C’est il y a quelques jours à peine que mon patron m’a demandé de me préparer à comparaître devant vous. Ne sachant pas exactement ce que vous cherchiez, j'ai tâché de répondre à vos questions en suivant le lien donné sur le site Web.
En guise de préambule, je vous dirai que je suis directeur de la formation pour le Canada et représentant de United Association Canada, qui compte 56 000 membres, dont 10 000 apprentis dans les métiers de la tuyauterie. Il s’agit de plombiers, de tuyauteurs, de soudeurs, de monteurs de gicleurs, de mécaniciens en réfrigération et d’autres encore. Notre organisme est en activité depuis 1889 et il compte au total 340 000 membres, comprenant ceux aux États-Unis. Nous sommes le plus grand organisme de formation privé en Amérique du Nord en dehors des forces armées américaines et canadiennes. Notre budget annuel est d'environ 270 millions de dollars, financé entièrement par nos membres.
Quels sont les antécédents professionnels sur lesquels repose mon témoignage devant vous aujourd'hui? J'ai une expérience d’une quarantaine d’années dans les métiers, de nombreux titres de compétence et de formation professionnelle, et je suis engagé à tous les niveaux de formation des jeunes en apprentissage et dans les métiers techniques. Je répète que j’ai eu peu de temps pour me préparer et que je n'étais pas tout à fait certain de ce que vous cherchiez. Mon exposé n’aura donc rien de très formel et se limitera à certains des points que vous avez soulevés.
Au sujet du sous-emploi des jeunes ayant terminé leurs études, les différents organismes qui recueillent de l'information sur les jeunes, les métiers et l'apprentissage au Canada nous apprennent que l'âge des apprentis augmente d’année en année, certains se lançant dans les métiers à 29 ans. De façon générale, ils ont déjà terminé plusieurs cours, certains d'entre eux étant diplômés en commerce ou en éducation. Nous recevons constamment des apprentis qui ont plusieurs diplômes universitaires ou collégiaux. Ils ont passé des années à étudier dans des domaines qui n’avaient pas été choisis judicieusement, soit parce que leur domaine d’études choisi ne débouchait sur aucune possibilité d'emploi ou de carrière, soit parce qu’il répondait à des intérêts personnels plutôt qu’économiques.
Ce sont des choix qui doivent être faits tôt dans la vie. Les jeunes doivent être orientés tôt pour éviter les erreurs de ce genre. Dans bien des cas, les conseils qu'ils reçoivent sur les choix de carrière négligent les métiers, les apprentissages ou les carrières dans les domaines techniques sous l’effet du préjugé traditionnel en faveur des études supérieures. Cela n'a pas changé depuis bien des lustres, à tout le moins depuis que je suis là. Il en résulte que beaucoup de gens, bien que très instruits, se retrouvent sans aucune possibilité d'emploi ou de carrière et, de plus, lourdement endettés.
Quant au chômage chez les jeunes et à son effet nuisible sur la transition vers le marché du travail, je signale qu’on prévoit qu’il y aura plus de 500 000 postes vacants dans les métiers au Canada au cours des cinq ou dix prochaines années et qu'un grand nombre de gens de métier hautement qualifiés prendront leur retraite. Au ministère de l'Immigration, on met les bouchées doubles pour déterminer comment traiter les dossiers de toutes les personnes qu'il faudrait accueillir au Canada pour pallier cette pénurie de main-d’oeuvre et comment trouver et évaluer les travailleurs qualifiés nécessaires à cette fin.
La politique gouvernementale a un immense effet sur les apprentissages et les jeunes. Du fait de l'annulation, par exemple, du pipeline est-ouest de TransCanada, des centaines d'apprentis ne pourront pas terminer leur stage. Se retrouvant en chômage, ils se tourneront probablement vers d’autres genres de travail pour joindre les deux bouts. Notre industrie doit toujours planifier avec prudence lorsque la réalisation ou l’annulation arbitraire de mégaprojets comme le pipeline est-ouest et l'usine de GNL en Colombie-Britannique dépendent de la volonté politique. La liste de tels projets, envisagés puis abandonnés, est très longue. Cela pose des problèmes aux entreprises, aux travailleurs de la construction, aux architectes, qui ont à planifier leur avenir en fonction de cette réalité économique.
Pour ce qui est du bénévolat et des stages et de la façon dont ils conditionnent les décisions des étudiants quant à leur avenir professionnel, je dirai que le bénévolat, sous toutes ses formes, est un excellent moyen pour les jeunes de voir comment les autres travailleurs ont été traités, surtout ceux qui ont perdu la santé, qui ont connu des moments difficiles, etc. Je n'en dirai jamais assez à ce sujet. Les stages au sein d'entreprises et d’organismes sont également une excellente chose, car ils donnent aux étudiants et aux travailleurs l’occasion d’élargir leurs horizons. Cependant, en ce qui concerne les étudiants dans les métiers et les domaines technologiques, il arrive dans bien des cas que les stagiaires ne coûtent rien à l’employeur, ou beaucoup moins que les apprentis qui tentent de débuter leur carrière, si bien que ces apprentis en viennent à abandonner leur apprentissage ou à déménager afin de trouver du travail ailleurs. Cette situation est particulièrement problématique lorsque beaucoup de centres de formation et collèges mettent sur le marché du travail un grand nombre de stagiaires. La situation en Ontario et en Colombie-Britannique illustre bien ce point. À première vue, c'est une excellente idée dans certains segments du marché du travail, mais ce ne l'est pas pour les gens de métier ou les travailleurs techniques.
Le quatrième point que je veux aborder est celui de la stratégie de transition école-travail au Canada en comparaison avec les modèles et programmes appliqués à l’étranger. Les modèles qui ont cours en Allemagne, en Norvège et en Irlande sont des exemples de la manière européenne de préparer les jeunes pour l’avenir. Nous nous sommes penchés sur les raisons qui font que, dans leur système, les participants sont sensiblement plus jeunes, avec des apprentis de très jeune âge, dans les métiers et les domaines technologiques en particulier, que ceux dans le milieu de travail canadien. L'année dernière, j'étais à Dublin avec une délégation de notre industrie pour rencontrer des représentants du gouvernement, des syndicats et de l'industrie en Irlande. Un représentant du Secrétariat du Sceau rouge nous accompagnait également. Nous avons vu comment les jeunes bénéficient d’un système leur accordant des crédits à faire valoir pour toutes les études supérieures. Un tel système manque au Canada.
L'Allemagne a un système dans lequel les écoles secondaires accordent des crédits d'apprentissage qui sont reconnus par la suite à ceux qui choisissent les métiers ou les secteurs technologiques. Il leur est demandé de choisir un domaine de travail avant même qu'ils ne quittent l'école, choix qu’ils peuvent changer au besoin, mais sans perdre les crédits accumulés en passant à un autre domaine de travail. Cela se traduit par une mobilité des travailleurs dans toute l'Union européenne, alors qu’au Canada nous n'avons aucune reconnaissance des acquis professionnels, ce qui empêche les travailleurs d'aller d’une province à l’autre et, à plus forte raison, dans un autre pays. Notre système doit évoluer dans ses façons de faire, car il a un rattrapage à faire par rapport aux systèmes qui ont cours à l’étranger.
Dans notre système, il y a trop d’instances gouvernementales qui réglementent l'apprentissage, chaque province pouvant agir à sa guise sans tenir compte des opinions de l'industrie. Lorsqu’il s’agit d’apprentissage, le meilleur modèle consiste en une approche tripartite réunissant les décideurs gouvernementaux, notamment des spécialistes de l'apprentissage, les regroupements de travailleurs, syndiqués et les non syndiqués sur un pied d'égalité, et l'industrie, y compris les clients, propriétaires et entrepreneurs, dont l'avenir est en jeu lorsque, faute de pouvoir trouver les compétences nécessaires pour exécuter le travail, les projets s’enlisent et les coûts montent en flèche. Nous avons tous un intérêt direct dans la réussite d'un projet et nous devons donc travailler ensemble pour disposer des compétences voulues.
Le modèle de formation par l'apprentissage a fait ses preuves et n'a pratiquement pas changé depuis que le Code de Hammurabi a défini, pour la première fois en 2500 av. J.-C, la relation maître-serviteur. Ceux qui déterminent la façon dont l'apprentissage est réglementé, qui décident de ce qu'il faut enseigner et qui en assument les coûts, ont beaucoup évolué, mais, d'après mon expérience, si les choses sont faites dans un souci du juste équilibre, si toutes les parties s'écoutent les unes les autres et ont chacune leur mot à dire sur le produit final, il en découlera en bout de ligne d’excellents résultats.
Dans de nombreux domaines, c’est le gouvernement qui réglemente tout, et l'industrie ou les regroupements de travailleurs ne sont consultés que par intermittence. Cela doit changer, d’abord pour permettre la mise en place d'un système d'apprentissage fonctionnel et progressif, mais aussi pour l'avenir du pays.
Pour ce qui est des programmes coopératifs et l'apprentissage intégré au travail, toute forme de programme pratique qui ne prévoit pas envoyer les apprentis ou les techniciens dans le monde réel pour acquérir des compétences pratiques et les reprendre ensuite pour accroître leurs connaissances est vouée à l’échec dans nos milieux de travail. Le modèle d'apprentissage qui fonctionne bien à UA Canada depuis plus de 125 ans est celui de la formation avec expérience professionnelle, avec toujours plus de formation, plus d'expérience professionnelle, et ainsi de suite. Le modèle que nous appliquons depuis si longtemps définit notre main-d'oeuvre, et c'est le même modèle que celui adopté par les médecins et autres professionnels de la santé.
Travailler sur le terrain sous la direction d'une personne de métier spécialisée est le moyen par lequel plus de 80 % des connaissances sont transmises à l'apprenti. L'apprentissage intégré en milieu de travail ressemble beaucoup à l'apprentissage classique; cependant, lorsqu'il n’y a pas sur place un maître-technicien, une personne de métier, un médecin ou quelque autre personne accréditée pour superviser le travail, apporter les correctifs, assurer l'encadrement et transmettre ses connaissances sur la façon de réussir un travail de façon productive, l'apprentissage échoue dans son approche.
UA Canada lance un nouveau système d'apprentissage qui utilisera des représentations mixtes de réalité virtuelle amplifiée qui lui permettra d’enseigner partout dans le monde dans ses domaines de spécialisation, et cela sera combiné à d'autres méthodes, comme l'apprentissage en ligne, l'autoapprentissage, la salle de classe traditionnelle et bien d'autres. Cependant, nous n'abandonnerons pas le principe de la nécessité d'avoir un accompagnateur, un technicien ou un maître-ouvrier qualifié pour encadrer l’apprenti, superviser sa formation, son domaine de spécialisation et lui faire bénéficier de ses années d'expérience. Ce principe clé est appliqué depuis des milliers d'années et ne saurait être remplacé par la technologie, pas encore du moins.
L'esprit d'entreprise est une chose à laquelle nous croyons beaucoup pour nos gens. Bon nombre de nos très grands entrepreneurs ont commencé dans leur domaine comme gens de métier ou travailleurs. Ils ont appris sur le tas, ont suivi une formation complémentaire chez UA ou dans d'autres établissements et ont connu beaucoup de succès dans leur secteur d'activité. Il s'agit d'un processus qui doit être encouragé à tous les niveaux, dans tous les programmes, en tant qu’élément de la formation que reçoivent tous ceux qui font leur apprentissage dans un métier ou un domaine technique.
Voilà, je termine là-dessus. Je ne sais pas si mon exposé correspond vraiment à ce que vous cherchiez. Je ne savais pas trop comment m’y prendre.
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Monsieur le président, distingués membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de vous présenter ce qui constitue l'ADN de l'Université de Sherbrooke, c'est-à-dire son régime d'enseignement coopératif.
J'aimerais remercier tout spécialement l'honorable Steven Blaney de m'avoir invité. M. Blaney a obtenu en 1988 un diplôme en génie civil de cette université.
En 1966, l'Université de Sherbrooke devenait la première université québécoise et la deuxième université canadienne, après Waterloo, à faire de l'enseignement coopératif sa marque de commerce. Cinquante-deux ans plus tard, c'est près de 5 000 étudiants qui vivent annuellement une expérience de travail rémunéré dans une entreprise au Canada ou ailleurs dans le monde. Grâce aux stages coopératifs, les étudiants de notre université, dans certains programmes, terminent leurs études avec à leur actif près de deux ans d'expérience.
Collectivement, la masse salariale versée à ces étudiants dépasse 36 millions de dollars par année. Le concept de l'enseignement coopératif a été inventé en 1906 par le professeur Herman Schneider, de la faculté d'ingénierie de l'Université de Cincinnati.
Ce concept était fondé sur les deux observations suivantes: premièrement, chaque profession possède des caractéristiques qui ne peuvent être apprises que dans le cadre d'une expérience de travail pratique associée à cette profession; deuxièmement, la majorité des étudiants doivent occuper un emploi à temps partiel pendant leurs études afin de subvenir à leurs besoins.
Le professeur Schneider a donc imaginé un système qui permettait aux étudiants de pratiquer leur futur métier tout en obtenant un revenu de leur travail. Sous sa gouverne, le programme d'ingénierie de Cincinnati a donc développé un calendrier scolaire où les périodes en classe alternent avec les périodes en emploi. Il est important de souligner que la responsabilité de trouver un travail qui soit dans le champ d'études des étudiants appartient à l'université, à l'institution.
C'est donc de la coopération entre les institutions d'enseignement et le marché du travail que naquit l'éducation coopérative. L'Université de Sherbrooke offre pour l'instant 48 programmes d'étude en régime coopératif. Si les programmes de génie ont été les premiers, les programmes en administration, en sciences, en droit et en lettres ont rapidement suivi.
Les universités et les collèges du Canada qui offrent ces programmes sont regroupés au sein d'une association nationale. Celle-ci est chargée d'octroyer l'agrément associé au modèle coopératif canadien. À son assemblée annuelle de novembre dernier, l'association a élargi son mandat pour devenir l'Enseignement coopératif et l’apprentissage en milieu de travail Canada, ou CEWIL Canada. Ce changement de nom était nécessaire en raison des nombreuses initiatives canadiennes liées aux autres formes d'expériences intégrées au travail. L'objectif est clair: il s'agit d'assurer à ces initiatives la même rigueur que celle appliquée aux stages coopératifs.
L'ouverture du mandat de notre association coïncide avec l'annonce de la ministre de l'Emploi, du Développement de la main-d'oeuvre et du Travail, . En effet, la ministre a annoncé l'été dernier un programme visant la création de 10 000 nouveaux stages pratiques à l'intention des étudiants au cours des cinq prochaines années. L'initiative vise aussi l'établissement de partenariats durables entre l'industrie et les établissements d'éducation postsecondaire.
Je dois mentionner que nous envisageons le déploiement de ce programme avec une certaine appréhension. En effet, les échanges que nous avons eus avec nos partenaires font état d'une très nette sous-représentation du Québec dans les consortiums réunissant employeurs et universités. Déjà, nous pouvons affirmer que l'accès aux fonds sera difficile pour les PME québécoises. Je souhaite donc utiliser la tribune qui m'est offerte aujourd'hui pour vous demander votre appui afin que ces fonds soient distribués équitablement dans toutes les régions du pays. Je me permets aussi une suggestion: grâce à sa très vaste expérience, notre association pourrait mettre son savoir-faire au service de ces programmes afin d'assurer leur succès. Je sais que des voies de communication sont présentement ouvertes. Il n'en tient qu'aux autorités concernées d'accepter notre offre.
J'aimerais maintenant dire un mot sur une initiative de l'Université de Sherbrooke qui vise à favoriser l'intégration des néo-Canadiens aux programmes coopératifs et au marché du travail. Les statistiques nationales et notre propre pratique démontrent les grandes difficultés qu'ont les diplômés provenant de certaines communautés culturelles à intégrer le marché du travail, et ce, malgré une pénurie de main-d'oeuvre. Ce constat nous a amenés à développer à l'intention des étudiants internationaux, en collaboration avec divers services et facultés, un programme dont le but est de favoriser une meilleure compréhension du marché de travail québécois et canadien. Cette initiative propose aux participants une formation qui porte sur le marché du travail et son historique ainsi que sur ses principales règles et coutumes.
Dans le cadre de cette formation, on parle d'entrevues d'embauche, de CV et de lettres de présentation. Par la suite, les étudiants qui font partie du programme reçoivent l'encadrement personnalisé d'un conseiller en emploi spécialement affecté à cette fin. Ce dernier les accompagne, les prépare aux entrevues et leur donne de la rétroaction. Par ce programme, nous faisons le pari que l'intégration de ces étudiants sera plus facile et que leur performance lors des processus qui mènent à l'emploi sera meilleure.
En guise de conclusion, j'aimerais vous laisser le message suivant.
L'histoire de l'enseignement coopératif au Canada prouve que c'est une voie gagnante vers le marché du travail. Non seulement les étudiants suivant cette voie réussissent mieux leur cursus scolaire, mais l'intégration de ces étudiants au marché du travail est également plus facile. Nos statistiques internes démontrent que plus de 50 % des étudiants faisant partie d'un programme coop ont trouvé un emploi dans une entreprise pour laquelle ils ont fait un stage.
Parallèlement, les entreprises font de plus en plus appel à ces programmes afin de faciliter l'embauche de leur relève. Ces entreprises ont compris que l'accueil d'un stagiaire coop représente une voie privilégiée pour combler un besoin ponctuel et un besoin de personnel à long terme.
La pénurie de main-d'oeuvre et le développement des compétences sont deux défis auxquels l'économie canadienne fait déjà face. Des initiatives comme le Programme d'apprentissage intégré en milieu de travail pour étudiants et Mitacs se veulent une réponse à ce défi. Le Canada peut compter sur des ressources très compétentes qui sont prêtes à mettre l'épaule à la roue pour faire de ces initiatives des succès. Un service comme le mien et une association comme CEWIL Canada possèdent une expertise reconnue mondialement, et nous sommes prêts à mettre la nôtre au service du Canada. Il n'en tient qu'à vous de nous utiliser à bon escient.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous présenter notre savoir-faire. Au plaisir de pouvoir participer au développement de notre beau pays.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Merci au Comité d'avoir invité le Club des garçons et filles à livrer son témoignage dans le cadre de cette importante étude.
Bien que je sois directrice générale à Ottawa, je parle au nom des Repaires jeunesse de tout le pays. Normalement, c’est notre charmante directrice des politiques publiques, Rachel Gouin, que vous auriez entendue, mais elle ne pouvait se libérer. J'espère que vous serez indulgents à mon endroit.
Je suis ici pour vous informer de ce que les Repaires jeunesse du Canada font pour soutenir l'apprentissage par l'expérience et pour bien éclairer les voies d'accès à l'emploi pour les jeunes. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas les Repaires jeunesse du Canada, je dirai que nous sommes un organisme de bienfaisance national qui compte environ 210 000 membres partout au pays dans 625 différents lieux. Ici, à Ottawa, il y a environ 4 500 jeunes qui en sont membres. Nous avons sept installations, dont un grand camp d'été juste à l'extérieur d'Ottawa.
En règle générale, partout au pays, nos installations se trouvent dans des quartiers défavorisés et à risque, de sorte que les enfants que nous voyons sont ordinairement issus de familles à faible revenu. Il y a beaucoup de néo-Canadiens, de jeunes Autochtones et d'autres. Nous constatons que ces enfants ont moins de capital social et qu'ils ont besoin d'aide supplémentaire pour terminer leurs études secondaires, poursuivre des études postsecondaires et faire la transition, difficile pour bon nombre d'entre eux, vers le marché du travail. Ce n'est pas qu'ils ont moins de talent, mais plutôt parce qu’ils vivent dans des conditions de pauvreté et dans des environnements sociaux difficiles. Ils n'ont pas accès aux mêmes réseaux et aux mêmes possibilités de leadership et d'apprentissage que leurs pairs plus privilégiés. Les programmes de Repaires jeunesse remédient à ce désavantage et permettent à ces jeunes de réaliser leur plein potentiel.
J'aimerais aujourd'hui porter à votre attention deux programmes qui aident les jeunes à acquérir les connaissances et l'expérience dont ils ont besoin pour prendre des décisions quant à leur avenir et réussir à trouver un emploi et à le conserver. Il s'agit du programme Connexion emploi et développement social et du programme Emplois d'été Canada.
En premier lieu, dans le cadre du programme de jumelage des compétences et en partenariat avec Kal Tire, un partenaire du secteur privé, 30 Repaires jeunesse partout au pays initieront cette année 600 jeunes à des métiers spécialisés. Les jeunes seront en mesure d'en apprendre davantage sur les différents métiers, de rencontrer des gens de métier dans leur collectivité, puis d'observer ces mêmes gens de métier dans leur travail.
L'an dernier, nous avons mis à profit cet excellent partenariat avec le gouvernement du Canada pour obtenir un financement supplémentaire du secteur privé, de Cara Operations. Nous venons donc tout juste de lancer dans 10 quartiers d'Ottawa un programme de formation et un projet pilote de placement axé sur l'accueil. Je dois dire qu'à Ottawa, nous avons beaucoup de chance. Nous sommes l'un des 10 sites pilotes, et ce programme est déjà en cours. Les jeunes sont très enthousiastes. Ils ont déjà eu de nombreuses occasions d’observation en milieu de travail. Notre partenaire du secteur privé, Cara Operations, est également très satisfait de ce programme et pense être en mesure de trouver un placement pour bon nombre des participants à ce programme. Voilà le genre de programme dont nos jeunes ont besoin. Nous sommes donc très reconnaissants envers le gouvernement pour son soutien.
Le deuxième programme que j'aimerais signaler aujourd'hui, et qui me tient à coeur, est le programme Emplois d'été Canada. Pour les Repaires jeunesse à travers le pays, il s'agit du plus important programme fédéral. Nous sommes très heureux que le gouvernement ait jugé bon récemment de doubler l’envergure de ce programme. En 2017, les Repaires jeunesse ont embauché 660 étudiants des niveaux secondaire, collégial et universitaire dans l’ensemble du pays, comparativement à seulement 192 en 2013.
Une chose que nous avons toutefois remarquée au sujet de ce programme, c'est que le nombre de semaines allouées ne répond pas, dans bien des cas, aux besoins des jeunes. Huit semaines d'emploi conviennent bien aux élèves du secondaire, mais dans le cas des étudiants qui fréquentent le collège ou l'université, c'est très difficile, compte tenu de la hausse constante des frais de scolarité. Il leur faut travailler pendant les 16 semaines d'été. De plus, je parle d'expérience, ayant eu de nombreux emplois d'été au Canada, quand je dis que les huit semaines passent très rapidement et que les étudiants auraient une meilleure expérience d'emploi et seraient exposés à des aspects du travail beaucoup plus variés si la durée de leur emploi était augmentée. Nous demandons au gouvernement d'en tenir compte dans son examen du programme.
Nous croyons également que le programme Emplois d'été Canada pourrait être amélioré en l'ouvrant aux jeunes qui ne sont pas aux études à temps plein. En préparant mon exposé, je pensais à une charmante jeune femme qui est membre du personnel d'un de nos clubs à Ottawa. Réfugiée syrienne arrivée au Canada il y a environ six ans, avant l'afflux le plus récent, elle ne parlait pas anglais. Ce n'est qu’à force de volonté et de détermination qu'elle a terminé son secondaire et qu'elle poursuit ses études — je suppose qu'elle est maintenant en deuxième année — au Collège Algonquin. Ses parents n'ont pas pu apprendre suffisamment d'anglais pour se trouver un emploi et son frère cadet est handicapé. Par conséquent, cette jeune femme est le principal soutien de famille. Il est impossible pour elle de travailler à plein temps. Elle n'est donc pas admissible au programme Emplois d'été Canada.
Sa situation n'est pas unique. Beaucoup de nos enfants, de nombreux jeunes à faible revenu et de nouveaux arrivants sont exclus du programme Emplois d'été Canada parce qu'ils ne sont pas aux études à temps plein. Ils ne peuvent tout simplement pas se permettre d'aller à l'école à temps plein parce qu'ils doivent aussi travailler.
Nous aimerions que tous les jeunes puissent en bénéficier, quelle que soit leur situation sur le plan scolaire.
Encore une fois, je vous remercie beaucoup de m’avoir donné l'occasion de participer à cette étude. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Bonjour à tous. Vous me faites un grand honneur.
Nous travaillons avec les jeunes depuis 14 ans. Nous avons d'abord été des parents de famille d'accueil et, en nous fondant sur les lacunes dans les services et sur les différentes choses qui étaient nécessaires, nous avons créé la Pathfinder Youth Centre Society. Il s'agit d'un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui oeuvre auprès des jeunes à risque, des jeunes pris en charge par le ministère et des jeunes aux prises avec différentes déficiences cognitives.
Nous avons ensuite collaboré avec Community Living British Columbia, CLBC, un organisme qui finance des personnes dont le quotient intellectuel est inférieur à 70 et, bien entendu, qui ont beaucoup de problèmes mentaux. Certaines d'entre elles sont chronologiquement dans la cinquantaine ou la soixantaine, mais elles ont entre 10 et 18 ans au niveau du développement. Voilà le groupe démographique dont nous nous occupons et nous constatons, dans le cadre des programmes que nous offrons, qu'il y a une forte augmentation de cette population.
Nous desservons bien entendu Vancouver et le Lower Mainland et notre bureau, ou centre, se trouve à Maple Ridge. Il est bon de voir un visage familier de Maple Ridge ici. Nous desservons également Surrey, où se trouve notre deuxième centre.
L'essentiel de nos propos se fondera sur les jeunes avec lesquels nous avons travaillé et sur leur parcours. Les défis auxquels nous sommes confrontés sont les multiples obstacles auxquels font face les jeunes, de même que le double diagnostic, et les déficiences les plus courantes auxquelles nous sommes confrontés sont l'anxiété, la dépression et le spectre de l'autisme. De plus, nous voyons beaucoup de jeunes toxicomanes et de jeunes de la rue. Ces défis soulèvent des préoccupations quant à la réussite professionnelle future, tout comme les problèmes de santé mentale, et il est essentiel que ces jeunes obtiennent des services pour chercher, obtenir et conserver un emploi intéressant.
Étant donné qu'un si grand nombre de jeunes souffrent de problèmes de santé mentale, cela les empêche d'acquérir les aptitudes sociales dont ils ont besoin sur le marché du travail, notamment les aptitudes interpersonnelles, le travail de groupe et la confiance dans leurs propres capacités. Il s'agit d'un énorme problème social qui va toucher notre future génération de travailleurs et qui aura une incidence négative sur l'économie sous la forme de taux de roulement élevés, de frais médicaux accrus et de pénuries de travailleurs aptes. Les statistiques indiquent que si un jeune ou une personne est aux prises avec le spectre de l'autisme, le coût pour la société et le système est d'environ 2,4 millions de dollars sur la durée de vie de cette personne. Il faut absolument éliminer le stigmate entourant la maladie mentale et accroître l'accessibilité des services pour que ces jeunes puissent s'exprimer en toute sécurité et demander de l'aide sans craindre l'isolement ou le rejet.
La sensibilisation à la santé mentale est un outil de prévention qui mènera au succès global et à la qualité de vie de nos jeunes dans l'avenir. Bon nombre de nos jeunes n'obtiennent pas d'évaluations appropriées, ce qui à son tour pose un problème pour leur trouver des emplois et les voue à l'échec. Par exemple, quelques-unes des solutions que nous avons pu mettre en oeuvre sont des programmes personnalisés destinés aux jeunes en fonction de leurs compétences et capacités.
Par exemple, nous travaillons depuis environ quatre ans avec un jeune homme qui est inscrit à notre programme. Il est aux prises avec le spectre de l'autisme, ce qui veut dire isolement, anxiété et choses du genre. Grâce à une formation informelle et à des programmes personnalisés, nous avons réussi à lui faire faire la transition entre le travail qu'il faisait dans notre bureau, c'est-à-dire passer l'aspirateur. Grâce à des encouragements et à des mesures de soutien, grâce au fait qu'il a assumé la responsabilité d'un emploi et qu'il a retrouvé confiance en lui, il est maintenant dans un collège communautaire local. Grâce à la formation informelle que nous avons pu lui donner, il va très bien maintenant. Dans le programme que le collège offre, il est en mesure de faire beaucoup d'observation au poste de travail. En raison de la formation informelle que nous avons pu lui donner avant qu'il n'aille là-bas, il a pu acquérir cette confiance en soi et obtenir le soutien nécessaire pour surmonter son anxiété. Maintenant, comme je l'ai dit, il va très bien.
De plus, nous avons des solutions qui offrent un soutien et un mentorat constants. Nous avons une ligne d'aide ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour les jeunes qui sont en crise ou qui ont des problèmes, peu importe la nature. Ils peuvent communiquer avec nous et il y a ce soutien pour eux. De plus, nous renforçons la confiance et l'estime de soi, ce à quoi j'ai fait allusion plus tôt, grâce à l'établissement de solides rapports par nos équipes dans toutes nos organisations. Tout cela est très cohérent, tout le monde étant sur la même longueur d'onde en ce qui concerne les encouragements et l'aide pour améliorer l'estime de soi et la confiance en soi des jeunes.
Nous aimons aussi nous concentrer sur leurs capacités plutôt que sur leurs déficiences. Nos programmes sont faits sur mesure. Dans certains cas, une évaluation et les médicaments appropriés aideront à obtenir ces résultats. Les programmes continus d'emploi et de compétences essentielles, que nous offrons chez Pathfinder — nous y reviendrons plus tard — font également intervenir des partenaires communautaires. Nous avons eu la chance de pouvoir établir des rapports avec un grand nombre de restaurants, d'hôtels et d'entreprises au sein de la collectivité qui nous aident auprès de nos jeunes.
Par exemple, nous avons établi des rapports avec l'équipe Wrap Around. Cette organisation se compose d'agents de la GRC dont le rôle est d'identifier les personnes qui sont marginalisées ou qui ont des déficiences, qu'il s'agisse de problèmes de santé mentale ou d'un autre type d'obstacle. Nous formons une unité et équipe unie pour aider les personnes à se sortir de la situation dans laquelle elles se trouvent, puis nous les faisons participer à nos programmes de formation en cours d'emploi. Des conseillers scolaires, des travailleurs en santé mentale, des agents de probation et le ministère de l'Enfance et de la Famille sont quelques-uns des intervenants et des éléments clés au sein de l'équipe que nous mettons à contribution pour offrir ces programmes holistiques.
En outre, nous croyons qu'en prenant le temps de déterminer quels sont les défis — en investissant le temps nécessaire —, cela les aidera à long terme. Parfois, la question de l'emploi n'a rien à voir avec l'emploi lui-même, mais avec les aptitudes à la vie quotidienne et l'apprentissage pour composer avec les défis quotidiens. Il est crucial d'avoir quelqu'un sur place pour les appuyer.
Pour ce qui est des solutions d'emploi, comme je l'ai mentionné plus tôt, nous avons créé des emplois à l'interne pour certains de nos jeunes. De plus, nous avons établi des partenariats avec des employeurs de la collectivité, des partenaires qui comprennent certaines des déficiences avec lesquelles nous composons. Nous y croyons fermement.
L'un des programmes ou projets que nous lancerons sous peu est un magasin d'aubaines. Il nous tient vraiment à cœur, car il s'agit d'un guichet unique où nos jeunes auront la possibilité d'apprendre dans un environnement contrôlé. Il ne faut pas oublier que nous avons affaire à des problèmes d'anxiété et tous les autres problèmes. Dans ce cadre, ils auront la capacité d'apprendre de personnes sympathiques, dans un environnement sécuritaire. Ils apprennent les rudiments de la vente au détail. Ils surmontent leurs angoisses. Nous avons cette possibilité en temps réel de corriger, d'enseigner, d'entourer de soins et d'aider les jeunes à surmonter leurs angoisses. Si nous constatons qu'ils ont besoin de plus de soutien, nous pouvons nous en occuper à l'interne avant de les envoyer dans la collectivité pour travailler, là où parfois, comme nous le savons tous, ils peuvent échouer.
Je vais demander à Ruth de parler un peu de ce projet précis.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
C'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui.
[Traduction]
Merci à vous tous.
Je dirais qu'à bien des égards, vous façonnez l'avenir du Canada, qu'il s'agisse d'aider les jeunes qui sont loin du marché du travail ou les personnes possédant des compétences qui veulent trouver un emploi et, disons, travailler sur un pipeline.
[Français]
J'aimerais revenir sur ce que vous avez dit, monsieur Tremblay, parce que vos paroles m'ont un peu touché. Évidemment, l'Université de Sherbrooke est mon alma mater. Aller étudier l'ingénierie à Sherbrooke a été l'une des bonnes décisions que j'ai prises dans ma vie. Malheureusement, par la suite, je me suis tourné vers la politique, mais c'est une autre histoire.
Vous avez parlé des 10 000 stages pratiques. D'ailleurs, vous avez salué l'initiative de la , qui a annoncé 10 000 stages pratiques. Par contre, vous nous avez fait part de vos appréhensions relatives à deux enjeux, dont l'un est le fait que le Québec n'est pas présent.
Pouvez-vous nous dire comment nous pourrions nous assurer que le programme est une réussite au Québec? Si oui, y a-t-il une terminologie française, un nom français?
Ce sont les deux questions que j'aimerais poser et pour lesquelles j'aimerais avoir vos commentaires.
:
Merci, monsieur le président.
À ce sujet, le financement semble toujours être le problème et le gouvernement est constamment mis au défi, souvent par l'opposition, d'équilibrer le budget. Le visage humain de cet équilibre du budget est celui de certaines des personnes que vous représentez.
Nous regardons les choses différemment. Nous les considérons comme des investissements dans l'avenir, car le prix à payer sera lourd si nous venons à manquer de gens comme Orville Lee, Ruth Lee et Colleen Mooney.
Notre gouvernement a doublé le programme Emplois d'été Canada. Nous avons investi beaucoup d'argent dans l'ensemble des programmes de compétences du gouvernement fédéral. Mais nous reconnaissons qu'il y a encore des défis à relever. Ce n'est pas nous qui avons coupé ces programmes; ils ont été coupés par l'ancienne administration.
Vous représentez un groupe pour lequel je milite assidûment. Je pense que vous devriez être au courant d'un problème: pour certains postes de remplacement, Service Canada communique avec le député pour discuter de la durée du stage. Ainsi, si l'étudiant a besoin de plus de temps, il devra communiquer avec le bureau du député, qui s'occupera de transmettre la demande.
Monsieur Lee, vous avez parlé d'un programme personnalisé qui a permis à quelqu'un de triompher. Quel a été le prix de ce succès pour l'étudiant que vous avez mentionné?