:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à vous et bonjour à tous les membres du comité. Merci de me permettre de comparaître devant vous pour vous présenter mon projet de loi d'initiative parlement, le . Il porte sur la question générale de la protection des renseignements personnels.
Je tiens à remercier les membres du comité qui ont participé au débat qui a eu lieu au Parlement et qui m'ont aidé à faire progresser ce projet de loi.
Ce projet de loi, le , a pour but de protéger les citoyens contre la collecte de renseignements personnels obtenus par fraude ou par usurpation d'identité. On appelle souvent cette pratique la « subtilisation de renseignements personnels » et c'est un problème répandu dans le marché des renseignements personnels, un marché en plein expansion.
Le projet de loi a pour but de combler certaines lacunes des règles canadiennes en matière de protection des données qui permettent à des courtiers en information à exploiter dans un but lucratif les renseignements personnels des citoyens.
Plus précisément, le projet de loi vise trois objectifs. Premièrement, il vise à incriminer la subtilisation de renseignements personnels en modifiant le Code criminel et la Loi sur la concurrence. Deuxièmement, il vise à donner un recours aux victimes de ce genre d'atteinte à la vie privée en leur permettant de saisir les tribunaux et de se faire indemniser. Troisièmement, il s'attaque aux aspects transfrontaliers de la subtilisation de renseignements personnels en déclarant les sociétés canadiennes affiliées à des sociétés étrangères responsables des atteintes à la vie privée commises contre des Canadiens.
Monsieur le président, l'information est un des produits les plus recherchés de la nouvelle économie, comme le montre la nouvelle industrie en plein essor du courtage d'information. Les courtiers en information achètent et vendent des données, à des fins commerciales ou de marketing. Il arrive que ces données soient de nature personnelle. Une partie des activités de cette industrie sont légales et consensuelles; cependant, il existe de plus en plus d'éléments qui indiquent que de nombreux aspects de l'industrie du courtage de données sont mal réglementés et que la subtilisation de renseignements personnels est un problème répandu.
D'une façon générale, il existe deux types de courtiers en information susceptibles de porter atteinte à la vie privée des citoyens. Premièrement, il y a les grandes sociétés qui échangent des données, bien souvent à des fins commerciales ou de marketing. Une bonne partie de ces données sont regroupées et ne concernent pas les citoyens particuliers; il est toutefois parfois possible d'extraire des renseignements personnels de ces bases de données. Deuxièmement, il y a un certain nombre de petites sociétés qui offrent de cibler certains citoyens, contre rémunération. Ces sociétés se contentent parfois de vendre des renseignements personnels mais elles offrent aussi des services intrusifs comme des enquêtes privées.
Au palier fédéral, comme vous le savez, la protection des données relève de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, connue sous l'abréviation LPRPDÉ.
La commissaire à la protection de la vie privée, Mme Stoddart, a présenté en mai 2006, un rapport au Comité de la protection des renseignements personnels et de l'éthique qui exposait les améliorations que l'on pouvait apporter à cette loi. Malgré les changements que l'on pourrait apporter à la LPRPDÉ — et je suis en faveur de ces changements — il existe trois grandes lacunes dans le cadre canadien de la protection des données.
Premièrement, la fraude et l'usurpation d'identité sont des crimes aux termes du Code criminel, mais ils ne visent pas les renseignements personnels comme les factures de téléphone, les préférences des consommateurs ou les achats. Le projet de loi vise ce type d'information.
Deuxièmement, ces actions sont contraires à la LPRPDÉ dans la mesure où cette loi interdit de divulguer des renseignements sans le consentement exprès du consommateur ou une ordonnance judiciaire, mais elle n'accorde pas toujours un recours. Par exemple, les décisions du commissaire ne sont pas juridiquement contraignantes, si elles ne sont pas confirmées par une ordonnance de la Cour fédérale et les noms des transgresseurs ne sont pas rendus publics. Le modifierait la situation en criminalisant par le biais du Code criminel le fait d'obtenir, de conseiller d'obtenir des renseignements personnels au moyen d'une fraude, de l'usurpation d'identité ou d'une supercherie.
Troisièmement, la commissaire à la protection de la vie privée n'a pas le pouvoir de faire enquête sur des plaintes à l'extérieur du Canada. Cet aspect a été mis en lumière dans une situation concernant Mme Stoddart elle-même, où la revue Macleans avait obtenu les relevés téléphoniques personnels de Mme Stoddart auprès d'un courtier en information aux États-Unis. Ce projet de loi autoriserait les Canadiens victimes d'atteinte à la vie privée à demander une indemnité aux sociétés canadiennes affiliées de sociétés étrangères qui sont à l'origine de ces atteintes.
Monsieur le président, je sais que le projet de loi a été adopté en deuxième lecture avec l'appui de la majorité des députés de la Chambre des communes, mais certains députés m'ont informé à ce moment-là qu'il était nécessaire de modifier ce projet de loi pour qu'il soit adopté en troisième lecture et à l'étape du comité. Cette suggestion m'a paru tout à fait raisonnable. J'ai abordé cette question avec certains membres du comité et je tiens à vous faire savoir que je suis tout à fait ouvert à la possibilité de modifier le projet de loi, comme j'étais en deuxième lecture. Je sais que certains aspects de ce projet de loi soulèvent de nombreuses préoccupations et que certains d'entre vous ne sont pas prêts à l'appuyer tel qu'il est formulé actuellement.
Cela dit, je suis convaincu de la nécessité d'adopter ce projet de loi pour s'attaquer à cette question — qui comporte un volet protection des renseignements personnels et un volet vol d'identité — et j'ai demandé à des députés et à des membres des cabinets des ministres de la Justice et de l'Industrie des conseils pour renforcer le projet de loi, tout en répondant à la grande majorité de vos préoccupations.
Il a donc été proposé, proposition dont j'appuie les deux volets — que le comité apporte des amendements importants pour resserrer la portée du projet de loi et deuxièmement, que nous adoptions une motion visant à renvoyer certains articles du projet de loi au comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique pour qu'il les examine dans le cadre de l'examen législatif de la LPRPDÉ auquel il procède actuellement.
Si le comité souhaitait apporter des modifications importantes au projet de loi, le gouvernement m'a informé qu'il serait disposé à présenter des amendements visant, tout d'abord, à supprimer les articles ayant pour but de modifier la Loi sur la concurrence et la Loi sur la preuve au Canada et deuxièmement, à renforcer les amendements au Code criminel visant à incriminer la collecte de renseignements personnels dans l'intention de commettre une fraude ou une usurpation d'identité, le recours à la tromperie pour obtenir des renseignements personnels d'un tiers dans le but de commettre une fraude ou une usurpation d'identité et la transmission de renseignements personnels provenant d'un tiers pour qu'ils soient utilisés pour commettre une fraude ou une usurpation d'identité.
Je suis tout à fait ouvert aux commentaires des membres du comité, mais d'après ce que j'ai compris, les amendements proposés vont englober la plupart des pratiques utilisées actuellement pour commettre le vol d'identité et la fraude et disséminer les renseignements personnels ainsi obtenus. Les ministères concernés estiment que ces amendements sont nécessaires, étant donné que les dispositions du Code criminel, telles que formulées dans le projet de loi, ne résisteraient peut-être pas à une contestation constitutionnelle et pourraient également compromettre les techniques d'enquête utilisées par certains de nos organismes d'application de la loi.
Je suis profondément convaincu de l'importance des modifications à la Loi sur la concurrence que j'ai proposées mais, monsieur le président, j'ai appris qu'elles soulevaient de graves préoccupations. C'est la raison pour laquelle je demande respectueusement au comité de renvoyer ces dispositions au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, pour qu'elles soient examinées dans le cadre de l'examen législatif de la LPRPDÉ. Le président et le vice-président de ce comité m'ont assuré qu'ils se chargeraient avec plaisir de cette tâche.
Monsieur le président, pour terminer, je tiens à dire que le vol d'identité est un problème grave au Canada. Le projet de loi vise à réprimer un aspect précis de ce problème. Je sais également que le ministère de la Justice examine cette question depuis quelques temps. J'en suis ravi.
J'attends avec beaucoup d'intérêt que le gouvernement présente un projet de loi plus général sur la question du vol d'identité mais il me paraît important d'aller de l'avant sur cette question pour protéger les renseignements personnels. J'invite donc le comité à examiner le projet de loi, à le modifier de la façon que j'ai exposée et je serai bien sûr tout à fait disposé à examiner d'autres amendements raisonnables.
Monsieur le président, je vais en rester là si vous le permettez. J'ai hâte d'entendre vos commentaires et ceux des autres membres du comité. Merci.
:
Pour ce qui est du mémoire de l'ABC, je dois vous dire franchement que je l'ai trouvé très utile. La Chambre de commerce a également présenté des commentaires fort utiles au sujet de la Loi sur la concurrence et des amendements.
Pour ce qui est du projet de loi, j'ai demandé expressément au Bureau des affaires émanant des députés de formuler le projet de façon à ne pas entraver les mesures que les organismes d'application de la loi peuvent avoir à prendre dans le cadre de leurs fonctions. Pour ce qui est des enquêteurs privés, c'est un intérêt acquis. Évidemment, cela touche leur travail, c'est ce qu'ils font. Ce projet de loi les préoccupe de ce point de vue.
Franchement, je ne sais pas très bien si leurs arguments sont valides ou non. J'ai lu ce qu'ils m'ont envoyé et ces questions seront peut-être précisées en comité. Mais le mémoire de l'Association du Barreau canadien traitait de façon très précise des aspects critiquables du projet de loi et des recours qu'elle voulait voir modifier.
Pour ce qui est des enquêteurs privés, les changements qu'ils proposent auraient pratiquement pour effet d'empêcher le projet de loi de réprimer l'usurpation d'identité ou l'usurpation frauduleuse d'identité. C'est la raison pour laquelle je ne vois pas comment je pourrais donner suite à leur mémoire, mais j'aimerais beaucoup savoir quels sont les changements précis qu'ils aimeraient apporter à ce projet de loi.
Leur mémoire ne parle pas beaucoup de la Loi sur la concurrence; il portait principalement sur le Code criminel. Mais j'examinerai avec beaucoup d'intérêt les amendements précis qu'ils souhaitent apporter aux trois premiers articles du projet de loi.
:
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur Rajotte. C'est toujours un moment important de notre travail de député, lorsqu'on parraine un projet de loi d'initiative parlementaire. D'ailleurs, comme j'ai eu l'occasion de le dire à mon parti, je souhaite qu'on augmente le nombre d'heures réservées aux affaires émanant des députés, parce que je pense que c'est important.
Votre projet de loi me pose un problème. J'en comprends l'intention, mais je saisis mal comment vous allez définir, par exemple, les renseignements personnels. Cette expression est déjà définie dans une autre loi. Par conséquent, je pense que ça peut aller pour cette définition. Toutefois, le type d'infractions précises que vous voulez circonscrire et pour lesquelles vous souhaitez voir traduire des gens devant les tribunaux n'est pas clair dans mon esprit.
J'aimerais que vous nous donniez des exemples très précis à ce sujet. On a une crainte au sujet de toute la question du télémarketing. Certaines compagnies exercent une forme de sollicitation qui est de plus en plus courante dans notre réalité de consommateurs, avec les avantages et les désavantages que cela comporte. Je conviens qu'il n'est pas toujours intéressant de se faire solliciter.
Certaines compagnies privées ont recours à des courtiers en information pour faire de la sollicitation téléphonique, et achètent des banques de données. Expliquez-nous comment fonctionne le marketing et comment la transmission d'information se fait dans ce contexte et, plus précisément, quel type de comportement vous souhaitez criminaliser.
Vous avez raison d'affirmer que le vol d'identité est un problème grave qui se répand de plus en plus. Il y a la méthode la plus courante qui consiste à voler les cartes de crédit ou d'autres renseignements de quelqu'un et d'essayer ensuite de se faire passer pour cette personne.
J'y reviens sans cesse mais je ne peux imaginer une meilleure façon d'illustrer ce problème que de relater ce qui est arrivé à la commissaire à la protection de la vie privée. Une personne qui s'est fait passer pour quelqu'un d'autre a réussi à obtenir des renseignements personnels la concernant. C'est le genre de chose que le projet de loi tente exactement d'éviter.
On pourrait demander pourquoi le projet de loi a une portée aussi limitée. C'est pour régler cette question. Il est évident qu'avec un projet de loi d'initiative parlementaire qui concerne un point précis, il est plus facile de faire examiner le projet de loi et peut-être d'exercer certaines pressions sur le gouvernement pour qu'il règle de façon plus générale le problème en question.
Pour revenir à votre demande d'exemple, je ne pense pas qu'il y ait meilleur exemple que celui de la personne qui se fait passer pour un membre d'une institution, comme une banque ou une compagnie d'assurance, ou qui se fait passer pour quelqu'un d'autre pour obtenir de l'information. C'est là un des problèmes.
Le fait de s'emparer de cette information, de la réunir et de la vendre constitue également un autre problème. C'est la situation typique que j'essaie d'éviter avec ce projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup pour votre présentation.
[Traduction]
Mon collègue, M. Murphy, a abordé un certain nombre de sujets dans ses questions. Voici ma question. Nous avons reçu un certain nombre de mémoires — nous allons entendre leurs auteurs, je pense, à un moment donné — comme celui de l'Association du Barreau canadien, qui mentionne que la meilleure façon de procéder n'est pas de modifier le Code de façon fragmentaire — c'est le mot que je cherchais. Les auteurs de ces mémoires ont fait remarquer que, tels qu'ils étaient formulés actuellement, un certain nombre d'articles du Code criminel n'étaient pas très efficaces, compte tenu des nouvelles technologies, etc. De plus, lorsque Justice Canada a procédé à des consultations, en 2004, sur la question du vol d'identité, l'ABC a recommandé à Justice Canada de procéder en fait à une vaste consultation sur la révision complète du Code criminel, plutôt que de procéder au coup par coup, que ce soit par des projets de loi du gouvernement ou d'initiative parlementaire.
C'est la raison pour laquelle je vous demande, premièrement, étant donné que votre projet de loi n'aborde qu'un aspect très limité de la vaste question du vol d'identité, parce qu'il ne vise pas tous les aspects du vol d'identité, à savoir l'obtention licite de renseignements personnels mais aussi leur emploi illicite et la possibilité d'incriminer cet emploi illicite, si vous admettez avec l'ABC qu'il devrait y avoir une consultation générale et qu'on devrait procéder à une refonte complète, de façon à aborder toutes ces questions et pour éviter, avec cette approche fragmentaire, des conséquences imprévues et d'avoir encore des dispositions qui contiendraient de graves lacunes? En outre, cette approche fragmentaire donnerait aux citoyens un faux sentiment de sécurité parce qu'il serait amené à penser que, si nous avons réglé un aspect, cela veut dire que le reste est parfait.
:
C'est une excellente question. Je reconnais tout à fait que si l'on voulait régler tous les aspects du vol d'identité, il faudrait présenter un projet de loi beaucoup plus général, ou même plusieurs projets de loi, pour le faire. En fait, j'aimerais beaucoup que l'on présente un tel projet. Vous avez parlé de l'initiative de Justice Canada de 2004 et le ministère a continué de travailler sur ce dossier. En fait, le ministère me tient au courant de l'évolution de ce dossier et j'en suis très heureux. Le dernier document a été produit en juin 2006.
Ma frustration vient du fait que nous avons besoin que ces lois soient en vigueur en ce moment au Canada, parce que les problèmes se multiplient dans ce domaine; c'est pourquoi je suis en faveur de tout ce qui peut faire avancer cette question d'un point de vue général, et de tout ce qui peut régler au moins une partie du problème du vol d'identité.
Je pense que vous avez raison de dire que le projet de loi porte sur un aspect limité; il porte sur un aspect limité parce qu'il a été conçu de cette façon. Mon but a été de viser un certain aspect et d'essayer de régler le problème qu'il pose pour ainsi régler une facette du problème du vol d'identité. Par contre, si c'est un aspect limité, il faut reconnaître qu'il est important. Je pense que, si ce projet de loi était adopté, il réglerait au moins un aspect du vol d'identité, il améliorerait les lois canadiennes qui traitent de cette facette du problème et je pense franchement qu'il inciterait le gouvernement à présenter un ensemble de mesures plus globales. Si le gouvernement, dans sa sagesse, estimait pouvoir présenter un projet de loi global, qui répondrait à toutes les préoccupations qui sont réglées par celui-ci, bien évidemment, je l'appuierais. Si un tel projet de loi était adopté et modifiait les autres lois, j'en serais très heureux.
Je crois que, si je retirais ce projet de loi et faisais marche arrière, je ne saurais pas très bien à quel moment le gouvernement présenterait un projet législatif global qui réglerait vraiment tous les aspects de ce problème. Je vois là un moyen de l'inciter à régler l'ensemble du problème.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord remercier M. Rajotte pour ce projet de loi. Aussi minime soit-il, il est à mon avis excellent.
J'aimerais vous faire part d'un problème auquel nous faisons face. Au Québec, ce sont des compagnies privées qui recueillent les renseignements personnels. Après les avoir obtenus, ces compagnies les transfèrent à d'autres compagnies, entre autres à des compagnies en Ontario. Dans le cas dont je vais parler, les renseignements ont été acheminés à Houston, au Texas, où il y a un important centre de renseignements.
Par exemple, si je fais une demande de crédit, je me rends compte que mes renseignements personnels, obtenus d'un tiers, sont entre les mains d'une compagnie qui ne relève de la juridiction de ma province. À Houston, ce sont les lois américaines qui prévalent.
La compagnie ontarienne qui émet ma carte de crédit, par exemple la compagnie MBNA, que nous sommes nombreux à connaître, obtient des renseignements de Houston. Au niveau provincial, je ne peux pas régler le problème. Toutefois, l'amendement que vous souhaitez apporter au Code criminel me permettrait de déposer une plainte dans le cas où mes renseignements personnels seraient volés ou si quelqu'un obtenait ces renseignements par l'intermédiaire d'une tierce partie et que cela me causait un préjudice. D'après ce que j'ai compris, cet amendement, aussi petit soit-il, ferait en sorte qu'en vertu du Code criminel, il serait possible de bénéficier de ce recours dans les dix provinces et les trois territoires canadiens.
M. Paul Szabo a parlé des gens qui ont été victimes d'un vol d'identité le 25 octobre 2006. J'ai été victime d'un tel vol et je peux vous dire que même dix ans plus tard, il est encore difficile de remonter la pente. Les renseignements personnels associés à mon nom étaient rendus à Houston. À Houston, on les a transférés à des compagnies de crédit. Aujourd'hui encore, lorsque je veux obtenir une carte de crédit, il est indiqué que Daniel Petit a fait faillite. Or, je suis avocat et je ne peux pas faire faillite. De faux renseignements ont été acheminés. On a volé mon identité. Des huissiers sont même venus chez moi pour me remettre des documents relatifs à des poursuites civiles avec lesquelles je n'avais rien à voir.
J'ai vécu cette situation, et c'est vraiment triste. Dix ans plus tard, je figure encore dans les fichiers d'Air Canada. Il y a des problèmes associés à un dénommé Daniel Petit, mais ce n'est pas moi. C'est une situation dangereuse. Si minime soit-il, ce projet de loi est excellent. S'il avait été en vigueur à l'époque, j'aurais pu entamer des poursuites au criminel contre les compagnies et faire en sorte que mon identité soit rétablie, ce que je n'ai pas pu faire.
Je vous avais parlé de mon cas. Quand vous avez pensé à ce projet de loi, y avez-vous pensé? Toutes les provinces sont séparées les unes des autres, et le Code criminel est la seule loi qui s'applique d'est en ouest, partout au pays. Avez-vous pensé au fait que pour moi, le Code criminel aurait été le meilleur outil?
:
Je vous remercie beaucoup, M. Petit.
C'est effectivement un excellent exemple. Il y un cas très semblable au vôtre dans ma circonscription; c'est celui d'un monsieur qui, dix ans plus tard, a encore du mal à embarquer sur les vols d'Air Canada. Lorsque lui et sa femme prennent l'avion pour aller en vacances, il est encore obligé de m'appeler et de me faire savoir qu'il a un problème. C'est une situation qu'il faut régler.
Un des aspects que la troisième partie du projet de loi essayait de traiter était l'aspect transfrontalier de la supposition de personne, de la communication de renseignements personnels, en obligeant les sociétés canadiennes affiliées de sociétés étrangères à assumer la responsabilité des atteintes à la vie privée et des vols d'identité commis contre des Canadiens. Le problème qui se posait sur ce point — et qui explique en partie les amendements à la Loi sur la concurrence — est que la commissaire à la protection de la vie privée, Jennifer Stoddart, n'a pas le pouvoir d'effectuer des enquêtes à l'extérieur du Canada. Il est possible que, comme M. Comartin l'a mentionné, il soit préférable de régler cet aspect en élargissant son mandat, ou ses pouvoirs, dans le cadre de l'examen de la LPRPDÉ.
Avec l'Internet et tous ces fils qui traversent les frontières sans les respecter, il faut trouver le moyen de régler le genre de situation que vous avez décrit — une société faisant affaires au Québec qui transfère des renseignements d'un seul clic à une société au Texas et dix ans plus tard, l'erreur n'est toujours pas corrigée. Il faut bien évidemment trouver une solution. Je crois que vous avez dit que cela remontait à dix ans; c'est un problème qu'il faut régler maintenant.