Je vous souhaite un bon retour. J'espère que vous avez tous passé de belles vacances, chers collègues, membres du personnel et interprètes, et que vous êtes d'attaque, car nous allons commencer sur les chapeaux de roues; c'est le moins que l'on puisse dire. Nous allons retourner tout de suite à notre étude.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 13 juin 2016, le Comité reprend son étude sur les stratégies de réduction de la pauvreté.
Nous sommes très heureux d'avoir aujourd'hui un groupe complet de témoins pour notre réunion. Nous accueillons M. Doug Murphy, directeur général, Politique sociale, Direction générale des politiques stratégiques et de service, du ministère de l'Emploi et du Développement social. Nous recevons également des représentants de Statistique Canada: M. François Nault, directeur, Statistique de la santé; et Mme Jennifer Ali, chef, Division de la statistique de la santé. Nous allons également entendre M. Sony Perron, sous-ministre adjoint principal, Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, et Dre Patricia Wiebe, médecin spécialiste en santé mentale, Division de la santé et du bien-être de la population, Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, de Santé Canada. En terminant, nous accueillons Mme Anna Romano, directrice générale, Centre pour la promotion de la santé, Direction générale de la promotion de la santé et de la prévention des maladies chroniques, à l'Agence de la santé publique du Canada.
Merci à vous tous d'être ici aujourd'hui, surtout par ce temps glacial. Sans plus tarder, nous allons recueillir les déclarations de nos témoins. Étant donné qu'il y a plusieurs déclarations aujourd'hui, nous allons essayer de les limiter à sept minutes chacune.
Monsieur Murphy, c'est vous qui ouvrez le bal. Vous disposez de sept minutes.
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. C'est un plaisir d'être parmi vous ce matin.
Je vais vous tout d'abord amorcer la discussion en vous donnant un aperçu de la stratégie de réduction de la pauvreté. Mes collègues examineront ensuite cette question importante plus en profondeur.
Comme vous le savez, le gouvernement s'est engagé à élaborer une stratégie de réduction de la pauvreté. Cette stratégie établira des cibles de réduction de la pauvreté qui permettront de mesurer les progrès réalisés et de les rendre publics. Les stratégies de réduction de la pauvreté ne sont pas rares au Canada. En effet, la plupart des provinces et des territoires et bon nombre de municipalités ont déjà mis en place de telles stratégies. Il sera donc important de tirer parti de leur leadership et des progrès qu'ils ont accomplis à ce chapitre.
Le 4 octobre dernier, le ministre Jean-Yves Duclos vous a présenté un document de travail intitulé Vers une stratégie de réduction de la pauvreté. Il s'agit d'une première étape vers l'élaboration de la stratégie. Comme vous vous en souviendrez sans doute, le but de ce document est de fournir un cadre qui orientera le prochain dialogue national sur la réduction de la pauvreté au Canada. Il est le fruit d'un véritable effort de collaboration. Je tiens d'ailleurs à remercier mes collègues ici présents qui ont joué un rôle primordial dans l'élaboration de ce document de discussion, et j'estime que ce comité est l'endroit idéal pour discuter de ces enjeux importants.
Le document examine les nombreuses facettes de la pauvreté au Canada, comme le revenu, le logement, l'emploi, les études, la santé et l'inclusion. Il met également l'accent sur les groupes les plus vulnérables à la pauvreté.
Dans l'ensemble, le document se penche sur la pauvreté en tant que problème social complexe dont la solution nécessitera une approche multidimensionnelle. Un point important de la réduction de la pauvreté est le lien entre la pauvreté et la santé. Comme il est indiqué dans le document, la pauvreté et la santé, tant physique que mentale, sont étroitement liées. Lorsqu'une personne vit dans la pauvreté, elle est plus à risque d'avoir des problèmes de santé. Lorsqu'une personne souffre de problèmes de santé, elle vit souvent dans la pauvreté. Il est plus difficile pour elle de faire des études postsecondaires, de jouer un rôle actif dans sa communauté et de trouver un emploi qui lui procure un revenu adéquat.
Même si le lien entre santé et pauvreté peut être multidimensionnel et compliqué, un bon moyen de réduire efficacement la pauvreté sera de soutenir les Canadiens aux prises avec des problèmes de santé mentale. Mon ministère compte plusieurs programmes qui aident, de façon directe ou indirecte, les personnes qui en souffrent. Il y a la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. Le lien entre la santé mentale et l'itinérance est bien connu. Nous offrons également des programmes de soutien au revenu, y compris des prestations de maladie de l'assurance-emploi et des prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada.
En ce qui a trait aux prochaines étapes de l'élaboration de la Stratégie de réduction de la pauvreté, on a notamment annoncé le projet Combattons ensemble la pauvreté. Il consiste à mener des études de cas dans six collectivités du Canada: Saint John; Trois-Rivières; Regent Park, à Toronto; Winnipeg; Yellowknife; et Tisdale.
Dans le cadre de ce projet, on discutera surtout avec des personnes qui ont été touchées par la pauvreté afin de comprendre ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui pourrait être amélioré. Au fur et à mesure de nos discussions, les problèmes de santé mentale seront sans aucun doute mis à l'avant-plan.
Nous travaillons également à l'élaboration d'un plan pour une consultation publique qui devrait être lancée bientôt. Non seulement nous discuterons avec des experts au cours de tables rondes, mais nous parlerons également avec des gens qui ont vécu ou vivent dans la pauvreté; nous en apprendrons davantage sur les liens entre la pauvreté et la santé mentale au Canada.
En terminant, j'aimerais remercier le Comité de nous avoir invités aujourd'hui. Je vais céder la parole à mes collègues de Statistique Canada, qui vous donneront un aperçu statistique de la santé mentale au Canada.
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Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je vous remercie de nous avoir invités à venir vous donner des renseignements sur l'état de santé mentale des Canadiens.
Les données les plus récentes sur la santé mentale des Canadiens proviennent de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes qui a été réalisée en 2012. La plupart des données présentées ici en sont d'ailleurs tirées. Cette enquête a été effectuée auprès des Canadiens âgés de 15 ans et plus de l'ensemble des provinces. Les personnes vivant dans les territoires, les réserves ou autres établissements autochtones, les membres des Forces canadiennes et les sans-abri n'en font pas partie. Étant donné qu'il s'agit d'une enquête transversale, je vais faire des associations, mais je ne serai pas en mesure de tirer des conclusions sur les causes possibles.
Je vais parler des troubles mentaux et des troubles liés à l'utilisation de substances. Dans le cadre de l'enquête, les répondants ne devaient pas définir eux-mêmes les troubles. On leur a plutôt posé une série de questions sur les symptômes ressentis et les types de comportements adoptés. Selon les réponses, les répondants étaient réputés avoir satisfait aux critères d’un trouble mental ou d’un trouble lié à l’utilisation de substance particulier et étaient classés en conséquence.
À moins d'indication contraire, les troubles dont nous allons traiter dans cet exposé ont été vécus au cours des 12 mois précédant l’enquête. Six troubles ont été mesurés: dépression, trouble bipolaire, trouble d'anxiété généralisée, abus d'alcool ou dépendance à l'alcool, abus de cannabis ou dépendance au cannabis, et abus d'autres drogues ou dépendance à d'autres drogues.
Nous avons dressé un portrait de la façon dont les troubles mentaux et troubles liés à l'utilisation de substances touchent différents groupes démographiques et sociaux. Étant donné qu'il y a beaucoup trop de graphiques pour les examiner en détail, je vais vous faire un résumé des résultats et ensuite attirer votre attention sur plusieurs constatations clés. Vous pourrez consulter les graphiques ultérieurement pour en savoir plus.
En résumé, sachez qu'un grand nombre de personnes vont souffrir d'un problème de santé mentale à un moment donné de leur vie. Le taux de troubles mentaux est plus élevé chez les femmes tandis que le taux de troubles liés à l'utilisation de substances est plus élevé chez les hommes. Parmi les groupes vulnérables, notons les jeunes, les personnes célibataires, les parents seuls, les personnes en situation de faible revenu, les Autochtones, les personnes ayant connu une situation d'itinérance et les victimes de mauvais traitements pendant l'enfance. Les immigrants faisaient exception à la règle, en ce sens qu'ils affichaient des taux de troubles plus faibles par rapport à la population née au Canada.
Maintenant que je vous ai donné les points saillants, je vais examiner quelques diapositives plus en détail. À la diapositive 5, on voit qu'environ 10 % des gens ont souffert de l'un des troubles au cours des 12 derniers mois. La proportion des Canadiens atteints d'un trouble mental était deux fois plus élevée que celle des Canadiens ayant souffert d'un trouble lié à l'utilisation de substances, c'est-à-dire 6 % par rapport à 3 %. Bien que cela ne figure pas dans le graphique, il est important de noter que 1 % des Canadiens ont souffert à la fois d'un trouble mental et d'un trouble lié à l'utilisation de substances.
La diapositive 6 concerne les 10 % de gens qui ont eu des troubles mentaux et liés à l'utilisation de substances au cours de l'année précédant l'entrevue. Pour vous mettre un peu en contexte, sachez que le tiers des Canadiens ont indiqué avoir souffert d'un trouble mental ou d'un trouble lié à l'utilisation de substances au cours de leur vie. Heureusement, la plupart d'entre eux n'ont pas eu de symptômes dans les 12 mois précédant l'entrevue.
En ce qui concerne la prévalence chez certains groupes d'âge, à la diapositive 7, on peut voir que les jeunes âgés de 15 à 24 ans étaient les personnes les plus susceptibles d'avoir un trouble, avec pratiquement une personne sur cinq. Dans l'ensemble, les taux diminuaient avec l'âge. Ce contraste est principalement attribuable aux troubles liés à l'utilisation de substances. Il y a une prévalence plus élevée de ces troubles chez les 15 à 24 ans.
Même si on ne le voit pas ici, 3 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans ont souffert à la fois d'un trouble mental et d'un trouble lié à l'utilisation de substances, un pourcentage qui est beaucoup plus élevé que la moyenne des groupes d'âge, qui se situe à 1 %. En revanche, la proportion des gens ayant été atteints d'un trouble mental était similaire pour tous les groupes d'âge, à l'exception des personnes âgées de 65 ans et plus.
À la diapositive 8, lorsqu'on prend le revenu en considération, on remarque qu'une plus grande proportion des personnes ayant un revenu annuel par ménage de moins de 20 000 $ ont souffert d'un trouble mental ou lié à l'utilisation de substances. Un peu moins de 20 % des Canadiens qui gagnent un revenu annuel de moins de 20 000 $ ont indiqué avoir souffert d'un trouble, alors que pour tous les autres groupes de revenus, le taux se situait entre 8 et 11 %.
En outre, il est intéressant de souligner que les troubles étaient plus fréquents chez les personnes vivant principalement de l'aide sociale. Plus précisément, près de trois Canadiens sur 10 dont les prestations sociales étaient la principale source de revenus ont déjà été atteints d'un trouble comparativement à une personne sur 10 qui touche un revenu d'emploi.
Nous savons que le revenu du ménage peut avoir une certaine incidence, selon divers facteurs, dont la taille de la famille et le lieu de résidence, alors nous avons demandé aux répondants s'ils croyaient que leur revenu était suffisant pour couvrir leurs dépenses essentielles. Les personnes qui avaient du mal à joindre les deux bouts étaient deux fois plus susceptibles de souffrir d'un trouble que les personnes dont le revenu était suffisant.
La diapositive 9 révèle que la plus forte proportion de troubles a été observée chez les personnes ayant une incapacité permanente à travailler.
À la diapositive 13, on se penche sur les taux de troubles chez les parents ayant des enfants de moins de 18 ans à la maison. On constate que chez les parents seuls, il y a deux fois plus de troubles mentaux ou liés à l'utilisation de substances que chez les personnes mariées ou en union libre.
À la diapositive 14, on peut voir que les immigrants présentent deux fois moins de troubles que les personnes nées au Canada. Cela ne tient pas compte des sous-groupes vulnérables tels que les réfugiés, mais nous n'avons pas de statistiques ventilées par sous-groupe. Même si cela ne figure pas au tableau, nous nous sommes également penchés sur le statut de minorité visible. On n'a constaté aucune différence par minorité visible lorsque le statut d'immigrant était pris en considération. Avant cela, les minorités visibles avaient des taux plus faibles.
La diapositive 16 concerne les adultes ayant subi de mauvais traitements pendant l'enfance. Une étude antérieure laissait entendre qu'il y avait un lien entre la maltraitance subie pendant l'enfance et le risque de souffrir d'un trouble. Dans cette enquête, il était question de divers types d'abus physiques ou sexuels subis au moins une fois avant l'âge de 16 ans. Les résultats de l'enquête correspondent aux recherches qui ont été menées antérieurement, en ce sens qu'ils indiquent que près de 14 % des adultes qui ont été victimes de mauvais traitements lorsqu’ils étaient enfants ont souffert d'un trouble, comparativement à 6 % chez ceux qui n'ont pas été maltraités — soit plus que le double.
Pour résumer, comme je l'ai dit plus tôt, il y a d'autres groupes vulnérables pour lesquels nous avons fourni des statistiques, mais dont nous n'avons pas discuté en détail, c'est-à-dire les personnes célibataires, divorcées et séparées; et les personnes ayant des antécédents d'itinérance.
J'espère que ce portrait de la santé mentale des Canadiens sera utile dans le cadre de vos travaux.
Bonjour, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis le sous-ministre adjoint principal pour la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits à Santé Canada.
[Français]
II s'agit de ma première comparution devant votre comité. Je suis ravi à l'idée d'avoir cette discussion avec vous ce matin.
Avant de poursuivre ma présentation, permettez-moi de vous présenter Dre Patricia Wiebe, qui est médecin spécialiste en santé mentale et qui travaille au sein de notre direction générale.
[Traduction]
Aujourd'hui, je vais vous donner un aperçu général de notre mandat et de nos programmes, et je pourrai ensuite répondre à vos questions concernant notre soutien au bien-être mental au moyen d'approches novatrices dans le contexte de la réduction de la pauvreté.
Santé Canada, par l'entremise de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, s'est engagé à travailler auprès des Premières Nations, des Inuits et des partenaires provinciaux et territoriaux pour s'assurer que les communautés inuites et des Premières Nations ainsi que les membres de ces communautés ont accès à un vaste éventail de programmes et de services de santé de qualité adaptés à leurs besoins et à leurs priorités. Les Premières Nations et les Inuits subissent encore les répercussions historiques de la colonisation, y compris les effets intergénérationnels des pensionnats indiens et la déconnexion entre les forces de leur culture et les perceptions autochtones du monde.
[Français]
Comme vous le savez, les populations des Premières Nations et des Inuits sont aux prises avec d'importants défis en matière de santé. Lorsqu'on les compare à la population canadienne en général, on y observe une espérance de vie plus courte, un taux plus élevé de maladies chroniques et de maladies infectieuses ainsi qu'un taux de mortalité et de suicide plus élevé.
Elles doivent également surmonter de plus grands défis pour ce qui est des déterminants sociaux de la santé, notamment un taux de chômage élevé, un niveau de scolarité plus faible et un taux plus élevé de maisons surpeuplées.
[Traduction]
Il est largement reconnu partout au Canada que des disparités importantes existent entre les besoins de la population en matière de services de traitement de la toxicomanie et de santé mentale et les services actuellement offerts. Cet écart est encore plus marqué chez les populations autochtones.
Pour ce qui est du sujet à l'étude, j'aimerais vous entretenir des programmes et des services de santé mentale, financés par notre direction générale, qui viennent en aide aux familles et aux communautés autochtones et qui peuvent également avoir une incidence sur la vie des personnes handicapées tout en contribuant indirectement à réduire la pauvreté. J'aimerais également parler du cadre qui oriente les programmes, les interventions et les services de Santé Canada et qui vise à améliorer l'accès à ces services importants.
Santé Canada investit plus de 300 millions de dollars par année pour répondre aux besoins en matière de mieux-être mental des communautés inuites et des Premières Nations en finançant des activités telles que la promotion de la santé mentale, la prévention de la toxicomanie et du suicide, les services d'intervention en situation de crise, les traitements et les soins de suivi, ainsi que les services de soutien destinés à aider les anciens élèves des pensionnats admissibles et leur famille à aborder sans crainte un large éventail de questions de mieux-être liées aux répercussions de leur séjour dans ces écoles.
Ces programmes et ces services visent à réduire les facteurs de risque associés à la santé mentale et à promouvoir les facteurs de protection, comme le renforcement de la résilience, afin d'améliorer les résultats des Premières Nations et des Inuits au chapitre du bien-être mental. La majorité des services sont offerts par des organismes de santé communautaires, des centres de traitement des Premières Nations ou des conseillers indépendants en santé mentale. Santé Canada agit à titre de bailleur de fonds pour ces services.
Au cours de l'été 2016, on a annoncé un investissement supplémentaire de 69 millions de dollars sur trois ans afin d'appuyer des mesures immédiates en vue de répondre aux besoins en santé mentale des communautés inuites et des Premières Nations. Cet investissement renforcera la capacité à l’échelon local et régional d’offrir des services essentiels en santé mentale pouvant répondre aux situations de crise actuelles. Ces investissements sont guidés par le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations et la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuits, qui ont tous deux été élaborés de concert avec nos partenaires des Premières Nations et nos partenaires inuits.
L'élaboration du Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations, par exemple, a été reconnue comme étant une pratique exemplaire pour son processus exhaustif de renforcement des capacités et de validation et pour la participation des Premières Nations au dialogue. Le cadre traite de la nécessité d'utiliser une approche pangouvernementale axée sur la transformation afin de répondre aux besoins en mieux-être mental et de promouvoir la réconciliation et la guérison. Il énonce une approche holistique à l'égard des services de mieux-être mental fondée sur la culture des Premières Nations. Les partenaires nationaux et régionaux des Premières Nations travaillent en étroite collaboration avec les autres ministères fédéraux pour appuyer la mise en oeuvre du continuum à l'échelle communautaire, régionale et nationale. Le continuum s'appuie sur les déterminants sociaux de la santé des Autochtones et permet aux partenaires de planifier, de mettre en oeuvre et de partager des responsabilités concernant des éléments essentiels qui dépassent le contrôle direct du système de santé.
La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuits a été élaborée par l'Inuit Tapiriit Kanatami. Pour appuyer cette démarche menée par les Inuits, la a annoncé en juillet 2016, soit le jour du lancement de ce cadre important, du financement additionnel sur une période de trois ans. Le développement communautaire, l'appropriation par la communauté et le renforcement des capacités doivent être présents à tous les niveaux de la prestation des services pour s'assurer que les programmes et les services sont pertinents, efficaces, souples, durables et axés sur les besoins et les priorités des communautés.
[Français]
Les événements malheureux qui ont affligé la communauté de Wapekeka récemment nous ont encore rappelé l'importance et l'urgence de travailler de concert avec les professionnels en santé mentale, les autorités et les intervenants locaux ainsi qu'avec nos partenaires provinciaux afin qu'une assistance adaptée soit apportée à temps aux familles et aux membres des communautés qui font face à des crises graves comme celle que traverse cette communauté.
[Traduction]
En plus de répondre à la crise à Wapekeka, nous continuons de travailler avec la collectivité pour trouver des solutions appropriées à long terme et sur le plan culturel qui contribueront à donner de l'espoir et qui favoriseront le bien-être mental.
La culture est un déterminant social important en matière de santé et un facteur clé pour assurer le mieux-être dans les collectivités autochtones. Par exemple, Santé Canada appuie des programmes axés sur les terres qui utilisent la culture comme fondement pour venir en aide aux particuliers, aux familles et aux communautés et pour renforcer leur relation avec la terre et la culture traditionnelle. Par ailleurs, cet appui contribue à atteindre un équilibre mental, physique, émotionnel et spirituel en renforçant la résilience et en gérant les facteurs de risque.
Nous avons effectué des investissements pour le déploiement de solutions de télésanté et, maintenant, la majorité des centres de santé et des postes de soins infirmiers sont équipés de technologie de télésanté. Une analyse réalisée en 2015-2016 a révélé qu'il y a eu plus de 14 000 séances de télésanté dans les collectivités des Premières Nations, offrant un vaste éventail de services de santé, dont des conférences de cas et des renseignements aux patients. De plus, des consultations cliniques telles que des séances sur la santé mentale représentent 9 % de toutes les séances cliniques en Alberta et 13 %, au Manitoba.
La technologie peut contribuer à améliorer l'accès aux services de santé mentale. Il est particulièrement important d'explorer ces avenues où les collectivités sont confrontées à des problèmes pour ce qui est de la disponibilité des services.
Conformément à la priorité du gouvernement de s'engager envers les Premières Nations, une à une, ce qu'il faut, c'est une relation constante et évolutive entre les différents paliers de gouvernement et les dirigeants autochtones axée sur le respect mutuel et le partenariat. Le bien-être d'une collectivité est une responsabilité partagée qui peut seulement être atteinte et maintenue au moyen d'une approche concertée en matière de soins qui se penche sur les déterminants sociaux de la santé des Autochtones et qui est axée sur la culture et l'autodétermination.
Pour atteindre des résultats, les services de santé mentale doivent respecter la sécurité culturelle et doivent être créés et offerts conjointement avec des partenaires communautaires. Nous avons l'obligation d'explorer de nouvelles façons d'offrir ces services pour pouvoir répondre aux besoins.
La Dre Wiebe et moi-même serons ravis de répondre à vos questions. Merci beaucoup du temps que vous nous consacrez ce matin.
:
Merci, monsieur le président.
Je me réjouis de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser au Comité au nom de l'Agence de la santé publique du Canada.
Permettez-moi de commencer en vous donnant quelques définitions importantes qui, je pense, illustreront l’importance primordiale de soutenir et d'améliorer la santé mentale pour assurer la santé publique. L'Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel chaque personne réalise son potentiel, fait face aux difficultés normales de la vie, travaille avec succès de manière productive et peut apporter sa contribution à la communauté ».
La maladie mentale fait référence à des problèmes de santé mentale généralement diagnostiqués et traités par les professionnels de la santé mentale. La dépression et l'anxiété sont les deux maladies mentales les plus répandues, mais il en existe d'autres, comme la schizophrénie.
Nous savons que la maladie mentale est l’une des causes importantes de la pauvreté. Nous savons également que vivre dans la pauvreté peut nuire à la santé mentale. L’Organisation mondiale de la santé a récemment souligné que la pauvreté, le logement inadéquat et la difficulté à trouver un emploi ou à faire des études étaient des facteurs de risque en santé mentale.
Comprendre les facteurs sociaux et économiques qui influencent la santé mentale est essentiel à l’élaboration de programmes de santé publique efficaces. À l’Agence de la santé publique, nous travaillons en amont pour aider à renforcer les facteurs de protection qui favorisent la santé mentale en aidant les Canadiens à acquérir de la résilience et des habiletés d'adaptation pour prévenir la maladie mentale. Parallèlement à d’autres stratégies de réduction de la pauvreté, une bonne santé mentale peut aider à briser les cycles de la pauvreté.
Les activités de l’agence en matière de promotion de la santé mentale comprennent des programmes de surveillance et de dépistage — que l’on appelle également des « recherches en matière d’intervention » — et des programmes communautaires destinés aux populations vulnérables comme les enfants, les jeunes, les survivants de violence et les personnes âgées.
J’aimerais prendre quelques minutes pour vous parler de certains des investissements de l'agence dans ces domaines.
Étant donné que nous nous concentrons sur la prévention et la promotion, nous avons fait du soutien aux enfants et aux jeunes vulnérables une priorité de santé publique. Chaque année, nos programmes de soutien prénatal et parental touchent 278 000 enfants et parents à risque dans plus de 3 000 collectivités du Canada.
Nous investissons environ 112 millions de dollars par année dans trois programmes: le Programme canadien de nutrition prénatale, le Programme d’action communautaire pour les enfants et le Programme d'aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques. Les familles qui ont recours à ces programmes sont confrontées à des conditions de vie difficiles telles que le faible revenu, la monoparentalité ou la parentalité des jeunes, l'isolement social ou géographique, les situations de violence ou de négligence, ainsi que les problèmes de toxicomanie. Ces programmes favorisent la parentalité positive, la participation des parents, l'attachement, la résilience et les relations saines. Ce sont tous des facteurs de protection associés à la santé mentale.
Les évaluations des programmes et les sondages auprès des participants nous montrent que ces programmes ont des effets positifs importants sur les parents et leurs enfants, y compris l’amélioration de la santé mentale.
L'Agence de la santé publique évalue également les interventions de promotion de la santé mentale pour comprendre quels types d'interventions fonctionnent, pour qui et dans quel contexte. Plus précisément, nous investissons 1,5 million de dollars par année dans des projets axés sur les enfants, les jeunes et leurs familles, qui augmentent les facteurs de protection de la santé mentale, comme le soutien social aux parents vulnérables, l'attachement entre les parents et les enfants, la résilience et la capacité de créer des relations saines. Par exemple, le « Fourth R » est un programme de prévention en milieu scolaire qui favorise des relations saines entre les jeunes. Le programme comprend la modélisation de rôles pour renforcer les habiletés relationnelles, le mentorat par les pairs, la prévention de l'intimidation, des séances sur l'utilisation sécuritaire des médias sociaux ainsi que des leçons pour traiter et prévenir la violence dans les fréquentations.
En outre, l'agence appuie les projets communautaires qui favorisent autant la santé physique que la santé mentale des survivants de la violence familiale. La pauvreté, le chômage et le stress économique font partie des nombreux facteurs de risque de violence familiale. La violence familiale peut causer de graves problèmes de santé et sociaux tout au long de la vie d’une victime, y compris un risque accru de problèmes de comportement chez les enfants, la consommation de drogues et d'alcool, des tentatives de suicide chez les adolescents et la maladie mentale.
L’agence soutient des projets à l’échelle du pays qui touchent les populations vulnérables, notamment les jeunes de la rue, les populations autochtones et du Nord, ainsi que les parents et les enfants touchés par la violence. Ces projets évaluent également l'efficacité des approches novatrices de promotion de la santé en mesurant les changements dans les résultats de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression et les troubles liés au stress post-traumatique.
À toutes les étapes de leur vie, les Canadiens peuvent souffrir d’une mauvaise santé mentale. Les personnes âgées n’y échappent pas. Les personnes âgées à faible revenu sont plus exposées à l’isolement social, à la solitude et à la dépression, ainsi qu’à une mauvaise santé et à un décès prématuré. D’autres experts l'ont dit: la lutte contre la pauvreté ne se limite pas au soutien du revenu. II s’agit également de renforcer les liens de la communauté et de donner aux Canadiens la possibilité d’accéder à des services de soutien sociaux. C’est pourquoi l’Agence de la santé publique continue de travailler en étroite collaboration avec les provinces et les territoires, ainsi qu’avec l’Organisation mondiale de la santé, pour assurer le fonctionnement de l’Initiative des collectivités amies des aînés. Au Canada, cette initiative a renforcé l’inclusion sociale dans plus de mille collectivités en réunissant les aînés, leurs aidants, les gouvernements et d’autres intervenants afin d’aider les aînés à demeurer actifs, engagés et en bonne santé dans leurs collectivités.
L’agence collabore également avec des partenaires pour sensibiliser les gens à la santé mentale des aînés et à mettre des ressources à leur disposition. Par exemple, l'agence a accordé des fonds à la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, en collaboration avec Shoppers Drug Mart, afin d'élaborer des ressources pour les aînés et leurs familles pour lutter contre certains problèmes de santé mentale chez les personnes âgées. Cette initiative assure également aux pharmaciens une formation continue et un accès à l’information dont ils ont besoin.
Je conclurai ici en soulignant que l’investissement dans la promotion de la santé mentale peut contribuer à la réduction de la pauvreté. Toutefois, la complexité des problèmes de pauvreté et de mauvaise santé exige une approche pluridisciplinaire pour assurer le succès des mesures prises pour y remédier.
Merci de votre attention et du temps et de l'énergie que vous consacrez à ce sujet. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci à vous tous de vos déclarations liminaires et d'avoir respecté le temps qui vous a été imparti.
Avant de commencer, je tiens à souhaiter la bienvenue au député Glen Motz. Je sais que vous ne faites qu'assister à la réunion aujourd'hui, mais j'aimerais beaucoup que vous nous parliez de votre expérience à Medicine Hat, où nous nous rendrons dans quelques semaines. Bienvenue.
Il est bon de voir Brigitte Sansoucy et la députée Vecchio également.
Je veux prendre un instant pour souhaiter la bienvenue au nouveau secrétaire parlementaire, Adam Vaughan. Je me réjouis de votre présence ici, et compte tenu de la question que nous étudierons dans les semaines et les mois à venir, vous serez une ressource importante pour nous.
À compter de ce matin, la députée Dhillon se joindra officiellement à nous au Comité.
Bienvenue à tous. Merci.
D'accord, Dan. En passant, bon retour, Dan.
Sur ce, je cède la parole à la députée Vecchio pour six minutes.
:
Merci beaucoup de votre présence ici aujourd'hui.
Avant de devenir députée, j'ai eu l'honneur de travailler avec l'un des bureaux de député et, pendant la récession, nous avons enregistré une montée en flèche du nombre de demandes de prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada. J'ai quelques questions à ce sujet.
Premièrement, puisque nous examinons la question, y a-t-il une façon de ventiler ces demandes selon qu'il s'agit de santé mentale ou de santé physique? Avons-nous enregistré une hausse des demandes de prestations pour des problèmes de santé mentale, car c'est une chose que j'ai remarquée dans la région d'Elgin—Middlesex—London?
Deuxièmement, avez-vous vu un lien entre le taux de chômage élevé et le nombre élevé de demandes de prestations d'invalidité, ou cette situation est-elle survenue seulement dans notre propre circonscription?
J'invite n'importe quel témoin à répondre à la question.
À vrai dire, je vais commencer avec Statistique Canada. Vous avez peut-être des données à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Bon retour, chers collègues.
Merci aux témoins de leurs excellentes déclarations.
Je suis de Saint John, au Nouveau-Brunswick et, de toute évidence, j'étais très heureux lorsque le est venu à Saint John le 3 septembre, si je ne m'abuse, pour annoncer qu'elle serait l'une des villes visées par l'étude Combattons ensemble la pauvreté.
Monsieur Murphy, pour la gouverne du Comité, pourriez-vous expliquer brièvement quelles sont les attentes pour l'initiative Combattons ensemble la pauvreté et nous dire comment vous pensez qu'elle sera rattachée, surtout en ce qui concerne la santé mentale, à la stratégie de réduction de la pauvreté?
Je vais maintenant m'adresser aux témoins de Statistique Canada, si vous le voulez bien. Je vais brièvement lire une statistique, qui figurait également dans vos diapositives: onze pour cent des Canadiens âgés de 15 à 24 ans ont souffert de dépression à un moment donné au cours de leur vie, et moins de la moitié d'entre eux ont cherché de l'aide professionnelle.
Quand j'étais adolescent, j'ai énormément souffert d'anxiété. Je me souviens qu'à l'école, à l'université ou ailleurs, je ne m'en serais jamais ouvert à qui que ce soit. Si j'avais répondu à un sondage, à un appel ou à quelque chose comme cela, jamais je n'aurais admis souffrir d'anxiété.
Pouvez-vous me dire à quel point vous êtes certains de joindre les gens dans le besoin? Je sais que les diapositives sont formidables et contiennent d'excellentes informations, mais comment réussissez-vous à vraiment rejoindre les gens dont les besoins sont les plus criants? Ce que je crains, c'est que dans cette situation — et nous parlerons des refuges pour sans-abri dans un instant — et certainement dans le cas des adolescents aux prises avec l'anxiété et la dépression, les gens ne se manifestent pas. Comment les trouvez-vous? Comment tenez-vous compte d'eux?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie l'ensemble des témoins de leurs présentations. Ils nous ont bien démontré comment la pauvreté peut conduire à un problème de santé mentale et, inversement, comment la santé mentale peut mener à la pauvreté.
Madame Romano, je vous remercie de vos propos. Il est toujours intéressant d'établir de nouvelles définitions et de voir qu'on ne réinvente pas la roue. L'Organisation mondiale de la santé a déjà bien documenté ces choses.
Comme vous l'avez souligné, il faut se rappeler des évidences, par exemple l'importance de bien comprendre les facteurs de risque, que ce soit la pauvreté, un logement inadéquat, la difficulté à trouver un emploi ou de faire des études, quoiqu'il y ait parfois des éléments contradictoires à ce sujet. Ce qui m'a surpris au chapitre des statistiques, c'est que les personnes ayant un niveau d'études supérieur présentaient un risque plus élevé. Il arrive que des informations nous amènent à nous poser des questions.
Vous nous avez aussi dit qu'il est important de s'attarder aux causes, parce qu'il est souvent tentant de ne s'attaquer qu'aux conséquences. À court terme, on s'attaque aux conséquences, mais tant qu'on ne s'attaquera pas aux causes d'un problème, on n'y arrivera pas.
Cela m'amène à m'adresser aux représentants du ministère de la Santé. Malheureusement, ce sont souvent les crises qui nous incitent à nous rappeler les choses fondamentales, par exemple la façon d'intervenir, les meilleures pratiques et les moyens qu'on connaît depuis longtemps mais qu'il faut mettre en application. Malheureusement, ce sont les crises qui nous rappellent qu'il faut investir à cet égard.
Vous avez conclu en parlant de l'importance d'avoir une collaboration constante et progressive, mais on dirait qu'il faut toujours qu'il y ait des crises pour s'en rappeler. J'aimerais vous entendre sur l'équilibre qu'il doit y avoir entre la prévention et la réaction nécessaire aux situations de crise. Comment pouvons-nous, jour après jour, être présents dans les communautés autochtones, au lieu d'attendre qu'il y ait une situation de crise pour décider d'investir davantage? J'ai besoin de vous entendre à propos de cet équilibre nécessaire.
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Merci beaucoup. C'est une excellente question.
Je vais tenter de vous donner une réponse qui soit suffisamment large pour couvrir la portée de votre question.
À la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits, notre approche en santé publique consiste à faire en sorte que les communautés inuites et des Premières Nations disposent d'institutions ou de la capacité d'offrir des services de façon continue. Je ne parle pas ici de services qui ciblent uniquement la santé mentale. Ils sont aussi destinés à la prévention, notamment dans le cadre de la petite enfance. Si on veut que l'approche en santé mentale soit vraiment exhaustive, il faut travailler dès l'étape prénatale. Il faut investir auprès des mères, des pères et des familles afin de leur donner les outils nécessaires pour soutenir leurs enfants et la croissance de ces derniers.
Dans l'ensemble des régions du pays, nous avons une série de programmes qui sont offerts dans les communautés des Premières Nations. Ils sont souvent réalisés par les communautés elles-mêmes. Ces programmes destinés à la petite enfance comportent des interventions prénatales ayant pour but de soutenir les familles et les parents. C'est extrêmement important.
Je vous ai parlé plus tôt de nos interventions directes en santé mentale. Or cette composante est extrêmement importante. Il faut soutenir les soins et la détection des problèmes de façon continue. Les soins primaires dans les communautés aident à subvenir aux besoins au fur et à mesure qu'ils se développent.
L'erreur qui a été commise il y a plusieurs décennies consistait à penser qu'une approche sectorielle, dirigée par le gouvernement, était la bonne façon d'organiser les services. On a appris au fil du temps que l'autodétermination, soit le contrôle par les communautés elles-mêmes de leurs programmes et de leurs services, faisait une énorme différence sur le plan de la qualité et de la réponse.
On a donc développé un cadre de santé mentale de concert avec les Premières Nations, notamment. On commence à la base en essayant de créer de l'espoir et de susciter un sentiment d'appartenance ainsi que l'impression d'apporter sa contribution. Ces éléments sont cruciaux pour réparer le tissu de base des communautés qui a été détruit par les politiques de colonisation appliquées dans nos institutions pendant des années. Il doit y avoir une intervention importante en ce sens.
Au cours des récentes années, notre approche en santé mentale a consisté à financer ce qu'on appelle les équipes de santé mentale. Elles sont formées non seulement de travailleurs sociaux, de psychologues ou de psychiatres, mais aussi d'aînés de la communauté. Ces grands-parents ou autres personnes interviennent d'une façon qui est davantage traditionnelle. On essaie de combiner ce qu'il y a de meilleur dans les interventions en santé qui se font auprès de la population. On intègre les traditions et la culture. On cherche à retrouver ce qui est essentiel. C'est ce qu'on a un peu détruit et qui, en fin de compte, affaiblit la résilience des familles et des communautés.
Je dirais que 90 % des services offerts et financés par le gouvernement fédéral dans les communautés des Premières Nations sont contrôlés par les communautés elles-mêmes, soit par des organisations des Premières Nations.
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C'est un peu au-delà du mandat de ma direction. Je peux toutefois dire que la ministre de la Santé négocie avec les provinces et les territoires notamment pour améliorer l'accessibilité des services de santé mentale au Canada, comme vous le savez tous d'après sa lettre de mandat. Ces discussions sont en cours. Je suis persuadé que tous les membres du Comité savent comment le dossier avance auprès des différents territoires et provinces.
Je pense qu'il y a une volonté réelle et un intérêt énorme. Dans le cadre des discussions avec les provinces et les territoires, j'ai pu constater que la question préoccupe les gouvernements. À ce stade-ci, je ne peux pas vraiment en dire plus sur l'issue des négociations puisque je n'y participe pas directement. Il n'y a manifestement pas que votre comité qui se soucie de la question. Nous avons bien sûr entendu les mêmes inquiétudes de la part des provinces et des territoires, qui souhaitent vivement faire avancer le dossier.
Permettez-moi de parler de mon domaine d'intervention, qui porte davantage sur un segment de la population en particulier. L'objectif est de mettre en place des services de proximité régis par la collectivité, et d'aider les gens à les adapter. Nous essayons de corriger les erreurs du passé, lorsque nous tentions d'imposer un modèle semblable à celui qui existe à l'extérieur des réserves et dans la population générale. Nous nous contentions de changer quelques mots pour que le programme s'applique aux Premières Nations ou aux Inuits. Nous devons plutôt considérer les choses sous l'angle de l'adaptation culturelle. Nous devons songer à l'emprise culturelle de ce volet et rebâtir les fondements. Nous l'avons fait, et nous essayons désormais d'intégrer ces mesures à nos nouveaux programmes.
Nous devons également songer à la sécurisation culturelle. Plusieurs membres du Comité m'ont posé des questions sur le rôle de la province à ce chapitre. Je crois que nous avons un défi à relever au Canada: renforcer la sécurisation culturelle, non seulement à l'échelle fédérale, mais au sein de toutes les autres instances gouvernementales aussi. Prenons des clients qui ont vécu des réalités particulières — je pense aux Premières Nations et aux Inuits, qui ont des origines différentes. Lorsque ces gens obtiennent des services en établissement, peu importe si la prestation est provinciale ou fédérale, ces services doivent respecter leurs valeurs culturelles, sans quoi les patients ne se présenteront pas au rendez-vous.
Un membre du Comité a dit que les gens n'ont pas accès aux services. Je pense que nous devons toujours nous demander si le service est adapté. Le service correspond-il aux besoins? Ce volet dépasse parfois la portée d'établissements tels que les ministères, mais nous devons nous y attarder sur le terrain.
Dans le cas des Premières Nations et des Inuits, je pense que des efforts considérables ont été déployés ces 10 dernières années afin de s'attaquer à la sécurisation culturelle et de s'assurer que les fournisseurs de services comprennent que la personne qui se présente devant eux porte tout un bagage et toute une histoire. Nous parlons beaucoup des séquelles laissées par les pensionnats et d'autres politiques désolantes qui ont marqué leur vie dans le passé. Nous devons investir massivement dans la sécurisation et l'adaptation culturelles afin que les services offerts soient pertinents.
Nous avons récemment constaté dans un rapport du coroner que les gens ont accès aux services, mais qu'ils n'y retournent pas, en fait, probablement en raison d'un problème d'acceptation ou d'adaptation du système pour qu'il réponde à leurs besoins. Nous devons vraiment nous pencher là-dessus. La solution n'est pas toujours d'offrir plus de services. Il suffit souvent d'adapter les services pour qu'ils s'appliquent à ce segment de la population.
Je vais présenter le cadre en quelques mots, puis je demanderai peut-être à la Dre Wiebe d'expliquer ce qu'il contient. Pour commencer, après notre comparution devant le Comité, et avec l'accord du président, nous allons remettre à la greffière un document de synthèse qui présente le cadre, étant donné qu'il est fort complexe et que nous n'y rendrions pas justice si nous tentions ici d'en exposer la raison d'être en une minute ou deux. Nous avons un document, que nous pouvons remettre à la greffière à l'intention des membres du Comité.
En deuxième lieu, le cadre nous sert essentiellement à orienter nos actions. Lorsque nous lançons de nouveaux programmes et que nous collaborons avec des partenaires pour renforcer la programmation en place, nous tentons de repositionner ces efforts dans le cadre. Nous essayons de moderniser l'ancienne méthode de prestation des services et d'organiser les programmes et les services d'une manière plus poussée.
Nous avons suivi un processus d'élaboration conjoint avec des dirigeants autochtones. Nous avons collaboré avec des partenaires d'un bout à l'autre du pays à cette fin, et nous avons maintenant un guide. Le cadre s'attarde moins à ce que nous devrions faire et à la façon dont nous devrions le faire, mais il indique plutôt comment nous devons l'appliquer maintenant. C'est ce sur quoi nous nous concentrons, et nous avons un tableau qui nous permet d'aider les collectivités à se doter des outils nécessaires pour bien faire les choses conformément au cadre.
Je vais demander à Patricia de parler brièvement de ce qui se trouve dans le cadre, si vous le souhaitez.
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C'est une question fort difficile.
Je dirais que c'est attribuable à l'héritage des pensionnats indiens et de ce genre de politiques. C'est pourquoi il est très important de mettre l'accent sur la culture et sa reconstruction, et de rendre le contrôle aux Premières Nations et aux organisations inuites, pour que les communautés créent leurs propres programmes et services.
Le premier ministre a d'ailleurs rencontré les dirigeants l'été dernier pour en discuter. Depuis, un certain nombre d'événements tristes sont survenus. Bien sûr, nous avons investi davantage dans le bien-être mental à l'échelle du pays depuis juin dernier, un effort qui englobe trois éléments importants.
Premièrement, nous dépêchons une équipe d'intervention en santé mentale afin d'aider les collectivités qui traversent de telles crises. Il s'agit d'une capacité d'appoint en cas de besoin.
En deuxième lieu, des équipes de mieux-être mental mettent en place des services et un soutien continus; élaborent des stratégies de proximité; et aident les collectivités à composer avec la situation, à prévenir les crises, à remédier à la situation et à guérir les blessures avant qu'une crise n'éclate. L'objectif n'est pas seulement d'intervenir en situation de crise.
Le troisième volet est une ligne téléphonique d'urgence qui permet aux gens qui traversent une crise d'obtenir l'aide d'un conseiller dans leur langue, que ce soit l'anglais, le français, l'inuktitut ou le cri, et ce, en tout temps, 24 heures par jour.
Un certain nombre de mesures préventives ont été prises l'été dernier. Mais il y a aussi eu un certain nombre de réactions à la crise qui sévit malheureusement dans les collectivités.
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Je peux commencer, en demandant à la Dre Wiebe de compléter au besoin ma réponse.
Une grande partie de ce montant va à des centres de traitement de la maladie mentale et des toxicomanies. Nous finançons des centres de traitement partout au pays, parce que ça fait partie de l'offre. Nous mesurons notre réussite grâce à des indicateurs, dont l'un d'eux est la fin de la dépendance d'au moins une substance après le traitement et après un certain temps. Nous surveillons ce paramètre. Ces centres ont une efficacité égale, parfois meilleure, à celle de centres semblables de traitement dans la population générale.
Je dirais que c'est un travail très exigeant. L'objectif n'est pas de 100 %, parce que, parfois, il faut recommencer le traitement. Nous avons des objectifs et des façons de mesurer l'efficacité de ces centres de traitement. Nous mesurons aussi la demande et la capacité de ces centres. Il faut augmenter leur capacité, en raison de la forte demande.
Les communautés sont financées pour les programmes de prévention en santé mentale. Nous ciblons les jeunes. Chaque communauté possède un plan de santé sous-jacent à ces programmes. Elle doit nous communiquer un rapport annuel et, tous les cinq ans, elle évalue le rendement des programmes. Comme le programme n'est pas mis en oeuvre exactement de la même façon dans toutes les communautés, les évaluations se font communauté par communauté.
Cependant, nous surveillons des macro-indicateurs, pour déceler l'évolution de la situation au Canada. Le travail de Statistique Canada est vraiment excellent, mais, comme vous pouvez le constater à la lecture de ses statistiques, le ministère dit, par exemple, ne pas compter les Premières Nations sur les réserves. Nous finançons une enquête régionale sur la santé, par un partenariat avec les Premières Nations de partout au Canada, qui rassemblent les données tous les trois ans, je crois, pour mesurer l'évolution d'un certain nombre de facteurs de santé et de facteurs sociaux sur les réserves pour mesurer leur évolution. Nous constatons une certaine amélioration.
Mais cette amélioration ne me satisfait pas, parce que les besoins sont tellement grands. Des changements sont nécessaires, mais je crois que le cadre et la nouvelle façon d'aborder le mieux-être mental donneront finalement de meilleurs résultats, parce que nous savons que les interventions ancrées dans la culture, liées au sol, ont beaucoup de succès. Parfois, nous évaluons la réussite d'initiatives particulières pour essayer de cerner les pratiques exemplaires. Ce n'est pas parce que c'est un cadre confié à la communauté pour qu'elle fasse de la planification. Nous n'élaborons pas d'outils pour les aider à choisir le bon modèle.
Je dois dire que les communautés des Premières Nations et les communautés inuites du pays sont très créatrices et qu'elles conçoivent leurs propres solutions. Parfois, la difficulté provient de la diffusion de ces solutions et de leur extension, parce que les vraies solutions viennent des communautés et que nous essayons de les encourager au moyen de programmes très souples.
J'ai le privilège notable de servir la plus grande réserve du Canada. Je commence notamment à comprendre que, malgré leur pensée très progressiste, ses dirigeants s'occupent très mal des leurs. J'ai pris beaucoup de temps avant d'arriver à Ottawa et, depuis, dans mes conversations avec certains habitants de cette réserve, ils me racontent des choses différentes de celles que nous entendons dans le grand public.
Au risque d'en froisser certains, ils ne me disent jamais que la situation qui existe sur la réserve est liée aux pensionnats ni qu'elle est liée à leur histoire, mais qu'elle découle de la négligence actuelle de leurs semblables, dans la réserve. C'est leur façon de nier les faits.
Les jeunes à qui je parle ont perdu tout espoir. Même les adultes. Ce n'est pas à cause de leur histoire. C'est en partie à cause de l'acculturation. Je comprends. Je respecte cette opinion. Je pense que c'est vrai en partie. Mais c'est aussi à cause de la négligence de leurs semblables. C'est ce qu'ils me disent.
Je veux vous entendre sur l'avenir, et la meilleure façon d'agir, désormais, passe par la collaboration. Comment prévoyez-vous que ça ira? Comment est-ce que ça se présentera? À quoi ça ressemble, sur place, dans la réserve des Gens-du-Sang quand vous allez faire valoir certains de ces enjeux de santé mentale pour aider à réduire la pauvreté, peut-être devant un groupe d'élus qui ne fournissent pas toujours les ressources? Ils n'en manquent pas, mais ils ne les consacrent simplement pas à ceux qui en ont le plus besoin.
Comment agir en collaboration dans ces conditions?
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J'aimerais poser quelques questions. Merci.
Monsieur Robillard, vous avez posé une question précise sur le programme Logement d'abord, et monsieur Murphy, vous avez répondu à la question. Je peux vous dire que dans ma collectivité, Medicine Hat, où l'approche productive que nous utilisons avec les sans-abri est reconnue à l'échelle nationale, le programme Logement d'abord fonctionne, et il fonctionne dans le cadre de sa structure actuelle. Lorsque nous serons à Medicine Hat pour étudier la situation sur le terrain, le 16 février, je vous encourage à poser cette question précise aux témoins qui seront présents. Ceux qui ont profité du programme et ceux qui gèrent ces programmes sont... Il est remarquable de constater à quel point ce type particulier de stratégie fait une différence dans la vie des personnes qui sont touchées par des problèmes de santé mentale et d'itinérance.
Selon mon expérience personnelle, un problème précède habituellement l'autre, et c'est la même chose en ce qui concerne l'emploi. Dans le cas des personnes avec lesquelles j'ai travaillé au cours de ma carrière, les problèmes de santé mentale précédaient habituellement la perte d'un emploi, l'itinérance et la pauvreté. Notre nation a beaucoup de travail à faire. Lorsque j'ai pris ma retraite de notre service de police il y a un an, la majorité des nouveaux dossiers ou des nouveaux cas concernaient des enjeux liés à la santé mentale. Le temps requis pour traiter ces enjeux augmentait plus rapidement que pour tout autre enjeu.
Nous avons immédiatement réorganisé notre service pour répondre à ces enjeux, car nous n'étions pas prêts. Nos collectivités étaient également mal préparées. Les soutiens offerts n'étaient pas adéquats. Nous aimons l'expression que vous avez utilisée, monsieur Perron, lorsque vous avez parlé d'approche collaborative. Notre organisme a dû évoluer afin de travailler en collaboration avec des professionnels du domaine de la santé mentale et avec d'autres services pour réussir, ensemble, à apporter des changements positifs dans la vie des gens et les empêcher de passer entre les mailles du filet. Les problèmes de santé mentale mènent souvent à la criminalité, mais il ne suffit pas de souffrir d'un problème de santé mentale pour être un criminel. Nous avons tenté de veiller à établir cette distinction.
Je suis désolé d'avoir pris la parole sans avoir posé de questions, mais je peux vous dire que les travaux effectués par le Comité... Je suis désolé. Je suis émotionnel, car j'ai vécu tout cela. Vous n'avez aucune idée des répercussions que les décisions que vous prendrez autour de cette table auront sur la vie des gens. Nous devons faire les choses correctement. Nous ne pouvons pas nous contenter de dépenser de l'argent. Nous devons obtenir la participation des organismes qui souhaitent faire une différence. Tout le monde se bat pour les mêmes fonds, et cela ne fonctionne pas toujours. Lorsque vous verrez... Lorsque vous serez à Medicine Hat, vous entendrez parler de la façon dont la vie des gens a changé parce qu'un programme a fonctionné; les gens se sont mobilisés et cela a fait une différence. On leur a d'abord fourni un logement et on a ensuite mis en oeuvre des mesures de soutien intégrées. Lorsque ces interventions fonctionnent, on réussit à changer des collectivités. Et lorsque les collectivités changent, on épargne de l'argent. C'est un fait. Cela permet d'épargner beaucoup d'argent. Si nous faisons les choses correctement dès le début... J'ai rêvé d'être ici. Lorsque j'étais sur le terrain à Medicine Hat, je pensais aux décideurs; je voulais que vous fassiez les choses différemment. Maintenant que je suis ici, je dois me pincer. Nous avons l'occasion de faire une différence. Mettons-nous au travail.
Merci.
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C'est nous qui vous remercions, monsieur.
Je crois que toutes les personnes assises autour de cette table sont d'accord. Je pense que si nous avons entrepris cette étude et que nous y avons consacré tout ce temps et cette énergie, c'est pour prendre les bonnes décisions à l'avenir, comme vous l'avez si bien dit. Je crois que les enjeux politiques jouent un rôle dans de nombreux comités. Je n'ai pas vu cela se produire pendant notre étude ou au sein de notre comité. Quelle que soit leur allégeance politique, tous les membres de notre comité sont ici pour faire ce qu'il faut pour le Canada, afin d'améliorer la situation au pays. Je vous remercie de votre passion.
J'ai très hâte de faire ce voyage. Il est prévu depuis un certain temps, et j'y pense souvent. Je ne peux pas croire que nous soyons sur le point de faire ce voyage, et précisément à Medicine Hat. Nous nous sommes battus pour veiller à ce que ce voyage soit prévu au calendrier en raison des travaux qui sont effectués sur le terrain là-bas. Nous avons très hâte de voir s'il est possible d'étendre ce projet à l'extérieur de Medicine Hat et de le mettre en oeuvre à l'échelle du pays. Parfois, de petites décisions et de petits programmes réussissent à résoudre de gros problèmes. Je crois que je m'attends à apprendre beaucoup de choses au cours de notre voyage là-bas.
Merci, monsieur. C'est difficile de faire mieux.
Madame Anju Dhillon, vous avez les six prochaines minutes, ou le temps dont vous avez besoin, pour poser votre toute première question à titre de membre de notre comité.
Si je me fonde sur le nombre d'experts qui ont comparu devant votre comité, je pense que vous êtes déjà en mesure de déterminer que nous devons cibler plusieurs secteurs pour régler le problème de la pauvreté et réussir à faire une différence. Comme je l'ai mentionné dans mon exposé, il ne s'agit pas seulement du revenu. Par exemple, dans le cas d'une personne âgée qui vit seule, quel que soit son revenu, si elle ne peut pas sortir de chez elle pour avoir accès à certains des soutiens sociaux qui lui sont offerts et si elle se sent isolée, cela affectera sa santé mentale.
Vous établissez un lien avec la santé mentale, et encore une fois, je crois que c'est une sage décision. Vous avez entendu les statistiques sur les liens entre la santé mentale et la pauvreté. Nous avons parlé de l'emploi. Dans mon exposé, j'ai parlé de la violence familiale. On peut établir des liens avec le système de justice et le système d'éducation.
Nos programmes nous ont permis de conclure qu'il est plus efficace d'adopter une approche... Lorsque je pense à nos programmes de santé maternelle et infantile, il ne s'agit pas seulement du programme qui vise les enfants. Lorsqu'une mère adolescente amène son enfant au centre, elle apprend des choses sur les relations, sur la résilience et sur la façon d'acquérir des compétences sociales très importantes. Ensuite, cette maman peut retourner à la maison et parler de ces choses aux membres de sa famille élargie. C'est lorsqu'on peut aborder ces enjeux dans un milieu scolaire ou communautaire, et qu'il ne s'agit pas seulement d'une intervention individuelle, qu'on peut avoir des répercussions sur l'enfant, les parents et ensuite sur l'ensemble de la collectivité, y compris le système d'éducation, etc.
Je vais revenir aux témoins de Statistique Canada. Vous saviez que j'allais revenir à vous. La diapositive 15, qui porte sur la population auparavant sans abri, contient quelques statistiques. Il est écrit que 22 % des personnes ayant connu une situation d'itinérance ont déclaré un trouble mental.
Le groupe dont je fais partie à Saint John, au Nouveau-Brunswick, sert le déjeuner au refuge pour hommes tous les samedis matin. Je peux vous dire que, malheureusement, le pourcentage des sans-abri qui ont des problèmes mentaux, ou un trouble mental, peu importe le terme que vous employez, est de toute évidence beaucoup plus élevé que 22 %.
Je tiens à dire que je suis ravi que notre gouvernement ait décidé de rétablir le formulaire détaillé du recensement, car cela vous permettra d'obtenir davantage d'informations, dont pourra se servir le gouvernement.
Comment vous y prenez-vous pour joindre ces personnes et établir des statistiques concernant les refuges et les sans-abri? Évidemment, vous ne pouvez pas joindre les itinérants par téléphone mobile ni à leur domicile. Je le répète, je vais au refuge au moins une ou deux fois par semaine. Je les vois; ils sont dans la rue. Comment recueillez-vous des renseignements à leur sujet et comment proposez-vous de le faire?
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Dans la plupart des régions du pays, notre approche est bilatérale ou trilatérale. Elle inclut les partenaires provinciaux, ceux des Premières Nations et les partenaires inuits. Le but est de s'assurer que les interventions sont aussi intégrées que possible. Par exemple, nous sommes en train de mettre en place des investissements supplémentaires en santé mentale dans le Nord de l'Ontario. Nous travaillons en collaboration avec le gouvernement de l'Ontario parce qu'il a lui aussi annoncé des investissements supplémentaires. Cependant, une fois que les deux gouvernements se parlent, nous travaillons avec les Premières Nations pour que les enjeux soient abordés d'une façon qui respecte leur autorité sur les services.
Nos modèles de collaboration varient un peu d'une province à l'autre. J'ai fait allusion plus tôt au rapport du coroner sur la situation de la Côte-Nord, au Québec, qui a été déposé un peu plus tôt cette année, soit en janvier. Les gens de nos bureaux régionaux travaillent avec les ministères provinciaux concernés et avec les Premières Nations. Il faut déterminer comment répondre à ces ententes et prendre des mesures.
Un des éléments de cette recommandation est l'adaptation des services. Il s'agit de faire en sorte que ce soit culturally safe, comme on le dirait en anglais. On parle ici de l'accessibilité aux services offerts. Des services existent, mais l'accès ou la continuité n'existe pas. Il faudrait s'assurer de faire correspondre les services offerts à la communauté à ceux fournis dans les institutions provinciales, de façon à ce que ces populations soient elles aussi bien desservies.
Dans chacune des provinces, nous disposons de mécanismes de collaboration bilatéraux et trilatéraux. C'est vraiment très important parce qu'il est impossible d'offrir un service complet si on ne travaille pas avec les provinces. Au Canada, le gouvernement fédéral finance des services supplémentaires destinés aux Premières Nations et aux Inuits, mais ce sont les autorités des provinces et des territoires qui, dans les faits, effectuent la prestation des services de santé et des services sociaux. Nous devons donc travailler très étroitement avec elles.
Je pense que nous avons fait beaucoup de progrès au cours des quatre ou cinq dernières années pour ce qui est de la transparence de nos actions. Avant d'intervenir en matière de santé auprès des Premières Nations et des Inuits, nous tenons beaucoup de discussions avec nos partenaires. C'est loin d'être parfait, mais le niveau de collaboration est élevé.
Quand il y a des incidents malheureux dans certaines provinces, la première question que je pose aux gens vise à savoir s'ils ont communiqué avec nos partenaires des Premières Nations et s'ils sont entrés en contact avec le chef et la communauté pour vérifier s'il y avait des besoins. La deuxième question consiste à vérifier si la province ou le territoire est en train de faire quelque chose et si de l'assistance supplémentaire est requise. Il faut essayer de s'aligner. Quand il y a du tumulte autour d'une crise et qu'il y a un peu de chaos, la situation est très rapidement redressée, du fait que nous disposons de mécanismes de collaboration destinés à améliorer la situation. Une absence de coordination n'est d'aucun intérêt. En fait, je peux dire que ce niveau de collaboration fonctionne vraiment très bien dans la plupart des provinces.
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Je vous remercie beaucoup.
Avant de terminer, je veux vous dire que nos travaux concernant les deux prochains sujets, le logement et les quartiers, iront bon train, car lorsque nous serons en déplacement, le nombre de séances sera doublé.
Il y a une question de logistique qu'on m'a demandé de régler, c'est-à-dire fixer une échéance pour le dépôt des mémoires. Le 21 février sera la dernière journée où nous entendrons des témoins. Bien entendu, l'échéance doit dépasser cette date pour permettre aux organismes de présenter un mémoire s'ils ne sont pas en mesure de comparaître devant nous ici ou pendant que nous serons en déplacement. Nous voulons leur laisser considérablement de temps, et nous pourrons le faire savoir dans les endroits où nous irons, particulièrement à Kuujjuaq, car nous ne serons pas en mesure de recevoir des témoins lorsque nous serons là-bas. J'en ai discuté avec la greffière et les analystes, et je crois que nous pouvons convenir d'un délai satisfaisant. Le 3 mars est la date qui est proposée.
Est-ce que tout le monde convient que c'est un délai satisfaisant? C'est pratiquement deux semaines après la dernière réunion où nous entendrons des témoins. Nous allons indiquer cette date dans le site Web. Des gens d'un peu partout au pays ont communiqué avec la greffière pour savoir quelle serait l'échéance pour présenter un mémoire. Nous devons faire connaître ce délai bientôt. Y a-t-il des commentaires à ce sujet?
Il n'y en a pas.
Je remercie donc tous les témoins.
Je suis ravi de revoir tous les membres du Comité. Nous sommes tous en pleine forme après le congé.
Je remercie tous ceux qui ont rendu possible la réunion d'aujourd'hui: les analystes, la greffière, les interprètes et tous les techniciens. Je vous souhaite une excellente journée.
La séance est levée.