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Bonjour. Merci de nous offrir la possibilité d'être ici ce matin devant le Comité pour faire part de nos réflexions sur la pauvreté et le système de sécurité du revenu du Canada.
J'aimerais commencer par féliciter le gouvernement de ses engagements renouvelés à l'égard de la réduction de la pauvreté et d'entamer cet examen des programmes.
Comme l'indique le document de travail du gouvernement du Canada intitulé Vers une stratégie de réduction de la pauvreté, la pauvreté est un problème très complexe et multidimensionnel. Je veux commencer par dire que, au Canadian Poverty Institute, nous partageons ce point de vue et comprenons que la pauvreté est un problème de bien-être économique, social et spirituel compromis. Par pauvreté économique, nous entendons l'absence d'accès au revenu et aux ressources. Par pauvreté sociale, nous voulons dire l'absence de liens aux mesures de soutien social dont nous avons besoin pour nous épanouir. La pauvreté spirituelle désigne l'absence de signification d'une tradition spirituelle pouvant nous soutenir ou de liens avec cette tradition.
Comme il s'agit d'un problème social de même qu'économique, nous croyons que la réduction de la pauvreté doit se concentrer autant sur le renforcement de notre interdépendance que sur celui de notre indépendance individuelle. Par conséquent, nous comprenons que la sécurité du revenu est une responsabilité quadruple: de la personne, de l'employeur, de la collectivité et de l'État. Nous devons discuter de la sécurité du revenu dans ce contexte. Comme vous le savez tous, les tendances des dernières décennies ont érodé notre capacité à tous ces égards. La qualité des emplois, comme le signalait la Banque Canadienne Impériale de Commerce, s'érode depuis un certain temps, et les emplois sont de plus en plus précaires. Cela accroît la pression sur les personnes et l'État.
L'érosion des avantages sociaux, les investissements réduits dans l'infrastructure sociale et l'élimination de normes nationales ont tous contribué à compromettre le filet de sécurité sociale.
Comme nous avons travaillé avec des personnes vivant dans la pauvreté ou vulnérables à celle-ci et les avons écoutées, nous avons entendu des préoccupations importantes concernant le filet de sécurité sociale du Canada. Les gens nous ont dit que les programmes, les services et les mesures de soutien sont de plus en plus difficilement accessibles, particulièrement aux personnes qui en ont besoin le plus. Les services sont fragmentés et souffrent d'une absence de coordination. Les avantages sont très inadéquats. Des décisions cruciales qui changent la vie des gens semblent souvent arbitraires, et il y a une absence de recours. La conception et la prestation de programmes et de services compromettent la dignité des gens en tant qu'êtres humains.
En 2013, j'ai eu la possibilité de travailler dans le groupe de travail du maire sur la pauvreté à Calgary. Nous avons parlé à certains résidants d'un refuge pour sans-abri au centre-ville et leur avons demandé: « Quel est le problème le plus important auquel vous faites face en tant que personne vivant dans une pauvreté extrême? » J'ai été surpris de la réponse unanime: « La violation de mes droits ».
Nous comprenons et reconnaissons de plus en plus le fait que la pauvreté constitue effectivement une violation des droits économiques, sociaux et culturels. Le Canada est signataire du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et par conséquent, nous devons respecter certaines obligations conformément au pacte. Dans l'exposé que nous avons récemment présenté dans le cadre de l'examen périodique universel de l'ONU relativement aux progrès du Canada pour respecter ces obligations, le Canadian Poverty Institute, avec un certain nombre d'organisations de la société civile, a constaté ce qui suit: des revenus de bien-être social inadéquats et une réglementation relative au bien-être social punitive, un soutien au revenu inadéquat pour les personnes âgées, des salaires minimums insuffisants et une précarité de plus en plus grande des emplois, une insécurité alimentaire croissante, l'itinérance, des inégalités sanitaires répandues, des inégalités relatives au sexe persistantes et un accès inéquitable aux services de garde d'enfants et à l'éducation préscolaire précoce.
En réponse, la commission des Nations unies a recommandé que le Canada élabore et mette en oeuvre une politique visant l'égalité des sexes, renforce la loi sur l'équité en matière d'emploi, s'assure que les salaires minimums sont augmentés dans toutes les administrations, s'assure que les taux d'aide sociale sont adéquats, révise le régime d'assurance-emploi et mette en oeuvre une stratégie nationale sur le logement et l'itinérance. Nous sommes satisfaits de voir les progrès accomplis sur presque tous ces fronts. En tant qu'institut national ayant le mandat de combattre et d'éradiquer la pauvreté, nous sommes d'accord avec ces recommandations tout en reconnaissant les défis liés au fait de réaliser des progrès dans une structure fédérale comme le Canada.
J'aimerais proposer certains principes qui, selon nous, peuvent guider une refonte des systèmes de sécurité du revenu et ensuite offrir certaines recommandations précises.
Nous estimons que les principes suivants devraient être le fondement des programmes de sécurité du revenu du Canada. Conformément à notre compréhension de la pauvreté et à nos obligations relatives aux droits de la personne internationales, nous croyons qu'un régime de sécurité du revenu efficace doit être fondé sur des droits et le pacte international. Il doit être universel et fondé sur la reconnaissance de notre vulnérabilité humaine universelle. Il doit être inclusif dans sa conception et sa mise en oeuvre et doit être holistique, respecter les principes de l'indivisibilité des droits. Il doit être intégré horizontalement, adopter une approche pangouvernementale. Il doit être conçu pour promouvoir la dignité humaine et fondé sur des principes de confiance. Il doit aussi être juste et fondé sur les principes de transparence et de responsabilité et sur le droit d'interjeter appel.
Ces principes fournissent une certaine orientation pour la façon dont nous pouvons avancer dans le réexamen de notre filet de sécurité sociale. En conséquence, nous présentons les approches suivantes pour un cadre de sécurité du revenu renouvelé. Il faut d'abord réinvestir dans l'infrastructure sociale essentielle comme le logement, la sécurité alimentaire, la garde d'enfants, la formation axée sur des compétences et l'accès aux soins de santé et aux médicaments sur ordonnance. L'admissibilité et les avantages sociaux prévus par les programmes de sécurité du revenu existants, comme l'assurance-emploi, l'aide sociale et les mesures de soutien au revenu des personnes âgées, doivent être révisés pour que l'on puisse s'assurer que les avantages sont suffisants afin d'offrir un revenu adéquat.
Nous croyons que nous devons rétablir des normes nationales. Avec l'élimination du Régime d'assistance publique du Canada, on a compromis la capacité d'influencer la conception et la prestation de programmes partout au pays. Nous croyons que nous devons revenir aux normes nationales avec une certaine mesure de conditionnalité des programmes comme le Transfert canadien en matière de programmes sociaux.
Nous croyons que nous devons travailler en partenariat. Bien qu'il y ait un besoin de normes et de principes nationaux, les programmes, dans leur conception et mise en oeuvre, doivent être adaptés au contexte local: il faut travailler en partenariat avec d'autres ordres de gouvernement comme les Premières Nations, avec les organisations de la société civile, le monde des affaires et les personnes vivant dans la pauvreté.
Enfin, nous croyons que nous devons avoir une approche holistique et intégrée. Comme nous le savons, la pauvreté est complexe. Elle est multidimensionnelle, et les interventions pour combattre la pauvreté tendent souvent à être ponctuelles en raison de cela, et nous finissons par traiter des symptômes individuels plutôt que les causes structurelles.
Nous croyons qu'il y a deux possibilités qui se présentent actuellement qui pourraient être le fondement d'une telle approche intégrée. La première est la discussion continue sur le revenu de base, lequel garantit des droits et offre un niveau de vie adéquat d'une manière digne. L'autre est l'assurance d'un salaire minimum vital en reconnaissant que la sécurité du revenu est un partenariat et une responsabilité quadruple, y compris la responsabilité des personnes et des employeurs.
Nous croyons que nous pouvons et devons fournir des emplois de qualité qui offrent un salaire minimum vital assorti d'avantages sociaux. On peut y parvenir en rétablissant un salaire minimum fédéral, en offrant des incitatifs fiscaux aux entreprises qui versent des salaires minimums vitaux et au moyen du pouvoir d'achat du gouvernement fédéral et dans son rôle d'employeur.
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Pas de problème, merci de l'invitation.
La semaine prochaine, je participe aux consultations prébudgétaires sur la croissance économique. En tant qu'économiste, je crois que le raisonnement doit aller dans l'autre direction. On doit résoudre le problème fondamental de la croissance économique d'abord, puis décider de la façon de se partager le gâteau.
Le président du Conseil des conseillers économiques du président Lyndon Johnson, Arthur Okun, a écrit le livre Equality and Efficiency: The Big Tradeoff. Ce compromis existe toujours. Si nous mettons indûment l'accent sur les questions de redistribution, nous négligeons les nécessaires incitations à la croissance.
Ces risques sont accentués dans le contexte actuel de faiblesse chronique qui caractérise la croissance des économies avancées, dont le Canada. Le programme de lutte contre la pauvreté le plus puissant, c'est une croissance économique rapide. Cette constatation valait pour le Canada au cours des deux derniers siècles, notre niveau de vie ayant atteint un niveau inimaginable au début du XIXe siècle, et elle reste vraie pour les économies émergentes en pleine croissance comme l'Inde et la Chine, où le développement a soulagé des milliards de personnes de la pauvreté extrême.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il vaut la peine de jeter un coup d'oeil sur l'impact global de la redistribution des revenus au Canada. Notre système de taxation et de transferts est devenu de plus en plus progressif au fil du temps, comme je le signale dans une étude que j'ai publiée à l'lnstitut Macdonald-Laurier en avril 2015. Sans entrer dans les détails, la grande conclusion est que le système de redistribution favorisant les quintiles de revenu faible et moyen repose en grande partie sur les deux quintiles les plus élevés, 80 % du revenu redistribué provenant du quintile de revenu le plus élevé. La progressivité s'explique en grande partie par les transferts, non pas par les impôts. Plusieurs changements dans le budget de 2016 accroîtront sans doute cette progressivité, notamment l'Allocation canadienne pour enfants et les réductions d'impôt pour la classe moyenne.
La capacité de redistribuer davantage de revenus par l'intermédiaire du système fiscal et des transferts pourrait bien avoir atteint son maximum. Le gouvernement avait proposé de financer sa réduction d'impôt pour la classe moyenne en augmentant les impôts prélevés sur les revenus supérieurs; or, le ministère des Finances a calculé que ces nouveaux impôts seraient bien en dessous de ses attentes, ce qui concorde avec les conclusions d'universitaires comme Kevin Milligan de l'Université de la Colombie-Britannique, selon qui des taux marginaux d'imposition qui s'élèvent au-delà de 50 % génèrent peu de recettes supplémentaires.
II convient également de noter que l'augmentation des transferts et la réduction des impôts ont profité davantage aux quintiles de revenu moyens qu'aux quintiles inférieurs. Nous utilisons de plus en plus le système de taxation et de transferts pour améliorer le niveau de vie de la classe moyenne, et non pas pour relever les revenus au bas de l'échelle. Dans le budget de 2016, cette tendance à utiliser l'impôt et les transferts pour accroître les revenus de la classe moyenne a continué à prendre le pas sur la création des conditions qui favorisent une croissance des revenus gagnés dans le marché qui peuvent soutenir du même coup les revenus de cette même classe moyenne.
Compte tenu des limites à la redistribution des revenus, seule la dernière possibilité peut véritablement mener à une croissance durable. Dans la mesure où la reconfiguration du système de taxation et de transferts procure à la classe moyenne un appui artificiel en se substituant à l'adoption de politiques visant à stimuler la croissance, cette configuration peut même freiner la croissance des revenus de la classe moyenne à long terme.
Si nous adoptons les politiques de redistribution de façon vigoureuse, nous risquons de ralentir encore plus la croissance économique. Et la lenteur de la croissance comporte en retour ses propres risques; elle fait baisser les taux d'intérêt, ce qui incite les gens à prendre des décisions plus risquées lorsqu'ils investissent dans le marché boursier et le marché du logement.
L'incidence du faible revenu dans notre société n'a plus la taille qui exigerait l'instauration de mesures à l'échelle de la société. Le faible revenu est concentré dans des groupes spécifiques, comme les femmes âgées qui n'ont jamais travaillé, les immigrants récents qui manquent de compétences linguistiques, les mères seules avec enfants et les personnes handicapées, une population qui peut être ciblée par des programmes gouvernementaux.
Après avoir souligné que les mesures visant à lutter contre le faible revenu à l'échelle de la société sont en grande partie inutiles, j'aimerais ajouter que l'expérience démontre que les modifications apportées à certains programmes gouvernementaux peuvent être des outils efficaces pour réduire le faible revenu. II est probable que nous ayons obtenu nos plus grands succès grâce aux changements apportés à notre système de pension, le taux de faible revenu chez les personnes âgées étant passé de 44 % en 1961 à moins de 10 %. Toutefois, l'inverse est également vrai; les coupes marquées à l'aide sociale au milieu des années 1990 n'ont pas augmenté l'incidence du faible revenu, contrairement à ce que beaucoup prévoyaient.
Plusieurs idées circulent actuellement sur la façon de réduire davantage l'incidence du faible revenu au Canada. On compte parmi celles-ci un revenu annuel garanti, des salaires minimums plus élevés, l'expansion du RPC et d'autres modifications du système de retraite, ainsi que l'augmentation de la Prestation fiscale canadienne pour enfants. Je vais parler brièvement de certaines de ces propositions.
II convient de féliciter le gouvernement pour avoir écarté les hausses du salaire minimum. Comme le professeur Pierre Fortin de l'UQAM l'a souligné lundi, augmenter fortement le salaire minimum équivaudrait sur le plan économique à faire exploser « une bombe atomique » — ce sont ses mots, pas les miens — au coeur de la communauté des affaires, tout en menant à l'exclusion grandissante des jeunes et des personnes peu qualifiées, dont les emplois sont déjà menacés par l'automatisation.
Des salaires minimums plus élevés sont susceptibles de nuire aux groupes qu'ils sont censés aider. Le fait d'augmenter le salaire minimum dans une économie en difficulté — comme le fait le gouvernement de l'Alberta en ce moment — ne fera qu'empirer une situation déjà mauvaise.
L'expansion du RPC sur lequel les gouvernements se sont mis d'accord cet été ne contribuera guère à résoudre le problème du faible revenu. C'est pourquoi le Québec a pris ses distances. L'expansion est conçue pour aider une mince tranche de travailleurs de la classe moyenne qui fait face à une possible baisse importante de revenu — mais les prévisions réalisées des décennies à l'avance sont difficilement crédibles — quoique cette baisse ne sera pas assez marquée pour les amener en situation de faible revenu. Et les hausses de prestations sont très loin à l'horizon.
Entre-temps, il a été clairement démontré qu'il y a un groupe de personnes âgées qui peut facilement passer à travers les mailles du filet de l'actuel système de retraite: ce sont les femmes âgées qui n'ont jamais travaillé. Les prestations versées au conjoint survivant sont rarement suffisantes, et le conjoint survivant n'a souvent aucune autre source de revenus ou de revenu de retraite sur laquelle compter. II n'y a aucune bonne raison de ne pas augmenter les prestations pour ce groupe, d'autant plus que le phénomène des femmes qui n'ont jamais travaillé sera en grande partie résorbé dans une décennie ou deux.
J’ai hâte d’entendre vos commentaires.
Ce que je voulais faire, c'était d'examiner brièvement certains des différents types de travail que j'ai effectués sur la question de la pauvreté et la réduction de celle-ci. J'espère donner au Comité une idée des types d'aspects qui ont été abordés, et si on a des questions à ces égards, je serai heureux d'y répondre.
Mon expérience est un peu différente, car j'ai eu la possibilité de travailler à tous les échelons du gouvernement, non pas uniquement dans l'analyse des politiques, mais aussi dans la mise en oeuvre de programmes. Au début des années 1990, j'ai dirigé un processus menant à la refonte du système d'aide sociale et de bien-être de l'Ontario.
Comme M. Cook, nous avons constaté, dans une de nombreuses études préliminaires que nous avons réalisées au cours desquelles nous avons demandé à des bénéficiaires d'aide sociale quelles étaient leurs principales préoccupations, qu'ils étaient préoccupés par l'absence de droits de la personne et l'absence de dignité dans le programme dont ils devaient dépendre. Nous avons essayé dans la refonte de nous concentrer sur les droits de la personne, la formation et l'éducation pour sortir de la pauvreté et sur le placement en emploi et les idées relatives au soutien à l'emploi, qui ont été mis de côté, je crois, par d'autres gouvernements depuis.
J'ai aussi eu la possibilité de travailler pour la Commission royale sur les peuples autochtones, où un collègue et moi-même avons réalisé une étude préliminaire sur l'aide sociale et le rôle de celle-ci dans les collectivités des Premières Nations. Ce que nous avons constaté — et je crois que les résultats, malheureusement, sont toujours pertinents 20 ans plus tard — c'est un degré incroyablement élevé de dépendance envers l'aide sociale. Il y a de nombreuses collectivités où l'aide sociale est la forme principale de soutien économique. Même s'il y avait des débats au cours des années 1990 sur les chiffres, le Ministère, à la suite de pressions du vérificateur général du Canada, a révisé certaines données. Néanmoins, les taux de dépendance des collectivités des Premières Nations demeurent incroyablement élevés, et cela continue d'être un problème important à régler.
Dans un passé plus récent, j'ai eu la possibilité de travailler sur deux enjeux liés de plus près à votre programme, comme il est décrit dans la résolution. Le premier était la pension de vieillesse. De fait, avec certaines données fournies par un de mes collègues ici présents, Richard Shillington, et avec certaines données que nous avons préparées nous-mêmes, nous avons constaté que la proposition du gouvernement précédent d'augmenter l'âge pour toucher la pension de vieillesse de 65 à 67 ans aurait, de fait, un impact important sur les gens ayant un revenu faible et modeste. Nous avons ensuite exploré un certain nombre de solutions de rechange pour trouver la même somme d'argent au moyen, par exemple, d'une réduction du seuil de la réimposition ou du changement du taux de réimposition. Je peux certainement en fournir une copie, laquelle a été préparée pour « How Ottawa Spends », une publication annuelle produite par l'Université Carleton.
Enfin, j'ai eu la possibilité de travailler sur l'enjeu des principes sous-tendant le Transfert canadien en matière de programmes sociaux. Les membres connaîtront probablement son histoire. Entre 1966 et 1996, il y avait une loi relative au Régime d'assistance publique du Canada qui comportait une série de principes qui y étaient associés et qui étaient censés fournir des contextes normalisés pour la prestation d'aide sociale et de services sociaux partout au pays.
Lorsque le régime a été remplacé par le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, et par la suite par deux transferts distincts, la Loi canadienne sur la santé, qui exprimait les principes régissant la partie sur la santé, est demeurée. Toutefois, à part l'exigence liée à « l'absence de résidence », il n'y avait aucun principe établi pour le Transfert canadien en matière de programmes sociaux.
Dans un article que j'ai écrit récemment, j'ai défendu certains des principes de base similaires à ceux de la Loi canadienne sur la santé pour la prestation de services sociaux partout au pays. J'ai aussi été un ardent défenseur de l'établissement de certains principes de base pour la partie sur l'aide sociale du Transfert canadien en matière de programmes sociaux.
C'est ce que je voulais dire ce matin. Merci beaucoup de m'offrir la possibilité d'être ici.
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Merci, monsieur le président. C'est un très grand honneur pour moi d'être ici.
Dans mon exposé d'aujourd'hui, je veux parler de la façon dont nous mesurons la pauvreté. Je veux établir un lien avec le mandat de l'étude, et cela concerne la façon dont la prestation de programmes fédéraux fonctionne pour réduire la pauvreté.
Dans mon exposé d'aujourd'hui, je ferai valoir que la façon dont nous mesurons la pauvreté au Canada n'est pas à la hauteur des normes internationales. Le fait de se concentrer presque exclusivement sur le faible revenu comme indicateur de pauvreté nous entraîne à exclure un nombre important de Canadiens qui peuvent vivre dans la pauvreté. Si leur situation s'améliore, ce n'est pas jugé comme une réduction de la pauvreté. En outre, comme nous ne comptons pas non plus ces personnes dans nos évaluations des politiques, nous tendons à sous-estimer la façon dont nos programmes fonctionnent en ce qui concerne la réduction de la pauvreté. Non seulement nous ne posons pas un bon diagnostic du problème, mais en même temps, nous sous-estimons l'effet de la solution.
La recommandation que je veux faire aujourd'hui est que nous complétions les indicateurs de faible revenu avec un indicateur qui mesure combien de gens connaissent des conditions de vie sous le seuil de la pauvreté. Un tel indicateur existe, et nous l'appelons: privation matérielle. Permettez-moi de vous en parler davantage. J'ai aussi précisé l'argument, avec Michael Mendelson de l'Institut de politique sociale Caledon, dans un mémoire que j'ai déjà présenté à la greffière.
Une politique au Canada signifie que vous ne pouvez pas vous permettre un niveau de vie très modeste, mais encore acceptable. Cela signifie, par exemple, que vous ne pouvez pas vous permettre un manteau d'hiver chaud. Cela peut signifier que vous n'avez pas les moyens même d'acheter un petit cadeau pour l'anniversaire de votre enfant. Cela peut signifier que même si vous avez mal aux dents depuis des semaines, vous ne pouvez pas vous permettre d'aller voir le dentiste, mais les indicateurs de faible revenu ne mesurent pas cela. Ils mesurent le revenu d'une famille et le comparent au coût de la vie qui vous permet un niveau de vie acceptable.
Je ne veux pas dire que les indicateurs de faible revenu sont de mauvais indicateurs de pauvreté, parce qu'ils sont appropriés, mais ils se concentrent effectivement sur une seule ressource financière. C'est une ressource importante, et elle est importante pour les Canadiens, mais ce n'est pas la seule chose. L'indicateur a ses critères. Les indicateurs de faible revenu se concentrent sur le revenu, ce qui signifie que nous n'examinons pas d'autres ressources financières comme l'accès à l'épargne et l'accès au crédit. Un autre point qui est très important, c'est que les familles peuvent avoir des besoins plus importants que la moyenne. Elles peuvent avoir un membre de la famille qui a un handicap ou une allergie alimentaire grave, et cela signifie qu'elles doivent dépenser plus qu'une famille similaire pour se permettre un niveau de vie acceptable minimum. Les familles peuvent vivre dans une région où le coût de la vie est plus élevé, et nous tentons de rajuster cela dans nos indicateurs de faible revenu, mais cela ne fonctionne pas toujours.
Un autre exemple, c'est celui d'une famille qui peut avoir un revenu décent au-dessus du seuil de la pauvreté, mais qui peut utiliser une grande partie de celui-ci pour rembourser des prêts. Je pourrais poursuivre, mais je ne le ferai pas.
La conséquence que j'ai mentionnée plus tôt, c'est qu'en se concentrant presque exclusivement sur les indicateurs de faible revenu, nous passons à côté de personnes qui font face à une combinaison de problèmes. Ces types de problèmes sont différents, et ces familles éprouvent des problèmes liés au niveau de pauvreté. En plus du faible revenu, lorsque nous avons tenté de mesurer les résultats, cela donnait à penser que le fait de ne pas pouvoir se permettre un chaud manteau d'hiver et de ne pas être en mesure d'aller chez le dentiste lorsque vous en avez vraiment besoin... cela signifie que si nous abordons cette question d'emblée, et nous avons une bien meilleure chance de cerner ces familles. C'est ce que font les indicateurs de privation matérielle.
J'ai mentionné que le degré de mauvais diagnostic est considérable. Ma recherche montre que nous faisons fi de pas moins de 2 millions de Canadiens en nous concentrant uniquement sur le faible revenu. C'est environ 5 % de la population canadienne. Si vous comparez cela au nombre de personnes qui sont considérés comme ayant un faible revenu selon nos indicateurs normaux, qui est, selon nous, environ de 10 % à 15 %, c'est un très grand nombre de personnes.
Nous avons posé un mauvais diagnostic de l'étendue du problème, et de plus, nous avons sous-estimé la façon dont nos programmes fonctionnent pour ce qui est de la réduction de la pauvreté. Prenez, par exemple, un programme comme l'Allocation canadienne pour enfants. Une famille peut avoir un revenu supérieur au niveau de faible revenu, mais peut affronter certains des défis que je viens de mentionner. Lorsque nous évaluons l'efficacité de l'Allocation canadienne pour enfants, laquelle, nous le savons, a des objectifs plus larges que la seule réduction de la pauvreté, à la lumière d'une stratégie fédérale visant la réduction de la pauvreté, il est peut-être logique d'examiner la façon dont des programmes comme l'Allocation canadienne pour enfants s'en sortent pour ce qui est de réduire la pauvreté.
Imaginez une famille avec un enfant qui reçoit l'Allocation canadienne pour enfants. On aidera financièrement cette famille. Elle recevra plus de soutien financier, mais l'effet n'est pas pris en compte lorsque nous examinons le faible revenu, alors le programme semble moins réduire la pauvreté parce que nous ne comptons pas cette famille comme pauvre, et nous ne comptons pas l'argent qui va à cette famille considérée comme pauvre. Cela a un impact sur l'efficacité du programme, mais en même temps, cela a un impact sur la façon dont nous évaluons l'efficience de ce programme à l'égard de la réduction de la pauvreté parce que le coût financier pour cette famille, est vu comme une perte, du moins, de ce point de vue.
Les indicateurs de privation matérielle ne sont pas non plus parfaits. Ils comportent leurs défis lorsqu'il est question de suivre les besoins de groupes minoritaires. Les gens peuvent sous-déclarer leur situation parce qu'ils ont honte du fait qu'ils ne peuvent pas se permettre d'acheter un petit cadeau à leur enfant.
Le message clé avec lequel je veux terminer mon exposé, c'est qu'en utilisant des indicateurs de faible revenu et de privation matérielle, nous obtenons une meilleure évaluation de la pauvreté économique au Canada. D'autres pays le font. L'Irlande, le Royaume-Uni et l'Union européenne le font. Statistique Canada a la capacité de faire cela. Il l'a fait pour l'Ontario, mais ne le fait plus. Les coûts sont relativement modestes.
Ce dont on a besoin maintenant, c'est que le gouvernement donne à Statistique Canada le mandat de faire cela et que le gouvernement, en évaluant les effets de ses politiques sur la réduction de la pauvreté, utilise les deux types d'indicateurs: le faible revenu et la privation matérielle.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup de m'offrir la possibilité de discuter avec vous de cette question importante et fondamentale.
Je vais parler principalement de la pauvreté chez les personnes âgées, parce qu'elle est plus évidente dans le domaine fédéral que la pauvreté chez les jeunes familles. La réduction de la pauvreté pour les personnes non âgées examinerait habituellement des choses comme le salaire minimum et les politiques relatives à la garde d'enfants, lesquelles relèvent davantage de la compétence provinciale. Il existe un salaire minimum fédéral, mais la plupart des gens sont assujettis au salaire minimum provincial.
Avant de parler d'autres questions, je veux aborder un sujet auquel nous devrions penser davantage. Les baby-boomers comme moi prennent leur retraite. Nombre d'entre nous s'occupent de donner des soins à des parents fragiles. Dans quelques années, les baby-boomers auront besoin de soins à domicile et de soutien de la part de membres de la famille disponibles. Je suis presque certain que nos réseaux de soutien personnels et professionnels ne sont pas prêts. Je crois que nous devrions parler de cela avant que ma génération commence à avoir besoin de soins à domicile ou d'aide pour tondre la pelouse.
Avant de parler de politiques, je dirai quelques mots sur la mesure. À la lumière du SFR, le seuil de faible revenu, de 1992, la pauvreté des personnes âgées est en baisse. Selon la mesure de faible revenu, la MFR, la pauvreté des personnes âgées est en hausse. Comment cela peut-il être possible? Le SFR reflète un revenu de référence établi en 1992. Il est établi tous les deux ou trois ans depuis 1968. La dernière fois qu'il a été rajusté par Statistique Canada, c'était en 1992. La MFR, mesure de faible revenu, reflète les niveaux de vie. C'est environ la moitié du revenu médian. Depuis 1992, le SFR a augmenté d'environ 50 % pour refléter l'inflation, et la MFR a augmenté d'environ 100 % au cours de la même période. Ils sont tous deux des mesures de pauvreté axées sur le revenu. Pourquoi donc?
Le SFR représente la façon dont votre niveau de vie se compare à un revenu de référence établi en 1992. La MFR montre comment vous vous portez en comparaison de vos contemporains, d'autres personnes au cours de la même année.
Vous pouvez avoir le même niveau de vie au fil du temps, mais prendre du retard. Cela tient à une décision relative aux politiques. Quelle est notre mesure de la pauvreté? Disons-nous qu'il existe un panier de biens que vous devriez être en mesure d'acheter? Le nombre de calories dont nous avons besoin pour vivre est probablement le même maintenant qu'il y a 50 ou 100 ans. Ou sommes-nous des animaux sociaux, et quel est le niveau de vie décent qui permet à une personne de participer à la société contemporaine? Cette décision relative aux politiques déterminera le type de mesure de la pauvreté que vous voulez peut-être utiliser.
Vous avez demandé des commentaires sur un certain nombre de mesures fiscales, et je vais vous en faire part très rapidement.
Les régimes enregistrés d'épargne-retraite sont excellents pour les familles à revenu élevé. C'est évident, c'est de l'argent facile.
Le Bon d'études canadien a été créé en 2004, et j'ai témoigné devant un comité similaire lorsque cela s'est produit. J'ai dit que j'étais inquiet du taux de participation parce que le gouvernement fédéral a de très mauvais antécédents lorsqu'il s'agit de s'assurer que les gens reçoivent les avantages sociaux auxquels ils ont droit. La dernière fois que j'ai vérifié, la participation aux bons d'études — c'est 500 $ remis aux personnes à faible revenu avec des enfants — était de moins de 20 %. C'était 500 $ qui demeuraient sur la table parce que nous n'avons pas rejoint ces personnes.
Les régimes enregistrés d'épargne-retraite sont toxiques pour les Canadiens à faible revenu. La dernière chose qu'un Canadien à faible revenu veut, c'est un REER parce que le SRG reprendra au moins 50 % de celui-ci, parfois 75 %, et lorsque vous ajoutez une prestation complémentaire provinciale au SRG, c'est 100 %. Si ces personnes vivent dans un logement social, c'est 130 %.
Le Régime de pensions du Canada est absolument essentiel pour les Canadiens à faible revenu. Toutes les données montrent cela. Mais il est miné par la disposition de récupération du SRG, et les augmentations récentes du RPC — je m'accorde une partie du mérite du fait que cela est bien connu — ne seront pas très utiles aux Canadiens à faible revenu.
Encore une fois, le Supplément de revenu garanti vous aide. Environ 30 % des personnes âgées le reçoivent. Ce n'est pas un programme marginal, mais il vous soutient. Il vous offre un soutien au revenu qui est essentiel et ensuite récupère 50 %, 75 % et 100 % de tout autre revenu que vous avez.
Le dernier gouvernement a annoncé qu'il allait retarder la SV pour deux ans. Cela posera problème pour de nombreuses personnes.
J'ai pensé davantage à cela. Je crois maintenant en effet — et un article sera bientôt publié à ce sujet — que nous devrions faire passer l'entrée en vigueur de la SV à 67 ans, comme c'était proposé, mais laisser le SRG à 65 ans, ou le ramener à 60 ans. Vous pouvez bénéficier des prestations de la SV et du SRG actuellement à l'âge de 60 ans si vous êtes veuf ou si vous êtes marié à une personne âgée de plus de 65 ans. Pourquoi ne pas retarder la SV, et les personnes qui n'ont pas un faible revenu attendront deux années de plus? Mais pour le SRG, revenons à 60 ans ou laissons-le à 65 ans. Je crois que c'est un bon compromis entre ces deux politiques. Je ne suis pas un très bon politicien.
Combien de personnes âgées ont un faible revenu? Environ de 25 % à 30 % des personnes âgées célibataires ont un faible revenu, d'après la mesure de faible revenu. Comment cela est-il possible? Pour la SV, la Sécurité de la vieillesse, les prestations maximales sont environ 7 000 $ ou 8 000 $. Pour le RPC, les prestations maximales sont de 11 000 $, et la moyenne est, la dernière que j'ai vue, 7 000 $ ou 5 000 $ pour les femmes. Additionnez ces sommes, et vous obtenez moins de 20 000 $. Le SRG peut vous donner jusqu'à 6 000 $ ou 7 000 $, mais pour chaque dollar de RPC, cette somme baisse de 50 ¢. Alors le revenu médian des personnes âgées célibataires qui n'ont pas de régime de pension financé par un employeur est de 18 000 $ à 19 000 $. Nous pouvons demander l'avis des statisticiens et des économistes qui débattent de la question de savoir si ces personnes sont pauvres.
J'ai vérifié, et ce sont les mêmes chiffres à Victoria, à Vancouver et à Toronto. Ça doit l'être. Regardez la conception du programme. Il n'y a pas beaucoup d'argent. Il ne s'agit pas de la somme d'argent avec laquelle vous voulez que votre mère vive à Ottawa ou à Toronto. Nous pouvons débattre de la question de savoir si ces personnes sont pauvres, mais ce n'est pas beaucoup d'argent.
Au cours des 30 dernières années, la SV a augmenté de 112 % parce qu'elle est indexée seulement selon l'IPC. Elle est rajustée selon l'inflation. Elle n'a pas changé autrement depuis 50 ans.
Encore une fois, le SRG est indexé selon l'inflation, uniquement les prix. Il est occasionnellement augmenté un peu par les gouvernements. Il a augmenté de 150 % au cours de la même période. À titre indicatif, au cours de la même période, les limites de REER ont augmenté de 350 %. C'est pour dire. Les limites de REER sont-elles indexées selon les prix? Non, elles sont indexées selon les salaires. La SV et le SRG sont indexés selon les prix. Les limites de REER sont indexées selon les salaires.
Je vais passer, très rapidement, à quelques-unes de mes propositions.
Il faut indexer la SV et le SRG selon les salaires au lieu des prix. Cela n'aura pas d'effet à court terme. À long terme, les personnes qui ont à coeur les REER et les pensions s'assureront que ceux-ci sont indexés selon les salaires, non pas selon les prix. L'économiste à la table vous dira qu'à long terme les salaires dépasseront les prix, c'est pourquoi la MFR croît beaucoup plus que le SFR.
Il y a deux dispositions dans le système fiscal qui garantissent que le revenu de pension est imposé à un taux plus bas que les autres revenus: le partage des droits et le droit à pension. Saviez-vous que le revenu du RPC n'est pas une pension? Le régime de pension pour chaque Canadien n'est pas admissible comme crédit pour revenu de pension.
Les retraits de REER sont imposés au taux d'un revenu normal, peu importe votre âge. Les retraits de FERR sont imposés comme un revenu de pension si vous êtes âgé de plus de 65 ans. Lorsque je suis allé à ma banque à 65 ans et j'ai dit: « Je veux retirer 50 000 $ de mon REER et placer cette somme dans mon FERR », on m'a dit: « Vous n'êtes pas âgé de 71 ans; vous n'avez pas encore à faire cela. » J'ai dit: « Non, il est imposé à un taux plus bas. » « Eh bien, n'est-ce pas ingénieux? » Tout d'abord, je me serais attendu à ce qu'on me le dise. En 2013, 200 000 personnes âgées, âgées de plus de 65 ans, ont retiré de l'argent de leur REER. S'ils avaient reçu de bons conseils fiscaux, elles l'auraient retiré de leur FERR. C'est 2,3 milliards de dollars.
Un des principes de la politique sur le faible revenu est que la complexité est fondamentalement régressive, qu'il s'agisse de la complexité du système fiscal, de la complexité des règles d'admissibilité à la SV, au SRG et au RPC, tout cela. Elle est fondamentalement régressive parce que les personnes à faible revenu ne solliciteront pas d'avis professionnels; elles n'en ont pas les moyens. Alors, si vous voulez aider les personnes à faible revenu, simplifiez la chose. J'ai rédigé un rapport pour le groupe de travail sur les connaissances financières. Le rapport établit qu'une des façons d'aider les personnes à faible revenu, c'est de simplifier le système fiscal.
Une des choses que vous pourriez faire serait de considérer comme un revenu de pension les retraits de REER des personnes âgées de plus de 65 ans, alors elles n'auraient pas à effectuer ce petit transfert du REER au FERR pour bénéficier d'un avantage. Il y a beaucoup d'exemples comme celui-là.
Merci beaucoup.
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Il existe deux façons d'aborder cela. Une approche examine la pauvreté relativement à la manière dont nous vivons en comparaison d'autres personnes, et c'est une cible qui se déplace constamment. C'est ce que font les SFR et les MFR.
Il y a ensuite la pauvreté dans un sens absolu, selon laquelle vous n'avez pas les moyens d'acheter le strict nécessaire, alors que le concept relatif est comment pouvons-nous suivre la croissance économique dans notre société avec une personne moyenne.
Pour des estimations actuelles de la pauvreté absolue, il y a — quel est son nom — Chris...?
Une voix: Christopher Sarlo, de l'Institut Fraser.
M. Philip Cross: Il publie beaucoup d'articles sur les estimations de pauvreté absolue. Environ 4 % de la population vit dans la pauvreté absolue.
Le problème avec toutes ces mesures, cependant, ce qui revient à ce dont Geranda parlait, c'est la mesure des résultats. C'était aussi le problème fondamental lorsque je travaillais à Statistique Canada.
Comment se portent vraiment les gens? Vivez-vous dans la pauvreté ou non? Quel est votre niveau de vie? Nous ne pouvons pas très bien mesurer ces choses, alors nous nous croisons essentiellement les doigts et disons: « Eh bien, nous allons fournir une approximation en fonction des revenus. » Il y a de nombreuses raisons de penser — Geranda a mentionné certaines d'entre elles — que les revenus ne correspondent pas aux résultats.
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Merci de votre commentaire. Je dois seulement poursuivre. J'aimerais vous poser quelques autres questions. Je vais passer à un autre sujet parce que le temps file rapidement.
Je dirais que Geranda avait la définition que j'ai le mieux comprise. Je me souviens, après avoir terminé l'université, être un jeune père avec quatre enfants. Nous n'étions peut-être pas près du seuil de la pauvreté, mais parfois tout ce que nous pouvions manger, c'était du Kraft Dinner parce que nous devions effectuer le prochain paiement, même si nous avions un revenu décent. Mon dictionnaire définit le « seuil de pauvreté » comme le niveau minimum estimé de revenu nécessaire pour acquérir les choses essentielles de la vie. Je crois que cela définit très bien ce que je pense de la pauvreté ou du seuil de pauvreté.
Je veux revenir à ce que je crois que M. Cross disait. Selon moi, la façon la plus simple de sortir de la pauvreté — et ce n'est pas nécessairement la façon absolue —, c'est un emploi. Si c'est un emploi à faible revenu, il ne vous permet pas toujours de vous en sortir, mais sans celui-ci, vous êtes presque destiné à être pauvre. Avec un emploi, vous avez la possibilité de sortir de la pauvreté, ou vous ne vivez plus dans celle-ci.
Ce que je veux dire, ce dont M. Cross parlait, ce sont les politiques au pays qui sont favorables aux créateurs d'emplois. Du côté des conservateurs, nous voyons que les personnes qui créent des emplois créent des possibilités pour les gens. Nous voyons cela comme des possibilités pour des Canadiens ordinaires d'avoir un emploi.
Dans le cadre de notre conversation, selon vous, monsieur Cross, quel serait le meilleur rendement de l'investissement au Canada pour ce qui est d'une politique fiscale que devrait adopter un gouvernement qui cherche à aider les gens à sortir de la pauvreté?
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J'inclurais assurément l'aspect social. Je ne suis pas certain de savoir à quoi correspond l'aspect spirituel, mais j'ai tendance à croire que nous sommes des animaux sociaux. Même Adam Smith, l'économiste, a affirmé que la pauvreté, c'est ne pas avoir les moyens de porter une chemise de lin en public. Je crois que ce sont là ses paroles.
J'ai rédigé de nombreux rapports concernant les façons de mesurer la pauvreté. Le mot « dignité » revient toujours. Amartya Sen, un économiste ayant reçu le prix Nobel, parlait de la capacité de participer à la société d'une façon que vous appréciez.
Je suis mathématicien de formation, donc, pardonnez-moi si je souhaite parler de façons de mesurer. Bien sûr, nous avons le SFR et la MFR. Les seules choses à connaître à propos d'une famille pour établir si elle est pauvre au moyen de la MFR, c'est son revenu, avant ou après impôt, par rapport à un seuil, et la taille de la famille. Vous ne connaissez pas le nombre de problèmes touchant l'invalidité. Il s'agit d'une mesure arbitraire, mais elle ne l'est pas plus que le taux de chômage: avez-vous cherché un emploi cette semaine ou ce mois-ci?
Une voix: C'est cette semaine.
M. Richard Shillington: Ce calcul ne fait pas de différence entre les personnes travaillant à temps plein, à temps partiel ou celles qui ont arrêté de chercher un emploi. En fait, Statistique Canada, parmi toutes ses publications, établit 12 taux de chômage : à long terme, à court terme, à temps partiel, ainsi de suite. Le SFR et la MFR, et toutes les mesures fondées sur le revenu sont arbitraires. Aucune personne réfléchie n'affirmerait que chaque famille est classée de façon appropriée, c'est certain, mais, au fil du temps, les responsables mesurent-ils quelque chose d'utile? Je crois que oui.
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Si vous souhaitez améliorer la situation des aînés ayant un faible revenu, le taux de pauvreté des couples est en réalité assez faible. Par contre, le taux de pauvreté des personnes seules, hommes et femmes, est assez élevé; donc, dans les faits, vous allez devoir examiner le SRG. Il y a certaines choses que j'ai mentionnées auparavant, selon lesquelles les régimes de pension pourraient être utiles, mais ils ne le sont pas vraiment pour les aînés ayant un faible revenu, parce que ces personnes ne reçoivent pas de prestations d'un régime de pension.
Le revenu d'une personne à la retraite ne touchant pas de prestations d'un régime de pension d'un employeur est établi par le gouvernement fédéral. Il est composé des prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada, ensuite, le SRG est calculé en fonction du montant de la prestation du Régime de pensions du Canada, c'est tout. Le gouvernement fédéral a essentiellement établi leur revenu, donc, si le taux de pauvreté est de 25 %, il s'agit d'une décision prise par le gouvernement fédéral.
Une des choses qui me choquent à propos de la conception du programme de SRG est la disposition concernant la récupération. Environ 30 % des aînés touchant le SRG ont un REER — j'ai fait des recherches à ce sujet — environ 30 milliards de dollars, soit environ 70 000 $ en moyenne. Ils ne savent pas que chaque fois qu'ils retirent 1 000 $ de leur REER, le gouvernement fédéral se dit: « Parfait, nous pouvons vous donner 500 $ ou 750 $ de moins et c'est toujours imposable, et cela pourrait avoir une incidence sur votre admissibilité aux médicaments sur ordonnance et à toutes sortes d'autres avantages. »
Récemment, on a modifié les règles; ainsi la première tranche de 3 500 $ de salaire est écartée du calcul servant à établir le SRG — il s'agit du salaire, pas des revenus comme travailleur autonome, mais bien du salaire. Cette décision découle de raisons historiques étranges. S'il n'en tenait qu'à moi, je décréterais que les premiers 3 500 $ de revenu, peu importe la source, ne seraient pas pris en compte. En termes simples, toutes les personnes possédant un REER n'auraient pas à courir et les transférer dans un CELI.
L'Institut C.D. Howe a publié un rapport que j'ai rédigé en 2003 qui faisait état de ce grand nombre de personnes âgées ayant un faible revenu et possédant un REER, ce qui, pour certaines personnes, est une des raisons ayant mené à la création du CELI.
Je collabore avec la communauté des connaissances financières. Les responsables dans les banques disent encore aux personnes, et ce, peu importe la source de leur revenu: « Contribuez au maximum à vos REER. Faites ceci, faites cela. » Ils donnent les mêmes conseils financiers à tous, sans faire de distinctions. Tous ces conseils sont très mauvais. De fait, il s'agit des pires conseils à donner à quelqu'un qui sera admissible au SRG à sa retraite.
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Je vous remercie de votre recommandation.
Ma deuxième question s'adresse à Mme Notten.
À ce jour, le gouvernement fédéral n'a pas adopté de mesure officielle au sujet de la pauvreté. Vous avez décrit cette situation de façon très claire. Les représentants de Statistique Canada qui ont comparu devant ce comité ont eux aussi abordé cette question. On parle de faible revenu, qui est une notion somme toute assez vague.
Vous dites qu'il ne faut pas mêler les aspects économiques et les aspects sociaux. Or je dois vous avouer que j'ai de la difficulté à séparer les deux. Pour moi, ils sont intimement liés. Quand vous parlez de tenir compte des spécificités régionales, il s'agit à mon avis d'un aspect social. Il est question des indicateurs d'exclusion sociale et de privation. À mon avis, quand on parle de manteaux d'hiver, il s'agit d'un aspect social, en l'occurrence de privation. Selon, moi, il est clair que c'est lié.
Vous avez mentionné que Statistique Canada pourrait faire des changements à peu de frais au chapitre des données et qu'il y avait des exemples très clairs dans d'autres pays. Dans le cadre de votre présentation, Mme Tassi vous a posé une question à ce sujet.
À la lumière de ce qui se fait dans d'autres pays, comment Statistique Canada pourrait-il faire ces changements à peu de frais?
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Merci à vous tous d'être venus aujourd'hui. Les exposés étaient excellents.
Une tâche immense nous attend. Sur le plan professionnel, je suis un homme d'action. J'observe le problème et je veux vraiment le régler. Je cherche quelques éléments potentiels qui peuvent nous permettre d'agir, je me retrousse les manches et je m'y mets. L'un des défis qui se posent actuellement consiste à définir ce qu'est la pauvreté, comment nous la mesurons et comment nous devons établir des objectifs et passer à l'action. Lorsque nous parlons des mesures que nous avons adoptées, je regarde ma circonscription et je considère que ce n'est pas suffisant. Je vois des gens, tous les aînés, qui touchent les prestations maximales, mais ce n'est pas suffisant parce que le coût du logement est trop élevé.
Pourtant, ma mère, qui vit à Montréal depuis 25 ans, habite au même endroit, et son loyer tourne probablement encore aux alentours des 600 $, alors que partout à Vancouver un logement équivalent se louerait au moins 900 $. Nous avons des subventions, bien sûr, mais encore une fois, il faut d'abord mesurer les besoins, puis déterminer de quelle manière nous pouvons cibler les gens pour qui c'est vraiment une nécessité.
Vous avez dit que 25 % des aînés en étaient réellement à ce stade. De quelle manière pouvons-nous trouver ces gens? Comment pouvons-nous évaluer ces gens et orienter nos programmes en fonction de leurs besoins? L'autre aspect de ce processus entier concerne l'innovation.
Ma question est pour vous, madame Notten. Vous avez une riche expérience. Y a-t-il des conseils que vous aimeriez nous donner au sujet de ce qui, sur le plan stratégique ou autre, nous aiderait à réellement progresser au lieu de régresser?
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Lorsque nous pensons à la prévention de la pauvreté — et, selon moi, nous devons nous concentrer davantage sur la prévention de la pauvreté que sur son éradication —, nous devons nous pencher sur les sources de vulnérabilité.
Une autre leçon clé que nous a apprise le groupe de travail du maire, je crois, tient au fait que nous sommes tous vulnérables. Parler de la pauvreté, c'est comme parler du cancer. Il n'y a pas qu'un seul cancer. Il y a le cancer des poumons, la leucémie, le cancer du foie. C'est un terme fourre-tout que nous utilisons, mais il y a de grandes distinctions à faire. La pauvreté englobe un spectre de vulnérabilité.
Pour nous attaquer à la question de la pauvreté du point de vue de la prévention, nous devons examiner en quoi nous sommes tous vulnérables. Nous avons étudié quatre sources de vulnérabilité. Il y a la vulnérabilité personnelle, qui concerne ma personne, mes biens ou mes besoins. Il y a aussi la vulnérabilité liée à certaines étapes du cycle de la vie, comme la vieillesse et l'enfance. Il y a également la vulnérabilité qui découle d'éléments perturbateurs. Peu importe notre niveau de préparation, des événements surviennent. Nous pouvons perdre un emploi. Nous pouvons tomber malades, ou un conjoint ou un enfant peut tomber malade. Il peut y avoir une catastrophe naturelle.
Puis, il y a la vulnérabilité systémique, qui est causée par l'inefficacité de certains aspects de nos systèmes. On parle ici par exemple des restrictions liées aux actifs qui empêchent les gens d'accéder à l'aide sociale et les obligent à se départir de leur REER pour être admissibles à l'aide sociale.
Pour aborder la pauvreté du point de vue de la prévention, nous devons nous pencher sur ces quatre quadrants de la vulnérabilité, et il faut réellement adopter une approche universelle, et non une approche ciblée. Les approches ciblées, selon moi, mettent réellement l'accent sur l'élimination de la pauvreté chez les gens qui la vivent actuellement, mais elles ne sont pas très efficaces en matière de prévention à long terme.
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Si vous le permettez, je vais d'abord m'adresser à Philip Cross, ancien analyste économique de Statistique Canada.
Chaque fois que le sujet de la pauvreté est abordé, nous nous demandons ce que le gouvernement devrait faire à cet égard; c'est comme si nous supposions automatiquement que le gouvernement détient la solution.
Lors de la rencontre précédente, j'ai examiné les données sur les inégalités au Canada et j'ai constaté que les inégalités avaient augmenté davantage dans la province de l'Ontario au cours des 15 dernières années, ce qui peut être surprenant pour certains, puisque c'est une province où le gouvernement a joué un rôle extrêmement actif en instaurant massivement ce qu'on appelle des déficits de relance, en faisant croître les dépenses du gouvernement plus rapidement que le taux d'inflation combiné à la croissance de population chaque année de la dernière décennie, presque immanquablement, en augmentant le nombre de nouveaux programmes et de nouvelles initiatives, en investissant 36 milliards de dollars en subventions vertes pour des éoliennes et des panneaux solaires, et ainsi de suite.
On pourrait croire que si un gouvernement prodigue était la solution à l'inégalité en Ontario, on aurait vu un déclin, mais c'est dans cette province qu'on a observé la plus grande augmentation parmi toutes les provinces.
J'aimerais savoir si M. Cross aimerait nous parler des actions du gouvernement qui causent la pauvreté en premier lieu, au lieu de parler simplement des solutions qu'il pourrait offrir une fois les dommages causés.
Je vais faire une petite mise en contexte puis je vais poser une question. Je vis dans la région du Grand Vancouver, à Langley. Nous avons une grande population d'aînés. À l'heure actuelle, un Canadien sur six est un aîné. Dans six ans, ce sera un sur cinq. Dans 13 ans, ce sera un sur quatre.
Du point de vue démographique, les aînés représentent l'un des groupes les plus vulnérables. Certains aînés sont très bien nantis, mais il y en a d'autres qui sont en difficulté. J'ai trouvé très intéressants les commentaires formulés par Mme Notten au sujet de l'intégration d'indicateurs de privation matérielle à notre évaluation des aînés.
Le gouvernement a annoncé un montant supplémentaire destiné aux femmes âgées vivant seules. Si nous utilisons les statistiques limitées et que nous n'observons qu'un seul aspect de la pauvreté, on constate que ce sont les femmes âgées vivant seules qui ont le plus besoin d'aide, peut-être parce qu'elles n'ont pas travaillé et qu'elles comptent sur des ressources très limitées. Dans certains cas, on parle de couples qui vivent ensemble depuis 50 ou 60 ans, et l'un des deux a maintenant des problèmes de santé. Dans cette situation, ils ont peut-être davantage de difficultés que tout autre groupe, donc au moment d'évaluer la pauvreté et la façon d'aider, devrions-nous tenir compte de ceux qui sont pauvres, mais qui sont encore en couple? Ils vivent dans la pauvreté et sont maintenant exclus du programme.
L'ancien gouvernement libéral a mis sur pied le programme de prestations de compassion et il était très restrictif quant aux conditions d'admissibilité. J'ai défendu un électeur qui n'était pas admissible à ces prestations pour prendre soin de sa soeur pendant ses derniers jours; il s'était fait dire qu'on ne pouvait prendre soin d'un frère ou d'une soeur. Depuis que nous sommes au pouvoir, nous avons apporté des changements afin qu'une personne mourante puisse choisir la personne qui prendra soin d'elle. Il pourrait s'agir d'un frère ou d'une soeur ou d'un ami, pourvu que la personne soit admissible aux prestations d'assurance-emploi. Nous avons élargi le programme de prestations de compassion, et je me réjouis d'entendre que le gouvernement va l'enrichir.
Nous proposons parfois des programmes qui ne répondent pas vraiment aux besoins, donc j'étais plutôt fasciné par ce que vous avez dit, soit que nous devions adopter une vue d'ensemble. Nombre d'entre vous ont dit qu'il fallait en faire davantage pour prendre soin des aînés.
Avez-vous des commentaires à formuler au sujet du SRG? C'est une très bonne chose de favoriser l'expansion du SRG pour aider ceux qui sont réellement dans le besoin. Devrions-nous tenir compte de quiconque est admissible, qu'il s'agisse d'un couple ou d'une seule personne? Si ces personnes vivent dans la pauvreté et qu'elles ont besoin d'aide, alors augmentons le supplément.
Pourrais-je entendre ce que vous avez à dire, madame Notten?
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Merci, monsieur le président.
J'ai été très intéressée par les commentaires de M. Shillington et de Mme Notten, qui déploraient l'abolition du Conseil national du bien-être social. J'ai choisi de contribuer aux travaux du ministre dans l'élaboration d'une stratégie nationale de réduction de la pauvreté en déposant le projet de loi .
Selon moi, il était essentiel — et c'est la raison pour laquelle cela se retrouve dans ce projet de loi — qu'une façon de le faire était de remettre en place un conseil national qui s'occuperait de la réduction de la pauvreté et favoriserait l'inclusion sociale et de créer aussi un commissariat. Cela nous permettrait, comme nous l'avons dit tout à l'heure, de nous doter d'indicateurs plus clairs que ceux que nous avons actuellement. En plus de cela, un commissaire pourrait faire le suivi, année après année, de l'évaluation de nos résultats au chapitre de la réduction de la pauvreté.
Madame Notten, dans votre présentation, vous avez fait référence aux stratégies qui existent dans les provinces. Vous en avez abordé quelques-unes, notamment celles qui existent au Québec.
Parmi les stratégies de réduction de la pauvreté qui ont déjà été mises en place dans plusieurs provinces et territoires, quelles sont celles qui pourraient nous inspirer au plan fédéral? En lien avec les propos de mon collègue M. Long, comment pourrions-nous arrimer les efforts provinciaux et fédéraux dans une stratégie de réduction de la pauvreté?
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Je étudié quatre stratégies provinciales de réduction de la pauvreté en détail. La plupart des provinces et des territoires en ont une, à l'exception de l'Alberta. Mes recherches montrent que les provinces procèdent différemment, même s'il existe certaines similitudes. En pratique, chaque province a ses propres forces et faiblesses. Je pense qu'il y a des possibilités d'apprentissage.
L'un des points forts de la stratégie du Québec est l'institutionnalisation de la participation d'agents non gouvernementaux à un débat visant à définir la pauvreté et l'inclusion sociale. Elle fournit aussi des ressources à des organismes indépendants ou relativement indépendants afin qu'ils surveillent les progrès réalisés à l'égard des objectifs de la stratégie de réduction de la pauvreté.
Il y a d'autres provinces, comme Terre-Neuve-et-Labrador, qui fournissent régulièrement des renseignements au sujet des sommes investies dans la stratégie, et nous en sommes informés chaque année, lors des discussions relatives au budget, et il en est de même pour le Manitoba.
De nombreuses leçons peuvent être tirées des stratégies provinciales de réduction de la pauvreté et être utiles à la création d'une stratégie fédérale.
De quelle façon intégrez-vous ces stratégies? Je pense qu'il y a de quoi devenir fou lorsqu'on voit les diverses sphères de compétence d'une administration à l'autre. C'est pourquoi je suis en faveur de la création d'un institut national qui, à tout le moins, nous permettrait de nous assurer que nous en discutons, que nous communiquons des renseignements et que nous savons ce qui se passe, potentiellement, au sujet des répercussions et ce qui se passe à l'échelon fédéral vu les sommes supplémentaires accordées à l'échelon fédéral et les sommes retirées à l'échelon provincial.
Nous voulons savoir ce qui se passe. Nous voulons tenir un débat. Nous pouvons le faire pour la santé, mais apparemment pas pour les questions sociales.
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Merci de votre question.
J'aimerais d'abord répondre à la question qui concerne les besoins. Toutes les mesures de la pauvreté — qu'il s'agisse du SFR, de la MPC, soit la mesure du panier de consommation, ou même des indices de privation matérielle —, ne tiennent pas directement compte des besoins. Les indices de privation matérielle tiennent compte non pas des besoins, mais plutôt de ce que l'on considère comme étant des nécessités dans la société canadienne. Le SFR et la MPC, quant à eux, se penchent sur le coût moyen de la vie, ou sur les besoins moyens, mais le problème tient au fait que le Canadien moyen n'est pas le Canadien type. C'est très hétérogène.
Les indicateurs de revenu tentent d'établir un lien en déterminant le coût de ces nécessités ou besoins de base, particulièrement le SFR et la MPC. Je suis d'accord avec vous. La privation matérielle est axée sur les nécessités, sur les résultats qui sont associés à au niveau de vie sous le seuil de la pauvreté. Si quelqu'un a des besoins élevés, il est plus susceptible d'avoir un niveau de vie sous le seuil de la pauvreté. Cette personne n'est peut-être pas capable de se procurer les nécessités, mais on n'essaie pas de mesurer les besoins en soi.
En ce qui concerne la MFR, et cela fait l'objet d'un débat important, comment définiriez-vous la pauvreté? Quel est votre point de référence pour l'analyse? Est-ce qu'il suffit de respecter un minimum, et à quoi se rapporte ce minimum? Est-ce qu'il faut simplement survivre physiquement ou faire partie de la société ou est-il question de ce qu'on possède en moins par rapport à ce qui est typique, normal et moyen?
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Avant tout, en ce qui concerne l'incidence du salaire minimum sur l'emploi, j'aimerais souligner le fait que l'Alberta a récemment augmenté son salaire minimum. Selon le dernier rapport de Statistique Canada, l'Alberta était l'une des deux provinces où l'emploi était en hausse au cours du dernier mois. Si le salaire minimum avait une incidence négative sur l'emploi, on l'aurait certainement vu en Alberta au cours du dernier trimestre.
J'ai travaillé à l'élaboration d'une politique de salaire vital pour la Ville de Calgary et j'ai fait des recherches approfondies au sujet de l'impact des salaires vitaux sur l'emploi dans diverses villes, parce qu'ils ont été mis en oeuvre dans plus de 100 villes aux États-Unis. Normalement, ils ne sont pas des facteurs de dissuasion à l'emploi. On observe que l'augmentation des salaires tend à accroître la productivité, à réduire le roulement du personnel et à générer des retombées économiques.
Je dirais également que le coût associé aux emplois peu rémunérés est assez élevé, et c'est le reste de la société qui l'assume. Nous savons que les gens qui forment les groupes à faible revenu ont des besoins en santé plus élevés, que le coût de leurs études est plus élevé et bien d'autres choses.
Dans les faits, l'emploi peu rémunéré constitue une subvention aux entreprises dont le coût est assumé par le secteur public.
Je pense que lorsqu'il est question de salaires équitables, nous parlons vraiment de la façon dont la sécurité du revenu découle d'une collaboration entre le particulier, qui travaille, l'employeur, qui paie un salaire décent, et la collectivité et l'État, qui interviennent auprès des gens qui sont incapables de travailler. Si le salaire versé n'est pas adéquat, l'un des maillons de cette chaîne est brisé.
Cela dit, je reconnais qu'il peut y avoir un fardeau qui pèse sur les petites et moyennes entreprises et qu'il peut y avoir des occasions d'utiliser le système fiscal pour pallier les difficultés de celles qui pourraient être touchées par une hausse rapide du salaire minimum.