:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre récent rapport d'audit sur les centres d'appels. Je suis accompagné de M. Jean Goulet et de Mme Joanna Murphy, qui étaient responsables de l'audit.
Dans cet audit, nous avons examiné les centres d'appels d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, d'Anciens Combattants Canada ainsi que d'Emploi et Développement social Canada, dont celui pour l'assurance-emploi et celui pour le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse. Nous avons aussi examiné si le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada avait inclus les centres d'appels dans la stratégie de service du gouvernement du Canada, et si Services partagés Canada avait fourni un soutien à la modernisation des centres d'appels.
Cet audit est important parce que les centres d'appels sont une source clé d'information gouvernementale. Cela vaut particulièrement pour les personnes qui ont une déficience visuelle, qui souffrent d'un handicap intellectuel ou physique, qui n'ont pas d'ordinateur ou d'accès à Internet (ou les capacités d'utiliser ces technologies), ou les personnes vivant en région rurale ou éloignée qui n'ont pas d'accès Internet haute vitesse ou la possibilité de se rendre facilement dans un bureau du gouvernement.
[Français]
Le gouvernement reçoit chaque année des millions d'appels de Canadiennes et de Canadiens qui cherchent à obtenir l'information dont ils ont besoin pour prendre des décisions importantes et pressantes. Par exemple, ces personnes peuvent appeler pour vérifier si elles recevront leurs prestations à temps ou pour connaître l'état d'avancement d'une demande.
Dans l'ensemble, nous avons constaté qu'il fallait du temps et de la persévérance pour avoir accès aux centres d'appel gouvernementaux. En effet, nous avons constaté que la moitié des 16 millions de Canadiens qui avaient voulu joindre un agent n'y étaient pas arrivés. Sept millions d'appelants ont été redirigés vers un système automatisé ou ont été invités à consulter le site Web. Dans certains cas, la communication a été coupée. Par ailleurs, plus de 1 million d'appelants ont renoncé à patienter et ont raccroché.
[Traduction]
Nous avons aussi constaté que les décisions relatives au service ne tenaient pas compte des besoins des appelants. Par exemple, les ministères n'offraient pas aux appelants la possibilité d'être mis en attente ou d'être rappelés dès qu'un agent devenait disponible.
La manière dont les centres d'appels ont établi des normes de service n'était pas pertinente pour les Canadiens, ni transparente ni cohérente. Aucun des centres d'appels que nous avons audités ne disposait de normes de service sur la probabilité que les appelants puissent parler à un agent ou sur l'exactitude des réponses qui leur seraient transmises.
En ce qui concerne Emploi et Développement social Canada, nous avons constaté que lorsque le ministère a communiqué les résultats relatifs à sa norme de service visant à répondre à 80 % des appels en 10 minutes ou moins, il n'a pas tenu compte des appels où les appelants avaient raccroché après avoir été mis en attente. En outre, le ministère a publié des résultats sur le rendement qui étaient fondés sur des données non vérifiées. Sans normes de service, les appelants ne pouvaient pas savoir quel niveau de service ils pouvaient attendre des centres d'appels.
[Français]
Il est peu probable que les choses s'améliorent dans un proche avenir. La Stratégie relative aux services axés sur la clientèle du gouvernement n'inclut pas les centres d'appel, même si plus de 25 % des Canadiens utilisent le téléphone pour communiquer avec le gouvernement.
De plus, cinq ans après le début d'un projet de modernisation des centres d'appel, Services partagés Canada n'avait réussi à moderniser que 8 des 221 centres d'appel et n'avait aucun plan pour les 213 autres. Nous avons formulé cinq recommandations dont deux étaient destinées à Emploi et Développement social Canada. Toutes les organisations ont accepté l'ensemble de ces recommandations et nous ont présenté leur plan d'action.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre exposé de ce matin.
Je pense que tous les députés, et moi certainement en tout cas, dans la circonscription que je représente, Saint John—Rothesay, sommes submergés par le nombre de gens qui viennent nous voir parce qu'ils sont frustrés par le système et les centres. Je ne pense pas que ce soit une affirmation partisane. Je pense que tous, peu importe leur parti, ont le même problème. Mon adjointe de circonscription, Jeannette Arsenault, fait un excellent travail. Nous avons justement parlé de cette question ce matin. Deux autres personnes sont venues dire ce matin qu'elles appellent, qu'elles n'obtiennent pas de réponses, qu'on les met en attente, que personne ne les rappelle, et c'est ainsi encore et encore.
Cela dit, j'ai une excellente relation avec les employés du centre d'appels de Saint John, par exemple. C'est un centre d'appels de l'ARC. Je parle régulièrement aux employés qui y travaillent. Ils sont membres de l'Alliance de la fonction publique du Canada ou du Syndicat des employé(e)s de l'impôt, et ce sont des personnes compétentes. Ils sont frustrés. Ils se rendent au travail tous les jours et ils souhaitent faire mieux. Nous voulons tous que les choses s'améliorent.
Les changements de culture ne se produisent pas du jour au lendemain; ils se déroulent sur une certaine période. Les changements de culture peuvent se produire pour de nombreuses raisons, mais l'une d'elles est un manque général de soutien, de financement, etc. Il est très clair que ce qui se passe avec les centres d'appels ne s'est pas produit du jour au lendemain. La situation a évolué au fil des différentes administrations.
Nous avons votre rapport entre les mains, mais pouvez-vous nous faire part de vos réflexions sur ce qu'il faudra faire pour corriger la situation? C'est une chose de dire qu'il y a sous-financement, mais je pense que le problème est plus vaste. Je pense que vous pouvez parler de financement, mais aussi de la façon de corriger le problème, selon vous, et du temps nécessaire. Que faudra-t-il pour changer cette culture? Quelqu'un peut-il nous en dire plus à ce sujet?
:
Je vous remercie beaucoup de l'invitation à comparaître devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Merci beaucoup de nous avoir invités à vous parler de cet important chapitre du vérificateur général sur les centres d’appels et les services que nous offrons aux Canadiens.
[Français]
J'aimerais souligner la présence de mon collègue M. Groen, sous-ministre adjoint responsable des Services de versement des prestations.
[Traduction]
Avant d'aborder la réponse de Service Canada aux recommandations du vérificateur général, je vais prendre une minute ou deux pour parler de Service Canada et de ce que nous faisons.
Pour nombre de Canadiens, Service Canada est le visage du gouvernement fédéral. Il offre des programmes et des services essentiels tels que l'assurance-emploi, la Sécurité de la vieillesse et le Régime de pensions du Canada, ainsi que les numéros d'assurance sociale et les passeports.
Par exemple, l’an dernier, nous avons reçu environ 2,8 millions de demandes d’assurance-emploi, dont 99 % en ligne. Nous avons accueilli plus de huit millions de personnes dans nos centres de Service Canada ou nos sites de services externes. Nous avons répondu à plus d’un million et demi d’appels sur la ligne 1-800-O-Canada, et nous avons reçu un nombre ahurissant de visites sur le site Web Canada.ca, soit plus de 539 millions.
[Français]
Nous recevons également plus de 30 millions d'appels par année à nos centres d'appels de l'assurance-emploi, de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, comme vous le savez, le rapport du vérificateur général sur les centres d’appels fait état de cinq recommandations, dont deux étaient adressées à notre organisation, comme il en a été question lors de vos discussions précédentes.
La première indique que nous devrions revoir notre façon de gérer les appels entrants afin d'améliorer l'accès aux agents, et ajoute que nous devrions envisager d'autres pratiques, notamment celle d'offrir des options aux appelants: attendre en ligne, utiliser les options de libre-service ou demander au centre d'appels de les rappeler.
[Français]
La deuxième recommandation stipule que les ministères, dont le nôtre, devraient établir des normes de service pertinentes pour les clients dans les centres d'appels, et que nous devrions tenir compte des commentaires des clients, conformément à la Ligne directrice sur les normes de service du Secrétariat du Conseil du Trésor, et que nous devrions également publier ces normes ainsi que le rendement de nos centres d'appels d'une manière transparente et uniforme, et valider ces données pour en assurer l'exactitude.
[Traduction]
Passons maintenant à la première recommandation sur l’amélioration de l’accès aux agents. Deux obstacles nuisent à notre rendement, et je crois que vous en avez parlé dans vos échanges précédents.
Le premier tient à ce que la technologie est désuète. La technologie en place limite tout simplement le nombre d’appelants que nous pouvons placer dans une file d’attente. À cause de cela, les appelants sont renvoyés sur notre système de réponse vocal interactif, particulièrement pendant les heures de pointe. De plus, cette technologie ne nous permet pas de transférer les appels d'un centre à un autre pour répartir la charge.
Nous avons obtenu du financement dans les budgets de 2017 et de 2019, ce qui a permis d'affecter 27,3 millions de dollars afin de procurer aux centres d'appels d'EDSC un système téléphonique moderne. Grâce à cela, nous sommes en bonne voie de résoudre ce problème et sommes en train de migrer vers la nouvelle plateforme de centre d'appels acquise par nos collègues de Services partagés Canada.
[Français]
La nouvelle plateforme est appelée « Solution hébergée des centres de contact » et peut fournir les services modernes axés sur les clients auxquels les Canadiens s'attendent.
Au cours des deux dernières années, nous avons travaillé en étroite collaboration avec Services partagés Canada et les Canadiens à la conception, à la construction et aux essais de la nouvelle technologie.
[Traduction]
Je précise qu’en plus d’un centre d’appels interne pour le personnel... Nous avons commencé par un centre d’appels interne. Nous sommes ensuite passés avec succès, en octobre 2018, à un centre d'appels externe s'adressant aux employeurs, et nous sommes très heureux d'annoncer que nous venons tout juste de migrer avec succès notre centre d’appels du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse, le 11 mai.
Le Centre de services aux employeurs présente un taux d'accessibilité aux agents de 100 % depuis le début de janvier. Cela signifie que tous les appelants peuvent maintenant accéder à une file d'attente pour parler à nos agents.
Nous avons commencé par un plus petit centre avant d'ouvrir celui sur les pensions afin de pouvoir tirer parti des leçons apprises de la première expérience de ce centre d'appels et de les appliquer au basculement vers le centre d'appels du Régime de pensions du Canada et de la Sécurité de la vieillesse qui, et je suis vraiment heureux de le dire, présente un taux d'accessibilité de 100 % depuis sa mise en œuvre, le 11 mai.
[Français]
Notre centre d'appels de l'assurance-emploi sera le prochain. D'importants travaux sont en cours pour planifier cette migration, maintenant prévue pour l'automne 2019.
[Traduction]
Le second obstacle auquel nous sommes confrontés est l'écart important entre le nombre d'appels, surtout en période de pointe, et le financement des agents disponibles pour répondre à ces appels. Les budgets de 2016 et de 2018 prévoyaient 200 millions de dollars sur cinq ans pour augmenter le nombre d'agents dans les centres d'appels de l'assurance-emploi. En conséquence, nous avons pu chaque année augmenter notre taux d'accessibilité aux agents.
En 2015-2016, l’accessibilité aux agents des centres d’appels de l’assurance-emploi était de 31 %. En 2016-2017, à la suite du financement alloué dans le budget de 2016 pour embaucher de nouveaux agents, ce taux est passé à 43 %. En 2017-2018, il a augmenté à 61 % et pour l'année passée, 2018-2019, nous en sommes à 66 %.
Nous prenons bien sûr au sérieux notre responsabilité de fournir aux Canadiens le meilleur accès possible à cet important service dans les limites des ressources disponibles.
Je tiens à souligner que cette plus grande accessibilité a permis à nos agents de répondre à plus d'appels concernant l'assurance-emploi, soit 4,6 millions d'appels par année plutôt que 3,4 millions. Cela nous a également permis — et c’est très important, à mon avis — de réduire le temps d’attente pour parler à un agent de 14 à 7 minutes en moyenne.
[Français]
Bien que ces améliorations soient importantes et que nos temps d'attente moyens soient bien plus bas que notre norme de service de 10 minutes, il est clair que nous n'avons pas encore atteint notre objectif de répondre à 80 % des appels à l'intérieur de 10 minutes.
Concernant la deuxième recommandation du vérificateur général, j'aimerais parler des efforts que nous faisons pour donner suite à la recommandation sur la pertinence de nos normes de service et pour répondre aux attentes des clients, les Canadiens. Par exemple, nous avons entamé plusieurs sondages auprès des clients pour recueillir leurs commentaires. Dans l'ensemble, la rétroaction a été assez positive, la majorité des clients estimant qu'un temps d'attente de 10 minutes était raisonnable, ce qui m'a surpris.
[Traduction]
De plus, notre récent sondage sur l’expérience client en 2017-2018 a révélé que 82 % des répondants étaient satisfaits ou très satisfaits de la qualité globale des services rendus par nos centres d’appels spécialisés.
Nous sommes en train d’examiner les résultats — très préliminaires — de notre plus récent sondage sur l’expérience client, un outil qui nous permettra de continuer à suivre le rendement de nos centres d’appels et, bien sûr, de recueillir de précieux commentaires sur notre rendement.
Je signale que toutes ces recherches et tous ces résultats sont accessibles au public par l’entremise de Bibliothèque et Archives Canada.
Pour ce qui est de la vérification des résultats et de nos données, nous avons une grande confiance dans l’exactitude des résultats atteints, étant donné que la technologie que nous utilisons — et je parle maintenant de la technologie en place, celle qui est désuète — permet d'effectuer un suivi. Quand la question de l’exactitude des données a été soulevée, nous avons examiné la période que le vérificateur général avait identifiée, soit de juin 2018 à janvier 2019. Il s’agissait de plus de 7,9 millions d’appels, et notre examen a confirmé que les résultats que nous avons déclarés étaient tout à fait exacts, dans une marge de plus ou moins 0,05 %.
À l’avenir, nous continuerons bien sûr d’améliorer la publication des normes de service et le rendement de nos centres d’appels en augmentant la fréquence de nos rapports.
[Français]
En outre, le ministère continuera d'établir des normes de service pertinentes pour ses clients. Nous travaillons en étroite collaboration avec le Secrétariat du Conseil du Trésor pour nous assurer que nous nous conformons à la politique actuelle.
Nous continuerons de surveiller le rendement des centres d'appels pour nous assurer qu'ils répondent aux besoins des Canadiens. Cela fait partie intégrante de notre engagement à servir les Canadiens, que ce soit par téléphone, en personne ou en ligne.
[Traduction]
Monsieur le président, nous serons maintenant heureux de répondre à vos questions sur le chapitre du rapport du vérificateur général qui concerne les centres d’appels.
:
Monsieur le président, c'est avec plaisir que je répondrai à la question.
Dans mes commentaires au début de la réunion, j'ai mentionné nos deux défis principaux qui touchent notre capacité de prendre les appels, surtout dans les périodes de pointe. C'est un élément clé de notre défi.
D'abord, notre technologie est désuète. Elle ne nous permettait pas de mettre en place plusieurs des options d'amélioration notées dans le rapport du vérificateur général, par exemple la capacité de laisser un message et de demander d'être rappelé. La nouvelle technologie que nous sommes en train d'implanter nous offrira, disons-le franchement, une gamme d'options dont nous ne disposions pas dans le passé. Donc, c'est le premier élément.
Le deuxième élément, c'est justement la disponibilité des agents pour répondre pendant les périodes de pointe — je le souligne encore. Prenons comme exemple le programme d'assurance-emploi. Nous avons deux pics de travail. Le Canada est un pays avec des saisons. L'hiver nous donne beaucoup de boulot pour le programme d'assurance-emploi. Un deuxième petit pic survient à l'été lorsque les écoles ferment.
J'ai parlé du temps d'attente moyen de nos centres d'appels. Pour vous donner une idée de l'ampleur du problème, prenons l'assurance-emploi. Dans les périodes de pointe, le temps d'attente moyen est de l'ordre de 12 minutes, mais dans les mois les moins occupés, il est de l'ordre de quatre minutes. Quand le volume augmente, ce n'est même pas une question de couper la communication.
En résumé, la quantité de lignes était fixe et les options technologiques possibles étaient extrêmement limitées. En outre, comme je l'ai expliqué, il y avait aussi le nombre d'agents disponibles dans les périodes de pointe.
Merci, monsieur le président.