Bienvenue à tous. Merci d'être des nôtres aujourd'hui.
Conformément au paragraphe 108(2) et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 4 mai 2017, le Comité reprend son étude sur la promotion de l'intégration et de la qualité de vie des aînés canadiens.
Nous tenons aujourd'hui la deuxième des trois tables rondes prévues au sujet de la sécurité de revenu pour les aînés vulnérables. Je vois que les témoins sont nombreux aujourd'hui, alors nous allons commencer tout de suite.
Je vais d'abord faire les présentations. Charles M. Beach, professeur émérite au département des sciences économiques de l'Université Queen's, témoigne à titre personnel. Bonnie-Jeanne MacDonald, actuaire et agrégée supérieure de recherche à la Ted Rogers School of Management de l'Université Ryerson, témoigne également à titre personnel. Nous accueillons également Mark Janson, chef des services de retraite au bureau national du Syndicat canadien de la fonction publique. Il y a aussi Jean-Guy Soulière, président de l'Association nationale des retraités fédéraux, ainsi que Sayward Montague, directrice de la section de la défense des droits de l'Association nationale des retraités fédéraux. Isobel Mackenzie, avocate pour la défense des aînés au Bureau pour la défense des aînés de la Colombie-Britannique est également des nôtres.
Bienvenue à tous. Comme les témoins sont nombreux aujourd'hui, nous vous prions de limiter vos déclarations préliminaires à sept minutes.
Nous allons commencer avec M. Beach. Vous avez sept minutes, monsieur.
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Merci beaucoup de m'avoir invité.
Je vais suivre de très près les observations écrites que je vous ai fournies.
La page 2 indique que je suis économiste. Mes observations seront donc axées sur les défis économiques que j'ai cernés. Le sujet est très vaste, mais je devrai me concentrer sur cette question.
À la page 3, à partir de « Défis économiques », j'ai cerné six défis en particulier.
Premièrement, le vieillissement de la population, l'augmentation de l'espérance de vie et la prochaine vague de départs à la retraite entraîneront une hausse du nombre d'aînés en situation de dépendance, un ralentissement économique, une hausse du fardeau financier des gouvernements et des risques accrus pour les revenus de retraite des aînés. Comme cette situation a été fortement médiatisée, je vais concentrer mes observations sur cet aspect. Bien des choses ont déjà été dites à ce sujet.
Deuxièmement, je tiens à souligner que l'augmentation de l'espérance de vie n'est pas le seul facteur à considérer, car elle s'accompagne d'une hausse du nombre d'années de vie en santé. Cela représente donc à la fois une occasion à saisir et un défi à relever dans la mesure où on pourrait amener les gens à travailler plus longtemps s'ils le désirent. Vous pouvez voir les chiffres sur le taux de participation des aînés au marché du travail au Canada, soit les données qui correspondent aux groupes d'âge de 55 ans et plus. Leur nombre a augmenté depuis le milieu des années 1990, ce qui correspond à l'époque de la campagne « Liberté 55 ». Depuis cette période, les chiffres ont augmenté de façon substantielle.
Cela signifie que nous devons trouver de bonnes mesures incitatives ainsi que miser sur la souplesse, l'offre d'un plus grand nombre de possibilités et la réduction des obstacles pour ceux qui veulent travailler. Cela n'a rien de nouveau pour moi. C'est l'un des principaux thèmes du rapport publié en 2008 par le groupe d'experts fédéral. Si vous ne l'avez pas fait déjà, je vous recommande fortement de le lire.
Cette hausse de l'espérance de vie et du nombre d'années de vie en santé offre aux aînés la possibilité de participer davantage à l'économie à la demande en bénéficiant d'un horaire de travail plus souple, de possibilités de travail autonome ainsi que des avancées technologiques, médicales et autres qui aident à résoudre les problèmes de mobilité, de vue et d'ouïe. Nous avons maintenant la chance de permettre aux gens de travailler plus longtemps qu'il y a 20 ans, puisqu'il y a désormais beaucoup plus de façons de les encourager et de les aider à le faire.
C'est un aspect si important qu'il a fait l'objet, en juillet dernier, d'une édition spéciale du magazine The Economist — je peux vous donner de plus amples renseignements à ce sujet — qui fait état de la nécessité de voir ce phénomène comme une nouvelle étape dans la vie d'une personne. Nous pouvons considérer ces gens comme de jeunes aînés, ou encore comme des aînés qui travaillent moins, mais qui touchent encore un revenu. Si nous voulons souligner encore davantage le fait que les aînés ne sont pas un groupe homogène, ajoutons qu'il y a aussi des aînés en santé qui, comme moi — puisque je suis un aîné —, continuent de travailler, ainsi que d'autres aînés qui ont des problèmes de santé, ou encore des aînés qui ont besoin de soutien. Ce soutien peut se limiter à un régime de pension privé, mais il peut aussi comprendre le soutien familial, la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti ou d'autres sources de soutien. Ce qu'il faut retenir, c'est que les aînés ne sont pas un groupe homogène. Il y a de plus en plus d'aînés en très bonne santé ainsi que des aînés qui vivent plus longtemps et qui se préoccupent beaucoup de leur santé et de leur qualité de vie.
Troisièmement, le revenu médian réel des aînés — soit le revenu ajusté en fonction de l'inflation — augmente depuis le début des années 1990, mais lentement. J'ai fourni des chiffres dans mes observations écrites. Cette lenteur s'explique en grande partie par le fait que le revenu médian de l'ensemble des adultes a augmenté encore plus lentement, puisqu'il a augmenté d'environ 13 % ou 14 % pendant la même période, alors que la hausse est deux fois plus importante chez les aînés. Cependant, la croissance plutôt lente du revenu médian des aînés est de plus en plus préoccupante, d'autant plus que les coûts de l'assurance-médicaments augmentent et ne feront qu'augmenter davantage.
Quatrièmement, le nombre d'aînés à faible revenu — c'est la façon dont Statistique Canada désigne le taux de pauvreté — a augmenté de façon considérable depuis le milieu des années 1990. Les chiffres fournis dans mes observations écrites se trouvent au haut de la page 5.
Leur nombre a diminué de façon considérable entre les années 1970 et les années 1990 en raison des nouveaux programmes mis en place, notamment le Régime de pensions du Canada. Depuis ce temps, il a augmenté lentement, et il se situe maintenant environ au même niveau que dans l'ensemble des groupes économiques. Nous pourrions parler de certains facteurs qui expliquent cela lorsque nous en aurons le temps, mais, ce que vous devez retenir, c'est que Statistique Canada détermine le taux de personnes à faible revenu en se fondant sur une mesure relative de la pauvreté; il s'agit des personnes dont le revenu est inférieur à la moitié du revenu médian. En résumé, cela signifie non pas que le revenu médian réel des aînés diminue, mais que les aînés ne profitent pas de la hausse des revenus observée dans les autres groupes économiques.
Cinquièmement, à long terme, la tendance à la baisse du revenu en fonction de l'âge va probablement réduire l'efficacité du RPC et du RRQ et grever davantage la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
Les économistes parlent de profil de revenu en fonction de l'âge. On commence par toucher un revenu relativement modeste. En vieillissant, on finit par atteindre un sommet entre 45 et 54 ans environ, puis le revenu diminue lentement. On a constaté que, entre 1980 et 2000, le revenu réel du groupe le plus jeune a diminué d'environ 20 % et n'a pas augmenté. Des données très parcellaires en provenance du Canada et des États-Unis tendent à indiquer que cette baisse n'a pas été compensée par une hausse plus rapide survenue plus tard en cours de carrière. Tous les profils de revenu en fonction de l'âge ont connu une baisse. Étant donné que le RPC ou le RRQ constitue l'une des principales sources de revenu des retraités et des aînés, et que ce régime est fondé sur le revenu en cours de carrière, on devrait s'attendre à ce que ce pilier du revenu de retraite s'affaiblisse et à ce que la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti soient davantage sollicités.
Ai-je le temps de parler de mon sixième point?
J'aimerais seulement apporter une brève précision. Je fais également partie du National Institute on Ageing de l'Université Ryerson.
Je fais de la recherche depuis très longtemps. Lorsqu'on se penche sur la sécurité de revenu des aînés canadiens, je suis toujours très surprise que l'on se base sur un âge de référence de 65 ans, car, à cet âge, la plupart des Canadiens qui n'ont pas assez d'argent pour maintenir leur qualité de vie font la même chose que les autres Canadiens: soit ils retournent au travail, soit ils réduisent leurs dépenses. Or, nous sommes dans une période de crise, et les ennuis commencent véritablement lorsque les gens souffrent de problèmes de santé chroniques à un âge avancé. Dans une telle situation, il est impossible de retourner au travail, et on ne peut pas réduire ses dépenses, car les dépenses associées aux problèmes de santé chroniques ne sont pas volontaires; ce sont des dépenses fixes que l'on ne peut pas remettre à plus tard.
Depuis toujours, partout dans le monde, les gens qui se retrouvent dans cette situation reçoivent de l'aide de leur famille. Jusqu'à aujourd'hui, au Canada, lorsqu'un aîné devenait plus faible avec l'âge et souffrait de problèmes de santé chroniques, sa famille lui offrait du soutien à domicile pour l'aider dans ses tâches et répondre à ses besoins au quotidien. Malheureusement, au Canada, ce ne sera plus le cas, d'une part, parce que les baby-boomers ont fait moins d'enfants, et, d'autre part, parce que la mobilité a augmenté de façon substantielle au pays, ce qui veut dire que les enfants ne vivent pas assez près de leurs parents pour leur apporter quelque soutien que ce soit de façon quotidienne.
Quelqu'un devra assumer les coûts de cette situation, et ils seront énormes. Si les aînés n'ont pas les moyens de payer ces services eux-mêmes, et si nous voulons aider ces aînés vulnérables, alors quelqu'un devra assumer ces coûts. Si ce ne sont pas les aînés eux-mêmes, ce sera la population active en décroissance, qui doit déjà soutenir l'économie et financer nos programmes sociaux.
Cette réalité à laquelle nous devrons absolument faire face au cours de la prochaine décennie est d'autant plus difficile à saisir qu'elle s'inscrit dans un système complexe. D'une part, le système de revenu de retraite du Canada est complexe, et ce n'est pas seulement une question de règles, de formules et de chiffres. Dans le milieu scientifique, nous appelons cela un système complexe, parce qu'il touche les gens de façon concrète et qu'il comprend différents facteurs interreliés et interdépendants qui évoluent et auxquels il faut s'adapter. Cependant, depuis une dizaine d'années, je travaille de façon indépendante auprès de la fonction publique, du milieu universitaire et de l'industrie, et je puis vous dire sans l'ombre d'un doute qu'il y a d'énormes lacunes dans le système.
Je peux également vous dire avec une certitude absolue qu'il y a aussi des domaines où les trois secteurs pourraient collaborer de façon exceptionnelle, et si on peut cerner et exploiter ce potentiel, alors on pourra créer des solutions extrêmement efficaces, durables et avantageuses qui amélioreront de façon considérable le bien-être des aînés canadiens d'aujourd'hui et de demain.
À mon sens, une solution avantageuse doit répondre à trois critères. Premièrement, elle doit répondre aux attentes des aînés. Deuxièmement, elle doit répondre aux besoins des aînés. Troisièmement, elle ne doit pas alourdir le fardeau financier de la population active en décroissance.
Heureusement, il existe des solutions. La première consiste essentiellement à permettre aux aînés canadiens d'avoir l'argent dont ils ont besoin en temps opportun. Pour ce faire, le gouvernement fédéral pourrait, au titre du régime enregistré d'épargne-retraite du Canada, offrir aux aînés canadiens la possibilité de transférer une partie de leur épargne dans un bassin qui servirait à verser un revenu garanti aux aînés qui ont dépassé l'âge de 85 ans, soit l'âge à partir duquel ils souffriront de problèmes de santé chroniques.
C'est ce qu'on appelle une assurance-longévité. C'est une solution extrêmement populaire qui connaît beaucoup de succès dans le monde entier. Elle n'existe pas du tout au Canada. Cette solution répond aux trois critères que j'ai énumérés: elle répond aux attentes et aux besoins des aînés sans alourdir le fardeau financier des Canadiens. En fait, cette solution nous fera économiser énormément d'argent.
J'ai récemment présenté cette idée à d'éminents spécialistes des politiques sur les pensions au Canada. Elle a reçu un accueil unanime, et elle fera bientôt l'objet d'un rapport sur les politiques publiques de l'Institut C.D. Howe.
Il existe une deuxième solution qui consiste à maintenir les précieux services que les aînés canadiens reçoivent de leur famille, car nous savons que les coûts liés aux soins sont énormes. Heureusement, 70 % des soins aux aînés sont actuellement offerts par les familles. Malgré les changements dans notre culture, nous pouvons encore maintenir cette pratique en payant les aidants naturels. Encore une fois, cette solution a été mise en oeuvre avec un succès exceptionnel partout dans le monde, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne, et je collabore actuellement avec des provinces et des chercheurs de partout au Canada pour étudier cette solution.
Encore une fois, il s'agit de répondre aux attentes et aux besoins des aînés tout en réalisant des économies substantielles.
Comme l'a dit Victor Hugo: « Rien n'est plus fort qu'une idée dont l'heure est venue. » Si nous pouvons amener le milieu universitaire, l'industrie et le gouvernement à travailler en synergie ainsi que tirer des leçons de l'expérience acquise par d'autres pays, cela facilitera grandement la création de solutions avantageuses qui amélioreront de façon substantielle le bien-être des aînés canadiens. Cela permettra de répondre aux attentes et aux besoins des aînés sans alourdir le fardeau financier des Canadiens, c'est-à-dire les Canadiens plus jeunes qui feront partie d'une population active en décroissance.
Malheureusement, l'inconvénient, c'est que toutes ces solutions ne seront efficaces que si elles sont mises en oeuvre en temps opportun. Si nous n'agissons pas dès maintenant, nous n'aurons pas suffisamment de temps pour assurer l'efficacité de ces solutions. Je vous exhorte à prendre dès maintenant les mesures qui s'imposent pour mettre en oeuvre ces solutions efficaces, car c'est à vous d'agir.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui.
Le Syndicat canadien de la fonction publique est le plus grand syndicat du pays. Nous représentons 650 000 travailleurs de l'ensemble du pays, dont la plupart sont dans le secteur public. Les pensions et la sécurité de la retraite sont des questions que nous prenons très au sérieux. Comme je suis un spécialiste des pensions au sein du SCFP, je vais me concentrer sur la question du revenu aujourd'hui.
Comme tout le monde, nous savons que la plupart des travailleurs canadiens n'ont pas de régime de pension au travail, et que, dans le cas des quelques travailleurs qui en ont un, la qualité des régimes est menacée par les pressions exercées par les employeurs. Nous savons aussi que les systèmes d'épargne individuelle comme les RER et les CELI profitent surtout aux travailleurs à revenu élevé qui sont parmi les plus fortunés, et que, comme Richard Shillington vous l'a indiqué, hier, l'épargne-retraite des Canadiens qui n'ont pas de régime de pension au travail — soit la plupart des Canadiens — est largement insuffisante.
C'est pourquoi un aîné canadien sur trois touche des prestations du Supplément de revenu garanti, un programme qui permet à la plupart des aînés canadiens — mais pas tous — d'échapper à la pauvreté. Nous avons vu le taux de pauvreté chez les aînés canadiens grimper lentement depuis le milieu des années 1990. Les principales attaques contre les régimes de pension, relativement récentes, sont survenues au cours des deux dernières décennies. Il faudra beaucoup de temps pour commencer à en voir les effets concrets sur les futurs aînés, mais, selon ce que nous indiquent les universitaires et les statisticiens, une grande partie des baby-boomers n'ont pas épargné suffisamment pour la retraite. Ils peuvent s'attendre à une baisse considérable de leur niveau de vie à leur retraite, et on prévoit que ce sera encore pire pour les générations futures.
C'est pourquoi le SCFP et le milieu syndical canadien ont appuyé sans réserve l'accord que le gouvernement a réussi à conclure pour bonifier le Régime de pensions du Canada. Nous sommes conscients que cette mesure n'était pas facile à prendre, alors nous vous en félicitons. Nous savons cependant qu'on aurait pu aller encore bien plus loin. En fait, nous réclamions que les prestations du RPC soient doublées, mais nous avons obtenu une hausse d'environ un tiers. On aurait pu en faire beaucoup plus, mais nous saluons le travail qui a été fait. Nous devrions poursuivre ces efforts cruciaux pour bonifier le Régime de pensions du Canada et les régimes de pension publics du Canada.
Cependant, l'accord sur la bonification du RPC ainsi que le projet de loi visant à le mettre en oeuvre, soit le projet de loi , présentent une importante lacune, car ils ne tiennent pas compte des dispositions relatives à l'éducation des enfants ni des dispositions d'exclusion. En résumé, les prestations du RPC sont établies en fonction du revenu que le travailleur a touché au cours de sa carrière, ce qui signifie que les prestations du RPC seront réduites si le travailleur a connu une période pendant laquelle il n'a touché aucun revenu ou n'a gagné qu'un faible revenu. Les gouvernements en sont conscients, et ils savent qu'il y a des inégalités concernant ce qu'on appelle les dispositions d'exclusion du RPC. Ces dispositions s'appliquent depuis longtemps en cas d'invalidité. Ainsi, lorsqu'une personne devenue invalide est en arrêt de travail, les années d'invalidité ne sont pas prises en compte dans le calcul des prestations du RPC parce que le travailleur n'était pas en mesure de travailler. Les mêmes dispositions s'appliquent depuis des décennies aux personnes qui restent à la maison pour élever un jeune enfant.
Comme ces dispositions font partie du RPC depuis longtemps, nous étions franchement étonnés que le projet de loi sur la bonification du RPC n'en tienne pas compte. Elles continueront de s'appliquer comme avant aux prestations du RPC offertes depuis toujours, mais non aux nouvelles prestations qui s'y ajouteront.
Nous estimons que cette situation n'est pas justifiée. Nous l'avons signalé au gouvernement lorsqu'il a présenté le projet de loi , mais il l'a fait adopter sans amendement et a tout simplement décidé de se pencher sur la question plus tard, dans le cadre de l'examen triennal du RPC, de 2016 à 2018. Nous exhortons le gouvernement à collaborer avec les provinces afin de remédier à cette lacune avant l'entrée en vigueur de ces modifications.
Les dispositions relatives à l'éducation des enfants touchent majoritairement les femmes âgées. Les dispositions d'exclusion s'appliquent surtout aux femmes, et évidemment aux aînés invalides ainsi qu'aux personnes qui ont connu une période d'invalidité pendant leur carrière. Ces gens feront partie des aînés les plus vulnérables du pays, et ils n'ont pas besoin d'obstacles supplémentaires pendant leur retraite. On peut résoudre ce problème facilement et à peu de frais, et nous vous exhortons à le faire.
Je comptais faire des observations sur l'indexation des prestations de la Sécurité de la vieillesse au fil des années, mais je sais que Richard Shillington en a parlé de façon très éloquente mardi. Les prestations sont indexées en fonction du coût de la vie et non du salaire. Or, l'actuaire en chef prévoit que les salaires augmenteront plus rapidement que le coût de la vie. Il s'attend à une hausse de 2 % par année pour le coût de la vie, et de 3 % pour les salaires, ce qui signifie que, pour chaque année où cette lacune ne sera pas comblée, le programme de la Sécurité de la vieillesse accusera un manque à gagner de 1 % par rapport à l'augmentation du coût de la vie.
D'autres pays de l'OCDE ont également décidé d'indexer le système de sécurité sociale en fonction des salaires. On peut s'y prendre de différentes façons. C'est un problème de longue date pour la Sécurité de la vieillesse. Il dure depuis longtemps. Or, si on ne fait rien pour le résoudre, ce programme continuera de prendre du retard par rapport à l'ensemble des facteurs qui ont une incidence sur la qualité de vie.
J'aimerais parler brièvement du projet de loi , un projet de loi fédéral que le a présenté il y a environ un an. Il n'en est qu'à l'étape de la première lecture. C'est un projet de loi auquel nous nous opposons vivement, tout comme le mouvement syndical, car il accorderait aux employeurs assujettis à la réglementation fédérale — soit les banques, les entreprises de télécommunications, les compagnies aériennes et les sociétés d'État — un recours légal qui leur permettrait essentiellement de rompre les engagements qu'ils ont pris envers les travailleurs et les retraités en ce qui concerne les pensions. Actuellement, les dispositions législatives sur les pensions les en empêchent. Ce projet de loi les autoriserait à le faire en toute légalité.
Je suis sûr que vous avez tous eu des échos de l'indignation ressentie par la population lorsque des retraités de l'entreprise Sears n'ont pas obtenu ce qui leur avait été promis. C'est inacceptable pour les Canadiens et pour le mouvement syndical. Nous étions consternés lorsque le gouvernement libéral a présenté ce projet de loi. Nous réclamons son retrait.
Enfin, j'aimerais seulement faire quelques brèves observations. On ne peut avoir une retraite sûre et digne sans avoir eu une vie professionnelle sûre et digne. Le gouvernement fédéral et l'ensemble des gouvernements canadiens devraient faire tout en leur pouvoir pour améliorer les perspectives professionnelles des travailleurs canadiens, en particulier chez les jeunes, qui sont aux prises avec des emplois de plus en plus précaires, des emplois peu rémunérés et des emplois à temps partiel alors qu'ils veulent travailler à temps plein. Le gouvernement peut prendre toutes sortes de mesures à l'égard du salaire minimum, des normes du travail et des programmes sociaux universels qui pourraient améliorer la vie professionnelle des Canadiens et rendre les départs à la retraite beaucoup plus faciles par la même occasion.
Merci.
:
Nous vous remercions infiniment de cette occasion de témoigner devant ce comité. Nous sommes très reconnaissants de pouvoir participer à votre étude sur la promotion de l'intégration et de la qualité de vie des aînés canadiens. Évidemment, tous ces efforts visent à élaborer et à mettre en place une stratégie nationale pour les aînés.
Il y a, bien sûr, une foule de détails dont nous ne pourrons pas parler en sept minutes, alors notre exposé se concentrera sur des aspects généraux. Si vous avez des questions sur certains détails, je serais ravi d'y répondre avec l'aide de Sayward.
Certains d'entre vous savent peut-être que j'ai également été le premier président du Conseil national des aînés, une fonction que j'ai assumée de 2007 à 2013. Sur le plan personnel, c'était la période la plus stimulante de ma vie, car elle m'a permis de rencontrer des organismes de défense des aînés ainsi que de nombreux intervenants afin de discuter d'une foule d'enjeux liés au vieillissement de la société.
Je tiens à saluer Alice Wong, qui était ma patronne précédente lorsqu'elle était ministre responsable des aînés. Ce fut pour moi un plaisir de travailler avec elle. Lorsque j'étais président du Conseil national des aînés, je lui ai fait part de bien des enjeux, et elle s'est montrée très solidaire. Le problème, c'est que bon nombre des problèmes soulevés par le conseil il y a une dizaine d'années ne sont toujours pas résolus, et nous en discutons encore aujourd'hui.
[Français]
Mon organisation représente 180 000 retraités fédéraux, dont 60 000 anciens combattants des Forces canadiennes. Je ne peux penser à une question plus importante pour les retraités du Canada et leurs proches que la création d'une stratégie nationale pour les aînés, une stratégie qui assurerait la coordination des programmes et des politiques. Je suis sûr que les Canadiens et Canadiennes de plus de 65 ans, qui comptent pour 16,9 % de la population du pays, ont le même sentiment.
En 2015, le fait que le nombre de personnes âgées a dépassé le nombre d'enfants au Canada a fait les manchettes. Ce qui m'a surpris, c'est que tant de Canadiens et de Canadiennes en aient été surpris. Je comprends bien pourquoi l'arrivée des baby-boomers dans les années 1940 a été une surprise pour la société et, sans doute, pour plusieurs parents. En réalité, cependant, nous savions tous que cette imposante génération allait un jour vieillir.
[Traduction]
Les Canadiens et les trois ordres de gouvernement ont beaucoup de retard à rattraper. À moins de considérer la stratégie nationale pour les aînés comme une solution à court terme, nous devrions prendre en compte le fait que l'espérance de vie moyenne des Canadiens a augmenté de 30 ans au cours des 100 dernières années, grâce aux avancées médicales qui se poursuivent encore aujourd'hui.
C'est pour cette raison que nous étions heureux de voir les trois principaux thèmes de l'étude du Comité: l’accès à des logements abordables et accessibles; la sécurité du revenu des aînés vulnérables; les programmes communautaires qui favorisent l’inclusion sociale et qui tiennent compte des déterminants sociaux de la santé. En effet, tous ces enjeux ont été abordés par le conseil des aînés il y a une dizaine d'années.
Tous ces aspects sont interreliés. N'importe quel médecin vous dira qu'une vie misérable vous rendra malade. Or, les gens malades coûtent cher au système de santé et ne peuvent pas apporter leur contribution à la société ou à l'économie.
Les politiques publiques doivent faire en sorte que les outils d'épargne-retraite conçus et mis en place pour les Canadiens soient efficaces, efficients et pragmatiques. Les régimes de pension axés sur les gains doivent être protégés, et les programmes gouvernementaux doivent répondre aux besoins des aînés les plus vulnérables. C'est pourquoi nous sommes très préoccupés par le projet de loi , car, comme l'a souligné le SCFP, il mettrait en place un régime à prestations cibles ou à risques partagés qui ferait passer le risque des employeurs et des répondants des régimes aux employés et aux retraités. En période difficile, les cotisations aux régimes à prestations cibles peuvent être réduites, ce qui nuit à la sécurité de retraite des bénéficiaires et va donc à l'encontre des objectifs de la stratégie nationale pour les aînés.
[Français]
Une stratégie nationale pour les aînés doit comprendre un plan coordonné de soins à domicile, une stratégie nationale de soins palliatifs et de fin de vie, ainsi que des investissements dans l'infrastructure pour s'assurer de répondre aux besoins résidentiels des aînés.
Toutefois, pour y parvenir, les provinces et le gouvernement fédéral doivent être sur la même longueur d'onde. Est-ce possible?
Une nouvelle conception des politiques signifiera des investissements dans l'infrastructure pour améliorer l'accès au logement, dont des mesures de vieillissement sur place et des logements abordables et accessibles, en liant le financement de l'infrastructure à la mise sur pied des collectivités amies des aînés.
Nous devons innover avec des stratégies de soins à domicile efficaces, comme le Programme pour l'autonomie des anciens combattants. Les soins à domicile ne concernent pas seulement les soins de santé. Ils comprennent aussi l'accès à des services de soutien non médical, comme l'entretien ménager, la préparation des repas, le transport pour les rendez-vous et les activités sociales, ainsi que le déneigement.
[Traduction]
Nous sommes d'avis qu'une stratégie nationale nous permettra d'assurer la santé et la productivité des Canadiens bien au-delà de la retraite, de sorte que ceux-ci puissent contribuer aux économies locales et nationale.
Enfin, la nomination d'un ministre responsable des aînés est tout à fait essentielle pour notre organisation, tout comme ce l'est pour l'ensemble des Canadiens. Le gouvernement précédent avait un ministre responsable des aînés, comme je l'ai mentionné. Nous avons un ministre responsable de la jeunesse — nous savons tous de qui il s'agit — et nous avons un ministre responsable des familles, mais il n'y a pas de ministre responsable de l'un des plus importants segments de la société. Il nous en faut un.
En conclusion, j'aimerais vous faire part d'une pensée que j'ai exprimée dans le dernier numéro de la revue Sage. J'ai dit que la population vieillissante au Canada représente un défi, mais également une occasion de prendre dès maintenant des mesures qui profiteront à tous les Canadiens, puisque tous ceux d'entre vous qui sont jeunes aujourd'hui vieilliront aussi, et toutes les mesures prises pour aider les aînés maintenant vous profiteront également à l'avenir.
Je voudrais conclure mon intervention en citant les sages paroles du Dr Samir Sinha, directeur du service de gériatrie de l'Hôpital Mount Sinai, à Toronto, et auteur de la stratégie pour les aînés du gouvernement de l'Ontario. Selon lui, vieillir n'est pas une maladie, mais plutôt une victoire. Je dirais aussi que nous devons nous préparer en vue d'une nouvelle définition de la retraite. Nous avons l'occasion de faire les choses correctement, alors prenons les mesures qui s'imposent pour y parvenir.
Merci.
Je m'appelle Isobel Mackenzie et je suis chargée de défendre les aînés en Colombie-Britannique. J'ai été nommée par le gouvernement en mars 2014. Mon bureau a le mandat de faire un suivi des services fournis aux aînés dans cinq domaines clés, notamment en matière de revenu. J'aimerais donc remercier le comité de m'avoir invitée à exprimer le point de vue de mon organisation sur certaines questions qui ont trait à la sécurité du revenu des personnes âgées.
Je suis consciente du fait que le comité a entendu le témoignage de bon nombre de mes collègues du gouvernement et du monde universitaire sur les projections démographiques, les dépenses annuelles et d'autres questions d'ordre technique ou statistique liées aux aînés. Comme le temps est compté, je ne répéterai pas ce qu'ils ont dit.
Ce que signifie la sécurité du revenu pour les aînés, c'est leur capacité de subvenir à leurs besoins vitaux. Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que ce n'est que lorsque ce seuil est atteint que l'on peut vraiment parler de qualité de vie et de vieillir dans la dignité. Le défi que doit relever le gouvernement, c'est de veiller à ce que tous les Canadiens puissent atteindre ce seuil tout en tenant compte des écarts de coûts selon les régions pour deux besoins fondamentaux, c'est-à-dire le logement et les soins de santé.
Comme vous le savez, le revenu médian des Canadiens de plus de 65 ans est de 26 000 $ par année. Cela signifie que, pour au moins 50 % des aînés canadiens, la Sécurité de la vieillesse et le Régime de pensions du Canada, ainsi que le Supplément de revenu garanti pour 30 % de ces Canadiens, représentent une grande partie de leur revenu de retraite. Bien que ces mesures de soutien du revenu relèvent du gouvernement fédéral, les dépenses liées au revenu gagné relèvent du gouvernement provincial. Par conséquent, créer l'égalité ne dépend pas seulement du revenu, qui est une responsabilité fédérale. Créer l'égalité dépend aussi du contrôle des dépenses, qui est une responsabilité provinciale. Si notre objectif est de faire en sorte qu'un aîné vivant à Vancouver dispose d'un revenu équivalent à celui d'un aîné vivant à Charlottetown, nous devons tenir compte d'éléments plus complexes et pas seulement des programmes universels de soutien du revenu.
Les coûts des soins de santé ne sont pas nécessairement pris en compte dans le budget de la plupart des Canadiens. Nous payons nos impôts et nous sommes réconfortés par l'idée que nous n'avons pas à débourser des frais lorsque nous consultons un médecin ou que nous allons à l'hôpital pour nous faire soigner. C'est la façon dont la plupart d'entre nous envisagent les soins de santé. Cependant, au fur et à mesure que nous vieillissons, les soins de santé entraînent des coûts pour de nombreuses personnes, comme l'ont signalé les orateurs qui m'ont précédée. Les coûts pour les soins de santé peuvent souvent dépasser les coûts pour se nourrir et parfois même pour se loger. Cela tient au fait qu'en vieillissant, l'aide que nous considérions comme un luxe lorsque nous étions plus jeunes — quelqu'un pour nettoyer notre maison, pour préparer nos repas, pour tondre notre pelouse — devient une nécessité, puisqu'une santé fragile ou une maladie chronique peut nous empêcher de vaquer à nos activités quotidiennes sans l'aide d'autrui.
De nombreux types de soins de santé dont nous avons besoin au fur et à mesure que nous vieillissons ne sont pas couverts par la Loi canadienne sur la santé, et les provinces n'offrent pas toutes les mêmes services. Les appareils auditifs, les marchettes, les lunettes, les prothèses dentaires, les produits pour l'incontinence, les suppléments nutritionnels, l'aide pour prendre un bain et pour nettoyer la maison — rien de tout cela n'est couvert par un programme fédéral quelconque. Certaines provinces offrent une couverture partielle pour certains articles comme les aides à la mobilité. Certaines provinces offrent des services ménagers gratuits, d'autres, des soins dentaires. Certaines provinces n'offrent rien du tout, et aucune province ne fournit absolument tout.
Ce qui complique davantage la situation, ce sont les aînés qui sont couverts par un régime de prestations qu'ils ont acheté ou reçu de leur employeur au moment de prendre leur retraite. Mon bureau a récemment interrogé des aînés de la Colombie-Britannique à cet égard, et nous avons constaté que 65 % des aînés à faible revenu, ou les ménages ayant un revenu inférieur à 30 000 $, ne disposent pas d'une couverture supplémentaire. Paradoxalement, nos recherches démontrent que plus une personne a un revenu élevé, plus elle est susceptible d'être couverte par un régime de prestations et plus elle est en mesure de payer.
Pour faire ressortir les disparités, je vais comparer la situation de deux femmes célibataires âgées de 85 ans, Margaret et Helen. Toutes deux sont saines d'esprit, mais elles sont un peu fragiles et ont besoin d'aide le matin pour sortir de leur lit, pour faire leur toilette, pour se vêtir et pour vérifier les médicaments qu'elles prennent. Toutes les deux ont un revenu annuel de 26 000 $.
L'appartement d'une chambre à coucher que Margaret loue à Charlottetown lui coûte 696 $ par mois. Elle débourse donc 8 300 $ par année pour son loyer. À l'Île-du-Prince-Édouard, il n'y a aucune contribution provinciale pour le soutien quotidien à domicile. Le programme prévoit toutefois des services ménagers. De plus, Margaret a travaillé pendant 15 ans dans une banque après que ses enfants ont quitté la maison. Elle reçoit donc une très petite pension indexée, ce qui signifie que, concrètement, son revenu de 26 000 $ restera le même. Son régime de pension, qui est payé par son employeur, couvre également les soins dentaires et des soins de santé complémentaires.
Passons maintenant à Helen, qui habite à Vancouver. Helen loue son appartement d'une chambre à coucher 1 054 $ par mois et reçoit une allocation de logement, soit 90 $, par l'intermédiaire du programme SAFER, un programme d'aide au logement pour les locataires âgés.
Cela signifie que Helen paie 11 500 $ de loyer par année. Comme Helen habite en Colombie-Britannique, une allocation lui est versée pour les services de soutien à domicile. En fonction du revenu de Helen, cette allocation est de 12 $ par jour, ou 4 300 $ par année, pour les services de soutien quotidien à domicile, mais cela ne comprend pas les services ménagers. À l'heure actuelle, la voisine de Helen aide celle-ci dans les tâches ménagères, mais la voisine déménagera sous peu, et Helen devra embaucher quelqu'un pour l'aider.
Helen a travaillé presque toute sa vie comme commis-comptable pour de petites entreprises. Elle ne peut donc compter sur aucun régime de retraite ou de prestations d'un employeur. Elle n'a qu'un RER, qu'elle a converti en FERR, et qui sera épuisé lorsqu'elle aura atteint l'âge de 90 ans. Le revenu de Helen chutera alors de 5 000 $ par année. Helen paie environ 2 000 $ par année pour ses soins dentaires et son assurance-maladie complémentaire.
Par conséquent, après avoir payé leur loyer et leurs soins de santé de base, ces deux aînées canadiennes se retrouvent avec un revenu très différent. À Charlottetown, Margaret dispose de 16 600 $, ou 1 400 $ par mois, pour subvenir à tous ses autres besoins, et Helen dispose de 8 300 $, ou 677 $ par mois, pour se nourrir, pour se déplacer, pour payer la télévision par câble, pour se vêtir et pour se faire couper les cheveux, notamment.
Les deux femmes ont le même âge, le même revenu, les mêmes besoins en matière de soins de santé, un appartement de la même taille, la même citoyenneté, mais l'une d'entre elles se retrouve avec un revenu deux fois plus élevé que l'autre une fois les besoins de base payés.
Si les objectifs sont la sécurité du revenu et l'égalité pour tous les aînés canadiens, le gouvernement fédéral devra se pencher sur l'établissement de normes pour la couverture d'assurance-maladie prévue par les différentes provinces et il devra s'attaquer à la question des loyers qui varient énormément d'une province à l'autre. Le gouvernement devra également prendre en compte les fluctuations du revenu des aînés qui ne sont pas couverts par un régime de prestations ou de pension indexée d'un employeur. Ce sont là les questions mêmes qu'une stratégie nationale sur les aînés doit prendre en compte, et, de fait, c'est la raison pour laquelle nous avons besoin d'une telle stratégie. Il est à espérer que l'égalité de l'accès à un logement et à des soins de santé pour tous les aînés canadiens constituera la principale préoccupation dans le cadre des délibérations.
Je vous remercie de m'avoir accordé votre attention.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les témoins qui sont ici aujourd'hui.
Les témoignages sont très instructifs.
Comme on l'a souligné, la population vieillit. À l'heure actuelle, je crois qu'un Canadien sur six est un aîné. Dans 12 ans et demi à 13 ans, ce sera 1 Canadien sur 4. J'ai plusieurs questions à poser, mais le temps me manque. Je vais donc présumer que je connais la réponse à cette question. Y a-t-il toutefois un témoin ici aujourd'hui qui croit que le Canada est en mesure de s'occuper en ce moment d'une population vieillissante? Je ne vois aucune main levée. Je vais donc supposer que personne ne croit que nous sommes prêts. C'est ce que je crois également. Je crois qu'aucun membre du Comité ne croit que nous sommes prêts, et c'est la raison pour laquelle nous discutons de cette question.
Madame MacDonald, vous avez mentionné la synergie. Nous venons d'entendre Mme Mackenzie, qui est chargée de défendre les aînés. Nous avons entendu les retraités fédéraux dire qu'ils souhaitent voir adopter une stratégie nationale sur les aînés et qu'ils veulent un ministre des aînés. Au cours des deux dernières années, j'ai travaillé de concert avec ma collègue, Alice Wong, qui était auparavant ministre des aînés, et nous avons entendu à maintes reprises différents intervenants représentant des aînés nous parler de l'importance de mobiliser les efforts à l'échelle du pays, de créer une stratégie nationale sur les aînés, de favoriser la synergie et de trouver des solutions aux problèmes. Vous avez créé des solutions éminemment pratiques. Je pense aux études menées au cours des trois dernières années par le bureau pour la défense des aînés de la Colombie-Britannique et je crois, puisque Mme Mackenzie et son bureau se sont penchés sur les besoins des aînés, que nous disposons de résultats d'études et de rapports inestimables qui pourraient s'appliquer à la situation au Canada.
Êtes-vous d'accord que, pour établir un plan et une stratégie, pour aller de l'avant de façon positive et pour se préparer, il doit y avoir dans chaque province et chaque territoire une personne ou un ministre responsable des enjeux propres aux aînés, de sorte que nous puissions commencer à travailler en collaboration et nous préparer à répondre aux besoins de la population vieillissante?
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Merci. Je suis désolée de donner ma réponse en anglais.
Oui, de nombreux pays, notamment en Europe, ont adopté de meilleures pratiques en ce qui a trait aux soins à domicile et à l'accès universel aux soins à domicile. Il faut d'abord reconnaître que l'objectif, c'est de favoriser l'indépendance, de sorte que l'aîné puisse vivre au sein de la collectivité le plus longtemps possible. Un obstacle financier ne devrait pas être la raison pour laquelle un aîné est placé dans un établissement de soins, parce que c'est une approche qui exige l'intervention du gouvernement et qui est plus coûteuse pour le gouvernement. Cela revient à faire des économies de bouts de chandelle.
Par exemple, si on n'offre pas aux aînés les services de personnes pouvant les aider à vaquer à leurs activités quotidiennes, notamment pour faire leur toilette ou pour se vêtir, ces aînés devront être placés dans un établissement de soins, et cela sera beaucoup plus coûteux. Dans certains pays, à un certain âge — ce n'est pas à 65 ans, mais bien plus tard, vers l'âge de 75 ans ou 80 ans —, une évaluation est effectuée pour établir, en quelque sorte, le niveau de référence. Un suivi est ensuite effectué pour déterminer quand une aide devient nécessaire, puis cette aide est fournie.
Assurément, lorsqu'on examine ce qui se fait dans d'autres pays, on constate que notre taux d'institutionnalisation est beaucoup plus élevé que le taux observé dans d'autres pays. Ce sont des pays où les populations sont beaucoup plus âgées qu'au Canada. Alors que le pourcentage d'aînés atteindra 25 % dans environ 20 ans au Canada, d'autres pays ont déjà atteint ce pourcentage, mais leur taux d'institutionnalisation des aînés est beaucoup plus bas.
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Il faut d'abord que le gouvernement fédéral et les provinces soient sur la même longueur d'onde. Il y a un dédoublement des tâches, des programmes et des coûts.
Le titre de votre étude cible les aspects principaux d'une stratégie. Il s'agit de vieillir en santé. Encore une fois, le Conseil national des aînés a publié un rapport sur le sujet. Il fournit toute une gamme de recommandations pour y arriver.
Quelqu'un en a parlé dans l'une des présentations. Les personnes âgées elles-mêmes doivent contribuer à la stratégie en définissant leurs besoins et en établissant la mise en oeuvre à privilégier. Tous les efforts doivent être coordonnés, et c'est pourquoi l'idée d'un ministre des Aînés est si importante, de mon point de vue et de celui de l'association. Ainsi, toute l'information se trouve à un seul et même endroit, où il est possible de l'analyser et de prendre les mesures appropriées.
L'élément essentiel, et c'est quelque chose qui nous a échappé à de nombreuses reprises au Canada, est de faire en sorte que le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires travaillent ensemble. Sans cette collaboration, le projet est voué à l'échec, et nous ne pouvons pas manquer notre coup. Comme je l'ai déjà dit, la situation se déroule en ce moment. On ne parle pas de planifier l'avenir: la population est vieillissante aujourd'hui.
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Je ne participe pas vraiment à de tels projets. Je me spécialise dans l'analyse des données sur les revenus, non seulement ceux des aînés, mais aussi ceux de la population en général. Je m'intéresse particulièrement aux sources de revenus dans le marché du travail.
Vous comprendrez que je suis inquiet, comme je l'ai dit plus tôt. À long terme, le fléchissement des salaires ou des gains n'augure rien de bon pour la capacité du RPC et du RRQ à appuyer les personnes âgées, en plus d'alourdir le fardeau d'autres piliers de soutien, comme la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
Dans la même veine, j'ajouterai — et c'est le sixième point que je n'ai pas pu présenter plus tôt — que la situation des revenus en général, particulièrement des gains, est dictée par ce qui se passe dans le marché du travail. En effet, il y a une hausse marquée de l'inégalité entre les salaires des travailleurs depuis les années 1980. Encore une fois, la situation est pire aux États-Unis, mais elle est tout de même observée au Canada.
Si l'écart entre les salaires ne cesse de se creuser, ce qui est particulièrement marqué dans le haut de l'échelle, sans oublier que les programmes comme le RPC varient selon le revenu, il y aura de plus en plus de gens des tranches supérieures de revenus qui recevront le maximum du RPC et du RRQ. De plus, les régimes de pension du secteur privé, ou les régimes privés, peu importe le secteur, sont plus généreux pour les travailleurs à revenu élevé. Ces travailleurs ont également la possibilité d'épargner davantage. Ainsi, l'épargne privée et les revenus connexes augmenteront aussi pour une partie importante de cette tranche supérieure de l'échelle.
J'en conclus que vous ne devriez pas vous inquiéter pour ces personnes. Elles s'en sortiront très bien, sans aucun problème. Vous devriez plutôt vous pencher sur la situation des personnes des tranches inférieures de revenus, et non de celles appartenant à la tranche supérieure de 15 ou 20 %. Il faudrait axer les politiques sur les tranches inférieures et, si vous le voulez bien, sur les transferts conditionnels au revenu. Ainsi, une personne qui aurait un revenu beaucoup plus élevé qu'une autre serait assujettie à un taux de récupération fiscale du transfert. Le transfert serait alors moindre ou nul.
Je reçois une bonne pension de mon ancien employeur, où j'ai travaillé pendant 40 ans. Je ne suis donc pas admissible à la Sécurité de la vieillesse. Je crois que c'est tout à fait approprié.
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C'est une question difficile. Je ne connais pas la réponse. Cela dit, c'est un enjeu crucial.
J'ai travaillé pendant plusieurs années sur des dossiers d'immigration. Je m'y suis intéressé principalement en raison du déclin graduel sur environ 30 ans du revenu relatif et du niveau de vie des familles d'immigrants. C'est la situation au Canada, mais ce l'est pratiquement dans tous les pays développés également. Un certain nombre de facteurs économiques fondamentaux à long terme semblent être en cause. L'économie délaisse le secteur de la fabrication au profit de celui des services. Il y a 30 ans, il était possible d'installer des pare-brise à une usine de Ford en ne connaissant que quelques mots d'anglais. Aujourd'hui, la plupart de ces emplois ont été délocalisés.
Le virage vers les services entraîne une importance accrue de la langue. Pour les immigrants, particulièrement ceux de première génération, ce peut être extrêmement difficile. L'intégration est encore plus complexe pour ceux qui proviennent de régions très éloignées. Encore une fois, il y a 30 ou 40 ans, la plupart des immigrants venaient des régions anglophones du monde, de l'Europe de l'Ouest ou des pays du Commonwealth britannique. Ils avaient donc un bagage commun d'attentes et d'expériences par rapport au fonctionnement du marché du travail. De plus en plus, la majorité des immigrants arrivent maintenant de l'Asie et du Moyen-Orient. L'adaptation — et je ne parle pas que de la langue, mais aussi de la culture et de tout le reste — est beaucoup plus difficile.
L'une des mesures que le gouvernement fédéral a prises — et je suis bien d'accord —, c'est d'accorder plus d'importance à la langue, que ce soit au moyen d'un système de points ou une autre approche. Si je devais relever deux éléments primordiaux, en m'appuyant sur la recherche, je dirais l'éducation et la langue. Ce sont là les deux questions centrales.
Je tiens d'abord à remercier les personnes qui sont ici. Il y a M. Soulière, qui a été le président du Conseil national des aînés.
Pour votre gouverne, la carte sur le site Web pour les personnes âgées, qui illustrait les différentes provinces et leurs prestations, n'existe plus. Elle a été retirée en août dernier.
Le Conseil national des aînés a effectué de nombreuses études, qui contiennent des données très utiles sur le vieillissement en santé, sur l'isolement social des personnes âgées, sur le choix de vieillir à la maison et sur la présence prolongée des aînés dans la population active. Toutes ces études extraordinaires et leurs données sont toujours disponibles. Espérons qu'elles n'ont pas été retirées.
Je remercie Mme Mackenzie du travail qu'elle accomplit pour le bien des personnes âgées dans ma province, la Colombie-Britannique. J'étais présente lors de votre présentation sur les soins à domicile. Merci beaucoup de votre excellent travail.
Je remercie aussi les membres du milieu universitaire parce que nous avons besoin de cette synergie. C'est exactement le type de groupe que nous avons aujourd'hui, qui réunit des universitaires et des représentants du gouvernement. Nous avons au moins deux ordres de gouvernement ici.
Je reviens aux questions. La première porte sur les soins. Elle est peut-être liée à la question de M. Sangha sur les soins à domicile pour les aînés. Je sais que l'Australie appuie les aidants naturels. Lors d'un voyage à Londres, en Angleterre, en compagnie du ministre, j'ai également rencontré l'association des aidants. Lorsque nous parlons des soins, nous devons distinguer les aidants naturels non rémunérés des professionnels soignants. Je m'intéresse plutôt aux aidants naturels.
Dans le cadre de la stratégie, nous devons vraiment prendre en compte ces personnes. Elles sont nombreuses, et leur emploi est en péril si leur employeur ne reconnaît même pas cette situation. J'ai lancé le groupe des employeurs, mais, encore une fois, le changement de gouvernement a entraîné sa disparition.
Ma question est la suivante. Reconnaissez-vous la nécessité d'une collaboration entre les trois ordres de gouvernement et du retour du forum fédéral-provincial-territorial, où deux ordres de gouvernement étudient tous les services afin d'éviter les dédoublements et relèvent ensemble les besoins? Il faut un grand responsable pour orienter tous les efforts.
La question s'adresse à vous tous.
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Vous demandez essentiellement si nous devons rétablir le processus qui a été abandonné. Ainsi, une fois par année, les ministres responsables des aînés de partout au pays — certaines provinces ont un ministre des Aînés, d'autres n'en ont pas — se réunissaient et déterminaient les enjeux de l'année à venir. C'est tout à fait essentiel à une stratégie. Un gouvernement fédéral qui s'emballe en pensant qu'il peut établir une stratégie sans l'apport des provinces rêve en couleurs. C'est peut-être aussi un rêve de penser que les deux ordres de gouvernement peuvent unir leurs forces, mais c'est une autre histoire. C'est absolument essentiel que les provinces et les territoires collaborent dans ce dossier.
Par ailleurs, un grand nombre des provinces compte un protecteur des citoyens âgés ou un groupe responsable des personnes âgées, en général au sein du ministère de la Santé. Toutes les provinces ont un personnel qui se consacre aux personnes âgées. J'ai toujours été préoccupé — et j'en ai parlé lorsque j'étais président du Conseil national des aînés — par l'énorme gaspillage de ressources causé par les nombreux dédoublements au Canada. Nous pourrions utiliser cet argent pour autres choses. Par exemple, chaque province effectue toutes sortes d'études sur les soins à long terme. Chacune se penche aussi sur les soins à domicile. Il n'y a aucune coordination. J'enlève mon chapeau de professionnel en ce moment. C'est mon point de vue personnel.
Il a même été recommandé d'inciter les familles à prendre soin de leurs proches âgés en établissant un type de privilège fiscal. Par exemple, pour une personne qui passe de nombreuses heures à donner des soins à la maison, il serait possible d'entrer une déduction dans sa déclaration de revenus. Voilà le genre de mesures que nous devrions étudier.
Aussi, comme il a été mentionné, il y a des pays qui sont... je refuse de dire beaucoup plus avancés. Je ne pense pas que bien d'autres pays sont meilleurs que nous pour prendre soin des personnes âgées, dont je fais partie. Nous devrions regarder ce qui se fait ailleurs, puis adapter ces mesures au Canada, tout en évitant de les transposer telles quelles.
Oui. Nous devons mieux coordonner les efforts.
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Merci à tous de témoigner devant nous aujourd'hui.
Je suis un passionné des données. Pour moi, les chiffres sont essentiels. À la suite des témoignages que nous avons entendus aujourd'hui et ceux de la réunion précédente, il est difficile de déterminer si les personnes âgées se portent mieux ou si c'est plutôt le contraire.
Nous avons entendu l'Association nationale des retraités fédéraux, dont la plupart des membres, je le suppose, ont accès à un régime de retraite. J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma circonscription qui n'ont absolument aucune pension. À la lumière des données de Statistique Canada, présentées par M. Beach, ils étaient 14,3 % en 2015. Selon cette donnée, on pourrait croire que 85 % des Canadiens sont prêts pour la retraite. Pourtant, ce n'est pas le cas et c'est ce qui m'inquiète beaucoup en ce moment.
Je voudrais poser une question à Bonnie-Jeanne MacDonald. Vous avez parlé du taux de remplacement selon le niveau de vie, une mesure que vous avez conçue. Pourriez-vous nous expliquer de quoi il s'agit et comment il peut nous aider à obtenir des chiffres plus précis?
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En bref, lorsque les gouvernements de partout dans le monde veulent évaluer dans quelle mesure leurs citoyens sont prêts en vue de la retraite, ils s'appuient sur deux critères. L'un est la pauvreté. Le deuxième consiste à déterminer à quel point les travailleurs canadiens, américains ou australiens pourront maintenir leur niveau de vie à la retraite.
Malheureusement, en ce moment, ils se demandent si les travailleurs peuvent remplacer 70 % de leurs revenus. Nous savons depuis longtemps qu'il s'agit d'une cible complètement inadéquate. C'est en fait illogique. Lorsque j'ai fait un examen très complet de l'ensemble des études qui ont été réalisées, j'ai découvert que personne dans le monde n'avait démontré scientifiquement que les gens qui remplacent 70 % de leur revenu maintiennent leur niveau de vie à la retraite.
Je propose une nouvelle mesure qui suppose essentiellement que les gens veulent maintenir leur niveau de vie, c'est-à-dire qu'ils souhaitent avoir suffisamment d'argent pour acheter les mêmes produits et services à la retraite que pendant leur vie active. C'est ce qui définit vraiment un niveau de vie: l'argent qui peut être dépensé.
En ce qui concerne les données, pour revenir au RPC, cette question est cruciale parce qu'il s'agit du grand objectif du RPC, soit aider les gens à maintenir leur niveau de vie. En ce moment, j'analyse la bonification du RPC au moyen du modèle que le gouvernement a conçu — parce qu'une telle tâche ne fait plus partie du mandat de l'État — afin de comprendre qui au Canada profite des améliorations au RPC et dans quelle mesure. S'agit-il des Canadiens à revenu élevé ou à faible revenu?
Ce qui m'inquiète, c'est que j'entends parler de rencontres comme la nôtre dans l'industrie, dans le milieu universitaire et partout. Les gens ont de nombreuses questions qui restent sans réponse. Aux États-Unis, l'État appuie les universités et différents groupes afin qu'ils conçoivent des modèles ultra-sophistiqués. Ils peuvent ensuite s'appuyer sur cette expertise et disposer de modèles qui font autorité pour répondre aux questions. Ce n'est pas le cas au Canada. Pour le gouvernement, continuer à financer les modèles où nous pouvons intégrer toutes les données disponibles ne coûterait presque rien. Ainsi, nous pourrions comprendre les bons et les mauvais coups de la bonification du RPC. Aurait-il dû être doublé ou pas?
J'ai discuté avec de grands penseurs canadiens de partout au pays. Parmi les résultats de la bonification du RPC, on relève qu'ils n'étaient pas très punitifs pour les Canadiens à faible revenu. Cette conclusion s'oppose complètement à ce qui est véhiculé dans les médias. Le problème, c'est que les personnes qui s'expriment dans les médias sont des chercheurs qui s'appuient sur un ensemble de données très étroit. Si on tient compte des données sur tous les Canadiens, sur une longue période, tout au long de leur carrière, on obtient des résultats très différents. Je suis convaincue qu'avant d'apporter des changements politiques nous devons comprendre leurs effets dans l'avenir. Un débat idéologique ne suffit pas. On ne peut pas se contenter de réunir des gens pour établir des mesures qui sont populaires dans le moment présent. Il faut s'appuyer sur des données probantes provenant de sources fiables.
C'est surprenant, mais j'ai rencontré des représentants de l'industrie et du milieu universitaire à 20 reprises au cours des 3 derniers mois. Je suis toujours en déplacement pour participer à des discussions. Honnêtement, je ne fais que parler de mon travail et je ne vends jamais une idée. Toutefois, je vends une idée aujourd'hui. Je vous en supplie, si vous ne devez retenir qu'une seule chose aujourd'hui, le gouvernement doit réinvestir de l'argent dans les outils analytiques.
Il n'est pas nécessaire qu'ils se trouvent au sein du gouvernement. Les outils peuvent être développés ailleurs, dans une université. Il sera beaucoup plus abordable et plus accessible pour l'ensemble des universitaires et des groupes d'intérêt du Canada de mettre à l'épreuve leurs idées et d'obtenir des réponses fiables. Ensuite, lorsque le gouvernement aura des questions, tous pourront s'appuyer sur cette expertise. Les discussions pourront avoir lieu selon des chiffres de base. En ce moment, nous ne connaissons même pas ces chiffres, pas plus que le gouvernement, j'en ai bien peur, parce que, je le répète, il a cessé de financer le modèle.
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Selon bien des études, les aînés veulent deux choses: une marge de manoeuvre à l'égard de leurs épargnes au début de leur retraite ainsi qu'une protection à long terme. Comme vous l'avez dit, l'un des moyens d'y arriver consiste à augmenter l'âge de retrait obligatoire des FERR de sorte que les gens puissent conserver cet argent pour plus tard.
Toutefois, la difficulté dans cela, c'est que si les gens ne retirent pas leurs épargnes, ils n'utilisent pas leur revenu à la retraite et risquent de mourir sans avoir profité de ces épargnes.
L'une des meilleures solutions, qui, comme je l'ai mentionné dans ma déclaration, est incroyablement répandue, est de mettre en commun son argent et d'acheter ce qu'on appelle une assurance longévité. Cela ne coûte pas cher. On met une très petite fraction de ses épargnes en commun avec un groupe d'aînés, puis la moitié du groupe qui vit au-delà de 85 ans aura une source de revenu garanti pour la soutenir dans son stade de vie avancé. Nous pourrions faire cela à l'échelle nationale et rendre cela très accessible.
Les aînés qui cotisent à une assurance longévité n'en gèrent pas les fonds. De plus, cette assurance coûte très peu. Essentiellement, la moitié des cotisants meurent. Ainsi, en plus de toucher le rendement de leur placement comme ils le feraient avec un FERR, les survivants doublent leur argent. Cette solution donne aux aînés ce qu'ils réclament: une marge de manoeuvre par rapport à la majorité de leurs épargnes en début de retraite, mais également un revenu garanti provenant de ce fonds d'épargne, comme une pension, lorsqu'ils atteignent un âge plus avancé.
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J'estime qu'il faut retarder l'âge de retrait obligatoire des REER, et évaluer s'il vaut la peine de continuer à recalibrer le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse à savoir combien de temps on peut les reporter et quelles sont les récompenses si on les reporte à 70 ans. Et si on les reportait à 75 ans, voire à 80 ans?
C'est un autre moyen de parvenir à ce que mentionne Bonnie-Jeanne, c'est-à-dire que, si l'on peut les reporter suffisamment loin, on peut considérer ces programmes comme une police d'assurance pour les années ultérieures où l'on aura besoin de plus d'aide qu'en début de retraite pour fonctionner au quotidien.
Environ de 25 % à 26 % des Canadiens âgés de 65 à 69 ans participent toujours activement à la population active, et la proportion est tout de même encore d'environ 7 % au-delà de 70 ans. Nous devons être prudents afin qu'il demeure logique financièrement pour les gens qui en sont capables de demeurer au sein de la population active. Nous voulons inciter les gens à participer à la population active pour toute une panoplie de raisons.
L'un des problèmes examinés par le comité est l'isolement des aînés. Parfois, il n'y a pas de meilleure façon de participer à la société qu'en travaillant. Je ne veux pas dire qu'il faut obliger les gens à travailler s'ils n'en sont pas capables en raison d'une maladie chronique due au vieillissement. Par contre, il ne faut pas pénaliser économiquement les gens qui travaillent parce qu'ils en sont parfaitement capables et le veulent.
Je suis d'accord pour reporter l'âge de retrait obligatoire des REER, mais il faut aussi continuer d'examiner le Régime de pensions du Canada et la Sécurité de la vieillesse pour voir s'il y a lieu de les reporter également.
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Le rapport dont parle la députée Blaney est une enquête sur tous les résidants des établissements de soins pour bénéficiaires internes de la Colombie-Britannique. À l'examen des données brutes et en comparant les provinces, on constate que la population de la Colombie-Britannique n'est pas bien différente de celle du reste du pays.
Deux messages ressortent du rapport. Le premier est clair: il faut veiller à ce que les établissements de soins aient un niveau d'effectifs de soutien suffisant pour que les gens puissent aller à la toilette lorsqu'ils en ont besoin, prendre leur bain lorsqu'ils le souhaitent, et ainsi de suite.
Cela dit, un autre message tout aussi important ressort et il ne porte ni sur la dotation ni sur le financement. Il porte sur les 45 % des gens qui disent n'avoir personne sur les lieux avec qui ils ont quelque chose en commun et sur les 46 % qui disent n'avoir personne sur les lieux avec qui faire des activités. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut régler par la dotation et le financement. C'est le reflet de la réalité des gens dans les établissements de soins de longue durée qui sont toujours capables d'avoir une vie active et qui, selon mon avis et celui d'autres, mais pas selon l'avis de tous, pourraient toujours faire partie de la communauté. Les collectivités n'offrent pas les soutiens nécessaires pour que ceux qui veulent demeurer chez eux, qui sont encore autonomes et qui participent encore de manière cognitive au monde qui les entoure puissent demeurer au sein de leur communauté.
Les soins de longue durée se ressemblent d'une province à l'autre. Les soutiens à domicile pour des activités de vie autonome sont très différents d'une province à l'autre. Les soins de longue durée sont financés dans toutes les provinces, quoique légèrement différemment, mais essentiellement, tout aîné canadien ayant besoin de soins de longue durée y accède sans faire faillite. On ne peut pas en dire autant des autres.
Il faut établir des normes nationales qui détermineront ce à quoi les aînés canadiens ont droit et qui leur permettra de demeurer autonomes, car c'est en grande partie ce que l'on constate chez les 45 % des gens qui disent n'avoir personne sur les lieux avec qui ils ont quelque chose en commun.
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Merci, monsieur le président. C'est un honneur de faire partie de ce comité et de pouvoir aborder une question si importante.
Ma circonscription est Richmond Hill. J'ai eu l'occasion d'organiser une assemblée publique sur les aînés cet été et de me pencher sur les statistiques de 2015. Ce que les données révèlent et ce que j'ai entendu à l'occasion de cette assemblée publique sont alarmants. Le taux d'augmentation du nombre d'aînés dans ma circonscription a presque triplé. Nous sommes passés de 10 % en 2006 à environ 14,6 % en 2015.
De plus, lors de l'assemblée publique, nous avons appris qu'il y avait deux gros problèmes: l'indexation et les soins à domicile offerts par des aidants naturels. Je suis content que M. Janson ait parlé de l'indexation. Si j'ai bien compris, vous proposez que nous passions d'un système fondé sur le prix à un système fondé sur l'économie.
Bonnie, vous avez parlé de ce que j'appelle les services de soins à domicile en évoquant un modèle voulant que l'on verse un salaire aux aidants naturels.
J'ai deux questions. L'une porte sur la définition et l'autre sur l'incidence économique, ou l'incidence monétaire, car en tant que gouvernement nous nous demandons toujours d'où viendra le financement.
Je vais commencer avec M. Janson. Pouvez-vous expliquer l'effet du passage d'un système fondé sur le prix à un système fondé sur l'économie? De plus, comment pouvons-nous en tenir compte?
Puis, Bonnie, pourriez-vous expliquer d'où devraient venir les fonds utilisés pour verser un salaire aux aidants naturels?