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Je vous remercie, monsieur.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de comparaître devant vous aujourd’hui.
Je m’appelle Alexi Wood. Je suis directrice du programme de sécurité de l’Association canadienne des libertés civiles. Je suis accompagnée aujourd’hui de Ken Swan, membre du conseil d’administration de l’Association, et de Brooke Wagner, qui est stagiaire.
Il y a cinq ans, l’Association canadienne des libertés civiles a comparu devant votre comité. À l’époque, nous avions exprimé des préoccupations au sujet de l’importance des pouvoirs accordés aux organismes d’application de la loi. Nous revenons aujourd’hui pour réitérer beaucoup des mêmes préoccupations.
Depuis des mois, l’ACLC attend que le comité entreprenne cet examen. Nous sommes donc heureux d’être ici aujourd’hui. Nous espérons que le comité écoutera les observations de l’ACLC et d’autres et s’en servira pour recommander l’adoption de modifications à la loi.
Dans une société démocratique, il y a un principe fondamental voulant que tous, indépendamment de leur situation, respectent la loi. Une violation de ce principe de base ne devrait être permise que dans des circonstances extraordinaires et seulement dans le cadre d’un contrôle étroit. Malheureusement, les dispositions du projet de loi C-24 sur l’application de la loi ne prévoient aucune de ces deux garanties.
De plus, si le gouvernement doit violer ce principe de base, il lui incombe de démontrer la nécessité de ces pouvoirs extraordinaires. Il ne l’a pas fait. Il y a plusieurs années, les organismes d’application de la loi se sont plaints des incidences de la décision rendue par la Cour suprême dans l’affaire Campbell et Shirose, qui entravaient, selon eux, certaines enquêtes policières. Par la suite, des mesures législatives ont été adoptées à ce sujet, accordant à la police le pouvoir de violer certaines dispositions de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, avant le dépôt du projet de loi C-24.
L’ACLC ne s’était pas opposée alors – et ne l’a jamais fait – à des mesures législatives permettant une violation limitée de la loi dans des circonstances étroitement contrôlées. S’il y a d’autres situations dans lesquelles de tels pouvoirs sont nécessaires, il incombe au gouvernement de préciser ces situations et de proposer des pouvoirs limités de violation de la loi pour y remédier. Malheureusement, le projet de loi C-24 établit un pouvoir général de violation de la loi, qui peut être exercé dans d’innombrables cas. Nous considérons que cette mesure est dangereuse et sans nécessité et préconisons son abrogation.
À défaut d’une telle abrogation, l’ACLC a plusieurs recommandations à formuler pour rendre le projet de loi C-24 moins préjudiciable.
Le C-24 permet à des fonctionnaires publics désignés de déterminer les actes illicites qu’ils vont commettre, tant qu’ils croient ces actes justes et proportionnels dans les circonstances. Cette disposition présente deux difficultés.
Premièrement, la disposition ne précise pas que l’acte illicite doit être nécessaire pour protéger un intérêt primordial. Le fait de permettre à des policiers de violer les lois qu’ils ont juré de faire respecter doit toujours être considéré comme extraordinaire. L’ACLC recommande par conséquent de modifier la loi pour imposer que tout acte illicite envisagé soit nécessaire, et pas seulement juste et proportionnel.
Deuxièmement, la décision d’user de ces pouvoirs extraordinaires ne devrait pas être laissée aux policiers eux-mêmes. Les agents qui envisagent de violer la loi dans l’exercice de leurs fonctions devraient être tenus d’obtenir une autorisation préalable de leurs supérieurs. S'il leur est impossible d’obtenir une telle autorisation avant le fait, ils devraient avoir à informer leurs supérieurs le plus tôt possible. À l’heure actuelle, la loi ne prévoit pas une telle notification interne dans tous les cas.
En fait, des rapports internes et externes ne sont exigés par la loi que dans deux cas limités: premièrement, si un fonctionnaire public ordonne à quelqu’un d’autre de commettre un acte qui serait autrement illicite; deuxièmement, lorsque l’acte est susceptible d’entraîner de graves dommages à la propriété. Il est également exigé de déclarer une délégation provisoire du pouvoir de commettre un acte illicite.
L’ACLC recommande d’étendre les exigences relatives aux rapports externes pour y inclure tout acte illicite commis par un organisme d’application de la loi. Si des agents doivent se livrer à une activité illicite, cette activité doit être soumise à un examen soigneux par des fonctionnaires et par des membres du public.
Je voudrais prendre quelques instants pour parler des rapports présentés.
Nous avons examiné les rapports d’un service de police provincial et de la GRC et les avons trouvés insuffisants. Souvent, les renseignements qui y sont consignés sont tellement limités qu’ils sont dénués de sens.
Les rapports ne précisent pas l’endroit où l’acte a été commis. Nous admettons que l’endroit exact pourrait constituer un renseignement délicat, mais nous croyons que les rapports devraient au moins préciser la province, car cela est essentiel pour demander des mesures correctives. De plus, le public devrait savoir si la GRC agissait à titre de service de police municipal ou dans le cadre de ses fonctions nationales.
Dans un cas précis, le rapport de la GRC disait, et je cite: «... actes ou omissions... liés à la possession de biens volés, vol de plus de 5 000 $ et conspiration en vue de commettre un acte criminel... » Cette description est bien trop vague pour donner au public la moindre idée de ce qui s’est passé.
À notre avis, le rapport devrait donner suffisamment de détails pour persuader le public que les actes commis étaient autorisés par la loi et pour savoir qui tenir responsable. Dans les cas où les organismes d’application de la loi croient devoir garder ces renseignements confidentiels, la loi devrait préciser les critères pouvant justifier la non-divulgation des renseignements et l’agent responsable devrait obtenir une ordonnance d’un tribunal.
De plus, la loi permet aux organismes d’application de la loi de reporter la production des rapports limités actuellement exigés. Nous admettons qu’il y a des circonstances dans lesquelles la production de rapports extérieurs peut compromettre une enquête en cours ou mettre en danger la vie d’un agent infiltré. Dans ces cas, le report de la présentation des rapports pourrait être acceptable. Toutefois, la décision ne devrait pas être laissée à l’organisme en cause. Encore une fois, si le rapport annuel ne divulgue pas les actes illicites commis, l’organisme devrait demander une autorisation à un tribunal.
Les dispositions du C-24 portent sur un vaste éventail d’actes illicites. Nous sommes bien conscients de la nécessité pour la police de procéder à des opérations secrètes et d’infiltrer des organisations criminelles. Toutefois, de l’avis de l’ACLC, certains actes ne devraient jamais être permis.
Les mesures législatives actuelles interdisent expressément de causer des lésions corporelles, mais pourraient bien autoriser les menaces de violence physique. Nous recommandons de modifier la loi pour interdire explicitement de telles menaces, de même que tout acte de violence, qu’il cause ou non des lésions corporelles. L’ACLC recommande aussi de ne jamais permettre aux organismes d’application de la loi d'inciter d’autres à commettre des actes illicites. De plus, il faudrait prévoir le versement d’indemnités chaque fois que des actes illicites commis par la police entraînent un préjudice physique ou matériel pour d’innocents témoins. Enfin, aucun service de police ne devrait être autorisé à commettre des actes illicites à moins que les mesures législatives les prévoyant n’exigent aussi une vérification indépendante. Une autorité indépendante des organismes d’application de la loi et du gouvernement devrait avoir accès en permanence aux dossiers, aux installations et au personnel de ces organismes pour mener des enquêtes et publier des rapports sur la façon dont ces pouvoirs sont exercés. Cette autorité pourrait fonctionner un peu comme le CSARS, qui surveille les activités du SCRS.
Je voudrais remercier encore une fois le président et les membres du comité de nous avoir donné l’occasion de comparaître aujourd’hui. Nous serons heureux de répondre à toute question.
Au nom du Conseil canadien des avocats de la défense, je voudrais moi aussi remercier le comité de nous avoir donné l’occasion de présenter notre point de vue dans le cadre de cet examen des dispositions du Code criminel relatives à l’application de la loi.
Mon exposé sera très bref, mais je serais heureuse de répondre à vos questions.
Comme vous le savez sûrement, le Conseil canadien des avocats de la défense est un organisme national créé en 1992. Le président du Conseil, William Trudell, a comparu devant des comités de la Chambre et du Sénat en 2001 pour parler de cette mesure législative, qui n’était alors qu’un projet de loi. À ce moment, il avait exhorté les comités à avancer avec prudence et avait exprimé les préoccupations du Conseil relativement à cette mesure.
Il s’était inquiété en particulier de la possibilité pour la police d’abuser de ses pouvoirs et de certains actes illicites autorisés. Ma collègue a mentionné, par exemple, les menaces de violence et de mort. Il avait exprimé des préoccupations au sujet du libellé vague de la loi, comme dans l’expression « intégrité sexuelle », ainsi que de la responsabilité et des exigences en matière de rapports.
M. Trudell avait dit alors qu’il voulait avoir l’occasion d’examiner la situation dans cinq ou dix ans pour être en mesure d’assurer à ses clients, c’est-à-dire vos électeurs, que la loi réalisait un équilibre approprié. Nous sommes ici maintenant, cinq ans plus tard. Votre comité entreprend un examen destiné justement à répondre à la question de savoir si la loi réalise un équilibre adéquat.
Comme ces pouvoirs n'ont été exercés que dans un nombre relativement réduit de cas, qu'on n'a pas recouru aux dispositions d’urgence, que cette mesure législative n'a pas fait l'objet d’un examen judiciaire, qu'elle n'a pas été contestée en vertu de la Charte et que son utilisation n'a pas suscité de plaintes, le Conseil canadien des avocats de la défense croit qu'il est vraiment trop tôt pour dire s’il y a un équilibre approprié. Il nous semble que l’usage fait de cette mesure s’est principalement limité à des enquêtes portant sur des organisations criminelles, ordinairement pour obtenir de faux papiers d’identité, de la fausse monnaie, du tabac ou de l’alcool. Toutefois, avec la récente arrestation de personnes accusées d’infractions liées au terrorisme, le Conseil est conscient de la possibilité d’un usage accru de cette mesure. Dans ce cas, le comité disposera de plus de renseignements, peut-être même de renseignements suffisants pour répondre à la question de savoir s’il y a un équilibre approprié.
Par conséquent – et je vais peut-être surprendre certains d’entre vous –, le Conseil exhorte le comité a procédé à un autre examen dans deux ou trois ans pour voir où nous en sommes. Peut-être alors, M. Trudell pourra, comme il l’espérait lors de sa comparution précédente, assurer à ses clients que la loi réalise un équilibre approprié ou, du moins, que le comité continue à suivre la situation, est disposé à entendre notre point de vue et celui d’autres groupes et se tient prêt à agir s’il s’avère nécessaire d’apporter des modifications à la loi. À l’heure actuelle, il est encore trop tôt pour se prononcer.
Merci beaucoup.
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Les policiers semblaient très satisfaits de ces dispositions. Ils font leur travail dans le cadre de ces dispositions depuis cinq ans. Ils sont heureux qu’elles soient là. Comme vous le savez sans doute, ils s’opposeraient à ce que n’importe quoi soit supprimé ou ajouté. Ils pensent qu’elles sont bonnes telles quelles et croient pouvoir continuer à fonctionner dans ce cadre. Ils estiment avoir eu beaucoup de succès, mais nous attendons de voir les rapports pour nous assurer que c’est bien le cas.
Il y a cependant une chose qui me laisse perplexe depuis que nous avons commencé. J’ai eu des entretiens avec quelques agents de police – dont notre président, qui est un ancien officier de police – au sujet de certaines activités auxquelles ils se livrent pour protéger la société. C’est là leur principale mission. Compte tenu de ce que j’ai entendu raconter au sujet des circonstances ou de la succession d’événements qui caractérisent les situations d’infiltration, je ne vois vraiment pas comment il serait possible d’obtenir une autorisation préalable ou d’inscrire dans la loi tous les aspects possibles.
Je crois représenter ici un important groupe de citoyens du pays qui font totalement confiance à des services de police bien entraînés, à un groupe de personnes qui font de leur mieux pour protéger les gens des éléments criminels. Nous devons écouter les policiers, les appuyer et leur donner tous les outils nécessaires pour leur permettre de protéger la société.
Comme vous le savez, le monde est en train de changer. Nous vivons maintenant dans un monde très étrange. Quelques-uns de mes collègues diront sans doute que j’essaie de faire peur aux gens, mais certains événements se produisent. Quand une petite fille de 11 ans est enlevée pendant qu’elle va chercher un film sur sa trottinette, les gens s’en inquiètent. Je m’en inquiète aussi.
Nous avons de vrais experts, les policiers. Dans les services de police, les agents ont des supérieurs. Personne ne travaille sans supervision. Ils relèvent tous d’autorités supérieures et sont assujettis à des contrôles internes. Ils ne veillent pas seulement à la sécurité du public, ils s’assurent aussi de travailler dans les limites de la loi, comme le prévoient ces dispositions. J’espère que les rapports que nous obtiendrons en témoigneront d’une façon éloquente.
Ce qui me laisse perplexe, c’est que j’entends constamment des gens comme vous dire que nous devons en arriver à un certain équilibre. J’ai entendu des membres du comité le dire, et nous savons que cela se dit aussi dans le public. Nous devons en arriver à un certain équilibre, mais qui va définir cet équilibre? Allez-vous le faire? Le public va-t-il le faire?
La majorité des membres du public accordent une confiance quasi totale à la police, qui est entraînée pour faire le travail qu’on attend d’elle. Pour ce qui est de la confiance dans les politiciens qui sont censés élaborer les lois nécessaires pour que les policiers puissent faire leur travail, je dirais, étant moi-même politicien, qu’ils seraient les derniers à qui je ferais confiance. Mais, diable, nous avons une vraie fonction à remplir dans ce monde. Ce monde n’est pas le meilleur et le plus commode à cause des innombrables crimes qui sont commis, à cause des gangs, de la drogue et de tout le reste.
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par un certain équilibre. Qu’est-ce qui vous rendrait heureux? Supprimer cette disposition? Si j’ai bien compris, c’est ce que vous voulez faire. Les gens n’en seraient pas très heureux. L’équilibre, mais en fonction de qui? Pourquoi parlons-nous d’en arriver à un certain équilibre quand nous ne savons pas ce que cela veut dire?
C’est ma seule question si vous avez envie d’y répondre.
Je ne crois pas que les gens comme vous fassent suffisamment confiance à ceux qui sont chargés de protéger la société, c’est-à-dire nos services de police. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour les appuyer dans leur travail. Je pense qu’ils sont capables de s’occuper d’eux-mêmes et de ne pas dépasser les limites, quelle que soit la situation. Ils connaissent bien leurs limites, qui sont là, tout comme la Charte canadienne des droits et libertés.
Allez-y, les gars et les filles. Continuez à faire du bon travail. Continuez à nous protéger. Nous avons besoin de vous.
Et, de notre côté, fichons-leur donc la paix.
Voilà ce que je pense. Vous pouvez formuler des commentaires, si vous le souhaitez. Autrement, passons au suivant.
J’ai une question à poser sur ce point. Je vais vous parler d’une situation hypothétique, bien qu’il s’agisse de faits qui se produisent couramment dans le cadre des enquêtes policières.
Nous avons donc un groupe criminel organisé qui, pour réunir des fonds, se livre à des vols à main armée. Les membres du groupe vont dans une banque ou une coopérative de crédit et décident d’user d’autant de violence que nécessaire – dans certaines limites, je suppose – en sautant sur les comptoirs, en brandissant des pistolets, en obligeant les caissiers à s’allonger par terre, en braquant leurs armes sur la tête des gens, en criant, en vidant les tiroirs-caisses, puis en prenant la fuite. Ce groupe poursuit son activité, semant la terreur. Tous ses membres portent des cagoules, de sorte que personne ne connaît leur identité.
Voilà que la police reçoit un tuyau, déploie un effort particulier pour obtenir autant de renseignements que possible sur le groupe et tente de placer des agents le plus près possible de ces criminels. L’un d’entre eux est arrêté pour une infraction mineure ou sur la base d’un mandat en circulation. Un agent se dit alors qu’il pourrait y avoir un lien entre l’individu arrêté et le groupe. Il décide donc de l’agresser et lui arrache une touffe de cheveux. Grande découverte: les cheveux correspondent exactement à un échantillon trouvé dans une cagoule.
Cette disposition s’applique-t-elle dans ce cas?
Je voudrais dire une chose, puis je vous poserai une autre question. On a déjà mentionné à quelques reprises que ces dispositions permettent aux gens de violer la loi, mais, depuis leur adoption, personne ne l’a fait.
J’ai retenu cinq ou six domaines dans lesquels il serait possible d’améliorer la situation. Je suis opposé à l’examen judiciaire ainsi qu’à la publication de rapports car, sans vouloir engager un long débat – je le ferai sans doute plus tard lorsque vous ne serez pas ici –, je crois que cela mettrait en danger la vie de policiers.
J’ai cependant six suggestions à faire, dont quatre sont assez simples. J’ai pensé à la première en arrivant. Il s’agit d’augmenter la fréquence des examens périodiques. Il serait également possible d’exiger un rapport annuel à une date prescrite. On pourrait aussi exiger un rapport regroupé pour que nous n’ayons pas à communiquer avec tous les services de police et tous les agents des pêches du pays. La quatrième suggestion porte sur une désignation d’une durée limitée, comme celle que la GRC a décidé elle-même d’adopter. Il serait assez simple de réaliser ces quatre mesures administratives.
Les deux autres suggestions sont plus difficiles. Comme je l’ai dit, je n’aime pas les rapports publics qui renseignent les criminels et les terroristes sur ce que nous faisons. Mais que diriez-vous d’un rapport présenté à huis clos à un organisme tel qu’un comité parlementaire composé de représentants de tous les partis? Ce serait quand même mieux que rien.
Voici la dernière. Vous savez qu’il y a trois infractions qui sont complètement interdites. Que penseriez-vous d’en ajouter une quatrième, la torture? Je suppose qu’on pourrait adopter une définition internationale puisqu’il faut bien avoir une définition.
J’invite tous les témoins à présenter des commentaires sur les changements que je propose.
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Au cours des dernières années, j'ai passablement voyagé. Je suis allé en Afrique, en Europe de l'Est et dans plusieurs pays qu'on pourrait appeler des États policiers. Les policiers y avaient tous les droits. Pour ma part, quand j'en voyais un, je ne m'en souciais guère, mais les gens de l'endroit étaient pour leur part plutôt nerveux.
La politique n'est pas facile. Faire de l'infiltration, c'est comme jouer un rôle dans une pièce de théâtre. Je vois difficilement comment on pourrait conditionner un policier, lorsqu'il fait une intervention policière, à faire un rapport ou à se demander s'il peut ou non poser un geste donné. Il doit jouer ce rôle pour se faire accepter et susciter la confiance en vue d'accumuler des preuves. Comment peut-on déterminer jusqu'où le policier peut aller? En fin de compte, c'est la question qui se pose aujourd'hui.
On a parlé d'enquêtes et de la possibilité de faire porter un autre chapeau à la police, mais les choses deviennent chaque fois plus compliquées. Il faut surtout éviter qu'un policier devienne un criminel avec un permis en tôle, comme on dit au Québec. Le policier ne se fait jamais arrêter parce qu'il porte toujours sur lui son insigne de police.
Ne serait-il pas préférable que le mandat confié à un policier qui fait de l'infiltration se limite strictement à deux ans? Il faut éviter que ces activités ne deviennent pour lui un mode de vie, une habitude. Ultimement, s'il n'y a aucune limite dans le temps, il y a un risque qu'il devienne lui-même aussi dangereux qu'un criminel. En se livrant pendant toute sa carrière à ce genre d'activité, il peut prendre de mauvais plis et adopter une approche typique de l'État policier. Bref, il y aurait moyen de dresser un genre de garde-fou en limitant la durée du mandat du policier, tout en lui accordant une certaine latitude.
Je vous remercie de votre témoignage. Le point de vue des témoins nous est toujours utile lorsque nous avons un travail difficile à faire.
Je tends à convenir avec vous que le retard des rapports est une source de préoccupation. Je crois que nous devrions le signaler dans notre rapport. De plus, pour avoir tous les rapports, il faut aller les chercher partout dans le pays, dans chaque province et chaque territoire. Un autre témoin était d’avis qu’il ne devrait y avoir qu’un seul rapport annuel pour tout le Canada. Je voudrais d’abord savoir si vous pensez que ce serait utile. Lorsqu’on recueille des données sur une base annuelle, tous ceux qui doivent y contribuer ont un délai à respecter. On peut donc espérer qu’une telle recommandation serait utile. Nous aurions alors une évaluation générale s’appliquant à tout le pays, que nous pourrions consulter pour ainsi dire d’un seul coup d’œil.
Avant de vous laisser répondre, je tiens à dire que je m’inquiète un peu de la publication de rapports concernant des opérations qui ont eu lieu. Je suis bien d’accord que l’information donnée pour le moment ne permet de rien déduire. J’aimerais donc en arriver à un certain équilibre entre une information plus complète permettant d’évaluer l’efficacité des dispositions de la loi et la sécurité des personnes en cause. Si les renseignements étaient très précis, madame Wood, s’il était possible de déterminer la région géographique et ainsi de suite, il y aura toujours quelqu’un qui pourra faire le lien. Je crois que cela irait à l’encontre des objectifs que nous poursuivons.
Sur quels paramètres vous basez-vous quand vous dites... On a parlé des accusations: Des accusations ont-elles été ou sont-elles sur le point d’être portées? Voilà un type de renseignement. Quels autres devrions-nous avoir? Lorsque nous disons que nous voulons de meilleurs rapports, quels renseignements voulons-nous vraiment obtenir pour en savoir davantage sans pour autant causer du tort? C’est cette limite que nous cherchons à déterminer, car je crois que nous convenons tous autour de cette table – du moins, je l’espère – que les rapports actuels ne donnent pas suffisamment d’information.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens aussi à remercier les témoins d’être venus aujourd’hui. J’ai trouvé vos exposés intéressants et instructifs.
Je ne voudrais pas vous attribuer des paroles que vous n’avez pas dites, mais j’ai pris des notes. J’ai cru comprendre, d’après ce que vous avez dit, qu’il pourrait y avoir une augmentation du recours à ces dispositions. Je crois que c’est Mme LeRoy qui a dit cela. Elle a ajouté que les exigences relatives aux rapports sont insuffisantes. Mme Wood a dit que nous ne savons pas vraiment ce qui se passe. D’après Mme Leroy, nous ne savons pas non plus si ces dispositions sont efficaces, et il serait donc bon de procéder à un examen dans deux ou trois ans.
Vous avez donc exprimé certaines préoccupations, mais elles ne reposent sur aucun élément concret. Vous avez des préoccupations, et c’est parfaitement légitime. Je me demande cependant sur quoi elles se fondent. Étiez-vous opposés à ces dispositions avant leur adoption? Je crois que oui. Encore une fois, sur quoi basez-vous ces préoccupations? Vous y étiez opposés avant et vous l’êtes encore aujourd’hui. Pourtant, je crois qu’en citant certains exemples, M. Swan a dit qu’il pourrait y être favorable. J’aimerais avoir des éclaircissements à ce sujet.
Je pars de l’hypothèse que je peux faire confiance aux tribunaux. Les juges sont humains. Par conséquent, toutes leurs décisions peuvent être critiquées. Quoi qu’il en soit, je crois qu’au départ, je fais confiance aux tribunaux canadiens. Nous vivons dans un pays merveilleux. Nous devrions nous fier à nos tribunaux.
En même temps, nous devrions partir de l’hypothèse que nous pouvons faire confiance à nos policiers. Je n’irai pas jusqu’à faire confiance aux politiciens, mais c’est un excellent objectif à viser.
Des voix: Oh, oh!