Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion qu'il a adoptée le lundi 13 juin 2016, le Comité poursuit l'étude de stratégies de réduction de la pauvreté.
Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à de nombreux témoins.
D'abord, à M. Gavin Still, CPA et CGA, chez MNP SENCRL, s.r.l., de Fort St. John, en Colombie-Britannique, qui témoignera à titre personnel par vidéoconférence. Merci d'être avec nous.
Nous accueillons aussi Mme Sally Guy, qui est la directrice des politiques et stratégies de l'Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux. Soyez la bienvenue. Si j'ai bien compris, Fred est ici avec vous? Excellent.
Mentionnons aussi : le chef de la direction de l'Association canadienne des constructeurs d'habitations, M. Kevin Lee; le directeur, Politique et recherche, de Banques alimentaires Canada, M. Shawn Pegg; M. Sean Speer, qui est Munk Senior Fellow de l'Institut Macdonald-Laurier; enfin, le chef des Relations avec les intervenants de Reena, M. Gary Gladstone. Soyez tous les bienvenus.
Notre programme est très chargé. Les interventions se limiteront le plus possible à sept minutes. Le voyant sur ce microphone signifie que votre temps est très près de s'écouler ou qu'il l'est déjà. Si je dois vous faire signe pour vous arrêter, je le ferai, mais j'essaierai dans la mesure du possible de vous laisser le temps nécessaire pour conclure vos remarques. Comme je l'ai dit, nous avons beaucoup de pain sur la planche.
Commençons immédiatement par M. Gavin Still, depuis Fort St. John, en Colombie-Britannique, par vidéoconférence.
Soyez le bienvenu. Les sept prochaines minutes vous appartiennent.
Comme vous l'avez dit, je vis dans le nord-est de la Colombie-Britannique, et c'est ici que j'ai grandi. Je suis partenaire dans une société de comptabilité d'envergure nationale. À ce titre, je travaille avec un certain nombre de nos clients du secteur de l'aménagement immobilier.
Je parlerai des quartiers et de la façon dont le développement local touche la réduction de la pauvreté et la vie des gens. Dans le Nord et dans les petits centres, certainement là où l'économie, en général, est plein essor, dans des villes comme la mienne, des défis particuliers se présentent pour la conception des quartiers et des villes. C'est une évolution qui diffère de celle des grands centres. Le taux d'emploi est élevé, mais, dans une ville comme la mienne, l'emploi se trouve ordinairement dans les industries extractives, où les salaires sont excellents. Cela entraîne un renchérissement de la vie et des maisons et un aménagement urbain dicté par les citoyens qui peuvent se payer une maison d'assez bonne grosseur, entourée d'espace, et qui possèdent une voiture pour se déplacer.
Sous-ensemble de la population des villes comme la mienne, la fraction non directement employée dans les industries extractives subit beaucoup de pression. Il est sûr que la vie peut être très difficile dans des villes comme la mienne. Je tiens à préciser que je parle de beaucoup de villes du Canada qui ne sont pas de grands centres urbains. La vie peut y être difficile pour ceux dont les revenus sont plus modestes.
Du point de vue économique, c'est une lutte, ce sur quoi je tiens à parler aujourd'hui, puisque c'est mon rayon. Économiquement, il est difficile, pour les entreprises locales, de se développer et, pour les Canadiens qui viennent d'autres régions du Canada, de s'établir dans une ville comme la mienne, comme ce l'est pour les immigrants qui songent à recommencer au bas de l'échelle ou pour les personnes qui éprouvent des difficultés ou qui reçoivent une certaine forme d'aide et qui sont à l'affût d'occasions à saisir. Ordinairement, nous voyons que ces gens éprouvent des difficultés ou, souvent, qu'ils éviteront les villes comme la mienne à cause du coût élevé de la vie, une vie vouée à la pauvreté et à l'effort. Cela entrave la croissance économique de villes comme Fort St. John et, effectivement, de nombreuses villes de partout au Canada.
Nous avons nos problèmes particuliers. Parlons-en.
Il faut comprendre que, dans les petites villes, n'importe où en fait, ce n'est pas uniquement une question d'économie; il y a les personnes et leurs modes de vie. Il est sûr que nous ne voulons pas nous faire imposer de solutions irréfléchies qui implantent de force des gens dans un environnement qui... Mes parents sont arrivés du Royaume-Uni à une époque où beaucoup de quartiers de leur pays, peuplés de gens à faible revenu, étaient vétustes. C'était certainement des milieux inhumains qui, souvent, créaient plus de problèmes qu'ils en résolvaient.
Dans les villes comme la mienne, et ça vaut pour beaucoup d'autres partout au Canada, nous cherchons des solutions à la pauvreté qui donneront de l'espoir et qui favoriseront la mobilité sociale. Ces villes sont attirantes quand elles offrent beaucoup de travail qui permettra de se faire une vie et de se construire une carrière.
Si je saute aux défis qu'on affronte, et je pense que c'est le lot commun, j'épouserai le point de vue de certains de mes clients qui ont essayé de créer des quartiers où la vie est abordable, qui conviendraient aux personnes à faible revenu, qui seraient salubres et certainement habitables. Pour réduire la pauvreté, il importe que les quartiers et les habitats soient abordables et habitables.
En réalité, les défis qu'on affronte dans une ville comme la mienne sont peut-être plus du ressort de la municipalité que d'une autre autorité. Je suis reconnaissant au gouvernement fédéral de s'en soucier, mais je pense qu'on peut difficilement faire correspondre ce qui se passe à ces deux niveaux. Nous sommes aux prises avec des terrains chers, un choix limité de terrains à bâtir, pour utiliser cette expression, des coûts salariaux élevés pour les commerçants et, aussi, avec des règlements de zonage qui exigent beaucoup d'espaces verts et d'aires de stationnement. Malgré les avantages que tout cela procure, tous ces facteurs augmentent le coût des quartiers aménagés dans des endroits comme Fort St. John.
Ces coûts nous ont essentiellement amenés au point où beaucoup de concitoyens ont du mal à suivre, et certains, malgré un emploi au bas de l'échelle, n'ont pas les moyens de vivre dans beaucoup de nos villes en raison des coûts, des charges, des complications et de la paperasserie administrative créés par le zonage.
Bref, la situation du zonage municipal a vraiment besoin de changer. J'ai des idées à ce sujet, mais je pense que l'aménagement de quartiers d'une densité un peu supérieure qui permettrait un bon accès aux transports en commun serait certainement efficace dans le Nord. Une solution aussi pourrait être les coopératives d'habitation qui ne rapportent pas aux investisseurs mais qui, en fait, permettent aux occupants de payer au coup par coup, pour ainsi dire.
J'ai beaucoup de notes ici, mais j'aperçois le voyant. Je vais donc conclure. Cependant, avec quelques questions nous pourrons peut-être approfondir un peu plus ces aspects.
Merci.
Bonjour à tous. Au nom de la direction de l'Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux et de notre président Jan Christianson-Wood, je vous remercie de nous avoir invités à vous faire entendre la voix des travailleuses et des travailleurs sociaux dans cette consultation importante.
En lisant les lignes directrices de l'étude, nous avons remarqué la très grande fréquence d'emploi des mots « nouveau » et « innovant ». Pour ne pas faire preuve d'insolence, notre association proposerait comme première étape de l'innovation une mesure et une évaluation meilleures des systèmes et des stratégies en place pour nous inspirer des pratiques exemplaires et des données probantes.
Par exemple, on demande souvent à notre association quelles provinces et quels territoires sont les chefs de file de la réduction de la pauvreté, à quoi sont consacrés les fonds alloués aux services sociaux par le Transfert canadien en matière de programmes sociaux ou, encore, dans un monde idéal, où seraient-ils dépensés le plus efficacement.
C'est simple : nous ne le savons pas. Personne ne sait. Rien n'oblige les provinces à reconnaître les paiements fédéraux ou à renseigner l'administration fédérale sur ce à quoi elles ont a consacré l'argent du Transfert canadien en matière de programmes sociaux. Cet argent est comptabilisé dans les recettes générales.
En adoptant la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement a reconnu la nécessité de maintenir, partout au Canada, certains principes pour la prestation des services de santé. Loin de se vouloir dure, la Loi canadienne sur la santé expose un ensemble de principes directeurs qui visent vraiment à assurer aux Canadiens l'accès à des soins équitables et de qualité, peu importe l'endroit où ils vivent.
C'est la raison pour laquelle notre association propose une loi sur l'action sociale comme élément d'une stratégie nationale de réduction de la pauvreté.
Je le vois, beaucoup d'entre vous me regardent. Je sais que je vous en ai peut-être déjà parlé, individuellement.
Comme la Loi canadienne sur la santé, la loi proposée sur l'action sociale établirait des principes communs pour aider à s'attaquer à tous les aspects de la pauvreté. Ce ne sont pas des principes nouveaux : régime public, universalité, transférabilité, et ça ouvrirait la voie à un cadre pour la production de rapports sur la façon dont les investissements du Transfert canadien en matière de programmes sociaux et les autres investissements fédéraux sont dépensés.
Ces rapports ne donneraient pas seulement au gouvernement un aperçu du retour sur ses investissements. Ils serviraient aussi de catalyseurs pour la mise en commun des pratiques exemplaires et des données probantes entre les provinces et les territoires.
Cela étant dit, je passerai aux questions précises posées par l'étude, et il y en a un certain nombre.
En ce qui concerne l'instruction, la formation et l'emploi, je reviendrai rapidement au Transfert canadien et à la responsabilisation. Nous pensons que la fraction des dollars fédéraux destinés aux études postsecondaires devrait être séparée, d'une certaine façon, du reste des montants alloués par le Transfert canadien, lequel est vraiment destiné à assurer la dignité des Canadiens et à répondre à leurs besoins fondamentaux. Ça ne signifie pas nécessairement qu'il faut une séparation complète mais, plutôt, qu'il faut définir l'objet prévu du fonds, ce que, encore une fois, faciliterait l'équivalent d'une loi sur l'action sociale.
Nous demanderions aussi que la profession d'assistance sociale soit incluse dans le programme canadien d'exonération de remboursement du prêt d'études, qui englobe actuellement les infirmières, par exemple. Non seulement on a beaucoup besoin des compétences des travailleurs sociaux dans beaucoup de régions rurales et éloignées du Canada, mais ce sont aussi des professionnels formés en santé mentale, dont les compétences, le plus souvent, sont d'un meilleur rapport coûts-efficacité que celles des psychologues ou des psychiatres.
En ce qui concerne le logement et le sans-abrisme, notre association appuie de tout coeur la demande de l'Association canadienne d'habitation et de rénovation urbaine de poursuivre et d'augmenter les investissements directs dans le logement avec services de soutien, et elle fait observer que le budget fédéral de 2016 a augmenté le financement ciblé pour accroître la construction de logements abordables pour les personnes âgées et les victimes de violence.
Notre association recommande la poursuite de ces programmes au-delà de leur terme prévu de deux ans. Elle recommande aussi d'élargir ce programme à d'autres formes de logements avec service de soutien visant les personnes âgées, les LGBTA (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et allosexuels), les anciens combattants et, également, les ex-détenus. Le financement de ces types de programmes ciblés serait idéalement fixé à au moins 150 millions de dollars par année. Idéalement aussi, il serait assujetti à l'équivalent d'une loi sur l'action sociale qui encadrerait la politique sociale.
Les programmes gouvernementaux d'épargnes administratives et de transfert de droits sont pour nous motif de nous réjouir, de louer le gouvernement libéral. En liant l'allocation canadienne pour enfants au revenu, le gouvernement du Canada a franchi un pas audacieux vers l'élaboration d'un revenu de base global pour les familles avec enfants.
Le budget de 2016 a aussi augmenté le supplément de revenu garanti, qui, combiné à la Sécurité de la vieillesse, donne coup de pouce au soutien de base aux personnes âgées. Nous en félicitons le gouvernement et nous l'encourageons à poursuivre progressivement la promotion du concept d'un revenu de base universel, peut-être.
Nous nous sommes aussi réjouis de l'élargissement du Régime de pensions du Canada dans le projet de loi . Nous continuons d'être préoccupés par l'absence, dans ce projet de loi, des dispositions dites d'exclusion pour l'éducation des enfants et les handicaps, et nous espérons que le gouvernement s'engagera à corriger le tir, comme il l'a publiquement promis.
Sur les investissements sociaux, dernier point que j'aborderai, je le promets, nous avons publié récemment un article intitulé « The True Cost of Capital », qui portait sur les possibilités offertes par le financement social au Canada.
En gardant à l'esprit que le mandat du gouvernement est d'élaborer une stratégie d'innovation sociale et de financement social, notre association conseille vivement d'orienter toute démarche éventuelle en ce sens selon des principes sociaux et économiques, et de mettre en oeuvre des stratégies fondées sur les faits et pas seulement sur une efficacité et une innovation hypothétiques, même si les hypothèses sur lesquelles elles reposent semblent répandues partout.
Comme les outils du financement social sont susceptibles de toucher les plus vulnérables de nos concitoyens, il est impératif de mettre fin à leur exploitation économique par des investisseurs privés.
Sur le financement social, nous dirons seulement que toutes les initiatives destinées à combattre la pauvreté ou à aider les populations vulnérables s'inspirent d'une conscience sociale et qu'elles utilisent l'ensemble des principes proposés par une loi sur l'action sociale qui sont les mêmes que ceux qui inspirent la Loi canadienne sur la santé, c'est-à-dire régime public, accessibilité, équité, efficacité, reddition de comptes et transparence, notamment.
Nous espérons aussi que le gouvernement fédéral tiendra compte de l'opinion supplémentaire formulée sur l'étude de votre comité sur les obligations socialement responsables, selon laquelle il est par-dessus tout important de s'assurer que le gouvernement accordera la priorité aux besoins et à la réussite des Canadiens vulnérables et non à ceux de l'entreprise privée.
Enfin, je pense qu'il faut simplement dire encore une fois, parce que c'est tellement important, que le profit n'a pas sa place dans la prestation de services aux Canadiens vulnérables.
Je pense avoir été bref.
Je vous remercie de votre temps. J'ai hâte de répondre à vos questions.
Je félicite le Comité d'avoir fait de la question du logement une priorité dans son étude sur la réduction de la pauvreté. Comme l'énonce le principe sous-jacent de la construction de logements, la maison est gage d'une vie meilleure.
Notre association et nos 8 500 entreprises membres sont la voix de l'industrie de la construction résidentielle au Canada, des partenaires indispensables dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique du logement inscrite dans le cadre d'une stratégie globale de réduction de la pauvreté. Comme vous le savez, le gouvernement crée aussi une stratégie nationale du logement, et une grande partie de mes propos de tantôt, nous les y avons formulés avec des recommandations. Après tout, la stratégie nationale du logement et celle de la réduction de la pauvreté doivent aller de pair.
Ce qui n'est peut-être pas aussi évident, et c'est ce que je dois souligner aujourd'hui, c'est que l'ensemble du continuum de services en matière de logement, directement, jusqu'à l'accession à la propriété en passant par la location au taux du marché, est essentiel aux deux stratégies. L'effet de cascade de la dégradation de l'accessibilité aux taux du marché et de la multiplication des obstacles à l'accession à la propriété se fait sentir jusque chez ceux qui ont des besoins de logement et il empêche les progrès et la réduction de la pauvreté si on le néglige.
J'ajoute que je préside aussi l'Association internationale de l'habitation, ce qui me permet de rencontrer régulièrement des spécialistes du logement de partout dans le monde. Je peux vous dire que les experts internationaux remarquent qu'il est impossible de corriger les problèmes de logement sans régler aussi l'accessibilité des logements aux taux du marché.
Les ressources pour s'attaquer aux problèmes de politique publique étant limitées, il faut des solutions innovantes. Des centaines de milliers de Canadiens ont besoin d'aide parce qu'ils ont des besoins de logement. Pour réussir, nous devons trouver les moyens d'héberger plus de personnes dans de meilleures habitations, moins chères pour l'État. Ça ne peut se faire que si la stratégie de logement s'attaque à des problèmes sur tout le continuum, du sans-abrisme au logement social et avec service de soutien jusqu'à l'accessibilité de la propriété et des logements locatifs axée sur les forces du marché.
En général, nous devons inciter les Canadiens à parcourir le continuum de services en matière de logement vers le logement au taux du marché. Nous leur faisons ainsi faire de la place aux moins chanceux. Plus important encore, personne ne doit aller dans la mauvaise direction. Des problèmes d'accessibilité et des taux du marché qui repousseraient les plus débrouillards dans le giron de l'aide publique signifieraient que notre système aurait vraiment échoué.
Notre association craint beaucoup qu'en ignorant une plus grande accessibilité au taux du marché et en limitant les occasions à saisir pour les logements du marché nous n'exercions plus de pression sur des ressources qui seraient mieux utilisées pour aider les Canadiens qui ont besoin vraiment de soutien au logement.
Avec cette idée en tête, permettez-moi de parler maintenant de certaines solutions innovantes pour loger les Canadiens dans le besoin. Notre association fait partie du Collectif pancanadien pour le logement, groupe intersectoriel de joueurs nationaux du domaine du logement, des secteurs public, privé et sans but lucratif, financé par des fondations et des organismes de charité. Le collectif a été créé pour élaborer des propositions de politiques approfondies, qui provoqueraient le changement, seraient durables et seraient innovantes. Il s'est donné quatre priorités. Je suis sûr que vous avez entendu et entendrez beaucoup parler du besoin de plus de logements sociaux.
Aujourd'hui, je voudrais insister sur la priorité du collectif qui soulagerait le logement social de son fardeau, une allocation de logement transférable. La plupart des Canadiens qui ont un besoin impérieux de logement n'ont pas de problème de logement. Ils ont un problème de revenus. Comme la plupart des intervenants de première ligne des organismes antipauvreté s'accorderaient à le dire, le simple fait de construire et d'offrir de plus en plus de logements sociaux constituera une mesure trop lente, trop coûteuse et qui ne parviendra pas au résultat recherché. Vrai, nous avons besoin de logements sociaux. Il en faut plus et le parc actuel a besoin d'être amélioré, mais le logement social n'est pas la réponse dans la majorité des cas.
La plupart des familles qui éprouvent un besoin impérieux de logement sont déjà convenablement logées. Le problème réside dans leurs revenus. Le loyer est le principal poste du budget familial. Il empiète sur la satisfaction des autres besoins essentiels. L'allocation de logement transférable corrigerait en partie ce problème fondamental. L'idée du collectif peut être mise en oeuvre graduellement, en s'adressant d'abord à ceux qui sont dans le besoin. Cependant, sa mise en oeuvre complète permettra de sortir du besoin de logement une masse de 800 000 personnes et, contrairement au mythe répandu, elle ne provoquerait pas d'inflation des loyers et elle ne réduirait pas le nombre de logements locatifs disponibles. C'est peut-être la mesure que peut adopter le gouvernement fédéral qui a le meilleur rapport coûts-efficacité et la plus grande portée de toutes contre la pauvreté.
Cette allocation permettrait l'accès au logement locatif au taux du marché, elle maintiendrait les locataires dans ce système et elle libérerait les logements sociaux pour ceux qui ont besoin d'un soutien plus complet. L'un de ses principaux points forts est de promouvoir l'autonomie et les choix individuels, parce qu'elle n'est pas liée à une unité particulière de logement. Les gens choisissent l'endroit où ils veulent vivre et ils trouvent le logement qui répond à leurs besoins précis. Cette souplesse est susceptible d'améliorer la mobilité de la main-d'oeuvre et de promouvoir des quartiers dont les habitants ont plusieurs niveaux de revenus.
Pour que le système marche, il importe aussi que l'accès à la propriété soit à la portée des acheteurs éventuels d'une première maison. En effet, plus de 80 % des unités locatives qui se libèrent chaque année le sont par des locataires qui emménagent dans leur première maison. Ainsi, en maintenant l'accessibilité à la propriété d'une première maison, on augmente le parc de logements locatifs disponibles. En faisant parcourir le continuum qui va des biens locatifs à la propriété d'une maison, à ceux qui le veulent, on fait, par ricochet, de la place à ceux qui sont le plus dans le besoin.
Alors que l'accessibilité des logements au taux du marché est en péril dans la plupart de nos villes prospères, il faut intervenir pour appuyer l'accession à la propriété. Notre association a plusieurs recommandations sur la façon dont le gouvernement peut contribuer à favoriser cette accessibilité, et nous les avons soumises au responsable de la stratégie nationale du logement. Elles vont des règles hypothécaires au développement en fonction des lignes de transport en commun en passant par les taxes à l'aménagement et plus encore.
Je n'irai pas dans le détail de toutes ces recommandations, mais il importe, pour la stratégie de réduction de la pauvreté, de répondre au problème de l'accessibilité des logements en amont. J'insisterai donc sur une mesure innovante, qui peut aider à la fois les acheteurs ordinaires d'une première maison de même que les familles responsables qui gagnent de petits salaires à qui les programmes d'accession à la propriété abordable donnent un excellent coup de main.
Je parle de participation à la mise de fonds, parfois appelé hypothèque à participation, déjà utilisée à petite échelle par quelque 40 organisations dans tout le Canada. Elle permet d'accéder à la propriété aux familles à faible revenu, grâce à la participation financière d'un tiers dans le logement qui réduit soit le montant exigé en acompte, soit le montant de la première hypothèque, soit les deux.
Le tiers participe ensuite à l'appréciation ou à la dépréciation du logement, selon le cas. Partout dans notre pays, de nombreux programmes d'aide à l'accession à la propriété ont été couronnés de réussite. On devrait désormais faciliter l'extrapolation de leurs efforts, notamment pour débloquer les capitaux privés à investir dans les logements de base et aider les acheteurs d'une première maison.
Avant de terminer, je voudrais parler rapidement de l'offre de logements.
Sachez que nous estimons que, compte tenu des caractéristiques démographiques actuelles et des tendances dans le secteur de la construction, il y aura, d'ici la fin de la prochaine décennie, pénurie de 300 000 unités familiales, ce qui contribuera à pousser vers le haut le prix des maisons et le montant des loyers. On observe déjà ce phénomène dans nos grands centres urbains.
Depuis quelques décennies, on n'a notablement pas construit assez de logements locatifs. La politique fiscale est en partie la cause du problème, mais, si on la modifiait, elle pourrait faire partie de la solution.
Il faut d'abord modifier le régime fiscal pour éviter l'application de la TPS aux nouveaux logements locatifs. Cette taxe augmente les loyers et enlève son attrait au modèle d'investissement dans les logements locatifs, ce qui a un effet dissuasif sur la construction d'unités locatives abordables.
Ensuite, nous devons régler la question de la taxe sur la taxe des appartements accessoires, comme les logements volants et les maisons d'allée. La fiscalité, qui intègre la valeur du terrain plutôt que simplement le coût de la construction, décourage cette forme importante d'édification sur terrain intercalaire favorisée par de plus en plus de municipalités. Ces projets innovants d'édification sur terrain intercalaire augmentent le nombre de logements abordables dans les quartiers établis.
Enfin, le gouvernement a besoin d'une campagne nationale qui inversera le syndrome Pas dans ma cour pour en faire le syndrome du Oui dans ma cour! Les nouveaux lotissements, particulièrement ceux où les logements sont plus denses et sont destinés à des propriétaires à plusieurs niveaux de revenu soulèvent souvent l'opposition publique locale, même lorsqu'ils sont harmonisés avec des plans communautaires. Cette campagne du Oui dans ma cour! peut faciliter une transition plus en douceur vers les communautés de demain.
Je conclus en répétant qu'une stratégie nationale du logement qui répond aux besoins du continuum complet de services en matière de logement est essentielle à une stratégie de réduction de la pauvreté couronnée de réussite.
Merci.
Merci beaucoup de m'avoir invité à témoigner devant le Comité aujourd'hui. Je suis content de ne pas avoir à parler de logements, parce que je n'aurais pas été à la hauteur.
Je suis ici au nom de Banques alimentaires Canada, une organisation nationale composée de banques alimentaires membres qui viennent en aide, malheureusement, à des résidants dans chacune des circonscriptions représentées dans cette salle aujourd'hui.
Nous avons été très heureux de l'annonce du ministre, selon laquelle la stratégie de réduction de la pauvreté sera rendue publique cet automne, comme nous l'avons recommandé dans notre rapport intitulé Bilan-Faim 2016. Nous avons recommandé un déploiement rapide de la stratégie parce que le recours aux banques alimentaires a atteint des niveaux records, et ce, pour une durée sans précédent. Depuis 2010, plus de 830 000 personnes ont recours à une banque alimentaire chaque mois. Nos concitoyens qui sont aux prises avec l'insécurité alimentaire ne peuvent pas attendre des années avant que le gouvernement fédéral agisse dans ce dossier. Ils ont besoin d'aide dès maintenant.
Beaucoup de gens pensent que le recours aux banques alimentaires ne cesse d'augmenter, mais c'est faux. Il a diminué pendant quatre années consécutives, entre 2004 et 2008. Cependant, vers la fin de 2008, la fréquentation des banques alimentaires a rapidement pris de l'ampleur alors que le pays sombrait dans la récession; aujourd'hui, le taux de fréquentation est 26 % plus élevé qu'il ne l'était avant le ralentissement économique mondial.
La nécessité des banques alimentaires touche des personnes de tous les horizons. Plus du tiers des personnes qui reçoivent de l'aide sont des enfants; plus de 40 % des ménages qui y ont recours sont des familles avec enfants. Même si plus de la moitié des ménages qui fréquentent les banques alimentaires sont prestataires d'aide sociale ou de programmes de soutien du revenu pour les personnes handicapées, il n'en demeure pas moins qu'un ménage sur six nous affirme que l'emploi est sa principale source de revenu.
Une des tendances les plus frappantes dans le réseau des banques alimentaires, c'est l'augmentation du nombre de personnes seules, sans attache, qui viennent frapper à notre porte pour demander de l'aide. Le nombre de personnes seules a augmenté : en 2001, ces gens représentaient 30 % des ménages ayant recours aux banques alimentaires, par rapport à 45 % en 2016.
Sans vouloir rien enlever aux autres groupes qui sont très vulnérables à la pauvreté et à l'insécurité alimentaire, j'aimerais consacrer le reste de mon temps à cette catégorie de soi-disant personnes sans attache.
Selon la mesure utilisée, entre 9 et 13 % des Canadiens peuvent être classés dans la catégorie de personnes à faible revenu. Si on utilise la mesure du panier de consommation, ce taux se situe à un peu plus de 1 sur 10. Si on examine les personnes seules, sans attache, en âge de travailler, ce pourcentage grimpe à 33 %. Au Canada, un adulte seul sur trois vit dans la pauvreté. On compte 1,3 million de personnes seules vivant dans la pauvreté; en fait, ce groupe vit dans une pauvreté profonde, car le revenu moyen est inférieur de 50 % au seuil de la pauvreté. Autrement dit, ils vivent avec un revenu moyen d'environ 10 000 $ par année. Cela mérite d'être répété. Il y a 1,3 million de Canadiens qui vivent avec un revenu moyen de 10 000 $ par année. Cela ne vous donne même pas droit au montant personnel de base dans votre déclaration d'impôt.
Il s'agit d'un groupe qui, du point de vue des programmes gouvernementaux, a peu d'options. Beaucoup reçoivent de l'aide sociale. S'ils travaillent — et bon nombre d'entre eux alternent entre l'aide sociale et le travail —, ils peuvent avoir accès à une certaine aide, grâce à la prestation fiscale pour le revenu de travail, mais il s'agit d'un petit montant. Il y a très peu de soutien financier et d'appui en nature, comme la formation axée sur le marché du travail pour ce groupe, surtout à l'extérieur des grandes villes.
D'après les estimations du Conseil consultatif en matière de croissance économique, nous pourrions ajouter 38 milliards de dollars au PIB du Canada en faisant augmenter le taux de participation au marché du travail parmi les Canadiens peu spécialisés, à faible revenu, comme le groupe dont je parle. Pour y arriver, il faudra apporter des changements majeurs à la relation entre les gouvernements et les personnes seules, en âge de travailler et vivant dans la pauvreté. Voilà qui a des conséquences pour les programmes de soutien du revenu, les programmes de formation au travail, les politiques concernant les Autochtones et les stratégies de santé physique et mentale liées à des problèmes chroniques.
Je le répète, nous ne voulons rien enlever aux autres groupes qui sont très vulnérables à la pauvreté au Canada. Nous exhortons vivement le gouvernement fédéral à faire en sorte que les nombreuses personnes seules, sans attache et vivant dans la pauvreté, soient au centre de sa stratégie de réduction de la pauvreté.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de m'avoir invité à participer au débat. Je tiens à féliciter tous les membres du mandat détaillé de l'étude.
On reconnaît implicitement qu'il n'y a pas de solution miracle, que les causes sous-jacentes de la pauvreté sont multidimensionnelles et très personnelles et que le rôle principal d'Ottawa se résume à l'habilitation; autrement dit, le gouvernement fédéral est principalement chargé de créer les conditions propices aux possibilités économiques et à la mobilité sociale.
L'ancien premier ministre britannique, David Cameron, avait qualifié sa stratégie de réduction de la pauvreté de programme visant à « améliorer les chances dans la vie ». Je crois que cette mentalité demeure valable. Après tout, ce thème se trouve, je dirais, au coeur de ce que le Comité étudie et de ce dont nous parlons aujourd'hui.
Il y a, bien entendu, beaucoup à dire sur le sujet d'une stratégie fédérale de réduction de la pauvreté. Je m'en voudrais de ne pas signaler, par exemple, qu'une telle stratégie doit beaucoup insister sur l'amélioration des chances d'épanouissement de nos peuples autochtones à l'intérieur et à l'extérieur des réserves.
Mon exposé portera sur ce que nous savons au sujet de la pauvreté, sur ce que nous en pensons et sur les mesures pratiques que nous pouvons prendre pour créer des conditions favorables à l'accroissement des possibilités économiques et sociales, en particulier pour les personnes qui sont les plus vulnérables à la pauvreté persistante et qui, selon moi, devraient être au centre des efforts du gouvernement.
Commençons par quelques faits fondamentaux. Au cours des 20 dernières années, le pourcentage de ménages canadiens vivant dans la pauvreté est passé de 6,7 % en 1996 à 4,8 % en 2009. La proportion de familles vivant sous le seuil de faible revenu de Statistique Canada a également diminué, en passant de 15,2 % en 1996 à 9,7 % en 2013. Les progrès sont très vastes. La proportion d'enfants, d'aînés et de personnes issues de familles monoparentales à faible revenu a également chuté.
Les revenus précaires ont tendance à être passagers. D'après les études menées par Statistique Canada, seulement 1,5 % des Canadiens avaient un faible revenu persistant de 2005 à 2010. Si je cite ces données, ce n'est pas pour prétendre que l'étude du Comité est superflue ou pour en diminuer l'importance, mais plutôt pour, en premier lieu, souligner nos progrès et, en deuxième lieu, mettre l'accent sur le reste de mes observations.
Pour élaborer une stratégie fédérale de réduction de la pauvreté, il faut commencer par examiner notre situation actuelle et déterminer qui nous ciblons. Les progrès que nous avons réalisés à ce jour sont largement attribuables à un consensus intellectuel et politique de plus en plus marqué sur le rôle du gouvernement et de la politique d'intérêt public dans la lutte contre la pauvreté et l'amélioration des chances dans la vie.
Abstraction faite de la rhétorique politique occasionnelle, la gauche et la droite s'entendent sur ces questions plus qu'on le pense. La gauche a fini par comprendre les limites des mesures prises par l'État et elle considère la pauvreté comme étant plus qu'un problème de matérialisme; la droite, pour sa part, en est venue à reconnaître que la solution va au-delà d'une simple prise en main de sa destinée. Cela suppose une intervention gouvernementale soigneusement conçue.
Ce consensus s'est manifesté dans le cadre de politiques précises, comme l'octroi de généreuses prestations pour la garde d'enfants, des bourses d'études aux étudiants à faible revenu, des subventions ciblées à l'intention des travailleurs pauvres et des pensions publiques pour les aînés à faible revenu. Ces politiques, qui s'inspirent des meilleures idées et traditions de la gauche et de la droite, ont eu un effet important sur la réduction de la pauvreté et la participation économique au Canada.
Par conséquent, l'étude éventuelle du Comité devrait tenir compte des mesures de la pauvreté, après impôts et transferts. Il est évident qu'un enfant né aujourd'hui dans un milieu pauvre s'en sort mieux, à plusieurs égards, que s'il était né il y a quelques décennies. Nous ne devrions pas perdre de vue ce progrès.
En même temps, nous ne devrions pas non plus nous reposer sur nos lauriers. Il faut continuer de réformer et d'améliorer les programmes pour aider les Canadiens à faible revenu à monter dans l'échelle économique et sociale. J'ai récemment écrit un texte, en collaboration avec un ancien conseiller du NPD, sur l'expansion de la prestation fiscale pour le revenu de travail — une mesure créée par le gouvernement conservateur précédent, appuyée par les néo-démocrates et en passe d'être élargie par le gouvernement libéral actuel.
La grande priorité devrait être de cibler les personnes qui risquent de vivre dans une pauvreté persistante, notamment les personnes handicapées, les personnes n'ayant pas terminé leurs études secondaires et les personnes issues de familles monoparentales. C'est là que les problèmes sont les plus épineux, d'où notre obligation sociétale évidente de venir en aide à nos concitoyens.
Il ne s'agit pas, en l'espèce, de cas de personnes qui gagnent temporairement un faible revenu après l'obtention de leur diplôme ou en raison d'une perte d'emploi ou qui ont besoin d'une aide à court terme pour poursuivre leurs objectifs. On parle ici de personnes qui font face à d'importants obstacles liés à la santé ou à d'autres formes de difficultés qui les empêchent d'occuper un emploi rémunéré. Améliorer leur sort ne sera pas une tâche facile. Les facteurs qui contribuent à la pauvreté persistante sont complexes et diversifiés. Les solutions varieront donc. Il faudra procéder par essais et erreurs, en plus d'élaborer des programmes très personnalisés; bien entendu, le fédéralisme devra jouer un rôle important et essentiel.
Des transferts de fonds plus généreux font partie de la solution dans certains cas, surtout pour les personnes lourdement handicapées dont les taux d'emploi représentent le tiers de ceux de la population non handicapée. Le gouvernement devrait, par exemple, rendre le crédit d’impôt pour personnes handicapées remboursable.
Or, les transferts de fonds ne constituent pas la solution pour tout le monde. En fait, ils pourraient s'avérer néfastes dans le cas d'une personne ayant un problème de toxicomanie, à titre d'exemple. Ce qu'il faut retenir, c'est que les personnes vulnérables à la pauvreté perpétuelle devraient être la principale cible d'une stratégie fédérale de réduction de la pauvreté, et cela nécessitera invariablement des politiques et des outils qui diffèrent de ceux destinés à régler le problème du faible revenu transitoire ou à aider les Canadiens à monter dans l'échelle économique et sociale. Il est essentiel que nous comprenions cette distinction et que nous élaborions des programmes stratégiques en fonction de ces deux objectifs.
Permettez-moi de conclure en disant, encore une fois, que je suis reconnaissant d'avoir l'occasion de participer au débat. Je crois que le travail que vous effectuez revêt une importance cruciale. J'ai quelques recommandations à faire: premièrement, nous devons reconnaître les progrès que nous avons réalisés et la mesure dans laquelle ceux-ci représentent les résultats d'un consensus politique de plus en plus marqué; et, deuxièmement, nous devons nous assurer de comprendre qui nous ciblons pour ensuite élaborer un programme stratégique qui s'adresse à ces gens.
Merci.
Je m'appelle Gary Gladstone. Je suis le chef des relations avec les intervenants pour Reena, et je représente également l'Intentional Community Consortium.
Au nom des milliers de personnes ayant une déficience développementale à qui nous offrons des services, je vous remercie infiniment de m'avoir invité ici aujourd'hui.
Rob est un homme de 42 ans, qui souffre de dystrophie musculaire, d'un retard de développement et de schizophrénie. Il se sert d'un scooter et d'un fauteuil roulant pour se déplacer; jusqu'il y a huit mois, il était sans abri, après avoir vécu à Seaton House, puis à Amsterdam House, dans un logement de transition à Toronto. Il s'est fait voler certaines pièces de son scooter, ce qui a réduit sa mobilité. Du coup, cette personne sociable qui aimait parler et interagir avec de nouvelles personnes, cet individu bienveillant et toujours prêt à aider les autres, n'avait nulle part où aller. Grâce à Reena, et à sa résidence communautaire innovatrice située à King—Vaughan, Rob n'est plus sans abri. Il a un magnifique logement abordable, assorti de services de soutien qui lui sont accessibles lorsqu'il en a besoin.
En 2014, l'ombudsman de l'Ontario a signalé qu'il y avait 12 808 adultes sur la liste d'attente provinciale pour des services résidentiels et, aujourd'hui, ce chiffre est passé à plus de 18 000. Plus de 25 % des adultes ayant une déficience développementale n'ont pas de logement adéquat; bon nombre d'entre eux n'entament même pas le processus de demande. M. Sylvain Roy a découvert que pas moins de 18 % des personnes ayant recours à un refuge pour hommes à Toronto souffraient d'une déficience développementale. Beaucoup de gens sont mal diagnostiqués et indûment logés dans des hôpitaux, des centres d'autres niveaux de soins ou des prisons, et certains sont enfermés chez eux. Ces gens méritent mieux.
Je suis ici aujourd'hui pour demander votre appui afin qu'on change cette situation déplorable, et ce, de deux façons : d'abord, par l'attribution de 5 % de tous les investissements dans le logement abordable à des solutions de logement qui appuient les personnes ayant une déficience développementale et, ensuite, par l'octroi de 11 millions de dollars par année, sur une période de 3 ans, en guise de fonds de contrepartie, pour financer des solutions innovatrices en matière de logement mises au point par l'Intentional Community Consortium, l'ICC.
Reena, qui célèbre son 44e anniversaire, compte un budget de fonctionnement annuel de 40 millions de dollars et gère un portefeuille immobilier de près de 80 millions de dollars. C'est le troisième organisme en importance parmi les organismes subventionnés par des paiements de transfert du ministère des Services sociaux et communautaires de l'Ontario. Nous appuyons également plus de 150 personnes dans des logements locatifs publics et privés à prix abordable. Nous savons que le logement est important et que, dans l'ensemble du pays, les personnes souffrant d'une déficience intellectuelle sont parmi les gens qui risquent le plus de devenir sans abri et qui vivent dans des cadres inappropriés, comme des refuges, des hôpitaux, des centres de soins de longue durée et des prisons. En fait, 90 % des adultes ayant une déficience développementale vivent sous le seuil de la pauvreté, et 70 % d'entre eux ont été victimes de mauvais traitements d'une forme quelconque, ce taux étant plus élevé chez les femmes ayant une déficience intellectuelle. Il s'agit d'un groupe vulnérable, et nous savons, à la lumière des données, que les logements avec services de soutien changent le cours des choses et améliorent la qualité de vie de ces gens.
Le lien entre la pauvreté, le risque d'itinérance et la déficience a été amplement étayé. Selon un rapport irlandais, les personnes handicapées sont deux fois plus susceptibles de vivre sous le seuil de la pauvreté. De plus, vivre dans la pauvreté risque d'accroître les cas de déficience. Nous pouvons changer la situation en consacrant 5 % des fonds nationaux destinés aux logements. Grâce au soutien financier du ministère des Services sociaux et communautaires de l'Ontario, Reena a créé l'Intentional Community Consortium, en collaboration avec d'autres organismes, afin de piloter une série de projets de logement abordable à usages multiples, qui seront déployés à l'échelle du Canada. Reena et ses organismes partenaires mettront en oeuvre des projets, pour l'instant, à Kitchener-Waterloo, Ottawa, Vaughan, Oshawa, Scarborough, Hamilton, Peterborough, Markham et Burlington, mais cette liste est en train de s'allonger; d'ailleurs, nous avons reçu des appels téléphoniques la semaine dernière en provenance de Calgary et de la Colombie-Britannique. Des bailleurs de fonds privés financeront le tiers des coûts et le gouvernement, les deux tiers.
Voici mon message : il est impératif que les personnes atteintes d'une déficience développementale et ayant besoin de services de soutien soient logées dans la collectivité et qu'elles reçoivent des soins adéquats. La prestation de soins inadéquats et inappropriés représente un coût pour notre système de santé et nos services sociaux municipaux, le tout étant attribuable à l'absence de logements. La Reena Community Residence, un centre innovateur qui a ouvert ses portes en 2012 à King—Vaughan, grâce au financement fédéral et provincial, offre des unités de logement à 84 adultes ayant des besoins en santé développementale, cognitive, physique ou mentale. Tout le monde est invité à venir y faire un tour. La résidence est conçue comme une communauté d'intention pour les personnes ayant des besoins spéciaux.
Les parents de Jason s'inquiétaient constamment, car ils avaient de plus en plus de mal à répondre aux besoins personnels de leur fils. À mesure qu'ils prenaient de l'âge, ils se demandaient comment Jason, une personne en fauteuil roulant qui a besoin de services de soutien multiples et complexes, pourrait vivre pleinement sa vie.
Le partenariat innovateur entre l'équipe de soins complexes de la Reena Community Residence, la Marche des dix sous, le Community Care Access Centre et Reena, lui offre tous les services médicaux et thérapeutiques dont il a besoin pour s'épanouir. Ses parents n'ont plus besoin de s'inquiéter, car leur fils est entre bonnes mains dans un cadre indépendant, supervisé et accessible. Grâce à la Reena Community Residence, Jason n'est pas confiné dans un établissement, comme cela aurait été le cas avant.
Le rapport de l'ombudsman souligne clairement que les projets de construction de logements destinés aux personnes souffrant de déficience développementale et les investissements à cet égard sont presque inexistants. Les municipalités ne font pas construire des logements qui répondent à ce besoin, et la collectivité compte sur le gouvernement du Canada pour en faire une priorité. La plupart de ceux qui cherchent un logement abordable, supervisé et accessible ne sont actuellement même pas inscrits sur la liste d'attente des logements, mais les choses sont en train de changer.
Nous demandons un montant de 33 millions de dollars au gouvernement fédéral et un montant équivalent au gouvernement provincial, sur une période de trois ans, pour appuyer et mettre en oeuvre ces 10 projets.
Être du tissu social et avoir le maximum d’indépendance sont parmi les valeurs et les objectifs les plus chers aux yeux des personnes handicapées, de leurs familles et des défenseurs de leur cause. Avoir son chez-soi est le fondement de l’indépendance des personnes handicapées. Reena peut concrétiser l’engagement du gouvernement fédéral à édifier des collectivités fortes et à aider nos concitoyens vulnérables à se dénicher un toit.
Si vous rencontriez Mark, une des personnes que nous appuyons, il vous dirait qu'après avoir passé 15 ans dans un hôpital, il a repris goût à la vie lorsqu'il s'est installé dans une maison au sein de la collectivité. Si vous parliez à Sameesh, qui, pendant 14 ans, a sans cesse changé d'ateliers protégés et de foyers, s'exposant ainsi à la négligence et à de mauvais traitements, vous comprendriez à quel point le logement est un enjeu important. Aujourd'hui, elle travaille 15 heures par semaine, et sa maison est sa source de joie et de fierté. On trouve ce genre d'histoires dans chaque collectivité canadienne. D'un bout à l'autre du pays, le message est le même — il s'agit d'un petit segment de la population, qui ne constitue pas une priorité. On ne peut pas accepter un tel message de la part du gouvernement.
La grandeur d'un pays se mesure à la manière dont il traite les plus faibles de ses membres, comme le disait Mahatma Gandhi. Grâce au budget de 2017, vous pouvez faire en sorte que le Canada prenne soin de ceux qui ne peuvent pas se défendre eux-mêmes. Rob et Sameesh étaient sans abri, Mark était confiné dans un hôpital et Jason n'avait nulle part où aller. Aujourd'hui, nous devons aider plus de 18 000 personnes sur la liste d'attente en Ontario seulement — des personnes qui sont sans abri et sans soutien.
Pour terminer, je vous demande de consacrer, dans le budget de 2017, 5 % de tous les investissements dans le logement abordable à des solutions de logement qui appuient les personnes ayant une déficience développementale et de verser 11 millions de dollars par année, sur une période de trois ans, en guise de fonds de contrepartie, pour financer des solutions novatrices en matière de logement mises au point par l'Intentional Community Consortium. Pour en savoir plus sur Reena et le consortium, vous pouvez consulter le site Web suivant : www.Reena.org.
Merci beaucoup.
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Comme je l'ai dit, je crois que ce que nous allons réaliser au sujet de la taxe sur le carbone — ce que nous réalisons déjà —, c'est qu'il s'agit d'un dispositif fiscal à plusieurs niveaux, un dispositif qui ressemble beaucoup à la taxe de vente provinciale avec laquelle nous devons composer, ici, en Colombie-Britannique. Lorsqu'on utilise une mesure de taxation ou une quelconque autre forme de levier qui se répercute à différents échelons de la chaîne d'approvisionnement, le seul résultat possible est une hausse des coûts.
Encore une fois, je ne cherche pas à défendre ou à attaquer la taxe sur le carbone. Bien entendu, j'ai ma propre opinion, mais, chose certaine, j'éviterais toute forme de taxation à niveaux multiples comme celle-là. Je peux voir que ce ne sera rien d'autre qu'une taxe à niveaux et que cela ajoutera un coût — je ne saurais être assez clair là-dessus — à tous les échelons de la chaîne d'approvisionnement, surtout ici, dans le Nord, où les coûts de transport sont énormes — et, de façon générale, la consommation de pétrole et de gaz, cela ne fait aucun doute. De la même façon, si l'on envisage la chose du point de vue des emplois, et c'est peut-être un problème encore plus important, ces taxes sur le carbone ont une incidence sur la façon dont les entreprises projettent d'investir dans les infrastructures et d'autres projets de la région. Si ces investissements et ces projets ne se réalisent pas, cela se répercutera aussi sur l'emploi.
Je crois qu'une mesure comme la taxe sur le carbone exerce une double pression. Tout d'abord, elle provoque un ralentissement économique, car elle crée un coût additionnel pour les industries qui permettent aux gens d'ici de se nourrir et de se vêtir. Je crois que du point de vue des industries, là où le bât blesse, c'est cette idée des coûts qui ne cessent de s'ajouter à chaque niveau. Peu importe ce que l'on tentera de faire pour atténuer cela, il y aura une augmentation quasi exponentielle des coûts d'un bout à l'autre de la chaîne d'approvisionnement.
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que je pense que c'est le Centre Miriam qui, à Montréal, a travaillé avec lui; nous considérons ce centre comme une organisation soeur. Il s'intéresse beaucoup au travail que nous accomplissons.
En ce qui concerne les activités de Reena et les difficultés auxquelles votre mère et d'autres personnes sont confrontées, il est intéressant de voir à la résidence des employés du ministère de la Santé travailler main dans la main avec ceux du ministère des Services sociaux et communautaires. Ce dernier incite les gens à aller dans la communauté et à en faire toujours davantage, alors que le ministère de la Santé considère que s'ils en font trop, ils se blesseront et cela causera des problèmes. Nous avons toutefois pu arranger les choses de manière admirable pour que les gens aient, comme vous le dites, une vie bien plus épanouie.
À Reena, nous nous occupons principalement du logement et de l'emploi à l'heure actuelle. Nous offrons un formidable programme de préparation à l'emploi. Je le répète ici encore, faisons des contribuables de ceux qui peuvent travailler avec le soutien adéquat. Imposons-les. En ce qui concerne votre frère, la vie des gens change quand ils ont une raison de se lever le matin pour aller quelque part où ils accomplissent quelque chose d'utile. Vous avez parlé de couverts. Savez-vous quoi? Ce n'est peut-être pas essentiel, mais pour votre frère, tout ce qu'il fait a une importance considérable dans sa vie.
Nous proposons aussi un important programme d'emploi dans le cadre duquel nous offrons du soutien. Nous avons constaté que si nous offrons aux gens du soutien pendant la première année d'emploi, ils travailleront pendant des années pour le même employeur. Ils sont fiables et dignes de confiance. Ce sont les meilleurs employés. Un certain nombre de députés auxquels nous avons parlé ont indiqué que des personnes ayant des handicaps mentaux travaillent dans leurs bureaux de circonscription et dans leurs communautés, et prenaient conscience de l'immense contribution qu'elles apportent.
J'espère que cette réponse vous est utile.
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Quand nous parlons des initiatives de soutien du revenu, nous devons prendre grand soin de ne pas faire plus de mal que de bien. Par exemple, certains programmes d'aide sociale du pays s'accompagnent de taux de récupération de plus de 100 % lorsqu'ils sont combinés à l'impôt. Autrement dit, les gens perdent de l'argent en travaillant.
Par exemple, le taux de récupération de la Prestation fiscale pour le revenu de travail est de 15 %. Dans le cas d'une personne handicapée gagnant le salaire minimum, cette prestation a pour effet d'augmenter le taux effectif marginal d'imposition. Quand son revenu dépasse 20 000 $, le taux de récupération de 15 % de cette prestation fait augmenter la part de ses revenus d'emploi que cette personne perd pour chaque dollar supplémentaire.
La même chose pourrait se produire si on effectue une évaluation des ressources dans le cas du revenu de base. Si on instaure un revenu de base, il faut se demander si on l'appliquera aux millionnaires ou aux milliardaires. Non? L'accordera-t-on à quelqu'un qui gagne plus de 100 000 $. Non plus? D'accord. Le donnera-t-on à une personne qui gagne plus de 50 000 $. Non? Et si ce revenu est de plus de 25 000 $? Si on décide que le seuil est de 25 000 $ et que lorsqu'une personne atteint ce seuil de revenu, elle commence à faire l'objet de récupération, elle est punie pour chaque dollar supplémentaire qu'elle gagne, et c'est sans tenir compte du fait qu'elle devrait payer davantage d'impôt. À partir du moment où elle commence à se classer dans une tranche d'imposition de la classe moyenne, elle paie davantage pour financer une prestation à laquelle elle n'est plus admissible.
Le crédit fiscal pour personnes handicapées, par exemple, vise à aider les personnes handicapées à couvrir les coûts afférents à l'emploi, puisqu'elles doivent assumer des frais supplémentaires pour travailler en raison de leur handicap. Le fait de rendre ce crédit remboursable éliminerait cet avantage additionnel.
Je me demande si M. Speer ou M. Gladstone, qui s'efforce de trouver des emplois aux personnes handicapées, peuvent traiter de certaines de ces mesures incitatives aux effets pervers qui peuvent être instaurées avec de bonnes intentions.
Je dois tout arrêter maintenant.
Je veux que nous consacrions les deux dernières minutes à nous occuper très rapidement de questions de régie interne, alors je vous prie d'être patients.
Pour mémoire, en ce qui concerne le Comité, nous avons dû faire d'importants redressements en raison des déplacements et de certaines annulations. La séance du jeudi 23 février devrait être consacrée aux travaux du Comité, pour que nous examinions certaines choses. Il est prévu, pour la séance du 7 mars, que nous recevrons les témoins de Kuujjuaq que nous n'avons pas eu la chance de voir, sur la question des stratégies de réduction de la pauvreté. Malheureusement, notre budget ne nous permettait pas d'y retourner.
Nous avons du temps libre le 9 mars. Le vendredi 10 mars, nous allons nous rendre à Toronto pour reprendre l'audience annulée. Nous allons entendre des témoins et faire des visites, pour la stratégie de réduction de la pauvreté.
Merci beaucoup à vous tous.
Monsieur Robillard, vous avez une question?