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Merci beaucoup. Je vous félicite de votre souci pour l'environnement et je vous remercie de me permettre de comparaître sans avoir à prendre l'avion.
Dans les sept minutes qui me sont imparties pour traiter de la question du bien-être des aînés, j'aimerais me concentrer sur les problèmes et les perspectives liées au marché des prêts hypothécaires inversés, en m'attardant plus précisément sur le Canada.
Le logement représente une partie très importante du portefeuille de retraite de la plupart des aînés, en particulier ceux qui sont à l'extrémité inférieure de l'échelle des revenus. Évidemment, la personne qui est locataire et non propriétaire au moment où elle prend sa retraite est à l'extrémité inférieure de l'échelle des revenus, mais pour ce qui est des ménages de la classe moyenne inférieure — votre principale préoccupation, je suppose —, la maison représente habituellement la partie principale du portefeuille.
L'industrie des prêts hypothécaires inversés est minuscule et le prêt hypothécaire inversé est bien sûr un mécanisme qui permet aux aînés d'emprunter sur la valeur nette de leur maison. Si votre maison représente la majeure partie de votre richesse et que vous avez de la difficulté à payer vos factures, utiliser une partie de sa valeur nette semble être une excellente idée. Dans les marchés comme Victoria, Toronto et Vancouver, évidemment, d'innombrables personnes âgées ont un avoir propre foncier considérable, mais peut-être des économies et des revenus plutôt modestes en prévision de leur retraite. Donc, trouver une façon d'utiliser l'avoir propre foncier pour financer la retraite des aînés est un aspect sur lequel vous devriez réfléchir sérieusement, à mon avis.
L'avoir propre foncier est l'un des trois piliers de la planification financière de la retraite. Les deux autres sont les rentes viagères et l'assurance soins de longue durée.
Les rentes viagères servent d'instrument de couverture contre un énorme risque financier, qui est la façon dont une personne assurera sa subsistance lors de sa retraite. Ces rentes viagères posent certains problèmes, dont le principal est qu'elles sont non liquides. Supposons que j'ai une maison et très peu de liquidités; placer ces liquidités dans une rente viagère qui me permet uniquement de retirer de petits montants, mais jamais une grosse somme, posera problème si je me retrouve un jour avec d'importants besoins en matière de soins de longue durée, par exemple.
Cela nous amène au deuxième volet de la planification financière de la retraite, l'assurance soins de longue durée. La situation Canada diffère quelque peu de celle des États-Unis, mais les résidences pour retraités ou les établissements de soins de longue durée financés par l'État sont pas nécessairement des endroits agréables. Si vous voulez séjourner dans un établissement de soins de longue durée de qualité, cela peut manifestement être extrêmement coûteux, parce que la présence du secteur public dans les soins de longue durée nuit au fonctionnement des régimes d'assurance privée. Cela est particulièrement difficile sans une hypothèque inversée, parce que l'avoir propre foncier est véritablement un aspect prépondérant de l'assurance de soins de longue durée, du moins aux États-Unis. Si vous deviez un jour utiliser vos fonds privés pour obtenir des soins de longue durée, cela signifie habituellement que vous avez vendu votre maison, qui représente une importante réserve de liquidités. Les dépenses liées aux soins de longue durée peuvent être un risque important dans n'importe quelle province. Donc, utiliser l'avoir propre foncier perd de l'attrait, étant donné que cela sert de réserve.
D'un autre côté, les rentes viagères deviennent une option moins intéressante pour les personnes qui n'ont pas d'assurance soins de longue durée, et la nécessité d'engager des dépenses catastrophiques empêchera les gens de se protéger contre les risques liés à la longévité. On constate que lorsqu'il subsiste des incertitudes liées à la retraite — avoir propre foncier non liquide, longévité, risque de dépenses catastrophiques —, les autres produits ne fonctionnent pas très bien.
Permettez-moi de parler des prêts hypothécaires inversés. Je précise encore une fois qu'il s'agit d'un marché de taille négligeable au Canada, tandis qu'il devrait être énorme. Il y a le PCRR, le Programme canadien de revenu résidentiel, qui fonctionne assez bien, selon moi, mais c'est un produit très modeste dont les taux d'intérêt sont élevés en raison de problèmes de financement. Essentiellement, il est très difficile d'obtenir un prêt hypothécaire inversé sans assurance gouvernementale, de sorte que ces prêts sont très coûteux et difficiles à financer, étant donné la longue période de financement requise.
Une autre forme d'hypothèque inversée est offerte au Canada, mais la demande est incroyablement faible. Il s'agit du programme de report de l'impôt foncier offert en Colombie-Britannique, une province qui, je crois, offre aux personnes de plus de 55 ans le programme de report de l'impôt foncier le plus généreux, à un taux très faible qui ne dépasse pas le coût d'emprunt fédéral, soit 1 % par année, je pense. Je crois comprendre que la participation est modérée. On entend des gens dire: « Les prix augmentent, l'évaluation foncière augmente aussi, et je suis une grand-mère ayant un revenu fixe. » Toutefois, ce n'est pas un problème important si vous décidez d'opter pour le report de l'impôt foncier. Le programme de report de l'impôt foncier de la Colombie-Britannique pourrait être considéré comme le programme d'hypothèque inversée le plus généreux au monde.
Il est surprenant de constater que la participation n'est pas de 100 %. Je ne sais pas dans quelle échelle de revenus se situent les gens qui y ont recours, et c'est un aspect que je souhaite étudier, mais je pense que c'est une question à laquelle il faut réfléchir sérieusement, car l'avoir propre foncier des aînés est une partie extrêmement importante de leur richesse.
Permettez-moi de parler brièvement les raisons pour lesquelles il est si difficile à votre succès avec les prêts hypothécaires inversés dans le secteur privé. Il y a deux problèmes extrêmement importants: le risque moral — la possibilité que la situation des emprunteurs puisse ne pas être avantageuse pour les prêteurs — et l'antisélection.
Madame Jeanne Calment, une Française qui a vécu jusqu'à l'âge de 123 ans, avait un prêt hypothécaire inversé. Le terme utilisé en France est « viagère ». Comme vous pouvez l'imaginer, c'était le pire scénario d'antisélection qu'on puisse imaginer, parce que le prêteur qui a signé un contrat avec elle a payé continuellement pendant des années. Ce n'est que longtemps après le décès du prêteur que la maison est devenue la propriété de son petit-fils; je crois que son fils était décédé. La préoccupation, c'est de prêter de l'argent à des aînés, mais qu'aucune somme ne sera remboursée jusqu'à leur déménagement ou leur décès. Or, s'ils ne déménagent pas, s'ils vivent encore longtemps et que la valeur de la propriété diminue, cela pose un grave problème.
Aux États-Unis, nous avons vu une antisélection désastreuse dans les États où les prêts hypothécaires inversés avec participation à la plus-value étaient prédominants, États qui ont été les plus touchés par l'effondrement du marché de l'immobilier. Ils étaient prédominants lorsque les prix ont augmenté.
Très brièvement, l'hypothèque inversée représente un important refuge pour les options de placement par défaut. Malheureusement, il arrive que les emprunteurs n'entretiennent pas assez la maison et ne déménagent pas au moment où ils le devraient. En outre, ils tendent à contracter un prêt au mauvais moment du cycle. Ils n'ont pas une bonne compréhension de la valeur des options de placement par défaut. De nombreuses données démontrent que les personnes qui ont recours au prêt hypothécaire inversé n'ont pas conscience de l'importance de la valeur que représente une hypothèque inversée relativement aux options de placement par défaut.
Par conséquent, au Canada, si votre objectif est d'accroître chez les aînés le recours aux prêts sur la valeur nette d'une maison, je vous recommande fortement d'opter pour une rente annuelle. Cela permettrait aux personnes âgées de tirer de leur propriété un revenu suffisant sous forme de rente annuelle, avec liquidités, en plus d'intérêts suffisants pour assurer la stabilité du solde du prêt hypothécaire inversé plutôt qu'un solde croissant. Cela réglerait beaucoup de problèmes. Cela aurait pour effet, advenant une croissance de l'industrie, d'empêcher les personnes âgées d'utiliser plus d'actifs que ce qu'ils ont.
C'est avec plaisir que j'en discuterai davantage, car je pense que les propriétés détenues par les personnes âgées constituent une forme de financement de la retraite prometteuse.
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Nous serons tous des personnes âgées un jour ou l'autre, si ce n'est pas déjà le cas. Par conséquent, ce sujet devrait nous tenir tous à coeur. Le Comité fait un important travail et je vous remercie beaucoup de m'avoir invitée à témoigner devant vous aujourd'hui.
En tant que chercheuse et planificatrice sociale en milieu communautaire dans la région de la capitale de la Colombie-Britannique, mes activités portent principalement sur le logement et l'itinérance. Dans le cadre de mon travail, je vois de plus en plus de personnes âgées touchées par la crise actuelle du logement. Les deux principaux facteurs à prendre en considération sont le revenu et la nécessité de créer des collectivités solidaires et inclusives.
Nous savons que le maintien de l'indépendance est un aspect important pour les aînés, tant en Colombie-Britannique que dans l'ensemble du pays. Selon l'Office of the Seniors Advocate of British Columbia, « Les personnes âgées veulent vivre de la façon la plus autonome possible, dans leur propre domicile et dans leur propre collectivité » un sondage réalisé par la société canadienne d'hypothèques et de logement en 2008 a révélé que 85 % des Canadiens de plus de 55 ans prévoient habiter dans leur propre domicile le plus long possible, même si leur état de santé devait changer. J'ai parlé à mon vieux têtu de père ce matin et c'est exactement ce qu'il m'a répété.
Dans un récent rapport publié en 2015, l'Office of the Seniors Advocate of British Columbia confirme que 86 % des aînés de la province estiment qu'il leur serait possible, avec une combinaison de services d'aide à domicile et d'adaptation au domicile, de demeurer à domicile si leurs besoins en matière de soins devaient augmenter. On indique également dans ce rapport que les aînés craignent d'être forcés à abandonner prématurément leur réseau d'aide dans la communauté pour aller habiter dans des unités résidentielles avec assistance ou dans des établissements de soins.
À Victoria, en 2016, plus d'une personne sur cinq était âgée de 65 ans et plus, un pourcentage qui est considérablement plus élevé que la moyenne nationale de 17 %. Les personnes âgées occupent la moitié des logements sociaux de BC Housing et représentent 40 % des demandeurs sur la liste d'attente pour les logements sociaux. Dans la ville de Victoria, 14 % des ménages d'aînés sont locataires et plus de la moitié de ces ménages consacrent plus de 30 % de leurs revenus mensuels aux frais de logement. Cela signifie que ces ménages d'aînés sont dans une situation qui correspond à la définition de la SCHL de « besoin impérieux en matière de logement ».
À Victoria, plus des deux tiers des ménages du quartier James Bay — environ 70 % — sont des ménages locataires et la moitié d'entre eux consacre plus de 30 % de leurs revenus aux frais de logement.
Outre les besoins immédiats, on s'attend à une hausse importante de la demande en logements locatifs dans la région de la capitale au cours des deux prochaines décennies. Ce sont les prévisions de l'Association du logement sans but lucratif de la Colombie-Britannique. On considère que la plus forte hausse de la demande en logements locatifs dans la région au cours des 20 prochaines années viendra les personnes de 65 ans et plus. D'ici 2036, cela pourrait représenter près de 10 000 ménages d'aînés supplémentaires à la recherche d'un logement locatif. C'est un nombre effarant et il convient de réfléchir sérieusement à la question.
Nous savons évidemment qu'il existe, même en ce moment, une importante pénurie de logements locatifs dans la région. En outre, la hausse des dépenses de base des ménages accroît les pressions financières que subissent les ménages d'aînés.
Nous assistons à une transformation démographique sans précédent qui exige des interventions réfléchies, rapides et pragmatiques. Je vais vous présenter l'une des nombreuses stratégies qui pourraient aider à satisfaire aux besoins croissants des aînés.
Le Community Social Planning Council examine, en collaboration avec le Canadian Senior Cohousing network, le modèle de la cohabitation comme solution d'appui à l'accessibilité, l'abordabilité et le vieillissement chez soi. Pour les aînés qui ont un revenu plus élevé et la capacité d'investir dans de nouveaux complexes résidentiels, la cohabitation est en voie de devenir un mécanisme qui favorise l'accessibilité, un certain degré d'abordabilité et, ce qui est plus important, le vieillissement chez soi. Au Canada, le modèle de cohabitation est principalement axé sur la propriété, ce qui rend en fait une solution inaccessible pour les aînés à moyen et à faible revenu. Il s'agit toutefois d'un modèle impressionnant, en ce sens qu'on y prend en compte l'ensemble des facteurs auxquels nous pouvons penser lorsqu'il est question d'appuyer le vieillissement chez soi.
La cohabitation est une conception de quartier qui combine l'indépendance d'une maison privée — des unités de la taille d'un condo — aux avantages de services communs comparables à ceux d'une coopérative et un réseau de soutien communautaire. Le modèle de cohabitation constitue un environnement sécuritaire et peut être conçu en fonction des besoins des résidents atteints de démence, mais il est aussi possible de mettre l'accent sur les soins sociaux, que l'on appelle aussi le modèle de soins conjoints. Le modèle axé sur les soins conjoints peut être repris dans d'autres contextes, comme les logements locatifs de conception expresse ou d'autres types de communautés résidentielles, comme les complexes d'habitation subventionnés ou les coopératives d'habitation.
En termes simples, le modèle de soins conjoints offre un gabarit pour organiser les soins et réduire l’épuisement des fournisseurs de soins, car il les répartit parmi un réseau plus vaste de voisins. Ce modèle est exactement ce que nous avons besoin de voir dans nos collectivités: celui de l’entraide entre voisins.
Nous savons tous que la question est très complexe, surtout pour les aînés à faible revenu. Il y a des façons d’appliquer les principes du logement en cohabitation à des ensembles résidentiels plus abordables, mais les aînés pourraient avoir besoin d’aide pour créer ces types de projets.
Je serai heureuse d’en discuter ainsi que de parler d’autres modèles quand bon vous semblera. Merci encore de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.
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Je suis enthousiaste, comme vous pouvez le voir.
Au cours des cinq dernières années, j’ai été le principal fournisseur de soins de ma mère au cours des derniers jours et semaines de sa vie, ainsi que fournisseur de soins conjoint avec ma femme pendant la longue maladie de ses défunts parents. Nous nous sommes retrouvés profondément empêtrés dans le système de soins de santé canadien de fin de vie, et je veux parler des bons et des mauvais côtés de ce système en ce qui a trait aux aînés.
Je me suis d’abord intéressé au sujet après avoir lu Gray Dawn: How the Coming Age Wave Will Transform America—and the World, écrit en 1999 par Pete Peterson, ancien secrétaire au Commerce du président Ronald Regan, et ensuite fondateur de ce qui est devenu le très prestigieux Peterson Institute, à Washington, D.C. Il a documenté, au moyen de statistiques incroyables du Census Bureau des États-Unis, l’aube grise, le raz de marée gris qui s’en vient.
Depuis ce temps, l’OCDE, la Banque mondiale, le FMI et des groupes de réflexion réputés comme Brookings, Peterson, l'Institut C.D. Howe et le MLI ont publié une pléthore d’études empiriques dignes de foi sur l’effet du vieillissement sur l’économie macroéconomique, les reçus à des fins fiscales ainsi que la croissance économique et la productivité. Je suis sûr que vous les connaissez tous très bien.
Le FMI et l’OCDE ont tous les deux publié des études et des avertissements de plus en plus sinistres concernant les pressions croissantes exercées sur les revenus fiscaux attribuables au pourcentage décroissant de personnes qui travaillent et paient des impôts, ainsi que l’augmentation dramatique concomitante des coûts des soins de santé pour le nombre d’aînés qui a explosé.
Comme un démographe étatsunien l’a récemment fait remarquer, dans une vingtaine d’années, l’ensemble de l’Amérique du Nord aura l’air de la Floride, mais sans la chaleur. Autrement dit, une personne sur quatre aura plus de 65 ans.
Dans une étude récente, le FMI a fait valoir que la crise du vieillissement imposera des coûts beaucoup plus élevés à la société que la crise financière de 2008-2009.
Plus près de chez nous, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, M. David Dodge — qui a aussi été sous-ministre de la Santé, j’aimerais vous le rappeler — a publié un rapport exceptionnel intitulé « Chronic Health Care Spending Disease » en 2011, par l’intermédiaire de l’Institut C.D. Howe, en se servant de données de Statistique Canada et de l’ICIS. Il a montré la quantité gargantuesque de soins de santé par personne pour les plus de 75 ans, et nous savons tous que le nombre de personnes dans cette tranche d’âge monte en flèche. Tout récemment, le directeur parlementaire du budget a publié un rapport montrant que les budgets provinciaux deviendront de plus en plus austères parce que la plupart des coûts associés au vieillissement sont assumés par les provinces, et ces coûts monteront en flèche.
Après avoir lu et assimilé un certain nombre de ces excellentes études, j’en suis arrivé à la conclusion que le coût des retraites ne sera pas le problème que l’OCDE prétend qu’il deviendra en Europe, précisément grâce au système de retraite prudent, responsable, à risque variable en quatre volets du Canada que certains de mes collègues universitaires critiquent. Le but n’est pas de minimiser le ralentissement et la perte de productivité et de croissance économique attribuables à la perte colossale de travailleurs qu’a causé l’exode des baby-boomers. En effet, chaque étude macroéconomique sérieuse, y compris celles de Finances Canada, montre des baisses du PIB à long terme entre 1 % et 2 % par année, ce qui aura des répercussions graves sur les revenus fédéraux et provinciaux.
Non. J’en suis arrivé à la conclusion que c’est au chapitre des soins de santé que nous sommes vulnérables au Canada et probablement ailleurs. Comme M. Dodge l’a montré dans son rapport, au moyen de données empiriques très fiables de l’ICIS, plus nous sommes âgés après avoir dépassé le seuil des 65 ans, plus nous avons recours aux soins de santé. Les septuagénaires qui deviennent octogénaires consomment en moyenne autour de 25 000 $ de soins de santé par personne chaque année. Ils consommeront l’équivalent d’une nouvelle Honda Civic par année — je dis « ils », mais je devrais peut-être dire « nous ».
Croyons-nous que les jeunes dans cette pièce et à la grandeur du Canada sautent de joie à l’idée de devoir payer beaucoup plus d’impôts dorénavant pour offrir un soutien à Ian Lee dans les années qui viennent? Pour ces raisons, j’estime que l’objectif global de la politique gouvernementale concernant les aînés devrait absolument s’attacher à garder les aînés chez eux aussi longtemps que possible.
Je vais brièvement vous donner les grandes lignes de mon message avant de terminer pour que nous ayons le temps de discuter. Du moins, je l’espère. Je vais me concentrer sur deux points très importants.
Nous devons faire une réforme financière des retraites. La politique générale devrait viser à garder chaque travailleur sur le marché du travail aussi longtemps que possible en éliminant la retraite anticipée avant 60 ans à la grandeur de l’économie canadienne et en pénalisant la retraite entre 60 et 65 ans. Il est clair que nous avons besoin de réformer la politique en matière de retraites pour éliminer les incohérences et éviter la faillite des retraites.
Fred Vettese est économiste en chef chez Morneau Shepell. Je devrais mentionner, en passant, que je l’ai rencontré à maintes reprises dans le cadre de conférences sur les retraites et que je considère que c’est un homme très intelligent et probablement un des plus importants spécialistes des retraites au Canada. Comme il l’a récemment fait remarquer dans son blog, notre système national de politique sur les retraites n’est pas cohérent. Premièrement, la Sécurité de la vieillesse permet seulement de prendre sa retraite et de toucher des prestations à 65 ans, alors que le RPC permet la retraite entre 60 et 70 ans et le régime de pension des employeurs la permet dès 55 ans conformément à la Loi de l’impôt sur le revenu.
Il a suggéré, et je suis entièrement d’accord avec lui, que l’on normalise le modèle de RPC souple qui permet de partir à la retraite entre 60 et 70 ans, et qu'on l'assortisse de pénalités en cas de retraite anticipée avant l’âge de 65 ans et de prestations de retraite complémentaires pour ceux qui attendent d’avoir plus de 65 ans avant d'arrêter de travailler.
En outre, l’exigence prévue dans la Loi sur l’impôt de fusionner tous les régimes de retraite avant l’âge de 71 ans est arbitraire et déraisonnable, et devrait être rejetée ou éliminée. Cette démarche accroîtra la latitude et encouragera les citoyens à rester sur le marché du travail. Elle n’aura pas d’incidence excessivement négative sur le gouvernement, car il continuera à recevoir sa part des impôts différés une fois que la retraite aura été épuisée ou que le citoyen concerné sera décédé.
Je terminerai sur les soins de santé et les hôpitaux.
Nous devons complètement inverser le paradigme des soins de santé et opter plutôt pour un modèle dans lequel on part du principe que les soins de santé seront offerts à domicile en premier lieu, y compris en fin de vie, et qu’en deuxième lieu, ils seront offerts dans des hôpitaux régionaux locaux et décentralisés ou des cliniques communautaires, encore une fois pour encourager les aînés à rester dans leur maison. Nos grands hôpitaux traditionnels devraient être des institutions de dernier recours pour les cas les plus sérieux plutôt que des endroits où caser les personnes âgées.
En conclusion, les politiques peuvent améliorer les mesures pour réagir au raz de marée gris, mais non le prévenir, car il est inévitable.
Merci.
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Bonjour. Je tiens à vous remercier de me donner l’occasion de participer à cette importante rencontre.
Ce n’est pas une mince affaire que de décider ce qui constitue une qualité de vie acceptable pour des adultes âgés. La plupart des observateurs s’entendent pour dire que deux des déterminants les plus importants sont la santé physique et financière — secteurs où les tendances sont relativement positives. Par exemple, de nos jours, les aînés vivent plus longtemps et sont généralement plus en santé que les générations précédentes. Grâce, en partie, à des programmes gouvernementaux de longue date, comme la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti et le Régime de pension du Canada, la plupart des adultes âgés sont relativement en bonne posture sur le plan financier, malgré les commentaires de mon collègue.
À la bonne santé et au bien-être économique, j’ajouterais l’accès à des logements qui répondent aux circonstances particulières des aînés. Pour d’aucuns, c’est le caractère abordable du logement; pour d’autres, c’est le type de logement ou son emplacement. L’endroit où vous résidez détermine, dans bien des cas, comment vous vivez. Le concept physique de l’environnement bâti — c’est-à-dire les quartiers et les réseaux de transport qui déterminent notre interaction avec notre environnement physique — est un déterminant clé qui influe sur la qualité de vie des aînés. J’aimerais expliquer ce que j’entends par cela.
Il y a quelques années, la publication du SCHL intitulée « Le logement des aînés au Canada », que l’IUC, l’Institut urbain du Canada, a aidé à rédiger, a fait remarquer que les aînés d’aujourd’hui préfèrent vieillir chez eux jusqu’à ce que des ennuis de santé ou des soucis financiers les forcent à rejoindre des maisons de retraite ou des centres de soins de longue durée. Reporter ou éviter pareilles décisions est une option pour certains, mais au fur et à mesure que le nombre de personnes âgées augmente, la question de savoir s’il est possible de bien adapter le logement et les quartiers pour répondre aux besoins d’une population vieillissante se pose.
Parmi les environnements bâtis, ceux qui posent le plus problème sont les banlieues construites depuis la Deuxième Guerre mondiale et qui nécessitent une voiture. Les quartiers où les gens doivent prendre leur voiture pour aller travailler, étudier ou faire des courses conviennent à des générations successives de ménages pendant les années où les gens élèvent leurs familles, mais au fur et à mesure que les résidents vieillissent et perdent de la mobilité, nombreux sont ceux qui perdent leur capacité de conduire ou de garder une automobile. Lorsque des équipements comme des supermarchés, des installations médicales ou des centres communautaires sont trop éloignés pour qu’on puisse y aller à pied, les adultes âgés qui ne conduisent plus deviennent moins actifs et risquent de devenir isolés. Les Canadiens vivent plus longtemps qu’avant, mais la plupart d’entre nous perdrons notre capacité de conduire bien avant de mourir. Nous devons trouver des solutions. De ce point de vue, nos banlieues actuelles ne sont pas des endroits où vieillir.
On a pris une mesure positive en 2007 lorsque l’Agence de la santé publique du Canada a lancé l’Initiative des collectivités-amies des aînés, initiative de l’Organisation mondiale de la santé dédiée à promouvoir le vieillissement actif. Depuis, plus de 500 villes au Canada se sont engagées à s’adapter aux aînés. Les travaux de recherche de l’IUC montrent cependant que, en vue de rejoindre efficacement les aînés afin de cerner les besoins et priorités à l’échelle locale, les villes ont réalisé peu de progrès pour rehausser la qualité de l’environnement bâti. Notre enquête sur les 25 plus grandes villes de l’Ontario engagées à s’adapter aux aînés a révélé qu’aucune d’entre elles n’avait encore affirmé son engagement à s’adapter aux aînés dans ses plans d’utilisation des terres.
Je suis néanmoins ravi de signaler qu’on a réalisé des progrès sur le plan des politiques. Le dernier plan de croissance du gouvernement de l’Ontario pour la région élargie du Golden Horseshoe ordonne de façon explicite aux villes de faire de la conception et du développement de zones adaptées aux aînés une priorité municipale. À l’échelon local, la ville de Toronto a récemment accepté d’inclure la conception et le développement de pareilles zones dans son plan officiel lorsqu’elle en fera la mise à jour l’an prochain. Ce type de reconnaissance est une précondition essentielle pour permettre à une municipalité d’amorcer le long processus de modernisation des banlieues dans lesquelles il est nécessaire d’avoir une automobile et de s’assurer de ne rater aucune occasion d’améliorer la qualité de l’environnement bâti lorsque les plans de quartier sont recalibrés dans le cadre du processus de développement.
Nos travaux de recherche ont aussi souligné l’utilité de cerner des pratiques exemplaires en ce qui concerne les quartiers et les développements individuels pouvant faire en sorte qu’une ville soit adaptée aux aînés. Ces endroits peuvent servir à encourager les politiques de planification proactives, à attirer l’attention des promoteurs du secteur privé et, par-dessus tout, à montrer aux consommateurs que des options adaptées aux aînés leur sont offertes.
Enfin, j’aimerais suggérer une façon pour le gouvernement fédéral d’aider. Comme je l’ai fait remarquer, l’Agence de la santé publique du Canada coordonne et promeut déjà les communautés adaptées aux aînés à l’échelle nationale. Si on rétablissait la capacité de la SCHL d’entreprendre des travaux de recherche novateurs dans des secteurs comme celui des développements adaptés aux aînés, ces deux institutions fédérales pourraient ensuite combiner leurs efforts pour collaborer avec les collectivités, les promoteurs et le public. Cela leur permettrait de faire en sorte que, collectivement, nous comprenions plus rapidement le besoin d’avoir des logements et des quartiers adaptés aux aînés à une échelle qui permette de rehausser la qualité de vie des Canadiens qui vieillissent chez eux dans ces quartiers qu’ils connaissent bien.
Merci.
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Bonjour. Merci de m’avoir invitée.
Je m’appelle Susan Westhaver. Je suis bénévole à la Langley Hospice Society. Plus tôt cette année, la Langley Hospice Society m’a demandé de faire part de mon expérience personnelle dans un centre de soins palliatifs lors de la conférence de presse annonçant le financement de sa nouvelle résidence autonome de 15 lits dans notre communauté. Permettez-moi de vous transmettre mon allocution.
Lorsque vous entendez le terme « centre de soins palliatifs », vous pensez à ce lieu où les gens vont mourir. C’est bien cela, mais c’est aussi beaucoup plus que cela. Les soins palliatifs dans un centre sont une expérience non seulement pour le mourant, mais aussi pour la famille et les amis qui continuent de vivre lorsque leur être cher les quitte.
Bob avait un cancer en phase terminale. Le Dr Adamson est venu nous rencontrer à la maison. La conversation a porté en partie sur le lieu où Bob voulait mourir, c'est-à-dire à la maison, dans un hôpital ou dans un centre de soins palliatifs. Nous avions entendu parler des centres de soins palliatifs, mais nous n’en savions presque rien. Le Dr Adamson nous a encouragés à visiter la résidence et à voir ce que Bob en pensait. Nous y sommes allés, même si Bob n’était pas encore prêt à y être admis. Nous nous occupions encore de lui à la maison. Un bénévole nous a fait visiter la résidence de soins palliatifs; par la suite, nous nous sommes réjouis de notre décision d’y emmener Bob le moment venu.
Et ce jour est arrivé après quelques mois très courts. C’était devenu un véritable défi que de prendre soin de Bob à la maison. La médication devenait de plus en plus complexe et notre frustration était souvent à son comble. Bob a été admis dans une chambre à deux lits un vendredi après-midi. Les infirmières et les bénévoles étaient fantastiques et nous ont bien accueillis. Il nous a été très difficile de quitter le centre ce soir-là pour revenir à la maison sans Bob — mais j’ai profité d’une bonne nuit de sommeil pour la première fois depuis longtemps. Et Bob aussi. Les infirmières étaient parvenues à atténuer sa douleur. Nous savions qu’il était entre bonnes mains et que l’on prenait bien soin de lui.
Plus tard, Bob a emménagé dans une chambre individuelle. Notre famille et nos amis pouvaient ainsi aller et venir sans déranger les autres patients. Cette chambre nous a procuré de l’intimité lorsque nous en avions besoin. Elle est devenue notre foyer pendant plus de quatre mois. L’option du centre de soins palliatifs a été le meilleur choix que nous ayons fait dans ces moments difficiles. Ce n’est pas facile d’être un aidant; le transfert des soins médicaux et physiques à des infirmières nous a permis de profiter ensemble de moments de qualité au cours des derniers mois de sa vie. C’était une vraie bénédiction qui nous a permis de boucler la boucle de notre relation.
En raison des soins que Bob et nous avons reçus durant son passage au centre et du soutien que je continuais de recevoir après son départ, ma décision de suivre la formation de la résidence de soins palliatifs pour devenir bénévole a été facile. Je ressens toujours un sentiment de paix lorsque je passe ces portes. Mais, tout autant que j’aime cette résidence et sa chaleur particulière, j’ai hâte de voir une nouvelle résidence où chacun des patients — et ses proches — aura sa propre chambre de même qu’un accès à la cour et aux aires communes. Là, dans un environnement magnifique, les patients bénéficieront des soins attentifs des bénévoles et du personnel, qui les aideront à vivre ensemble cette expérience, ce dernier voyage si personnel et si sacré.
J’avais 56 ans au décès de Bob, ce qui a mis un terme à un chapitre qui aura duré 6 ans et demi, ponctué de radiothérapie, de chimiothérapie, de rémissions, encore de la chimiothérapie, puis des soins palliatifs. Cette expérience était assez difficile pour une personne raisonnablement jeune et en santé. Nos aînés ne peuvent pas comprendre tout le stress qui accompagne l’aide qu’on apporte à un être cher ayant une maladie en phase terminale. Comme je vieillis moi-même et grâce aussi à mon expérience à titre de bénévole qui aide des patients en phase terminale et leurs aidants, je comprends l’importance d’offrir un soutien et de réduire leur stress durant ce difficile périple.
Au centre de soins palliatifs, nous accueillons des jeunes, des moins jeunes et des aînés. Ces personnes partagent toutes un point commun: il leur reste encore une partie de leur vie à vivre. Je mets un point d’honneur à les aider durant ces moments et, je l’espère, d’atténuer une partie de leur stress.
Certaines personnes sont transférées d’un hôpital au centre. Les soins palliatifs sont prodigués à la maison, à l’hôpital ou dans une résidence à des personnes qui ont une maladie en phase terminale, à diverses étapes de leur périple.
Dans un centre de soins palliatifs, les aidants et la famille peuvent demeurer 24 heures sur 24 avec leur être cher. Chaque chambre compte un divan-lit. C’est d’un grand réconfort, souvent pour le conjoint, qui peut ainsi voir les soins donnés à sa femme ou à son mari et se sentir soulagé. La famille peut demeurer au chevet du malade.
Notre salle familiale procure un environnement semblable à celui de la maison, où nous pouvons partager des repas, célébrer des anniversaires, chanter, jouer du piano. Et souvent, nous nous mêlons à des étrangers qui vivent au même moment un épisode semblable et nous pouvons nous soutenir les uns les autres.
La Langley Hospice Society a pour mission de fournir un soutien compatissant afin d’aider les gens à vivre dans la dignité et avec espoir tout en affrontant le chagrin et la fin de la vie. En tant que bénévole au centre, je sais que mourir dans la dignité peut avoir diverses significations selon les personnes. Dans mon rôle de bénévole, j’essaie d’apporter de la dignité à nos patients par des soins personnels, comme écouter l’histoire de leur vie. Nos aînés ont déjà été jeunes et ont de nombreuses histoires à raconter. Leurs histoires font partie du legs qu’ils laissent derrière eux.
Le centre de soins palliatifs n’est pas seulement là pour se préparer à la mort, mais pour faciliter la vie jusqu’au bout. Ces personnes ont des moments à partager, des conseils à donner. Nous devons honorer et respecter leurs voix.
Je peux aider de nombreuses manières: aller chercher le dentier d’un patient pour qu’il puisse sourire sans gêne en présence de ses visiteurs, offrir une tasse de thé aux visiteurs comme le patient l’aurait fait lui-même dans sa propre maison, lui laver les cheveux pour rehausser son estime de soi et, comme les choses se déplacent, veiller à replacer les couvertures pour couvrir les parties de son corps qu’il veut cacher.
J’avais l’habitude de m’asseoir à l’extérieur de la chambre de Bob lorsqu’il dormait d’un sommeil profond, la bouche grande ouverte pour respirer. Je savais qu’il ne voulait pas que les gens le voient à un tel moment. J’estimais ainsi protéger sa dignité.
Lorsque nous devenons aînés, la vie change, et de nouveaux défis apparaissent. Il peut être bouleversant de poursuivre sa vie sans sa tendre moitié, celle avec qui on a vécu sa vie. Les aînés sont même plus vulnérables à la solitude et à l’isolement. La résidence peut procurer un soutien et des soins inestimables à ceux qui vivent la perte d’un être cher. Grâce à de tels programmes et services d’entraide, ils ont l’occasion de partager leurs sentiments en privé ou en groupe avec un conseiller. Les soins se poursuivent. La vie continue. Et honorer cette vie jusqu’au dernier moment est le plus beau don que nous puissions offrir à une personne en fin de vie, tout comme nous le voudrions pour nos proches et nous-mêmes.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Vous nous avez partagé tant de choses. Cela devient difficile à un certain point. Nous vous remercions de votre présence et de vos témoignages. Si vous n'avez pas encore soumis un mémoire, veuillez nous en faire parvenir un avec vos recommandations. Cela nous aidera dans la rédaction de notre rapport en vue de recommander une stratégie nationale pour les aînés.
J'aimerais poser des questions à Mme Westhaver.
Je crois comprendre que vous venez tout juste de revenir d'Europe; vous ressentez probablement un peu les effets du décalage horaire. Merci de votre présence devant le Comité.
Ce qui est unique avec vous... Chacun d'entre vous a une perspective unique, mais vous aviez un proche, soit votre mari Bob, qui est décédé. Vous avez mentionné qu'il a passé les quatre derniers mois de sa vie dans un centre de soins palliatifs. Après son départ, vous avez suivi une formation et vous redonnez maintenant à la collectivité en offrant ce type de soins. Je présume que vous le faites, parce que c'était un réconfort pour vous et que vous offrez maintenant ce réconfort à d'autres.
Pouvez-vous nous parler de la formation? Vous a-t-elle coûté quelque chose? Quelle était sa durée? À quel point est-ce important que d'autres dans la collectivité deviennent des bénévoles tout comme vous?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux remercier tous les témoins de leurs propos fort intéressants. Je voudrais remercier en particulier Mme Westhaver de son témoignage. J'ai bien aimé quand vous avez parlé de l'aspect humain, du sentiment de paix aux soins palliatifs. Cela nous rappelle qu'il y a des humains derrière le travail important que fait le Comité.
Ma question s'adresse à M. Lee. Monsieur Lee, j'ai vraiment été frappé quand vous avez dit que le vieillissement est l'enjeu le plus important pour les pays occidentaux. Je crois que M. Miller a aussi fait écho à ce commentaire.
J'ai en main un article que vous avez écrit en 2016, qui s'intitule: « Ottawa's plunge into deficits needs an exit strategy », et dans lequel vous mentionner:
Le plus grand risque est de retomber par inadvertance dans un gouffre financier dont on ne peut s'extraire.
[Français]
Ma grand-mère disait toujours « qui paie ses dettes s'enrichit ».
[Traduction]
Je suis désolé; j'ai fait vite et j'ai changé de langue, mais c'est ce que ma grand-mère avait l'habitude de dire. Elle ne parlait pas anglais à l'époque, mais c'est ce qu'elle disait.
[Français]
Elle disait « qui paie ses dettes s'enrichit ».
[Traduction]
C'est en quelque sorte ce qu'elle disait.
Voici ma question. Nous sommes dans une période de relative prospérité, mais nous sommes en déficit. Est-ce que ces déficits et la dette que le Canada a déjà menacent notre capacité à faire face à ce que vous avez appelé le tsunami gris? En tant que société, sommes-nous en train de jouer avec l'avenir du pays, et aussi avec notre capacité de pouvoir répondre aux besoins des aînés qui seront bientôt très nombreux au pays?
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Je vous remercie de poser la question.
Ma réponse est très nuancée. Je n'ai jamais, au grand jamais, laissé entendre que le Canada était au bord de la faillite. Je m'exprime ici en tant que personne qui a voyagé dans de nombreux pays partout dans le monde: nous sommes vraiment un des pays les plus riches de la planète Terre, par habitant. Je ne veux pas faire de nuance avec le PIB; je dis bien par habitant. Notre niveau de vie est l'un des plus élevés au monde. En fait, nous sommes essentiellement ex aequo avec l'Allemagne, en passant.
Là où je vois un problème avec le déficit, ce n'est pas aujourd'hui, ce n'est pas demain, ce n'est pas le gouvernement fédéral. Ce sont les provinces. Je pense que dans un avenir rapproché, vous serez appelés à renflouer certaines provinces. Le Nouveau-Brunswick? Ne vous offusquez pas si vous êtes de cette province. Terre-Neuve et Labrador? Le tsunami n'est pas encore là et le DPB a déjà clairement démontré que certaines provinces sont à risque, parce que le fardeau du vieillissement retombera sur leurs épaules de manière disproportionnée et elles ont moins de ressources que le gouvernement fédéral.
Pour terminer la nuance, nous réduisons nos degrés de liberté, car l'argent est en quantité limitée. Autrement dit, aucun gouvernement ne dispose de ressources illimitées, si bien que l'argent qu'on dépense aujourd'hui pour x est de l'argent que nous ne pourrons pas dépenser demain pour y ou z.
Ce que je dis, c'est que nous savons qu'un tsunami gris est à nos portes. Nous le savons. Ce n'est pas une théorie. Ça s'en vient, et on devrait donc économiser nos ressources et ne pas les gaspiller pour des choses qui ne sont pas essentielles. C'est une question de choix.
Andrew Coyne l'a fait valoir de façon brillante. C'est une question de choix, et les budgets sont une question de choix, comme Aaron Wildavsky, le regretté et remarquable doyen de Berkeley, n'a eu de cesse de le répéter. C'est ma critique fondamentale.
Le Canada ne va pas sombrer et le Canada ne va pas faire faillite. Nous réduisons nos degrés de liberté pour l'avenir.
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C'est un compliment, n'est-ce pas? Enfin, cela dépend du président.
J'ai commencé sur une note très légère, mais j'ai le coeur lourd en raison de certaines des difficultés mentionnées dans votre étude sur le besoin d'une stratégie nationale pour les aînés.
Je tiens d'abord à remercier tous les témoins qui sont ici, notamment par téléconférence à partir de Victoria, en Colombie-Britannique, et de Langley, sans oublier, bien entendu, MM. Miller et Lee. Merci d'avoir pris le temps, malgré vos horaires très chargés, de venir nous donner des conseils et des idées.
Je lève mon chapeau à l'Université de la Colombie-Britannique, qui a fait beaucoup de bon travail pour appuyer les aînés. Vous avez le Canadian Centre for Elder Law Studies, qui a collaboré très étroitement avec l'ancien gouvernement.
Ensuite, bien entendu, je suis membre du Club Rotary. Depuis bon nombre d'années, mon club recueille des fonds. Nous avons ouvert le premier centre de soins palliatifs à Richmond. Je connais donc très bien les défis. D'ailleurs, je suis toujours bénévole auprès du centre de soins palliatifs.
En même temps, je remercie M. Miller de nous avoir parlé de l'expérience japonaise. J'ai eu le privilège de faire part de certaines des réussites du Japon, notamment sur le plan de la technologie, pour appuyer ses aînés.
Je m'intéresse aussi au concept de cohabitat. Au Japon, je pense qu'ils ont... Je ne sais pas si on appelle cela une commune, mais il s'agit d'un endroit où vivent ensemble plusieurs aînés atteints de démence à divers stades. Certains d'entre eux sont très lucides et d'autres ne le sont pas. Ils partagent la même unité, et ils ont même un gardien qui est tout à fait apte, mais qui n'est pas beaucoup plus jeune. Voilà le modèle qui est utilisé au Japon.
Par ailleurs, dans ma collectivité, Richmond, il y a des organismes sans but lucratif qui, malgré le coût très élevé des logements, ont pu convaincre la ville de les appuyer en leur accordant un logement. Il y a huit aînés ayant des déficiences de gravité variable, accompagnés d'un gestionnaire. C'est une forme de partage, je crois.
Ce sont toutes d'excellentes idées.
Cela dit, je voudrais profiter de l'occasion pour féliciter l'association CARP d'avoir mentionné un autre aspect humain. Chaque fois qu'il est question des soins prodigués aux aînés, que ce soit chez eux ou dans des établissements officiels, où ils vivent en isolement, il y a un enjeu de taille, et nous n'en avons pas fait assez à cet égard jusqu'ici: je parle des aidants naturels.
Ces aidants sont des soignants non professionnels. Ils ne reçoivent aucune rémunération. Il peut s'agir de très jeunes mères qui s'occupent de leur enfant malade, de professionnels d'âge moyen qui doivent travailler à temps partiel pour s'occuper de leurs parents ou grands-parents, d'un aîné qui prend soin d'un autre aîné, peut-être d'un conjoint ou encore, d'une personne qui prend soin d'un ami n'ayant pas de parenté.
Quand on examine tout le côté humain des soins, qu'il s'agisse de vieillir chez soi ou ailleurs, je crois que la proposition de CARP selon laquelle nous devrions vraiment appuyer les aidants est une question très importante qui me tient à coeur. J'ai pu entendre comment le Royaume-Uni appuie sans réserve les aidants.
J'aimerais demander à quiconque souhaite intervenir de nous dire un mot sur la question de la sollicitude à l'endroit des aidants. Je commencerais par Susan.
Vous rencontrez des aidants dans votre centre de soins palliatifs, n'est-ce pas? Pouvez-vous nous expliquer comment nous pourrions les appuyer également?
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Appuyer les aidants, c'est... On reconnaît que certains aînés passent leurs derniers jours chez eux et, à cet égard, le système de santé doit, d'une certaine façon, être au courant de la situation et fournir un soutien accru aux aidants, mais c'est tout de même un défi. Même si quelqu'un vient donner un coup de main pendant quelques heures tous les jours ou trois fois par semaine, l'aidant est toujours là, 24 heures sur 24, au chevet du malade qui a besoin de beaucoup d'attention et de soins.
Je voudrais simplement que tous gens qui se trouvent dans une telle situation puissent aller dans un centre de soins palliatifs où ils auraient leur propre espace de vie. Ils peuvent y passer la nuit et y rester aussi longtemps qu'il le faut. Cela allège le fardeau de la personne qui essaie de prendre soin de son proche, et elle peut ainsi profiter de moments de qualité avec le malade, sans devoir se préoccuper de questions comme: « As-tu pris tes médicaments? Est-ce que ça va? » La possibilité de passer du temps ensemble et de profiter de cette qualité de vie, à l'approche de la mort, est d'une grande importance, et on ne peut pas vraiment y arriver lorsqu'on subit tout ce stress.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, j'ai vécu cette expérience à 56 ans, ce qui est jeune. Quand certains des aînés sont admis au centre de soins palliatifs, on peut voir l'expression sur le visage de ces pauvres gens. Ils sont si soulagés de pouvoir placer leur mari ou leur femme là-bas parce qu'ils sont presque abattus; ils perdent eux-mêmes leur étincelle de vie à cause de tout ce qu'ils subissent.
Je ne sais pas comment nous pouvons insister davantage sur cet aspect. Il faut simplement fournir un soutien accru aux aidants. Les malades en profiteront immensément parce que la plupart d'entre eux sont rongés par la culpabilité. Ils disent, par exemple: « Oh, je ne voulais pas déranger ma femme, alors je n'ai pas... » Vous savez comment c'est.
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Merci beaucoup. Je vais partager mon temps de parole avec Alice. Elle a d'autres questions à poser.
Monsieur Lee, j'aimerais commencer par vous.
En regardant les projections de croissance pour les 30 prochaines années, nous constatons que la population des aînés va augmenter de 51,3 % à un taux moyen faible. Avant d'avoir ma présente fonction, j'ai travaillé pour un député. Je me souviens avoir eu à téléphoner aux provinces pour leur dire ceci: « Nous avons un problème: les gens ne sont pas capables de se mettre au lit lorsqu'ils sont dans des maisons de repos. » Je me suis fait dire que la projection concernait l'avenir, et que nous n'étions pas du tout rendus là.
Pouvez-vous nous donner une idée de ce qu'est le déficit, si nous cherchons... Quel est l'écart actuel entre notre population et le nombre de lits qu'il nous faudrait pour les soins de santé, les soins palliatifs et les foyers pour personnes âgées?
Avez-vous des données là-dessus, ici, avec vous?
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Je vois ce qui se passe autour de moi. Ma mère a vécu toute seule jusqu'à l'âge de 91 ans et elle est morte dans sa propre maison. C'était le choix qu'elle avait fait. Elle avait choisi de recevoir des soins palliatifs à la maison. Je n'ai pas eu la chance de communiquer avec les intervenants des soins palliatifs. Je ne saurais tarir d'éloges à leur égard. Nous devons les financer mieux que nous le faisons actuellement. Nous devrions être axés sur les soins palliatifs ou, à tout le moins, sur les services de proximité plutôt que sur les hôpitaux gigantesques dont nous avons hérité. C'est quelque chose que je tenais à dire. Sachez cependant que je ne suis pas contre les hôpitaux.
Je crois que nous avons d'excellents médecins, un excellent personnel infirmier, etc. Pour répondre à votre question, je dois vous dire que je ne m'inquiète pas non plus de la question du transport. Personne aujourd'hui n'a parlé des technologies de l'autonomie, mais elles méritent qu'on en parle. À l'heure actuelle, Google et certaines entreprises extrêmement avancées investissent des sommes colossales dans les technologies de l'autonomie. Dans 10 ans, nous ne serons pas en train de parler de cela. Je crois que ce ne sera pas un problème.
Je vais maintenant revenir à votre question. Je vis dans un quartier d'Ottawa où les gens sont plus âgés. Tous les gens qui se promènent dans la rue sont... Je fais probablement partie du segment le plus jeune de la population du quartier. Sur ma rue, il y a des septuagénaires, des octogénaires et même des nonagénaires. Je peux voir les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ils veulent assurément rester à la maison, mais il y a certaines choses qu'ils n'arrivent plus à faire.
Tout à l'heure, en répondant à la députée du Québec, j'ai dit que la question était celle des services que les gens peuvent recevoir à la maison. La majorité de nos aînés ont un logement. Il y en a peut-être qui n'en ont pas, mais je ne les ai pas vus. La difficulté, c'est de réaliser que l'on a de plus en plus de difficulté à se rendre au sous-sol pour faire la lessive à cause de l'escalier abrupt. En hiver, il faut pelleter l'entrée. Et comment arrive-t-on à se déplacer en ville maintenant que la municipalité a cessé d'enlever la neige sur les rues secondaires? À Ottawa, c'est un problème.
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Merci, et merci du travail que vous faites. C'est un travail extrêmement important.
Marika, j'ai deux questions à vous poser. Pour ce qui est de la façon de procéder, je vais présumer que la coopérative d'habitation est l'un des modèles qui pourraient incarner ce que vous proposez, et que la création d'une coopérative d'habitation serait, d'une certaine façon, une version modifiée du modèle dont vous parlez.
Cela fait le lien avec mes questions de tout à l'heure. Les femmes qui, en vieillissant, ont besoin de soins et de logements abordables proviennent souvent de milieux très marginalisés sur le plan économique. Elles ont été victimes de marginalisation et de menaces sur le plan social ou physique. Dans cette optique, elles ont besoin de soins ciblés et particuliers, de soins qui diffèrent de ceux qui seraient prodigués si des hommes étaient présents. En fait, la présence d'hommes risque de miner leur sentiment de sécurité.
Seriez-vous favorable à une exclusion à l'intention des femmes âgées issues de ces milieux, exclusion en vertu de laquelle des communautés particulières pourraient être créées afin de veiller à ce que la situation de ces femmes soit directement prise en compte, par opposition à un fonds de logement plus général pour lequel tous les groupes se font concurrence sur un pied d'égalité?
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C'est une bonne question. Il me faudrait beaucoup plus de temps pour étudier la chose plus en profondeur. Je serais ravie de faire de la recherche à ce sujet.
Cela dit, je crois qu'il existe déjà certains outils qui vont dans ce sens. Par exemple, en Colombie-Britannique, nous venons tout juste de rétablir la commission des droits de la personne. De plus, nous travaillons actuellement à un projet d'envergure locale. Nous tentons d'amasser du financement pour un projet sur la façon dont le zonage et les droits de la personne peuvent être incompatibles. Nous cherchons une façon de nous attaquer à ce problème. Par exemple, les audiences concernant les émissions de permis peuvent être des endroits où s'affichent activement les préjugés à l'égard de certaines personnes. Les fonctionnaires municipaux locaux marchent sur des charbons ardents puisqu'ils veulent encourager la construction alors que certains de leurs voisins affichent ouvertement leurs préjugés à l'endroit des personnes qui vont aller rester dans ces immeubles.
Pour l'instant, je ne peux pas dire qu'il y a une réponse précise à cela. J'aimerais faire un peu plus de travail pour essayer de trouver un cadre approprié, mais en attendant, nous avons les lois et le code des droits de la personne. Nous devons être en mesure de tisser ces deux éléments ensemble, puis de travailler avec les gouvernements locaux en particulier, parce que je pense que c'est surtout là que les choses se passent. Il y a beaucoup d'exemples que je pourrais vous donner à cet égard, notamment sur le travail qui se fait ici, à Victoria, pour sensibiliser les gouvernements locaux et les organismes de quartier aux comportements qui contreviennent aux droits de la personne, et pour les inviter à tenir compte de cela aux termes des processus concernant les émissions de permis et l'utilisation des terres auxquels ils participent.
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Je vous remercie beaucoup.
La semaine dernière, j'ai eu le privilège de tenir deux consultations pour aborder les questions de logement et d'inclusion sociale pour les personnes âgées de ma communauté. Évidemment, la priorité va au logement.
Madame Albert, le modèle que vous proposez aujourd'hui me semble très intéressant. Je vais vérifier si ce modèle existe déjà dans ma circonscription, Ottawa—Vanier. Je ne le sais pas, mais peut-être le savez-vous. Ce modèle pourrait probablement être adapté et établi chez nous.
Par contre, un aspect me préoccupe, et vous pouvez m'aider. Dans notre société, il y a évidemment beaucoup de personnes vulnérables. Il y a des personnes sans abri et des personnes vivant dans la pauvreté. Je me demandais si le modèle que vous proposez, bien qu'il soit du domaine privé, si je comprends bien, pourrait être adapté afin de desservir les personnes vulnérables.
Je me demandais si vous pourriez explorer cette option avec moi.