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Fil, voulez-vous commencer?
M. Dan Ruimy: Mon Dieu, non.
Des députés:
Joyeux anniversaire,
Joyeux anniversaire,
Joyeux anniversaire, cher monsieur Ruimy,
Joyeux anniversaire.
Le président: Merci beaucoup de m'offrir cette occasion. C'est un plaisir de vous avoir avec nous. Nous n'avons pas l'habitude de telles frivolités si tôt le matin.
De la Commission de la santé mentale du Canada, accueillons Ed Mantler, qui se joint à nous à Ottawa.
La vidéoconférence avec Cedars Society en provenance de Vancouver, Colombie-Britannique, n'est pas encore prête, alors je vais passer Marshall.
Également, par vidéoconférence en provenance du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, Ontario, nous avons la Dre Vicky Stergiopoulos.
J'ai prononcé votre nom correctement?
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Également de Toronto par vidéoconférence, nous avons deux groupes, et j'apprécie le fait que vous partagiez votre temps avec nous aujourd'hui.
Nous avons avec nous Ricardo Tranjan, directeur du Bureau des stratégies de réduction de la pauvreté, et Kelly Murphy, une agente d'élaboration des politiques, tous deux de Toronto.
Puis, de Working for Change, Michael Creek, directeur des Initiatives stratégiques et Lubna Khalid, coordonnatrice.
Bienvenue à vous tous.
Nous allons débuter à l'instant, car nous avons aujourd'hui une liste complète de témoins à entendre. Je demande aux témoins de limiter, dans la mesure du possible, leurs commentaires à sept minutes. Nous allons commencer par Ed Mantler de la Commission de la santé mentale du Canada.
Monsieur, les sept prochaines minutes vous appartiennent.
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Merci, monsieur May, et mes remerciements au Comité pour avoir invité la Commission de la santé mentale du Canada à prendre la parole aujourd'hui.
Cette semaine au Canada, 500 000 Canadiens ne se sont pas présentés au travail pour raison de maladie mentale. Cette semaine n'est en rien différente. La même chose s'est produite la semaine dernière; la même chose se produira la semaine prochaine. Bien que ce ne soit pas les 500 000 mêmes personnes chaque semaine, certaines d'entre elles le sont. Certaines personnes seront confrontées à une maladie de longue durée et d'autres ne seront pas en mesure de retourner au travail. Être incapable de conserver son emploi entraîne, évidemment, des difficultés financières pouvant mener à la pauvreté et à l'itinérance.
Le moment de ma présence ici est bien choisi, car il correspond à la publication de l'étude finale de durabilité At Home/Chez Soi, en novembre. Comme bon nombre d'entre vous le savent, At Home/Chez Soi est le projet de recherche du genre le plus important au monde et il a été depuis reproduit sur le plan international. Le projet a nécessité plus de 2 000 participants provenant de cinq villes partout au pays, sur une durée de plus de cinq ans, et a il prouvé hors de tout doute que l'approche Logement d'abord peut rapidement mettre fin à l'itinérance chez les personnes atteintes de maladie mentale, une situation présente chez environ 64 % des personnes sans-abri.
L'étude a prouvé hors de tout doute que l'approche Logement d'abord est efficace et qu'elle a eu un impact sur l'amélioration de la politique en matière de logement, surtout en ce qui concerne la réduction de la pauvreté. Je ne saurais insister assez sur la satisfaction que nous éprouvons au fait que notre voix ait été entendue. En fait, plus tôt cette année, le maire de Medecine Hat a annoncé qu'une approche Logement d'abord a servi à éliminer l'itinérance dans cette collectivité de l'Alberta.
L'accès aux logements abordables et sécuritaires s'est avéré rentable. En effet, nous savons qu'il est plus économique de fournir un logement stable, permanent et renforcé par des soutiens sociaux. Ce n'est pas que le logement; c'est le logement d'abord, et même avec les logements subventionnés et l'augmentation de la gestion des cas graves ou le traitement communautaire dynamique, c'est encore plus économique que d'avoir des gens qui se retrouvent dans des refuges, des logements temporaires, des services d'urgence, et même en incarcération.
Pas plus tard qu'hier, notre présidente et directrice générale, Louise Bradley, a émis un communiqué félicitant le gouvernement qui mobilise les Canadiens autour de l'élaboration d'une stratégie nationale du logement. Lorsque nous élaborons un plan d'action national, les défis urgents auxquels doivent faire face les personnes vivant avec des maladies et des problèmes mentaux doivent être des priorités, étant donné que les besoins de cette population vulnérable pour des logements abordables sont près du double de ceux de la population générale. Nous savons qu'un logement sûr a un impact profond sur la qualité de la santé et du bien-être d'une personne, c'est la raison pour laquelle c'est enchâssé dans la stratégie en matière de santé mentale au Canada, ainsi qu'au niveau de Changing Directions et de Changing Lives.
À la commission, nous mentionnons souvent que toute personne a besoin d'un logement, d'un travail et d'un ami. Il s'agit évidemment d'une simplification exagérée de l'éventail plus large des déterminants sociaux de la santé, mais je le mentionne, car la question du logement ne représente qu'un volet du casse-tête. Le rétablissement à la suite d'une maladie mentale est non seulement possible, il est prévu. Lorsque je parle de « rétablissement », ça suscite toujours quelques inquiétudes, parce que les gens entendent parfois le mot « guérison ». Je ne parle pas de guérison; je parle de rétablissement —vivre une vie bien remplie, saine, malgré certaines limitations comparables aux personnes vivant avec des maladies ou des déficiences chroniques.
J'ai moi-même une maladie cardiaque. J'ai eu une crise cardiaque en 2006, et pourtant, lorsque vous me regardez, j'espère que vous ne voyez pas un patient cardiaque. J'ose espérer que vous voyez un citoyen canadien en pleine possession de ses moyens. Je suis en santé et rétabli, mais je ne suis pas guéri. Je prendrai toujours des médicaments, tous les matins. J'aurai toujours un programme régulier d'exercices. Je consulterai toujours un cardiologue. Je mentirai toujours à mon cardiologue concernant mon alimentation.
Des voix: Oh, oh!
M. Ed Mantler: Je suis rétabli, pas guéri. J'ai une vie remplie et productive. J'ai un bon travail, avec des responsabilités. J'ai des amis et une famille qui se soucient de moi. J'ai des espoirs et des aspirations qui me tiennent à coeur. Le rétablissement à la suite d'une maladie mentale est exactement la même chose — il faut s'y attendre.
Nous savons que la pauvreté compromet la capacité des Canadiens à se sentir bien et à se rétablir. La pauvreté exacerbe les symptômes de la maladie mentale et peut favoriser leurs manifestations. Parallèlement, la maladie mentale peut parfois compliquer la préservation d'emplois et par conséquent mener à la pauvreté. C'est un cercle vicieux.
Lorsqu'on pense au rétablissement à la suite d'une maladie mentale, cela implique d'adopter une vision à long terme et de faire des investissements importants dans des programmes qui dépassent largement le secteur des soins de santé, notamment des programmes qui aident les personnes vivant avec de sérieuses maladies mentales, à trouver et à conserver des emplois enrichissants.
Alors, qu'en est-il des 500 000 personnes que j'ai précédemment mentionnées?
Nous savons que certaines d'entre elles vont se rétablir rapidement et retourner au travail, mais nous savons qu'un pourcentage important de personnes avec de sérieuses maladies mentales ne seront pas en mesure de le faire. Une personne en congé de maladie pour une durée de seulement six mois a une chance sur deux de retourner au travail. Après une absence d'un an, les chances de retourner au travail chutent à 10 %, et pour cette raison, 90 % des Canadiens qui vivent avec une maladie mentale sérieuse ou grave sont sans emploi. Ce qui représente environ 3 % de la population canadienne.
Les personnes atteintes de maladie mentale sont en mesure de contribuer énormément à la société, pourtant une proportion troublante de celles qui sont sans-abri souffrent de maladies mentales. Nous devons améliorer la mise en oeuvre des politiques qui récompensent et soutiennent les gens qui retournent au travail, au lieu de pénaliser ou d'omettre d'encourager le revenu gagné.
À la commission, nous appelons cette population, « la main-d'oeuvre en devenir ». Ce sont les personnes qui ont quitté leur emploi en raison de problèmes de santé mentale ou celles qui n'ont jamais intégré le marché du travail, parce que leurs problèmes de santé mentale se sont manifestés tôt dans leurs vies.
Il est intéressant de voir qu'il existe plusieurs organisations qui s'emploient à aider ces personnes — les aider à élaborer un curriculum vitae, les aider à acquérir des compétences, les aider à accéder à des formations — mais il est très difficile de trouver des organisations qui travaillent avec des employés de façon à rendre la culture, les politiques et les pratiques du milieu de travail plus accommodantes et plus accessibles aux personnes aux prises avec la maladie mentale et les problèmes associés à la maladie mentale.
La commission a déposé cette année un mémoire prébudgétaire concrnant un projet de démonstration qui vise à soutenir les employeurs — l'objectif étant de 200 employeurs partout au pays — afin de connaître ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, cela pour de définir les meilleures pratiques en vue de changer la culture du milieu de travail, de modifier les politiques et les pratiques de façon à permettre aux personnes aux prises avec des maladies mentales de conserver leur travail, de leur permettre de retourner au travail le plus rapidement possible, et d'aider les personnes qui n'ont jamais intégré le marché du travail à trouver des emplois véritables.
Pour pousser la démarche un peu plus loin, nous devons faire un effort concerté pour faire avancer la recherche qui enrichit nos connaissances et notre compréhension des déterminants sociaux de la santé et des liens entre la santé mentale et la santé générale. Collectivement, nous devons redoubler d'efforts de façon à fournir des services qui répondent aux déterminants sociaux de la santé. Si le système de santé mentale ne tient pas compte des inégalités sociales et de la pauvreté, alors le temps et l'énergie que nous y consacrons seront gaspillés et les résultats réduits.
Les efforts pour répondre aux déterminants sociaux de la santé doivent être concertés et comprendre différents systèmes, incluant tous les niveaux de gouvernement, les ministères, et les secteurs, et doivent impliquer les personnes qui sont touchées par la maladie mentale. Ces efforts doivent présenter une optique d'équité en matière de santé, s'appuyer sur des données probantes, et cibler les initiatives en amont, aussi bien que les services et les soutiens en aval pour les personnes atteintes de maladie mentale.
Je veux remercier le comité de m'avoir offert l'occasion d'être ici aujourd'hui. Merci.
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Merci, Bryan et merci aux membres du Comité pour votre travail sur les stratégies de réduction de la pauvreté et de m'offrir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Comme vous l'avez mentionné, je suis le médecin en chef du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto.
Le CAMH est le plus important organisme canadien oeuvrant dans les domaines de la toxicomanie et de la maladie mentale. Nous intégrons des soins cliniques à des activités d'éducation et de recherche pour transformer la vie des personnes atteintes de maladie mentale ou de dépendance. Nous avons plus de 500 lits, plus de 3 000 employés, plus de 300 médecins, et 100 scientifiques. Nous travaillons tous ensemble pour venir en aide à plus de 30 000 patients chaque année.
Pour nos patients et pour les Canadiens atteints de maladie mentale, la pauvreté constitue une préoccupation majeure. Les personnes atteintes de maladie mentale ont de faibles revenus, sont moins susceptibles de faire partie du marché du travail, et sont moins susceptibles de bénéficier d'un logement convenable par rapport aux personnes aux prises avec d'autres incapacités, ainsi qu'à celles sans incapacités. La pauvreté peut aussi accentuer leurs conditions de santé physique et mentale.
Alors que les soins cliniques basés sur des données probantes sont essentiels au rétablissement de la santé mentale, le CAMH reconnaît également l'importance des déterminants sociaux de la santé et ses incidences sur l'amélioration des conditions de vie chez les gens atteints de maladie mentale, tout au long de leurs vies. Par conséquent, nous proposons les trois recommandations qui suivent pour réduire la pauvreté chez les gens atteints de maladie mentale.
Tout d'abord, nous avons besoin des investissements fédéraux dans des logements abordables, subventionnés et supervisés. Au Canada, il y a plus de 520 000 personnes atteintes de maladie mentale qui n'ont pas de logement adéquat. Sur ce nombre, près de 120 000 sont de vrais sans-abri. Bon nombre de ces personnes sont en mesure de vivre de façon indépendante au sein de la collectivité et l'amélioration de l'accès à des logements abordables contribuerait à les sortir de la pauvreté.
D'autres Canadiens atteints de maladie mentale ont besoin d'un soutien pour trouver et conserver leur logement. Pour eux, l'accès à un logement abordable et le soutien clinique basé sur des données probantes leur fournira l'occasion de maintenir une stabilité de logement et de sortir de leur pauvreté.
Nous voyons certains patients au CAMH et ailleurs au Canada qui sont atteints de troubles psychiatriques plus graves. Pour eux, l'accès à un logement avec soutien sur place, soit un soutien jour et nuit, est nécessaire au maintien adéquat des droits d'occupation. Les recherches ont démontré que l'accès au logement peut améliorer la santé personnelle et la vi e en société chez les personnes avec de sérieuses maladies mentales. Malheureusement, il y a au Canada, une pénurie de ce type de logements.
En 2012, on estimait que, dans les dix années suivantes, 100 000 nouvelles unités de logement seraient nécessaires partout au pays, uniquement pour commencer à répondre aux besoins de logements des personnes atteintes de maladie mentale. En Ontario, les personnes atteintes de maladie mentale peuvent attendre jusqu'à six ans pour un logement.
Dans sa présentation concernant la stratégie nationale du logement, le CAMH a recommandé qu'une partie de tous les fonds fédéraux pour un logement abordable soit réservée au développement de nouvelles unités de logements supervisés. Nous avons également recommandé une augmentation du financement de Logement d'abord, un modèle de logement fondé sur des données probantes pour les personnes atteintes de maladie mentale qui sont sans-abri. Nous croyons que ces investissements pour des logements supervisés et subventionnés vont contribuer à réduire la pauvreté des Canadiens atteints de maladie mentale.
Notre deuxième recommandation est que le gouvernement fédéral soutienne les initiatives qui aident les personnes atteintes de maladie mentale à trouver et à conserver leur emploi. La plupart des personnes atteintes de maladie mentale peuvent et veulent travailler, mais jusqu'à 90 % de celles atteintes de maladies mentales graves sont sans emploi en raison de la stigmatisation et de la discrimination, des mesures inadéquates de soutien d'emploi et des politiques de sécurité du revenu qui font problèmes. Les personnes atteintes de maladie mentale qui travaillent ont une meilleure santé et ont une plus grande estime d'elles-mêmes, ainsi qu'un meilleur niveau de vie. Elles sont également moins susceptibles de faire appel aux services de santé et sociaux coûteux.
Le soutien du gouvernement fédéral pour l'aide à l'emploi fondé sur les données probantes et les options pour un autre emploi, ainsi que le travail de la Commission de la santé mentale du Canada vont permettre de faire face à la stigmatisation et à la discrimination sur le marché du travail, et la pauvreté chez les personnes atteintes de maladie mentale peut ainsi être réduite.
Enfin, nous recommandons que le gouvernement fédéral travaille avec d'autres instances gouvernementales, pour mettre en oeuvre une assurance de revenu de base afin de soutenir les Canadiens atteints de maladie mentale qui ne peuvent pas travailler et les personnes qui entrent sur le marché du travail ou en sortent en raison de la nature de leurs incapacités. Les systèmes actuels de soutien du revenu sont inadéquats et créent des facteurs qui dissuadent les gens de travailler. Une assurance de revenu de base, associée au soutien au logement et à l'emploi, pourrait améliorer considérablement la santé et le niveau de vie des personnes atteintes de maladie mentale.
La pauvreté représente un problème difficile comportant de multiples facettes, et le CAMH félicite le gouvernement d'en faire une priorité. Nous sommes également heureux de voir qu'au cours de votre processus de modelage de la stratégie, vous reconnaissez les besoins uniques des personnes atteintes de maladie mentale et de dépendances.
Nous espérons que nos recommandations vous seront utiles.
Merci. Je serais heureuse de répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je veux d'abord vous remercier de nous avoir invités aujourd'hui et de nous donner l'occasion d'aborder les développements, les réalisations et les défis de la Stratégie de réduction de la pauvreté de Toronto.
Nous profitons également de cette occasion pour remercier le gouvernement du Canada, qui, dans le cadre de la Phase 1 du plan d'infrastructure, a investi notamment dans le logement social et abordable.
Nous sommes contents de contribuer aux travaux de ce comité et à l'élaboration d'une stratégie fédérale de réduction de la pauvreté qui prend force et qui s'appuie sur des stratégies provinciales et municipales.
[Traduction]
En 2015, le conseil municipal de Toronto a approuvé à l'unanimité TO Prosperity, la Stratégie de réduction de la pauvreté à Toronto. Cette stratégie est basée sur des recherches approfondies et sur un processus de mobilisation de la collectivité d'une durée d'un an, codirigé par des organismes communautaires et des personnes qui connaissent la pauvreté, et plus de 2 000 résidents de la ville étaient impliqués.
En adoptant cette stratégie, la ville de Toronto a reconnu l'importance du pouvoir municipal en matière de réduction de la pauvreté et la nécessité d'engager des ressources pour assurer la prospérité économique, sociale et environnementale de la plus grande ville du Canada. TO Prosperity est un système de stratégies qui met l'accent sur cinq principaux enjeux: la stabilité du logement, l'équité en matière de transport, l'accès aux services, l'accès à l'alimentation, et des emplois de qualité, ainsi que des salaires décents.
Nous avons trois objectifs primordiaux.
Le premier consiste à répondre aux besoins immédiats. Nous voulons nous assurer que les services essentiels soient bien financés et coordonnés, et qu'ils répondent aux besoins des personnes qui vivent dans la pauvreté.
Le deuxième est de créer des voies vers la prospérité. Nous voulons faire en sorte que les programmes et les services municipaux soient intégrés, axés sur le client, avec l'accent sur une intervention précoce.
Le troisième objectif consiste à susciter des changements systémiques. Nous voulons tirer parti du pouvoir économique de la ville pour stimuler la croissance de l'emploi, soutenir les entreprises locales, stimuler une croissance économique inclusive, et s'attaquer aux inégalités sociales profondément enracinées.
À la ville de Toronto, nous croyons fermement que lutter contre la pauvreté doit être un effort collectif. Dans certains secteurs, la ville de Toronto possède les outils, les ressources et l'autorité pour aller de l'avant, et ça fonctionne. Dans d'autres secteurs, la ville doit collaborer avec d'autres paliers de gouvernement, avec le secteur privé, le marché du travail, et des organismes communautaires pour réduire la pauvreté et promouvoir la croissance économique inclusive. L'élaboration de politiques cloisonnées, les services non coordonnés, les programmes à la pièce, et les investissements intermittents accentuent souvent la pauvreté et la vulnérabilité.
Au cours de la première année de la stratégie de réduction de la pauvreté, la ville a investi dans des programmes de bonne nutrition des élèves, des programmes d'emploi, des logements sociaux, des refuges, des services de garde agréés grâce à des places subventionnées, des centres récréatifs avec programmes gratuits, et des transports publics, maintenant gratuits pour les enfants âgés de 12 ans et moins.
En 2016, le conseil municipal a également approuvé la nouvelle politique et le programme sur l'approvisionnement à caractère social qui augmentera l'accès aux contrats de la ville pour les entreprises qui emploient ou offrent une formation en emploi aux collectivités qui recherchent l'équité et aux résidents à faibles revenus. La semaine dernière, le comité exécutif a approuvé la création d'un laissez-passer de transport en commun pour faibles revenus, cette initiative sera présentée au conseil la semaine prochaine.
Finalement, les divisions de la ville ont présenté des approches novatrices pour l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes, incluant des projets pilotes qui utiliseront des stratégies approfondies de gestion pour améliorer les services et les résultats concernant les bénéficiaires de l'aide sociale qui font face à des obstacles à l'emploi, notamment des défis liés à la santé mentale.
Nous sommes fiers de ces réalisations, mais il y a encore beaucoup à faire, et le gouvernement du Canada peut jouer un rôle fondamental en nous aidant à aller de l'avant. Réduire de manière significative la pauvreté des centres urbains requiert des investissements importants en matière de logements sociaux et abordables, en matière de garde d'enfants, ainsi qu'en matière de création et d'exploitation de systèmes de transport. Nos efforts pour prioriser les ressources municipales limitées et pour trouver des façons novatrices et efficaces de soutenir les résidents à faibles revenus, ne produiront pas les résultats souhaités sans un financement adéquat du logement, des services de garde d'enfants, ainsi que du transport en commun. Ces services représentent les principaux piliers de la stabilité et de l'inclusion socio-économique. Sans eux, les résidents ne peuvent participer pleinement à la vie économique et civique.
La ville se réjouit des récents investissements dans ces secteurs, en regard de la première phase de ce plan d'infrastructure et espère que les investissements de la deuxième phase de la stratégie nationale de logement et, bien entendu, la Stratégie de réduction de la pauvreté du Canada continueront dans ce sens.
J'aimerais également parler brièvement de surveillance et d'évaluation.
Il est bien connu que les mesures actuelles des faibles revenus et de la pauvreté — MFR, SFR, et MPC — ont de très importantes limites méthodologiques. À cet égard, nous aimerions faire écho aux témoins précédents qui ont comparu devant ce comité et qui ont recommandé que le gouvernement fédéral confie à Statistiques Canada la tâche de recueillir et de diffuser les données non monétaires de la pauvreté, y compris les données de privation matérielle. Notre capacité de surveiller et d'évaluer nos efforts de réduction de la pauvreté augmenteraient considérablement si on pouvait combiner les mesures relatives aux faibles revenus monétaires à un indice de privation matérielle.
[Français]
Encore une fois, je vous remercie de nous avoir donné cette occasion de nous adresser à vous ce matin.
Ma collègue Kelly Murphy et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions dans la mesure de nos connaissances, bien sûr, et de mettre à votre disposition tout le matériel pouvant contribuer aux travaux du Comité.
C'est un plaisir pour nous de travailler avec nos collègues au gouvernement fédéral à l'élaboration de la stratégie de réduction de la pauvreté du Canada.
Merci beaucoup.
Lubna et moi sommes heureux d'être avec vous aujourd'hui. Après avoir entendu le témoignage des intervenants précédents, je veux mentionner dès le départ que 99 % des employés de notre organisme sont des personnes ayant des troubles mentaux ou des dépendances, ou alors des personnes qui ont vécu dans la pauvreté ou qui ont été marginalisées par la société. Notre organisme est plutôt unique à cet égard.
Nous vous remercions de nous avoir invités à témoigner devant le comité aujourd'hui pour parler de ce que nous faisons à Working for Change et du travail systémique que nous avons entrepris en santé mentale et en toxicomanie concernant les perspectives d'emploi, les questions de réduction de la pauvreté, le logement, etc. Nous croyons que les gens qui ont vécu avec ces problèmes sont des experts en la matière et doivent être consultés par le gouvernement fédéral pour l'élaboration de sa politique.
Les mots « trouble mental » et « toxicomanie » entraînent encore beaucoup de stigmatisation, bien que le regard de la société sur d'autres incapacités ait passablement changé. Dans ma communauté, de nombreuses personnes font toujours face à de grands obstacles en matière d'emploi, de logement et d'inclusion sociale. Le taux de chômage des personnes ayant une incapacité demeure extrêmement élevé — jusqu'à 70 %, selon certains — et pour les gens qui ont de graves troubles mentaux, il peut atteindre 90 %. Nous savons que 45 % des personnes admises au programme ontarien de soutien aux personnes handicapées ont une incapacité liée à un trouble mental ou à la toxicomanie. Le coût de ce programme pourrait devenir impossible à soutenir dans l'avenir.
Pourquoi cette constante augmentation? Tous les participants au POSPH vivent dans la pauvreté, certains dans une pauvreté extrême, ce qui explique en partie qu'ils sont incapables de retrouver la santé. Bien des personnes à qui nous parlons cherchent une façon de se sortir de la pauvreté, mais n'ont pas tracé le chemin qui leur permettra de s'en sortir.
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Le travail entrepris par la Commission de la santé mentale au cours des 10 dernières années a commencé à instiller le sentiment, dans notre communauté, que nous avons notre place et que le Canada et ses citoyens sont disposés à faire des investissements en matière de logement, de services sociaux de soutien, de possibilités d'emploi et de choix. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir et nous croyons que nous pouvons le faire ensemble.
Voici quelques-uns des domaines où notre travail des 10 dernières années a porté fruit.
Au cours des dernières années, nous avons élaboré divers programmes de leadership et de préparation à l'emploi qui ont aidé de nombreuses personnes à trouver un emploi et à se sortir de la pauvreté. En 2005, nous avons conçu un programme nommé Voices from the Streets, les voix de la rue, qui visait à faire participer des personnes ayant connu la pauvreté, des problèmes de santé mentale et la toxicomanie à des projets de sensibilisation du grand public. Ces personnes participent aussi aux discussions des législateurs qui élaborent les politiques. Pendant la dernière décennie, les membres de Voices from the Street ont parlé avec des milliers de personnes, dont des étudiants, des infirmières, des médecins omnipraticiens résidents, des travailleurs sociaux, des psychiatres et des législateurs. Notre cellule de témoins femmes, Women Speak Out, examine ces enjeux sous la lorgnette des femmes. Elle donne la parole à celles qui ont vécu la violence familiale, la pauvreté ou des problèmes liés à leur situation de nouvelles arrivantes ou de réfugiées.
À mesure que notre cellule de témoins s'élargissait, nous nous sommes rendu compte que nos diplômés cherchaient désespérément à travailler, particulièrement dans le secteur des services sociaux. Nous offrons aujourd'hui deux programmes de préparation à l'emploi. Le premier forme des personnes sur l'aide sociale à un emploi dans le domaine alimentaire ou horticole. Le second offre une formation de travailleur de relève à ceux qui ont connu la pauvreté, de façon à ce qu'ils puissent trouver de l'emploi dans les centres d'accueil, les refuges et le domaine du logement social en général. Nos programmes intensifs de 12 semaines sont une combinaison de séances où on reconnaît les combats que mènent les gens sur l'aide sociale et de séances visant à renforcer la confiance en soi. Les participants acquièrent des compétences utiles pour un emploi dans les secteurs alimentaire, horticole ou social, et des techniques de recherche d'emploi. Jusqu'à maintenant, les deux tiers de nos diplômés ont trouvé un emploi à temps plein ou partiel.
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Les gens peuvent se sortir de la pauvreté. Il faut que le gouvernement fédéral assume ce rôle important conjointement avec les provinces et les municipalités pour réduire la pauvreté. Le coût de l'inaction est très élevé. Il faut cesser de dire que nous ne pouvons pas nous permettre de faire des investissements dans les secteurs clés que sont l'emploi et le logement pour les personnes ayant une incapacité.
Selon un rapport récent, le coût de la pauvreté à Toronto, en tenant compte des coûts sociaux, des dépenses de santé et des revenus perdus, se chiffre entre 4,4 milliards et 5,5 milliards de dollars. Multipliez ces sommes par le nombre de nos villes et villages, et ces coûts augmentent de manière exponentielle.
Une stratégie de réduction de la pauvreté doit inclure une stratégie moderne en matière d'emploi qui ciblera certains groupes de la population, y compris, bien sûr, les personnes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie, les jeunes et les Autochtones. Elle doit être intégrée aux stratégies provinciales et municipales de réduction de la pauvreté, et traiter des enjeux en matière de revenu, de logement, de santé et de bien-être. Avant tout, la stratégie doit reconnaître le fait qu'on refuse d'offrir des possibilités d'emploi, ou la possibilité de choisir un emploi, à un trop grand nombre de personnes ayant des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Nous pensons avoir démontré qu'en ayant des attentes élevées envers les gens, il est possible de réussir. À Working for Change, nous défendons l'idée que chaque personne mérite d'avoir un toit, un emploi, un ami et une meilleure situation sociale.
Merci.
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Voici quelques exemples des initiatives dans lesquelles investit la Ville de Toronto en ce moment.
Nous avons toujours plus de programmes axés sur l'emploi chez les jeunes, qui veillent à ce que ceux qui sortent de l'école secondaire ou d'un programme professionnel, ou même de l'université puissent intégrer facilement le marché de l'emploi. Nous avons une stratégie de développement de la main d'oeuvre, autorisée il y a de cela quelques années. Nous oeuvrons des deux côtés, l'offre et la demande, pour nous assurer qu'ils soient bien liés et que tout le monde profite de ces possibilités économiques.
Nous avons un programme de marché public, que j'ai mentionné récemment. L'objectif est de diriger une partie du pouvoir économique de la Ville — ou, de manière plus directe, les sommes que dépense la Ville chaque année pour se procurer toutes sortes de biens et services — vers des organismes qui emploient surtout des résidants à faible revenu ou des personnes vulnérables ou qui leur offrent des possibilités.
Le laissez-passer de transport en commun à tarif équitable, autorisé la semaine dernière par le comité exécutif, fait partie de cet ensemble de programmes. Il permettra aux résidants à faible revenu en recherche d'emploi, de services ou de programmes qui auront un effet positif sur leur vie à long terme d'avoir la possibilité de faire leur recherche sans que le coût du transport soit un obstacle.
Enfin, nous nous efforçons d'intégrer les services de façon humaine. Il s'agit d'avoir des services en matière de logement, de garde d'enfant, d'aide sociale et d'emploi qui soient vraiment intégrés. Les résidants doivent pouvoir se présenter dans un seul bureau de la ville pour profiter de ces toutes mesures de soutien en une seule fois, sans être envoyés ailleurs ou qu'on leur demande de téléphoner tel autre service ou de remplir tel autre formulaire. Nous essayons d'intégrer tout cela.
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Merci à tous d'être avec nous. Ce sujet est difficile, mais très intéressant.
J'aimerais poser ma question à M. Mantler. Je suis heureux que M. Zimmer ait soulevé la question de la stigmatisation, car il s'agit de mon plus gros obstacle en ce moment. Je me passionne pour la jeunesse. Si nous pouvons trouver la manière d'aider les jeunes à s'en sortir, ce sera avantageux à long terme. Nous avons des programmes, Cause pour la cause, le programme de Bell, par exemple, axés sur la sensibilisation, mais je ne suis pas certain qu'ils soient efficaces, parce que nous revenons toujours à ce problème. Est-ce qu'on progresse?
Mon conseil jeunesse, qui s'est réuni la semaine dernière, a passé deux heures sur la santé mentale des jeunes. J'ai été étonné d'apprendre, étant donné tous les programmes offerts par les écoles, qu'ils ont l'impression qu'on ne fait rien pour eux. Ils croient que les programmes sont inefficaces.
Pour conclure ma question, comment le gouvernement fédéral devrait-il, selon vous, intégrer les questions de santé mentale et de toxicomanie dans la stratégie nationale de réduction de la pauvreté, en tenant compte du champ de compétences fédéral? Nos champs de compétence comportent toutes des différences. Comment cette intégration s'inscrit-elle dans le cadre des compétences fédérales?
Merci beaucoup à tous les témoins qui comparaissent devant nous aujourd'hui, en personne ou par vidéoconférence.
Ma première question s'adresse peut-être à vous, monsieur Mantler, et à l'équipe de Toronto qui collabore avec la municipalité.
L'étude porte manifestement sur la pauvreté, mais les données récentes sur notre marché du travail et, de façon plus générale, sur l'orientation que l'économie de notre pays prend, indiquent une montée du travail précaire. J'ai participé à une tournée nationale au sujet de l'augmentation du travail précaire dans la génération du millénaire.
Nous avons mené des consultations pancanadiennes et bien que je sois, moi-même, une millénaire plus âgée et que je sais grâce à mes pairs, mes amis et les membres de ma famille à quoi ce phénomène ressemble, j'ai vraiment été frappée par le nombre de fois où le problème de la santé mentale a été soulevé dans le contexte des gens qui vivent dans des conditions de chômage ou de sous-emploi, et bien entendu, nous parlons d'une situation chronique et à long terme. Les jeunes établissent un lien très clair entre ces deux éléments. Bien sûr, nous avons entendu des histoires très bouleversantes, et ces personnes réclament de l'aide.
Dans le cadre de ces consultations, j'ai entendu, à maintes reprises, la nécessité d'une stratégie fédérale en santé mentale et d'une assurance médicaments, car bien des jeunes se retrouvent aujourd'hui sur un marché de travail où l'accès à des avantages sociaux n'est rien de plus qu'un rêve.
Je me demande si vous avez confronté à ces nouveaux discours. À votre avis, est-ce que le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans l'examen d'une stratégie en santé mentale, avec des ressources sur lesquelles s'appuyer bien entendu, et d'une stratégie en assurance médicaments aussi?
Nous commencerons par vous, monsieur Mantler.
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Oui. Merci d'avoir soulevé cette question qui est très pertinente.
Les quelque trois-quarts des adultes atteints d'une maladie mentale nous disent que les premiers symptômes sont apparus à l'adolescence, durant leurs années de jeunesse, ce qui a donc clairement un impact sur ceux qui entrent pour la première fois sur le marché du travail.
Il y a une stratégie en santé mentale pour le Canada ayant pour titre « Changer les orientations, changer des vies ». Cette stratégie, dans ses 109 recommandations, aborde les questions de la pauvreté, des milieux de travail et des préjugés. Nous veillerons à ce que des exemplaires vous soient remis.
La question de l'assurance médicaments est intéressante et, à mon avis, vous avez bien expliqué le point que vous avez soulevé. Je dirais toutefois que même si la médication est une bonne intervention et souvent, une intervention nécessaire, ce n'est pas la seule intervention possible. En fait, l'accès à des services psychologiques — en particulier, la thérapie comportementale et cognitive —, s'est avéré très efficace et pourtant, la plupart des personnes qui utilisent ces services le font par l'entremise de leur régime d'assurance au travail, car ils ne font pas partie des services publiquement financés, et souvent ces régimes ne couvrent pas l'intervention psychologique pendant la période qui serait nécessaire.
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Le projet At Home/Chez Soi dont j'ai parlé plus tôt a été mis en oeuvre dans cinq sites pilotes partout au pays. Celui de Winnipeg insistait en particulier sur les communautés autochtones en raison du profil démographique de cette population. On parle de réussite, parce que le projet a été réalisé en partenariat et avec le leadership de la communauté autochtone au lieu d'imposer des interventions.
Dans le cadre de ce processus, nous en avons appris beaucoup sur l'humilité culturelle, sur la façon de travailler en partenariat et sur l'esprit d'un sain partenariat avec la communauté autochtone. Nous avons intégré ces connaissances quand nous avons collaboré à d'autres initiatives avec la communauté autochtone — le Sommet La tête haute dont j'ai parlé, les premiers soins en santé mentale et la mise au point de programmes précis pour les communautés des Premières Nations et des Inuits.
Pour trouver des solutions innovatrices, il faut se rendre dans les communautés et regarder ce qu'on peut trouver dans la communauté et dans les connaissances autochtones, dans les communautés éloignées en milieu rural ou dans les communautés en milieu urbain, et tout cela doit se faire en partenariat, car la Commission de la santé mentale du Canada vise la réconciliation avec les communautés autochtones. Nous sommes disposés à travailler avec les organismes nationaux, provinciaux et autochtones locaux, si nous sommes invités à le faire et quand nous le serons.
Ce sont deux pistes de solution. À mon avis, le gouvernement fédéral pourrait s'en inspirer dans une certaine mesure, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'imposer, il s'agit d'avancer côte à côte et sur invitation.
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Je veux vous faire part de l'expérience que j'ai eue quand j'étais du côté du gouvernement en travaillant avec un organisme qui aidait les jeunes atteints de maladie mentale et de toxicomanie à s'échapper d'une vie de crime pour entrer sur le marché du travail.
En gros, l'organisme a mis sur pied un programme d'apprentissage dans le cadre duquel il engageait les jeunes pour apprendre. Ces jeunes étaient rémunérés pour se présenter tous les jours et maîtriser des connaissances mathématiques de base pour travailler comme caissier, maîtriser des compétences de lecture et d'écriture de base pour pouvoir lire un manuel d'instructions et maîtriser des compétences de base en informatique pour fonctionner dans une société moderne.
Le programme a duré environ 40 semaines et son taux de réussite a été extrêmement élevé. Les jeunes devraient se présenter à l'heure et exécuter les tâches qui leur étaient confiées, faute de quoi, ils n'étaient pas rémunérés ou reconnus.
Pour les responsables, ce qui était le plus problématique dans les rapports avec les personnes aux prises avec de graves problèmes de toxicomanie, c'est que ces jeunes avaient beaucoup de difficultés à demeurer engagés et motivés. Ils ont constaté que le meilleur remède, c'est l'exercice physique.
L'organisme a acheté des poids et haltères et de l'équipement d'exercice usagés et a instauré un programme quotidien d'exercices d'une demi-heure obligatoire pour les jeunes. Pour le ministère, cette dépense n'était pas admissible parce que le programme était censé être un programme de formation professionnelle. La musculation ne génère pas des emplois.
Cela m'a amené à réfléchir sur la façon dont nous finançons ces genres d'organismes. En gros, le ministère rembourse les dépenses admissibles. Les factures, notamment loyer, photocopies et personnel, sont présentées au ministère qui fait parvenir un chèque à l'organisme. Ce faisant, nous prescrivons ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Cet organisme avait trouvé une formule non conventionnelle qui fonctionnait. Il me semble que nous devrions financer ces organismes en fonction des résultats qu'ils obtiennent et non des coûts que nous, les bureaucrates et politiciens à Ottawa, avalisons.
L'organisme ne voulait pas d'un budget de fonctionnement; tout ce qu'il réclamait, c'est une part de l'argent que le gouvernement épargnait, parce que ces jeunes allaient travailler, et que sa situation financière serait meilleure si nous le financions ainsi.
Je me demande si vous pouvez, en tant que représentants de vos organismes, faire quelques observations sur la possibilité de financer les organismes qui viennent en aide aux gens en fonction des résultats, en particulier pour ce qui est de faire en sorte que des gens auparavant inemployables trouvent un emploi garanti à long terme et spécifiquement de le faire sans prescrire comment ces organismes atteignent leurs objectifs, mais plutôt en les reconnaissant et en les finançant quand ils atteignent ces objectifs.
N'importe qui peut intervenir.
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Merci, monsieur le président, et mes remerciements aux témoins qui ont comparu devant nous ce matin.
Mon équipe à Saint John–Rothesay sert le déjeuner au refuge pour hommes tous les samedis matin. Selon le jour et les conditions météorologiques, nous servons un déjeuner chaud à probablement 30 hommes.
Je dirais que ces 30 hommes ont tous des problèmes de santé mentale. Ce qu'il y a d'épouvantable — ou de difficile, si vous voulez —, c'est que ceux qui exploitent le refuge Outflow à Saint John ne savent plus à quel saint se vouer. Ils offrent un abri, mais ils font aussi office de conseillers, de psychologues et de travailleurs en santé mentale, et ils sont dépassés; donc, à Saint John, nous avons regroupé des policiers, des travailleurs en soins de santé et les divers paliers de gouvernement et nous nous rendrons dans les refuges pour offrir le plus possible un service d'urgence en santé mentale afin d'aider ces gens, car, je le répète, ce qui est préoccupant, c'est qu'ils sont au refuge, qu'ils déjeunent et qu'après, ils retournent dans la rue. Ce n'est qu'un cercle vicieux.
Je vous demande votre opinion. Nous essayons de mettre ce projet sur pied. Pouvez-vous me donner des conseils ou des recommandations sur la façon de procéder ou sur ce qui, à votre avis, fonctionnerait?
Hier soir, j'ai lu l'histoire d'un homme d'affaires avec des problèmes de santé mentale qui n'a pas reçu d'aide. Il a vraiment été oublié par le système, puis il s'est enfoncé et enfoncé et enfoncé jusqu'à ce qu'il se retrouve à la rue.
J'ai noté quelques réflexions que je lirai rapidement. La pauvreté nuit à l'accès aux ressources dont les gens atteints d'une maladie mentale ont besoin pour se rétablir. Pour les gens prédisposés à la maladie mentale, la perte d'une ressource stabilisatrice comme une maison et un revenu peut augmenter les facteurs de risque de maladie mentale ou de rechute. La pauvreté perturbe le cheminement scolaire et professionnel et diminue les possibilités d'emploi. Sans emploi, sans revenu, maladie mentale, pauvreté chronique.
En tant que comité, nous cherchons des façons novatrices ou une nouvelle stratégie pour suggérer au gouvernement quelque chose d'innovateur. Nous innovons beaucoup.
Je vais demander à M. Mantler et peut-être à Kelly, Ricardo, Michael et Lubna de me faire part des nouvelles façons de réfléchir dont vous avez été témoins au cours des dernières années et que nous pourrions utiliser, comme gouvernement fédéral, pour aider à gérer cette crise.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence. La discussion est très intéressante.
La pauvreté, dans son sens très large, est l'état ou la condition d'avoir peu ou pas d'argent, de biens ou de moyens de soutien. C'est une définition très générale. La question de la réduction de la pauvreté est très complexe, tout comme celle de la maladie mentale qui se présente sous plusieurs formes. Je vous remercie de votre témoignage et nous sommes à la recherche de solutions.
Je pense à mon collègue Pierre qui a donné un exemple d'initiative efficace et qu'on hésitait à financer parce qu'elle n'était pas conventionnelle.
Une question a été soulevée lors d'une réunion à ce sujet. Comment créer de la richesse? Si la pauvreté est un manque de richesse, comment alors peut-on créer de la richesse? Certains des témoins nous ont raconté qu'ils vivaient dans la pauvreté, mais que grâce à des mesures, ils ont pu sortir de cette condition attribuable à la santé mentale ou à d'autres circonstances.
Je repense aux années 1980; les taux d'Intérêt avaient augmenté de 20 % et bien des gens se sont retrouvés sans-abri. Ils avaient perdu leur maison et leur emploi. C'était dur. Les tensions étaient énormes et la maladie mentale et le stress ont possiblement entraîné la dépression.
Je m'éloigne du sujet. Cela témoigne que la question dont nous discutons est très complexe.
Mon point de mire, ce sont les aînés et l'effet que cela a sur eux. J'ai rencontré le porte-parole des aînés de la Colombie-Britannique. La personne la plus vulnérable à stigmatiser est probablement un aîné, une aînée seule, qui se bat. Parle-t-on de placement pour cette personne? Non.
Vingt pour cent des aînés qui ont de la difficulté se retrouvent avec des soins en établissement et vingt pour cent ne devraient pas y être et en sept jours, on commence à leur administrer antipsychotiques et antidépresseurs pour les gérer. On les traite comme s'ils avaient une maladie mentale, mais c'est une façon de les gérer.
J'ai été très perturbé d'apprendre que tant de gens reçoivent des soins dont ils n'ont pas besoin.... La meilleure façon de prendre soin de ces personnes vulnérables, c'est d'offrir des soins à domicile. leur permettant de vieillir sur place, mais nous ne pensons pas au placement, mais nous réclamons dignité, soins et aide. Ils aimeraient peut-être faire du bénévolat.
Quelqu'un pourrait intervenir sur notre façon de prendre soin de notre population vieillissante?
Je ne pense pas que nous nous acquittons bien de la tâche de prendre soin des aînés. Ici, en Ontario, je peux en parler, et particulièrement à Toronto, il y a de plus en plus d'aînés qui sont pauvres et même itinérants.
Une autre ombre à notre tableau, c'est que nous avons créé la médicalisation du vieillissement et nous devons en sortir. Nous espérons pourvoir le faire en Ontario en adoptant une nouvelle approche à l'égard des soins de santé qui met le patient en premier, lui permettant ainsi de contrôler un peu plus la médicalisation.
Vos propos au sujet des aînés qui sont médicamentés soulèvent de grandes préoccupations. Ils sonnent beaucoup d'alarmes chez les membres de ma collectivité.
Comment une personne de 59 ou 60 ans retourne-t-elle au travail? Nous les voyons reprendre le collier. Ce sont elles qui nous accueillent au Walmart, dans des magasins où les emplois mal rémunérés sont des impasses. Nous ne tirons pas profit de la richesse, de l'expérience et des connaissances que les aînés peuvent souvent apporter aux organisations.
À mon avis, dans le cadre du volet d'une solide stratégie de l'emploi qui aidera à sortir les gens de la pauvreté, les aînés devront jouer un rôle très essentiel.
Je me rends compte que ce thème revient sans cesse dans nos discussions, mais que quand vient le temps de parler de recommandations, même si l'idée d'arriver avec quelque chose de nouveau nous enthousiasme, dans les faits, nous n'avons certainement pas maîtrisé les vieilles recommandations sur la façon de s'attaquer à la pauvreté et la santé mentale.
Ce qui est clair pour moi, c'est que tout le monde parle du besoin de logement, chapitre dans lequel le gouvernement fédéral a une responsabilité directe. J'espère donc que nous pourrons, à partir de vos présentations, formuler de robustes recommandations pour que le gouvernement fédéral intervienne sur la question du logement.
Je veux revenir sur un point que vous avez soulevé, monsieur Mantler, soit l'expérience particulière des communautés autochtones.
J'ai l'Insigne honneur de représenter certaines communautés autochtones du Manitoba. Il y a un lien direct entre le fait que les déterminants sociaux de la santé ne sont pas pris en compte — nous savons que les Premières nations, par exemple, relèvent de la compétence fédérale — et la pauvreté et la santé mentale. Certaines des communautés que je représente ont vécu des crises de santé mentale et de suicide.
Si vous demandez aux jeunes ce dont ils ont besoin, ils vous diront des loisirs, un logement et ne pas manquer de nourriture. Je me demande si vous, monsieur Mantler, et d'autres aimeriez expliquer, dans le peu de temps qui m'est alloué, à quel point il importe de s'assurer que les besoins élémentaires soient comblés. Est-ce que le gouvernement fédéral pourrait intervenir dans ce dossier?
Un autre problème majeur auquel l'humain moyen est confronté en vieillissant est la perte de mémoire, mais ça ne constitue pas une maladie mentale. S'il y avait démence ou perte de capacité cognitive, on parlerait de maladie mentale, mais il y a des problèmes physiologiques normaux associés au vieillissement dont il faut parler.
Aux nouvelles, tout récemment, on a passé l'histoire d'un homme que ses enfants avaient dépouillé de sa fortune, de la somme dont il disposait pour avoir une retraite digne. Nous entendons parler depuis des années du problème grandissant de maltraitance des aînés.
Je crois que les aînés sont stigmatisés. On les perçoit comme étant en fin de course, pourtant ils représentent une immense ressource d'expérience et de talent qui pourrait être mise à contribution au bénéfice du Canada, même sous forme de bénévolat, s'ils en avaient les moyens. Environ 80 % des aînés les ont, tandis que 20 % vivent en logement locatif et ont des ressources supplémentaires très limitées.
Je vous demanderais de parler de la façon dont nous pouvons faire participer notre population d'aînés, qui vivent peut-être dans la pauvreté, afin que nous puissions mettre leurs talents à pleine contribution. Même en présence de difficultés cognitives, nous devons les traiter avec dignité et faire en sorte qu'ils demeurent actifs. La pauvreté ne s'exprime pas seulement en termes de ressources matérielles — ou de leur absence. La pauvreté prend aussi la forme de l'isolement et de la maltraitance. Comment prendre soin de notre population d'aînés? Si nous faisons les choses correctement, cela pourrait ne rien nous coûter, et cela pourrait constituer un avantage énorme pour notre pays et nos collectivités.
Y a-t-il des observations?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Creek, j'ai adoré votre suggestion sur l'intégration des aînés sur les campus universitaires et dans les résidences.
En tant qu'aumônière, j'ai mis des jeunes en contact avec des aînés au moyen d'excursions dans les magasins. Pour Noël, nous avons mis les deux groupes en contact et nous sommes allés dans des foyers pour personnes âgées. Je dois vous dire que ce qui est arrivé là a été absolument magique.
Cependant, monsieur Mantler, je suis d'accord avec votre argument sur le diagnostique. Il arrive souvent chez les aînés que la dépression ou la solitude ne soit accompagnée d'aucun signe précurseur. Ils mènent une vie saine, puis tout à coup, leurs amis décèdent et ils se retrouvent seuls, et c'est là que cela survient. Le diagnostique est tellement important, mais la longueur des listes d'attente pour les soins psychiatriques aux aînés est source d'une grande frustration.
Êtes-vous en mesure d'offrir des suggestions à ce sujet? Comment pouvons-nous intéresser plus de gens à ce domaine, faire en sorte qu'ils acquièrent une formation ou que des gens compétents dans ce domaine viennent au Canada pour aider nos aînés?
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Il y a trois autres exemples de ce que la stratégie torontoise de réduction de la pauvreté appuie.
L'un d'entre eux est la gestion de cas intensive. Comme Kelly l'a mentionné, il y a suffisamment de recherche, issue en partie du Royaume-Uni, prouvant que l'intégration des services fonctionne beaucoup mieux et qu'elle est plus rentable. Cela se présente parfois sous la forme de gestion de cas intensive et individuelle. Les services sociaux et d'emploi de Toronto pilotent quantité d'initiatives qui offrent une gestion de cas plus intensive pour un groupe particulier de cas qui sont plus éloignés du marché du travail.
En ce qui a trait à l'emploi chez les jeunes, nous avons également un programme axé sur les jeunes qui sont passés par le système judiciaire. Lorsqu'ils arrivent à un événement — un salon de l'emploi, par exemple — nous assurons un suivi auprès d'eux et nous leur donnons accès à une personne-ressource qui les accompagnera à chaque étape pour l'obtention de l'emploi convoité.
Dans le troisième cas, nous avons un programme qui réunit des activités récréatives, ce que l'on voit rarement, mais qui joue un rôle majeur dans la réduction de la pauvreté. Santé publique de Toronto et, encore une fois, les services sociaux et d'emploi de Toronto apportent un soutien particulier aux familles de sorte qu'elles aient accès à toute une gamme de services — de l'inscription des enfants aux cours de natation aux prestations d'assurance-sociale pour lesquelles elles sont admissibles, en passant par l'accès aux soins dentaires et aux autres services que la santé publique de Toronto rend disponibles.