Nous allons commencer tout de suite. Nous avons une journée bien remplie et nous devrons suspendre la séance entre les groupes car nous aurons des vidéoconférences pour le deuxième groupe de témoins et pour le troisième.
Premièrement, j'aimerais accueillir et remercier tous nos témoins d'être parmi nous, parfois de très loin. Nous accueillons aujourd'hui Anthony Cochlan, associé dans la firme ACT Immigration and Business Consulting Ltd, Barbara Byers, secrétaire-trésorière, et Elizabeth Kwan, recherchiste en chef, du Congrès du travail du Canada et enfin Val Litwin, président et chef de la direction de la chambre de commerce de Whistler. Merci à tous de votre présence.
Sans plus tarder, nous allons passer aux exposés. Comme nous avons trois témoins, pouvons-nous nous limiter à sept minutes, s'il vous plaît?
Nous allons commencer par Anthony Cochlan, d'ACT Immigration and Business Consulting Ltd, s'il vous plaît.
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Merci monsieur le président et membres du comité de me donner l'occasion de témoigner et de faire un exposé.
Je suis associé au sein de la firme ACT Immigration and Business Consulting, une firme d'experts-conseils en immigration présente dans le nord de la Colombie-Britannique et en Alberta. J'ai travaillé auparavant à Immigration Canada pendant 22 ans en qualité d'agent et de gestionnaire et j'ai travaillé ici et à l'étranger pour le ministère des Affaires étrangères.
Je crois que le programme des travailleurs étrangers temporaires pourrait être plus efficace pour les travailleurs concernés et pour leurs employeurs canadiens. Comme nous le savons, ce sont les employeurs canadiens, en quête de compétences temporaires et confrontés à des pénuries de main-d'œuvre, qui font appel aux travailleurs étrangers temporaires quand les Canadiens et les résidents permanents ne sont pas disponibles. Nous avons tendance à parler de travailleurs étrangers temporaires, mais on devrait plutôt dire employeurs canadiens et travail étranger temporaire. Les deux, ensemble, contribuent à notre économie.
Quelques témoins ont parlé des catégories et des programmes et vous connaissez donc bien les EIMT, les études d'impact sur le marché du travail et le programme des travailleurs étrangers temporaires.
La grande différence réside dans le fait que les travailleurs étrangers temporaires appartenant à certaines catégories d'immigration n'ont pas besoin d'une EIMT, d'Expérience internationale Canada ou du visa Vacances-Travail. Les titulaires de permis de travail post-diplôme et des cas similaires n'ont besoin de rien d'autre qu'un permis de travail.
La deuxième catégorie qui intéresse le Comité est l'étude d'impact sur le marché du travail. Ce sont des professions à haut et à bas salaires ainsi que les travailleurs agricoles, et ceux-là ont besoin du permis de travail et de l'approbation de l'EIMT pour entrer au Canada.
Qu'est-ce qui marche et qu'est-ce qui ne marche pas? Je sais que c'est une expression galvaudée, mais le Canada a été construit par des immigrants. Des témoins précédents ont dit que les travailleurs étrangers temporaires constituent un bassin de résidents permanents et de nouveaux immigrants — c'est ce qu'a dit David Manicom la semaine dernière — mais les travailleurs étrangers temporaires ont besoin de protection et les employeurs ont besoin d'options. Or le processus actuel des EIMT ne répond pas à ces besoins.
Les employeurs canadiens ont utilisé l'argent de leur propre entreprise et de leur famille pour faire venir des TET au Canada. La plupart des employeurs vous diront qu'ils n'ont jamais vu la personne qu'ils ont embauchée avant qu'elle n'arrive à l'atelier ou s'il s'agit d'un fournisseur de soins, à leur maison.
Je vais vous donner deux exemples rapides qui peuvent vous aider un peu. Tout d'abord, les fournisseurs de soins. Si ma mère âgée avait besoin d'un fournisseur de soins, je devrais rechercher des Canadiens. Je mettrais une annonce dans le journal pendant un mois. Je devrais la laisser deux autres mois. Peu importe que 100 autres personnes aient déjà cherché. Je dois le faire avec chacun d'eux. Ma voisine peut être une fournisseur de soins et être au chômage, elle ne peut pas travailler pour moi et ma mère tant qu'elle n'y est pas autorisée par une nouvelle EIMT et qu'elle n'a pas un nouveau permis de travail. Nous avons un système ancien et très lent.
Deuxièmement, nous savons tous que la demande de médecins au Canada dépasse l'offre. Pourtant, chaque année, chaque médecin étranger qui vient au Canada doit être autorisé et obtenir l'approbation d'une EIMT. Je préférerais que mon médecin soit autorisé par l'Ordre des médecins et chirurgiens et les autorités sanitaires locales. Je ne suis pas aussi inquiet au sujet d'une autorisation par un agent d'EDSC.
Je vous fais trois suggestions.
Premièrement, rationaliser le processus des EIMT. Il y a trop d'incohérences et un manque de communication entre les demandeurs et EDSC. Les employeurs doivent savoir qu'il existe des protocoles normalisés pour le processus. Les employeurs canadiens investissent beaucoup de temps et d'argent dans leurs employés.
EDSC et IRCC peuvent voir que le programme ne comporte pas de risques. Ils pourraient déplacer les médecins et certains fournisseurs de soins du programme dans une catégorie pour améliorer ce processus.
Deuxièmement, j'aimerais voir des permis de travail ouverts, un système dans lequel les permis de travail sont accordés en fonction des professions et des secteurs qui ont des besoins, plutôt que de lier un employé à un employeur. Une grande partie de la controverse est liée aux employés malheureux ou vulnérables.
Les employeurs et les employés pourraient se choisir et trouver une correspondance. Ils pourraient également partir en cas d'échec. Ce serait le marché qui trouverait l'équilibre. Je crois que le « T » est pour « temporaire » dans « travailleurs étrangers temporaires », ce qui donnerait un plus grand choix.
Enfin, je recommanderais de placer les agents des EIMT dans les régions. Il n'existe pas de solution universelle, applicable à tous. Nous sommes un énorme pays qui compte de nombreuses régions et EDSC devrait être plus présent dans les collectivités locales. Nous pourrions avoir de petits bureaux d'EDSC dans des centres. Ils connaîtraient le contexte local et les employeurs locaux et ils pourraient évaluer les zones géographiques de nos industries qui devraient avoir des EIMT.
Un jour, à Fort St. John, le responsable du développement économique m'a dit que, lorsque le processus des EIMT avait été interrompu en 2014, des projets représentant 20 millions de dollars avaient cessé. Ce n'est pas que les TET n'étaient pas là. C'est simplement que les employeurs canadiens n'étaient pas prêts à investir dans leurs entreprises à moins d'avoir la certitude qu'ils pourraient attirer des Canadiens au travail, mais aussi des TET.
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de comparaître. J'attends votre rapport avec impatience.
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Merci pour cette occasion que vous nous donnez de présenter notre point de vue aujourd'hui, au nom du Congrès du travail du Canada. Nous fournirons au Comité une communication écrite plus tard. Nous n'avons pas encore la traduction.
Nous représentons 3,3 millions de membres au Canada. Nous travaillons dans pratiquement tous les secteurs de l'économie. Tout en étant heureux d'être ici, nous sommes trop préoccupés par le temps limité alloué à l'examen du programme des travailleurs étrangers temporaires. En mai 2014, plusieurs milliers de délégués à notre 27e convention constitutionnelle ont demandé un examen complet, ouvert et transparent du programme des travailleurs étrangers temporaires. Nous estimons que cet examen entrepris par le HUMA ne répond pas à ce critère et nous espérons que vous réexaminerez la question.
J'aimerais commencer en disant que nous pensons, depuis longtemps, que le programme des travailleurs étrangers temporaires est défaillant dans sa conception et son utilisation. Les employeurs continuent d'utiliser le programme comme un moyen de faire des affaires plutôt qu'en dernier recours. Les employeurs ne sont pas motivés pour recruter des travailleurs canadiens de façon dynamique et novatrice, y compris les travailleurs sous-représentés comme les immigrants, les personnes handicapées, les autochtones, les personnes racialisées, les femmes, les LGBTQ, et les jeunes. Ils ne sont pas motivés non plus à investir dans la formation des Canadiens car ils peuvent faire appel à des travailleurs migrants hautement qualifiés.
Pour les travailleurs migrants, le programme crée une multitude de vulnérabilités. Le programme est totalement fondé sur la demande de l'employeur et lui donne le contrôle sur la relation de travail avec les travailleurs migrants, ce qui permet l'exploitation et les abus rampants de leurs droits humains et du travail. L'éternel problème est, bien entendu, la faible rémunération des travailleurs migrants. Les employeurs sont tenus de payer les travailleurs migrants le salaire médian en vigueur, mais ils trouvent des moyens de contourner cette obligation.
Comment? En recrutant des travailleurs migrants à l'extrémité inférieure de la fourchette des salaires, en ne leur payant pas les heures supplémentaires, en autorisant pas les pauses, en demandant du travail en dehors du contrat de travail et en récupérant des frais pour diverses dépenses d'affaires. Payer les travailleurs migrants de bas salaires n'incite pas les employeurs à augmenter le salaire de base des autres travailleurs, qu'ils soient canadiens ou migrants. Les tactiques contreviennent aux normes d'emploi provinciales et aux exigences du gouvernement fédéral.
Je tiens à souligner deux éléments du programme qui causent d'énormes vulnérabilités pour les travailleurs migrants. Tout d'abord, le permis de travail spécifique à l'employeur lui donne tout le contrôle sur l'emploi et le statut d'immigration des travailleurs, leur rémunération, leurs conditions de travail et leur santé et leur sécurité. La peur de se faire congédier et déporter piège les travailleurs migrants dans une servitude involontaire où ils vivent dans des conditions de travail épouvantables: droits du travail réduits, salaires inférieurs, contraventions aux normes du travail, de la santé et de la sécurité, abus, intimidation, avances sexuelles, contrainte de rétention des documents comme les passeports et être amenés par la tromperie vers une situation irrégulière. Les plus vulnérables sont les travailleurs migrants moins qualifiés confrontés à des barrières linguistiques et qui travaillent seuls, en particulier ceux qui sont endettés envers les recruteurs.
La deuxième question est la question des quatre ans, un règlement selon lequel un travailleur migrant peut travailler au Canada pendant quatre ans mais ne peut pas travailler pendant les quatre années suivantes. Voilà une porte tournante pour les travailleurs migrants peu qualifiés, qui montre bien comment le programme crée une sous-catégorie de travailleurs jetables. La réglementation défaillante interagit mal avec d'autres parties du programme des travailleurs étrangers temporaires et a un impact considérable sur la vie des travailleurs migrants. En Alberta, ils dépassent leur temps en raison de cette règle du fait des délais de traitement de leur demande de candidat des provinces. D'autres failles sont propres au programme des fournisseurs de soins et au programme des travailleurs agricoles saisonniers. Par exemple, le nouveau plafonnement des demandes de résidence permanente est particulièrement dur dans le programme des fournisseurs de soins et a également imposé des limites aux possibilités de poursuivre des études et une formation, ce qui a causé des difficultés pour de nombreux fournisseurs de soins migrants. Quant aux conditions de vie et de travail des travailleurs agricoles saisonniers, elles ne peuvent être qualifiées que de pénibles. Même s'ils cotisent à l'assurance-emploi, ils n'ont pas droit aux prestations. Ils avaient ce droit avant 2012, tout au moins un accès à des prestations spéciales. Pourtant, c'est ce même programme des travailleurs agricoles saisonniers qui exige qu'ils partent avant la mi-décembre chaque année, invalidant l'assurance sociale et leur retirant leur droit à l'assurance-emploi.
Citons également les recruteurs prédateurs qui demandent aux travailleurs migrants des sommes exorbitantes, souvent dans les milliers de dollars, pour les faire correspondre à des employeurs dans des emplois peu qualifiés et à bas salaires. Les recruteurs placent les travailleurs migrants dans la servitude pour dettes pendant des années.
Nous sommes particulièrement préoccupés par l'insuffisance de l'application de la conformité de l'employeur. Seules huit inspections sur place ont été effectuées sur 5 907 employeurs examinés par Emploi et Développement social Canada entre 2013 et 2015. Ce n'est pas suffisant non plus que seuls 340 avis aient résulté de 3 395 signalements reçus entre le 14 avril et le 15 décembre.
Enfin, il faut des données régionales et en temps opportun sur le marché du travail pour que le fonctionnement du programme des travailleurs étrangers temporaires soit fondé sur des données probantes.
Voici nos recommandations.
Mettre en œuvre de nouvelles voies d'accès à la résidence permanente pour tous les travailleurs migrants peu qualifiés, y compris dans le programme agricole et le programme des fournisseurs de soins.
Assurer en même temps la transition vers l'élimination de l'accès des employeurs aux travailleurs migrants temporaires qui ont des permis de travail liés dans les catégories professionnelles nationales C et D du programme des travailleurs étrangers temporaires, à l'exclusion du programme des travailleurs saisonniers et de celui des fournisseurs de soins.
Mettre en place de nouvelles exigences d'admissibilité strictes pour les employeurs qui cherchent des permis de travail temporaires, y compris des critères de besoins économiques plus rigoureux, offrir des outils pour améliorer le recrutement par les employeurs de Canadiens et de résidents permanents, y compris les travailleurs sous-représentés.
Travailler avec les employeurs pour offrir plus de formation aux travailleurs canadiens.
Remplacer les permis de travail spécifiques à un employeur par des permis ouverts pour les travailleurs migrants peu qualifiés, y compris les travailleurs saisonniers et les fournisseurs de soins. Pendant la transition, offrir un cheminement vers la résidence permanente pour les travailleurs étrangers temporaires peu qualifiés qui sont déjà au Canada.
Éliminer le règlement des quatre ans et éliminer les plafonds pour les demandes de résidence permanente et la barrière à la formation et à l'éducation pour les fournisseurs de soins migrants.
Modifier le règlement pour que les travailleurs saisonniers aient droit à l'assurance-emploi.
Renforcer rigoureusement le contrôle de la conformité de l'employeur, notamment en augmentant les inspections sur place.
Ratifier la convention 189 de l'Organisation internationale du Travail sur le travail décent pour les travailleurs domestiques.
Et enfin, améliorer grandement la collecte des données sur le marché du travail. De toute évidence, nous serions heureux de collaborer.
Ces suggestions ne sont pas des choses qui ne fonctionnent pas. Nous savons qu'elles fonctionnent, tout au moins certaines, dans le programme de mobilité international. Ce sont des choses dont nous savons qu'elles fonctionnent.
Je vous remercie de votre attention et nous répondrons avec plaisir à vos questions.
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Merci monsieur le président, membres du comité et les autres députés.
Je m'appelle Val Litwin. Je suis le président et chef de la direction de la chambre de commerce de Whistler. Nous sommes la voix des entreprises de Whistler depuis 50 ans et nous représentons plus de la moitié de notre milieu des affaires, qui compte 700 membres.
Je vous suis reconnaissant, ainsi que Whistler, de l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui. Merci.
Le maire et le conseil municipal de Whistler m'ont demandé de vous parler au nom de la municipalité de villégiature. J'ai également reçu la permission de parler au nom de la chambre de commerce de la Colombie-Britannique. L'honorable Shirley Bond sait également que je suis ici et le ministère de l'Emploi, du Tourisme et de la Formation professionnelle et Responsable du travail de la Colombie-Britannique appuie mon message.
Depuis des décennies, les entreprises de Whistler font preuve de proactivité et d'innovation et je pourrais même ajouter — comme ma collègue du Congrès du travail du Canada vient de le dire — de dynamisme pour recruter des Canadiens.
Malgré un extérieur tape-à-l'oeil, le milieu des affaires de Whistler est composé à 93 % de petites entreprises dont beaucoup sont gérées par le propriétaire-exploitant. Même le plus petit café de Whistler sait qu'il doit recruter dans tout le Canada, à Edmonton, Montréal et Toronto, d'un océan à l'autre, pour attirer le personnel.
Le plus gros employeur de Whistler, Whistler Blackcomb se rend tous les ans dans neuf marchés au Canada, de l'intérieur de la Colombie-Britannique jusqu'à St. John's, à Terre-Neuve, pour rencontrer des Canadiens en personne et vendre l'expérience de travail et de vie dans notre ville balnéaire.
De nombreuses initiatives, anciennes et nouvelles, ont aidé Whistler à attirer et à retenir des Canadiens. J'aimerais les souligner très rapidement.
La Whistler Housing Authority a été fondée en 1997 sur l'hypothèse que notre station ne pouvait pas prospérer à moins de disposer d'une main-d'œuvre résidente stable ayant accès à des logements abordables. Actuellement, nous hébergeons 80 % de notre main-d'œuvre dans la localité, par rapport à 40 % dans des localités comparables comme Aspen et Vail, que nous considérons comme nos principales concurrentes.
Tout récemment, nous avons construit en partenariat avec la Gustavson School of Business de l'Université de Victoria pour créer des programmes spécialisés de formation en service à la clientèle pour les jeunes des Premières Nations afin qu'elles puissent mieux s'intégrer dans la population active de Whistler et la communauté. Nous travaillons très étroitement avec les nations Squamish et Lil'wat.
Notre partenariat éducatif avec la Gustavson School of Business nous a également permis de former 11 000 travailleurs depuis deux ans, ce qui rend l'enseignement universitaire accessible et abordable pour nos petites entreprises et peut être exploité comme un avantage lors du recrutement.
Nous connaissons très bien les données sur le marché du millénaire et nous savons que les Canadiens veulent être l'objet d'investissements. Nos annonces disent maintenant que tous les Canadiens qui viendront dans notre ville pourront suivre des études universitaires. A ma connaissance, nous sommes les premiers à le faire au Canada.
Depuis 18 mois — et c'est du domaine public — notre chambre plaide auprès de notre milieu des affaires pour une hausse des salaires. Il est très inhabituel qu'une chambre le fasse, mais nous avons une vision globale et nos membres ont répondu de façon positive. Une enquête récente a montré que 78 % de nos membres ont augmenté les salaires dans les six derniers mois et 71 % ont confirmé que cette augmentation se situait entre 6 et 25 %.
Pour en revenir à la vision globale, notre station de 10 500 personnes représente 25 % de l'économie touristique étrangère et génère 1,4 million de dollars par jour en recettes fiscales pour les trois paliers de gouvernement. Il s'agit de plus d'un demi-milliard de dollars de recettes fiscales chaque année. Malgré les hausses de salaires, le recrutement de Canadiens et les pratiques innovatrices en matière de logement, nous craignons que notre incapacité à trouver des Canadiens nuise à notre capacité d'optimiser les occasions d'affaires.
À Whistler, le taux de chômage se situe actuellement à 1,8 %. Nous faisons face à une pénurie de main-d'œuvre qui a été identifiée par l'étude de go2HR sur le marché du travail en 2012. Le rapport indique qu'il nous manquera 14 000 emplois équivalents temps plein dans l'hôtellerie et le tourisme d'ici 2020. Malheureusement, il semble que ce chiffre sera atteint.
Lorsque nous ne pouvons pas trouver suffisamment de Canadiens pour combler des postes dans la localité, nous nous tournons vers d'autres mécanismes tels que le programme des travailleurs étrangers temporaires. Je tiens à préciser que si nous estimons que ce programme est vital, les TET représentent un pourcentage très limité de notre main-d'œuvre, un peu plus de 1 % en 2014 selon Statistique Canada. Depuis quelques années, la majorité est constituée de moniteurs de sports de neige hautement qualifiés. En raison du caractère saisonnier du secteur du ski, un peu comme l'agriculture, il est difficile d'obtenir et de garder des gens qualifiés.
Tout comme les Canadiens, les travailleurs étrangers temporaires sont un élément précieux et vital de notre main-d'œuvre. Sans eux, nous ne pourrions pas offrir l'expérience exceptionnelle à laquelle nos clients sont habitués à Whistler et nous n'aurions pas le domaine international qui fait de Whistler un endroit si spécial depuis des décennies. Par conséquent, Whistler souhaite soumettre respectueusement trois recommandations. Permettez-moi de souligner que nous sommes pleinement favorables un programme qui prône l'intégrité et le respect. Nous voulons un programme crédible assorti de protections appropriées pour les travailleurs vulnérables.
Nos recommandations seraient les suivantes. Tout d'abord, les statistiques sur le marché du travail pour la partie sud-ouest de la région de Vancouver montrent un taux de chômage est de 6 %, mais le taux de chômage à Whistler est presque inexistant à 1,8 %.
Malgré tous nos efforts pour recruter, former et retenir des Canadiens, nous avons des postes vacants et personne pour les combler. Pour les micros marchés du travail comme le nôtre, il serait utile que l'on tienne compte de notre taux de chômage inférieur à 6 % pour que nous puissions avoir droit à des travailleurs pour répondre à des besoins urgents particuliers.
Deuxièmement, nous estimons que les frais de l'évaluation d'impact sur le marché du travail sont élevés. La somme de 1 000 $ par candidat possible pour une seule année d'emploi, sans aucune garantie que le poste sera pourvu, est prohibitive. Les frais devraient être réduits, en particulier pour les petites entreprises et/ou la période pendant laquelle l'évaluation est valable pourrait être prolongée d'un à deux ou trois ans. Cela permettrait de rationaliser le processus et de permettre aux petites entreprises de rester compétitives et viables.
Enfin, Whistler voudrait suggérer respectueusement que l'on envisage de créer un flux pour les travailleurs saisonniers, comme pour le programme agricole, accessible à tous les secteurs, selon les mêmes critères là où il y a du travail saisonnier et des pénuries de main-d'œuvre persistantes. Les données de la Canada West Ski Areas Association montrent qu'il n'y a tout simplement pas assez de Canadiens qualifiés dans la catégorie des moniteurs de sports de neige pour toutes les stations de ski de notre pays.
J'espère avoir démontré clairement comment les travailleurs étrangers temporaires forment une partie petite mais vitale de la main-d'œuvre de Whistler. Je vous remercie de m'avoir écouté aujourd'hui ainsi que de votre examen de cette question urgente. Le tourisme est un secteur vert et en expansion au Canada et Whistler aimerait rester un moteur de cette croissance économique en Colombie-Britannique et au Canada.
Merci.
Cette pénurie annoncée ne concerne pas seulement Whistler, mais toute la région des montagnes côtières, en particulier le secteur du tourisme et de l'accueil.
Le problème des centres de ski, c'est qu'ils doivent disposer d'un nombre minimal d'instructeurs de ski pour être en mesure d'attirer les clients et de répondre à leurs besoins. Dans la catégorie des instructeurs de sports de neige, il y va donc de leur réputation d'avoir suffisamment d'instructeurs, faute de quoi les clients ne pourront prendre des leçons de ski sur les pentes.
Lorsque nous fonctionnons en deçà du seuil de travailleurs requis pour pourvoir tous les postes clés au centre de villégiature, l'expérience des clients est compromise et nous ne pouvons prendre de l'expansion.
À l'avant-dernière saison de ski, par exemple, Whistler Blackcomb avait 90 instructeurs de sports de neige. Le coût de ce processus est trop prohibitif pour que le centre le répète. Cette année, il en avait 53 et — j'ai les chiffres ici —, le centre a calculé avoir eu un manque à gagner de 1,5 à 2 millions de dollars cette année.
Whistler est une communauté qui a toujours eu pour principe de s'aider soi-même avant de demander de l'aide. Je pense que nous réussirons à remédier à cette pénurie en continuant de recruter de manière dynamique dans tout le pays. Nous cherchons à créer des partenariats novateurs susceptibles d'offrir une formation de calibre international, en fait, une formation postsecondaire à tous les Canadiens qui souhaitent venir travailler au centre de villégiature. Nous déployons également une énergie incroyable pour recruter dans la vallée du bas Fraser également.
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En fait, il est très difficile d'obtenir des données fiables et l'une de nos recommandations concerne la nécessité de rassembler des données plus pertinentes et plus actuelles.
Les données actuellement recueillies sont d'un niveau plutôt élevé, mais elles ne sont pas suffisamment fines ou localisées pour permettre de régler certains des problèmes, notamment celui dont a parlé Val.
Si nous pouvions obtenir de meilleures données, nous aurions une idée plus claire; nous pensons que ce programme n'a jamais été fondé sur des faits.
Les pénuries de main-d'oeuvre sont très difficiles à déterminer. Il y a quelques années, je sais que EDSC, en collaboration avec le Congrès du travail du Canada, a tenté de déterminer s'il y avait ou non une pénurie de main-d'oeuvre. Ils continuent à y travailler. Il semblerait que c'est très difficile à cibler.
À vrai dire, si vous demandez à quiconque de vous démontrer qu'il existe des pénuries de main-d'oeuvre ou de compétences, peu importe de quel côté de la clôture vous vous trouvez, cette personne ne pourra vous présenter de chiffres très fiables parce que nous n'avons pas encore fait le travail.
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Je remercie les témoins d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Madame Byers, je voudrais approfondir certains de vos commentaires. Vous avez d'abord dit que la nature de cet examen posait problème. Il est évident que nous continuerons de soutenir que ce processus est tronqué et, malheureusement, qu'il manque de transparence.
Par exemple, cette réunion n'est même pas télévisée pour que les gens puissent la suivre alors que nous connaissons tous — nous en avons même pris connaissance au cours des nouvelles des dernières 24 heures — des histoires alarmantes concernant l'exploitation de travailleurs étrangers temporaires dans notre pays. Les Canadiens sont vivement préoccupés d'apprendre cela. Mes premières questions porteront sur ce sujet.
De toute évidence, le sort du Jamaïcain Sheldon McKenzie, ce travailleur saisonnier de la région de Leamington blessé à la tête qui a fini par succomber à ces blessures, a fait couler beaucoup d'encre. Sa famille a dû se battre — en vain — pour qu'il reste au Canada et reçoive des soins de santé de base. Permettez-moi de lire pour le compte rendu officiel ce que Chris Ramsaroop, de l'association Justice pour les travailleurs migrants, pense du programme pour les travailleurs étrangers temporaires:
Pour être franc, je dirais que c'est un système d'apartheid. Les travailleurs migrants vivent et travaillent sous un régime légal différent du nôtre. Nous ne sommes pas privés de nos droits fondamentaux, nous ne sommes pas privés de soins de santé. Ils sont considérés comme des personnes temporaires dont on peut disposer après usage.
Il parlait évidemment du programme pour les travailleurs agricoles saisonniers. Ne croyez-vous pas que l'ampleur de l'exploitation que nous constatons, non seulement dans le cadre du programme pour les travailleurs agricoles saisonniers, mais dans d'autres secteurs également, doit nous inciter à nous pencher beaucoup plus sérieusement sur ce problème. N'y a-t-il pas urgence?
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Pour faire une réponse courte, oui.
C'est la réalité. Nous l'avons vu dans les témoignages qui ont été livrés. Si nous parlons de travailleurs très spécialisés que nous devons faire venir ici, comme dans l'exemple que vous avez donné, je pense que nous devons avoir une discussion à ce sujet.
Plusieurs milliers de travailleurs non spécialisés et mal rémunérés sont très vulnérables lorsqu'ils arrivent dans ce pays. En venant ici, ils s'attendent à trouver un moyen de rester dans ce pays.
J'ai entendu parler de ce cas aujourd'hui même à Radio-Canada. Nous entendons certes des choses similaires lorsque nous rencontrons des travailleurs domestiques qui, à de nombreux égards, constituent une main-d'oeuvre cachée. Ils viennent au Canada dans l'espoir... Ils s'occupent de nos enfants, alors qu'ils ont dû laisser les leurs dans leur pays. Ces personnes espèrent trouver une vie meilleure. Et que découvrent-elles? Leur passeport est confisqué et elles sont sous-payées. Elles doivent toujours travailler plus. Elles doivent payer des loyers exorbitants. Toutes sortes de choses du genre.
Ce problème est très grave. C'est pourquoi le travail de votre comité est si important et il est tout aussi important que vous le fassiez bien. Si c'était des membres de notre propre famille qui vivaient cela, nous voudrions que quelqu'un se penche sérieusement sur ce problème et le règle efficacement.
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L'une des raisons pour lesquelles le CTC demande l'accès au statut de résident permanent, c'est parce qu'une des caractéristiques du programme pour les TET rend ces derniers particulièrement vulnérables: leur permis de travail est lié à un employeur particulier. Leur sort dépend donc de leur relation avec cet employeur unique. Si l'employeur est bon, c'est fantastique; mais si les choses tournent mal, l'employé n'a aucun recours. Il n'a aucun moyen de dire « Je suis exploité. C'est de la maltraitance ».
Pour leur permettre d'accéder au statut de résident permanent, il faut dissocier le permis de travail de ce lien avec un employeur particulier. Les travailleurs seraient ainsi capables de prendre eux-mêmes certaines décisions pour faire respecter leurs droits comme travailleurs, mais aussi leurs droits fondamentaux.
Pour revenir au cas du travailleur saisonnier que vous venez d'évoquer, l'une des terribles caractéristiques du programme des travailleurs agricoles saisonniers, c'est le fait qu'en vertu des accords bilatéraux que nous avons conclus avec ces pays, les travailleurs ne se portent pas volontaires pour venir ici. C'est leur gouvernement qui les désigne.
Bien entendu, cela ajoute un autre niveau de conformité. Certains travailleurs ont subi de graves blessures parce que les normes d'emploi et des normes de santé et de sécurité n'avaient pas été respectées. S'ils se plaignent, ils savent qu'ils ne pourront pas revenir.
Ce programme pour les travailleurs étrangers temporaires contient tellement d'éléments qui créent des situations et des vulnérabilités que les travailleurs migrants n'ont pas... Sur papier, ils ont des droits, mais ils ne peuvent pas vraiment les exercer.
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Bonjour à tous. Nous sommes de retour avec notre deuxième groupe de témoins.
Certains d'entre eux se joignent à nous par Skype et nous en avons un sur place qui se sent bien seul ici.
D'abord, de la Coalition pour les Droits des travailleurs et travailleuses migrantes du Canada, nous accueillons Gabriel Allahdua et Gina Bahiwal.
Par vidéoconférence, nous accueillons également Jatinder Sidhu, vice-président exécutif de Coast Spas Manufacturing Inc.
Avec nous ici, nous accueillons Jayson Hilchie, président et chef de la direction de l'Association canadienne du logiciel de divertissement.
Bienvenue à tous.
Comme le système de vidéoconférence est en marche, nous allons d'abord présenter les témoins qui participent à distance.
Je crois savoir que Gabriel et Gina se partageront leur temps de parole. Nous entendrons d'abord Gina. Vous partagerez votre temps et vous disposez de sept minutes en tout.
Allez-y, je vous prie.
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Mon nom est Gina Bahiwal et je suis originaire des Philippines. Je suis arrivée au Canada en 2008 dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires, il y a donc huit ans. J'ai travaillé pendant quatre ans comme empaqueteuse de légumes avant d'aller m'installer en C.-B. dans l'espoir d'obtenir mon statut de résidente permanente dans le cadre du programme des candidats de la province. J'ai déménagé là-bas dès que j'ai été mise au courant de la règle des quatre ans, en vigueur depuis avril 2011.
J'ai dû payer un recruteur pour obtenir un emploi d'employée de maison. En C.-B., je n'ai jamais cessé de défendre les droits des travailleurs migrants. En essayant d'aider d'autres travailleurs migrants, j'ai fini par perdre mon emploi. J'ai dû payer un autre recruteur pour obtenir mon emploi actuel de serveuse au comptoir de services alimentaires à Hope, en Colombie-Britannique.
Malheureusement, comme je gagnais moins que le seuil établi pour le revenu familial, ma demande dans le cadre du PCP a été refusée.
La règle des quatre ans nous rend plus vulnérables. Même si nous sommes au Canada depuis quatre ans ou plus, nous n'avons pas de vie vers laquelle retourner dans notre pays. Nous sommes séparés de nos familles et la plupart d'entre nous, les travailleurs migrants, n'avons plus de famille. De plus, nous n'avons pas de travail qui nous attend dans nos pays.
Nous sommes venus ici avec un permis de travail fermé et nous devons rester avec nos employeurs même lorsqu'ils abusent de nous. C'est difficile pour nous de changer d'emploi à cause de ce permis de travail fermé. La plupart des employeurs font appel à des recruteurs et nous devons payer des milliers de dollars pour décrocher un emploi.
L'accès aux soins de santé est un problème pour les femmes migrantes et les employés blessés. Les migrantes qui perdent leur emploi parce qu'elles sont enceintes n'ont pas accès aux soins de santé. Les travailleurs blessés sont renvoyés dans leur pays parce qu'ils n'ont pas accès aux soins de santé ici au Canada.
J'ai parlé à de nombreux migrants de partout au Canada et nous lançons tous le même cri. Nous voulons obtenir notre statut dès notre arrivée. Si les travailleurs migrants de la catégorie des travailleurs qualifiés l'obtiennent à leur arrivée, pourquoi pas nous?
Eux arrivent ici avec leur famille. Et nous, pourquoi sommes-nous séparés de nos familles?
Oui, nous venons tous ici dans le même but, travailler et contribuer à l'essor de l'économie canadienne.
Nous avons beaucoup de difficulté à nous faire entendre lorsque nous tombons sur un mauvais employeur ou si nous ne recevons pas notre plein salaire. Imaginez à quel point c'est encore plus difficile lorsque vous risquez non seulement de perdre votre emploi, mais d'être envoyés de force dans votre pays. Imaginez combien c'est difficile lorsque c'est l'employeur qui vous fournit votre logement et que votre contrat n'est pas exécutoire.
Le pire, c'est que les employeurs le savent fort bien et que les mauvais patrons forcent leurs employés à travailler davantage pour un salaire moindre.
Dans mon travail auprès des travailleurs agricoles migrants, j'ai noté 13 aspects terribles du programme. Faute de temps, je vais seulement vous en décrire quelques-uns.
Premièrement, le manuel de santé et de sécurité au travail de l'Ontario contient une longue liste de lignes directrices formulées à la suite de plusieurs enquêtes de coroners sur des décès non reliés au travail agricole. À ce jour, aucune de ces enquêtes n'a porté sur des travailleurs agricoles migrants qui sont décédés des suites d'accidents survenus au Canada.
Chaque semaine, les travailleurs migrants cotisent au régime d'assurance-emploi, mais nous n'avons pas droit aux prestations. Celle à laquelle nous avons droit a été révisée à la baisse, de sorte que nous ne touchons presque rien.
Il y a tellement de problèmes.
Enfin, les travailleurs migrants sont physiquement séparés de leurs familles et de leurs proches. Leur famille étant disloquée, ils se retrouvent dans le cercle vicieux de la pauvreté et d'autres fléaux sociaux. Il est plus important pour nous de passer du temps avec nos familles que de leur envoyer de l'argent. Or, nous ne pouvons pas faire venir nos familles au Canada.
Il est très clair que toutes ces conditions ne reflètent pas le Canada du XXIe siècle. Elles ne donnent pas une idée exacte des bons emplois ni des bonnes conditions de travail, mais reflètent plutôt un système rétrograde et artificiel qui ne fait que perpétuer les conditions de travail du XVIIIe siècle.
Le Canada est un pays industrialisé qui se targue d'être un pays d'asile sûr. Le Canada se vante d'être un pays diversifié et inclusif. Le Canada se vante d'être un pays qui protège les droits fondamentaux de tous. Nous demandons instamment à ce Canada-là de traiter tous les travailleurs avec équité. Nous demandons au Canada de traiter les travailleurs migrants avec équité parce que nous méritons de jouir des mêmes droits que tous les travailleurs du Canada. Nous demandons au Canada d'accorder aux travailleurs migrants la possibilité et les moyens de se syndiquer et de négocier collectivement. Nous demandons au Canada d'octroyer aux travailleurs agricoles migrants des permis de travail ouverts.
En dernier lieu, nous demandons au Canada d'octroyer aux travailleurs agricoles migrants un statut dès leur arrivée. Le statut de résident permanent permettrait de mettre fin au traitement distinct dont ils font l'objet. Il leur garantirait un accès égal aux soins de santé et à la protection sociale et favoriserait la réunification des familles.
Bref, voilà ce que nous recommandons. Nous ferons parvenir à votre très estimé comité parlementaire une liste détaillée de nos recommandations.
Merci.
Bon après-midi.
Je m'appelle Jatinder Sidhu. Je suis vice-président exécutif à Coast Spas qui a son siège social à Langley, en Colombie-Britannique.
J'aimerais d'abord remercier l'honorable député Mark Warawa, de la région de Langley—Aldergrove, ainsi que les honorables députés ici présents de nous donner l'occasion de comparaître et de vous faire part de nos expériences à l'égard du programme des travailleurs étrangers temporaires du gouvernement du Canada. J'aimerais vous exposer certains faits sur Coast Spas.
Coast Spas est fière d'offrir des produits dans l'industrie du mieux-être et des spas extérieurs. Nos cuves thermales et nos spas ouvrent la voie à tout un monde d'expériences; ils sont bénéfiques pour la santé et procurent un environnement conçu pour être partagé entre amis et en famille. Depuis notre création en 1997, nous n'avons jamais cessé de faire figure d'innovateurs dans l'industrie du spa. Nos usines de Langley, en Colombie-Britannique, comptent plus de 200 employés. Nos activités de vente internationales s'étendent à un groupe de 200 distributeurs dans 40 pays. Coast Spas est le seul fabricant de spas au Canada à détenir la prestigieuse certification ISO 9001:2008. Chacun de nos spas est fabriqué de main de maître par notre équipe d'employés spécialement sélectionnés pour leurs compétences, leur dynamisme et leur efficacité à travailler en équipe. Notre effectif est notre plus grand atout, parce qu'on ne peut fabriquer un produit exceptionnel sans pouvoir compter sur une équipe tout aussi exceptionnelle.
Afin d'assurer la croissance soutenue de notre entreprise, nous nous attendons à ce que chaque employé mette le meilleur de lui-même au service de l'équipe. En retour, nous nous engageons à assurer un traitement équitable, un milieu de travail sécuritaire et stimulant, un salaire concurrentiel et supérieur au salaire minimum, un excellent régime de soins de santé et de prestations prolongées, des barbecues mensuels, des possibilités de perfectionnement, des primes, des témoignages de reconnaissance pour assiduité parfaite et un programme de partage des gains de productivité. Conscients du fait que nous sommes une industrie émergente, nous embauchons, formons et guidons nos employés de façon à ce qu'ils utilisent leurs compétences et leur savoir-faire pour offrir à nos clients les spas les mieux construits au monde.
En ce qui concerne le programme des travailleurs étrangers temporaires, j'aimerais vous parler de l'expérience de Coast Spas. Le programme des travailleurs étrangers temporaires du gouvernement fédéral est en place depuis un certain temps, mais ce n'est qu'en 2007 et en 2008 que Coast Spas a pu l'utiliser. Par la suite, nous n'avons jamais pu obtenir l'approbation des avis relatifs au marché du travail pour continuer d'utiliser le programme et cela, malgré nos efforts répétés pour contacter les responsables de Service Canada et d'autres élus gouvernementaux au palier fédéral. Nous avons même écrit à deux ou trois reprises au ministre des Ressources humaines et Développement social Canada, mais cela n'a abouti à aucun résultat favorable pour Coast Spas.
Nos préoccupations sont les suivantes. Une hausse des salaires de 15 $ à 20 $ l'heure accroîtrait notre coût de production et nous obligerait à augmenter le prix de nos spas. Au bout du compte, nous ne serons plus concurrentiels au sein de l'industrie canadienne et internationale du spa.
L'industrie du spa a vu le jour dans le sud de la Californie au début des années 1970. Les fabricants américains de l'industrie paient un salaire initial de 8 $ à 10 $ l'heure. Comment pouvons-nous rivaliser avec un fabricant qui verse à ses employés la moitié de ce que nous versons à nos travailleurs débutants au Canada? Il y a environ 100 fabricants de cuves thermales dans le monde, la majorité dans le sud de la Californie. De ce nombre, moins de 10 sont canadiens. Le taux moyen pondéré des charges salariales totales pour les travailleurs à la production de Coast Spas en 2016 dépasse 20 $ l'heure. Ce taux comprend le taux de rémunération horaire de base, le coût des programmes de soins de santé et de prestations prolongées et les gains réalisés sur l'expérience de travail progressive. Pour réaliser ce gain, chaque travailleur doit avoir atteint un certain niveau de compétence.
Le salaire initial pour tous les travailleurs inexpérimentés de premier échelon est de 12 $ l'heure. Cela correspond au taux de rémunération que nous avons tenté d'obtenir par le programme des travailleurs étrangers temporaires. Le coût du régime de services médicaux et des autres régimes de prestations prolongées se chiffre à près de 5 $ l'heure. Quand nous embauchons un travailleur qui possède de l'expérience préalable dans l'industrie, nous faisons une exception et le salaire initial reflète le taux concurrentiel du marché.
Il importe que vous sachiez que notre fabrication se fait sur commande seulement. En tant que produit fini, les spas et les cuves thermales coûtent cher et prennent beaucoup d'espace, surtout pendant la haute saison, qui s'étend de mars à septembre. Coast Spas a eu l'honneur et le privilège de figurer pendant six années consécutives au nombre des 50 entreprises les mieux gérées au Canada, ce qui lui a valu le Prix Platine.
S'il est vrai que nous sommes un des plus importants fabricants de spas et de cuves thermales de qualité, il faut dire que ces 10 dernières années, il a été extrêmement difficile d'exploiter des activités de fabrication sur la côte ouest du Canada. Chaque exercice financier s'est terminé dans le rouge avec des pertes fiscales. Pourquoi? Parce que de mars à septembre, pendant la haute saison, nous n'avons jamais pu compter sur un effectif de production complet, en raison des pénuries de main-d'oeuvre locales à Langley, en Colombie-Britannique. Par conséquent, nous n'avons pas pu exécuter les commandes des clients dans les délais d'exécution acceptables de l'industrie, qui sont de deux semaines après la réception d'une commande.
D'année en année, nous avons été obligés d'allonger les délais de fabrication jusqu'à plus de quatre semaines et à cause de cela, les clients préfèrent commander le produit auprès de fabricants des États-Unis, qui peuvent livrer le produit en deux semaines. L'ensemble de nos activités s'en est ressenti et nos résultats sont de 30 % inférieurs à ceux d'il y a cinq ans.
Avant 2006, Coast Spas employait plus de 300 travailleurs chaque année, en 2002, 2004 et 2005. Durant la haute saison, de mars à septembre, nous réussissions à exécuter toutes les commandes dans les délais de fabrication acceptables et à atteindre nos objectifs de fabrication; mais depuis 2006, en raison des pénuries de main-d'oeuvre, nous n'avons pas pu embaucher de manière cohérente et avons été forcés de nous tourner vers le programme des travailleurs étrangers temporaires du gouvernement du Canada.
Les années suivantes, de 2008 à 2010, ont été très décevantes pour Coast Spas, parce que notre demande d'obtention d'un avis relatif au marché du travail a été refusée. Après cela, aucun travailleur n'a été embauché dans le cadre du programme de travailleurs étrangers.
Avec les années, l'année dernière surtout, nous avons appris que non seulement les conditions du programme des travailleurs étrangers avaient changé, mais qu'on demandait maintenant aux employeurs de verser à Services Canada pour chaque demande de travailleur une somme de 1 000 $ non remboursable au moment de présenter la demande — un bond de 100 % en 10 ans. Et même si la demande est rejetée par Services Canada, ces frais ne sont pas remboursables.
Le calcul est simple: si nous faisons une demande de 50 travailleurs au titre de ce programme, il nous en coûte 50 000 $ à la date de présentation de la demande. Si Services Canada refuse notre demande, ils gardent tout l'argent et nous essuyons une perte de 50 000 $.
Ces 10 dernières années, nous avons eu beaucoup de difficulté à recruter de bons travailleurs. Pendant cette période, le taux d'abandon annuel à Coast Spas a dépassé les 70 %.
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Au moment où ce comité permanent envisage une réforme du programme des travailleurs étrangers temporaires, et en me fondant sur mon expérience de travail au sein de différents secteurs manufacturiers, il me semble urgent de réfléchir à la mise en oeuvre des deux mesures correctives suivantes afin de stimuler et d'améliorer le recrutement de travailleurs dans l'industrie manufacturière canadienne.
La première porte sur le processus d'évaluation de l'avis relatif au marché du travail. Cette exigence doit être révisée aux fins de détermination des taux de salaires courants et être alignée sur les indicateurs économiques des coûts encourus par une certaine industrie pour fabriquer le produit et qui influent sur la marge bénéficiaire. Un programme semblable existe déjà au sein du secteur manufacturier, celui des travailleurs étrangers agricoles saisonniers. Le gouvernement doit faire sa part en tant que principal intervenant dans la disparité salariale.
La deuxième vise l'abolition des frais de 1 000 $ associés aux avis relatifs au marché du travail canadien. Le secteur manufacturier comme tel est déjà restreint en Colombie-Britannique. Au fil des ans, la plaque tournante du secteur manufacturier qu'était notre beau pays s'est déplacée au Mexique et prend de l'expansion de jour en jour. Quatre-vingts pour cent de la fabrication automobile s'est déplacée du Canada et des États-Unis vers le Mexique, et ce qui en reste partira bientôt.
Pour améliorer la situation du secteur manufacturier, le gouvernement fédéral doit s'engager à réformer le programme des travailleurs étrangers temporaires afin de créer l'élément de relation entre lui et des entreprises comme Coast Spas. Si le gouvernement n'agit pas à temps, des entreprises comme Coast Spas et un bon nombre d'autres entreprises manufacturières pourraient quitter le Canada pour s'établir dans des lieux plus favorables à la main-d'oeuvre, entraînant du coup la perte de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier canadien, tant chez les fournisseurs que chez les fabricants et les organismes gouvernementaux qui fournissent du soutien à des entreprises comme la nôtre et à bien d'autres.
Je m'excuse pour cette longue explication et j'espère que mes commentaires auront été utiles au comité. Si vous avez des questions, je serai heureux d'y répondre.
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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de m'accorder de votre temps.
Je m'appelle Jayson Hilchie. Je suis président et chef de la direction de l'Association canadienne du logiciel de divertissement, l'ALD.
L'ALD est la voix de l'industrie canadienne du jeu vidéo. Nous représentons quelques-unes des plus grandes et des plus innovantes entreprises de divertissement numérique interactif en studio au Canada. Nos membres comprennent des multinationales comme Ubisoft, Electronic Arts, Warners Brothers, glu Mobile et Nintendo ainsi que de petits développeurs canadiens indépendants comme Other Ocean Interactive, de Terre-Neuve, Silverback Games, de Nouvelle-Écosse et Roadhouse Interactive, de Vancouver.
Je suis ici aujourd'hui pour livrer un message très simple. Nous avons besoin de travailleurs qualifiés maintenant. Nous vous demandons d'intervenir auprès du gouvernement pour qu'il mette en place un programme de travailleurs étrangers qui accueille des travailleurs hautement qualifiés et recherchés dans le secteur de la technologie et qui minimise les obstacles à leur entrée au pays, notamment en les exemptant du processus d'évaluation du marché du travail et en autorisant les employeurs à s'adresser directement au ministère de l'Immigration pour un permis de travail.
L'industrie canadienne du jeu vidéo produit des jeux qui sont vendus et joués partout dans le monde. Certains des meilleurs jeux et franchises de jeux au monde, qu'ils soient destinés aux consoles, aux ordinateurs personnels, aux appareils mobiles et, bientôt, à la réalité virtuelle, sont développés dans des studios canadiens.
Pour soutenir la concurrence mondiale, nous avons besoin de travailleurs innovants, parmi les plus brillants et les plus talentueux au monde, pour pourvoir les postes clés pour lesquels nous n'avons pas trouvé de Canadiens.
Nos travailleurs de talent sont très bien rémunérés. Dans ce secteur, le salaire annuel moyen est légèrement supérieur à 71 000 $ et notre main-d'oeuvre est jeune, la moyenne d'âge étant de 31 ans.
Notre industrie est en pleine croissance. Elle contribue 3 millions de dollars par an au PIB national. En deux ans, de 2013 à 2015, notre industrie a vu son nombre d'emplois augmenter de 24 % et compte actuellement au-delà de 20 000 travailleurs, ce qui la place au rang des plus importantes industries de jeux vidéo au monde.
En comparaison, les États-Unis qui représentent la plus grande industrie au monde emploient 41 000 travailleurs pour une population qui est 10 fois la nôtre.
Nous sommes en quelque sorte victimes de notre succès et de la constante innovation qui sous-tend le développement des jeux vidéo. S'il est vrai que les collèges et les universités canadiennes forment de futurs employés très prometteurs, nous avons besoin de plus que des gens fraîchement diplômés, et nous croissons plus vite que notre capacité à former des talents intermédiaires et supérieurs de façon équilibrée.
Pour cette raison, il est devenu de plus en plus difficile de dénicher des talents confirmés capables de diriger des équipes, transmettre des connaissances et du savoir-faire et nous aider à innover. La capacité d'embaucher, de soutenir et de former des employés débutants repose sur la présence d'une équipe centrale solide et expérimentée. Des travailleurs étrangers hautement qualifiés et expérimentés peuvent combler ces postes de leadership et participer au perfectionnement continu des talents canadiens actuels grâce au mentorat et à l'apport de pratiques exemplaires en matière d'innovation.
Ces six dernières années, au moment même où notre industrie prenait de l'expansion, l'inefficacité du programme des travailleurs étrangers a constitué un obstacle constant à notre compétitivité et aux efforts que nous avons menés pour investir dans l'économie canadienne du numérique. Au cours des 12 à 24 mois à venir, notre industrie prévoit devoir doter 1 400 postes intermédiaires et supérieurs. La plupart de ces postes seront comblés par des citoyens canadiens et des résidents permanents déjà au pays, mais pour le reste, nous devrons nous tourner vers l'étranger.
Lorsque nous finissons par trouver le candidat tout indiqué et que vient le temps d'entamer le processus d'immigration, nous nous heurtons à des embûches qui bien souvent viennent perturber les activités courantes de l'entreprise et finissent parfois par faire échouer le recrutement du talent recherché.
À Services Canada, les agents de programme n'appliquent pas les règles de manière cohérente d'un bureau à un autre et d'une demande à une autre et ils ne comprennent pas bien les particularités des nouveaux emplois que nous créons. Dans certains cas, nous créons des emplois qui n'existaient pas il y a deux ans et qui pourraient bien ne plus exister dans deux ans.
La classification nationale des professions n'arrive pas à demeurer au diapason des secteurs technologiques qui créent de nouveaux emplois pour répondre à de nouveaux besoins. Pour cette raison, l'information sur le marché du travail dont dispose le gouvernement est insuffisante pour lui permettre de déterminer où sont les véritables pénuries d'emploi.
L'exigence visant les plans de transition, si elle est peut-être utile dans certains secteurs, n'est pas pertinente pour notre industrie et ne l'est probablement pas pour la majorité des autres industries de la technologie. Nous embauchons des talents supérieurs et novateurs qu'on ne peut pas toujours trouver au pays. Nous les payons bien et beaucoup d'entre eux décident de s'établir au Canada.
Treize pour cent de notre main-d'oeuvre est composée d'employés recrutés par l'intermédiaire du programme des travailleurs étrangers temporaires. Nous savons qu'un tiers de ces travailleurs deviennent résidents permanents et que cette proportion serait encore plus élevée si le processus permettant de passer du statut de travailleur temporaire à celui de résident permanent était plus simple et si celui vers la citoyenneté était plus évident.
Je tiens à être clair. Il n'existe aucun avantage inhérent à l'embauche d'un travailleur étranger. Cela augmente les coûts de recrutement et les frais d'administration, de salaire et de relocalisation du travailleur et de sa famille.
C'est une entreprise risquée. Les délais de traitement, les exigences liées aux plans de transition et autres exigences onéreuses risquent de nous faire rater des occasions, car les candidats sélectionnés reçoivent des offres d'entreprises établies dans des pays où les exigences d'entrée en matière de visa économique spécial sont plus efficaces.
Des pays comme le Royaume-Uni, qui offrent des visas de travail pour pourvoir les postes que le pays juge importants ou qui font l'objet d'une pénurie d'employés, comme les développeurs de jeux vidéo, traitent les permis de travail beaucoup plus efficacement que le Canada, parce que ces professions désignées ne sont pas soumises à une évaluation de l'incidence sur le marché du travail qui, dans le système canadien, constitue la principale cause des retards et des incertitudes.
Pour développer un pôle d'envergure mondiale dans le domaine du jeu vidéo et des autres technologies innovantes et pour améliorer la position du Canada dans le secteur de l'économie numérique, nous avons besoin d'un accès sans accroc aux talents de l'étranger, sans quoi des entreprises qui auraient pu investir au Canada opteront plutôt pour des pays où ils ont facilement accès aux talents dont elles ont besoin pour croître.
Par conséquent, nous exhortons ce comité à recommander le rétablissement, dans le programme des travailleurs étrangers temporaires, de l'exemption pour les travailleurs en TI qui avait été abolie en 2010 et qui excluait les professions désignées de l'évaluation de l'incidence sur le marché du travail, ou à demander au gouvernement de créer un nouveau volet pour les travailleurs étrangers temporaires, un volet qui soit mieux adapté aux besoins des industries de la technologie comme l'industrie canadienne du jeu vidéo et qui offre une voie plus claire vers la résidence permanente et la citoyenneté que ne le fait le système actuel.
Je vous remercie.
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Merci, et merci beaucoup à tous nos témoins d'aujourd'hui.
Je tiens tout particulièrement à remercier Gabriel et Gina pour leur témoignage très convaincant. Je pense que ce que nous pouvons constater de la réunion d'aujourd'hui c'est que la manière de faire cette étude est profondément troublante. Nous avons très peu de temps pour examiner un programme extrêmement important, le programme des travailleurs étrangers temporaires. Ce qui nous inquiète surtout c'est que nous n'avons pas la capacité voulue d'aborder le programme des travailleurs agricoles saisonniers où, nous le savons, l'exploitation est à l'ordre du jour. Nous venons d'apprendre l'attention nationale qui a été donnée au cas de Sheldon McKenzie, qui a fini par succomber aux suites des blessures subies au travail dans la région de Leamington. Nous avons également relevé l'exemple cité par mon collègue du Québec, dans la région de Drummondville, où les travailleurs ont dit se sentir traités comme des ânes et des esclaves. Nous avons entendu les témoignages de Justicia et d'autres organisations qui ont comparé le programme des travailleurs agricoles saisonniers à un système de style apartheid.
La ministre a déclaré que le programme des travailleurs agricoles saisonniers est une partie importante de cette étude, mais malheureusement nous n'avons pas vu comment il en sera ainsi compte tenu du peu de temps que nous lui consacrons. Nous sommes également très préoccupés par les délibérations d'aujourd'hui, par exemple, où vous donnez des témoignages si puissants, mais qui ne sont pas télévisés pour que d'autres personnes puissent vous voir et vous entendre.
Je veux parler un peu des expériences d'exploitation dont vous avez parlé. Je sais qu'une histoire qui a attiré beaucoup d'attention est le rapatriement des travailleurs agricoles migrants pour des raisons liées à la santé: 787 travailleurs agricoles migrants en Ontario ont été renvoyés et le rapport de l'association médicale disait qu'on pouvait en déduire qu'il existait un certain degré de négligence. Je me demande si vous pourriez nous donner votre avis à ce sujet ainsi que sur les mesures que nous pouvons prendre pour protéger les travailleurs migrants contre l'exploitation et, plus généralement, de la vulnérabilité.
Nous pourrions peut-être commencer par vous, Gabriel et ensuite ce sera au tour de Gina.
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En termes d'exploitation, il y a plusieurs mesures à la ferme. Voici quelques histoires concrètes que j'ai entendues de mes collègues.
Pouvez-vous croire que, dans les fermes où mes collègues ont travaillé, le taux de rendement des travailleurs étaient affichés sur une base quotidienne, et parfois sur une base hebdomadaire?
Sur une ferme en particulier, où ces taux étaient affichés tous les jours, les deux travailleurs les plus lents ont été renvoyés au dortoir chaque jour. Comment appelez-vous cela? Chaque jour, ils sont punis, les deux travailleurs moins performants. Vous savez, dans la vie, il y a des personnes qui sont très habiles à certaines tâches alors que d'autres le sont à d'autres tâches. Chaque jour, les deux derniers sont renvoyés chez eux. Qu'est-ce que c'est? Comment le qualifier? Est-ce le Canada moderne? Est-ce un lieu où règne la justice? Est-ce un lieu où les droits humains sont garantis à tous?
Ce que nous voyons sur les fermes c'est que lorsque des Canadiens viennent y travailler, ils le font à leur propre rythme et personne ne les dérange. Je vous demande si c'est juste et équitable. Or, telle est la réalité.
Dès que vous ouvrez la bouche, on vous menace de vous faire perdre votre emploi ou de vous renvoyer chez vous. Personne n'est permanent dans le cadre de ce programme. C'est la réalité. À la fin des huit mois, quand vous rentrez au pays, il n'y a aucune garantie que vous puissiez revenir au Canada. L'employeur se réserve le droit de faire appel à vous ou de vous garder à la maison. Rien que cela suffit pour vous faire travailler trois fois plus fort. Imaginez aussi qu'on vous rappelle tous les jours qu'il y a une centaine de personnes qui font la queue pour prendre votre travail.
Ce que nous recommandons? Ne pas renvoyer les travailleurs malades et blessés dans leur pays. L'une des principales exigences que nous avons en termes d'égalité est d'accorder la résidence, d'accorder un statut. Cela réglerait tous les maux de tête et toutes les questions et rendrait le système plus équitable. Voilà ce que nous demandons et le Canada est connu pour ces choses-là. Les droits fondamentaux sont garantis pour toutes les personnes. En un mot, voilà ce qu'il en est et ce que nous voyons. Voilà ce que nos travailleurs réclament, l'égalité pour tous, l'équité. Voilà tout ce que nous demandons. L'équité veut dire avoir un statut permanent à l'arrivée, car les employeurs qui profitent de la situation auront moins de pouvoir pour exploiter les travailleurs, ce qu'ils font par toute une diversité de moyens. Le taux de rendement quotidien que je viens de mentionner n'en est qu'un.
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Nous avons fait valoir nos questions relatives à l'emploi en établissant des objectifs à court terme et à long terme.
Notre objectif à court terme est de réussir à vous convaincre que nous avons besoin d'un processus simplifié pour faire venir des travailleurs étrangers hautement qualifiés au Canada, afin de combler autant de ces 1 400 postes que possible.
Quant au long terme, vous avez mentionné notre étude sur les compétences intitulée « Miser sur l'avenir », réalisée en mars 2016. Si vous ne l'avez pas encore vue, vous pouvez la consulter sur notre site Web en français et en anglais.
À long terme, le Canada devra chercher à valoriser les compétences à un très jeune âge, par l'intégration de programmes en technologie et en informatique dans le système scolaire. Je sais qu'il s'agit d'un objectif au niveau provincial, mais du point de vue fédéral, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle de premier plan pour valoriser cette initiative en tant qu'exercice d'édification de la nation. On convaincra ainsi les gouvernements provinciaux que l'ajout de programmes éducatifs en informatique et en technologie dans les écoles primaires permet à nos enfants d'acquérir les compétences nécessaires aux postes de l'avenir, non seulement ceux liés aux jeux vidéos, mais aussi ceux liés à toute technologie. Voilà notre plan à long terme.
Mais il s'agit d'un changement de génération qui prendra bien du temps. En attendant, nous avons besoin de travailleurs étrangers.
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Le premier obstacle est l'inefficacité du processus d'avis relatif au marché du travail. Plusieurs emplois listés dans la CNP n'existent même pas. Dans bien des cas, les demandes sont simplement jetées à la poubelle; la personne qui évalue la demande ne comprend pas le niveau de compétence requis pour que le travailleur soit embauché. Cette situation, au départ, nous empêche de progresser.
Le deuxième obstacle est le taux salarial actuel. Comme je l'ai expliqué tout à l'heure, si j'offre à l'employé un salaire de base au Canada, en plus des avantages, la rémunération finale est de 18 à 20 $ par heure. Si l'on nous demande de payer le taux salarial en vigueur, on devrait tenir compte des coûts liés à l'immigration du travailleur, aux programmes de santé et de maladie complémentaire, à la rémunération du recruteur et au maintien en poste du travailleur.
Dans plusieurs cas, lorsqu'on investit la totalité des montants associés à la gestion du Programme des travailleurs étrangers temporaires, le coût est supérieur à celui d'un travailleur canadien de 30 à 35 % selon nos calculs. Impossible d'être rentable comme cela.
Le troisième obstacle, comme je viens de l'expliquer, est que les frais d'évaluation des demandes ont soudainement doublé. Si une personne soumet une demande et que le ministère ne voit pas les choses de son point de vue, qu'il n'est pas d'accord avec son évaluation, avec sa demande, celle-ci est refusée. Disons que pour 50 demandes soumises, le ministère encaisse 50 000 $ et les postulants n'obtiennent rien en échange.
Le Programme des travailleurs étrangers n'a pas à être la vache à lait du gouvernement fédéral. Sa raison d'être est de permettre la bonne gestion d'une politique manufacturière pour les entreprises canadiennes, et nous avons constaté tout le contraire.
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Bon après-midi, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Ethel Tungohan, et je suis professeure adjointe au Département des sciences politiques à l'Université York. Je suis accompagnée aujourd'hui d'Ericson De Leon, qui travaille actuellement comme aide familial.
Je vous parlerai aujourd'hui de la manière dont le Programme des travailleurs étrangers temporaires ainsi que le Programme d'aides familiaux rendent les travailleurs vulnérables. Jusqu'à présent, nous n'avons pas parlé des besoins des aides familiaux. J'aimerais donc que le Comité accorde une importance aux besoins de ce groupe très vulnérable.
Au cours des sept dernières années, j'ai interrogé 103 militants pour les aides familiaux à Toronto, à Montréal et à Vancouver, 55 groupes de discussion formés d'aides familiaux, anciens et actuels, à Vancouver, à Calgary, à Edmonton, à Ottawa, à Toronto et à Montréal, et 25 groupes de discussion formés de travailleurs étrangers temporaires partout en Alberta. Mes partenaires de recherche ainsi que moi-même avons également effectué des sondages auprès de plus de 600 anciens aides familiaux partout au pays. En réalisant ces recherches, j'ai constaté que, premièrement, laisser les permis de travail entre les mains des employeurs augmente les risques d'abus des travailleurs. La raison est que ces ententes creusent l'écart de pouvoir entre les travailleurs et les employeurs. Dans bien des cas, les employeurs forcent les travailleurs à se conformer en menaçant de mettre fin à leur contrat; ces derniers risquent ainsi non seulement de perdre leur emploi, mais aussi d'être renvoyés du Canada.
Deuxièmement, les mesures prises pour réduire les cas d'abus, comme les inspections en milieu de travail et la création d'une ligne anti-crime pour que les travailleurs étrangers signalent les abus, ont échoué. Peu importe la sévérité des amendes et la rigueur d'application des règles, si le résultat final est que les travailleurs perdent leur emploi et doivent quitter le pays puisqu'on interdit à leur employeur d'embaucher des travailleurs étrangers, les chances que les employés signalent les abus sont minces.
Troisièmement, la proposition que les entreprises réglementées embauchent directement les aides familiaux n'abolit pas l'écart de pouvoir entre travailleurs et employeurs, comme je viens de le souligner. Dans un tel scénario, les travailleurs sont encore liés à un seul employeur et à un seul permis de travail, et le déséquilibre dans le rapport de pouvoir reste le même. En fait, cette proposition risque même d'exacerber les abus dont les aides sont victimes, puisque ceux-ci devront vivre deux rapports de pouvoir: un avec la famille qui les accueille, et un avec leur agent. Les agents ont une approche orientée sur le profit et ils risquent de ne pas mettre le bien-être de leurs travailleurs au premier plan. Également, en raison du flou dans les politiques gouvernant les agences dans la plupart des provinces, les aides familiaux sont fragilisés.
Quatrièmement, lorsqu'il existe techniquement une perspective de résidence permanente, notamment dans le cas du Programme d'aides familiaux, les aides familiaux trouvent le processus pénible, déroutant et inhumain. Par exemple, les agents d'immigration exigent que les aides familiaux démontrent n'avoir aucune volonté de rester au pays après leur contrat. Cependant, ils ont le droit de demander la résidence permanente et doivent, de ce fait, démontrer leur aptitude à s'intégrer au Canada. Ces critères sont incohérents et contradictoires.
Nos recherches démontrent aussi une tendance parmi les agents à déclarer la non-admissibilité pour des raisons médicales comme raison passe-partout pour refuser les demandes de résidence permanente. Les agents d'immigration refusent les demandes sans tenir complètement compte des particularités de chaque cas; de telles barrières exercent une pression indue sur les aides familiaux et leurs familles en créant des séparations. Les militants pour les aides familiaux indiquent que 38 000 de ces travailleurs attendent d'être réunis avec leur famille. En 2016, le délai de traitement des demandes pour les proches est de 49 mois. Il faut réduire cet arriéré.
Afin d'illustrer comment ces questions affectent directement les gens, j'inviterai mon collègue Ericson De Leon à nous raconter son histoire.
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Je m'appelle Ericson Santos De Leon. Je suis membre de Migrante, au Québec, un organisme d'immigrants au Canada. J'ai un diplôme en soins infirmiers des Philippines et je suis arrivé au Canada en 2009 grâce au Programme des aides familiaux résidants. J'ai réussi à entrer au pays, car un ami m'a orienté vers une agence à Montréal. Là, on m'a dit que je pourrais me trouver du travail comme aide familial si je payais 4 300 $. On m'a expliqué que les frais sont élevés parce que les gens hésitent à embaucher des hommes comme aides familiaux. J'ai travaillé en Italie auparavant, où une agence m'avait embauché, et j'ai trouvé que cet argument était sensé.
En arrivant à Montréal, je me suis retrouvé sans emploi. Mon agence avait payé quelqu'un qui a fait semblant d'être mon employeur pour les documents seulement. J'ai vécu de mes économies pendant trois mois, puis j'ai commencé à perdre espoir. Je suis retourné à l'agence pour dire qu'il fallait vraiment me trouver du travail. On m'a bien trouvé un emploi chez une famille, mais au noir.
Après un an, j'ai dit que j'allais faire rapport aux autorités; j'ai dit qu'on abusait de moi et que j'avais une famille à faire vivre. De guerre lasse, l'agent a fini par régler mes documents. L'agence avait très mal agi. Elle avait profité de moi, car ces gens-là savaient que je voulais venir au Canada. Plusieurs agents ont le dernier mot sur ce que doit faire une personne et où elle va travailler.
En 2013, j'ai soumis une demande de résidence permanente. On m'a dit que ma demande a été refusée parce que mon fils est atteint d'une légère forme de trisomie 21 et qu'il est donc non admissible pour des raisons médicales. J'étais surpris, étant donné que j'avais déjà reçu mon CSQ du gouvernement du Québec. J'avais économisé de l'argent pour l'arrivée de ma famille et déjà loué un appartement quand j'ai reçu cette nouvelle.
Les agents d'immigration croient à tort que chaque personne née handicapée est un fardeau. Ils n'écoutent pas les médecins, qui disent que mon fils vit de manière autonome. Pourquoi traite-t-on mon enfant différemment des autres? Leur décision est un cas de discrimination contre les personnes handicapées et contre les aides familiaux, comme moi, qui sont séparés de leur famille pendant des années, travaillent fort et font de grands sacrifices, car ils espèrent obtenir leur citoyenneté canadienne.
La Coalition Maritime Seafood a été créée à l'été 2015. Cette coalition représente les pêcheurs et les travailleurs de l'industrie de la transformation des fruits de mer et du secteur de l'aquaculture. Elle représente les organisations suivantes: la PEI Seafood Processors Association; la Lobster Processors Association of New Brunswick and Nova Scotia; la Prince Edward Island Aquaculture Alliance; la Nova Scotia Fish Packers Association; la Prince Edward Island Fishermen's Association; l'Union des pêcheurs des Maritimes; la Fédération des pêcheurs de l’Est; et l'Affiliation de l'Association des producteurs de fruits de mer de la Nouvelle-Écosse.
Ce qui est intéressant, c'est qu'il s'agisse d'un regroupement alliant les pêcheurs et transformateurs de fruits de mer et le secteur de l'aquaculture. Le rapport existant entre ces différents éléments de l'industrie des produits de la mer démontre l'importance du Programme des travailleurs étrangers temporaires, le PTET, dans ce domaine.
La Coalition a travaillé tant auprès de fonctionnaires que d'élus en réponse à certaines réformes ayant été mises en place en 2014. Nous apprécions le travail de ce comité qui s'inscrit dans le cadre plus large de l'examen du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
J'aimerais d'abord vous donner un aperçu de notre secteur. Il s'agit d'un secteur très axé sur l'exportation. En effet, les exportations de fruits de mer canadiens ont totalisé 5,9 milliards de dollars en 2015. Cela représente 85 % des produits pêchés et transformés au pays.
Les Maritimes sont un acteur de premier plan dans ce domaine. En 2015, les trois provinces des Maritimes ont effectué 58 % de toutes les exportations de fruits de mer. Dans ce contexte, la performance de l'exportation demeure forte et cela contribue à hausser la valeur du dollar canadien. L'industrie du fruit de mer dans le Canada atlantique et ailleurs au Canada est un employeur d'importance, puisque 80 000 personnes gagnent leur vie dans ce secteur. Dans les Maritimes, c'est 45 000 personnes qui vivent de cette industrie, dont le homard est l'axe central.
Comme beaucoup d'autres industries, celle du fruit de mer prospère grâce aux travailleurs provenant de collectivités rurales et fait maintenant face à un défi de taille à cause de la diminution de la relève dans ces collectivités. Le secteur de la transformation vit actuellement un déclin de 20 % du taux de renouvellement de ses effectifs. De plus, et je suis certain que ce comité conviendra de cette réalité qui est la même dans beaucoup de secteurs, la main-d'oeuvre est vieillissante. La majorité des employés du secteur de la transformation des fruits de mer a déjà atteint l'âge de 55 ans. Les taux de natalité décroissants et l'exode rural sont des facteurs démographiques auxquels il nous faut trouver des solutions.
En réponse à ces difficultés, l'industrie s'est tournée dès 2008 vers le Programme des travailleurs étrangers temporaires, dans le but de combler son manque d'effectifs. Jusqu'en 2014, les travailleurs étrangers représentaient en moyenne 20 à 25 % de la main-d'oeuvre dans le secteur de la transformation du homard, mais dans certaines usines en région éloignée, ce taux atteignait 50 %.
Les changements apportés au Programme des travailleurs étrangers temporaires mis de l'avant en 2014 ont eu un impact significatif sur la main-d'oeuvre de notre industrie, puisque le taux général d'employés étrangers est passé de 30 à 20 % en 2016, pour finalement descendre à 10 % en 2017. Selon les recherches menées sur l'industrie et pour les trois provinces des Maritimes, la réduction de cette main-d'oeuvre se traduit par une baisse de 123 millions de dollars de la valeur du produit, qui n'est ni traité ni vendu parce que ces travailleurs étrangers temporaires perdus ne peuvent pas être remplacés par des travailleurs locaux.
Il est important de souligner que notre industrie s'efforce d'embaucher des Canadiens en priorité. Les usines ont augmenté les salaires, amélioré les programmes d'avantages sociaux et adopté des heures de travail plus souples pour permettre à leurs employés de mieux conjuguer leur carrière et leurs responsabilités familiales. Quelques usines leur offrent même le transport. Dans ma province, l'Île-du-Prince-Édouard, un programme octroyant des bourses de 1 000 $ a même été instauré pour convaincre les étudiants de niveau collégial et universitaire de travailler dans les usines de transformation du poisson durant l'été.
Ces réductions du nombre de travailleurs étrangers temporaires qui ont été imposées à l'industrie du fruit de mer sont particulièrement limitatives face aux nouvelles possibilités commerciales qui se sont présentées au Canada, en particulier au cours des dernières années. Le PTET et l'AECG sont deux accords commerciaux qui permettent de réduire considérablement les prix des produits de l'industrie du fruit de mer canadien. Cependant, la capacité de cette dernière à croître, à desservir ces marchés de l'exportation et à bénéficier de ces possibilités est directement touchée par la perte des travailleurs étrangers temporaires.
Dans ce contexte, les transformateurs ont plutôt intérêt à desservir le marché existant plutôt que de chercher à en explorer de nouveaux. Autrement dit, nos politiques sur l'immigration et le travail semblent entrer en conflit avec nos politiques en commerce extérieur et, dans les secteurs centrés sur l'exportation, comme celui des fruits de mer dans les Maritimes, ce sont nos économies provinciales qui vont y perdre.
Une autre grande préoccupation est de savoir comment les plus grands concurrents du Canada dans l'industrie internationale des fruits de mer facilitent le recours à des travailleurs étrangers pour augmenter la production, plutôt que de le restreindre. Les États producteurs de fruits de mer comme l'Écosse, la Norvège et la Suède font eux aussi appel à des travailleurs étrangers et n'ont pas à faire face à des quotas comme ceux qui nous sont imposés depuis 2014. Plus près d'ici, le département de la Sécurité intérieure des États-Unis, le Homeland Security, a pour sa part annoncé en décembre 2015 une hausse marquée du nombre de visas octroyés pour les travailleurs étrangers dans le secteur de la transformation des fruits de mer.
Je cède maintenant la parole à Jerry Amirault, qui va nous parler un peu politique.
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Je m'appelle Francisco Mootoo. Je suis originaire de l'île Maurice. Je suis entré au Canada en 2012 dans le cadre du programme de migration circulaire en tant que journalier pour la compagnie Olymel, dans un abattoir à Saint-Esprit, qui se trouve à 45 minutes de Montréal.
Après un an d'expérience de travail syndiqué, j'ai pu, grâce à mon ancienneté, postuler à un poste de boucher industriel dans l'entreprise.
En 2014, la compagnie et moi pensions que je pouvais faire une demande de résidence permanente dans le cadre du Programme de l'expérience québécoise, vu que le délai de quatre ans prévu par la loi allait arriver à échéance pour moi et que je ne pourrais plus continuer à faire mon travail.
Nous nous sommes trompés. En 2015, environ 34 de mes collègues et moi avons été refusés parce que notre code national de profession n'était pas valide pour la demande du Programme de l'expérience québécoise.
Ici, nous avons quand même une bonne situation. Nous travaillons et nous vivons au Québec depuis quatre ans. Certains sont même ici depuis sept ans. Nous nous sommes bien intégrés et nous sommes déterminés à aider à la construction d'une société forte, surtout en région, là où nous travaillons. Nous sommes confrontés à un avenir sans emploi à l'île Maurice. En effet, comme nous sommes ici depuis plus de quatre ans, nous avons tous perdu l'emploi que nous avions là-bas avant de venir au Québec. Nos permis de travail arrivent à échéance après quatre ans ici, alors nous sommes obligés de quitter le Canada.
Beaucoup d'entre nous ont investi dans des moyens de transport pour pouvoir se rendre au travail, vu que nous nous trouvions en région et que l'horaire des autobus ne répondait pas à nos besoins. Nous avons donc investi dans des moyens de transport et dans le logement. Certains d'entre nous ont même fondé une famille et ont eu des enfants au Québec. Malgré tout, il fallait qu'ils quittent le pays à la fin de leur contrat.
Nous avons beaucoup contribué à la société canadienne et à notre communauté, et nous continuons de le faire. Nous étions établis en région et nous y sommes toujours, parce que nous nous sommes quand même bien intégrés dans l'endroit où nous vivons.
La compagnie va être en expansion et, peut-être d'ici 2017, plus de 200 emplois seront créés. De plus, je suis fier de souligner que c'est un peu grâce à nous que la compagnie va croître et continuer à prospérer, car il existe réellement une pénurie de main-d'oeuvre dans les régions.
S'il y a une pénurie de main-d'oeuvre, pour ma part, je crois que l'octroi de la résidence permanente à l'arrivée aiderait à la stabilisation du système, de l'entreprise et des travailleurs.
C'est à peu près tout ce que j'avais à vous dire. Je vais laisser mon collègue Lucio vous parler davantage du permis.
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Bonjour à toutes et à tous.
Je m'appelle Lucio Castracani. Je vais rapidement vous parler de notre association et aborder d'autres problèmes que nous avons rencontrés dans le cadre de nos activités.
L'Association des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires est née en novembre 2013 pour faire face à l'augmentation de cette forme de recrutement, mais aussi pour répondre aux appels d'aide que nous recevions des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires.
Selon les statistiques sur les études d'impact sur le marché du travail de 2014, au Québec, il y avait environ 16 000 demandes, dont 10 000 provenaient du secteur agricole.
Notre association compte des membres qui oeuvrent non seulement dans le secteur agricole, mais également dans des abattoirs, dans des buanderies industrielles ou dans l'aménagement paysager. Ces travailleuses et travailleurs proviennent de plusieurs pays.
Notre expérience avec les membres de l'Association nous a permis de connaître les nombreux problèmes liés au programme. Il y a le cas de Francisco, par exemple, pour qui l'accès à la résidence permanente est difficile. Ces travailleuses et travailleurs font face à d'autres problèmes, comme un permis de travail fermé ou un accès difficile aux soins, et ce, malgré le fait qu'ils paient des taxes au Canada.
Nous avons aussi des travailleurs guatémaltèques embauchés comme ramasseurs de poulets qui, après un accident de travail, ont été obligés par leur employeur de continuer à travailler, malgré l'avis contraire du médecin, de sorte qu'ils ont aggravé leur état de santé. En outre, lorsque ces travailleurs ont commencé des démarches pour obtenir des soins au Québec grâce à notre soutien, l'employeur les a menacés de déportation.
Plus récemment, nous avons eu le cas d'un travailleur guatémaltèque qui a été déporté et exclu du programme parce que son employeur avait décidé de cultiver des champignons magiques. Il s'est retrouvé dans son pays, et endetté en plus, parce qu'il avait emprunté de l'argent pour payer l'agence afin de venir au Canada, alors qu'il aurait pu simplement changer d'employeur et travailler légalement au Canada.
Pour terminer, je dirais que ces histoires ne représentent pas des pommes pourries. Elles sont l'expression de problèmes structurels du programme. Nous pensons que, pour résoudre ces problèmes, il faudra donner des permis de travail ouverts et la résidence permanente à tous les travailleurs et travailleuses.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être présents aujourd'hui.
Je vais vous adresser ma première question, Chris, et il se peut que je n'en pose qu'à vous, selon le temps qui m'est alloué.
J'ai en main un article de CBC paru en mars 2016, je crois. Il y est question des problèmes liés aux travailleurs étrangers temporaires dans une usine de transformation de poisson, et voici ce qu'on y lit:
« Des groupes de partout au Canada nous ont mentionné que le Programme des travailleurs étrangers temporaires devait changer, y compris du côté des entreprises. Un petit nombre d'entreprises dans certains secteurs nous disent qu'elles ont besoin de plus de souplesse... »
« ...les transformateurs de fruits de mer ont fait pression sur le gouvernement pour que celui-ci leur permette d'embaucher plus de travailleurs étrangers. Dennis King, directeur exécutif de la P.E.I. Seafood Processors Association, a indiqué qu'un accord avait été conclu à la fin du mois dernier après que la Coalition Maritime Seafood ait rencontré les élus à Ottawa. »
Cet article fait mention des changements qui ont été apportés au Programme des travailleurs étrangers et du fait que toute limite a maintenant été abolie quant au nombre de travailleurs pouvant être embauchés. C'est précisé dans l'article.
J'aimerais faire une comparaison. Si, en tant qu'habitant de la Colombie-Britannique, je consultais les données de Statistique Canada et que j'y voyais le taux de chômage actuel de l'Île-du-Prince-Édouard, je me dirais certainement que pareil taux est inquiétant. Je crois que le taux actuel dans cette province est de 12,1 % alors que pour les autres régions de l'est, il est d'environ 8,5 %, 9,5 % et 10 %.
Encore une fois, s'il s'agissait de ma circonscription, avec un taux de chômage aussi élevé, je serais tellement alarmé que je n'envisagerais même pas d'embaucher des travailleurs étrangers. Je vous demande seulement ceci, parce que les Canadiens le feront: puisqu'il semble y avoir suffisamment de citoyens canadiens pour combler ces emplois dans l'est, pourquoi est-ce que ce n'est pas eux qui les occupent?
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Je tiens à rappeler que j’ai fait distribuer des notes stratégiques, ce qui, je pense, sera traduit en français. Elles décrivent plus en détail certaines de mes recommandations.
Il y a bien une crise des soins de santé au Canada. Les baby-boomers vieillissent. Nous avons une crise des soins aux personnes âgées et les gens de ma génération ont beaucoup d’enfants, donc il faut trouver des solutions à cette crise des soins.
L’un des principaux appels à l’action de la part des avocats des aidants naturels est de donner aux aidants naturels le statut d’immigrant à leur arrivée. Le besoin de soins est constant et leur donner ce statut réduit de beaucoup les abus auxquels ils sont confrontés.
Cette proposition d’avoir des sociétés réglementées, en d’autres mots des organismes agissant comme les employeurs des aidants naturels, va simplement transférer la relation abusive des familles aux organismes. Une autre proposition venant des défenseurs des aidants naturels et des chercheurs comme moi, est que cela ne devrait pas se produire. Ce système de transfert des relations de travail à des sociétés réglementées va exacerber les abus.
Une autre proposition consiste à régler le retard. D’autres personnes ont mentionné la même chose, et c'est certainement le cas pour M. De Leon, il est un fait que les aidants naturels sont venus au Canada en laissant derrière eux leurs propres enfants pour s'occuper de familles canadiennes. Le fait que nous ayons un arriéré de 49 000 dossiers est absurde.
Nous savons tous que la séparation des familles est difficile. Les aidants naturels et leurs enfants font face à beaucoup d’anxiété, beaucoup de problèmes de santé mentale et émotionnelle. Nous pensons que traiter cet arriéré et…
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les ceux qui ont parlé cet après-midi.
Je dois dire que les témoignages des deux côtés, sur les avantages et les inconvénients du PTET, étaient très convaincants. Notre comité veut bien sûr s'assurer de bien comprendre les tenants et aboutissants et veut veiller à avoir une discussion ouverte.
Je viens du Canada atlantique. Je suis de Saint John-Rothesay et j’ai passé 15 ans dans le secteur de l’aquaculture. Certes, ayant vécu à Saint-Andrew et travaillé à Saint-George, je suis bien placé pour savoir que, par moments, il y avait d’importantes pénuries de main-d’œuvre.
Je demande que l’un de vous réponde à cette question. De combien de travailleurs temporaires étrangers pensez-vous avoir besoin, dans le cas des transformateurs et des pêcheurs, pour combler la pénurie de main-d’œuvre dans votre industrie? Quel pourcentage de la main-d’œuvre totale cela représenterait-il?
Excusez-moi, mais je regarde l’horloge qui indique 18 h 30 et je dois conclure maintenant.
Chers collègues, j’implore votre patience pour une minute. Je tiens à remercier tous les membres du Comité. Nous avons entendu des exposés téléconférence et nous n’avons pas pu poser toutes les questions que nous aurions souhaitées, mais je vous encourage, si ce n’est déjà fait, à nous soumettre par écrit vos idées, commentaires ou préoccupations et nous veillerons à ce que nos membres en soient saisis.
Pour ceux et celles d’entre vous qui vous êtes déplacés, merci beaucoup.
En terminant, j’ai une brève déclaration à faire. Malheureusement, Mme Ashton est partie et j’aurais préféré qu’elle soit là. Plus tôt au cours des délibérations, Mme Ashton a accusé ce comité de manquer de transparence, laissant entendre que nous avions refusé la télédiffusion des séances. Pour mémoire, je tiens à souligner que ces séances sont diffusées en direct et que le public peut les regarder en direct outre, évidemment, que les transcriptions sont disponibles en ligne. C’est ce comité qui a avancé l’étude de cette question vue son urgence, laquelle bien sûr été démontrée aujourd’hui.
Concernant la demande télédiffusion, elle n’a pas été rejetée. J’aurais aimé consulter ce comité pour voir s’il y avait des préoccupations. Entre temps, le personnel s’est informé de la disponibilité du service de télévision. Je peux confirmer que tous les partis présents sont d’accord. Nous donnerons suite à cette demande pour obtenir la diffusion dans la mesure du possible.
Merci beaucoup. La séance est levée.