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Merci, monsieur le président de m'avoir invité à venir parler du projet de loi .
Je vais d'abord dire quelques mots de la Société John Howard, organisme caritatif composé d'organisations oeuvrant avec les délinquants pour les aider à réintégrer la société comme citoyens respectueux des lois. Nous avons environ 12 000 membres travaillant avec nous dans tout le pays.
Je tiens à dire que ce débat sur l'emprisonnement avec sursis est tout à fait pertinent. Il est en effet important que le législateur ait son mot à dire sur les décisions fondées sur le pouvoir discrétionnaire des magistrats en matière de détermination de la peine. En outre, nous sommes heureux de constater que le projet de loi, bien qu'il vise à restreindre le recours au sursis, n'en conteste pas la finalité ni les objectifs.
La question qu'il faut se poser est assez simple : est-il jamais justifié d'imposer une peine d'emprisonnement avec sursis quand la peine maximum prévue dans le Code criminel est de 10 ans ou plus? Si c'est justifié, le projet de loi est excessif puisqu'il interdit d'imposer une peine avec sursis dans tous ces cas.
J'aimerais parler en détail de cette question de justification mais je tiens tout d'abord à signaler que, depuis une trentaine d'années, le Canada et les États-Unis mènent une expérience très importante dans le domaine de la justice. Il y a 30 ans, en 1974, le taux d'incarcération était de 90 pour 100 000 au Canada et de 149 aux États-Unis. C'était très similaire. Trente ans plus tard, il est de 108 au Canada, ce qui reflète une légère augmentation, mais de 749 aux États-Unis, ce qui représente une augmentation de 600 %.
Au cours des années, la criminalité a connu des hauts et des bas dans les deux pays, généralement à l'unisson. En fait, quand on examine les statistiques concernant le meurtre, qui sont les plus exactes, on constate que la proportion a augmenté et baissé en même temps de manière spectaculaire dans les deux pays pendant les 30 dernières années, malgré deux systèmes de justice pénale très différents.
Des taux d'incarcération élevés ne profitent à personne. Le Canada est dans une bien meilleure situation que les États-Unis où des ressources énormes sont consacrées au maintien d'un taux d'incarcération très élevé alors qu'on s'est essentiellement désintéressé des facteurs contribuant à des taux plus élevés de criminalité violente. L'existence d'un taux d'incarcération moins élevé au Canada s'explique en grande mesure par une politique sentencielle disposant que les peines doivent être proportionnelles à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité du coupable, étant bien entendu qu'on imposera la mesure la moins contraignante.
Cela oblige à se demander pourquoi on a adopté comme principe d'imposer la mesure la moins contraignante. La réponse est qu'aucun autre n'est cohérent. Lors d'une conversation que j'avais avec un ancien commissaire du Service correctionnel du Canada, il me parlait d'une situation où l'on avait critiqué le principe du Service de ne pas utiliser plus de force que nécessaire en disant que c'était un principe trop mou. Sa réponse avait été qu'on pourrait changer de principe en disant qu'on utiliserait désormais juste un peu plus de force que nécessaire.
Si l'on n'applique pas le principe de la mesure la moins contraignante, le système dégénère inévitablement vers le chaos. La mesure la moins contraignante n'est pas l'équivalent de la mesure contraignante la plus populaire. Si l'on adopte la mesure contraignante plaisant à tout le monde, c'est la mesure la plus dure qui deviendra la norme.
Si l'on estime que la sentence doit être fondée sur le principe de la mesure la moins contraignante, il s'ensuit qu'il faut évaluer chaque cas individuellement avant d'imposer la peine et qu'on doit avoir à sa disposition des options moins contraignantes que la norme générale pour l'infraction considérée.
Le projet de loi va directement à l'encontre de ces notions en interdisant l'imposition de peines avec sursis lorsque l'infraction est passible d'une peine maximum de 10 ans ou plus puisqu'il interdit d'évaluer individuellement les cas les moins graves ou lorsque les circonstances atténuantes sont les plus sérieuses.
En outre, il empêche les tribunaux de se justifier et d'expliquer les peines qu'ils imposent, sauf en faisant référence à la législation. Les limites légales actuellement imposées aux peines avec sursis, conjuguées aux indications importantes de la Cour suprême, sont des limites sérieuses. La preuve en est que seulement 6 % de toutes les condamnations sont des condamnations avec sursis. Les restrictions actuelles empêchent à toutes fins pratiques d'imposer des peines avec sursis dans les cas manifestement inappropriés, tout en évitant des mesures rigides et arbitraires allant à l'encontre des principes sentenciels.
Aujourd'hui, les peines avec sursis sont appliquées avec prudence. Plus de la moitié des cas concernent des infractions punissables par déclaration sommaire de culpabilité, seulement 47 % concernent des actes criminels, et la durée des peines d'emprisonnement avec sursis est égale au double des peines emprisonnement qui pourraient être infligées à ces personnes. Elles sont donc appliquées avec prudence, et elles sont également associées à des sanctions qui les rendent très sévères et punitives.
Finalement, si l'on juge qu'elles sont imposées dans des cas inappropriés, nous avons un système d'appel pouvant aller jusqu'à la Cour suprême. Bien des appels ont amené à renverser des décisions et ont sérieusement resserré les limites imposées aux peines avec sursis. Nous avons donc là, à mon avis, un système qui marche, et qui est ouvert et visible.
Nos tribunaux agissent de manière responsable mais ils ne peuvent pas se défendre eux-mêmes. Ils ne peuvent pas participer aux débats publics concernant les peines qu'ils infligent et cela en fait des cibles faciles. Le projet de loi contribuera à une certaine méfiance envers la justice, conséquence grave qu'il ne faut absolument pas négliger. Si nous ne pouvons pas faire confiance aux tribunaux au sujet des peines avec sursis, quand pouvons-nous leur faire confiance?
Fixer au maximum de 10 ans le seuil d'inadmissibilité aux peines avec sursis, sans appel possible pour tenir compte des circonstances, ne fera qu'engendrer de nouveaux facteurs d'injustice. La Commission canadienne sur la détermination de la peine avait dit que les maximums en justice pénale produisent un système « irréaliste » et « désordonné ». En outre, avait-elle ajouté, « pour quiconque veut s'y référer, les peines maximales sont un guide précaire ». Je suppose que « quiconque » englobe le parlement.
Est-il vraiment si difficile d'imaginer des cas où une peine avec sursis serait légitime pour un vol de plus de 5 000 $, pour le vol de services informatiques, pour le vol d'une carte de crédit, pour un vol par effraction, pour la possession d'instruments de vol par effraction ou pour un vol dans le courrier postal? Est-il vraiment impossible d'imaginer des circonstances où le sursis serait légitime?
En bref, nous estimons que le but et les principes de l'établissement des peines énoncées à l'article 718 du Code criminel sont foncièrement corrects et qu'on ne doit ni les négliger ni les modifier. Avec la procédure d'appel jusqu'à la Cour suprême du Canada, les tribunaux sont compétents et sont les seuls capables d'infliger des peines adéquates et justes.
On ne pourra pas assurer la confiance à long terme du public envers les peines avec sursis si l'on prend des mesures fondées sur des règles sentencielles arbitraires et rigides comme celles proposées dans le projet de loi . De plus, nous estimons que les recherches démontrent depuis de nombreuses années que l'effet dissuasif de peines plus lourdes est fort peu susceptible d'avoir une incidence notable sur la criminalité, de manière générale, et notamment sur les criminels qui font typiquement l'objet de peines avec sursis.
Ce sont les personnes vulnérables du point de vue du revenu, de la classe sociale, de l'ethnicité et d'autres facteurs qui subiront l'effet disproportionné du projet de loi . L'opinion du public envers l'appareil judiciaire sera faussée car le pouvoir discrétionnaire des tribunaux et des juges aura été transférée vers les procureurs, et les décisions ne seront pas transparentes puisqu'elles seront incluses dans la masse des cas de négociation de plaidoyer que le public voit déjà d'un mauvais oeil.
Les procédures judiciaires et les tribunaux deviendront très dispendieux car ils prendront beaucoup de temps. Les coûts de l'incarcération augmenteront sensiblement, notamment dans les établissements provinciaux et territoriaux, avec des estimations pouvant aller jusqu'à 4 000, soit une augmentation de 20 % des incarcérations provinciales -- dans les établissements qui sont probablement les pires du Canada. Ce sont les plus peuplés, ce sont ceux qui offrent le moins de programmes et de services, et ce sont les plus dangereux à bien des égards. Bon nombre ne satisfont même pas aux normes minimales de l'ONU sur les conditions d'incarcération.
Ce qui est tout aussi préoccupant, ce sont les sommes considérables qui seront dépensées à cause de ce projet de loi et qui représenteront des pertes d'opportunité dans d'autres domaines tels que la prévention et le traitement, où elles pourraient être dépensées de manière beaucoup plus efficace pour réduire la criminalité de manière générale.
Notre position est que l'imposition de la peine doit procéder d'un processus individualisé reflétant les caractéristiques de l'infraction et du délinquant. Les tribunaux doivent donc avoir accès à la gamme complète des options possibles et pouvoir choisir celle qui convient le mieux.
On ne pourra pas pas imposer les peines avec sursis de manière juste ou adéquate avec les restrictions envisagées dans le projet de loi . Certes, il est légitime de donner des indications sur l'imposition des peines avec sursis mais ces limites ne doit pas aller à l'encontre des objectifs positifs du sursis ni empêcher les tribunaux d'y avoir recours dans les cas idoines de façon à se conformer aux principes fondamentaux de la détermination des peines.
Nous ne pensons pas que des dispositions sentencielles inflexibles puissent rendre le système plus approprié, plus efficace ou plus cohérent. Par conséquent, nous recommandons que le gouvernement retire le projet de loi ou, sinon, qu'il prenne des mesures pour donner aux tribunaux des indications plus précises sur l'imposition des peines avec sursis conformément aux principes fondamentaux de la détermination des peines. Cela signifie que les lignes directrices devraient avoir un caractère de présomption ou d'indication mais pas d'obligation.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis assistant-directeur au Service de police de la Ville de Montréal. Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue M. Clayton Pecknold, directeur adjoint du Service de police de Saanich, en Colombie-Britannique.
Nous comparaissons devant vous aujourd'hui à titre de représentants de l'Association canadienne des chefs de police. Nous sommes tous les deux vice-présidents du comité d'amendement aux loi de cette organisation.
J'en profite également pour vous transmettre les salutations distinguées notre président, M. Jack Ewatski, chef de police de la Ville de Winnipeg.
L'Association canadienne des chefs de police représente la direction des forces de maintien de l'ordre au Canada. Quatre-vingt-dix pour cent de ses membres sont des directeurs, des directeurs-adjoints ou autres cadres supérieurs issus de différents services de police canadiens, tant municipaux que provinciaux ou fédéraux.
Notre association a pour mission de promouvoir l'application efficace des lois et règlements canadiens et provinciaux, et ce, au bénéfice de la sécurité de tous les Canadiens et Canadiennes. Dans ce contexte, nous sommes régulièrement appelés à nous positionner lors de réformes législatives. C'est toujours avec enthousiasme que nous participons avec les instances gouvernementales aux consultations entourant la réforme du droit pénal, tel que nous le faisons devant vous aujourd'hui.
Je demanderais maintenant à mon collègue M. Pecknold de vous faire part de nos commentaires concernant le projet de loi . Son allocution se déroulera en anglais. Par la suite, je ferai quelques remarques finales.
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Bon après-midi, monsieur le président. Merci de m'avoir invité à m'adresser au comité.
Beaucoup d'entre vous savez que l'ACCP a déjà comparu devant le comité et devant le Sénat au sujet de divers projets de loi. En règle générale, nous comparaissons au sujet des projets de loi comportant des amendements concernant des infractions graves et touchant les pouvoirs de la police. Même si le projet de loi porte uniquement sur la détermination de la peine, nous pensons avoir quelques avis à exprimer qui pourraient vous être utiles.
Nous savons que la session actuelle est très chargée et que vous avez de nombreux projets de loi à étudier. J'aimerais vous présenter aujourd'hui la position générale de notre association sur la réforme du droit pénal.
L'ACCP est favorable au projet de loi C-9 et aux modifications proposées aux peines d'emprisonnement avec sursis car nous croyons que ces peines constituent une réponse inadéquate aux crimes avec violence et aux autres crimes graves. Toutefois, nous avons deux remarques à formuler.
La première concerne la portée du projet de loi. Selon la documentation figurant sur le site Web parlementaire, certains critiques du projet disent qu'en fixant aux actes criminels passibles d'une peine de moins de 10 ans la limite d'application des condamnations avec sursis, le législateur limite le sursis aux crimes sans violence ou sans gravité. Je crois avoir entendu mon ami de la Société John Howard exprimer cette opinion. À notre avis, le contraire est tout aussi vrai car il existe une infraction particulière qui est exclue de la portée de l'amendement. Je veux parler de l'article 467.11 qui prévoit une peine de cinq ans pour les personnes trouvées coupables de participation aux activités d'une organisation criminelle. En revanche, deux autres infractions concernant les activités d'une organisation criminelle -- commettre un acte criminel au profit d'une organisation criminelle, article 467.12, et charger une personne de commettre une infraction pour une organisation criminelle, article 467.13 -- sont touchées par l'amendement car elles sont passibles d'une peine maximum de plus de 10 ans.
L'ACCP et son comité du crime organisé estiment qu'il s'agit là d'une anomalie car le sursis ne devrait pas être envisageable dans le cas d'une infraction concernant une organisation criminelle. Nous n'avons pas besoin de vous rappeler la menace grave que représente le crime organisé pour la sécurité des Canadiens. En conséquence, nous estimons respectueusement que le public canadien estimerait qu'envisager de condamner avec sursis les personnes participant aux activités d'une organisation criminelle irait à l'encontre de l'objectif général de la justice pénale.
Cela ne veut pas dire cependant que nous nous opposions à la manière dont le projet de loi est rédigé. Si le législateur partage notre opinion sur cette question, nous voulons respectueusement le mettre en garde contre l'adoption d'un amendement dressant un barème ou une liste d'infractions. L'ACCP a déjà constaté que le droit pénal et, en particulier, le Code criminel, sont devenus peu à peu tellement complexes qu'ils sont parfois quasi incompréhensibles. Voilà pourquoi nous recommandons plutôt un amendement garantissant explicitement qu'aucune infraction commise par une organisation criminelle ne pourra ouvrir droit à une peine d'incarcération avec sursis.
Notre deuxième remarque est plus générale et concerne la complexité du droit pénal et la foi du public envers la justice.
Certes, ce projet de loi est sans doute l'un des moins complexes que nous ayons vus depuis longtemps. Toutefois, ce n'est pas le cas du droit de la sentence selon le Code criminel. Comme pour beaucoup d'autres aspects du Code, l'ACCP pense que des solutions ponctuelles ne sont plus suffisantes. Nous croyons deux choses. Premièrement, que le droit pénal, y compris le droit de la sentence, a besoin d'une refonte complète pour que la justice pénale retrouve la confiance dégradée du public. Deuxièmement, que les organismes de police sont bien placés pour contribuer utilement à cette refonte.
Permettez-moi de préciser que ceci n'est pas une mise en accusation de la Charte des droits et libertés par votre police. Il est clair que la Charte a eu une incidence profonde sur la manière dont la police doit faire son travail et sur la manière dont sont menés les procès criminels. Faire la police est aujourd'hui une activité beaucoup plus complexe qu'avant la Charte, mais le monde aussi est devenu plus complexe, nous le savons bien. Le devoir fondamental de tout agent de police est d'assurer le respect de la loi, et cela vaut de manière particulièrement certaine pour la Charte des droits et libertés.
Dans une société démocratique, la police sera toujours assujettie à la règle de droit, valeur qui est chère à l'ACCP. Toutefois, nous croyons que la réponse législative aux arrêts phares de la Charte a débouché sur des procédures excessivement complexes et multipliant l'impact sur le terrain des arrêts fondés sur la Charte d'une manière que la Cour suprême n'avait peut-être pas envisagée. Un exemple qui me vient immédiatement à l'esprit est l'ajout des articles 25.1 et 25.2 au Code criminel en réponse aux arrêts Campbell et Shirose. Cet amendement a engendré un régime procédurier qu'il est concrètement très difficile de mettre en oeuvre de manière cohérente d'un bout à l'autre du pays.
Très franchement, nous saisissons mal quand et comment cette tendance à l'excès de complexité a réussi à s'enraciner dans notre droit pénal et nous entendons profiter de toutes les occasions pour réclamer devant vous et devant le public moins de complexité et plus de bon sens dans la rédaction des lois. J'ajoute en passant que ce sont là des choses que nous disons fréquemment aux représentants de l'appareil judiciaire dans nos consultations.
En bref, nous appuyons ce projet de loi mais demandons avec la plus grande fermeté qu'aucune condamnation avec sursis ne soit possible pour les infractions concernant le crime organisé. Nous vous demandons aussi, dans votre travail futur, de tenir compte du contexte dans lequel les lois pénales doivent être mises en application afin de veiller à ce qu'elles soient applicables. Je suis sûr que nous n'avons pas à vous rappeler que c'est votre police qui doit trouver le moyen de préserver l'ordre public dans une société de plus en plus complexe en n'utilisant que les outils que vous l'autorisez à utiliser.
Pour sa part, l'ACCP continuera de vous communiquer les opinions du leadership de la police canadienne pendant votre étude de ce projet de loi et des nombreux autres qui suivront.
Je vous remercie de votre attention.
Je demande maintenant à mon collègue de conclure.
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Bon après-midi, monsieur le président et membres du comité.
Le Centre canadien de ressources pour les victimes de crimes, CCRVC, est un organisme national à but non lucratif défendant les intérêts des victimes d'actes criminels. Nous offrons une aide directe aux victimes dans leurs relations avec l'appareil de justice pénale et nous plaidons pour une réforme de la justice afin de mieux protéger leurs droits et de prévenir la victimisation.
Le CCRVC est heureux de participer au débat sur le projet de loi . La modification proposée à l'article 742.1 du Code criminel répond aux préoccupations que les victimes d'actes criminels graves et violents ont à maintes reprises exprimées à notre organisme. Ces préoccupations concernent la détresse et le malaise que ressentent les victimes quand elles constatent que des criminels, pas seulement ceux qui les ont agressées mais aussi tous ceux qui commettent d'autres crimes graves, sont condamnés à l'assignation à résidence ou à des peines qui ne sont pas proportionnelles à la gravité de leurs actes. Nous pensons qu'interdire l'accès aux peines avec sursis dans le cas d'actes criminels graves ou violents répondra à certaines de ces préoccupations.
Les peines avec sursis ont été introduites dans le Code en 1996 et ont permis que de certaines peines soient purgées dans la communauté ou sous forme d'assignation à résidence. Il ne s'agit ni d'incarcération ni de probation mais d'une étape intermédiaire. Leur justification théorique était que les délinquants commettant des actes moins graves ou sans violence pourraient purger leur peine dans la communauté et éviter l'incarcération. Ces délinquants restent sous surveillance et font l'objet de restrictions quant à leur liberté d'action et à leur mobilité. Les peines avec sursis permettent d'atteindre cet objectif mais il se trouve que certains délinquants ayant commis des actes plus graves, comme des voies de fait, des agressions sexuelles ou des infractions à bord d'un véhicule ayant entraîné la mort ou de très graves blessures ont aussi été condamnés à des peines avec sursis.
Comme vous le savez, il y a plusieurs critères à satisfaire pour être admissible à une peine avec sursis, et on les trouve dans les dispositions de 1996. Or, nous avons constaté que ces critères n'ont pas suffisamment restreint l'accès aux peines avec sursis dans le cas des délinquants ayant commis des crimes graves et violents, y compris des récidivistes.
Avec le projet de loi , le législateur tente de résoudre ce problème en ajoutant une autre restriction fondée sur la nature de l'acte criminel permettant d'accorder le sursis. La modification proposée à l'article 742.1 dispose que le sursis ne pourra pas être envisagé pour les infractions considérées comme des actes criminels passibles d'une peine maximum d'emprisonnement de 10 ans ou plus. Le CCRVC approuve le but fondamental du projet de loi mais il exprime des réserves sur le fait que les critères d'élimination de l'accès au sursis -- que l'acte soit passible d'une peine maximum d'emprisonnement de 10 ans ou plus et soit jugé comme acte criminel -- permettront quand même à certains auteurs de crimes graves ou violents d'être admissibles au sursis. En outre, certaines infractions hybrides qui ne donnent pas accès à l'assignation à résidence si elles sont jugées comme actes criminels y donnent droit si elles sont jugées sur déclaration sommaire de culpabilité. Il s'agit des agressions sexuelles et du harcèlement criminel.
Le CCRVC estime que les actes criminels graves et violents, notamment commis contre des enfants ou d'autres personnes vulnérables, ne devraient pas être admissibles au sursis. Ce sont surtout les agressions sexuelles qui nous préoccupent dans ce contexte. Hélas, la limite du maximum de 10 ans proposée dans le projet de loi n'empêcherait pas les auteurs des actes criminels ci-après de bénéficier d'une peine avec sursis s'ils satisfont aux autres critères : passage d'enfants à l'étranger, article 273.3; exploitation sexuelle, article 153; exploitation sexuelle d'une personne ayant une déficience mentale ou physique, paragraphe 153.1(1); voyeurisme, article 162; devoir de fournir les choses nécessaires à l'existence, article 215; abandon d'un enfant, article 218; corruption d'enfants, article 172.1; enlèvement d'une personne âgée de moins de 16 ans, article 280. Nous pensons qu'il s'agit là d'infractions graves et souvent violentes et que leurs auteurs ne devraient pas être autorisés à purger leur peine sous une supervision limitée au sein de la communauté.
Selon le sommaire législatif fourni au sujet du projet de loi , le Centre canadien de la statistique juridique estime que la supervision d'un délinquant dans la communauté coûtait 1 792 $ en 2002-2003. On peut douter de l'efficacité de cette supervision étant donné que ce chiffre représente moins de cinq dollars par jour par délinquant.
Comme cette supervision est assurée par des agents de probation ou de libération conditionnelle déjà surchargés de travail et oeuvrant dans des bureaux manquant de personnel, il est peu probable qu'elle soit très efficace. Nous doutons également de son efficacité en ce qui concerne certains types d'infractions et de restrictions -- je songe ici, par exemple, aux préoccupations que j'ai déjà mentionnées et aux méthodes quasi illimitées d'accès à Internet. Comment un agent de probation peut-il garantir qu'un délinquant sexuel à qui l'on a interdit l'accès à Internet ne réussira pas à y avoir accès en l'absence du superviseur?
Comme les infractions touchées par le projet de loi , celles que je viens d'énumérer s'accompagnent de séquelles physiques et émotives durables pour les victimes. Ne pas les inclure dans la liste des infractions ne donnant pas accès au sursis revient à en minimiser l'impact et à ne pas tenir compte de leur gravité. Nous savons qu'il y a de nombreuses infractions pour lesquelles une peine avec sursis est adéquate, avec le degré de supervision voulu. Des recherches ont montré que les victimes partagent cette opinion. Par contre, elles n'approuvent pas du tout la position d'une peine avec sursis dans le cas de crimes graves. Nous partageons leur opinion.
Les partisans des peines avec sursis soutiennent qu'elles constituent un volet nécessaire de la justice réparatrice. Interdire le sursis dans le cas des infractions que je viens de mentionner n'empêcherait aucunement la possibilité d'une justice réparatrice. La justice réparatrice n'est pas fondée sur le principe de réduction de l'incarcération pour faciliter le processus réparateur. La justice réparatrice signifie que l'on veille à ce que les besoins de la victime soient à la fois entendus et pris en considération.
Le CCRVC estime que les dispositions de condamnation avec sursis introduites en 1996 ont fait en sorte que beaucoup trop d'auteurs d'actes criminels violents ont reçu des peines trop légères par rapport à l'impact de leurs actes, contrairement à l'objectif visé à l'origine. Avec le projet de loi , on commence à rétablir l'équilibre et c'est pourquoi nous l'appuyons. Nous estimons cependant qu'il convient de le renforcer en l'appliquant aussi aux crimes graves et violents qui en sont actuellement exclus. Adopter un dispositif englobant la liste des infractions auxquelles il s'appliquerait dans sa formulation actuelle ainsi que la liste de celles auxquelles nous estimons qu'il devrait s'appliquer permettrait de limiter l'admissibilité au sursis aux infractions pour lesquelles on l'avait envisagé à l'origine.
En conséquence, nous recommandons d'apporter les modifications suivantes au projet de loi .
Nous recommandons de modifier le projet de loi pour y inclure les infractions que je viens de mentionner : passage d'enfants à l'étranger; exploitation sexuelle; exploitation sexuelle d'un enfant avec déficience mentale ou physique; voyeurisme; devoir de fournir les choses nécessaires à l'existence; abandon d'un enfant; corruption d'enfants; enlèvement d'une personne âgée de moins de 16 ans; et autres infractions graves et violentes.
Nous recommandons de modifier le projet de loi de façon à ce que la liste des infractions ne donnant pas accès au sursis soit énoncée dans une annexe plutôt que selon la méthode actuellement prévue dans le texte. Cela permettrait d'inclure les infractions qui ne le sont pas actuellement et d'exclure celles pour lesquelles une peine avec sursis est adéquate. Et nous recommandons aussi que le projet de loi soit adopté sans retard.
Je vous remercie de votre attention.
Le chiffre de 1 742 $, je crois, a été mentionné. L'hypothèse est qu'il est tellement insuffisant qu'il signifie qu'il n'y a absolument aucune supervision et que cette méthode est complètement inefficace pour assurer le respect des conditions fixées par le juge. Il y a deux choses que je souhaite demander à M. Stewart à ce sujet.
Si les ressources étaient suffisantes, pensez-vous qu'il y aurait une supervision adéquate? En outre, avez-vous une indication quelconque que la supervision actuelle est lamentablement inadéquate? Pour le moment, c'est ça l'hypothèse : « Avec 1 700 $, on ne peut pas faire grand-chose ». C'est une hypothèse. Selon les statistiques que je lis, il n'y a pas 95 p. 100 de violation des conditions. Les gens ne se retrouvent pas devant les tribunaux parce qu'ils ont violé les conditions dans 95 p. 100 des cas. C'est une très petite proportion du total.
On dit parfois que, quand un arbre tombe dans la forêt, personne ne l'entend. Autrement dit, s'il y a des gens qui violent les conditions et qu'il n'y a pas assez de supervision, on ne peut pas le savoir.
Je vois que notre bon chef de la police approuve de la tête.
Mais où est la preuve de tout ça? Où est la preuve que 1 700 $ n'est pas assez? Je suis prêt à parier que, quand nous accueillerons des agents de probation, ils nous diront que tout va bien, qu'ils pourraient certainement faire bon usage de ressources additionnelles mais que tout va bien.
Qu'en dites-vous, M. Stewart?
:
Je voudrais réfléchir avec vous à une situation qui m'apparaît un peu paradoxale.
On nous demande d'adopter un projet de loi qui ajouterait d'un coup plus d'une centaine d'infractions. Cela ferait en sorte que de gens pourraient bénéficier de l'emprisonnement avec sursis, toujours dans les paramètres fixés par la Cour suprême dans l'arrêt Proulx, qui dit que le recours à une telle peine ne doit pas représenter un danger pour la communauté, que l'infraction doit en être une qui entraîne une peine de moins de deux ans, et ainsi de suite.
Monsieur Pichette, vous avez bien raison de porter à notre connaissance le fait que sur le plan de la logique, le bon sens de nos concitoyens ferait sans doute en sorte que bien des gens seraient d'accord pour que ceux qui ont participé aux échelons les plus élevés du crime organisé ne purgent pas une peine dans la communauté. Mais en posant cette question, ne soulevez-vous pas le caractère un peu absurde du projet de loi?
Pour atteindre les objectifs que l'on veut atteindre comme société, c'est-à-dire que les gens les plus criminalisés ne soient pas nécessairement dans la communauté, peut-on dire sans nuance qu'on prend toutes les infractions punissables d'une peine de plus de 10 ans, le marqueur de 10 ans? Cela inclut donc les infractions relatives à la contrefaçon, mais également les homicides et les infractions les plus considérables.
Ne serait-il pas plus intéressant d'amender l'article 718, qui donne le cadre que la magistrature devrait suivre quand il s'agit de la détermination de la peine? C'est la position du Bloc québécois. Ne devrait-il pas y avoir une mention spécifique touchant les gens qui ont participé aux gangs criminalisés? Nous étions tous deux présents quand il y a eu tout ce débat public.
Je m'adresse autant aux chefs de police qu'aux autres témoins. Le fait de prendre un seul marqueur, soit les infractions punissables d’une peine maximale d’emprisonnement de 10 ans ou plus, ne vous inquiète-t-il pas? N'est-ce pas un manque de nuance que l'on ne peut se permettre, comme législateurs? N'est-ce pas une façon inquiétante de raisonner dans la façon d'aborder le droit criminel?
:
Oui, mais au quotidien, les journalistes rapportent les cas exceptionnels. Ce n'est pas en considérant les cas exceptionnels qu'on peut avoir une idée très juste de ce qui se passe dans la majorité des cas. Ces journalistes rendent compte des sentences qui frappent le plus l'imagination.
Je pense qu'on a fait une étude à Toronto qui révélait que les juges donnent, en gros, à peu près 12 à 15 raisons pour justifier une sentence. Les journaux en donnent une et quart. Évidemment, celles qu'ils donnent sont celles qui frappent l'imagination et qui scandalisent le plus, n'est-ce pas?
Bref, quoi qu'on fasse, on est peut-être aussi bien d'oublier la perception et de tenir compte de la réalité, afin de déterminer si les sentences sont injustes.
Vous parliez aussi de trafic de drogues. Cela vous scandalise que seulement 20 p. 100 des causes concernant le trafic de drogues mènent à des sentences. Vous connaissez la définition du mot « trafiquer ». Trafiquer comprend les mots « donner » et « offrir ». Un jeune homme qui offre à sa blonde de partager son joint de marijuana pour regarder un film psychédélique ou pour s'adonner à une autre activité trafique de la drogue.
Généralement, pour n'importe quel type d'infraction, il y a plus de cas moins graves que de cas graves. Évidemment, le public considère que le trafic de drogues est grave pour la société; vous l'avez dit vous-même. Mais les cas graves sont la minorité, et vous voulez leur appliquer des sentences qui seraient perçues comme sévères.
Pourquoi voulez-vous empêcher les juges d'avoir cette mesure dans l'éventail des sanctions, eux qui connaissent les cas individuels, les cas ennuyeux et répétitifs et qui, la plupart du temps, ont affaire à des mésadaptés? C'est l'une des grandes caractéristiques des délinquants: ce sont des mésadaptés. Pensez-vous que les juges abusent de cette mesure ou qu'ils ne l'appliquent pas correctement?
:
Non, parce que je connais votre réponse.
Des voix: Oh!
M. Serge Ménard: C'est pour les personnes qui ne réalisent apparemment pas que nous avons des peines avec sursis. Personnellement, je préfèrerais une peine avec sursis, si j'étais juge, parce que si l'accusé ne respecte pas les conditions, je vais lui infliger la peine que j'estime appropriée.
[Français]
Mais avec les sentences avec sursis,
[Traduction]
ça veut dire que, pour 18 mois, il peut passer 12 mois sans aucun problème, et dans 16 mois il obtient une condition et alors il ne reste plus que deux mois.
Où est la logique dans tout ça? La logique est que, si l'on prive les juges de la possibilité d'individualiser les peines, parce que fixer une peine dans un cas donné dépend toujours de nombreux facteurs : les circonstances du crime, la situation de l'accusé et ses possibilités de réadaptation et, bien sûr, la gravité, le caractère exemplaire...
[Français]
Je me suis mis à parler anglais! Espérons que je ne me mettrai pas à parler espagnol.
[Traduction]
Quoi qu'il en soit, M. Stewart, je sais tout ce que vous allez dire et je suis d'accord.
Des voix: Oh!
:
Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Pichette et peut-être à Mme Gray-Donald. Je reviendrai ensuite à M. Stewart.
J'aimerais dire d'emblée que je fais partie du nouveau Parti conservateur, et même si les gens ne le croient pas, nous avons quand même de la compassion pour les victimes. C'est la raison d'être du projet de loi .
Je remercie M. Serge Ménard en particulier, parce qu'il a été mon ministre de la Sécurité publique. Il a travaillé dans des dossiers extrêmement importants. Vous vous souvenez de la guerre des gangs, des Hell's Angels. Dieu sait qu'à Montréal, vous y avez goûté. Je sais qu'il a été extrêmement sévère dans toutes les décisions qu'il a prises comme ministre de la Sécurité publique. La guerre des gangs qui a eu lieu dans la région de Montréal était reliée au commerce de la drogue, à ce qu'on appelle les territoires.
Le trafic de drogue, même s'il ne paraît pas violent à première vue, est d'une extrême violence. Les trafiquants de drogue créent une demande chez de jeunes personnes. Le petit joint qu'on se passe finira par devenir un joint par jour, puis un joint à l'heure. Ces jeunes gens vont aller s'approvisionner auprès du groupe organisé, des trafiquants de drogue.
Quels crimes vont-ils commettre? Comme ils n'ont pas assez d'argent, ils vont commencer par faire des vols. Ils vont ensuite commettre des vols par effraction dans nos résidences. La petite dame de 65 ans qui se fait voler chez elle ne trouve pas ça drôle du tout. Vient ensuite la violence conjugale, car monsieur ou madame a dépensé. Ils se battent entre eux, et vous connaissez la suite. Il va y avoir de la prostitution aussi. On parlait tout à l'heure du vol de courrier. Les assistés sociaux de ma province vont se faire voler leur chèque mensuel. Ils vont changer d'identité afin de l'encaisser au dépanneur pour ensuite pouvoir acheter leur drogue.
Comment voulez-vous qu'une personne âgée de 65 ans se protège si elle vit à la campagne et que, comme c'est le cas bien souvent, il s'agit de quelqu'un qui est relié à sa famille? Aucun crime n'est minime. Tout dépend de qui en est la victime et du moment où il est perpétré.
J'ai été surpris hier d'entendre dire que 40 p. 100 des drogues entraient dans les prisons. Les prisonniers sont enfermés et ils sont surveillés 24 heures sur 24. Pourtant, 40 p. 100 des drogues y entrent. Un trafiquant de drogue à qui on aurait donné un sursis de sentence serait chez lui et n'aurait rien de plus à faire que de répondre au téléphone. Or, avec les moyens électroniques et téléphoniques d'aujourd'hui, il pourrait aussi bien répondre à partir d'un bar voisin et dire qu'il est chez lui.
On nous a donné un système ridicule. On nous a dit qu'une personne surveillée coûtait 1 742 $ annuellement. Avez-vous pensé à ce que cette somme permet de faire? Le ridicule ne tue pas, mais il n'en est pas loin.
Quelque chose m'intrigue. Il y a deux ou trois jours, dans la région de Montréal et ailleurs, à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et aux autres aéroports, on a mentionné que les trafiquants de drogue menaçaient les employés, qui sont des policiers, et qu'ils soudoyaient même les employés responsables de la sécurité. Il s'agit de tous les aéroports, autant celui de Toronto que celui de Montréal ou ceux de la Colombie-Britannique, où on trouve également des ports dominés par des groupes criminalisés.
La drogue n'arrête pas d'entrer et de créer tous les problèmes actuels. On doit quasiment supplier à genoux les députés de l'opposition pour qu'ils adoptent le projet de loi afin que les trafiquants de drogue n'aient plus la liberté qu'ils ont présentement. Je vous demande si le projet de loi n'est pas un moyen indirect... On l'a vu, on pourrait passer en revue tous les crimes. Chacun a ses qualités et ses défauts.
Je remercie les témoins, dont les déclarations sont particulièrement utiles.
Ne vous reprochez pas de ne pas avoir toutes sortes de statistiques, ce n'est pas pour ça que vous avez été invités. Je ne sais pas pourquoi l'opposition continue de demander ces statistiques, ce n'est pas le rôle de vos organisations d'en produire. Vous êtes ici pour représenter les chefs de police, les victimes et la Société John Howard. Je ne m'attends pas à ce que vous puissiez nous fasciner avec toutes sortes de statistiques nationales.
Ce qui m'intéresse, c'est votre point de vue de représentants des victimes, d'agents de police première ligne et de chefs de police. Comme députés, nous entendons beaucoup d'histoires. Mme Gray-Donald, qui vient de ma circonscription, a évoqué une situation -- sa mère a témoigné devant le gouvernement précédent au sujet des dispositions touchant le voyeurisme -- et ce sont ces cas concrets qui sont très importants.
M. Lee soutient que nous n'aimons pas l'impression que donnent les gens qui purgent des peines sévères. Ce n'est pas vrai du tout. Ce qui est vrai -- comme M. Pecknold l'a dit -- c'est que le public n'a plus confiance dans la justice. Or, nous devons faire confiance à la justice. C'est ça qui est très important, et nous agissons pour rétablir cette confiance.
L'opposition dit que ceci est peut être arbitraire. Eh bien, pour chacune des infractions énumérées ici, des législateurs précédents ont fixé un maximum de 10 ans. C'est relativement arbitraire. On aurait peut-être dû choisir 10,2 ans dans certains cas, ou 9,6, mais quelqu'un a fixé la barre à 10. De notre côté, nous fixons une barre en disant que, pour les infractions que le législateur juge graves, l'accusé, s'il est poursuivi par voie d'accusation d'acte criminel, ne pourra pas purger sa peine dans la communauté parce que nous tenons à exprimer fermement notre réprobation et à obtenir l'effet dissuasif de notre système de justice, ce qui signifie qu'il passera du temps en prison.
Pouvez-vous me donner le point de vue de la victime et de la police? En ce qui concerne la victime, que ressent-elle lorsqu'elle est victimisée et que le coupable purge sa peine dans la même communauté qu'elle? En ce qui concerne la police, que pensent vos agents quand ils ont fait le travail difficile d'amener quelqu'un à cette étape, qu'ils ont fait leur travail, et qu'ils constatent, une semaine ou deux plus tard, que la personne qu'ils s'attendaient à voir en prison se retrouve dans la communauté?