:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis ravi d'être de retour au comité.
Je suis content de voir ici M. Rick Dykstra, l'un de mes collègues de la péninsule du Niagara, qui est maintenant membre de votre comité. Je connais son intérêt pour les questions relatives à la justice, et je l'en remercie.
Monsieur le président, j'ai appris une chose avec les années : lorsqu'on prend la parole en public, il vaut mieux écrire à l'avance sur un bout de papier les noms des personnes dont on souhaite signaler la présence dans l'auditoire, de façon à ne pas en oublier. Hier, j'ai oublié quelqu'un. J'étais au colloque organisé à Ottawa à l'occasion de la Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d'actes criminels. Lorsque j'ai pris la parole pour présenter le premier ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, j'ai signalé la présence de mes collègues , et . Je n'ai pas vu dans l'auditoire, et je lui présente mes excuses.
En fait, Mme Jennings, je vous ai remarquée alors que je descendais de la tribune. Vous étiez assise dans la deuxième ou la troisième rangée. Je ne vous aurais pas oubliée délibérément. J'aurais certainement mentionné sans exception tous mes collègues à la Chambre des communes. À l'avenir, je reviendrai à mes bonnes vieilles habitudes, c'est-à-dire écrire le nom des personnes que je veux présenter, ou, m'abstenir.
Quoi qu'il en soit, je suis heureux de vous voir ici, et je suis heureux que vous ayez assisté à la réunion hier.
[Français]
Il me fait plaisir de rencontrer les membres du Comité permanent de la justice et des droits de la personne pour discuter du Budget principal des dépenses du ministère de la Justice.
[Traduction]
Et je suis bien entouré par les collaborateurs qui m'accompagnent ici aujourd'hui, et que vous venez de présenter, monsieur le président.
Comme vous le savez, monsieur le président, je ne suis pas uniquement ministre de la Justice et procureur général. Mon portefeuille englobe aussi la Commission canadienne des droits de la personne et la Cour suprême du Canada.
Bien entendu, le ministre de la Justice est aussi responsable du Bureau du directeur des poursuites pénales, créé en décembre dernier en vertu de la Loi fédérale sur la responsabilité, afin d'intégrer dans la législation le principe de l'indépendance des poursuites.
J'y reviendrai plus longuement dans un instant, mais d'abord, je tiens à dire que la mission du ministère de la Justice consiste à s'assurer que le Canada est une société juste et respectueuse des lois et dotée d'un système de justice accessible, efficient et équitable. Le ministère de la Justice offre des services et des conseils juridiques de haute qualité au gouvernement et aux ministères et organismes clients et il assure le respect de la règle de droit.
Dans ce contexte général, le ministère a une priorité spécifique, soit élaborer des mesures législatives et des politiques qui font échec au crime de façon plus efficace et qui rehaussent la confiance des Canadiens dans le système judiciaire. En définitive, ces efforts engendreront des collectivités plus sûres pour tous les Canadiens et auront une incidence concrète sur leur vie.
Monsieur le président, je suis heureux des progrès que notre gouvernement a accomplis en vue de concrétiser les priorités des Canadiens, particulièrement dans le domaine de la lutte contre la criminalité. Mon prédécesseur, le ministre Toews, s'était vu confier un ambitieux programme législatif. J'ai maintenant pris le relais à cet égard. Je continuerai à travailler assidûment afin de piloter le cheminement de diverses mesures à la Chambre et, bien entendu, je collaborerai avec votre comité.
Une priorité déterminante a guidé le travail de notre gouvernement au cours des 14 derniers mois, soit créer des collectivités plus sûres pour l'ensemble des Canadiens. Cette priorité exige en partie que nous nous attaquions à la criminalité. Dès le début de notre mandat, nous avons pris l'engagement d'adopter des lois plus rigoureuses pour s'attaquer aux problèmes des gangs, des armes à feu et des substances illicites; de sanctionner par des peines sévères les infractions graves et de protéger nos collectivités de la criminalité. Cet engagement demeure inébranlable.
Nous croyons aussi que le système de justice canadien doit s'adapter aux besoins du XXIe siècle de façon à ne pas être déphasé par rapport aux progrès technologiques et à une société de plus en plus avancée. Dans ces domaines, j'ai collaboré étroitement avec mon collègue, le , pour respecter notre promesse de lutter contre la criminalité.
Nous avons présenté des mesures législatives sur de nombreux fronts. Par exemple, le propose de renverser le fardeau de la preuve; toute personne inculpée d'une infraction grave commise avec une arme à feu devra désormais convaincre le tribunal de lui accorder une mise en liberté sous caution. Et le vise à enrichir notre banque de données génétiques en vue d'aider les forces policières à identifier les coupables et à exonérer les innocents.
Je suis heureux de pouvoir dire qu'avec l'appui de tous les partis à la Chambre, nous avons adopté le , qui crée de nouvelles infractions visant spécifiquement les courses de rue. Ces nouvelles infractions reconnaissent les courses de rue pour ce qu'elles sont, une activité téméraire et dangereuse qui, trop souvent, tue. Grâce à cette nouvelle loi, les personnes qui prennent les voies publiques pour des pistes de course seront passibles de sanctions plus sévères.
Nous avons aussi adopté une mesure législative présentée par mon collègue, le , en vue de renforcer la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Ces changements aideront le Canada à demeurer un chef de file mondial dans la lutte contre le crime organisé et le financement d'activités terroristes.
Nous sommes aussi déterminés à mieux répondre aux besoins des victimes d'actes criminels dans les domaines relevant de la responsabilité du gouvernement fédéral. Notre gouvernement a été à l'écoute des victimes d'actes criminels et a répondu à leurs attentes en les traitant avec le respect qu'elles méritent. Nous avons créé le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. D'ailleurs, hier, j'ai eu le plaisir de nommer M.Steve Sullivan premier ombudsman fédéral. Son bureau constituera une ressource indépendante pour les victimes d'actes criminels qui ont des préoccupations au sujet de domaines relevant de la compétence du gouvernement fédéral, notamment le système correctionnel. M. Sullivan travaillera en toute indépendance par rapport au gouvernement, de sorte que les victimes auront davantage confiance que leur voix sera entendue.
Nous avons aussi récemment débloqué 52 millions de dollars pour les quatre prochaines années afin de rehausser les programmes, les services et le financement accordé aux victimes d'actes criminels. Ces ressources permettront, notamment, d'augmenter l'aide financière accordée aux victimes d'actes criminels qui décident d'assister aux audiences de détermination de la peine pour y présenter une déclaration ou aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles; d'accroître le financement pour les services dans le Nord, où le taux de victimisation est beaucoup plus élevé que dans le reste du Canada; et de fournir une aide financière d'urgence aux Canadiens qui sont victimes de crimes graves violents pendant un séjour à l'étranger.
Parallèlement, monsieur le président, le gouvernement reconnaît qu'il est tout aussi important de prévenir le comportement criminel avant qu'il puisse prendre racine. Nous nous attaquons aux causes fondamentales de la criminalité en mettant en oeuvre dans les collectivités des programmes sociaux efficaces et de politiques économiques solides.
À l'appui de ces objectifs, le budget 2007 consacre 64 millions de dollars, répartis sur deux ans, à l'élaboration d'une stratégie nationale antidrogue. Cet investissement vient s'ajouter au financement annuel continu accordé aux programmes et aux initiatives actuels. Notre gouvernement est déterminé à couper l'herbe sous le pied des criminels en appliquant une stratégie nationale cohérente et exhaustive de lutte contre la drogue. Certains détails de la stratégie restent à peaufiner, mais je peux vous dire qu'elle s'attachera à prévenir la consommation de drogues, à combattre la production et la distribution de drogues et à traiter la toxicomanie. Ensemble, ces trois plans d'action constitueront une approche intégrée, ciblée et équilibrée en vue de réduire l'offre et la demande de substances illicites, ainsi que la criminalité qui y est associée. Résultat : des citoyens en meilleure santé et des collectivités plus sûres. La stratégie visera toutes les drogues illicites, y compris la marijuana, et inclura une campagne nationale de sensibilisation destinée aux jeunes.
Si nous voulons réussir à long terme, nous devons sensibiliser les jeunes aux risques sérieux associés à la consommation de drogues, notamment les dangers pour la santé physique et mentale, les conséquences juridiques potentielles et des options réduites en matière de carrières et de voyages. Cette stratégie encouragera les collectivités à agir et incitera les autorités locales à prévenir les méfaits associés aux drogues illicites.
Notre gouvernement investira aussi 20 millions de dollars sur une période de deux ans pour appuyer des programmes communautaires qui offrent aux jeunes à risque des possibilités intéressantes et les aident à faire de bons choix. De plus, nous continuerons de collaborer avec les provinces, les municipalités, les corps policiers et les dirigeants locaux dans les quartiers aux prises avec la violence armée et les gangs de rue et ce, en appuyant des programmes qui rejoignent les jeunes.
Nous avons aussi reconduit le programme de financement des tribunaux de traitement de la toxicomanie (TTT), une initiative importante du ministère de la Justice. En collaboration avec Santé Canada, mon ministère a élargi le concept des tribunaux de traitement de la toxicomanie au-delà du projet-pilote initial mené à Toronto. Il est désormais appliqué dans plusieurs villes canadiennes. Notre gouvernement appuie les TTT car ils contribuent à diminuer le comportement criminel et la consommation de drogues tout en exigeant des délinquants qu'ils assument la responsabilité de leurs actes.
Nous avons également apporté des changements qui visent à améliorer et à solidifier le système de justice. En novembre dernier, mon prédécesseur a modifié la composition des comités consultatifs de la magistrature fédérale. Le bassin des intervenants appelés à évaluer les compétences et l'excellence des juges nommés par le gouvernement fédéral sera plus large.
Plus spécifiquement, nous avons inclus des membres des services de police; ce sont des intervenants qui ont autant à coeur l'administration de la justice que les juges et les avocats. Ces nouveaux venus apportent une autre perspective à l'examen des candidats compétents et qualifiés que l'on me recommande de nommer à la magistrature. De plus, nous avons agi rapidement pour combler les postes vacants dans les tribunaux provinciaux et fédéraux. Jusqu'ici, nous avons nommé 84 juges fédéraux. À mon avis, c'est là un bilan impressionnant. Surtout que dans la foulée de l'adoption du projet de loi C-17, le 14 décembre 2006, plus de juges nommés par le gouvernement fédéral pouvaient décider de devenir surnuméraires, ce qui a multiplié le nombre de postes vacants. Toutefois, je tiens à souligner que nous ne sacrifierons pas la qualité de nos nominations pour faire vite. Ces nominations continueront d'être fondées sur le mérite et l'excellence juridiques.
En outre, pour favoriser la responsabilisation, nous avons créé le Bureau du directeur des poursuites pénales et nous avons amorcé le processus de sélection d'un directeur permanent. Les candidatures seront évaluées par un comité composé de représentants de tous les partis politiques, de la haute fonction publique et du barreau. En tant que procureur général, je choisirai parmi trois candidats, et ce choix sera soumis à l'approbation d'un comité du Parlement.
En faisant de ce bureau une entité distincte du ministère de la Justice, notre gouvernement a établi sans l'ombre d'un doute que les poursuites pénales sont exemptes de toute ingérence politique.
À ce stade-ci, je me dois de corriger deux idées fausses.
Premièrement, il ne faudrait pas croire que le gouvernement a posé ce geste parce qu'il estime que les procureurs fédéraux étaient auparavant soumis à des influences indues. Comme mon prédécesseur, le , l'a dit :
Nous ne sommes pas ici pour corriger un problème qui existe déjà; nous sommes ici pour empêcher que des problèmes surviennent à l'avenir.
Deuxièmement, il est tout simplement erroné d'affirmer, comme on l'a fait, que la création de ce bureau coûte aux contribuables 98 millions de dollars de plus. En réalité, ce chiffre correspond au budget de l'ancien Service fédéral des poursuites, qui était une direction du ministère de la Justice. Après le déménagement, le budget a diminué.
Lorsque nous avons créé ce bureau, nous avons voulu qu'il soit aussi neutre que possible au plan des coûts. En fait, c'est un investissement qui sera avantageux pour les Canadiens et qui augmentera leur confiance dans le système de justice.
[Français]
Monsieur le président, même si notre gouvernement a fait de grands pas dans l'amélioration de notre système de justice, il en reste beaucoup à faire.
[Traduction]
Il reste encore neuf projets de loi soumis au Parlement dont je suis responsable en tant que , et je suis déterminé à les voir entrer en vigueur.
Nous avons présenté le en vue de réduire le recours à la peine d'emprisonnement avec sursis. Ce faisant, nous voulons garantir que les auteurs de crimes graves purgeront leur peine derrière les barreaux, et non dans la collectivité.
Nous avons présenté le , qui vise à imposer des peines minimales obligatoires de plus en plus rigoureuses pour des crimes graves commis avec une arme à feu. Cette mesure établit clairement les conséquences de tels crimes : des peines d'emprisonnement proportionnelles à la gravité de l'infraction.
Comme je l'ai mentionné, le vise à augmenter la peine minimale requise pour les crimes commis avec une arme à feu. Cette question fera sous peu l'objet d'une discussion au Parlement, et j'espère que l'on reviendra à sa version initiale, avant qu'il soit amendé.
Nos priorités législatives englobent également le , qui garantira l'imposition de peines plus sévères, ainsi qu'une gestion plus efficace des délinquants dangereux. Ainsi, les récidivistes seront assujettis à des conditions plus strictes pour empêcher qu'ils ne commettent de nouveaux crimes. Le projet de loi C-27 répond aux préoccupations selon lesquelles les prédateurs sexuels violents et les récidivistes ne reçoivent pas les peines indiquées ou sont mal encadrés une fois libérés, en renforçant les dispositions relatives aux délinquants dangereux et les articles 810.1 et 810.2 du Code criminel concernant l'engagement de ne pas troubler l'ordre public. Personne ne sera automatiquement désigné délinquant dangereux après une troisième déclaration de culpabilité. C'est une autre fausseté que je veux corriger, monsieur le président. Les procureurs de la Couronne ont la possibilité de demander ou non le statut de délinquant dangereux. Dans les cas où la Couronne décidera d'aller de l'avant, l'inculpé aura la possibilité d'expliquer pourquoi il ne devrait pas être désigné délinquant dangereux, et la décision finale appartiendra au juge.
Nous prenons aussi des mesures pour resserrer les lois interdisant la conduite avec les facultés affaiblies par la consommation d'alcool et de drogue. Le imposera aux chauffeurs dont les facultés sont affaiblies par la consommation de stupéfiants les mêmes tests qu'aux chauffeurs en état d'ébriété. Les corps policiers disposeront ainsi de meilleurs outils pour déceler la conduite avec facultés affaiblies attribuable à la consommation de drogue et d'alcool et pour mener enquête. En pareil cas, les peines seront plus sévères.
Le , que votre comité a examiné récemment et appuyé, aura pour effet de mieux protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes, y compris ceux qui écument l'Internet, en faisant passer l'âge pour consentir à des relations sexuelles de 14 à 16 ans. Je crois qu'il existe au sein de la population canadienne un large consensus selon lequel le relèvement de l'âge de protection s'impose. Nous savons que cette initiative est accueillie très favorablement par les nombreux intervenants qui travaillent auprès des jeunes et qui défendent leurs droits. Je sais que cette mesure recueille énormément de soutien de la part des différents ordres de gouvernement, tous horizons politiques confondus.
En adoptant cette mesure, le Canada s'alignerait sur la position de nombreux autres pays dans le monde. Il est temps de sévir rigoureusement à l'égard des crimes commis par des prédateurs sexuels adultes. Le moment est venu d'adopter une approche réaliste et respectueuse en vue de protéger les jeunes Canadiens.
Outre son programme législatif, le ministère pilote la stratégie nationale antidrogue annoncée dans le budget 2007. Le ministère de la Justice a toujours appuyé l'élaboration d'une politique antidrogue et jusqu'à tout récemment, il a joué un rôle de premier plan dans la poursuite des infractions en matière de drogue. Il est aussi responsable de l'élaboration de la politique de la justice pour les jeunes, ce qui englobe la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Comme je l'ai mentionné auparavant, outre qu'elle souhaite prévenir la consommation de substances illicites et traiter la toxicomanie, cette stratégie s'attaquera aux gangs et à la production de substances illicites en démantelant les grandes exploitations de culture de marijuana et les laboratoires de méthamphétamine.
En tant que ministre de la Justice et procureur général, j'ai l'intention de travailler d'arrache-pied pour assurer le bon cheminement des projets de loi du gouvernement visant à lutter contre la criminalité, de façon à ce que nous puissions tous jouir de collectivités et de rues sécuritaires.
Monsieur le président, notre gouvernement a fait plus que simplement promettre d'améliorer le système de justice canadien en vue de créer des collectivités plus sécuritaires; il a étayé sa promesse par des ressources financières. Je constate avec satisfaction que le budget 2007 reflète l'engagement du gouvernement de bâtir des collectivités sûres et de créer un meilleur Canada. Nous collaborons à un certain nombre d'initiatives.
À propos de la nouvelle stratégie nationale antidrogue, dont j'ai parlé tout à l'heure, nous nous sommes engagés à investir 64 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour recentrer les efforts actuels dans le cadre de la lutte contre la consommation et la fabrication de substances illicites. La prévention et le traitement de la toxicomanie sont également dans notre mire.
Nous avons renouvelé la stratégie relative à la justice applicable aux Autochtones en la dotant d'un financement à hauteur de 14,5 millions de dollars pour deux ans. Cela permettra de multiplier le nombre des communautés autochtones et de leurs membres qui pourront avoir accès aux programmes de justice communautaire. En vertu de cette stratégie, les communautés autochtones assumeront une plus grande responsabilité en matière d'administration de la justice, ce qui entraînera une diminution plus marquée de la criminalité et des répercussions positives pour leurs membres.
Nous avons alloué six millions de plus par année pour renforcer les activités actuelles qui s'inscrivent dans la lutte contre l'exploitation sexuelle et le trafic des enfants et pour nous assurer que les auteurs de ces crimes odieux soient traduits en justice.
En outre, pour la première fois en plus de dix ans, les provinces et les territoires pourront compter sur un financement stable et prévisible pour l'aide juridique en matière pénale. Cela leur permettra d'élaborer des stratégies à long terme pour appuyer la prestation d'aide juridique d'ordre pénal.
Le budget 2007 renferme des mesures importantes de prévention du crime et de ses précurseurs, et vise à s'assurer que nos services correctionnels, de renseignement et de sécurité sont solides.
Enfin, le gouvernement a récemment reçu d'un sous-comité de la Chambre des communes et d'un comité sénatorial spécial des rapports concernant l'examen de la Loi antiterroriste. Je saisis l'occasion qui m'est offerte de remercier les membres de ces deux comités. Ils ont été confrontés à des questions difficiles dans le cadre de leur examen et ils ont fait de l'excellent travail.
Ces deux comités ont abordé des questions qui préoccupent grandement le gouvernement, et nous étudierons très soigneusement leurs recommandations.
[Français]
En terminant, monsieur le président, je souhaite vous remercier et remercier les membres du comité pour votre travail important. Je suis honoré de participer à ce processus à titre de ministre de la Justice du Canada.
[Traduction]
Toutefois, je suis très sensible au fait que l'amélioration du système de justice du Canada exige un effort de collaboration. Notre système repose sur un partage de responsabilités avec les provinces et les territoires, et nos nombreux programmes et initiatives exigent la collaboration de nos homologues provinciaux et territoriaux, de même que des instances municipales et des autres ministères gouvernementaux. Ensemble, nous continuerons de travailler pour garantir que le système de justice du Canada contribue à la sécurité et au bien-être des Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole. Je suis disposé à répondre aux commentaires ou aux questions que vous pourriez avoir.
:
Merci beaucoup. Monsieur le ministre, je vous remercie d'être venu comparaître.
D'entrée de jeu, je peux vous dire que votre déclaration d'ouverture m'a rappelé des tas de souvenirs. Le président et moi-même, qui siégeons ici depuis 14 ans, avons tous deux proposé dans un projet de loi d'initiative parlementaire de relever l'âge pour consentir à des relations sexuelles. Et voilà que cela sera bientôt réalité. Si je ne m'abuse, c'est en 1995 que nous avons commencé à faire campagne en ce sens. Il est bon de voir que ce dossier arrive à terme. Je vous remercie d'en avoir souligné l'importance.
De plus, tout comme vous, j'espère de tout coeur que l'on reviendra à la version originale du . Au cours de la campagne électorale, en janvier, j'étais convaincu que c'était la voie à suivre. Cette conviction a été étayée par les nombreux débats que j'ai eus avec mes amis libéraux et néo-démocrates au cours de la campagne. Il semblait que c'était précisément l'orientation que tout le monde souhaitait. Il n'y avait pas de représentants du Bloc dans ma circonscription, mais il y avait des représentants du Parti vert qui étaient fort enthousiastes au sujet de l'orientation du projet C-10. Ils étaient en faveur d'une mesure comme celle-là. Vous avez donc mon appui.
Je veux aussi vous féliciter pour votre nomination à titre d'ombudsman, monsieur Sullivan. Je connais M. Sullivan depuis longtemps. Je sais qu'il n'est pas bilingue, mais il a le coeur à la bonne place, et c'est ce qui compte pour occuper un poste comme celui-là. Cela lui permettra de surmonter tous les obstacles que pourrait créer le fait qu'il ne maîtrise pas parfaitement la langue française. Le connaissant comme je le connais, je suis convaincu que c'était un excellent choix, et je suis impatient de continuer à travailler avec lui.
Je vais revenir sur un scénario, et vous pourrez peut-être me dire quelle forme l'intervention un ombudsman aurait pu prendre dans ce cas. L'affaire remonte à la première fois où j'ai été élu. Le premier groupe de victimes avec lequel j'ai travaillé était une famille dont la petite fille de cinq ans avait été kidnappée dans sa cour. On l'avait retrouvée plus tard, assassinée. Son corps avait été jeté dans une benne à rebuts. Elle avait aussi été violée. Le perpétrateur a été identifié, arrêté et inculpé. Pendant cette période de temps, il a bénéficié de l'aide juridique. Il a aussi eu accès à des psychologues et plus tard, il a fait un séjour de 30 jours dans un établissement, sous les soins d'un psychiatre. L'auteur de ce crime a eu droit à une foule de services. Pendant ce temps, lorsque j'ai visité la famille -- les frères et soeurs et les parents --, je n'ai jamais rencontré un groupe de personnes aussi anéanties. Elles n'avaient accès ni à des psychologues, ni à une aide médicale quelconque. Aucun accès non plus à un psychiatre, et je crois que l'un des parents aurait probablement pu bénéficier d'un tel service. Cette tragédie a eu sur eux un effet dévastateur, et pourtant, aucune aide n'était disponible.
J'ai immédiatement entamé des discussions avec le ministre de la Justice de l'époque, M. Allan Rock, pour lui faire comprendre que nous avions besoin d'un mécanisme vers lequel les victimes pourraient se tourner. Aujourd'hui, avec l'annonce de la nomination de Steve Sullivan, j'ai le sentiment que l'on a véritablement réglé le problème comme il devrait l'être.
J'aimerais que vous nous en disiez un peu plus long sur l'autorité et les pouvoirs de l'ombudsman, sur ce à quoi nous pouvons nous attendre, si vous le voulez bien. Vous pourriez aussi nous livrer votre point de vue sur un article qui a toujours eu un impact considérable sur les victimes, soit la clause de la dernière chance. Lorsqu'un criminel est libéré au bout de 15 ans, après avoir été condamné à une peine d'emprisonnement allant de 25 ans à perpétuité, cela a un effet dévastateur sur les victimes. Peut-on espérer que l'article 745 soit supprimé? C'est le sujet d'un autre projet de loi d'initiative parlementaire que j'ai proposé, et j'espère qu'un jour mon nom sortira au tirage.
À mon avis, cette initiative illustre à quel point vous vous souciez des victimes, et je vous en suis très reconnaissant. Je sais que vous avez fait le bon choix en nommant Steve Sullivan et qu'il saura surmonter les obstacles évoqués par MM. Ménard et Comartin.
Je vais maintenant vous laisser répondre à mes propos.
:
Merci beaucoup, monsieur Thompson. Vous avez abordé une foule de sujets ayant trait au système de justice.
Vous avez d'abord parlé de l'âge de protection, et je suis heureux que vous l'ayez fait. Je sais que cette mesure en particulier a votre appui et celui de l'ensemble des parlementaires. À mon avis, elle contribue à régler un problème qui aurait dû être réglé depuis longtemps. L'idée que dans notre pays, un adulte de 40 ans puisse avoir des relations sexuelles avec un adolescent ou une adolescente de 14 ans en faisant valoir qu'il y avait eu consentement, est carrément répréhensible. Il est nécessaire d'actualiser la loi pour faire échec aux individus pour qui les jeunes enfants sont des proies faciles. En tant que législateurs, cela fait partie du défi que nous devons relever que d'étudier en permanence les lois et de les mettre à jour.
Vous avez parlé aussi du , qui vise à imposer des peines minimales obligatoires aux individus qui commettent des crimes graves avec une arme à feu. Il va de soi que nous, les membres du gouvernement, sommes très en faveur de cette mesure. Or, le projet de loi en question a fait l'objet d'amendements de fond à l'étape du comité. Je souhaite vivement que l'on revienne à la version originale, car, à mon avis, ce que nous proposons est très raisonnable. Un individu qui commet une infraction grave avec une arme à feu devrait être passible d'une peine minimale obligatoire de cinq ans d'emprisonnement.
Je pense que c'est raisonnable. À la lumière des discussions que j'ai eues avec mes concitoyens -- et je suis sûr que vous avez entendu le même son de cloche pendant la campagne électorale --, je peux vous dire que les Canadiens estiment que c'est raisonnable. À vrai dire, cela revient à transmettre le bon message, soit que la société voit d'un très mauvais oeil ce genre de crime.
Je vous remercie de votre appui à cette mesure législative.
Vous avez aussi commenté la nomination d'un ombudsman fédéral pour les victimes. Je vous félicite, ainsi que vos collègues aux vues similaires, d'avoir fait des droits et des besoins des victimes une priorité dans votre carrière politique.
Des progrès ont été réalisés en ce qui concerne la déclaration sur les répercussions du crime sur la victime, ne serait-ce que depuis mes débuts en tant qu'avocat. Je croyais à ce moment-là, et je crois encore aujourd'hui, que ces déclarations représentaient un pas dans la bonne direction. Bien entendu, on n'a pas ménagé les efforts dans ce dossier au niveau provincial. L'administration de la justice est une responsabilité énorme qui incombe aux instances provinciales; ce sont elles qui travaillent avec les victimes. Cela dit, je pense qu'il y a encore beaucoup à faire.
Par exemple, au sujet du fonds pour les victimes dont j'ai parlé dans mon échange avec M. Comartin, on m'a dit qu'une aide financière serait disponible pour les Canadiens victimes d'actes criminels dans un pays étranger qui auraient des difficultés, financières ou autres, à rentrer au pays. Tout ce qu'on m'a dit, c'est que ces personnes avaient droit à un prêt de 30 jours, ce qui n'est pas acceptable. Dans le cadre de nos efforts pour aider et soutenir les victimes, c'est l'un des volets qui a été enrichi, et j'en suis ravi.
Voilà le genre de choses que nous avons faites.
Pour ce qui est de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, je ne peux que réitérer ce que j'ai répondu à M. Comartin. Je veux que le titulaire du poste s'attache exclusivement aux questions qui touchent les victimes. Lui, ou elle, ne devra pas élargir son rôle ou celui de son bureau en s'intéressant à d'autres domaines, même importants. Je veux que cette personne soit entièrement vouée aux intérêts des victimes.
Entre autres choses, le titulaire du poste peut signaler au gouvernement les problèmes qui, à son avis, sont négligés dans le système actuel. Cela s'intégrerait dans son mandat. Par exemple, en cas de violation de la loi existante, il pourrait faire enquête sur les plaintes logées à cet égard.
J'ai donné l'exemple, non pas au comité, mais ailleurs, d'une personne victime d'une agression dans un dépanneur, qui avait vu le perpétrateur. La victime n'avait pas été avisée que l'individu en question allait bénéficier sous peu d'une libération conditionnelle. Voilà le genre de plainte que devrait accueillir l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. Pourquoi la loi n'a-t-elle pas été respectée? Comment est-il possible que l'individu en question ait été libéré et que la victime n'en ait pas été avertie, ou qu'on ne lui ait pas donné la possibilité de réagir?
À cet égard, nous avons aussi élargi l'accès au fonds pour les victimes pour permettre à un plus grand nombre de personnes d'obtenir le soutien dont elles ont besoin. Prenons le cas d'une personne invalide pour qui c'est très compliqué de se déplacer pour assister à une audience de libération conditionnelle. Il serait parfaitement raisonnable — et c'est maintenant possible —, qu'un accompagnateur se rende à l'audience avec elle. La victime pourrait présenter une demande d'aide auprès du fonds.
Comme vous l'avez fait remarquer fort judicieusement, la nomination d'un ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels est une composante important de notre action, mais nous avons pris d'autres mesures, notamment l'enrichissement du fonds pour les victimes.
Encore une fois, pour répondre à votre question, la mesure législative que je présenterai sous peu aura un lien avec la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Nous annoncerons aussi la stratégie nationale antidrogue. Voilà ce qui figure à mon programme législatif pour le moment.
À vrai dire, monsieur Thompson, ce sont les projets de loi dont le Parlement est présentement saisi qui sont ma priorité. J'ai évoqué dans ma déclaration liminaire le programme législatif ambitieux de mon prédécesseur, M. Toews, qui était tout à fait conforme à ce que nous avions annoncé à la population canadienne. Il est tout naturel que je souhaite voir des progrès à ce chapitre.
Cela dit, je constate que les choses bougent dans un certain nombre de domaines. J'étais au Sénat jeudi dernier, et, encore une fois, j'ai invité instamment les sénateurs à donner leur aval au projet de loi C-9 sur la peine d'emprisonnement avec sursis. Je souhaite vivement qu'il soit adopté.
Par conséquent, je fais tout mon possible pour faciliter le cheminement de ces mesures législatives en travaillant avec votre comité, avec les parlementaires et avec les sénateurs. Chose certaine, c'est ma priorité, tout comme c'était celle de mon prédécesseur. C'est aussi l'un des objectifs primordiaux de notre gouvernement. Notre programme de lutte contre la criminalité est très important compte tenu des promesses que nous avons faites aux Canadiens et de l'orientation que nous voulons imprimer au pays. Le premier ministre et d'autres continuent de marteler à quel point c'est vital à nos yeux, car nous sommes convaincus que cela est dans le meilleur intérêt du Canada.
Encore une fois, je vous remercie de vos commentaires. Je vous suis reconnaissant, ainsi qu'à tous vos collègues, d'avoir milité en faveur de certaines de ces idées pendant de nombreuses années.
:
Merci beaucoup, monsieur Petit.
Pour répondre à votre dernière question, à savoir comment nous en sommes arrivés à cette décision, nous avons assurément écouté des personnes comme vous. Vous avez entendu M. Thompson relater tout à l'heure qu'il s'intéresse depuis longtemps au sort des victimes dans notre pays. Notre décision fait écho aux préoccupations de députés comme vous-même, M. Thompson et d'autres, qui estiment qu'il devrait y avoir un bureau central, une personne, au niveau fédéral, qui soit responsable des Canadiens victimes d'actes criminels.
Il y a des bureaux, des groupes d'intérêt spécialisé et des lobbyistes pour toutes les causes sous le soleil, et le fait d'avoir à Ottawa quelqu'un dont l'unique responsabilité est de régler les problèmes que vivent les victimes est une idée qui a fait son chemin. C'est la Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d'actes criminels, comme vous l'avez fait remarquer avec beaucoup de pertinence. Bien entendu, nous, du côté ministériel, appuyons cette initiative. Nous voulons mettre au premier plan les questions qui préoccupent les innocentes victimes qui se retrouvent dans le système de justice pénale.
À ce propos, l'une des observations intéressantes que vous-même et d'autres avez faites, c'est que ces personnes sont des victimes. Leurs souffrances ne sont pas ponctuelles; le crime, lui, l'est. Quelqu'un m'a parlé hier d'un incident. Une femme a été kidnappée et gardée prisonnière pendant deux ou trois jours. Lorsqu'elle a finalement été libérée, les journaux ont rapporté qu'elle s'en était tirée indemne. Eh bien, elle ne s'en est pas tirée indemne. Ce n'est pas parce qu'elle n'avait rien de cassé, aucune cicatrice ou autres signes extérieurs des souffrances que lui avait infligées son ravisseur qu'elle n'avait pas souffert.
Instituer une Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d'actes criminels, nommer un ombudsman pour les victimes, injecter davantage d'argent dans un fonds pour les victimes et collaborer avec tous les organismes et les intervenants qui les soutiennent, voilà autant d'initiatives qui constituent un pas dans la bonne direction pour aider des gens qui, sans qu'ils y soient pour quoi que ce soit, sont des victimes. À mon avis, s'il y a une chose dont il faut se rappeler, c'est que leur douleur et leurs souffrances perdurent. Les victimes d'actes criminels sont durement éprouvées.
Comme vous avez eu raison de le signaler, le sort des victimes vous passionne. En 34 ans de carrière en tant qu'avocat, vous avez rencontré un grand nombre de victimes si vous avez pratiqué au pénal. Vous savez donc qu'il y a un besoin à cet égard, et je suis impressionné par le fait que vous ayez voulu que votre voix compte et qu'en conformité avec vos principes, vous souhaitiez contribuer à la réalisation d'initiatives comme celle-là.
Je joins ma voix à celle de chacun de vos collègues et des ministériels pour vous dire à quel point nous vous sommes reconnaissants de votre appui à cette initiative. Comme vous le savez, c'est l'une des choses dont nous avons parlé au cours de la dernière campagne électorale. Nous avons dit que nous voulions créer une instance comme celle-là.
Tout à l'heure, j'ai eu un échange avec M. Comartin, qui se demandait si le budget était suffisant. Pour ma part, je suis convaincu qu'il est suffisant pour que le titulaire du poste, en l'occurrence M. Sullivan, mette sur pied son bureau. Cela dit, je surveillerai les choses de très près pour m'assurer qu'il dispose des ressources nécessaires car nous voulons que cette initiative soit couronnée de succès. C'est ce qui importe le plus.
Encore une fois, s'agissant de financement, je suis heureux que l'on investisse davantage dans le fonds des victimes d'actes criminels et dans diverses autres mesures de soutien que j'ai mentionnées.
Encore une fois, M. Petit, je vous remercie d'avoir soulevé cette question. Je sais que vous surveillerez attentivement la façon dont M. Sullivan organisera son bureau et amorcera ses travaux pour régler certains des problèmes qui préoccupent les victimes d'actes criminels au Canada.