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Bonjour à tous. Je suis heureux de voir que tout le monde est là. Nous allons commencer un peu d'avance, parce que nous risquons d'être interrompus par les votes. Il semble que les cloches sonneront à partir de 17 h 15.
Aujourd'hui, conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous étudions la promotion de l'intégration et de la qualité de vie des aînés canadiens. J'ai très hâte d'entreprendre cette étude.
Nous recevons aujourd'hui Tammy Schirle, professeure au département d'économie de l'Université Wilfrid Laurier, qui témoigne à titre personnel et se joint à nous à partir de Guelph, en Ontario.
Bonjour. Je suis né à Guelph; je suis donc très heureux de vous recevoir.
Nous recevons également Wanda Morris, qui est vice-présidente de la défense des droits pour l'Association canadienne des personnes retraitées. Elle se joint à nous par vidéoconférence à partir de Surrey, en Colombie-Britannique.
Nous recevons en personne Richard Shillington, qui est conseiller pour le Conseil sur le vieillissement d'Ottawa.
Nous recevons également Yvonne Ziomecki, vice-présidente exécutive de HomEquity Bank.
Enfin, nous recevons Lola-Dawn Fennell, la directrice exécutive du Prince George Council of Seniors.
Nous vous remercions de votre présence ici aujourd'hui.
Nous avons un groupe de témoins imposant; nous allons donc plonger tout de suite. Les témoins feront une déclaration préliminaire d'environ sept minutes. Lorsque tout le monde aura pu parler, nous allons entreprendre les séries de questions.
Nous allons commencer par le témoin de ma ville natale... Guelph, en Ontario.
Vous êtes notre première intervenante Tammy. Vous disposez de sept minutes. Allez-y.
J'ai promis à vos interprètes que je ne parlerais pas trop vite. Si c'est le cas, faites-moi signe.
Je suis économiste du travail de profession. Pour ceux qui ne me connaissent pas, une grande partie de mon travail porte sur la pauvreté et les inégalités, et j'aime travailler à l'élaboration des politiques sur la retraite et l'égalité entre les sexes. Cela vous donne une idée de mon profil.
Aujourd'hui, j'aimerais parler des façons dont nous pouvons repenser notre système de sécurité du revenu afin de mieux aider les aînés les plus vulnérables tout en maintenant — et en améliorant — le soutien offert à un large éventail d'aînés.
Notre système de sécurité du revenu pour les aînés a été élaboré en grande partie à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Au coeur de ce système se trouvaient le Régime de pensions du Canada, la pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti, dont l'âge d'admissibilité a été réduit à 65 ans en 1967.
Un ensemble disparate de programmes et de dépenses fiscales offrent une aide supplémentaire à certains groupes d'aînés. Par exemple, l'allocation et l'allocation de survivant aident les veuves et les aînés mariés dès l'âge de 60 ans. Un crédit d'impôt en raison de l'âge, qui est non remboursable, réduit les obligations fiscales des personnes âgées de plus de 65 ans dont le revenu est modeste. Les retenues d'impôt pour le montant de revenu de pension et le fractionnement du revenu de pension aident les personnes admissibles, surtout celles qui sont mariées et qui ont un revenu élevé. De plus, les divers programmes provinciaux s'ajoutent au revenu et aident les aînés à assumer les coûts de la vie. En Ontario, on compte notamment le Régime de revenu annuel garanti, qui offre un petit supplément de revenu, le crédit d'impôt pour le transport en commun et le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire.
De plus, le taux de pauvreté parmi les aînés est assez bas, et le Canada n'a rien à envier aux autres pays de l'OCDE. Malheureusement, nous n'avons pas de bons outils pour mesurer la pauvreté chez les aînés au Canada et je recommande au Comité de songer aux avantages de consacrer des ressources à l'amélioration des outils. Les mesures existantes nous permettent de constater que les aînés célibataires affichent les plus hauts taux de pauvreté au pays. En 1976, le taux de pauvreté chez les femmes aînées seules était de 68 %. En 2015, ce taux est passé à 13 %. Toutefois, le taux de pauvreté des femmes qui font partie des « familles économiques » — qui sont en grande partie mariées — est de 1 % seulement. Où sont les lacunes?
Tout d'abord, la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti permettent de ramener le revenu des couples mariés plus près du seuil de la pauvreté. En fait, l'élargissement du SRG en 2006 et en 2007 a ramené les couples mariés au seuil de faible revenu après impôt. Le SRG n'en fait pas autant pour les personnes qui ne sont pas mariées, dont les prestations maximales sont de 4 000 à 5 000 $ sous le seuil de la pauvreté. L'augmentation du SRG pour les personnes célibataires en 2016 a amélioré la situation, mais ne suffit pas.
De plus, nous avons laissé tomber les aînés célibataires âgés de 60 à 64 ans. Si une personne est divorcée ou n'est tout simplement pas mariée, elle n'est pas admissible aux prestations offertes aux aînés mariés ou veufs du même groupe d'âge qui ont un faible revenu. Cela reflète les attentes relatives à la structure familiale et au travail qui prévalaient à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Je ne sais pas pourquoi cette pénalité pour les personnes divorcées est toujours en place.
Je crois qu'on aurait avantage à procéder à un examen et à une réforme majeurs du système de sécurité du revenu. Nous devons mettre à jour nos attentes à l'égard des rôles des hommes et des femmes au sein des familles, à titre de soutiens de famille, de dispensateurs de soins ou même à titre d'époux, et placer l'égalité entre les sexes au premier plan. Nous devons repenser les priorités des Canadiens afin de soutenir les populations vulnérables plutôt que des groupes démographiques entiers. Nous devons tenir compte de la nature changeante du travail chez les personnes âgées.
Par exemple, le paramètre clé de l'admissibilité aux programmes — être âgé de 65 ans — n'a pas changé depuis 1967. De nombreux aînés peuvent travailler plus longtemps qu'avant, puisqu'ils sont en meilleure santé et ont une espérance de vie plus élevée. Selon nos recherches, si nos habitudes de travail suivaient la courbe de l'espérance de vie, les hommes pourraient travailler en moyenne cinq années de plus. Toutefois, nos recherches montrent également d'importantes différences parmi la population en ce qui a trait à la capacité de travailler à un âge plus avancé. Je suis inquiète de voir un rehaussement universel de l'âge d'admissibilité nuire aux aînés les plus vulnérables.
Nous pourrions songer à regrouper la panoplie de prestations et de dépenses fiscales afin de rationaliser le système de sécurité du revenu. Il serait donc plus transparent et responsable, et offrirait des prestations directes plutôt que des dépenses fiscales.
J'utiliserais nos ressources pour mieux cibler les populations vulnérables. De plus, je mettrais sur pied un programme axé sur les mesures d'incitation au travail pour les aînés ce qui, pour les économistes, signifie de songer aux taux effectifs marginaux d'imposition.
Dans quels domaines les mesures d'incitation au travail sont-elles importantes?
Pensons d'abord au Supplément de revenu garanti. Bien que nombre des aînés qui reçoivent des prestations de SRG ne soient pas en mesure de travailler à temps plein, ils peuvent peut-être travailler une partie de l'année ou à temps partiel. Depuis 2008, nous exemptons un maximum de 3 500 $ de revenus d'emploi et nous permettons une exemption générale de 2 000 $ pour les aînés à faible revenu. Toutefois, pour les revenus qui dépassent ces exemptions, on réduit les prestations de SRG de 75 ¢ pour chaque dollar gagné. Pour les revenus plus élevés, le taux de récupération est de 50 ¢ pour chaque dollar gagné.
Ce taux d'imposition élevé pour les aînés à faible revenu, en plus de la récupération associée aux programmes provinciaux ou municipaux, rend le travail peu gratifiant. À titre de solution, nous pourrions utiliser nombre des ressources que nous consacrons présentement aux aînés à faible et à moyen revenu pour créer un programme tout aussi généreux, associé à des taux de récupération moins élevés, de sorte que les aînés vulnérables qui travaillent puissent aller de l'avant.
Ensuite, je proposerais de nous détacher de l'âge de 65 ans à titre de point central. Par exemple, j'aimerais qu'on tente l'expérience — c'est la chercheuse en moi qui parle — de maintenir la structure actuelle des prestations du RPC en tous points, mais d'utiliser l'âge de 70 ans à titre de point central du calcul des prestations, plutôt que l'âge de 65 ans. Si nous offrions du même coup plus de possibilités pour retarder la participation à la Sécurité de la vieillesse, je crois que nous pourrions voir disparaître les départs massifs à la retraite à 65 ans.
Nous pouvons prendre de nombreuses mesures afin de mieux aider et soutenir les aînés qui ont besoin d'aide par l'entremise de notre système d'imposition et de prestations. Le principal message que je souhaite transmettre au Comité, c'est qu'il vaudrait la peine de repenser la façon dont fonctionne ce système.
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous et je répondrai avec plaisir aux questions du Comité.
Je vais vous parler brièvement de l'Association canadienne des individus retraités ou CARP. Notre organisation compte 300 000 membres, qui se trouvent principalement en Ontario, mais aussi en Colombie-Britannique, en Alberta et en Nouvelle-Écosse.
Je tiens aussi à dire que nous serons à Ottawa le 25 octobre et que j'espère avoir la chance de vous rencontrer en personne.
Je vais d'abord parler des questions liées au revenu. Puis, si le temps le permet, je vous ferai part de mon point de vue sur d'autres sujets.
En ce qui a trait à la façon dont le gouvernement peut améliorer la sécurité du revenu des aînés vulnérables, le plus grand défi consiste à améliorer l'accès au logement abordable. Ce que nous savons, c'est que nombre des aînés sont vulnérables parce que leur logement leur coûte si cher qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter des aliments nutritifs ni de payer leurs transports et leurs soins médicaux.
Les aînés sont touchés directement et indirectement. Nombre d'entre eux ont aidé leurs enfants et petits-enfants adultes à acheter leur maison, ce qui a des conséquences négatives importantes sur la sécurité de leur retraite, en raison de l'augmentation du prix des maisons.
Comme l'a fait valoir ma collègue, la pauvreté chez les aînés touche surtout les femmes. En 2013, le revenu médian des femmes aînées était de 21 900 $, tandis qu'il était de 32 300 $ pour les hommes. Il faut prendre les mesures nécessaires pour corriger la situation.
Nous pourrions d'abord trouver une façon de mieux soutenir les dispensateurs de soins, qui fournissent chaque année 26 milliards de dollars en soins non officiels et non rémunérés. Le RPC prévoit un congé pour les personnes qui élèvent les enfants, qui sont principalement des femmes. Nous aimerions que cette disposition vise aussi les dispensateurs de soins, mais comme nous savons qu'une telle mesure serait subventionnée par les autres cotisants au RPC et qu'il s'agirait d'une mesure fiscale régressive, nous aimerions voir quelque chose de plus novateur, comme le financement de ces cotisations au RPC par le gouvernement.
Nous aimerions aussi voir plus de programmes pour les dispensateurs de soins, comme des centres de soins de répit et des centres de soins de jour pour adultes, de sorte que les dispensateurs de soins n'aient pas à choisir entre le travail et la prestation de soins à domicile.
Nous devons accroître radicalement l'adhésion aux divers programmes offerts. Selon les estimations, de 100 000 à 150 000 Canadiens admissibles au Supplément de revenu garanti n'en font pas la demande. C'est inacceptable. Il faut une adhésion automatique.
Par exemple, au Royaume-Uni, la plupart des citoyens ne produisent pas de déclaration de revenus; le gouvernement le fait automatiquement en leur nom. Je crois que c'est une avenue qu'il faudrait explorer, surtout pour les personnes dont le salaire est le moins élevé et les aînés dont le revenu est le plus faible. Il faut veiller à ce que toutes les personnes qui produisent une déclaration de revenus reçoivent le SRG si elles y sont admissibles et n'aient pas à remplir d'autres formulaires à cet égard.
J'ai entendu dire que certains obstacles empêchaient les gens d'obtenir le SRG. Il faut renverser la situation et faciliter le plus possible l'accès à cette forme de soutien. Nous devons travailler avec les organismes locaux qui ont déjà gagné la confiance des aînés les plus vulnérables et leur permettre d'aider les aînés à obtenir les prestations auxquelles ils ont droit.
Il faut aussi reconnaître que l'Internet n'est pas la panacée des personnes âgées. En 2013, l'Enquête sociale générale a révélé que, parmi les aînés, seulement 54 % des femmes 59 % des hommes avaient utilisé l'Internet au cours des 12 derniers mois. Je suis certaine que ces chiffres sont plus élevés aujourd'hui, mais il y a tout de même une importante cohorte d'aînés — les plus âgés ceux dont le revenu est le plus faible — qui n'ont pas accès à l'Internet.
Il nous faut modifier nos programmes de soutien du revenu afin de mieux aider les aînés à faible revenu et d'encourager les Canadiens âgés à continuer de travailler. Nous devons revoir notre politique de retrait du FERR de manière à ne pas inciter les personnes à retirer trop d'argent et ainsi leur éviter d'en manquer.
CARP recommande d'adopter des mesures d'amnistie relatives au retrait du FERR pour les aînés dont le revenu est le plus faible. En raison d'un manque de littératie financière, de nombreuses personnes ont contribué à un REER alors qu'il n'était pas dans leur intérêt de le faire — lorsqu'elles étaient des salariées à faible revenu —, en tirent peu davantage et sont visées par les récupérations du SRG lorsqu'elles retirent leur argent.
Nous devons modifier la structure du RPC afin d'encourager les gens à travailler jusqu'à 70 ans et plus. Nous devons faire de même pour la Sécurité de la vieillesse.
Il y a un certain nombre de régimes de pension des sociétés qui empêchent les gens de continuer de faire fructifier leur argent lorsqu'ils cotisent après l'âge de 65 ans. Nous devons essayer de changer cela. Pour certaines personnes, à moins que vous retiriez vos cotisations au RPC à 65 ans, si vous avez cotisé pleinement, il n'y a pas d'avantage à continuer de cotiser après cet âge-là. Nous devons nous assurer que ce soit équitable.
Je suis d'accord avec mon collègue pour rendre les crédits d'impôt non remboursables. Par exemple, les crédits d'impôt pour aidants naturels doivent être accordés aux personnes les plus vulnérables, à ceux qui ont les revenus les plus faibles, à ceux qui ne paient déjà pas d'impôt. Nous devons régler la question de la récupération du Supplément de revenu garanti.
Nous devons prendre des mesures pour protéger ceux qui ont déjà fait des démarches pour protéger leur retraite. CARP mène actuellement une campagne pour protéger les pensionnés des sociétés, et c'est ce dont nous discuterons le 25 octobre.
Nous appuyons sans réserve les gouvernements provinciaux dans leurs démarches pour mettre en oeuvre une norme relative au meilleur intérêt, interdire les frais intégrés et harmoniser les règlements pour que les investisseurs soient protégés et que nous ne payons pas les amendes parmi les plus élevées au monde.
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Je vais faire mes dernières remarques.
Nous devons échanger des renseignements fiscaux avec les différents ordres de gouvernement. En Ontario, par exemple, pour déterminer qui reçoit des quotes-parts réduites sur les médicaments provinciaux, la seule information dont dispose la province se rapporte aux personnes qui sont admissibles au SRG, si bien qu'elles ont artificiellement une faible réduction. Pour mieux communiquer ces renseignements, nous devons coordonner des programmes d'aide parmi les différents ordres de gouvernement, fédéral et provinciaux. De nombreuses personnes ne sont pas au courant du SRG, mais il en va de même pour les prestations provinciales auxquelles elles peuvent avoir accès — par exemple, les coûts de réduction énergétique.
Enfin, en ce qui concerne le logement, les municipalités pourraient mettre en place des taxes foncières progressives à un taux plus élevé pour les maisons plus dispendieuses, mais compenser avec le revenu gagné. Ainsi, on dissuade les gens d'investir et les maisons demeurent vacantes. Pour ce faire, cependant, il faudrait une coordination entre les gouvernements.
Je vais m'arrêter ici, mais à la période des questions, je me ferai un plaisir de répondre à la première ou à la troisième question, si j'en ai le temps.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de discuter d'un sujet aussi important et pertinent.
Je suis ici au nom du Conseil sur le vieillissement d'Ottawa. Je fais partie d'un groupe constitué d'experts en matière de sécurité du revenu, d'anciens sous-ministres adjoints et de l'ancien actuaire en chef du RPC qui émet des avis au Conseil.
Notre comité d'experts a préparé récemment un rapport qui révèle que le ratio de dépendance, le ratio de personnes âgées par rapport à la population en âge de travailler, surestime les défis physiques associés au vieillissement. Le Conseil a des comités qui se penchent sur des questions comme le logement, l'isolement et les aînés vulnérables. Si vous avez des questions sur ces sujets, vous pouvez les remettre à la greffière, qui pourra les faire parvenir au Conseil. Mon domaine de spécialité est plus la sécurité du revenu que le logement et la vulnérabilité.
J'ai commencé à me concentrer sur le SRG en 2001, lorsque j'ai réussi à informer les médias que 300 000 aînés au Canada qui étaient admissibles au SRG ne le recevaient pas et que RHDCC savait qui ils étaient. Cette situation s'est énormément améliorée, mais il y a encore grandement place à l'amélioration.
J'ai récemment publié deux documents sur les aînés, que la greffière connaîtra bien. L'un a été corédigé avec Bob Baldwin et portait sur le manque d'analyses politiques associées aux récentes bonifications du RPC. J'ai également rédigé un rapport sur la situation économique des aînés et leur revenu à la retraite qui a été publié il y a quelques jours.
J'aimerais attirer votre attention sur le graphique de Statistique Canada que j'ai distribué au Comité. J'ai été stupéfait lorsque j'en ai pris connaissance. Je suis un mathématicien de formation. On peut voir que le taux de pauvreté, de façon générale, a très peu changé, sauf pour les personnes âgées de 65 à 85 ans, où la proportion de personnes pauvres semble avoir augmenté d'à peu près 50 %. C'est énorme.
Le revenu des aînés à faible revenu, de ceux qui ne touchent pas de pension, est complètement fixé par les lois fédérales. Ces gens n'ont habituellement pas de régimes de pension. Ils n'ont pas d'économies importantes. Leur revenu est la Sécurité de la vieillesse fixée par les lois fédérales, le Supplément de revenu garanti fixé par les lois fédérales et le Régime de pensions du Canada fixé par les lois provinciales et fédérales.
Le revenu moyen d'une personne âgée seule qui n'a pas de régime de pension est de 18 000 ou 19 000 $. Nous pouvons discuter pour déterminer si ces gens sont pauvres ou non, selon les seuils de pauvreté que vous voulez choisir. Ce n'est pas beaucoup d'argent. Ce n'est certainement pas beaucoup d'argent si l'on vit à Ottawa, à Vancouver ou à Toronto. On se dit essentiellement, « Comment vais-je survivre? ».
Je vais parler de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti.
La Sécurité de la vieillesse est indexée au prix, à l'IPC. Il en est ainsi depuis sa création. Sauf pour l'indexation des prix, aucun changement n'a été apporté à la Sécurité de la vieillesse depuis sa création; elle a le même pouvoir d'achat depuis 50 ans. Au fil des ans, la SV a bien entendu une valeur régressive en tant que remplacement du revenu ou mesure de lutte contre la pauvreté.
Le dernier gouvernement a annoncé qu'il allait reporter le versement de la SV de deux ans. Il a annulé cette mesure et la SV sera versée à 65 ans. Je suis en fait favorable à l'idée de reporter le versement de la SV à 67 ans, ou même plus tard, tant qu'on laisse le SRG tel quel. Nous pourrions aussi discuter de verser le SRG à l'âge de 60 ans. On pourrait alors reporter le versement de la SV pour la majorité des aînés mais maintenir en place des protections du revenu pour les aînés qui sont vulnérables sur le plan du revenu.
Nous versons actuellement la SV et le SRG à certains aînés — ceux qui sont mariés à une personne de plus de 65 ans ou qui sont veufs ou veuves. Il y a donc un précédent. Nous utilisons actuellement le SRG pour remplacer les paiements manquants de la SV à ceux qui ne reçoivent pas la pleine pension de la SV. Nous le faisons pour les immigrants. Nous pourrions modifier ces programmes, et il y a des précédents à cet égard.
Le Supplément de revenu garanti est l'un de ces programmes qui vous aident à garder la tête hors de l'eau. Le SRG vous verse de l'argent pour augmenter votre revenu puis récupère des sommes sur le revenu que vous touchez.
Le programme est extrêmement complexe. Je mets au défi quiconque peut décrire en une simple déclaration l'admissibilité à ce programme de façon exacte. Vous lirez que si votre revenu est inférieur à 15 000 $, vous êtes admissible; ce n'est pas vrai si vous êtes un immigrant. Ce montant de 15 000 $ exclut la SV, et ce n'est pas tout le monde qui le sait.
C'est différent si vous touchez un salaire. Les salaires et les emplois rémunérés ne sont pas traités de la même façon que le travail autonome. Si vous avez un revenu tiré de dividendes, c'est différent. Si vous avez un revenu provenant de gains en capital, c'est différent.
Environ le tiers des aînés reçoivent le SRG. Environ les deux tiers des aînés qui n'ont pas de régime de pension obtiennent le SRG. C'est un programme très important, et nous avons encore de nombreux aînés qui ne reçoivent pas les prestations auxquelles ils ont droit, en grande partie en raison de la complexité du système.
Nous savons maintenant que les aînés qui bénéficient du SRG sont assujettis à un taux de récupération — un taux d'imposition — qui est d'au moins 50 %, et pour bon nombre d'entre eux, il s'élève à 75 %. Lorsque l'on combine ce taux de récupération à certaines prestations complémentaires provinciales, c'est 100 %. Une grande proportion d'aînés vivent dans des logements sociaux. De nombreux logements sociaux exigent un loyer de 30 % de votre revenu. C'est un autre taux de récupération qui s'ajoute. De nombreux aînés ont un taux d'imposition de plus de 100 %.
Ce n'est une surprise pour personne qui comprend ces programmes. L'actuaire en chef a rendu public un rapport il y a quelques semaines qui faisait état que de nombreux aînés à faible revenu ne bénéficieront pas des bonifications des prestations du RPC — du nouveau programme — en raison du SRG. Ce n'est pas nouveau pour ceux qui comprennent ces programmes.
Vous serez déchirés par le programme du RPC. Il est essentiel pour les aînés à faible revenu, mais les bonifications qui ont été annoncées sont très minimes et seront progressivement mises en oeuvre sur une période de 40 ans.
Il y a quelques années, j'ai rédigé un rapport pour le Groupe de travail sur la littératie financière qui demandait une simplicité et une transparence dans la conception des mesures de soutien du revenu. J'ai discuté au téléphone avec de nombreux aînés qui n'ont pas accès aux prestations auxquelles ils ont droit parce qu'ils n'arrivaient pas s'y retrouver dans le système et ne savaient pas à quoi ils étaient admissibles.
C'est grandement attribuable au RPC. Il est quasiment impossible de vérifier de façon indépendante si vous recevez les prestations du RPC auxquelles vous avez droit. Pour l'impôt sur le revenu, vous pouvez vérifier les calculs de l'ARC. Je reçois un chèque du RPC, et c'est le montant que le gouvernement a décidé que je recevrais.
Je suis bon dans ces calculs, et il n'y a aucun moyen de vérifier si le calcul est correct. Lorsque vous obtenez les nouvelles bonifications au RPC, les règles relatives à ces bonifications sont complètement différentes de celles en place pour le RPC. Bonne chance pour déterminer si le montant que vous recevez est vraiment ce à quoi vous avez droit.
Je vais faire une brève observation à propos des REER: ils sont toxiques pour les Canadiens à faible revenu. C'est comme avoir un fonds commun de placement avec 50 % de frais de sortie, pour ceux qui savent ce qu'ils sont. Les banques font un très mauvais travail pour conseiller aux gens de ne pas cotiser à un RER et de plutôt ouvrir un CELI avant l'âge de 65 ans. Elles ne le font tout simplement pas.
J'ai d'autres observations que j'aimerais faire, mais vous avez peut-être des questions à me poser.
Merci.
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Bon après-midi, monsieur le président.
Merci de l'invitation à comparaître devant le Comité et de l'occasion de participer à cet important dialogue sur la sécurité du revenu pour les aînés vulnérables. C'est un dossier extrêmement important pour notre pays. Nous espérons que votre étude, lorsqu'elle sera terminée, motivera le gouvernement et nous tous à convertir vos recommandations en mesures et résultats concrets.
La Banque HomEquity est une banque de l'annexe 1 sous réglementation fédérale. Nous sommes la seule banque au Canada qui traite exclusivement avec les aînés. Nous sommes de fiers partenaires de CARP, l'Association canadienne des individus retraités, et nous appuyons la Légion royale canadienne.
Je suis ravie que Wanda Morris, de CARP, soit parmi ce groupe de témoins. Elle est une ardente défenseure et une spécialiste de ces questions et elle sera une importante ressource pour le Comité.
Les 30 années d'expérience acquise sur le terrain de la Banque HomEquity nous ont apporté une perspective unique à l'égard de nombreux problèmes auxquels les aînés, et plus particulièrement les aînés vulnérables, sont confrontés de nos jours au Canada. Comme vous le savez, le dimanche 1er octobre était la Journée nationale des aînés au Canada. Pour souligner la journée, nous avons diffusé une série de balados qui encouragent à la conversation intitulés Mindful Money pour sensibiliser les gens à de nombreux problèmes globaux qui ont une incidence sur le bien-être financier des aînés canadiens: gestion des dettes, options en matière de soins de santé, planification fiscale, planification financière, tendances en matière d'immobilier, et incidence des changements démographiques sur l'économie. Comme le Comité le sait sans doute, ces enjeux plus généraux sont particulièrement difficiles pour les aînés vulnérables.
Il est également important de reconnaître l'évolution des aînés et du vieillissement au Canada, et plus particulièrement des aînés vulnérables. Une personne âgée vulnérable n'est pas toujours une personne qui vit dans des situations précaires et désespérées. En fait, nous avons eu de nombreux clients vivant dans des conditions vulnérables qui semblaient vivre normalement aux yeux des membres de leur famille et de leurs amis parce qu'ils ne veulent pas leur imposer leurs problèmes financiers. C'est la raison pour laquelle nous encourageons depuis longtemps un changement de mentalité quant à la façon dont les familles devraient entamer ces discussions et pourquoi nous saluons le gouvernement d'avoir entrepris cette étude.
Rappelons-nous certaines circonstances importantes. Les Canadiens prennent leur retraite avec moins d'économies et plus de dettes que jamais auparavant. Les aînés vivent beaucoup longtemps que dans le passé et l'aîné moyen risque d'éprouver des problèmes financiers dans les 10 années suivant sa retraite. Pour ajouter quelques chiffres précis à ce contexte, plus tôt cette année, la Banque HomEquity a publié un rapport renfermant des données tirées d'Equifax Canada intitulé Résidence permanente: Analyse des dettes et de la propriété résidentielle chez les aînés canadiens. J'ai remis à la greffière des copies du rapport dans les deux langues officielles.
Les résultats de l'étude nationale font ressortir des tendances troublantes. Avec le vieillissement de la population, la capacité de maintenir et d'entretenir une maison est progressivement compromise par un niveau record de l'endettement des ménages, des économies à long terme modestes, le déclin des régimes à prestations déterminées et une augmentation de l'espérance de vie. Les données révèlent que 91 % des Canadiens de plus de 65 ans disent qu'il est important pour eux de continuer de vivre dans leur maison, mais seulement 78 % ont des économies et des investissements, dont 40 % d'entre eux ont moins de 100 000 $ de mis de côté pour la retraite. D'autres statistiques pertinentes de l'étude sont les suivantes: 77 % des aînés disent que le Régime de pensions du Canada est leur principale source de revenu, 73 % devront compter sur la Sécurité de la vieillesse, 57 % ont des RER dans lesquels ils peuvent puiser, 48 % ont un régime de retraite et 48 % ont des économies.
Comme de nombreux économistes et planificateurs financiers, je crois que l'accession à la propriété devrait faire partie intégrante de la discussion sur la sécurité du revenu des Canadiens. Même si la maison familiale est le bien de plus grande valeur pour la majorité des Canadiens, elle a souvent été perçue dans le passé comme étant intouchable. En 2017, surtout à la lumière de la reconnaissance importante de la valeur des biens immobiliers résidentiels, il est de plus en plus sensé de débloquer les capitaux qui ont été accumulés au fil des décennies. Ce faisant, une maison peut passer d'un bien passif à un bien actif.
Il est impératif d'habiliter les aînés en transformant également notre compréhension des résidences principales en les faisant passer de biens passifs à actifs. Le fait de permettre aux aînés de profiter de la valeur de leur maison, tout en préservant leur capacité de vivre de façon autonome, est l'un des nombreux moyens de régler les problèmes associés à la retraite et à la sécurité du revenu. Le gouvernement joue un rôle indispensable dans tout cela. Il peut lancer d'importantes discussions sur les politiques publiques et utiliser son pouvoir de mobilisation en ralliant des groupes d'intervenants afin de trouver des solutions concrètes et pratiques. Pour la Banque HomEquity, ces solutions comprennent les suivantes: poursuivre le dialogue proactif en cours sur la nécessité d'effectuer une planification financière précoce en prévision de la retraite, offrir un meilleur accès à l'information sur les outils et les ressources du gouvernement et du secteur privé qui peuvent aider les aînés vulnérables à planifier et à gérer leurs dettes et leurs finances de manière stratégique, appuyer un grand nombre d'organismes communautaires qui aident les aînés vulnérables avec leurs problèmes de sécurité du revenu et sensibiliser les gens, et réduire le fardeau réglementaire et les formalités administratives des entreprises et des banques, et plus particulièrement celles de plus petite taille, qui essaient d'aider les aînés vulnérables.
Nous savons tous que la démographie de notre pays est en train de changer. J'espère que cette étude poursuivra les efforts en vue de sensibiliser les Canadiens à la nécessité de planifier tôt en prévision de leur retraite.
De plus, j'espère que le Comité continuera le bon travail qu'il fait pour exploiter les ressources et les pouvoirs collectifs du gouvernement et de l'industrie pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques qui aident directement les aînés vulnérables à régler les problèmes liés à la sécurité du revenu.
La Banque HomEquity vous est reconnaissante de l'occasion de mettre la situation en contexte et de contribuer à cette discussion en cours.
Je suis ici pour vous parler de notre centre de services aux aînés et de nos expériences.
Fondé aux alentours de 2002, le centre de services est ouvert six heures par jour, en semaine, pour un total d'environ 1 500 heures par année. Nous répondons à près de 3 500 appels téléphoniques et aidons plus de 3 000 clients qui se présentent en personne. Certains de nos clients cherchent des informations précises et sont capables d'assurer eux-mêmes le suivi. Je travaille au centre depuis plus d'une décennie, et c'était la norme lorsque je suis arrivée, mais ce n'est plus le cas. De nos jours, la majorité de nos clients se présente en situation de crise, sur les plans financier, émotif, psychologique et physique. Ils ne savent pas vers qui se tourner.
Selon le recensement canadien, 45,1 % de la population des 65 ans et plus de Prince George sont des gens à faible revenu. C'est notre clientèle. Tous les jours, nous sommes témoins de frustrations, de colère, de larmes, de désespoir et de honte. Ces aînés, souvent célibataires, sont en crise. Ils vivent au mois le mois, et leurs revenus sont insuffisants pour qu'ils puissent garder leur domicile.
Parmi ceux qui viennent nous voir, nous avons des locataires qui sont en retard pour le paiement de leur loyer et qui risquent d'être évincés de leur logement et de devenir des sans-abri. Il leur reste peu d'argent pour vivre une fois le loyer payé. D'autres clients sont des propriétaires qui viennent nous voir lorsqu'ils n'ont plus les moyens de payer les réparations, en particulier la réfection des toits et le remplacement des appareils de chauffage. Ils n'ont pas non plus les moyens de payer l'entretien courant, comme la peinture, le nettoyage des gouttières et le déneigement. Tant les locataires que les propriétaires ont de la difficulté à payer les services publics. Chaque hiver, nous constatons que de plus en plus d'aînés accusent un retard pour le paiement des factures, voient leurs services publics interrompus et sont incapables d'économiser pour rembourser les sommes dues ou pour fournir un acompte pour le rétablissement des services.
Nos clients veulent d'autres possibilités de logement en raison de problèmes physiques ou financiers, mais la plupart des nouveaux logements dans notre région sont trop chers pour eux. Ils ont besoin d'aide pour les tâches ménagères, mais sont incapables de trouver des services d'entretien ménager abordables. Ils ont de la difficulté à assumer leurs responsabilités d'aidants, mais n'ont pas les moyens de s'offrir des services de soins à domicile ou des services de relève.
Ces enjeux pourraient ne pas sembler particulièrement insurmontables, mais lorsque vous êtes dans une situation où vos revenus mensuels suffisent à peine et que vous avez atteint votre limite sur les plans émotif et physique, le bris d'un appareil de chauffage, un avis de recouvrement ou une heure supplémentaire de soins à domicile peuvent représenter la goutte qui fait déborder le vase. Oui, nous voyons des aînés qui ont des pensées suicidaires.
Notre personnel et nos bénévoles ont une excellente écoute. Les clients disent souvent qu'ils ont l'impression, dans ce monde caractérisé par la vitesse, les relations impersonnelles et l'omniprésence de la haute technologie, qu'on ne les écoute pas. Lorsqu'on les écoute vraiment, on découvre souvent que la crise qu'ils vivent est plus complexe que ce qu'on nous a dit au départ. La dépression et d'autres maladies mentales contribuent à leur isolement, mais ce sont tout de même de fiers habitants du Nord. Ils ont toujours travaillé fort pour leur famille, pour leur logement. Ils n'ont jamais accepté la charité et n'en veulent pas plus maintenant.
Malgré ces valeurs, la pauvreté mine leur santé. Assurer les soins d'hygiène personnelle est difficile parce qu'ils ne peuvent entrer dans la baignoire ou en sortir en toute sécurité, ou parce qu'ils sont incapables de soulever leur partenaire pour l'aider à prendre un bain. Il leur est difficile de faire la lessive lorsque la salle de lavage est à un étage inférieur. Ils ont une alimentation déficiente parce qu'ils n'ont pas la capacité de transporter leur épicerie ou de l'apporter à l'étage. Ils doivent se contenter des aliments les moins coûteux, faute de revenus suffisants, et l'absence de dentition — dents naturelles ou prothèses dentaires — les empêche de mastiquer adéquatement. Les aliments sains comme les fruits et les légumes sont les premiers articles supprimés de la liste d'épicerie.
Chaque mois, beaucoup de personnes doivent déterminer quelles ordonnances pour des médicaments essentiels seront exécutées, et quelles seront ignorées. Le manque de lunettes et d'appareils auditifs adéquats contribue à leur isolement croissant. Nous constatons également des problèmes de littératie, en particulier pour les connaissances en informatique.
Nous dirigeons ces clients vers le plus de sources d'aide possible. Nous les informons des prestations auxquelles ils ont droit et les aidons à remplir leurs demandes. Beaucoup de choses leur sont offertes, à l'échelle locale, provinciale et fédérale, mais ils n'en savent rien jusqu'à ce qu'ils viennent nous voir, même de simples choses comme la SV. Nous encourageons les clients à communiquer avec les entreprises de services publics, et nous les aiguillons parfois vers un syndic de faillite.
Nos efforts donnent rarement des résultats immédiats, ce qui n'est pas rassurant. Le traitement des demandes du programme Aide au logement pour les locataires âgés, ou SAFER, peut prendre des mois. Les listes d'attente pour les logements subventionnés sont longues. Dans notre communauté, le programme Better at Home ne compte que deux préposés à l'entretien ménager à temps partiel et un bénévole pour l'aide à l'épicerie.
Il y a des listes d'attente pour les évaluations de santé, puis d'autres listes d'attente pour l'accès aux programmes et services. Dans le cadre du programme Fair PharmaCare, la franchise établie avant la subvention des services est considérable. Le financement de propre programme de prothèses dentaires provient entièrement de dons de la communauté, mais les dons sont en baisse.
Je suis préoccupée par la hausse des niveaux d'endettement, du nombre d'aînés qui ont atteint le montant maximal de leur carte de crédit, qui ont recours aux prêts sur salaire à taux d'intérêt élevés et qui ont des dettes envers l'Agence du revenu du Canada. Je suis préoccupée par l'inadéquation entre l'aide offerte et les coûts.
Par exemple, depuis 2005, le loyer maximal aux fins de la subvention du programme SAFER, en Colombie-Britannique, a augmenté de 9 %, tandis que les loyers ont augmenté de 34 %. Le montant du supplément de revenu aux personnes âgées offert en Colombie-Britannique — 49,30 $ — est demeuré inchangé au cours des 30 dernières années.
J'ai constaté une augmentation du nombre de cas de maltraitance des personnes âgées, car les jeunes ont aussi des difficultés. Je suis préoccupée par l'écart technologique entre ceux qui ont accès à l'information et ceux qui n'y ont pas accès. Je suis particulièrement inquiète par rapport au nombre d'aînés en difficulté que nous ne voyons pas.
Je n'ai pas de solutions. J'ai plus de questions que de solutions. J'aimerais avoir la possibilité de remplir un autobus rempli de nos clients pour qu'ils puissent vous raconter personnellement leur vécu. Je vous remercie de l'occasion de témoigner en leur nom.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Cette étude est très importante. Le Comité se penche, depuis deux ou trois ans, sur l'importance d'une stratégie nationale pour les aînés. Cette étude en fait partie. Nous avons hâte d'entendre vos recommandations. Nous sommes saisis d'un enjeu très complexe, mais nous devons prendre soin de notre population vieillissante.
Actuellement, un Canadien sur six est un aîné, et on estime que d'ici environ 12 ans et demi, ce chiffre sera d'un sur quatre. Actuellement, un Canadien sur quatre agit comme aidant naturel et consacre du temps à prendre soin d'une personne dans le besoin. Comme nous le savons, ces chiffres ne feront qu'augmenter.
Pour s'attaquer au problème de la sécurité du revenu — c'est une question pour vous, monsieur Shillington, étant donné votre expertise sur cet enjeu —, on a laissé entendre que le rétablissement de l'âge d'admissibilité à la SV et au SRG de 67 à 65 ans aura pour effet, avec l'augmentation récente, de régler le problème de la sécurité du revenu.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs présentations.
C'est la première fois que je participe à ce comité et je suis vraiment heureuse de travailler sur cette importante étude que nous commençons.
Monsieur Shillington, vous avez mentionné plus tôt que vous n'aviez pas de suggestions à faire concernant le logement ou les services de santé, mais je vais quand même tenter ma chance. Peut-être que votre expérience permettra d'appuyer mes propos.
Comme députée d'Ottawa—Vanier, j'ai eu la chance de constater les efforts et le travail remarquables que le Conseil sur le vieillissement d'Ottawa a faits pour les personnes âgées. De plus, je crois que vous faites des efforts pour représenter et servir les aînés dans les deux langues officielles ou en tenant compte de leur réalité culturelle.
Ma question s'adresse à M. Shillington, mais les autres témoins peuvent aussi y répondre s'ils veulent nous faire part d'une expérience à ce sujet.
Y a-t-il des enjeux particuliers dont vous pouvez nous faire part en ce qui a trait aux personnes âgées qui proviennent des communautés francophones en milieu minoritaire, par comparaison avec la situation des anglophones qui vivent en milieu majoritaire? Au sujet de la sécurité du revenu, du logement ou des services de santé, y a-t-il des différences qui devraient être prises en considération à l'égard des programmes ou des services offerts aux francophones?
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Je dirais d'abord qu'il nous faudrait des mesures plus précises.
J'ai été chanceuse de pouvoir participer aux efforts du concernant la stratégie sur la pauvreté et de participer à la conférence de la semaine dernière. Notre premier défi consiste à obtenir de bonnes mesures de la pauvreté.
Nous remarquons que les aînés n'arrivent pas à maintenir le même niveau de vie que la population active. Le problème global que nous avons avec les mesures — et je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit d'une source d'inquiétude —, c'est que l'économie continue de croître et les gens sont dans de meilleures situations. Si les aînés font des économies afin de maintenir le niveau de vie qu'ils avaient au moment de prendre leur retraite et pour maintenir le rythme avec leurs pairs, ils accuseront toujours du retard par rapport à la prochaine génération. Il s'agit d'un sujet qu'il faudrait aborder de façon distincte.
Ce que nous devons faire surtout — et je m'appuie également sur les commentaires de Mme Fennell —, c'est de trouver une meilleure façon de mesurer la pauvreté, une façon qui s'applique aux aînés en particulier et qui tient compte des différences régionales en matière du coût du logement, de ce qui est disponible dans les provinces, des bénéfices en nature et des différences entre habiter dans le nord et dans le sud, notamment.
Ce sont là quelques-uns des principaux obstacles.
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La meilleure façon de protéger les aînés vulnérables, c'est de faire en sorte qu'il n'y a pas d'aînés vulnérables. Si nous pouvons prendre dès aujourd'hui des mesures pour améliorer la sécurité et la santé financières des gens de façon à ce qu'au moment de la retraite, ils puissent jouir d'une sécurité et d'une santé financières, cela permettrait d'améliorer beaucoup les choses — par exemple, faire en sorte que tous les citoyens ont accès à un logement abordable; assurer l'efficacité des villes; investir dans un transport en commun de renommée mondiale de façon à ce que les gens puissent vieillir là où ils sont; créer des codes du bâtiment de façon à ce que les aînés ne soient pas obligés de déménager parce qu'ils ne peuvent pas vieillir dans leur maison; s'assurer que tous les domiciles disposent de douches sans marche, de couloirs suffisamment larges pour accueillir des marchettes et chaises roulantes, que les domiciles soient plus larges, qu'ils disposent de placards plus larges et qu'il soit possible d'installer des ascenseurs.
Nous devons examiner d'autres programmes et, bien entendu, améliorer le RPC. Bien que CARP soit satisfait des modifications apportées au RPC, il reste encore du travail à faire, notamment en ce qui a trait à la couverture du RPC pour les aînés qui gagnent le moins.
Nous pouvons étudier des façons d'encourager les gens à travailler plus longtemps. Lorsqu'ils approchent l'âge de la retraite, les gens se demandent souvent s'ils devraient économiser davantage, dépenser moins ou travailler plus longtemps. La seule solution efficace est de travailler plus longtemps. Pourtant, les prestations du RPC et de la SV n'augmentent plus après 70 ans. D'ailleurs, dans le cas du RPC, il est désavantageux de travailler après 65 ans, sauf si l'on ne cotise pas pleinement au régime. Quiconque tire un FERR d'un REER tout en continuant à travailler est doublement imposé. Il faut corriger cette situation.
À mon avis, il serait possible d'adopter une législation en la matière — certainement en ce qui a trait à la protection des pensions et à la protection des investisseurs. Il est illogique que les frais que doivent débourser les investisseurs canadiens soient parmi les plus élevés au monde.
Il serait possible d'apporter des changements fondamentaux afin d'aider les Canadiens à jouir d'une retraite plus sécuritaire.
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L'une des choses essentielles à mon avis serait de commencer à reconnaître que les aînés ne forment pas un groupe homogène. Il y a une grande différence entre les jeunes aînés, disons ceux âgés de 65 à 74 ans, les aînés d'âge moyen et les aînés les plus âgés et affaiblis. En les considérant comme un seul groupe, nous n'arrivons pas à percevoir les nuances des politiques nécessaires. Il s'agit là de l'une des questions que l'on devrait examiner séparément.
Une façon d'aider considérablement certains des aînés plus âgés et vulnérables serait d'investir dans le logement avec assistance. Un sondage important mené en Colombie-Britannique au sujet des maisons de soins de longue durée nous apprend que 40 % des aînés qui vivent dans des maisons de soins de longue durée veulent vivre ailleurs. Ces résultats confirment ceux obtenus par l'ICIS, l'Institut canadien d'information sur la santé, selon lesquels le tiers des aînés vivant dans des maisons de soins de longue durée pourraient vivre ailleurs, mais les membres de leur famille souhaitent que quelqu'un prenne soin d'eux.
Résultat: les gens perdent leur qualité de vie. Ils vivent dans des établissements de soins qui ne sont pas équipés pour les stimuler et les soutenir comme ils en ont besoin, mais ils n'ont pas accès à des logements avec assistance. C'est certainement une chose que nous pourrions faire.
Nous pourrions également en faire beaucoup plus grâce au soutien créatif des communautés. À mon avis, nous avons une trop grande aversion aux risques et n'avons pas conscience que les aînés veulent et devraient pouvoir prendre des risques. Il n'est pas nécessaire pour eux de vivre sans douleur; ils souhaitent vivre dans leur domicile avec les risques que cela comporte, plutôt que de vivre en toute sécurité dans un établissement de soins de longue durée.
On construit souvent de grands établissements de soins dans des endroits faciles d'accès pour les véhicules d'incendie. Ils sont donc construits dans des nouvelles régions loin des services, inaccessibles par le transport en commun, mais, s'il y a un incendie, les secours seront sur place rapidement.
Ce que nous disent les aînés, c'est qu'ils souhaitent plutôt vivre au beau milieu de l'action. Ils veulent être près des diverses installations, des épiceries et des cinémas.
De façon similaire, je crois que les communautés souhaitent vraiment offrir des solutions de rechange aux établissements de soins et qu'il y a un besoin en ce sens — on pourrait moderniser des maisons afin de fournir des soins à quatre, cinq ou six aînés. Mais, par le temps que l'on demande aux propriétaires d'installer, par exemple, des rideaux à l'épreuve du feu, les coûts sont si élevés qu'ils n'en ont plus les moyens.
Je crois que nous devons trouver un équilibre entre les coûts et les bénéfices pour les aînés.
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Merci beaucoup à tous d'avoir accepté notre invitation.
Il s'agit d'une question difficile, cela ne fait aucun doute. C'est exactement la raison pour laquelle nous parlons d'une stratégie nationale des aînés. Il ne fait aucun doute, à mon avis, qu'une telle stratégie sera adoptée; c'est l'objectif de cette initiative.
Lola, je tiens simplement à préciser que les aînés vivent les mêmes problèmes dans ma circonscription. Ils ne sont pas propriétaires d'une maison, ce qui, selon moi, est un problème. Nous avons tendance à nous concentrer sur ceux qui possèdent une maison, mais de nombreux aînés n'en possèdent pas et doivent débourser des sommes importantes pour leur loyer. Pour tenter de tirer un lien avec une stratégie nationale de l'habitation, je crois que si les aînés avaient accès à des logements abordables, ils auraient un peu plus d'argent dans leurs poches.
Il y a une chose qui m'inquiète. Je suis un nouveau député et je vois des gens qui viennent... Cela n'a rien de nouveau; les gens vivent dans ces conditions depuis longtemps. Des aînés âgés dans les 70 ans... Nous avons parlé plus tôt du RPC et de l'âge de 65 ou de 67 ans. Tout cela n'a aucune importance, puisqu'ils vivent déjà dans ces conditions.
Il y a donc deux questions qu'il faut se poser: comment prendre soin de nos aînés dès aujourd'hui; et, quelle est la situation des gens qui seront considérés comme des aînés au cours des 10 prochaines années? Leur situation s'est-elle améliorée?
Je crois que je vais m'adresser à vous, Tammy. Quelle est la situation des personnes qui seront considérées comme des aînées dans 10 ans? S'est-elle améliorée? Les aînés sont-ils mieux informés? Sont-ils mieux préparés à la retraite?
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En un mot, oui. Les choses ont beaucoup changé, surtout pour les femmes. Les femmes ont maintenant un meilleur accès à des revenus indépendants et ont des prestations de retraite. Elles ont un bien meilleur accès à ce genre de ressources.
J'aimerais, toutefois, revenir sur certains des propos qui ont été soulevés. Je crois que la complexité du système — se familiariser avec le système — est l'une des raisons pour lesquelles la situation est plus difficile. Comme d'autres l'ont souligné, c'est à cet égard que nous devons aider les aînés.
Je pense à ma propre mère qui se dirige très humblement vers la retraite. Elle a l'avantage d'avoir une fille qui a lu la loi sur le RPC et la loi sur la sécurité de la vieillesse et qui peut l'aider à se familiariser avec le système, mais d'autres aînés ont besoin de quelqu'un pour les aider à cet égard.
Cela dit, en moyenne, les aînés sont dans une situation beaucoup plus favorable aujourd'hui qu'il y a 50 ans. Je crois que nous pouvons présumer que cette tendance se maintiendra, tant à ce qui a trait à la santé qu'au revenu de retraite et aux pensions. Les gens doivent revoir leur perception de la pension et du revenu de retraite comparativement à la génération X et aux prochaines générations, mais la situation est simplement différente, et non pire.
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Je suis contente que nous ayons soulevé la question de la maltraitance des personnes âgées, en particulier de l'exploitation financière des aînés. C'est exactement la question que j'ai posée à la ministre pendant la période de questions.
Quand j'étais la ministre responsable des aînés, je suis allée dans tous les territoires et toutes les provinces. J'ai écouté les aînés et les groupes de défense, et je suis même allée jusque dans le Nord. Je suis allée dans les réserves des Premières Nations et j'ai écouté leurs préoccupations au sujet des soins de santé et de leur incapacité d'obtenir des soins de santé dans leur langue maternelle. Je suis tout à fait d'accord avec toutes les constatations que nos experts nous ont transmises.
J'aimerais aborder de nombreuses questions, mais je vais commencer par renchérir sur ce que mon collègue a dit au sujet de la maltraitance des aînés.
Nous avons cerné divers types d'auteurs de mauvais traitement, et malheureusement, certains peuvent même être des membres de la famille de l'aîné, comme une personne de la jeune génération. Elle peut dire qu'un jour ou l'autre: « Tout ce qui t'appartient va finir par m'appartenir, alors pourquoi ne puis-je pas l'avoir avant? » Cette personne va utiliser diverses façons de faire des pressions sur ses parents âgés, ou sur ses grands-parents, pour qu'ils renoncent à leur propriété.
Dès qu'un aîné signe, il se fait jeter dehors. De pauvres aînés disent que dès qu'ils ont cédé leur propriété ou leurs biens, peu importe lesquels, ils ont été jetés dehors. J'ai entendu des histoires horribles à ce sujet.
Je félicite la CARP pour l'excellent travail que cette organisation a accompli avec moi dans le passé pour veiller à ce qu'on ne néglige pas la maltraitance des aînés.
J'ai une question qui s'adresse à quiconque veut y répondre. Que peut-on faire de plus pour veiller à ce que les aînés vulnérables soient mieux protégés de l'exploitation financière? Je veux précisément savoir quel est le rôle de l'éducation et de la sensibilisation.
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Je vais commencer, si vous me le permettez.
Cela peut paraître très simple, mais ce ne l'est pas. Je pense qu'il faut absolument plus d'éducation, mais il y a plus que cela. Il faut dire aux gens ce qu'il faut faire et enseigner aux gens comment discuter de cela à la maison.
Mes parents vivent dans un autre pays — en Pologne. Ils ont 71 et 73 ans. Je travaille dans ce domaine et j'ai de la difficulté à discuter avec eux de leur situation financière. Je ne sais pas combien d'argent ils ont ni qui sont leurs conseillers de confiance.
En ce qui concerne un programme d'éducation, je pense que nous devons aussi guider les gens sur la façon de discuter de cela. Il nous faut des programmes communautaires, pour que les gens ne se sentent pas isolés à la maison et pour qu'ils sachent qu'ils ont d'autres personnes à qui parler. Nous devons dire aux gens à qui parler s'ils sont nerveux ou s'il se passe quelque chose — d'aller à la banque, d'aller voir un prêtre, ou un médecin, par exemple. Ils doivent savoir quelle est la première ligne de défense.
Il ne s'agit pas que de dire aux gens qu'ils doivent discuter de cela. Ils doivent avoir des lignes directrices pratiques ou des stratégies de résolution de problèmes afin de savoir quoi faire si un neveu ou un petit-fils surgit et leur fait des pressions pour obtenir un chèque de 10 000 $. Ils doivent être préparés à dire: « Je ne sais pas où est mon chéquier. Peux-tu revenir la semaine prochaine? » Ainsi, dans l'intervalle, ils peuvent remédier à la situation.
Cette éducation peut prendre la forme d'ateliers offerts dans les bibliothèques ou d'autres méthodes de soutien dans les petites collectivités. Quand une personne dont vous dépendez vous fait des pressions pour obtenir de l'argent, il est très difficile de dire non, car cette personne va aussi vous menacer de ne plus vous visiter ou de ne plus vous aider à exécuter des tâches élémentaires. Je suis sûre que vous voyez cela tout le temps.
Dans notre domaine, tous nos clients ont des maisons, mais je ne pense pas que le problème soit lié à cela. Si vous avez une maison et beaucoup de capitaux propres, il se peut que bien des gens s'intéressent à votre argent. Cependant, même si vous n'avez que très peu d'argent, il y aura peut-être quand même des personnes qui voudront tout ce que vous avez.
Je crois que l'option la plus pertinente serait la mise en oeuvre de programmes très pratiques.
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Je dirai très rapidement deux choses.
Je trouve irritant le principe de la littératie financière qui veut qu'on travaille à rendre les gens plus intelligents. Il y a souvent ce genre d'attitude, sur la question de la littératie financière.
Quand j'ai rédigé le rapport sur la littératie financière pour le groupe de travail, ma perspective était que nous devrions rendre le système suffisamment simple pour qu'une personne moyenne puisse prendre des décisions raisonnables et être traitée équitablement.
Vous avez mentionné que les caissiers de banque doivent être « autorisés » à le faire. Je trouve qu'ils devraient être « obligés » de le faire. Les caissiers de banque sont tenus de le signaler aux agences fédérales s'ils constatent des mouvements de 10 000 $, ou s'ils ont des preuves ou des soupçons de blanchiment d'argent. Ils sont obligés. Pourquoi ne pourrions-nous pas exiger qu'ils le fassent si une situation éveille des soupçons?
Je ne sais pas de qui ils relèvent, mais... Il y a des questions de protection de la vie privée, et elles sont sans doute très légitimes, mais je pense que vous pouvez exiger qu'ils demandent à quelqu'un de se pencher sur toute situation suspecte et de dire si ça va ou non.