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Je déclare ouverte la séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne.
Je demande aux membres du comité de prendre place, de même qu'aux témoins, à l'avant de la table.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 30 octobre 2006, nous étudions le projet de loi C-22, Loi modifiant le Code criminel (âge de protection) et la Loi sur le casier judiciaire en conséquence.
Nous avons une liste de témoins. La GRC comparaîtra, mais n'est pas encore arrivée. Du Service de police de Toronto, nous accueillons Kim Scanlan, sergent d'état-major détective de l'Unité des crimes sexuels. De l'Association canadienne des policiers, nous recevons Tony Cannavino, président, et David Griffin, agent exécutif. De l'Alliance évangélique du Canada, nous avons Doug Cryer, directeur pour la politique publique, et Don Huchinson, avocat général. Nous accueillons aussi Carrie Kohan, défenseure des droits de l'enfant et fondatrice de Mad Mothers Against Pedophiles et cofondatrice de Project Guardian. Bienvenue à tous.
Nous suivrons l'ordre qui est donné sur l'avis de convocation, en commençant par Mme Kim Scanlan, du Service de police de Toronto.
Vous avez la parole.
Merci pour cette occasion de vous parler. Je suis ravie de partager avec vous l'expérience du Service de police de Toronto, particulièrement dans le domaine dont je m'occupe, l'exploitation sexuelle des enfants et la section spéciale des victimes de crimes sexuels. Ces deux secteurs sont responsables des enquêtes et des arrestations liées aux infractions de nature sexuelle commises contre des enfants, y compris les crimes impliquant le recours à Internet et la prostitution de rue. Plus important encore, l'objectif de ces deux services est de trouver, sauver et soutenir les personnes vulnérables, surtout les femmes et les enfants.
D'emblée, il faut dire clairement que notre appui au projet de loi haussant l'âge de protection, en le faisant passer de 14 à 16 ans, n'est pas destiné à criminaliser des activités sexuelles consensuelles entre jeunes personnes. Nous appuyons ce projet de loi afin de faciliter le repérage et la mise en accusation d'adultes qui décident d'exploiter sexuellement des jeunes vulnérables de 14 et 15 ans.
J'aimerais qu'on parle de la façon dont les jeunes de 14 et 15 ans sont vulnérables. Il y a tout d'abord le recours et l'accès accru à Internet. Les jeunes vivent dans le monde d'Internet et y ont des réseaux sociaux, alors que ce n'est pas le cas pour la plupart de leurs parents. Les parents ne sont pas toujours conscients du fait que leurs enfants sont en ligne et ne savent pas à qui ils s'adressent. Ils ne voudraient pas que leurs enfants parlent à des étrangers, mais c'est une chose impossible à éviter sur Internet. Dans un sondage Microsoft-Ipsos Reid publié en janvier dernier, 25 p. 100 des jeunes de 10 à 14 ans affirmaient ne pas craindre de rencontrer une personne à qui ils n'avaient parlé jusque là que virtuellement.
Les prédateurs sexuels ont une connaissance approfondie des ordinateurs et de la technologie. Ils consacrent énormément de temps à la réalisation de leurs fantasmes, soit d'avoir une relation sexuelle avec une jeune personne. Les prédateurs sexuels ont leur propre réseau et connaissent très bien les techniques de séduction et de leurre. Ces capacités donnent lieu à des abus sexuels et à de l'exploitation.
La vulnérabilité des jeunes de ce groupe d'âge m'a été clairement démontrée par les agents doubles les plus expérimentés du Canada. Pendant des années, ces agents qui représentent diverses provinces se sont fait passer en ligne pour des jeunes de 12 et 13 ans, et m'ont fait rapport. Dans les salons de clavardage entre pairs, les prédateurs sexuels discutent ouvertement de l'âge du consentement assez bas au Canada. Certains des hommes qui ont été arrêtés pour possession et distribution de pédopornographie ou pour leurre par Internet connaissaient très bien la loi canadienne en matière d'infractions de nature sexuelle. Le Canada est devenu une destination de tourisme sexuel et les pédophiles ont ouvertement cherché des occasions de rencontrer des jeunes adolescents canadiens, garçons et filles, pour avoir des relations sexuelles avec eux.
Les agents doubles affirment que lorsqu'ils se font passer pour des jeunes de 13 ans, dans 100 p. 100 des cas, les conversations entamées avec eux en viennent très rapidement à porter sur la sexualité. Habituellement, il faut moins d'une minute. Certains prédateurs, croyant avoir affaire à un garçon ou à une fille de 13 ans, ont essayé d'entretenir la relation avec l'agent double pendant des mois, impatients qu'il atteigne l'âge du consentement, soit 14 ans.
Nous avons aussi procédé à un examen sur deux ans des données d'arrestations pour agression sexuelle du Service de police de Toronto, en nous concentrant sur les contrevenants qui ont été arrêtés en 2005 et en 2006, peu importe la date à laquelle l'infraction avait été commise. Voici les résultats obtenus. Il s'agit d'un total de 1 956 dossiers d'arrestation. Il s'agit du nombre de personnes arrêtées, sans dédoublement. La date des infractions pouvait remonter à 1965. Certains cas historiques ont été présentés. Pour les victimes de moins de 18 ans, 75 p. 100 des contrevenants étaient des adultes, et pour toutes les victimes d'une agression sexuelle, le groupe le plus important était celui des 14 et 15 ans. Je répète, les jeunes de 14 et 15 ans étaient plus souvent victimes d'une agression sexuelle que tout autre groupe d'âge, et si l'on combine ces deux âges, cela représente 10 p. 100 des 1 956 victimes.
Nous le savons, les infractions de nature sexuelle sont rarement signalées à la police, seulement dans 10 à 25 p. 100 des cas. En extrapolant, même à 25 p. 100, pour le nombre de victimes qui ont porté plainte, on peut présumer qu'il y a 1 500 autres victimes à Toronto dont nous ignorons tout, y compris des centaines d'adolescents de 14 et 15 ans.
L'adoption du projet de loi signifierait pour les tribunaux que les victimes d'agression sexuelle de 14 et 15 ans n'auraient plus à composer avec la question du consentement; il s'agirait seulement de savoir si un acte sexuel a eu lieu. La responsabilité de l'exploitation sexuelle incombe au contrevenant, et ce changement faciliterait alors les plaintes des victimes.
Nous nous sommes aussi penchés sur le nombre de personnes portées disparues ou vues pour la dernière fois à Toronto. Juste en 2006, il y a 5 861 déclarations de personnes disparues, cela sans compter les fugueurs à répétition et d'autres personnes qui sont disparues plus d'une fois. Du nombre, les adolescents de 14 ans représentent 10 p. 100 et les jeunes de 15 ans, presque 20 p. 100. En combinant ces deux groupes d'âge, on a 1 700 déclarations de jeunes personnes disparues pour Toronto seulement.
Il y a donc, en tout temps, dans des villes comme Toronto, des centaines de fugueurs adolescents vulnérables, de 14 et 15 ans. Ils deviennent la proie de prédateurs sexuels qui ne demandent qu'à en profiter. Les membres de gangs de rue et les membres du crime organisé recrutent les adolescents fugueurs pour leurs activités de trafic de stupéfiants et de commerce du sexe.
Parmi ces jeunes, il y a des adolescents canadiens ou étrangers qui sont bernés ou forcés de devenir des victimes de la traite des personnes. La plupart des jeunes prostitués sont bien cachés, opérant à partir de maisons de débauche que les policiers ont du mal à repérer.
En faisant passer l'âge du consentement, l'âge de protection, à 16 ans, on pourra mieux protéger les jeunes adolescents qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité. Il serait plus difficile d'obtenir qu'ils consentent à des relations sexuelles, et leurs prédateurs devraient envisager les nouvelles conséquences judiciaires.
J'aimerais faire quelques recommandations qui pourraient nous aider.
Il faut insister davantage sur la dissuasion, en imposant des peines d'incarcération plus longues, assorties d'interdictions, pour ceux qui choisissent de bafouer nos lois et d'exploiter des enfants.
Les victimes ont besoin d'une meilleure protection, comme dans les cas de violence conjugale, sous forme de procès accéléré et de protection des témoins. Les victimes ne doivent pas être davantage accablées par leur participation au processus judiciaire.
Il faut un meilleur financement des unités d'enquête sur l'exploitation des enfants. Un financement direct des services policiers dans ce domaine est toujours nécessaire. Le nombre d'arrestations, le nombre d'identifications et de sauvetages des victimes sont directement proportionnels à l'investissement dans ce secteur.
Il faut aussi du financement et des ressources pour les organismes communautaires qui donnent un appui aux jeunes avant qu'ils deviennent des victimes mais aussi après qu'ils aient été victimes de sévices ou qu'ils soient devenus toxicomanes.
Il faut du soutien pour les adolescents, avant et après leur rencontre d'un agresseur éventuel; avant et après leur fugue, qui les fait passer de leur foyer à la rue; avant et après la prostitution comme seul gagne-pain; avant et après le début de la toxicomanie; avant et après la détérioration de leur santé par des maladies transmissibles sexuellement; avant que le suicide semble être la solution. Cela me rappelle l'enquête en cours actuellement à Winnipeg, dans l'affaire de la jeune prostituée Tracia Owen, 14 ans. Il faut aussi du soutien avant leur décès prématuré.
Il faut aussi du soutien à l'éducation continue. Tout le monde doit être renseigné sur ces questions: la sécurité sur Internet, la sexualité sans risque, les maladies transmissibles, la façon de porter plainte pour agression et les ressources qui sont offertes.
Les ONG doivent être encouragées à faire tout ce qu'elles peuvent pour protéger nos jeunes. Il ne devrait pas être nécessaire de légiférer pour forcer la collaboration avec la police; cela devrait se faire simplement parce que c'est la chose à faire.
Le Canada doit être plus proactif lorsqu'il s'agit de protéger des personnes vulnérables, surtout les femmes et les enfants. Nous n'avons pas atteint notre plein potentiel et il faut travailler davantage. Toute forme d'exploitation sexuelle est inacceptable et doit être stoppée, au moyen de toutes les ressources dont nous disposons.
J'ai moi-même deux jeunes adolescents et je crois que cette loi est particulièrement importante pour m'aider à les protéger. En tant que policière, je crois que l'adoption du projet de loi sur l'âge de protection est un pas dans la bonne direction et un outil supplémentaire pour les forces de l'ordre, dans le but d'assurer la sécurité des enfants canadiens.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
L'Association canadienne des policiers est heureuse d'avoir l'occasion de présenter ses observations à l'égard du projet de loi au Comité parlementaire permanent de la justice et des droits de la personne.
L'ACP est le porte-parole national de 54 000 membres du personnel policier à la grandeur du Canada. Par l'intermédiaire de nos 170 associations membres, les adhérents à l'ACP comprennent le personnel policier desservant tant les plus petits villages que les grandes agglomérations urbaines au sein de services policiers municipaux et provinciaux, ainsi que des associations de membres de la GRC et des associations de la police des premières nations.
La protection des enfants du Canada constitue un dossier dont se préoccupent primordialement l'ACP et nos membres. À cet égard, l'ACP préconise depuis fort longtemps que le Parlement majore l'âge de consentement de 14 à 16 ans.
Le gouvernement avait inclus son engagement de mettre de l'avant ce projet de loi dans son programme en matière de justice lors des dernières élections fédérales, et nous sommes heureux de constater que le gouvernement donne suite à cet engagement. Nous sommes également heureux de constater que tous les autres partis siégeant à la Chambre des communes s'avèrent généralement en faveur des principes contenus dans ce projet de loi.
Les Canadiens aussi appuient les initiatives visant à majorer l'âge de consentement de 14 à 16 ans. En 2002, un sondage Pollara auprès de la population canadienne révélait que 72 p. 100 des répondants étaient d'accord pour majorer l'âge de consentement de 14 à 16 ans.
[Traduction]
Le Canada traîne derrière la plupart des pays industrialisés en ce qui a trait à la protection de nos enfants par le biais de dispositions régissant l'âge de consentement. Parmi les pays dont l'âge de consentement est fixé à 16 ans ou plus, mentionnons les suivants: la Belgique, Hong Kong, la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège, la Russie, Singapour, l'Ukraine et le Royaume-Uni. L'âge de consentement de 16 ans ou plus est également en vigueur dans la plupart des États aux États-Unis et en Australie. Plusieurs de ces pays prévoient en plus des dispositions relatives à « des personnes d'âge semblable » afin de préciser qu'il s'agit de relations consenties entre jeunes personnes d'âge semblable.
La croissance d'Internet a sensiblement multiplié les possibilités d'accès à la pornographie juvénile et facilite la tâche aux pédophiles qui tentent de trouver de nouvelles victimes. Malheureusement, en raison des lois canadiennes actuelles, certains prédateurs sexuels étrangers considèrent le Canada comme une destination de tourisme sexuel impliquant des enfants. Les responsables de l'application des lois signalent une augmentation du nombre de pédophiles qui contactent par Internet des jeunes au Canada, en raison de l'âge de consentement si inférieur à celui d'autres pays, et qui se rendent par la suite dans notre pays à des fins sexuelles.
Ceux qui feraient une proie de nos enfants par le truchement d'Internet ou d'autres moyens comprennent qu'au Canada, une personne plus âgée qui n'est pas en situation de confiance ou d'autorité ne commet aucune infraction en ayant des relations sexuelles avec un enfant de 15 ans.
Même si les familles canadiennes comptent davantage d'internautes par habitant que tout autre pays au monde, le Canada traîne loin derrière d'autres gouvernements en matière de mesures contre l'exploitation sexuelle des enfants par Internet. Selon une étude menée par l'organisme Jeunes Canadiens dans un monde branché, 99 p. 100 des jeunes affirment avoir utilisé Internet; un enfant sur quatre s'est fait demander un rendez-vous par un étranger; 15 p. 100 de tous les jeunes usagers d'Internet ont donné rendez-vous à au moins une personne dont ils avaient fait la connaissance par Internet et seulement 6 p. 100 d'entre eux étaient accompagnés d'un parent ou d'un autre adulte lors du rendez-vous. Un jeune sur quatre a reçu par Internet de la pornographie en provenance d'un étranger.
Les policiers sont heureux des modifications introduites dans le projet de loi C-22 qui constituent un autre outil qui contribuera à protéger nos enfants contre l'exploitation sexuelle par des personnes plus âgées. Le projet de loi C-22 transmet un message aux prédateurs, les avertissant que les enfants canadiens ne leur sont plus offerts en proie. Ce projet de loi renforcera la façon dont les policiers enquêtent sur l'exploitation des enfants et munira la police des outils qui s'imposent pour intervenir lorsque des personnes plus âgées essaient d'avoir des activités sexuelles avec des enfants âgés de 14 à 16 ans.
L'Association canadienne des policiers recommande que le Parlement procède avec célérité à l'adoption du projet de loi C-22, de sorte que les modifications qu'il renferme entrent en vigueur.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Monsieur le président, vous avez aujourd'hui des raisons d'être fier. Je crois que c'est en 1994 que vous avez déposé un projet de loi semblable, pour la première fois, et vous êtes maintenant président du comité qui l'étudie. Rappelons que vous avez été élu en 1993, et que les enfants qui sont nés cette année-là ont maintenant 14 ans. C'est donc un moment important.
Aux autres membres du comité, je vous remercie de l'appui que je crois que vous donnez à ce projet de loi.
L'Alliance évangélique du Canada est l'association nationale des chrétiens évangéliques. Nos affiliés sont de 40 confessions et de plus de 75 ministères comme la Billy Graham Evangelistic Association, l'International Justice Mission dont vous avez pour beaucoup rencontré des membres, Vision mondiale Canada et de nombreux autres ministères communautaires qui travaillent directement avec les victimes de sévices durant leur enfance et d'agressions sexuelles. Nous comptons aussi parmi nos membres 35 établissements d'enseignement postsecondaire et plus de 1 100 églises. On estime en général qu'au Canada, il y a plus de 3 millions de Canadiens qui se considèrent comme évangéliques.
L'AEC défend depuis longtemps la protection des personnes vulnérables, particulièrement des enfants. Nous étions des intervenants devant la Cour suprême dans l'affaire Sharpe et nous avons ainsi contribué à la décision de la cour de maintenir les dispositions du Code criminel du Canada en matière de pornographie juvénile.
Nous avons présenté des mémoires au Comité permanent de la justice sur le projet de loi C-20 en octobre 2003, en avril 2005 quand le projet de loi a été déposé à la 38e législature sous le numéro C-2, soit la Loi pour la protection des enfants et d'autres personnes vulnérables. Nous avons aussi fait des représentations auprès du ministère de la Justice et du ministre de la Justice au sujet de la pornographie juvénile, de la prostitution juvénile et de l'âge du consentement.
Notre intérêt pour la protection des enfants découle du mandat biblique de défense des personnes vulnérables. Nous croyons que Dieu a créé toutes les personnes à son image et qu'il aime chacune d'elles. C'est ce qui fonde notre croyance dans la valeur de chaque personne. De ce respect pour la dignité humaine vient notre désir de traiter chaque être humain comme une personne ayant une valeur inhérente, et non comme un objet ou un jouet.
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À titre de chrétiens et de membres d'une église, nous aspirons à une société sans sexualisation précoce des enfants. Les pasteurs et conseillers de toutes les régions du pays ont souvent eu à conseiller des adolescents ayant vécu des expériences sexuelles précoces et savent personnellement quels dommages cela peut causer.
Nous sommes fermement convaincus que l'expression sexuelle la meilleure et la plus enrichissante est celle qui est vécue dans le cadre d'une relation conjugale à vie. Nous continuerons de promouvoir le rôle des parents et de leurs communautés spirituelles dans l'enseignement des valeurs qui façonnent la jeunesse, y compris la compréhension de leur identité sexuelle d'un point de vue chrétien.
Dans un même temps, nous sommes conscients qu'il n'est pas facile pour les enfants de grandir à cette époque-ci et reconnaissons que l'exception de proximité d'âge prévue par le projet de loi guidera les tribunaux en matière de relations sexuelles entre adolescents.
Certains ont dit craindre que ce projet de loi ne criminalise les relations entre adolescents qui seraient autrement, de leur avis, tout à fait saines et légitimes. Dans un article paru dans le magazine Maclean's du 4 juillet 2006, il est écrit, et je cite:
[...] les critiques craignent que, si cette loi entre en vigueur, on fasse fi de la situation unique et des besoins développementaux particuliers des adolescents.
On cite ensuite un expert:
« [...] Quand il y a une limite arbitraire, on n'a pas la marge de manoeuvre nécessaire pour appliquer la loi de façon adaptée et individuelle », selon Peter Dudding, directeur exécutif de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada.
Or, il faut reconnaître que toutes les lois fédérales et provinciales s'appliquant à un groupe d'âge précis prévoient une limite d'âge arbitraire, qu'il s'agisse d'obtenir son permis de conduire, de consommer de l'alcool ou d'acheter des cigarettes. Ces restrictions sont imposées à ce groupe d'âge parce que la société sait qu'il lui incombe de protéger les enfants. À quel âge a-t-on la maturité nécessaire pour s'engager dans des activités qui pourraient avoir des conséquences permanentes? Outre la question de la maturité, il y a des questions de santé et de sécurité associées à chacune de ces activités et c'est pourquoi il faut avoir un certain âge pour s'y adonner en toute légalité.
Il importe de noter que Statistique Canada signale que le fait d'avoir ses premières relations sexuelles jeunes augmente le risque de contracter une maladie transmise sexuellement. Ceux qui ont eu des relations sexuelles avant l'âge de 13 ans étaient deux fois plus susceptibles de signaler avoir contracté une MTS que ceux qui avaient eu leur première relation sexuelle plus vieux. Diverses études faites par le gouvernement du Canada ont démontré que le risque accru de contracter une MTS et les autres effets préjudiciables de la sexualisation précoce de nos enfants peuvent avoir des répercussions permanentes; il est donc tout à fait raisonnable que notre société reconnaisse la nécessité d'imposer des limites à l'activité sexuelle des enfants et adolescents. C'est ce que tente de faire le projet de loi.
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Bonjour. Je m'appelle Carrie Kohan. Je m'occupe de défendre les droits des enfants. J'ai fondé Mad Mothers Against Pedophiles et je suis cofondatrice de Project Guardian.
À l'occasion de divers projets de loi, j'ai témoigné devant le comité au fil des ans et encore une fois, je remercie votre comité de m'avoir invitée aujourd'hui à exprimer mon point de vue sur cette question.
J'ai une impression de déjà vu devant le projet de loi , l'âge du consentement. En effet, le 7 octobre 2003, il y a quatre ans, j'ai témoigné devant le comité de la justice sur ce sujet précisément. Il s'agissait du projet de loi , Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur la preuve au Canada. Il s'agissait d'un projet de loi omnibus qui réunissait la pornographie mettant en cause des enfants sur Internet, le mérite artistique et le soutien aux témoins vulnérables. Chacun de ces sujets était une question très grave et il aurait sans doute mieux valu les traiter individuellement. Néanmoins, ils étaient réunis dans un seul grand projet de loi.
J'ai alors dit qu'abaisser l'âge du consentement tout en imposant des peines indulgentes, voire aucune peine du tout, aux pédophiles reconnus coupables ferait du Canada un paradis pour pédophiles, ce qui s'est avéré.
L'organisation EPCAT, dans un rapport de 178 pages diffusé en décembre 2006, affirme que le Canada est devenu en effet une destination de tourisme sexuel impliquant des enfants en raison de l'âge relativement bas du consentement. Si cela ne suffit pas à alerter les membres du comité de la justice, je ne sais pas ce qu'il faut pour vous inciter à apporter des changements et à comprendre dans quelle situation désespérée se trouvent nos enfants par suite de mesures prises par les législateurs pressés qui ne semblaient pas se soucier de leur sécurité.
En outre, le laxisme des peines infligées aux pédophiles reconnus coupables a contribué à faire de notre pays un paradis pour eux. En octobre 2003, sous le gouvernement précédent, j'ai présenté au comité de la justice des statistiques de 1997 qui démontrent qu'ici, 60 p. 100 des pédophiles reconnus coupables se voient infliger une peine d'emprisonnement et 40 p. 100 des mises en liberté sous condition ou encore des détentions à domicile. Pour les 60 p. 100 qui sont emprisonnés, la peine purgée en moyenne est de six à huit mois. Cela s'explique du fait que le Canada n'inflige pas les peines maximales prévues. Quand c'est le cas, les condamnés très souvent interjettent appel et obtiennent une peine beaucoup plus indulgente.
Ce n'est pas parce que les juges canadiens refusent d'infliger la peine maximale. Au Canada, ils ne peuvent pas le faire. En effet, à supposer qu'un juge inflige une peine maximale, le pédophile déclaré coupable, ayant interjeté appel, obtiendra sans doute gain de cause et ce sera au détriment des enfants canadiens et de la société dans son ensemble. Ainsi, le juge n'a pas le choix et il doit fonder sa décision sur la jurisprudence, étant donné que notre système juridique est fondé sur le droit civil.
Prenons le cas d'une déclaration de culpabilité rendue récemment aux États-Unis. Selon le département de la Justice et le Bureau du procureur des États-Unis, le 3 novembre 2006, un homme de 54 ans, James — ou Jimmy — Oliver de West Palm Beach a été déclaré coupable et condamné à 130 ans de prison pour seulement quatre inculpations d'exploitation sexuelle et une inculpation de possession de pédopornographie. Le condamné avait échangé de la pédopornographie en ligne avec un autre homme, notamment une bande vidéo de lui-même dans un acte de fellation avec un enfant prépubertaire dont il avait la garde. Quand la police a saisi les pièces à conviction au domicile de M. Oliver, elle a également trouvé des images de pédopornogaphie sur son ordinateur.
Le 6 octobre 2006, le grand jury fédéral de West Palm Beach a porté 19 chefs d'accusation de remplacement contre Oliver, l'inculpant pour sept accusations de distribution de pédopornographie et d'une accusation pour avoir reçu de la pédopornographie, chacun des chefs d'accusation exigeant une peine d'emprisonnement minimum obligatoire de cinq ans, jusqu'à concurrence de 20 ans.
On a également porté contre Oliver deux accusations de pédopornographie à l'endroit d'un mineur dans l'intention de l'inciter ou de le persuader à s'adonner à des activités sexuelles avec lui. Les condamnations en l'occurence entraînent un minimum de cinq à 20 ans d'emprisonnement. On a également porté contre Oliver quatre accusations d'exploitation sexuelle d'un mineur dans l'intention de créer de la pédopornographie, chacune d'entre elles entraînant une peine minimum obligatoire de 15 à 30 ans.
On a porté contre Oliver quatre accusations parce qu'il avait permis à un mineur dont il avait la garde ou le contrôle de s'adonner à une conduite sexuelle explicite dans le but de créer de la pédopornographie, ce qui entraîne également une peine minimale obligatoire de 15 à 30 ans. Enfin, on a porté contre Oliver une accusation de possession de pédopornographie, ce qui entraîne une peine maximale obligatoire de 10 ans. Au total, la peine de prison infligée à Oliver était de 130 ans.
Le juge américain a également ordonné un dédommagement de 11 142 $ pour couvrir les frais des consultations psychologiques de la victime, de même qu'une cotisation spéciale de 500 $. Le juge a également indiqué qu'aucune peine de prison, aussi longue soit-elle, ne pouvait réparer les dommages sérieux causés à ces enfants.
Il est évident que les États-Unis d'Amérique ont une politique de tolérance zéro pour ce crime. Comparons maintenant la situation au Canada. Pouvez-vous comprendre pourquoi nous sommes considérés comme l'un des endroits, à l'heure actuelle, où l'on peut venir, violer des enfants et créer de la pornographie juvénile avant de la distribuer? En mai 2006, un homme de Montréal, que l'on ne doit pas nommer en raison de nos lois, a agressé sa fille lorsqu'elle avait entre 24 mois et 4 ans. Il a publié les photographies de ce crime sur Internet. On a également découvert qu'il possédait environ 5 000 photographies et 5 000 vidéos de pornographie infantile sur son ordinateur, dont certaines où l'on voyait de très jeunes enfants et des nourrissons.
En passant, cela m'amène à vous parler de quelque chose d'autre dont je voudrais discuter plus tard — la question de la prise d'échantillons par les policiers. C'est quelque chose qu'il faut examiner.
En tout cas, cet homme canadien de 32 ans s'est vu infliger une peine maximale de 15 ans en novembre 2005. Toutefois, son appel a été accueilli devant la Cour d'appel du Québec et sa peine a été réduite, pour passer de 15 à 9 ans. Toutefois, au Canada, neuf ans ne signifie pas vraiment neuf ans; ça signifie entre trois et six ans, sans compter le temps passé en prison.
Lorsque la Cour d'appel a diminué la peine, le juge Côté a indiqué que les crimes commis par l'homme ne faisaient pas partie des pires agressions sexuelles jamais commises. Il a également mentionné son jeune âge — pas le jeune âge de sa victime, mais son jeune âge à lui. Le tribunal a également mentionné que l'homme n'avait été condamné au criminel qu'à une seule autre reprise, pour avoir agressé sexuellement un autre enfant lorsqu'il avait 17 ans.
Nous avons donc ici deux crimes semblables. Le pédophile condamné au Canada avait déjà été condamné et possède plus de 1 000 articles de pornographie juvénile et obtient entre cinq et six ans de prison, une prison que les Canadiens surnomment maintenant « Club Fed ». L'autre pédophile, condamné aux États-Unis, a obtenu 130 ans pour pratiquement le même crime, et il n'avait jamais été condamné. Selon vous, à quel endroit les pédophiles préféreraient-ils commettre leurs crimes? Dans un pays où ils pourraient obtenir une peine d'emprisonnement de 130 ans, ou un pays où ils obtiendraient un maximum de trois à six ans? Et, bien entendu, c'est à condition qu'ils se fassent prendre.
L'ancien comité de la justice du Canada, le solliciteur général, le ministre de la Justice et les premiers ministres que j'ai rencontrés ou avec qui j'ai discuté ces huit dernières années ont en fait placé les enfants canadiens en haut de la liste des cibles des pédophiles. La seule façon de remédier aux lois inefficaces de nos anciens gouvernements, c'est de créer de nouvelles lois qui vont refléter celles de nos voisins, afin que nous ne soyons plus une destination de choix pour les pédophiles.
Il faut augmenter l'âge de consentement, afin qu'il soit d'au moins 16 ans. En fait, la majorité des Canadiens à qui j'ai parlé, soit un grand nombre, voulaient en réalité que l'âge du consentement soit semblable à celui des États-Unis et d'autres pays, et qu'il atteigne 18 ans. Il faut inclure une clause portant sur les relations entre deux personnes ayant quatre ou cinq ans de différence. Il faut aussi revenir au moins un an en arrière pour tenir compte des relations précédentes entre deux personnes qui ont plus de cinq ans de différence — tout en agissant raisonnablement, bien entendu. Il faut également se conformer aux autres pays démocratiques et mettre en oeuvre des peines minimales de cinq ans, pouvant aller jusqu'à 20 ans, pour les différents crimes liés à la prédation des enfants. Personnellement, j'aimerais voir la loi de l'ange gardien Carrie adopter une échéance progressive pour ce type de peines.
J'espère que le comité de la justice comprend l'urgence de la situation, et j'espère également que le projet de loi et la sécurité de nos enfants ne deviendront pas un outil de négociation pour les autres partis politiques. Il serait honteux de démontrer que la volonté du parti n'est pas de protéger les enfants du Canada, mais plutôt d'utiliser le projet de loi pour les avantages politiques du parti ou pour réaliser des gains. Peu importe si l'utilisation du projet de loi comme un outil s'inscrit dans les moyens juridiques du parti politique ou non, je demande à tous les partis présents et aux membres du comité d'adopter le projet de loi, d'agir de façon désintéressée et de se comporter comme une union parlementaire pour appuyer la protection des enfants canadiens contre les prédateurs.
Demandez-vous combien d'enfants sont violés à l'instant même partout au Canada en raison de nos lois ridicules à venir jusqu'à maintenant et du manque apparent de protection pour les enfants canadiens. Et combien de pédophiles s'en tirent avec des peines de détention à domicile pour avoir abusé d'enfants sans défense?
Regardez le rapport de 178 pages. Vous constaterez que c'est une véritable honte nationale. Vous êtes les seuls, vous le comité, à pouvoir faire quelque chose à ce sujet. Veuillez relever immédiatement l'âge de consentement — dès aujourd'hui — et présenter unanimement un nouveau texte législatif créant des peines minimums pour les crimes violents et liés à la pédophilie tels que les quatre crimes violents que nous avons eus à Edmonton, en Alberta, au cours de cette dernière année et dont les victimes furent Shane Rolston, Josh Hunt, Dylan McGillis et, tout dernièrement, cette jeune de 13 ans, Nina Courtepatte. Cette peine sera prononcée demain.
Il s'agissait de crimes violents, les meurtriers méritent plus que d'être libérés sous caution et la détention à domicile.
Merci beaucoup.
Je suis désolé d'être arrivé en retard ce matin. Je suis plutôt malchanceux ces jours-ci, et j'espère que cette malchance ne m'a pas suivi dans la salle de comité ce matin.
Comme vous l'avez dit, je travaille pour le Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants. Je suis un membre de la GRC, mais je travaille au centre, qui fait partie de la stratégie nationale pour la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle sur Internet du gouvernement du Canada.
Chaque jour, mon travail consiste à m'occuper de l'exploitation sexuelle des enfants au Canada et à l'échelle internationale. Une de nos responsabilités en tant que centre national consiste à nous tenir au courant des nouvelles réalités afin d'harmoniser nos activités de prévention et l'application de la loi et d'en assurer l'efficacité. Nous aidons et appuyons les services de police partout au Canada en élaborant de la formation pour les enquêteurs, en recommandant des normes d'enquête et en repérant les obstacles législatifs et autres au maintien de la sécurité des foyers et des collectivités.
Dans l'exercice de ce rôle, le centre national consulte régulièrement les membres de la collectivité, les agents à la frontière, les travailleurs sociaux et médicaux et les enquêteurs de police qui sont chargés des enquêtes sur l'exploitation sexuelle par Internet. Je peux vous dire que, au cours de ces consultations, on a souvent mentionné que l'on devrait modifier la loi pour relever l'âge de protection lié aux activités sexuelles. Selon notre expérience, nous estimons que l'âge de protection actuel, fixé à 14 ans, entrave considérablement nos efforts en vue de protéger les enfants de 14 ou 15 ans contre l'exploitation sexuelle. Il est toujours préférable de prévenir et de décourager les actes criminels plutôt que de mener une enquête lorsque le mal est fait.
Nous estimons que la modification à l'étude aujourd'hui aiderait énormément à prévenir et à décourager l'exploitation sexuelle et faciliterait la tenue d'enquêtes sur les cas d'exploitation sexuelle d'enfants canadiens par des adultes.
Nous sommes d'accord pour dire que le projet de loi ne doit pas criminaliser les activités sexuelles entre adolescents. La loi reconnaît que les adolescents ont le droit d'explorer leur sexualité dans un environnement social sain avec des camarades de leur âge. Le projet de loi laisse entendre que les activités sexuelles entre adolescents sont des questions d'ordre moral et non juridique.
Le projet de loi est précisément conçu pour protéger les jeunes adolescents contre des adultes prédateurs s'attaquant à des jeunes de 14 et 15 ans qui ont l'air d'adultes, mais qui n'ont pas atteint la maturité affective. Plusieurs lois protectrices en vigueur reconnaissent que le développement de la maturité affective des enfants se poursuit au début de l'adolescence. Les enfants de 14 ans ne sont pas autorisés à voir des films destinés à des adultes, à conduire, à obtenir une carte de crédit, à consommer des boissons alcoolisées, à s'enrôler dans les forces armées ou à signer des documents juridiques; ils peuvent toutefois, selon la loi actuelle, consentir à des rapports sexuels avec une personne beaucoup plus âgée. Ainsi, à l'exception des activités sexuelles, les enfants de moins de 16 ans ne peuvent pas prendre part à des activités comportant des risques évitables.
Nous savons que certains adultes accordent une attention particulière à l'âge de protection. Nous visitons des sites Web et des bavardoirs qui encouragent les rapports sexuels entre adultes et enfants et qui énumèrent l'âge de consentement des pays de partout dans le monde. Bien entendu, le Canada y figure. Dans un site Web, on définit l'âge de consentement comme étant « l'âge auquel vous pouvez toucher à votre ami spécial sans que ni l'un l'autre n'aient d'ennuis ».
Ce qui complique le problème, c'est qu'Internet a créé un portail qui permet aux contrevenants sexuels de communiquer avec des enfants dans leurs foyers et leurs écoles, qui étaient auparavant sécuritaires. Selon notre expérience, il y a une abondance d'adultes en ligne, à tout moment de la journée, tentant d'établir des contacts avec un enfant à des fins sexuelles.
Récemment, lors d'un cours de formation portant sur la leurre par Internet, qui est bien entendu un problème énorme, 20 agents de police sont allés dans des bavardoirs publics pendant une heure. De ces agents qui se faisaient passer pour des enfants, neuf ont reçu des images vidéos en direct prises au moyen d'une caméra Web représentant des personnes qui se masturbaient, et plus de 12 tentatives de leurre ont été relevées. Un grand nombre de ces agents ont été approchés par des adultes qui cherchaient du sexe à peine quelques secondes après s'être connectés.
Le leurre est une source de préoccupation considérable, car Internet protège l'anonymat des contrevenants partout dans le monde et leur permet de communiquer avec de nombreux enfants en même temps sans quitter leur foyer, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils établissent un contact et planifient une rencontre. En premier lieu, les contrevenants demandent toujours l'âge, le sexe et l'emplacement de leurs contacts afin d'identifier les cibles viables.
Comme l'âge de consentement actuel est de 14 ans, les enfants de 13 ans sont souvent la cible des prédateurs. Ceux-ci consacreront plusieurs mois à la préparation d'un enfant en vue d'établir une relation sexuelle légale lorsque l'enfant aura 14 ans. Les enfants utilisent très souvent Internet pour établir des réseaux sociaux, et ce réseautage, ou cette utilisation de l'ordinateur n'est souvent pas supervisée. Les parents ne savent pas ce qui se passe, et vous avez sans doute entendu dire aujourd'hui qu'un sondage récent indique que 25 p. 100 des enfants rencontreront une personne qui les a contactés par Internet sans en parler à quiconque.
Vous avez également sûrement entendu dire qu'en plus d'enregistrer une hausse du leurre, le Canada est en train d'acquérir une réputation comme destination de tourisme sexuel. Nos enquêteurs ont visité des sites Web où des pédophiles des autres pays perdent la tête lorsqu'ils apprennent que des pédophiles canadiens disposent d'une loi qui leur permet d'avoir des rapports sexuels avec des enfants de 14 ou 15 ans. Récemment, des Européens et des Américains sont allés en Nouvelle-Écosse, en Saskatchewan et même ici à Ottawa, pour avoir des rapports sexuels avec des enfants ayant l'âge de consentement, parce que c'est illégal dans leurs pays.
Au Canada, l'âge de consentement est l'un des plus bas parmi les pays occidentaux industrialisés. Il est bien connu que le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Australie ont pris des mesures énergiques pour combattre l'exploitation des enfants sur Internet. Dans ces pays, l'âge de consentement est d'au moins 16 ans. Bien que le Canada ait montré son engagement à lutter contre ces actes criminels en adoptant des lois sévères, le projet de loi sur l'âge de protection permettra d'harmoniser nos lois à celles de ces pays.
Une affaire survenue au Québec la semaine dernière met en évidence un autre aspect du problème lié à l'âge de consentement actuel. Une adolescente de 15 ans a rencontré un homme de 50 ans sur Internet. Celui-ci l'a préparée puis a eu des rapports sexuels consensuels avec elle. Ses parents l'ont découvert. Ils se sont tournés vers les policiers pour obtenir de l'aide et ils se sont fâchés lorsqu'ils ont appris que rien ne pouvait être fait. Aucune accusation criminelle ne pouvait être portée. De plus, les policiers n'ont pas pu obtenir de mandat pour saisir son ordinateur afin de déterminer si le contrevenant était en train de préparer d'autres enfants, simplement parce que c'est permis ici.
Le projet de loi rehaussera l'uniformité des mesures législatives. Dans une affaire survenue récemment en Alberta, un homme adulte a mené une adolescente de 16 ans dans sa chambre d'hôtel et a pris des photos d'exploitation sexuelle. Il a été accusé, à juste titre, de production de pornographie juvénile. Cependant, s'il avait amené une adolescente de 14 ans dans sa chambre et s'il avait eu des rapports sexuels consensuels avec elle, sans les photographier, il n'aurait pu faire l'objet d'accusations.
Selon mon expérience, acquise lorsque je rencontrais des personnes pour consultation ou lorsque j'étais policier dans la rue, il est arrivé à d'innombrables reprises que des parents me téléphonent pour me dire qu'ils étaient outrés d'apprendre qu'une personne beaucoup plus âgée entretenait une relation avec leur enfant de 14 ou 15 ans. Ils croient, à tort, que les jeunes adolescents sont déjà protégés contre toute personne de cinq ans leur aîné. En fait, les Canadiens croient qu'il est illégal pour un homme de 50 ans d'avoir des rapports sexuels avec une adolescente ou un adolescent de 14 ou 15 ans. Je ne veux pas m'acharner sur les hommes de 50 ans.
Lors de nos conversations avec des membres du public ou de nos contacts avec les parents et les victimes, les gens sont souvent choqués d'apprendre que ce n'est pas le cas. Une fois qu'on a 14 ans, on est libre. Ce projet de loi reflète de façon plus exacte l'âge de protection qui sera, à notre avis, accepté par les Canadiens, qui croient en fait que cet âge existe déjà. La modification entraînera une augmentation de la charge de travail des policiers, parce que nous pourrons faire quelque chose pour régler ce problème maintenant, mais elle aura une incidence encore plus grande sur les enfants et leur famille, alors ça vaut la peine.
Si la modification est adoptée, le CNCEE et ses partenaires des services de police et des collectivités travailleront en vue de sensibiliser le public sur la hausse de l'âge de protection au Canada et l'informer que le Canada n'est pas une destination de tourisme sexuel.
Merci.
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Je ne pensais pas que j'allais assister ce matin à un débat comme si j'étais un élu à la Chambre des communes. Dieu merci, j'essaie d'éviter cela le plus souvent possible. On ne connaît jamais l'avenir, mais disons que ce n'est pas la partie des travaux du Parlement que je trouve intéressante, quoique j'aimerais parfois, lorsque j'écoute les débats, y participer.
On fait cela depuis des années. Vous avez peut-être constaté que notre présentation de ce matin a été très brève. C'était intentionnel, car nous savions qu'il y avait des représentants d'autres associations qui allaient faire état, en long et en large, de la nécessité et de l'urgence d'adopter ce projet de loi. Vous nous entendez souvent, et nous avons l'impression d'être la locomotive qui remorque tous les dossiers. Alors, sans être étonné, je suis heureux aujourd'hui d'avoir entendu les représentants des différentes associations et des corps policiers.
Quant à ce qui s'est fait dans le passé, j'ai répété à plusieurs reprises... On pense parfois que je suis un oiseau de malheur, celui qui annonce les mauvais dossiers à venir, qui prédit l'avenir avec pessimisme. Écoutez, il y a moyen de faire quelque chose maintenant. Quant à ce qui s'est fait dans le passé, j'espère toujours qu'un jour, ça va cesser. On a besoin de lois sévères pour protéger nos jeunes. Nos jeunes sont l'avenir. Or, ils sont exploités. Je ne peux pas imaginer que le Canada soit considéré comme un paradis pour les prédateurs sexuels. Je vais même plus loin. Chaque fois que j'accorde une entrevue, je grimpe dans les rideaux: dans le Code criminel, on parle de délinquants sexuels. Délinquants! Ce sont des prédateurs sexuels. Dans la loi, on les appelle des délinquants. Il faut arrêter. Il va falloir, à un moment donné, cesser de dire qu'on ne veut pas ressembler aux Américains, aux États-Unis. Je me fous de la comparaison. Je parle de nos jeunes, des jeunes Canadiens que nous devons protéger. Il est temps d'agir. Il me semble qu'il y a un consensus. Je ne veux pas participer à votre débat afin de déterminer depuis combien de temps, combien de mois, combien d'années ça traîne. J'espère seulement qu'il y aura un consensus au sein du comité actuel pour adopter ce projet de loi rapidement.
On parle également de l'âge de consentement et de sentences minimales sévères. Il faut envoyer un message à ceux qui pensent que s'ils viennent ici, ils ne s'exposeront pas à des représailles comparables à celles auxquelles ils s'exposeraient s'ils allaient dans certains autres pays, que le Canada peut même être un pays où on leur permettra de purger une sentence dans la communauté. Mme Kohan s'est montrée très explicite à ce sujet: les Américains partaient pour des années. Ils viennent dans les centres commerciaux ici pour y faire du recrutement. Il y a une limite à cela!
J'entends souvent des commentaires au sujet des gens qui vont en République dominicaine faire des voyages sexuels. C'est bizarre, mais maintenant, dans les autres pays, on parle également des gens qui vont au Canada de la même façon qu'on parle des gens qui vont en République dominicaine. Si c'est pour des voyages sexuels, le Canada fait maintenant partie des destinations. Il est temps que ça cesse.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je ne demande pas à qui que ce soit de répliquer aux propos que je vais maintenant tenir. Je siège à ce comité depuis maintenant trois ans et ce que j'ai pu constater pendant ce temps... Mes propos ne visent pas M. Murphy qui ne faisait pas partie du comité, mais Mme Jennings, elle, y siège depuis aussi longtemps que moi. Je n'ai jamais rien vu de pareil. Quelle hypocrisie. Je répète que je ne vous demande pas de répliquer à ce que je dis, mais lorsque j'entends des témoignages comme ceux que vous nous avez donnés aujourd'hui, je ne vois pas comment qui que ce soit s'opposerait à ce qu'on porte de 14 à 16 ans l'âge de consentement aux relations sexuelles. Je ne vois vraiment pas comment cela pourrait être possible.
Nous savons cependant que personne n'a réclamé que cela soit fait par le passé. Cette mesure aurait dû être prise il y a longtemps. Il est tout à fait faux de dire que certains membres du comité avaient déjà proposé que l'âge de consentement aux relations sexuelles soit relevé.
Il ne s'agit cependant que d'une des mesures qui seraient nécessaires pour régler ce problème. J'en suis conscient. D'autres personnes nous ont déjà dit ce que vous nous avez dit, madame Kohan.
La preuve anecdotique est légitime. Nous étions tous à Ottawa lorsque quelqu'un du Texas, où l'âge de consentement aux relations sexuelles est de 16 ans, est venu dans l'intention d'avoir des relations sexuelles avec un enfant de 14 ans avec lequel il avait communiqué par Internet. Les parents de cet enfant étaient aussi surpris que nous d'apprendre que la police ne pouvait pas intervenir. Il était impossible de porter des accusations contre cette personne parce que la relation était consensuelle. Ce n'est pas illégal.
Pour ce qui est du leurre par Internet, nous avons l'occasion avec le projet de loi ... Je crois que la détention à domicile ne devrait jamais convenir dans le cas du leurre par Internet, parce que c'est chez eux que ces gens ont accès à l'Internet. S'ils étaient emprisonnés, l'accès à Internet serait réglementé. S'ils sont en liberté, ils auront de nouveau accès à un ordinateur. Par le projet de loi C-9, nous aurions pu éliminer les peines avec sursis dans le cas du leurre par Internet. J'aimerais connaître votre avis en particulier sur la question du leurre par Internet.
Je vais faire quelques observations et vous pourrez ensuite intervenir.
Ce qu'on nous dit aujourd'hui sur la rapidité à laquelle une personne... C'est comme si on lançait un hameçon dans un bassin plein de poissons. Ces prédateurs attendent sur Internet qu'un enfant de 13 ans se branche.
J'ai rencontré un agent de police de ma ville qui m'a raconté des choses très intéressantes. La force policière régionale de Rothesay ne compte que 20 membres, mais elle a dû affecter une personne à la lutte contre l'exploitation des enfants sur Internet. L'agent m'a dit qu'il ne s'écoulait qu'une minute ou deux lorsqu'il prétendait être une jeune fille de 13 ans, ce qu'il fait régulièrement, pour que quelqu'un lui propose d'ouvrir sa caméra Web. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
On nous a aussi présenté d'autres preuves anecdotiques et certains d'entre vous y ont fait allusion. Il est tout à fait inacceptable que le Canada soit vu comme une destination pour le tourisme sexuel impliquant les enfants parce que l'âge de consentement aux relations sexuelles n'est que de 14 ans dans notre pays. Pensez-vous effectivement qu'il y a des gens qui viennent au Canada pour exploiter nos enfants? Compte tenu de ce que vous nous avez dit aujourd'hui, je crois que certains témoins vont dire que nous allons trop loin et qu'il ne convient pas de relever l'âge de consentement aux relations sexuelles.
Vous semblez tous en faveur du relèvement de l'âge de consentement aux relations sexuelles, mais je peux vous assurer qu'un autre groupe de témoins nous dira que cette mesure n'est pas nécessaire. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Merci, monsieur le président.
Je ne suis pas très familier avec ce dossier. Toutefois, je suis le père de trois fillettes et j'ai fait de la politique municipale pendant douze ans; je comprends donc les façons de faire dans les collectivités. Je comprends les corps policiers. Nous avions un service de police municipal, puis la GRC. J'ai vécu ce changement et je n'avais jamais entendu un agent de police, et encore moins un représentant de la police, dire « les tribunaux ne nous appuient pas ». Je vais examiner la question de plus près de mon côté, en écrivant aux personnes intéressées.
Il a été question de res gestae en l'occurrence et les choses ont été abordées sous l'angle émotif et dans leur contexte, mais, monsieur Griffin, je ne veux pas que nous perdions du temps — ce que nous semblons avoir fait quelque peu — en parlant de l'aspect politique et des émotions que ce phénomène suscite. Je comprends aisément que cette question provoque beaucoup d'émotion.
Je pense que, pour la première fois, ce projet de loi prévoit une exemption lorsque l'écart d'âge est de moins de cinq ans. Je pourrais me tromper, mais je pense qu'en raison de cela, il sera très facile d'appuyer ce projet de loi. À mon avis, nous devrions proposer une motion de consensus, ne pas entendre d'autres témoignages et adopter ce projet de loi. Voilà ce que nous devrions faire, quant à moi, et je pourrais proposer une motion dans ce sens, monsieur le président.
Au sujet des faits, je pense que M. Comartin... En fait, je suis toujours prêt à m'opposer au NPD, mais je crois que M. Comartin a été injustement attaqué parce qu'il a dit qu'il voulait connaître les faits. Or, il semble que c'est le vide total à ce sujet et qu'il n'est pas possible d'obtenir des statistiques.
[Français]
Je pense qu'il est important de mentionner que dire que le Canada est derrière la plupart des pays industrialisés à ce sujet n'est pas l'exacte vérité parce que la France, l'Italie et l'Allemagne, par exemple, qui sont des pays industrialisés de l'Ouest, ont un âge de consentement et des règles semblables. Nous sommes maintenant dans la moyenne et nous regardons en direction des États-Unis et de l'Australie. C'est bien, mais il est bon de dire la vérité.
[Traduction]
Bref, nous sommes à mi-chemin. Au début, le Code criminel fixait à douze ans l'âge du consentement, mais les choses évoluent. Voici où nous en sommes aujourd'hui.
J'aimerais bien avoir de l'information, surtout des témoins qui sont des enquêteurs de la police. On semble nous dire que les dangers vont croissants, et je n'en doute pas.
Tant que mes fillettes iront sur le site de Club Penguin, je n'ai pas de soucis à me faire. Je n'ai pas d'actions dans Club Penguin, mais je devrais peut-être y songer. Je pense qu'ils prélèvent un certain montant sur ma carte de crédit tous les mois.
L'Internet et les ordinateurs sont au coeur du problème. En tant que législateurs, que pourrions-nous faire de plus pour sévir contre les coupables, que ce soit sur le plan des télécommunications ou des ressources?
Vous avez parlé du manque de ressources, et je suis bien au fait de ce problème dans la police. J'ai connu ces difficultés aussi, avec le budget, et je me suis allié à la GRC pour essayer d'augmenter le nombre de patrouilleurs de rue.
Que pouvons-nous faire pour nous attaquer à la véritable source du problème, c'est-à-dire l'Internet?
Je pose la question tout d'abord aux représentants de la GRC.
Permettez-moi de vous féliciter. La Gendarmerie a connu un succès retentissant dernièrement dans la lutte contre ce fléau à l'échelle internationale.
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Je veux d'abord vous remercier pour vos présentations. C'était vraiment très intéressant, d'autant plus qu'on a abordé la question sous divers angles, notamment celui de l'information. Je vois ici beaucoup de professionnels, à commencer par M. Hanger, qui a déjà présenté tout ça, Mme Kohan, qui semble bien connaître le Comité de la justice, et M. Comartin, qui en connaît long sur le sujet.
Pour ma part, je suis nouvellement élue. Je suis un peu comme M. Frizzel, qui disait être très impressionné, depuis un an, par l'ampleur de ce problème. En tant que nouvelle parlementaire, je n'ai pas tout ce bagage et je ne connais pas tous les litiges entre les partis ou toutes les négociations. Je ne suis pas rendue à ce niveau.
Je suis mère de famille. J'ai un fils de 14 ans. Depuis plusieurs années, je suis membre du Barreau du Québec, donc avocate. Je n'avais jamais pensé que le problème décrit ce matin avait une telle ampleur. Je vois qu'on parle beaucoup d'Internet. On n'a pas parlé des formes d'exploitation que subissaient les filles avant l'avènement d'Internet.
Pour ce qui est d'Internet, je me pose des questions en tant que mère d'un fils de 14 ans. Je n'en avais jamais parlé au comité, mais ce matin, ces questions me préoccupent de façon personnelle de même qu'en tant que représentante de nombreux commettants, concitoyens et concitoyennes. Comment peut-on protéger nos enfants? Mon fils de 14 ans m'a demandé un nouvel ordinateur pour son anniversaire. Tout ce que j'entends m'amène à me demander si on prévoit offrir de la formation à ce sujet. On en est à se demander comment on va réussir à trouver les prédateurs, mais on sait que cette chasse ne va permettre que d'en trouver une infime partie.
Ce que j'ai dit hier en guise de préambule devant le ministre de la Justice pourrait se résumer de la façon suivante: Il est bon de criminaliser, d'augmenter l'âge et tout cela, mais ce qui est important, c'est d'éduquer nos enfants. Que prend-on comme mesures? On peut essayer de changer tout le système judiciaire, mais que fait-on pour les protéger?
Bien des jeunes peuvent naviguer sur Internet beaucoup plus simplement que je ne saurai jamais le faire. Les policiers doivent les informer, les éduquer, n'est-ce pas? Avez-vous des programmes à cet effet? C'est bien beau de faire la chasse aux prédateurs, mais il faut éduquer ces jeunes et leur expliquer ce qu'est la relation d'exploitation, de façon à ce qu'ils ne tombent pas dans ce piège.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'ignore pourquoi nous semblons remettre en question ce texte de loi en particulier, puisque la Chambre a déjà adopté le projet de loi, en principe. Donc le travail de notre comité ici est vraiment de tâcher simplement de déterminer si les dispositions du projet de loi sont prêtes à être mises en oeuvre et, d'après ce que je constate, il y a peu d'aspects sur lesquels on ne peut pas s'entendre.
Au fil des ans, le comité a eu l'occasion de prendre connaissance d'énormément de matériel sur la pornographie juvénile, qui était tout à fait abominable, et nous avons eu l'occasion d'en prendre connaissance plus d'une fois, au cours des dix ou 20 dernières années, et nous avons adopté des lois très rigoureuses en matière de pornographie juvénile. Nous les avons adoptées. En fait, la Cour suprême a annulé l'une d'entre elles, du moins en partie. C'est donc un processus qui existe depuis un certain temps.
Je n'ai jamais entendu un détective de la section des homicides dire qu'il appréciait vraiment les fruits de son travail. Le milieu de travail ne leur plaît pas. La vie est parfois dure pour ceux qui travaillent dans le domaine du maintien de l'ordre. C'est tout simplement la réalité. La même chose est vraie dans le cas de l'exploitation des enfants. En fait, nous pouvons adopter toutes les lois que nous voulons, y compris celle-ci, mais nous aurons toujours besoin de moyens pour l'appliquer. Nous avons des lois très solides en matière d'homicides. Il n'en demeure pas moins qu'il faut les appliquer, qu'il faut des enquêtes, des poursuites, des condamnations, l'imposition de peines.
Ce sera donc la même chose, même si nous adoptons cette loi. Cela ne signifie pas qu'il n'y aura plus d'incidents d'exploitation d'enfants.
Il y a cinq ans, nous avons adopté une loi interdisant le leurre sur Internet. J'ignore d'où vient l'impression selon laquelle il n'existe aucune loi dans ce domaine. M. Frizzell a laissé entendre qu'il s'agit d'un univers complètement nouveau. Il y a cinq ans, le Parlement a réagi et a adopté la loi en question. J'ignore quels en sont les résultats sur le plan statistique, mais la loi a été adoptée. Aujourd'hui, nous en sommes à l'étape de l'application.
Je veux poser une question à Mme Scanlan. Je suis en train d'examiner certains chiffres concernant la justice. Cette réponse pourrait intéresser le public. Elle concerne l'application de l'article 153 concernant l'exploitation sexuelle des enfants. Selon Juristat, document publié par le Centre canadien de la statistique juridique, 62 p. 100 des accusations portées par la police et les procureurs en vertu de l'article 153, au cours des dix dernières années, ont été retirées ou suspendues — 62 p. 100. Désolé, ce chiffre était de 62 p. 100 l'année dernière, mais a varié entre 51 p. 100 et 62 p. 100.
Je suis intrigué par ce pourcentage très élevé d'accusations qui ont été retirées en ce qui concerne cette infraction en particulier. Il est très élevé. Habituellement, lorsqu'un cas est porté devant les tribunaux, on envisage que le trois quarts d'entre eux seront entendus — 80 p. 100 d'entre eux et non pas que 62 p. 100 des accusations seront retirées. Dans votre travail, avez-vous eu l'occasion de constater ce pourcentage d'accusations retirées ou suspendues par les procureurs, et dans l'affirmative, quelle en serait la raison?
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Je tiens à remercier chacun d'entre vous des témoignages que vous nous avez présentés aujourd'hui, mais je tiens également à vous remercier du travail que vous faites pour défendre une cause qui vous tient à coeur. Vous voulez vraiment que l'on prenne des mesures concrètes, cela est évident, et j'apprécie ce genre de conviction et de dévouement.
J'ai visité le centre en compagnie de Paul Gillespie et certaines des personnes de Toronto. Je sais à quel point il s'agit d'une tâche horrible. Madame Scanlan, je vous demanderais de transmettre ma gratitude la plus sincère à chacun d'entre eux. J'ai peine à imaginer comment ils arrivent à tenir le coup dans des conditions aussi difficiles.
Je suis là depuis longtemps. Avant l'Internet et tout cela, nous connaissions ce problème avec l'âge du consentement. En tant que directeur d'école, j'ai eu l'occasion de m'occuper de plusieurs incidents de ce type. On ne pouvait rien faire parce que les jeunes avaient 14 et 15 ans et qu'ils étaient consentants. Mais ce que je tiens à signaler, c'est que pratiquement chaque fois que cela s'est produit, ce genre de situation s'est pratiquement toujours terminée de façon tragique. Je songe à cinq cas particuliers, dont trois ont abouti au suicide; un qui s'est terminé par des voies de fait de la part du partenaire plus âgé, qui ont eu des conséquences tragiques, ce soi-disant consentement ayant entraîné des dommages au cerveau irréparables, et dans le dernier cas, la jeune fille s'est retrouvée avec deux enfants avant d'atteindre l'âge de 17 ans, et a été abandonnée.
Je sais à quel point la situation est grave. Je sais que l'Internet offre de nouveaux moyens aujourd'hui de leurrer les jeunes. Je m'en rends bien compte. Je pourrais aborder certains de ces aspects. Le président et moi-même sommes ici depuis 1993. Je sais personnellement qu'il s'en est pris à tous les ministères de la Justice qui se sont succédés dans le cadre du gouvernement majoritaire de M. Chrétien, afin qu'ils interviennent. Nous avons fait des démarches auprès de chacun d'entre eux. Elles n'ont jamais abouti.
Le 28 septembre 2005, le député de Lethbridge a présenté le projet de loi qui prévoyait précisément ce genre de mesures. Au moment du vote, 99 députés ont voté oui et 167 ont voté non. J'étais estomaqué, parce qu'il ne fait aucun doute dans mon esprit que personne ici présent refuse de prendre des mesures pour protéger ses enfants. Je sais qu'ils veulent les protéger.
Je respecte M. Comartin, de même que son expérience et sa compétence en ce qui concerne les pédophiles. Personnellement je ne possède aucune de cette expérience ou de ces compétences. Je ne voudrais même pas faire concurrence à M. Comartin dans ce domaine. Et je ne me soucie pas vraiment des statistiques. Vous savez, si cela se produit dans un cas, c'est un cas de trop, et c'est le genre de statistiques auxquelles je me fie.
Tout ce que je demande, c'est si l'un des membres du groupe a une opinion quant à ce qui empêche ce genre de loi de voir le jour. Je suis ici depuis treize ans et ce genre de loi n'a toujours pas été adoptée. À votre avis, quelle en est la raison?
Je vous dirais qu'à mon avis, les tribunaux décident que les lois qui sont prises ne sont pas constitutionnelles. Les lois ne résisteraient pas à une contestation en vertu de la charte. Si tel est le cas, nous devons remédier à la situation, parce que cela nous empêche de protéger nos enfants. C'est mon opinion. Pourriez-vous me donner la vôtre?
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Je vous remercie, monsieur Hanger.
Il est assurément formidable d'entendre aujourd'hui le témoignage de cinq groupes très respectés. J'ai entendu quelqu'un dire qu'il ne s'agissait que de preuves anecdotiques. D'après ce que nous avons entendu de la part de nos électeurs dans nos circonscriptions, et compte tenu du fait que cinq groupes nous disent tous essentiellement la même chose, je dirais que ce projet de loi doit être absolument adopté. Nous devons changer beaucoup plus que les preuves circonstancielles. Les histoires que nous lisons dans les journaux à propos d'horribles incidents ne peuvent à mon avis que nous motiver à améliorer ce projet de loi et témoigne de façon éloquente de la nécessité de le faire.
J'ai trouvé, madame Kohan, que vous avez fait une observation très éloquente. Vous avez dit que le système judiciaire encourage la récidive et vous avez parlé de refuge pour pédophiles. Cela me fait songer à deux questions que j'aimerais poser de façon générale.
D'abord, dans quelle mesure à votre avis les personnes qui essaient de violer des enfants font-ils preuve de stratégie? Si quelqu'un vit dans un État voisin du Canada, un État où l'âge de consentement est plus élevé, croyez-vous que cette personne ciblerait en fait des villes canadiennes qui sont plus proches de la frontière? Est-ce que les criminels agissent de cette façon stratégique?
Et deuxièmement, comme l'ensemble des parlementaires ont essentiellement pour objectif de protéger les enfants, croyez-vous que les mesures que nous sommes en train de prendre ici au Parlement, que ce soit l'élimination de la détention à domicile dans le cas de certains crimes, la volonté d'établir des sentences minimales, ou maintenant la loi dont nous sommes saisis — représentent-elles la voie générale à suivre?
Pourriez-vous commenter ces deux points, d'abord madame Kohan et ensuite monsieur Cannavino?