont lieu au sein de ces bavardoirs entre ceux qui cherchent à exploiter les enfants.
En ce qui concerne l'âge inférieur de consentement, j'ai assisté à une conférence, il n'y a pas longtemps, en présence d'enquêteurs et voici ce dont on parlait. Un des enquêteurs nous a fait une démonstration. Il est allé dans un bavardoir, en se faisant passer pour une jeune fille de 13 ans. On pouvait dire, au son des nombreux timbres qu'on entendait, combien d'hommes souhaitaient chatter avec la jeune fille. Les demandes ne cessaient pas — elles arrivaient l'une après l'autre. C'était très troublant. Il était 13 heures et de constater, cet après-midi-là, qu'autant de gens cherchaient à exploiter cette enfant —
L'officier nous a parlé également de la façon dont certains de ces individus tentent de maintenir le dialogue avec l'enfant jusqu'à ce que celle-ci ait 14 ans. C'était là aussi une source de préoccupatios. À mon avis, le projet de loi à l'étude va ajouter un outil au coffre des agents d'exécution de la loi et protégera mieux les enfants. Il importe de se concentrer sur les motivations de l'adulte, plutôt que sur le consentement du jeune. On parle de se concentrer sur les personnes qui cherchent à exploiter les enfants à leurs propres fins.
J'aimerais mentionner brièvement une autre question. Nous avons récemment témoigné devant certains de vos collègues du comité de l'accès à l'information, qui est en train d'examiner la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Nous tentons de faire élargir le débat au sujet de la protection des renseignements personnels — dans ce cas-ci, des renseignements personnels concernant les abonnés à l'Internet--de manière à y inclure le besoin de protéger les renseignements personnels de ces enfants, dont les images sont échangées sur l'Internet comme des cartes de baseball. Il faut commencer à tenir compte du fait que nous avons des jeunes qui ont accès à des caméras web, qui se font manipuler par des personnes plus âgées en vue de partager leurs photos. Il faut commencer à protéger ces droits à la protection des renseignements personnels également.
Monsieur le président, je vous remercie.
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C'est moi qui vais le faire. Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais aussi dire à quel point nous vous sommes recconnaissants de nous avoir invités à témoigner. Justice for Children and Youth est une clinique d'aide juridique qui s'intéresse à tous les régimes juridiques qui touchent les enfants. En fait, nous sommes la seule clinique d'aide juridique au Canada qui touche à tous les genres de lois qui visent les enfants et les jeunes.
De plus, Justice for Children and Youth est un chaud partisan de la mise en oeuvre par le Canada de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l'enfant, et c'est pourquoi nous nous réjouissons particulièrement d'être ici, parce que la convention reconnaît l'équilibre entre les droits individuels intrinsèques de l'enfant et son besoin de protection spéciale. Donc, je vous remercie vivement de l'occasion qui nous est donnée de venir témoigner.
Nous avons lu le avec ses principes, cet équilibre à l'esprit. Il faut que je m'excuse. Nous avons préparé un mémoire; cependant, j'ai été incapable de le compléter à temps pour qu'il soit traduit, de sorte que je l'ai remis au greffier et que j'espère que vous pourrez l'examiner lorsqu'il sera sous une forme qui convient à tous.
Nous avons quelques recommandations à faire au sujet du ou, du moins, des positions à vous communiquer. La première position, qui est partagée je crois par tout le monde dans la salle, c'est que nul ne souhaite que les jeunes soient victimes d'exploitation sexuelle. Nous appuyons également les modifications de 2005 dont a parlé M. Sullivan qui fixaient les critères et élargissaient la définition de ce que nous jugeons être de l'exploitation sexuelle. En fait, ces modifications avaient expressément mentionné l'âge et la différence d'âge comme deux critères éventuels dont il fallait tenir compte. Nous avons appuyé ces modifications et nous sommes ravis qu'elles aient été adoptées.
Le projet de loi ne change pas notre conception de l'exploitation sexuelle. Par contre, il élargit les protections contre les leurres commis par des prédateurs auprès des 14 et 15 ans. Nous appuyons cet élargissement également.
Je ne vais pas commencer à vous lire nos longs mémoires à ce sujet, mais nous nous entendons avec l'Association du Barreau canadien pour dire que cette loi est l'occasion — vous en avez l'obligation morale comme légale, selon moi — d'abroger l'article 159 du Code criminel. Cette disposition est, selon nous, discriminatoire. En fait, Justice for Children and Youth est intervenu devant la Cour d'appel de l'Ontario dans l'affaire qui a changé le droit ontarien et l'affaire qu'a mentionné l'Association du Barreau canadien. Je n'en dirai donc pas plus. Comme je l'ai dit, vous trouverez tout cela dans notre mémoire. Je tiens seulement à vous signaler que nous sommes d'accord avec ce que dit l'Association du Barreau canadien.
Je vais toutefois faire ressortir un passage, et c'est dans le document d'information du gouvernement concernant le projet de loi , là où l'on suggère que l'âge de 18 ans est l'âge auquel les relations sexuelles d'exploitation sont autorisées. J'aimerais donc souligner qu'il n'est pas approprié de dire que l'article 159 du Code criminel, de par sa nature même, règle le problème du comportement exploitant.
Le point suivant que je vous suis reconnaissante de me donner l'occasion de faire valoir est un peu plus complexe. Il concerne l'exemption concernant la proximité d'âge. L'exception relative à la proximité d'âge est selon moi une procuration pour le déséquilibre du pouvoir. Nous supposons — et je crois que nous avons pour la plus grande part raison — que les personnes qui sont beaucoup plus âgées ont plus de pouvoir, sont plus capables de manipuler. C'est une procuration qui selon nous ne devrait pas être là.
Nous n'avons pas de règle à ce sujet si vous avez plus de 18 ans. Nous avons tous vu des relations dans lesquelles l'âge n'est pas le facteur déterminant à la source du déséquilibre du pouvoir, de sorte que c'est problématique. Comme le ministre Toews l'avait laissé entendre, les 14 et 15 ans sexuellement actifs ont pour la plupart des relations avec leurs pairs ou des personnes d'à peu près le même groupe d'âge, mais ce n'est pas toujours le cas — notez l'expression « pour la plupart ». De plus, à nouveau comme le ministre de la Justice d'alors, M. Toews, l'avait laissé entendre, la loi à l'étude n'a pas pour objet de criminaliser le comportement des adolescents, et pourtant les relations d'un jeune de 14 ans et d'un jeune de 19 ans, même si leur date de naissance tombe le même jour, serait en fait criminalisée.
Le droit aime bien fixer des âges parce qu'ils sont sûrs, faciles à appliquer et présentent un certain intérêt, mais ils pourraient bien en fait ne pas refléter une relation exploitante, un déséquilibre du pouvoir ou une manipulation. Par conséquent, nous aimerions faire une suggestion qui permettrait à nos tribunaux de se pencher sur la nature de la véritable relation d'une manière peut-être plus efficace. À notre avis, les dispositions relatives à l'exploitation sexuelle devaient être modifiées pour dire qu'on peut supposer qu'une relation est exploitante si l'écart d'âge entre les deux personnes est de cinq ans ou plus. Il ne s'agit pas simplement d'un facteur dont il faut tenir compte; on peut supposer en droit que la relation est exploitante.
Sur le plan juridique, les présomptions sont contestables. Par conséquent, s'il y avait une relation dans le cadre de laquelle... Nous pouvons tous nous imaginer quelqu'un qui est aussi raffiné, maître de soi, mature, qu'un autre qui est âgé de cinq ans de plus, ce qui permettrait de ne pas criminaliser ce genre de relation.
Notre dernière suggestion à l'égard du projet de loi à l'étude concerne également le passé. Les lois canadiennes concernant l'activité sexuelle sont complexes. Elles sont difficiles à suivre. À un certain stade de ma carrière, quand j'étais conseillère auprès d'un conseil scolaire, j'avais fait un tableau dans lequel j'essayais de montrer ce qui était légal et ce qui ne l'était pas, parce que les jeunes ont de la difficulté à s'y retrouver. Ce ne sera pas plus facile si le est adopté sans modification. Nous soutenons qu'il faut prévoir une campagne ciblée d'information publique.
En fait, il y aurait deux cibles. La première serait le grand public, une campagne qui aurait peut-être un effet dissuasif, mais quoi qu'il en soit, qui définirait clairement ce que sont les règles, parce qu'elles sont un peu compliquées.
La seconde cible serait les jeunes. Ils ne comprennent pas forcément les règles qui les visent. Une des préoccupations — et je sais que d'autres vous l'ont dit —, c'est que si vous croyez que c'est illégal, vous ne chercherez pas à obtenir l'aide dont vous avez besoin. Vous ne ferez pas de signalement à la police, vous ne chercherez pas à obtenir des renseignements sur la santé, vous ne chercherez pas à obtenir des renseignements sur le contrôle des naissances. Vous passerez inaperçu. Nul ne le souhaite, et il ne faudrait pas que ce soit l'effet du , mais il pourrait facilement avoir cet effet parce qu'il va être difficile à comprendre.
Dans notre mémoire, nous affirmons qu'une campagne qui décrit bien ce qu'est l'exploitation, le leurre, et qui aide les jeunes à vraiment comprendre les règles qui vont s'appliquer à eux et à leurs relations aurait l'effet — c'est ce que j'espère — de permettre aux jeunes eux-mêmes de dire : « Vous ne pouvez pas me faire cela ».
Je vous remercie.
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Je me ferai l'écho de Paul.
Le système judiciaire n'est pas une place pour les victimes de crime, particulièrement les jeunes victimes qui ont subi des abus ou fait l'objet d'exploitation sexuelle. Je pense que c'est l'une des raisons qui fait que le taux de dénonciation est tellement faible, et c'est une des raisons qui fait que le nombre de plaintes diminue au fil de la procédure. C'est difficile.
Pour nous, la question est de déterminer si oui ou non des adultes devraient entretenir des relations sexuelles avec des jeunes de 14 ans, 15 ans ou moins. Je pense que la plupart des Canadiens répondraient non.
C'est difficile. Quand on entre dans l'exemption de proximité d'âge, nous sommes tous d'accord qu'il devrait y avoir un âge où les jeunes gens peuvent expérimenter avec leurs pairs. Les relations personnelles sont difficiles. Elles ne sont pas définies noir sur blanc, comme la loi l'exige souvent, mais je pense qu'à un moment donné, il faut fixer une limite.
Bien que je n'aie pas réfléchi à la question de la présomption, une chose qui me préoccuperait, c'est l'idée d'amener des jeunes devant un tribunal pour, peut-être, témoigner sur ces sujets, pour répondre à des questions, à savoir si oui ou non ils ont été exploités, et ce genre de chose. Je pense qu'en fixant simplement la limite à cinq ans, bien souvent, nous épargnerions à des jeunes de passer par là.
Il y aura des cas, comme l'a dit M. Lee. Quelles que soient les lois, il y aura des cas de zone grise.
Voilà un message que nous voudrions transmettre.
À vous deux, ou n'importe qui d'autre ayant l'expertise du domaine qui voudrait commenter cela, nous avons entendu aujourd'hui un témoignage, et auparavant aussi, au sujet de personnes qui établissent une relation avec un enfant de 13 ans, et qui attendent que cet enfant ait 14 ans. Soyons clairs, cette loi vise les adultes qui veulent exploiter des enfants de 14 et 15 ans, et qui cherchent à tirer parti de l'âge requis pour consentir au Canada, tel qu'il est actuellement.
Avec quelle rapidité le message sera-t-il diffusé dans la communauté dont vous parlez, qui est derrière ce que nous voyons sur Internet? Nous avons entendu des témoignages, déjà, selon lesquels ils connaissent déjà les lois mieux que quiconque autour de la table, en ce qui concerne l'âge requis pour consentir et le type de condamnations qui sont imposées au Canada. Ils sont très bien informés.
Nous avons aussi entendu un témoignage selon lequel le Canadien moyen n'est pas aussi bien informé. Si on prend la situation d'un homme de 45 ans, il pense qu'il est illégal pour quiconque d'avoir une relation sexuelle avec quelqu'un de 14 ans.
Si ce projet de loi est adopté, combien de temps faudra-t-il pour que la communauté reçoive le message que les choses ont changé et que le Canada n'est plus la destination qu'il était pour les personnes qui veulent avoir des relations avec des enfants de 14 et 15 ans, quand elles sont nettement plus âgées qu'eux?
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Ai-je encore du temps? Je ne veux pas dépasser le temps qui m'est alloué, monsieur le président.
Cela dépend s'il s'agit d'une présomption légale ou pas, mais il peut y avoir des pièges à des présomptions, en ce qui a trait à la mécanique du droit. Je pense que pour les gens du Barreau canadien, surtout si on est en présence d'une étoile montante et de quelqu'un qui est supérieurement brillant, comme le disait M. Moore à la faculté, il y a différents types de présomption. C'est la première fois que j'en entends parler. J'aurais besoin d'y réfléchir encore. Il y a peut-être un mérite à cela, mais une présomption qui peut être réfutable ou qui n'est pas réfutable peut donner des moyens à la Couronne ou pas. Quand on lira votre mémoire, on comprendra davantage.
Si j'en ai le temps, je vous pose une dernière question. Autrement, je me soumets à votre verdict, monsieur le président.
Personne parmi les témoins ne nous a expliqué pourquoi... J'aurai 45 ans au mois de mai. Dans mon groupe de référence, quand j'avais 14, 15, 16 ans, les relations sexuelles précoces étaient plutôt l'exception que la règle. Aujourd'hui, on voit les statistiques. Cela dépend peut-être des milieux, des antécédents ou si on est beau bonhomme ou pas — je ne veux pas entrer dans différentes variables explicatives —, mais à votre avis, qu'est-ce qui fait, sociologiquement, que les jeunes ont des relations sexuelles précoces? Vous n'êtes pas obligée de nommer des noms; je fais appel à votre expérience sociologique.
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Et je n'ai certainement pas besoin de parler de ma propre expérience non plus.
Je pense que l'âge auquel les jeunes gens s'engagent dans l'activité sexuelle est généralement une question de culture. Les jeunes font souvent comme leurs pairs. Souvent —
Eh bien, voici un exemple qui n'est même pas au Canada. Dans les camps de réfugiés, vous verrez que les jeunes s'engagent dans l'activité sexuelle et les jeunes femmes deviennent enceintes à un âge extrêmement précoce, en partie pour reproduire leur tribu. C'est un instinct hautement survivaliste, que de rechercher et de recréer ces peuples qui ont été victimes de génocide et d'autres atrocités. C'est le meilleur exemple qui soit, parce que nous pouvons tous le comprendre. Peut-être ne pensons-nous pas que ce soit le meilleur comportement que puissent avoir des jeunes de 11, 12 et 13 ans.
L'autre chose, c'est que les jeunes gens, à cause de l'alimentation et de divers autres facteurs, atteignent de fait la puberté plus tôt qu'il y a bien des années. Alors il y a diverses raisons, certaines personnelles et d'autres culturelles, et certaines liées au développement physique.
Mais les jeunes Canadiens, en moyenne, commencent à être activement sexuels vers les 14 ans. C'est bien entendu, ce qui est aujourd'hui l'âge requis pour consentir. C'est dans notre document. Je ne peux pas me rappeler où, mais c'est 14,1 ans pour un sexe — on peut supposer que ce sont les filles — et quelque chose comme 14,5 ans pour l'autre sexe.
Dans les années que j'ai passées comme directeur d'une école secondaire de premier cycle, j'ai connu cinq situations sérieuses dont je peux me rappeler, où des jeunes de 14 et de 15 ans avaient quitté leur famille pour vivre avec un adulte. Dans tous les cas auxquels j'ai eu affaire, c'était une jeune fille qui partait vivre avec un homme adulte.
Dans l'expérience que j'ai eue de cette situation, j'ai constaté quelque chose de très grave qui arrivait, et c'est la manière dont la famille était victimisée, la mère et la famille de l'enfant. Je n'avais aucun pouvoir pour faire quoi que ce soit. La mère et le père qui voulaient extraire leur enfant de cette situation et n'avaient aucun pouvoir. La police ne pouvait agir en leur nom.
Vous ne pouvez qu'imaginer ce par quoi passe un parent, nuit après nuit, à se demander ce qui arrive à sa fille de 14 ans qui est allée vivre avec un homme de 25 ans, avec le va-et-vient constant d'amis, les fêtes, et quoi d'autre, combien ce peut être déchirant pour eux.
J'aimerais demander à M. Sullivan s'il a des données sur le nombre de personnes qui sont ainsi victimisées, qui ne sont pas les adolescents, mais surtout les parents, les proches de ces jeunes?
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Je remercie tous les témoins d'être venus témoigner ce matin.
Ma première question s'adresse à M. Gillespie, mais elle porte peut-être sur un autre aspect. Le projet de loi semble faire consensus auprès de toutes les parties. Quand on a des enfants, la société dans laquelle on vit fait en sorte que souvent on dépose nos enfants le matin à l'arrêt d'autobus scolaire, et ce, jusqu'à ce qu'ils soient en sixième année. Ensuite, ils vont au secondaire et, dans ma province, cégep. Bien souvent les parents perdent le lien avec les enfants. Ces derniers rentrent à certaines heures; et les parents, à d'autres, ce qui fait que la relation avec les enfants est difficile.
À un moment donné, la jeune fille ou le jeune homme atteint l'âge de 14 ans et vit ce qu'on appelle une poussée d'adrénaline. Cela se produit chez tous nos adolescents, et les parents n'ont pas de pouvoir. Ils voient parfois qu'il y a dégradation, ils se responsabilisent, se culpabilisent et font tout pour essayer de régler les problèmes.
Monsieur Gillespie, je ne veux pas aborder la question des nouvelles technologies. Selon vous, ce projet de loi pourrait-il aider les parents dans le sens de ce qui a été dit autour de la table tout à l'heure? On porte l'âge de consentement à 16 ans. Ce projet de loi pourrait-il, dans certains cas, aider les parents qui ne sont plus en mesure de jouer leur rôle à cause d'un train de vie très moderne et très effréné? Oubliez le mot « leurre ». Je ne veux pas m'embarquer dans des questions d'ordinateurs. Je veux simplement que vous me disiez si, selon votre expérience, ce projet de loi pourrait les aider.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un honneur de comparaître à nouveau devant votre comité. Je rentre chez moi aujourd'hui, c'est promis. En fait, c'est Isabel Schurman, qui a beaucoup travaillé sur ce dossier, qui devait être ici aujourd'hui. J'essaie simplement de la remplacer au meilleur de mes capacités.
Lorsque nous avons examiné ce projet de loi pour le compte du Conseil il y a déjà un bon bout de temps, nous estimions au départ qu'il n'était pas vraiment nécessaire de modifier l'âge de consentement. Ce changement n'améliorait pas nécessairement la protection, car le Code criminel prévoit déjà des mesures très concrètes pour les délits sexuels impliquant une personne mineure jusqu'à l'âge de 18 ans. Quoi qu'il en soit, je ne veux pas vous faire perdre votre temps, car d'autres ont convenu de la pertinence de hausser l'âge de consentement dans le cadre de ce projet de loi. Je vais donc vous présenter aujourd'hui des observations de nature plus générale.
Lorsque vous apportez de tels changements, j'estime très important que vous preniez en considération, dans la mesure du possible, le fait que nous parlons de jeunes qui sont beaucoup plus avisés, du moins à première vue, beaucoup plus matures, toujours à première vue, beaucoup plus branchés sur le monde qui les entoure — via les médias et Internet, notamment — et beaucoup plus conscients de leurs droits que ne l'ont jamais été les gens de ma génération, au siècle dernier.
En traitant de ces questions, nous devons nous assurer de respecter la capacité décisionnelle des jeunes. Nous voulons les protéger, mais nous devons être conscients de leur aptitude à prendre eux-mêmes des décisions. Je vous prie donc de vous assurer que ce projet de loi n'est pas oppressant au point d'inciter ces jeunes à sombrer dans la clandestinité pour poursuivre leurs relations, à se révolter contre leurs parents et à renoncer à obtenir l'aide dont ils ont besoin auprès des services de santé, de telle sorte que nous puissions nous retrouver, par exemple, avec une épidémie de sida. Dans le cadre de l'étude de ce projet de loi, il est vraiment important de prendre en compte les conséquences subsidiaires pouvant en découler.
Nous sommes favorables aux dispositions touchant le leurre d'enfants. Je crois que cela ne fait aucun doute. Nous n'avons aucune observation à formuler à cet égard.
Si le projet de loi est adopté, les dispositions concernant les relations anales continueront de s'appliquer indépendamment. Il serait bon que vous puissiez intégrer ces dispositions de manière à en faire intervenir d'autres — je crois que c'est l'article 150.1 ou quelque chose du genre — de telle sorte que le principe de l'écart de cinq ans puisse entrer en jeu. Certains vous diront que ces dispositions pourraient disparaître complètement, mais si ce n'est pas le cas, elles devraient s'appliquer dans l'esprit du reste de la loi. L'intégration de ces dispositions m'apparaît donc très importante.
Comme certains intervenants l'ont fait valoir, des problèmes constitutionnels peuvent se poser relativement au rôle des provinces, pour ce qui est de l'octroi des licences de mariage, et du gouvernement fédéral. Quelqu'un m'a parlé d'un scénario qui verrait, par exemple, un juge provincial permettre un mariage pour voir ensuite les instances fédérales porter des accusations contre l'un des conjoints parce que l'écart limite de cinq ans est dépassé. Je pense qu'il serait possible de contester une telle décision en faisant valoir — en supposant que l'on parle d'une fille et d'un homme plus âgé — les droits de la jeune fille. Il nous faut donc être conscients qu'il convient d'assurer une protection suffisante à ces jeunes. Il faut leur offrir une voix qui parle en leur nom et qui les protège, tout en s'assurant de respecter leur capacité décisionnelle.
Je pense qu'il en va de même des préoccupations pouvant découler de la nécessité pour un médecin de signaler une relation qu'il juge abusive. Nous ne voudrions surtout pas que cette jeune personne renonce à la possibilité de voir un médecin. Il faut donc trouver un juste équilibre à ce chapitre.
Nous sommes donc d'avis que le projet de loi constitue en lui-même, dans son esprit, une mesure favorable. Ceci étant dit, nous vous prions de vous intéresser à des considérations de nature plus générale de telle sorte que les personnes touchées comprennent bien que le gouvernement respecte leur droit de prendre des décisions, mais veut les protéger contre toute activité criminelle.
Nos lois contribuent grandement à protéger les gens dans ces situations d'exploitation. Nous parlons ici de consentement. Il y aura encore des poursuites criminelles dans les cas d'agression sexuelle et les infractions du genre, ce qu'on appelait auparavant le viol. Comme il est question de consentement, nous devons veiller à ce que la loi n'ait pas comme résultat de créer des problèmes sociaux.
En terminant, j'aimerais revenir sur les propos de l'un des témoins de ce matin qui parlait d'une présomption quant à l'écart de cinq ans, une présomption de relation d'exploitation — ce ne sont pas ses termes exacts, mais je crois que vous voyez ce que je veux dire. J'estime que c'est une proposition tout à fait logique qui mérite votre considération. On transmettrait ainsi le message qu'il y a présomption d'une telle relation contraire à la loi, tout en permettant aux parties, à la présumée victime, de convaincre le tribunal que les apparences sont trompeuses, qu'elle possède la maturité nécessaire et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
C'étaient là les grandes lignes de mes observations.
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Je m'appelle Jason Gratl. Je suis président bénévole de la British Columbia Civil Liberties Association. Je suis accompagné de ma collègue Christina Godlewska, qui est stagiaire en droit.
Nous voulons tout d'abord vous remercier de nous donner l'occasion de présenter nos observations, même si cette démarche peut paraître bien futile du point de vue politique. Nous nous réjouissons tout de même d'avoir la possibilité de vous soumettre quelques-unes de nos préoccupations et de nos réflexions concernant le projet de loi .
Je vais débuter avec un commentaire général pour exprimer notre inquiétude à l'égard du fait que le projet de loi marque un changement majeur en matière de politique et d'attitude à l'égard de la sexualité. En 1992, la Cour suprême du Canada a souligné, dans l'arrêt Butler concernant la définition de l'obscénité, une transformation fondamentale : on passait d'une législation fondée sur la moralité à une autre basée sur le préjudice. À partir de ce moment-là, la législature et les tribunaux devaient d'intéresser aux différents types de préjudices causés, sans qu'ils ne soient nécessairement scientifiquement mesurables, mais pour autant qu'une analyse puisse permettre de les déceler, comme ceux touchant les attitudes — les changements dans les attitudes des autres qui causent un préjudice social et psychologique à une personne.
Il s'agissait d'établir un lien rationnel entre les formes de préjudices pouvant être relevées et le type de mesures législatives en cours. À notre avis, cet engagement à légiférer à l'encontre des préjudices, plutôt qu'en faveur de la moralité, est mis en péril par l'approche que votre comité semble adopter.
Selon nous, les protections actuellement offertes aux jeunes sont suffisantes. Il convient de faire le nécessaire à l'égard des prédateurs sexuels qui sévissent dans le monde et d'importants efforts ont déjà été déployés pour s'assurer que ces délinquants sont contrôlés, punis et dissuadés dans le cadre des lois pénales en vigueur. Votre comité connaît bien la nature des crimes d'exploitation ainsi que les limitations imposées aux personnes se retrouvant en situation de confiance, de pouvoir et d'autorité relativement à tout contact sexuel avec des mineurs. Ces dispositions contribuent grandement à assurer la protection des jeunes.
À ma connaissance, personne n'a parlé devant ce comité d'un problème social endémique relativement à la différence d'âge. Ce n'est pas comme s'il y avait énormément de relations qui impliquent des mineurs et des personnes plus âgées. Nous nous demandons si, en l'absence de preuves de préjudice, l'empressement avec lequel le gouvernement actuel veut adopter le projet de loi ne constitue pas une réaction inconsidérée à une objection morale, plutôt qu'une réaction législative à des préjudices dont on a démontré l'existence.
Pour ce qui est de la modification de l'âge de consentement et de l'exemption prévoyant un écart de cinq ans, il existe d'un point de vue empirique tout un monde de différences entre un adolescent de 12 ou 13 ans et un autre de 14 ou 15 ans. Ces derniers peuvent être plus facilement pris pour des adultes, surtout dans un contexte festif — soirées entre amis, boîtes de nuit, etc. — où il y a plus de risques de confondre des personnes dont l'écart d'âge dépasse les cinq ans. À notre avis, même si l'âge de consentement est haussé à 16 ans, quelques-unes de ces situations pourraient être réglées au moyen d'une défense basée sur la diligence raisonnable. Ainsi, l'individu inculpé pourrait fonder sa défense sur le fait qu'il a pris des mesures raisonnables pour connaître l'âge de la personne avec laquelle il comptait avoir des relations sexuelles, s'il existait un doute à ce sujet.
Nous parlons ici de conséquences très graves pour les personnes pouvant être reconnues coupables d'infractions sexuelles — non seulement du point de vue pénal, mais aussi en raison de l'inscription dans les bases de données et les registres de délinquants sexuels. La vie d'une personne se retrouve ainsi changée du jour au lendemain, car elle fait notamment l'objet d'une surveillance accrue et de limitations plus strictes.
Nous jugeons tout à fait aberrant et totalement inapproprié qu'une personne puisse s'exposer à de telles conséquences même si elle a fait le nécessaire pour connaître l'âge de la personne avec laquelle elle souhaitait avoir une relation sexuelle. Nous exhortons donc le comité à intégrer à ces dispositions une possibilité de défense basée sur la diligence raisonnable.
Cette présomption s'apparente à la notion de relation abusive présumée, à laquelle nous sommes favorables. Tout contact sexuel avec une personne de moins de 16 ans devrait soulever la présomption qu'il y a relation d'abus, mais cette présomption doit pouvoir être réfutée au moyen d'éléments de preuve appropriés.
Nous nous demandons également si la modification de l'âge pour le consentement sexuel ne va pas restreindre l'accès des jeunes à l'information sur la contraception et les soins de santé liés à la reproduction ainsi que sur les mesures de protection à prendre en cas de contact sexuel.
Aux États-Unis, nous avons constaté avec regret une détermination moins sentie à fournir l'information dont les jeunes ont besoin, Si on veut effectivement passer à une législation visant la moralité, nous ne voudrions pas que ce changement s'applique également à la sensibilisation aux questions de santé liées à la sexualité.
Enfin, nous sommes favorables à la suppression de toute différenciation touchant l'âge pour les relations anales par rapport aux autres contacts sexuels. Nous considérons que de telles dispositions sont discriminatoires et vont à l'encontre de la charte.
C'étaient là les points de vue de notre association.
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Merci, monsieur le président.
Merci de l'invitation à comparaître devant vous. Je vous prie d'excuser les membres de notre conseil d'administration qui n'ont pu m'accompagner.
Je représente ici 25 sociétés membres qui oeuvrent auprès de femmes et de filles victimisées et criminalisées dans toutes les régions du pays. Je serai brève dans mes commentaires, mais j'espère bien pouvoir participer à vos discussions.
Je suppose que la plupart d'entre nous préférerions que les jeunes et les enfants renoncent à toute activité sexuelle tant qu'ils n'ont pas atteint une maturité et un âge suffisants pour s'engager dans une relation fondée sur l'affection et le consentement mutuel. Ceci étant dit, personne ne veut voir des jeunes se faire exploiter et personne ne veut les voir être victimisés davantage. Nous croyons toutefois que les dispositions actuelles du Code criminel en matière de santé et d'aide à l'enfance leur assurent une protection suffisante à bien des égards.
À notre point de vue, le problème réside davantage dans le manque de volonté politique ou administrative pour faire en sorte que les lois et les mesures de protection en vigueur soient appliquées de manière à atteindre les buts visés. Il y a également parfois une réticence à intenter des poursuites contre les personnes qui enfreignent ces dispositions.
Nous avons également des préoccupations quant à la pertinence d'engager des poursuites dans certains cas. Supposons une jeune fille qui a des relations sexuelles avec un homme plus âgé et qui voit un médecin. Il arrive que celles qui se retrouvent dans cette situation refusent de fournir certains renseignements. Nous ne voudrions surtout pas voir ces jeunes filles être accusées d'outrage ou d'infractions de ce genre. Si ce risque est actuellement présent, je dirais que c'est en raison du manque de volonté de faire en sorte que les dispositions actuelles soient mises en oeuvre d'une manière équitable et tenant compte des différences entres les sexes.
Nous voulons également assurer la protection des enfants à bien d'autres égards, mais nous ne constatons pas, par exemple, le même intérêt dans d'autres secteurs où de jeunes enfants peuvent être exploités, qu'il s'agisse ou non de pornographie infantile. Nous savons qu'il y a de l'intérêt à cet égard, mais les techniques utilisées pour la promotion de la pornographie n'ont pas été attaquées avec des moyens semblables.
Si nous ne voulons pas favoriser la sexualisation des jeunes, je crois qu'il y a bien d'autres secteurs d'intervention que nous devons envisager, y compris les campagnes de sensibilisation à grande échelle et les moyens à prendre pour limiter l'exploitation des enfants qui sont de plus en plus sexualisés en très bas âge.
Nous nous opposons également à l'application d'un âge différent pour les relations sexuelles anales. Si vous décidez effectivement d'aller de l'avant avec ce projet de loi, nous serions plutôt intéressés à discuter de la question de la présomption réfutable.
Voilà qui termine notre exposé. Merci.
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À la lecture des articles publiés et des comptes rendus des comparutions des témoins précédents, il est frustrant de voir le genre d'arguments qui sont avancés pour justifier l'adoption du projet de loi .
Un journal a ainsi parlé d'un témoin qui s'est servi d'un cas d'exploitation sexuelle d'un enfant de deux ans pour faire valoir la nécessité de ce projet de loi, comme si les lois actuellement en vigueur étaient floues à ce sujet et devaient être renforcées. Les partisans de ce projet de loi soutiennent que l'âge de consentement doit être augmenté pour lutter contre la prostitution des enfants et la pornographie infantile.
En réalité, ces deux activités sont déjà illégales, non seulement pour les jeunes de 14 et 15 ans, mais pour quiconque est âgé de moins de 18 ans. Les lois en vigueur sont tout à fait claires l'exploitation des enfants et les abus sexuels sont illégaux. Si ces lois ne sont pas appliquées comme il se doit, il ne : sert à rien de rendre ces actes encore plus illégaux. La criminalisation à outrance ne va pas créer instantanément un environnement qui permettra aux jeunes de déceler l'exploitation et de signaler les cas d'abus. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour sensibiliser les jeunes et leur donner les moyens d'agir, et le projet de loi va aller à l'encontre de ces objectifs pour des raisons que nous allons vous exposer tout à l'heure.
Certains ont également soutenu que le Canada est un refuge pour les pédophiles qui souhaitent profiter de notre âge de consentement supposément trop bas. En fait, en tenant compte de la loi adoptée en 2005, via le projet de loi C-2, si je ne m'abuse, pour élargir la définition d'exploitation, le ministère de la Justice a déclaré que « le cadre de protection du droit pénal du Canada contre l'exploitation sexuelle et les mauvais traitements des enfants et des adolescents est l'un des plus complets qui existe. »
En deuxième lieu, nous estimons que l'augmentation de l'âge de consentement aura pour effet d'accroître les risques pour les jeunes en limitant leur accès aux services et à l'information en matière de santé-sexualité. Au Royaume-Uni, où l'âge de consentement est actuellement de 16 ans, un sondage mené auprès des adolescentes a permis de constater que celles n'ayant pas atteint l'âge de consentement étaient six fois plus susceptibles de répondre que la crainte d'être trop jeune les avait incitées à ne pas demander de l'aide.
En fait, le ministère de la Justice a lui-même déclaré il y a à peine deux ans que l'âge de consentement ne devrait pas être augmenté à 16 ans parce que « l'éducation des adolescents afin qu'ils puissent faire des choix éclairés bons pour eux est mieux abordée dans le cadre de la surveillance exercée par les parents et de l'éducation portant sur la santé sexuelle qu'en utilisant le Code criminel pour criminaliser les jeunes qui se livrent à cette activité ».
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En troisième lieu, nous estimons que la hausse de l'âge de consentement incitera les travailleurs sociaux et les enseignants à hésiter à fournir aux jeunes les renseignements et les services dont ils ont besoin en matière de santé sexuelle.
Dans une décision rendue en 1995, la Cour d'appel de l'Ontario notait que les lois relatives à l'âge de consentement, qui visent la protection des jeunes, peuvent en fait avoir l'effet contraire en les empêchant d'avoir accès à l'information nécessaire. Voici la traduction d'une partie de cette décision :
L'éducation en santé sexuelle qu'on devrait leur prodiguer pour les protéger contre des préjudices évitables pourrait être restreinte, car cela pourrait être interprété comme des conseils dispensés à des jeunes au sujet d'une forme de comportement sexuel que la loi interdit. Ainsi, la disposition du Code criminel conçue expressément pour mettre les adolescents à l'abri de tels préjudices pourrait, en empêchant de les sensibiliser aux risques pour la santé associés à ces comportements, contribuer à leur causer les torts qu'elle vise à réduire.
L'application des lois fédérales et provinciales ainsi que des codes d'éthique des organismes de réglementation fait en sorte que le signalement obligatoire des cas présumés d'exploitation des enfants est répandu dans toutes les régions du Canada. En Ontario, la Loi sur les services à l'enfance et à la famille rend obligatoire le signalement si la jeune victime est âgée de moins de 16 ans. Cette règle s'applique aux enseignants, aux travailleurs sociaux, aux travailleurs auprès des jeunes, aux médecins, aux infirmières et à bien d'autres personnes.
Si on criminalise les activités sexuelles consensuelles entre jeunes de 14 et 15 ans, des actes auparavant autorisés par la loi seront désormais considérés comme des gestes d'abus et le spectre de la divulgation obligatoire pourrait inciter certains professionnels à ne pas venir en aide à ces jeunes. Comme j'ai été moi-même conseiller auprès de mes pairs, j'ai été formé pour avertir les jeunes qu'ils risquaient de s'incriminer eux-mêmes ou d'incriminer leurs partenaires en parlant de leurs activités sexuelles. L'augmentation de l'âge de consentement ferait en sorte qu'un plus grand nombre de jeunes devraient être ainsi avisés et qu'ils seraient plus nombreux à se montrer réticents à s'adresser à un professionnel.
En dernier lieu, nous estimons que les jeunes gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres seront affectés de manière disproportionnée par ce projet de loi. Les choix faits par les jeunes homosexuels font déjà l'objet d'une attention plus poussée lorsqu'il s'agit de leur identité et de leurs activités sexuelles.
Dans le cas de Marc Hall, un étudiant du secondaire âgé de 17 ans auquel on n'a pas permis de se faire accompagner par son copain de 21 ans au bal des finissants, le conseil scolaire a justifié cette discrimination homophobe en soutenant que le partenaire de Marc était trop âgé de toute façon. Dans les faits, de nombreux étudiants hétérosexuels se font accompagner à leur bal par des personnes dont la différence d'âge est semblable et il est plutôt rare que leur choix soit remis en question.
Lorsqu'un jeune est gai, on présume souvent que ses choix sont mal éclairés, qu'il traverse simplement une phase, ou qu'il est exploité après avoir été recruté. En outre, étant donné que l'homophobie est très répandue chez les enseignants, les parents et dans la société en général, nous avons d'excellentes raisons de croire que le sera utilisé de façon indue pour réglementer la vie sexuelle des jeunes gais.
Il n'est pas rare que les jeunes homosexuels se tournent vers des partenaires plus âgés afin d'obtenir la reconnaissance et le soutien dont ils ont tant besoin dans un contexte où bon nombre de leurs pairs ne sont pas encore sortis du placard étant donné l'homophobie qui prévaut dans les écoles et dans les familles. Ces relations entre conjoints d'un âge différent ne sont pas toujours nocives ou fondées sur l'exploitation. De fait, elles peuvent être bénéfiques car une telle reconnaissance est importante aux yeux des jeunes homosexuels. La loi proposée va les isoler davantage et les exposer au danger.
Les jeunes hommes homosexuels et bisexuels sont déjà ciblés explicitement par les dispositions actuelles en matière d'âge de consentement, soit l'article 159 du Code criminel qui fixe un âge de consentement discriminatoire pour les relations anales. Il est important de noter que lorsque cet article a été invalidé par la Cour d'appel de l'Ontario en mai 1995, l'opinion majoritaire voulait que cette discrimination soit inconstitutionnelle, non pas en fonction de l'orientation sexuelle, mais de l'âge. Cette décision établit un précédent qui nous amène à croire que le peut être invalidé, car il contrevient à l'article 15 de la Charte des droits et libertés en créant une discrimination à l'encontre des jeunes sans qu'une justification ne puisse être démontrée.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je voudrais, au nom d'Institut du mariage et de la famille Canada, vous remercier de nous donner l'occasion de vous faire part de notre point de vue en faveur du , Loi modifiant le Code criminel sur l'âge du consentement à des relations sexuelles.
L'Institut du mariage de la famille est un groupe de réflexion d'Ottawa. Notre mandat consiste à colliger les derniers travaux de recherche sur les enjeux auxquels font face les familles canadiennes et à les remettre aux décisionnaires comme vous.
Je m'excuse de ne pas vous avoir remis notre mémoire dans les deux langues officielles. N'ayant malheureusement été informés de notre comparution que mardi dernier, nous avons manqué de temps pour la traduction. Vous ne disposez donc que de la version anglaise. La greffière vous distribuera la version française au cours des prochains jours.
Nous sommes heureux que le soit débattu à la Chambre des communes et qu'il soit mis aux voix au cours des prochaines semaines. Comme vous le savez peut-être mieux que moi, le principe de ce projet de loi est examiné depuis de nombreuses années, et les organismes favorables à la famille en font la promotion depuis encore plus longtemps.
Le libellé du projet de loi m'indique clairement que cette mesure législative procurera aux tribunaux et aux autorités policières les outils nécessaires pour lutter avec ardeur contre les prédateurs sexuels, qui peuvent causer du tort à nos jeunes. D'après le libellé, le projet de loi ne porte pas sur le consentement aux relations sexuelles. Il vise plutôt à protéger davantage les enfants et les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes. Il n'a pas pour objet les activités sexuelles de nature non exploitante entre les jeunes, mais plutôt les moyens dont il faut doter tous les organismes d'application de la loi pour lutter contre l'exploitation sexuelle.
Les Canadiens ont clairement indiqué qu'ils voulaient et préconisaient majoritairement un tel changement. En mai 2002, nous avons commandé un sondage à Pollara, qui, comme vous le savez, est une maison de sondages internationale. Un total de 1 659 Canadiens ont été sondés. Provenant d'un peu partout au pays, ils étaient âgés de 18 ans et plus. La proportion d'hommes et de femmes était sensiblement la même. Trois questions ont été posées sur la pornographie juvénile et, ce qui est plus important, sur l'âge du consentement.
Voici quelle était la première question :
Récemment, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a acquitté John Robin Sharpe, accusé de possession et de distribution de matériel de pornographie juvénile, au motif que son ouvrage de fiction montrant des scènes de violence et d'activités sexuelles entre adultes et enfants revêt un caractère artistique et ne peut être considéré comme de la pornographie juvénile.
Dans une proportion de 86 p. 100, les répondants ont été en désaccord ou nettement en désaccord.
La deuxième question était la suivante :
Estimez-vous que le gouvernement fédéral devrait accorder au renforcement des lois sur la pornographie juvénile une priorité absolue, une priorité modérée, une faible priorité ou une priorité nulle?
Dans une proportion étonnante de 91 p. 100, on a répondu que la priorité était absolue ou modérée. La priorité était absolue pour 76 p. 100 d'entre eux.
La troisième question se rapporte davantage à notre débat d'aujourd'hui :
Au Canada, l'âge du consentement aux activités sexuelles a fait l'objet d'un débat dernièrement. Actuellement, il est établi à 14 ans pour la plupart des activités sexuelles. Estimez-vous que le gouvernement fédéral devrait le porter de 14 à 16 ans?
Une majorité écrasante de 80 p. 100 des répondants croyait qu'il devrait s'établir à 16 ans ou plus.
Les résultats de ce sondage feront partie de la documentation que la greffière vous distribuera.
Comme vous pouvez le constater d'après ces résultats étonnants, le correspond de toute évidence aux conclusions du sondage de Pollara. D'après mon expérience auprès des médias au cours de l'année écoulée — notamment dans les émissions-débats à la télé et à la radio —, je crois que ces résultats sont encore pertinents aujourd'hui.
Certains ont fait valoir qu'il n'y a pas lieu de modifier la loi à ce chapitre et qu'une telle modification pénaliserait inutilement les adolescents ayant une vie sexuelle active. Je ne saisis pas la logique de cet argument. Premièrement, le projet de loi autorise la plupart des activités sexuelles entre adolescents en fonction d'un âge établi.
Deuxièmement, le libellé montre clairement que le projet de loi ne vise pas à promouvoir l'activité sexuelle ou l'abstinence sexuelle. Il protège plutôt nos jeunes des prédateurs sexuels.
Troisièmement, et c'est particulièrement important, voici un extrait de l'article publié dans le numéro printemps-été 2001 de la revue The Canadian Journal of Human Sexuality par le Dr Eleanor Maticka-Tyndale de l'Université de Windsor. L'article s'intitule Sexual Health and Canadian Youth: How Do We Measure Up?
La moitié des jeunes ont leur première relation sexuelle après avoir atteint l'âge de 17 ans — pour environ les trois-quarts, c'est après avoir atteint l'âge de 16 ans.
De toute évidence, porter l'âge du consentement à au moins 16 ans se situe dans la perspective de cette étude publiée dans une revue à comité de lecture.
Les recherches menées par la Henry J. Kaiser Family Foundation de Californie en arrivent à la même conclusion que celles effectuées par le Dr Maticka-Tyndale. Dans le rapport de la fondation publié en octobre 2003 et intitulé Virginity and the First Time, les chercheurs ont établi ce qui suit :
Selon la plupart des adolescents sondés, les activités sexuelles sont plus indiquées lorsqu'on a 18 ans ou plus, lorsqu'on est mariés ou lorsqu'on est engagés dans une relation amoureuse.
En juin 2006, j'ai participé à une émission-débat à la station de radio New 940 de Montréal. Le thème portait sur l'âge du consentement aux activités sexuelles. Avant mon intervention, trois adolescentes discutaient avec l'animateur. Fait intéressant selon moi, elles appuyaient unanimement la proposition portant l'âge du consentement à 16 ans. Toutes les trois menaient une vie sexuelle active depuis plusieurs années et, rétrospectivement, elles étaient d'avis que leur principal problème résidait dans le fait qu'auparavant elles n'étaient pas assez mûres sur le plan émotionnel pour composer avec tout ce que cette activité sexuelle impliquait.
Le 5 février 2001, le National Post citait l'ancienne ministre Anne McLellan :
Les gens estiment à juste titre que les enfants sont différents, nous le pensons tous. Dans bien des cas, les jeunes n'ont pas la capacité de pondérer, de raisonner et de comprendre les conséquences et les incidences de leurs actes de la même façon que les adultes.
Monsieur le président, en termes simples, il y a tout lieu de douter que la majorité des adolescents de moins de 16 ans comprennent parfaitement la sexualité et soient totalement prêts émotionnellement à la vivre. Du coup, la société a l'obligation de protéger ses enfants et ses adolescents des prédateurs et des personnes prêtes à exploiter les jeunes et leur immaturité émotionnelle. Dans la grande majorité des cas, les jeunes de 14 ans se trouvent dans une position de confiance et de dépendance dans leurs rapports avec des adolescents plus âgé des adultes.
Prenons maintenant les incidences de ce projet de loi et ceux qu'il vise. J'aimerais porter d'autres recherches à votre attention. Selon les conclusions qu'on trouve sur le site Web d'Enough is Enough, dans 89 p. 100 des cas environ, la sollicitation sexuelle se fait dans les salons de clavardage ou par messagerie instantanée, et un jeune sur cinq de 10 à 17 ans a déjà été sollicité sexuellement en ligne. Cette étude a été réalisée par le Journal of the American Medical Association en 2001.
On estime que plus de 25 p. 100 des jeunes clavardent en temps réel et qu'ils sont encore plus nombreux à utiliser la messagerie instantanée. L'exploitation par Internet est un problème très réel de nos jours.
De plus, l'American Medical Association a remarqué en 2001 que les « jeunes sollicités déclarent ressentir une grande détresse après les incidents de sollicitation. Le risque de détresse est plus commun chez les plus jeunes, ceux qui sont victimes de sollicitation persistante [autrement dit, le solliciteur a essayé d'établir un contact hors ligne] et ceux qui sont sollicités sur un ordinateur loin de la maison. »
Des chercheurs des États-Unis ont examiné 129 cas où des prédateurs visaient des jeunes de moins de 18 ans par Internet. Ils ont conclu qu'une grande majorité de 76 p. 100 des victimes avaient entre 13 et 15 ans. De plus, 75 p. 100 des jeunes ciblés étaient des filles. Malheureusement, plus de la moitié des victimes se disaient en amour avec leur abuseur ou ressentir de forts sentiments pour lui. Cette étude a permis de constater que la plupart des prédateurs disaient franchement à leurs jeunes victimes qu'ils étaient des adultes plus âgés souhaitant avoir des relations sexuelles avec des adolescents. Les prédateurs n'agissent pas dans l'ombre, ils manipulent ouvertement les adolescents afin qu'ils consentent à avoir des relations sexuelles avec eux.
J'ai remarqué dans le budget fédéral qui vient d'être adopté que le ministre des Finances a prévu un investissement de six millions de dollars pour « combattre l'exploitation sexuelle et la traite des enfants ». Nos enfants sont notre ressource la plus précieuse, et cette mesure témoigne d'une triste réalité dans notre société. Pour bon nombre d'entre nous, le projet de loi contribuera beaucoup à la mise en oeuvre de ce plan. Selon Statistique Canada, l'exploitation sexuelle vise surtout les filles de 11 à 19 ans, et atteint son maximum chez les filles de 13 ans, ainsi que les garçons de 3 à 14 ans.
Selon Statistique Canada :
Les agressions contre les jeunes et les enfants ont augmenté de façon générale entre 1999 et 2002, mais ont ensuite diminué en 2003 pour chaque groupe d'âge.
Je n'ai pas de statistiques sur la situation depuis 2003, mais je remarque qu'il y a encore deux fois plus d'agressions qu'il y a vingt ans.
Monsieur le président, en conclusion, j'aimerais remercier d'abord tous les membres du comité de nous avoir permis de leur présenter cette déclaration. L'Institut de mariage et de la famille Canada appuie le fondement du projet de loi , loi modifiant le Code criminel sur l'âge du consentement sexuel. En tant que législateurs, vous ne pouvez rien faire de mieux que de protéger nos jeunes et de donner à la magistrature les outils nécessaires pour lutter contre leur exploitation sexuelle.
Je suis tout disposé à répondre à vos questions et à discuter avec vous de ce sujet important.
Merci.
:
Je vous remercie de me permettre de m'exprimer devant le comité.
Je travaille à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa, où j'enseigne, je fais de la recherche et je publie des articles tant sur le droit constitutionnel que pénal.
Je vais aborder la question d'un angle légèrement différent de celui que j'ai pris lors d'autres comparutions. J'aimerais traiter de deux questions avec le comité. La première est le problème constitutionnel que je vois dans cette modification et la seconde, certaines questions politiques de droit pénal que le projet de loi soulève.
Prenons d'abord la question de droit constitutionnel. Je peux donner au comité un bref aperçu de la façon dont cette modification entre en conflit avec les pouvoirs provinciaux sur la célébration du mariage. Il se pourrait que ce conflit soit ultimement résolu par la doctrine juridique de la suprématie, mais je pense que les membres du comité doivent être conscients des questions que pose une modification de l'âge du consentement à des activités sexuelles. Je pense qu'il est assez établi en droit que la détermination de l'âge minimal du mariage relève de la compétence constitutionnelle provinciale de la célébration du mariage. Les régimes varient d'une province et d'un territoire à l'autre, mais cette modification crée deux problèmes immédiats. Premièrement, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, l'âge minimal du mariage est fixé à 15 ans, sous réserve du consentement parental. Cette règle entre en conflit évident avec la disposition du Code criminel fédéral qui interdit toute activité sexuelle avant l'âge de 16 ans s'il y a un écart de plus de cinq ans entre les deux parties.
L'autre problème immédiat, c'est qu'il y a des provinces où l'âge minimal du mariage est de 16 ans, mais où il est possible d'obtenir la permission de se marier plus jeune, soit des tribunaux, soit du ministre. Bien que j'aie des questions et des inquiétudes sur les effets que cette modification aura sur les politiques en droit pénal, et je vais vous en parler dans un instant, le gouvernement fédéral a probablement le pouvoir d'adopter ce changement selon le droit pénal.
Comme ces deux scénarios sont permissibles selon les textes constitutionnels (que la limite d'âge pour le mariage relève de la compétence provinciale de la célébration du mariage et que la limite d'âge du consentement à des activités sexuelles relève du gouvernement fédéral selon le droit pénal) la grande question juridique reste à savoir comment résoudre ce conflit constitutionnel.
Les conflits constitutionnels se résolvent habituellement par application de la doctrine juridique de la suprématie, et celle-ci prévoit qu'en cas de conflit entre les lois fédérales et provinciales, les lois fédérales ont prépondérance et la loi provinciale ne s'applique pas dans le contexte du conflit. La Cour suprême du Canada a cependant tendance à interpréter la suprématie de façon beaucoup plus étroite et à laisser beaucoup plus de place à l'application concurrente des lois fédérales et provinciales, sauf en cas de conflit immédiat ou direct. Comme la cour l'indique, quand la conformité aux deux lois est impossible, la loi fédérale a préséance.
Il est peut-être vrai, comme on le dit souvent, que les gouvernements feraient mieux de ne pas se mêler de ce qui se passe dans les chambres à coucher et il se pourrait que les législateurs puissent envisager un mariage platonique, mais il semble évident, sur le plan constitutionnel, qu'il est impossible d'autoriser juridiquement le mariage entre un jeune de 15 ans et une personne de 21 ans si le Code criminel interdit tout rapport sexuel entre eux. D'un point de vue constitutionnel, par conséquent, les provinces doivent porter l'âge limite du mariage à 16 ans s'il y a un écart d'âge de plus de cinq ans entre les parties.
J'ai lu et entendu les justifications politiques sur la modification proposée et si celle-ci est adoptée, j'appuie vivement l'exception reposant sur la proximité d'âge. Je pense qu'elle soulève des problèmes constitutionnels et sociaux dans le contexte du mariage. Il y a une pléiade de raisons pour lesquelles on peut permettre à des adolescents de se marier, des raisons culturelles, religieuses et sociales. Les raisons de préférer la compétence provinciale sur la célébration du mariage doivent au moins en partie répondre à des normes locales ou collectives sur le mariage au pays. Je crains qu'on crée des problèmes dans nos trois territoires, où l'âge limite du mariage est fixé, de façon vraisemblablement justifiable, à 15 ans avec le consentement des parents.
Il faut toujours établir des limites claires quant aux limites d'âge et aux jugements généraux sur la maturité et l'état de préparation. Cependant, je pense que dans le cas du mariage nécessitant le consentement des parents, une ordonnance des tribunaux ou l'approbation du ministre, selon le cas, l'interdiction des activités sexuelles entre un jeune de 15 ans et un adulte de 21 ans, par exemple, selon le Code criminel, pourrait être un seuil absolu problématique et regrettable dans les rares cas où toutes les parties estiment que ce mariage est à l'avantage du conjoint le plus jeune. Bref, à cet égard, je pense que le comité doit se pencher sur la validité d'une loi qui permettrait à une personne de 15 ans de se marier à une personne de 20 ans, mais qui lui interdirait de se marier à une personne de 21 ans.
Cela me mène à mon dernier point sur la question constitutionnelle. En effet, en cas de conflit constitutionnel, pourrait-il être justifié de prévoir une exception pour permettre l'activité sexuelle dans le contexte du mariage? J'ai deux arguments brefs mais très forts contre une exception dans le contexte du mariage. Premièrement, je suis d'avis qu'il n'est plus juridiquement permis de privilégier dans le contexte du mariage des activités sexuelles qui ne seraient pas légales autrement, compte tenu de notre reconnaissance juridique et sociale élargie des relations en common law, mais surtout compte tenu qu'en aucune circonstance, nous n'autoriserions la violence sexuelle dans le contexte du mariage. Si l'activité sexuelle est jugée illégale parce que l'une des parties est juridiquement inapte à y donner son consentement, il y a une infraction semblable à celles pour violence sexuelle, et je ne jugerais pas constitutionnellement admissible de créer des exceptions pour le mariage dans ce cas.
Deuxièmement, je pense qu'il est extrêmement problématique de créer des exceptions afin de permettre dans le contexte du mariage des activités sexuelles autrement illégales quand le mariage doit être autorisé par les parents, un tribunal ou un ministre. Cela met la réglementation de la sexualité conjugale des adolescents directement entre les mains des autres et place les parents, les tribunaux et les ministres dans la situation intenable de donner leur consentement à ce qu'un enfant participe à des activités sexuelles autrement illégales.
Pour clore mon argumentaire sur la question constitutionnelle, je suis d'avis que le comité doit étudier la question constitutionnelle que pose cette modification et prendre des mesures positives afin de déterminer s'il convient que les provinces réévaluent leur limite d'âge pour le mariage ou réagissent à son inapplicabilité potentielle dans certaines circonstances.
J'en arrive ainsi à ma seconde préoccupation sur ce projet de loi, soit aux grandes questions générales de droit pénal en jeu. Cette modification crée une nouvelle catégorie de criminels pour apaiser des craintes sociales concernant les relations sexuelles des adolescents. Même si personne ne peut être contre l'objectif de cibler les prédateurs sexuels, je ne suis pas convaincue que du point de vue du droit pénal, cette modification soit le meilleur moyen ou même un bon moyen de régir le comportement des prédateurs sexuels.
Compte tenu des normes sociales sur les relations sexuelles et des réalités juridiques et politiques, même sans nous fonder sur toutes les statistiques possibles, il est évident que cette loi vise principalement les prédateurs sexuels masculins. Dans la plupart des relations sexuelles et à coup sûr dans la plupart des relations sexuelles avec un adolescent, le partenaire le plus âgé, le contrevenant, est un homme. C'est donc une modification au Code criminel qui régit surtout la vie sexuelle des adolescentes, et bien que l'on utilise la neutralité des genres dans le projet de loi, il sous-entend nécessairement des différences entre les sexes.
Il y a déjà beaucoup de dispositions du Code criminel concernant la violence sexuelle, l'exploitation sexuelle et l'inceste, ainsi que de lois sur la pornographie et la prostitution que nous ne faisons pas pleinement appliquer. Ensemble, ces lois pourraient être très puissantes pour protéger les adolescentes contre les prédateurs sexuels sans limiter pour autant leur autonomie sexuelle, ni nuire à leur santé sexuelle, et elles pourraient envoyer un message social beaucoup plus fort sur le type de comportement que nous condamnons.
Nous devrions faire appliquer sévèrement les lois sur la violence sexuelle. Nous devrions exiger une culture juridique qui envoie le message aux jeunes qu'ils sont maîtres de leur autonomie sexuelle et qu'ils sont tous, surtout les adolescentes, en droit de dire non à des activités sexuelles. Nous devrions condamner la patriarchie qui favorise le comportement prédateur ou qui porte les hommes à croire que leur lien avec les femmes doit être surtout sexuel. Pour cela, je pense que le mieux serait de faire appliquer les lois sur la violence sexuelle ou les abus de confiance, d'autorité et de pouvoir. Nous ne ferons rien pour changer la culture en créant une nouvelle catégorie de criminels, mais rendrons l'activité sexuelle adolescente encore plus clandestine.
Je vous remercie de m'avoir permis de venir vous parler et je suis prête à répondre à toutes vos questions sur ces enjeux.
:
Nous vous remercions tous de vos témoignages. Nous vous avons écoutés attentivement.
Je pense qu'en toute honnêteté, il faut prendre conscience que dans le monde, on fixe des limites d'âge partout et que nous sommes dans un certain spectre. Chaque collectivité est différente. À certains endroits, aux États-Unis, il y a des limites d'âge de 18 ans, sans exception de proximité d'âge. Au Mexique, la limite est de 12 ans. Nous sommes donc dans ce spectre. Nous savons qu'en Europe, les limites varient surtout entre 14 et 16 ans et qu'à certains endroits, il y a des exceptions de proximité d'âge, mais pas partout. Cela fait donc partie du contexte.
Il est aussi très important de ne pas oublier que notre comité a un aspect législatif et un aspect politique. Même si j'ai moi-même l'intention d'appuyer ce projet de loi, ce qui l'a rendu acceptable, malgré tout ce qu'on peut dire sur les efforts perpétuels pour faire adopter des lois de ce type, c'est que c'est la première fois qu'on propose une exception de proximité d'âge dans un projet de loi. C'est ce qui le rend acceptable.
L'éloquence de M. Trudell et d'autres pourrait peut-être me persuader de la validité d'une présomption. Je pense que c'est une bonne proposition.
C'est toutefois ce qui nous est présenté. Nous en sommes contents, dans une certaine mesure, mais nous devons souligner, en tant qu'opposition officielle, que ce n'est qu'un petit pas en avant, compte tenu de l'absence flagrante de toute référence aux relations anales. C'est un manque flagrant, qu'il aurait fallu combler.
Si cette loi n'était pas purement politique, elle serait de portée plus générale, mais c'est ce qu'on nous propose en ce moment et en toute honnêteté, je suis pour.
J'ai entendu des témoignages très intéressants. J'ai deux questions. La première s'adresse aux représentants de la B.C. Civil Liberties Association et la deuxième, aux témoins de l'Association des sociétés Elizabeth Fry. Elles découlent d'ailleurs de vos observations. Il s'agit de toute la question des mineurs, soit des personnes de moins de 18 ans dans des provinces comme l'Ontario et de moins de 19 ans au Nouveau-Brunswick. C'est confus. Pour citer nos voisins du Sud, on peut être assez vieux pour faire la guerre et perdre sa vie, mais pas assez pour boire dans l'État du Texas. Nous savons que sur le plan politique, ce qui vient du Texas n'a aucun sens. Dans notre pays, toutefois, si nous nous regardons dans le miroir, nous verrons que nous avons des problèmes de différence d'âge quant à certains droits. Je sais que ces anomalies intéressent beaucoup la Civil Liberties Association. Bien honnêtement, comme je ne la suis pas de si près, il me manque beaucoup d'information sur son travail en Colombie-Britannique ou ailleurs au Canada quant à ces anomalies.
J'aimerais que vous m'en parliez un peu, même si nous n'avons pas beaucoup de temps, et que vous n'oubliiez pas que vous devez partager votre temps avec celle qui répondra à ma deuxième question, Mme Pate.
Madame Pate, vous avez dit (et je vous cite à peu près) : « Il y a une récalcitrance politique et pratique à faire appliquer les lois existantes. » Vous nous avez donné un exemple. Cela m'intéresse beaucoup, parce que comme vous le savez, nous croyons que nos forces policières manquent de ressources et qu'elles doivent sélectionner les lois qu'elles font appliquer. Les juges font parfois la même chose. Les procureurs le font aussi. Plutôt que d'adopter n'importe quelle loi et de la laisser coller au mur — en général, elle est bien mal écrite, comme si elle avaient été rédigée à l'endos d'une serviette dans le bureau du secrétaire parlementaire —, nous avons besoin d'une politique d'application de la loi détaillée et de ressources pour la faire appliquer.
Ce sont mes deux brèves questions. Je vous demanderais de respecter le temps qui nous est imparti dans votre réponse.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à rappeler une chose. Notre comité a déjà tenu plusieurs réunions sur le sujet, et nous avons entendu beaucoup de témoins aujourd'hui et dans le passé. Bien souvent, la conversation tourne autour des droits sexuels des enfants, des droits des jeunes d'avoir des relations sexuelles, surtout avec d'autres jeunes.
Pour ceux qui soulèvent la question, je pense que ce projet de loi en tient pleinement compte. Le projet de loi que nous avons proposé contient une exception reposant sur la proximité d'âge qui prévient toute criminalisation des activités entre pairs, s'ils ont une proximité d'âge de cinq ans.
Ce projet de loi vise à freiner ceux qui traitent le Canada comme un refuge. Nous en avons entendu parler par le dernier groupe de témoins, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Ces gens peuvent venir d'un endroit où l'âge du consentement est de 16 ans. Je vais prendre l'exemple d'un homme de 50 ans, mais je pourrais prendre celui d'un homme de 40 ou de 30 ans ou encore celui d'une femme du même âge.
J'ai entendu ce matin parler d'une femme qui se trouve dans la situation inverse: elle est beaucoup plus âgée et veut avoir des relations sexuelles avec un jeune de 14 ou 15 ans. Chez elle, c'est totalement interdit, parce que l'âge du consentement est établi à 16 ans. Au Canada, l'âge du consentement est de 14 ans. Il y a toutefois des situations dans lesquelles un jeune de 14 ans serait protégé s'il se trouve dans une relation d'exploitation, mais ce doit être prouvé.
Ici, ce que la société nous dit, ce que les parents nous disent, c'est que selon eux, c'est déjà illégal. C'est ce que nous entendons dans les témoignages. Nous avons entendu des témoins affirmer que lorsqu'ils disent à des parents qu'une personne de 40 ans peut avoir des relations sexuelles avec un jeune de 14 ans, ils sont estomaqués. Ils pensent que c'est déjà contraire à la loi.
Ce projet de loi vise à envoyer le message aux personnes qui aimeraient venir au Canada ou qui sont au Canada et qui veulent avoir des relations sexuelles avec des personnes beaucoup plus jeunes, de 14 ou 15 ans, que ce ne sera pas possible, que c'est contre la loi.
J'aimerais savoir ce que vous pensez en général de notre solution sur la proximité d'âge. Il y a peut-être des témoins qui estiment que la proximité d'âge devrait être de plus de cinq ans, et le cas échéant, j'aimerais entendre vos arguments en ce sens.
Ce projet de loi ne porte pas sur les relations sexuelles que les adolescents ont entre eux. J'aimerais savoir si vous croyez qu'il est approprié qu'un homme de 40 ou 45 ans, par exemple, ait des relations sexuelles avec un jeune de 14 ans. Peut-il être concevable dans notre société qu'une personne de 20 ou 30 ans plus âgée ait des relations sexuelles avec un jeune de 14 ans?
:
J'aimerais poser deux questions.
D'abord, je suis très heureux de votre témoignage et je vous remercie d'avoir pris le temps de nous rencontrer.
Toutefois, je dois avouer que je suis plutôt libéral en ce qui a trait à l'ouverture d'esprit. Selon moi, ceux qui s'opposent à ce projet de loi n'ont pas donné d'arguments très convaincants. Évidemment, je ne nie pas que des jeunes âgés de 13 ans ou 14 ans peuvent faire preuve d'une grande maturité. Cependant, lorsqu'on légifère, on le fait pour de grands ensembles.
Je reviendrai sur l'aspect constitutionnel, car cela m'intéresse.
J'ai de la difficulté à faire le lien avec l'argument qui dit que si on fixait l'âge de consentement à 16 ans dans un projet de loi, avec les clauses de proximité que vous connaissez, cela pourrait faire en sorte que des travailleurs sociaux, des professionnels de la santé ou des enseignants ne donnent pas de renseignements sur la santé sexuelle, les techniques d'hygiène et les modalités de protection.
Ce n'est jamais facile, à 13 ans ou à 14 ans, de parler de sa sexualité. Je comprends qu'il puisse y avoir des tabous et une certaine pudeur. Plusieurs membres de ce comité ont parlé de l'éducation sexuelle, et je suis bien d'accord là-dessus. Cependant, cela ne m'apparaît pas déraisonnable qu'à 16 ans, on considère, sauf pour l'exploration de la sexualité entre adolescents, qu'il doit y avoir un certain mécanisme d'encadrement.
J'aimerais que vous m'expliquiez davantage votre prémisse selon laquelle ce projet de loi pourrait faire en sorte que ceux qui ont besoin d'information et ceux qui doivent en donner seraient dans une position plus vulnérable.
Soyez bref et percutant, comme lors d'un rendez-vous galant, parce que j'ai une deuxième question à poser à Mme la professeure de l'Université d'Ottawa.
Je vous remercie tous d'être venus. J'étais plutôt positif à l'égard de ce projet de loi, mais vous soulevez des problèmes auxquels je n'avais pas pensé. Je suis content que vous soyez venus témoigner.
Comme je suis le seul député des territoires, j'aimerais vous interroger sur la question constitutionnelle qui touche les territoires. Vous savez sans doute que le gouvernement du Yukon est d'accord avec le projet de loi, mais il y a lieu de mentionner que nous n'avons reçu aucun témoin des territoires, particulièrement des groupes qui pourraient nous expliquer si les plus sociaux sont différents là-bas, pourquoi les âges sont différents et ce qu'ils pensent de tout cela. Je devrai envisager d'inviter d'autres témoins.
Nicholas et Andrew, je suis très content que vous soyez ici. Je suis un peu outré que vous ayez utilisé mon discours, parce que j'allais dire que ce sont des adultes qui vont adopter ce projet de loi. Nous n'avons pas invité les jeunes de 14 et 15 ans à venir nous donner leur opinion. Nous légiférons pour eux.
D'un point de vue constitutionnel, si nous prévoyons une exception de dérogation en fonction de l'âge prescrit dans la province, elle ne s'appliquera que jusqu'à l'âge qui rend ces activités légales. Dans les trois territoires, par exemple, elle ne s'appliquerait pas aux jeunes de 15 ans parce qu'ils ont l'autorisation de se marier en toute légalité. Aurions-nous alors un autre problème constitutionnel parce que nous ne traiterions pas tous les Canadiens de la même façon?
[Traduction]
Je suis mère d'un adolescent et lorsque je me suis préparé à la présente rencontre, j'ai eu certaines discussions avec les amis de mon fils et avec ma fille — d'âge pépubertaire — et certaines de ses amies et, de manière assez curieuse, les personnes les moins informées étaient celles qui appuyaient le plus le projet de loi. Laissez-moi exprimer cela de cette façon.
J'avais réfléchi à la question et, en fait, Mme Gilbert et moi avions eu certaines discussions au sujet de toute la question du consentement à un traitement médical. Nous avons parlé précisément des jeunes femmes et nous nous sommes demandées si une jeune personne qui consulte son médecin, s'il y avait une maladie transmise sexuellement ou une autre question de santé sexuelle et qu'elle savait que son partenaire présentait un écart d'âge supérieur à cinq ans, signalerait cette situation, et quelles seraient les conséquences si elle refusait de le faire.
Je pense qu'il y a d'autres personnes, et probablement que Mme Gilbert elle-même a plus d'information. Je pense qu'il y aurait des ramifications. Il y en a certainement maintenant si les jeunes femmes se rétractent et ne signalent pas la situation ou cachent de l'information dans les cas où le droit pénal présume qu'elles devraient divulguer cette information; alors, je pense qu'il y aurait très vraisemblablement des préoccupations à ce sujet.
De plus, hier, dans une discussion avec des jeunes des deux sexes qui célébraient un anniversaire, un bon nombre de jeunes femmes ont dit que non seulement elles ne signaleraient par la situation, mais qu'elles pourraient même renoncer à consulter un médecin si elles avaient des craintes à ce sujet, et cela m'a beaucoup inquiétée. Des jeunes gens, y compris mon enfant... Mon fils ne me signale pas nécessairement tout ce qui arrive. Je ne prétends pas tout comprendre. Mais je me suis dit que si ces jeunes me disaient cela dans une discussion assez ouverte, il y a de quoi s'inquiéter quand on pense aux autres questions dont ils pourraient ne pas vouloir parler. Dire qu'ils pourraient ne pas signaler l'activité sexuelle, c'est une chose, mais dire qu'ils ne chercheraient pas à obtenir une aide médicale, c'est là une préoccupation beaucoup plus sérieuse.
Si notre intérêt véritable, et je pense que c'est le cas pour tout le monde ici, est la protection des jeunes — et, dans mon cas, je suis d'accord pour dire qu'une partie est due à une attitude maternaliste —, j'aimerais croire que même si mon enfant participait à une relation qu'il préfère taire parce qu'il n'est pas assez à l'aise pour m'en parler, il est tout de même assez à l'aise pour consulter son médecin, pour avoir des discussions privées et pour divulguer la situation. Maintenant, je ne suis pas certaine que ce soit vrai.
Je pourrais soulever d'autres préoccupations, à titre de parent, évidemment, dans un autre contexte, mais dans le cas de cette question particulière, j'ai été étonnée d'entendre cela. J'ai été étonnée d'entendre cela de la bouche d'une jeune femme que je ne connaissais pas particulièrement bien.
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Bonjour et merci d'être venus livrer votre témoignage aujourd'hui.
J'ai une question pour Mme Daphne Gilbert. Plus tôt, vous avez attiré mon attention sur une question à laquelle M. Bagnell a aussi fait allusion. Vous avez parlé de l'âge de la célébration du mariage dans les provinces et les territoires. Par exemple, au Yukon, l'âge est fixé à 15 ans. Anciennement, dans la province de Québec, l'âge était fixé à 12 ans et à 14 ans. Toutefois, bien que le mariage soit de compétence fédérale, la célébration relève des provinces. Peut-être faudrait-il apporter cette nuance.
Le Canada est un pays multiethnique, c'est-à-dire que beaucoup de coutumes s'y retrouvent, et on doit démontrer un grand respect envers elles. Je ne sais pas si vous demeurez en Ontario, mais si c'est le cas, vous êtes passée près de voir adopter la charia comme manière de régler les problèmes matrimoniaux. La charia reconnaît les mariages à un âge beaucoup plus jeune que nous. Imaginez quelle aurait été la situation si vous aviez obtenu la charia par une voix de majorité à l'Assemblée législative de l'Ontario. Si vous l'aviez obtenue, que ferait-on aujourd'hui de ce projet de loi? Le même problème se pose au Yukon, où une loi permet le mariage dès l'âge de 15 ans. L'hypothèse d'une pareille loi en Ontario est presque devenue réalité. Je comprends qu'il y ait un problème constitutionnel, mais on ne s'en sortira pas. C'est comme l'oeuf ou la poule : lequel est venu en premier?
Le problème constitutionnel que vous soulevez n'a-t-il pas déjà été réglé antérieurement, surtout dans la province de Québec, où l'âge de mariage était fixé à 12 ans et à 14 ans dans le Code civil qui, soit dit en passant, datait de 1866? Essayez d'expliquer votre idée. J'essaie de vous suivre. Je comprends M. Bagnell d'avoir certaines interrogations, car j'en ai aussi. Les interrogations ne touchent pas seulement le Yukon. Vous avez presque eu le même problème en Ontario.
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Premièrement, sur la question des compétences partagées entre le fédéral et les province sur le mariage, du moins jusqu'à présent, c'est un principe juridique assez bien établi — et il y a eu des décisions réelles rendues à ce sujet — qu'il relève des compétences provinciales, à titre de question de célébration, de fixer les limites d'âge du mariage. C'est un principe qui est certainement accepté uniformément partout au pays à l'heure actuelle. Encore une fois, je répète que c'est en partie parce que nous croyons vraiment que le mariage est une question locale ou liée à la communauté.
La question concernant la charia est très intéressante et révélatrice : il y a des variations culturelles énormes concernant les attitudes face au mariage et il y a des normes communautaires concernant les attitudes face au mariage. C'est exactement la raison pour laquelle il s'agit d'une compétence provinciale et c'est exactement la raison pour laquelle nous avons de nombreuses façons différentes d'obtenir l'autorisation. Si vous êtes une jeune personne qui désire se marier, dans certaines administrations, il faut le consentement des parents; dans d'autres, vous pouvez vous adresser aux tribunaux pour obtenir une ordonnance et, dans certaines autres, un ministre peut donner l'autorisation. Alors, les provinces ont adopté des approches différentes, selon l'idée qu'elles se font de la collectivité qu'elles représentent.
Il ne fait aucun doute que ce projet de loi exigera de toutes les provinces et de tous les territoires qu'ils revoient l'âge minimum du mariage en ce qui concerne les mariages qui surviendraient en infraction au Code criminel. Le problème, c'est que vous créez deux régimes, d'une certaine façon : vous allez avoir des mariages légaux entre des personnes âgées de 15 ans et une autre personne si l'écart d'âge est inférieur à cinq ans, mais un problème constitutionnel surviendra si une personne de 15 ans veut marier une personne de 21 ans. Si on laisse de côté les hommes âgés de 40 et 50 ans, je pense que c'est vraiment un problème qui survient principalement dans les cas où le conjoint est tout juste en dehors de l'écart d'âge permis, et c'est là que des petites collectivités, les collectivités nordiques, et les communautés religieuses ont des préoccupations particulières concernant la façon dont elles vont aborder la question du mariage.
Je pense que ce que nous ne voudrions pas voir, c'est une forme quelconque d'exception pour l'activité sexuelle dans le cadre du mariage pour toutes les raisons entourant la question de favoriser la relation du mariage. C'est une question que les provinces seront appelées à répondre. Vous pourriez avoir une unanimité, elles pourraient toutes être d'accord pour augmenter l'âge absolu à 16 ans, mais vous serez toujours aux prises avec la question de savoir que faire de ces processus dans le cas des gens qui veulent aller devant les tribunaux pour obtenir une ordonnance spéciale leur permettant de se marier. Que fait un juge avec des lois contradictoires sur ce qui constitue une activité sexuelle légale? Voulez-vous que les tribunaux et les parents donnent leur consentement à quelque chose qui autrement constituerait une activité sexuelle illégale? Ce sont toutes des questions importantes.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup de vos exposés. J'ai quelques questions qui font suite à des suggestions ou à des recommandations qui ont été faites par des témoins qui ont comparu plus tôt ce matin. Avant de poser ces questions, j'aimerais simplement parler de la question de l'absence de consultation auprès des adolescents et adolescentes.
Normalement, un gouvernement qui envisage d'apporter des modifications substantielles à une loi ou à un cadre juridique particulier entreprend ce qu'on appelle des consultations préalables. Ces consultations informent le public que le gouvernement a l'intention de changer un loi particulière et demande aux gens et aux organismes de faire parvenir leur point de vue par écrit, par courriel ou autrement, et une date limite est fixée. Une fois que l'on a reçu toutes les réponses, elles sont rassemblées et les grands points de vues qui ont été présentés sont résumés.
Le gouvernement organise ensuite des discussions de groupe, des tables rondes ou quoi que ce soit d'autre, faisant intervenir un nombre représentatif de groupes intéressés. Ce n'est qu'alors que le gouvernement va de l'avant avec le projet de loi lui-même, qui est alors déposé devant la Chambre, etc.
Je ne suis pas au courant que le présent gouvernement ait fait cela. Je suis au courant que la plainte que nous entendons régulièrement concernant d'autres projets de loi, c'est qu'il n'y a pas eu de consultations préalables et que le processus traditionnel n'a pas été respecté. C'est une question que vous pourriez vouloir adresser directement au présent gouvernement.
Mes questions font suite à des recommandations formulées par des témoins antérieurs et portent sur l'article discriminatoire, à savoir l'article 159, qui criminalise les relations sexuelles anales si vous avez moins de 18 ans. À l'heure actuelle, il s'agit d'un acte criminel, même avec l'âge de consentement fixé à 14 ans. Cela ne change rien pour les relations sexuelles anales, quel que soit l'âge de consentement; si vous avez moins de 18 ans, c'est un acte criminel.
Premièrement, cela a été jugé inconstitutionnel par un certain nombre de tribunaux provinciaux, et au moins par la Cour d'appel de l'Ontario, mais la question ne s'est pas rendue jusqu'à la Cour suprême du Canada. L'article devrait être déclaré nul et sans effet. En fait, le gouvernement devrait abroger l'article au complet et il a eu l'occasion de le faire dans le cadre du projet de loi . Si le gouvernement avait entrepris des consultations préalables, peut-être aurait-il entendu suffisamment de témoins et des spécialistes du droit pour décider d'inclure cette modification.
En vertu des règles qui régissent le Parlement, parce que cet article n'est pas touché par le projet de loi , si nous essayons d'apporter un amendement visant à abroger l'article 159, cet amendement serait jugé irrecevable. Certains témoins ont laissé entendre que nous devrions, en fait, modifier l'article 150.1 du Code criminel, dont il est question dans le projet de loi , en ajoutant l'article 159. J'aimerais savoir si vous avez des observations à ce sujet. Il s'agirait d'une mesure provisoire jusqu'à ce que le gouvernement, dans sa sagesse, décide enfin d'abroger l'article 159 dans sa totalité.
Il y a un deuxième point sur lequel j'aimerais connaître votre avis. On a également suggéré que plutôt que d'avoir une loi catégorique indiquant que si l'écart d'âge est de cinq ans ou plus, la relation est automatiquement réputée être une relation sexuellement exploitante et on ne peut présenter de défense, il faudrait présumer qu'il s'agit d'une relation sexuellement exploitante, auquel cas il serait possible de réfuter l'argument. Il serait alors possible que quelqu'un qui est âgé de 22 ans fréquente en personne âgée de 16 ans, et ces derniers seraient en mesure de réfuter l'argument. Voilà ma deuxième question.
Si j'ai le temps —
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vais répondre à certaines observations puis j'aurai une question à poser à M. Quist.
L'un des commentaires que j'ai entendus au début de cette audience est qu'un grand nombre de jeunes sont contre le projet de loi. Je tiens à signaler que j'ai reçu deux pétitions dans ma circonscription de deux groupes de jeunes qui étaient vivement en faveur de la mesure législative, l'une de l'église St. John Vianney et l'autre de l'église St. Mary's. Elles étaient signées par des centaines de jeunes qui admirent énormément la vision de ce Parlement — et pas seulement du gouvernement, car un grand nombre de partis l'appuient — et croient que c'est la bonne chose à faire pour protéger les enfants.
J'ai aussi entendu dire que c'est une érosion d'une maturité sexuelle des jeunes. J'aimerais signaler que ce n'est pas le cas. Si un jeune de 15 ans a des relations sexuelles avec un autre jeune de 17 ans, il n'y a pas érosion. Ils peuvent choisir de le faire. Mais ce que cela signifie, c'est une érosion de l'exploitation des enfants, dont il y a lieu d'être fiers. C'est une érosion au sens qu'une personne de 50 ans ne pourra pas avoir de relations sexuelles avec un jeune de 15 ans. C'est la seule érosion, et je crois que c'est quelque chose qu'un grand nombre de jeunes appuieront fermement et dont ils seraient fiers.
J'ai également entendu dire que c'est un pas vers le fondamentalisme, ce qui m'a beaucoup étonné. Je crois que cela veut dire que la société canadienne évolue vers le fondamentalisme. Car c'est ce que cela insinue. Ce sont les valeurs de la majorité. Pour utiliser le terme juridique, si vous admettez d'office quelque chose, je crois qu'il serait juste d'affirmer que la majorité, la vaste majorité des Canadiens, croient qu'il est inacceptable qu'une personne de 50 ans ait des rapports sexuels avec un jeune de 15 ans. Cette mesure législative vise à protéger les enfants. C'est avant tout le but qu'elle vise. C'est pourquoi elle est si vivement appuyée par tous les partis politiques.
Cette mesure législative est très utile à cet égard. C'est pourquoi nous voyons ces rubans blancs dans tout le pays, partout où nous sollicitons les encouragements et les appuis. Dans l'ensemble, les Canadiens de tous les groupes d'âge, de toutes les régions, appuient fermement la mesure législative.
Je crois qu'il y a plusieurs raisons à cela mais, monsieur Quist, pourriez-vous nous parler des conséquences à long terme du projet de loi? J'aimerais notamment que vous parliez des enfants exploitées que cette mesure législative pourrait potentiellement protéger. Nous ne pourrons évidemment jamais protéger contre toutes les agressions, tous les crimes, toutes les exploitations, mais pour les enfants à qui le projet de loi peut venir en aide, le fait ce projet soit adopté et empêcher un crime à l'avenir, quels sont les avantages pour les gens qui n'ont peut-être pas cette érosion dans leur vie? Pour les enfants qui sont exploités, les taux de problèmes familiaux seront-ils plus élevés? Y aura-t-il des taux de divorce plus grands? Le taux de consommation de drogue sera-t-il plus élevé? Le taux de criminalité sera-t-il plus élevé? Votre groupe a-t-il des données probantes qui pourraient avancer que les perspectives d'avenir des enfants qui sont agressés ou exploités à un jeune âge seraient brisées?
Si un enfant est exploité à un très jeune âge, je crois que bien des gens s'inquiéteront des préjudices causés à leur croissance. Il serait intéressant que des études mettent en évidence les répercussions de cette exploitation, pas seulement dans le moment tragique immédiat, mais 10 ou 20 ans plus tard, pour savoir ce qui arrive à ces victimes.