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Merci, monsieur le président.
Si vous me le permettez, je rappelle que l'amendement NDP-1était destiné à modifier le paragraphe 150.1(2.2) du projet de loi, c'est-à-dire le paragraphe de transition. J'ai déplacé dans le paragraphe 150.1(2.1) proposé la modification que je proposais pour le paragraphe 150.1(2.2), ce qui aurait pour effet de créer de nouveaux moyens de défense pour une personne accusée au titre des articles 151, 152, 173 et 271.
Le résultat ultime de cet amendement est donc de créer deux nouveaux moyens de défense en plus de la défense concernant la différence d'âge de cinq ans, si le couple était marié ou vivait... C'est dans le nouvel alinéa 150.1(2.1)b) ou c), la relation de conjoint de fait ou un enfant né de cette relation, toujours à la condition qu'il ne pouvait s'agir d'une relation d'abus ou d'exploitation, ce qui est le fond de l'alinéa d). Il s'agit donc d'une continuation de ce qui existe dans le projet de loi actuel.
Je peux ajouter à cela que, si cet amendement est adopté, je proposerai ensuite de supprimer le paragraphe 150.1(2.2), qui deviendrait superflu. Cette disposition ne serait plus nécessaire. Je crois que ce serait une conséquence inévitable de l'adoption de l'amendement que je propose au paragraphe 150.1(2.1).
Pour conclure, je dirais que cette proposition d'amendement résulte de la préoccupation que j'ai soulevée mardi et du débat que nous avons eu au sujet des 3 000 couples par an environ qui sont mariés ou vivent dans une relation conjugale de fait. Nous ne savons pas — car nous n'avons pas pu obtenir cette information — dans combien de ces relations la différence d'âge peut être inférieure à cinq ans. Au fond, ce que je tente de faire, c'est de protéger ces relations contre le risque de sanctions pénales. Malgré tout le travail fait par le comité, il nous a été tout simplement impossible d'établir le nombre de personnes, dans ces relations conjugales, où la différence d'âge est supérieure à cinq ans. Mon objectif est donc simplement d'éviter de criminaliser ces relations.
C'est tout ce que j'avais à dire, monsieur le président. Merci.
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Oui, monsieur le président. Je crois que cela me permettra aussi de préciser certaines des informations présentées au comité mardi dernier.
Tout d'abord, on vient de dire que le nombre de couples serait de 3 000 environ. Depuis la dernière réunion, j'ai pris contact avec mes collègues du Centre canadien de la statistique juridique, Karen Mihorean et Lynn Barr-Telford, qui ont comparu devant le comité. Nous avons discuté des chiffres mentionnés devant le comité, c'est-à-dire du fait que l'on estime que 0,07 p. 100 des jeunes de 15 ans sont mariés ou vivent dans une relation conjugale de fait, ce qui représenterait 72 personnes pour 100 000. Je ne parle pas ici de la population totale du Canada mais de la population estimée des personnes âgées de 15 ans.
Je dois cependant préciser que nous n'avons pas encore les données du recensement de 2006 par âge et par sexe. Statistique Canada travaille encore avec les données du dernier recensement, de 2001, en faisant des projections pour estimer la taille de ce groupe d'âge pour l'année en question. Si l'on poursuit le raisonnement, sa projection est que 0,07 p. 100 donne 316 personnes de 15 ans que l'on estime être légalement mariées ou vivre dans une relation conjugale de fait en 2006. Ce total représente 108 garçons de 15 ans et 208 filles de 15 ans.
Il est exact, comme on l'a dit ce matin, que nous n'avons pas la ventilation du pourcentage de ces relations qui correspondrait à l'exception du projet de loi concernant une différence d'âge de moins de cinq ans, ni le nombre de relations qui seraient touchées par le projet de loi parce que le partenaire serait plus âgé de plus de cinq ans. Dans le projet de loi C-22, on envisage le cas de relations où la différence d'âge serait supérieure à cinq ans et on prévoit une défense de transition à l'intention des couples concernés. Considérant les projections de Statistique Canada légalement mariées à l'âge de 15 ans, c'est-à-dire le chiffre de 316, j'avais estimé mardi pour le comité qu'il y en aurait un total de cinq au Canada en 2005. Évidemment, ce n'est pas une science exacte. Si l'on prend les 316 couples mariés ou conjoints de fait projetés pour 2006 et qu'on en déduit ce chiffre de cinq — une poignée —, on doit conclure que la quasi-totalité du groupe de 15 ans vit dans une relation conjugale de fait.
Dans le peu de temps dont j'ai disposé depuis la dernière séance, il ne m'a pas été possible de confirmé avec certitude qu'il n'y a absolument pas de jeunes de 14 ans dans ce genre de relations ou que Statistique Canada ne possède pas de données sur les personnes de 14 ans pouvant être mariées. Je croyais d'ailleurs que Statistique Canada ne recueillait pas de données à ce sujet mais je ne peux pas le confirmer. La meilleure information que je puisse vous donner est qu'il existe peut-être aujourd'hui environ 300 relations conjugales de fait et une poignée de relations de mariage.
Cela étant, pour essayer de comprendre s'il y aura un conflit entre le projet de loi et l'âge de consentement, et comment les provinces tiennent compte de l'âge dans leurs lois sur la célébration du mariage — c'est-à-dire qui peut obtenir un permit de mariage —, trois provinces n'autorisent pas le mariage aux personnes de moins de 16 ans. Ce sont le Québec, Terre-Neuve-et-Labrador et le Yukon — c'est-à-dire trois juridictions sur 13.
Dans les autres, quatre ont prévu une exception à la règle de l'âge — c'est-à-dire pour les moins de 16 ans, ou de 15 ans dans les deux autres Territoires — si la femme est enceinte. Il s'agit de l'Alberta, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut — dans ces deux Territoires, la limite d'âge pour pouvoir se marier est 15 ans — et de l'Île-du-Prince-Édouard. La limite est 16 ans dans ces deux provinces. Dans ces quatre juridictions, c'est un juge qui prend la décision, la condition étant que la femme soit enceinte.
Si l'on veut comprendre l'effet de ces dispositions sur le projet de loi , elles signifient que la personne demandant l'autorisation de se marier a déjà été victime d'une agression sexuelle selon le projet de loi C-22.
Dans les autres provinces, les critères changent un peu mais sont similaires à celui que j'ai mentionné — que la femme soit enceinte. Au Manitoba, le tribunal a le pouvoir de délivrer un permis si la personne a moins de 16 ans. En 1970, il était prévu dans la loi que le permis était automatiquement accordé si la jeune fille était enceinte. Depuis lors, la loi a été modifiée et l'octroi du permis n'est plus automatique. Le juge doit tenir compte des circonstances.
Au Nouveau-Brunswick, par exemple, il faut démontrer que le mariage serait convenable. En Nouvelle-Écosse, il faut que le mariage soit dans l'intérêt des parties. En Ontario, le permis est délivré en fonction des circonstances. En Saskatchewan, le juge peut délivrer le permis rétroactivement si les partenaires ont déjà consommé le mariage ou vivaient ensemble au moment de la demande.
Pour résumer la législation du mariage dans les provinces, la plupart n'autorisent pas le mariage aux personnes de moins de 16 ans ou ne l'autorisent que si la jeune fille est enceinte. Dans les autres, tout dépend des circonstances.
Je ne sais pas si cela vous est utile mais je peux vous donner un exemple de la manière dont un tribunal décide de tenir compte des circonstances pour octroyer ou non un permis de mariage.
il s'agit de l'arrêt Al-Smadi, du nom du père et ami, rendu en 1994 par la Cour du Banc de la Reine du Manitoba à Winnipeg. Dans ce cas, une jeune fille de 15 ans voulait épouser son ami de 27 ans. Elle habitait chez son père. Le père a donné son consentement. La question qui s'est posée au tribunal était de savoir s'il était acceptable, dans cette situation, d'accorder un permis de mariage à cette jeune fille de 15 ans.
Lorsque la demande a été formulée, on n'avait aucune indication que la jeune fille était enceinte et la Cour a donc rejeté la requête en disant qu'il n'était pas dans l'intérêt de l'enfant de se marier dans cette situation.
Si elle savait qu'elle était enceinte à ce moment-là, elle ne l'avait pas révélé, mais il se peut aussi qu'elle soit tombée enceinte plus tard, et l'affaire a donc été renvoyée en justice. Considérant qu'il avait le pouvoir d'accorder le permis dans une situation d'exception, le tribunal a autorisé le mariage parce que la jeune fille était alors enceinte.
Je n'ai pas trouvé beaucoup d'arrêts pertinents. J'ajoute que je n'ai pas donné cet exemple pour laisser entendre que tous les cas sont traités de la même manière mais simplement parce que j'ai pensé qu'il pourrait être utile au comité.
Il est vrai que certains couples seront immédiatement touchés par le projet de loi dès qu'il entrera en vigueur. Cette situation a été envisagée et c'est pourquoi une exception a été prévue.
Je crois qu'une question avait été posée à ce sujet mardi. Que se passera-t-il si le couple ne correspond pas à la définition, par exemple d'une relation conjugale de fait — le couple n'habite pas sous le même toit depuis au moins un an ou, dans le cas contraire, le couple n'a pas d'enfant et la femme n'est pas enceinte?
Évidemment, quand on a conçu le projet de loi , on s'est demandé où devrait se situer la limite si l'on voulait modifier la loi existante et, en outre, quelle serait la justification de cette nouvelle limite.
Les relations conjugales de fait sont traitées différemment dans le droit de la famille des diverses provinces. On trouve déjà une définition de ces relations dans le Code criminel où il est dit qu'il s'agit de relations conjugales d'au moins une année. Dans le projet de loi , on entérine cette définition mais on précise que la période pourrait être inférieure et que le couple pourrait avoir déjà un enfant ou attendre un enfant, ce qui ne va pas à l'encontre des dispositions provinciales.
Donc, le projet de loi aura un effet sur certaines relations actuelles. On prévoit des exceptions pour ces relations établies et limitées. On empêchera ou on criminalisera les nouvelles relations formées après l'entrée en vigueur du projet de loi étant donné que celui-ci disposera qu'il est illégal, si l'on a plus de cinq ans de plus, d'établir une relation avec une personne de 14 ans ou de 15 ans. Tel est le but du projet de loi C-22.
Il y a deux ans, j'avais comparu devant le comité au sujet du projet de loi précédent, le projet de loi , concernant la protection des enfants. Nous avions fourni au comité des informations sur l'âge des partenaires de ces jeunes de 15 ans. Ces informations avaient été présentées au comité sous la forme d'un tableau préparé par Statistique Canada, le Centre canadien de la statistique juridique. Elles indiquaient généralement que la plupart des partenaires qui avaient été identifiés au moyen des données du recensement de 2001 avaient plus que les cinq ans prévus dans l'exception. Nous ne pouvons pas donner d'explication à ce sujet.
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Il y a deux ans, lors de l'étude d'un projet de loi précédent, le projet de loi , le ministère de la Justice avait fourni au comité des informations sur ce que nous savions des relations de jeunes de 15 ans, mariés ou conjoints de fait, et de l'âge de leurs partenaires.
Je crois que monsieur Comartin a déjà fait allusion à ce tableau et je sais que d'autres députés en ont eu connaissance. Je peux en remettre un exemplaire à la greffière, en français et en anglais. C'est un document public.
Ce tableau montre que, selon le recensement de 2001, dans le cas des jeunes de 15 ans ayant déclaré être mariés ou être conjoints de fait, la différence d'âge de la plupart des partenaires était supérieure à cinq ans. Nous n'avons cependant aucune donnée permettant d'expliquer ce phénomène.
Il ne fait aucun doute que nos données sont limitées mais celles dont nous disposons confirment que certaines de ces relations seront touchées par le projet de loi , ce qui a d'ailleurs été envisagé dans le texte. À l'avenir, d'autres relations seront également touchées. Le but du projet de loi est d'empêcher un adulte de 25 ans de cohabiter avec une personne de 14 ans ou de 15 ans ou d'avoir une relation sexuelle quelconque avec elle.
Je rappelle d'ailleurs en conclusion qu'une relation sexuelle, selon la définition du droit pénal, ne se limite pas au coït. C'est peut-être ce qui vient à l'esprit de beaucoup de gens quand on parle de ce genre de relation mais, dans le cas qui nous concerne, il s'agit de toutes les formes de relations sexuelles, allant des attouchements jusqu'au coït. Il se pourrait fort bien qu'un couple n'ait pas encore consommé la relation mais qu'il soit considéré comme ayant une relation sexuelle.
Le but visé par le projet de loi est d'assurer une protection exhaustive aux jeunes de 12 ans ou de 13 ans et, en fait, à tous les Canadiens. Le projet de loi s'appliquerait à tous les cas de relations non consensuelles et à toute la gamme des activités sexuelles.
Je voudrais demander quelques précisions à monsieur Comartin.
Tout d'abord, en vertu de ce projet de loi, les grossesses, les mariages et les relations de fait seraient un facteur de protection. Au fond, il y aurait à ce sujet une exception permanente pour l'avenir. Au lieu de 3 000, c'est peut-être seulement quelque centaines de personnes qui entrent dans ce type de relations chaque année. Maintenant, elles seront légales. Par exemple, si quelqu'un peut cacher le fait qu'il est dans une relation illégale pendant un an, il pourra se défendre en disant qu'il est dans une relation conjugale de fait. Est-ce bien ce que prévoit votre amendement? C'est comme ça que je l'interprète mais je veux m'en assurer.
Deuxièmement, je pensais que la raison pour laquelle nous avions décidé d'attendre mardi était que vous alliez atténuer un peu votre texte pour produire quelque chose que le Bloc pourrait accepter. Je pensais que c'était pour cette raison que nous avions reporté le débat à mardi.
Troisièmement, si cet amendement n'est pas adopté, seriez-vous prêt à envisager que le mariage soit la seule exception permanente, et pas les deux autres?
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J'ai oublié quelle était votre première question mais, en vous écoutant, j'ai écrit « oui » comme réponse.
Non, l'objectif est que ce soit prospectif, pas simplement rétroactif, pas simplement des droits acquis.
En ce qui concerne la deuxième question, c'est-à-dire l'atténuation du texte, ce n'était pas mon interprétation. Ma réponse au sujet de la modification de mon amendement était, en réponse à la suggestion de monsieur Lee, qu'il était plus valable de placer cela comme argument de défense que dans le paragraphe de transition, comme l'avait fait le gouvernement.
Je pensais avoir indiqué clairement mardi que mon objectif était d'accorder une protection à ce que je pensais être à ce moment-là un nombre de relations pouvant atteindre 3 000 qui seraient criminalisées de manière continue. Comme je l'ai dit à monsieur Dykstra, je pense qu'il serait irréaliste de notre part de croire qu'au moins une bonne partie de ces relations ne se produiraient pas, et je n'étais tout simplement pas prêt à accepter de les criminaliser.
Troisièmement, monsieur Bagnell, serais-je satisfait si c'était seulement le mariage? Ma réponse à cette question est que vous devrez proposer cet amendement si le mien est refusé. Ou vous devriez peut-être le proposer dès maintenant et supprimer les autres parties du mien.
Comme vous l'avez sans doute constaté lors de ma discussion avec madame Morency, j'ai quelques difficultés à accepter qu'il n'y a que cinq mariages. Je pense qu'il y a en fait une proportion sensiblement plus élevée de ces 200 à 300 relations annuelles dont nous devons tenir compte. Je pense qu'il y a un plus grand nombre de mariages et que Statistique Canada ne les comptabilise pas tous. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est même 50 p. 100 — je ne le pense pas — mais je suppose que le reste est de l'ordre de 50 à 100, à peu près.
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Il me semble que ce que je fais ici, c'est que j'accepte qu'on relève l'âge du consentement jusqu'à 16 ans partout au pays.
Nous devrions prévoir des exceptions, des exceptions importantes pour la différence d'âge de cinq ans. Cela s'appliquera à un nombre élevé de relations. Nous avons vu les chiffres : 40 000 à 50 000 seront concernées; c'est-à-dire que le critère de l'âge protégera ces relations.
Nous en sommes donc maintenant à un très petit nombre de relations pour lesquelles je voudrais aussi prévoir une défense. La première catégorie est celle des personnes mariées. On peut voir ça de plusieurs manières, même avec certains réfugiés d'autres pays qui sont déjà mariés, pas volontairement, quand ils arrivent. Je sais que ces mariages ne sont pas reconnus dans nos lois sur l'immigration si l'un des membres du couple a moins de 16 ans mais, s'il s'agit de réfugiés, ils peuvent entrer au pays. Il y en aura donc dans cette catégorie.
Il y en aura aussi, et j'utiliserai les Territoires comme exemple, où le mariage peut être en fait... D'accord, nous aurons une bataille constitutionnelle dans ces cas. Encore une fois, ce sera un petit nombre.
Il y aura ensuite, et c'est ici que le nombre est plus élevé, probablement 200 à 300 par an... Je ne pense pas que les relations conjugales de fait vont disparaître, et nous essayons d'ailleurs de les protéger et, dans la grande majorité des cas, ces relations vont légèrement dépasser les cinq ans, comme le cas de Winnipeg que vous avez évoqué.
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Je veux remercier madame Morency pour les précisions qu'elle a apportées.
Dans le contexte des amendements proposés par monsieur Comartin, je veux m'assurer que je les comprends bien et je vais donc envisager un cas hypothétique.
Le 31 décembre 2007, une relation conjugale commence entre une fille de 15 ans et un garçon de 20 ans. Le 1er janvier 2008, le projet de loi sous sa forme actuelle — si la version du gouvernement est adoptée — entre en vigueur. Le 1er février 2008, un mois plus tard, des accusations pénales sont portées contre le garçon de 20 ans car la relation est illégale, si je ne me trompe. Le 1er mars 2008, la jeune fille est enceinte. Le garçon, qui avait été accusé, avait été libéré sous caution et avait réussi à entrer en contact au moins une fois avec la fille qui ne savait pas encore qu'elle serait enceinte mais, au moment du procès, la chose est évidente.
Dans cette situation, si le projet de loi était entré en vigueur, le garçon aurait commis un acte criminel car la relation conjugale avait débuté avant, ou le premier contact sexuel avait commencé — la fille n'était pas enceinte quand il a été accusé mais elle a été engrossée après qu'il ait été accusé. Le couple pourra-t-il alors s'adresser à un juge, dans les juridictions prévoyant une exception pour les moins de 16 ans qui sont enceintes, pour demander un permis de mariage? Le garçon aurait-il un argument pour se défendre?
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Je comprends pourquoi on veut prévoir un moyen de défense, même très limité, comme on l'envisage dans l'amendement mais je ne suis pas porté à accepter que ce moyen de défense englobe la catégorie de la cohabitation simplement comme cohabitation. En effet, ce que nous essayons de faire, c'est de criminaliser la cohabitation de personnes d'âge très différent. Nous disons que, dans l'intérêt public, un garçon de 25 ans ne peut pas cohabiter avec une fille de 15 ans ou de 14 ans parce que c'est criminel.
Maintenant, si l'on dit que c'est acceptable parce que la fille est enceinte ou parce que la cohabitation a duré au moins 12 mois, ça incitera simplement le couple soit à faire un enfant, soit à tenir au moins 12 mois. Or, le but de ce projet de loi est de criminaliser cette situation. Nous voulons l'interdire en disant que c'est un acte criminel et je ne suis donc pas prêt à prévoir une ligne de défense permanente, même si j'accepte l'idée de prévoir une ligne défense de durée limitée, à titre de transition, pour ce type de relation.
Je serais plutôt porté à accepter une exception lorsqu'il y a mariage mais simplement parce que, s'il y a mariage, dans ce type de circonstance, c'est parce qu'un juge a déjà donné son accord. Et ce serait un mariage légitimé par l'État, par le truchement d'un tribunal, ou peut-être légitimé par une cérémonie religieuse. Et ce pourrait être un mariage en bonne et due forme mais, si nous ne modifions pas la Loi actuelle, nous allons criminaliser ce mariage.
D'aucuns diront qu'il y aura beaucoup moins de mariages de cette nature si c'est criminalisé parce que le juge qui approuverait une telle relation dirait que nous ne sommes pas très portés à accepter ce genre de relation et qu'il ne va donc pas approuver le mariage. Toutefois, comme ce sont les provinces qui autorisent les juges à entériner ces relations par le mariage, je suis très réticent, pour des raisons de politique publique, à aller plus loin en essayant de criminaliser ce qu'un juge est au demeurant capable de faire.
Je limiterais l'exception uniquement aux cas où le couple est marié. S'il est marié, ça va mais il faut qu'il soit marié et, pour se marier dans cette circonstance, il faut qu'il passe devant un juge, et j'affirme qu'on devrait entériner dans le Code criminel le fait que, si un juge dit que les personnes peuvent se marier, je ne veux pas venir ensuite décriminaliser ce qu'un juge est capable de faire.
Je suis donc prêt à appuyer l'idée que le mariage soit une ligne de défense, mais uniquement le mariage.
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Merci, monsieur le président.
Je suis en grande mesure d'accord avec monsieur Lee, et monsieur Comartin avait raison en ce qui concerne l'une des remarques que j'allais faire. Je le remercie de l'avoir faite avant moi.
Il est clair à mon avis que, dans le cas du mariage ou des relations de fait, nous n'abusons pas avec ce projet de loi puisqu'il y a des dispositions de transition. La réalité très simple est que, dans plusieurs juridictions du Canada, les personnes de moins de 16 ans ne peuvent tout simplement pas se marier. Donc, l'exception concernant le mariage ne s'y appliquerait pas.
Dans les autres juridictions, où un ministre du culte ou un juge intervient... Au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, par exemple, il faut que la femme soit enceinte pour qu'une exception puisse être consentie. Donc, pour que le mariage soit accordé à une personne de moins de 16 ans, il faut que l'infraction ait déjà été commise.
Une voix: Ces deux Territoires ne sont pas...
M. Rob Moore: Ce sont les informations dont je dispose.
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Merci, monsieur le président.
En relisant l'amendement, je comprends bien l'objectif de monsieur Comartin mais je crois qu'il faut rappeler que nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il faut protéger les moins de 16 ans contre les relations d'exploitation. Nous discutons de cette question depuis déjà assez longtemps dans le contexte de l'exception de la différence d'âge de moins de cinq ans, ce qui est une exception très claire, puissante et large qui évitera de criminaliser des adolescents et leurs relations.
Je crois qu'il ne faut pas oublier la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons. C'est pour empêcher les jeunes de moins de 16 ans d'entrer dans des relations d'exploitation. Ni moi ni le gouvernement ne voulons créer une exception — qui, soit dit en passant, serait anticonstitutionnelle — dans le cas d'une personne mariée. Nous ne tenons pas à créer une exception anticonstitutionnelle ou une échappatoire.
Nous avons vu qu'il existe de telles échappatoires dans certains États américains et je ne pense pas que ce soit ce que nous voulions faire, c'est-à-dire indiquer à l'avance que l'on peut éviter ce qui serait autrement une relation d'exploitation et une relation criminelle en épousant cette jeune personne. Nous avons entendu des témoins parler d'une jeune personne ayant fui le foyer familial et dont les parents demandent à la police : « Que puis-je faire? Mon enfant de 14 ans vit avec un homme de 27 ans et ne veut pas revenir », et la police répond : « Nous ne pouvons rien y faire ».
Nous sommes donc tous d'accord avec l'objectif visé par le projet de loi. Maintenant, nous disons que si ces personnes sont mariées, nous voulons une exception dans leur cas. Je ne suis pas porté à créer cette échappatoire, à pousser les gens à rendre encore pire une situation probablement déjà mauvaise dans la plupart des cas.
Nous avons vu ce qu'ont fait certains États américains, sans succès à mon avis. Je suis sensible aux efforts déployés pour ciseler cet amendement mais je ne l'appuierai pas.