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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie.
C'est un grand honneur et un privilège pour moi de comparaître devant vous aujourd'hui afin de discuter des qualifications et des compétences qui me serviront à assumer le rôle important de commissaire à la protection de la vie privée du Canada.
Je profite de l'occasion pour vous remercier pour tout le travail que vous accomplissez à titre de parlementaires, qu'il s'agisse de légiférer, de délibérer ou de demander des comptes au gouvernement.
J'ai consacré ma vie professionnelle au renforcement des institutions publiques du Canada ainsi qu'à la protection et à la promotion des droits fondamentaux des Canadiens.
[Français]
J'ai œuvré en ce sens pendant 15 ans dans le contexte des droits de la personne à la Commission canadienne des droits de la personne. Je poursuis ce travail depuis sept ans dans le contexte du droit administratif et constitutionnel, en ma qualité de légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes. J'ai l'intention de continuer dans cette voie si je suis nommé commissaire à la protection de la vie privée du Canada.
Avant d'être nommé légiste de la Chambre, en 2015, j'ai occupé le poste d'avocat général principal à la Commission canadienne des droits de la personne; j'étais responsable des activités juridiques et opérationnelles de la Commission en vertu de la Loi canadienne sur les droits de la personne, de la Loi sur l'équité en matière d'emploi, ainsi que de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Traduction]
J'ai agi comme avocat principal pour la Commission dans l'affaire historique concernant l'aide à l'enfance des Premières Nations qui a été portée devant le Tribunal canadien des droits de la personne, laquelle a débouché sur le plus gros règlement du genre de l'histoire du Canada. Auparavant, j'ai été avocat principal dans l'affaire Chambre des communes c. Vaid devant la Cour suprême du Canada. Cette cause fait aujourd'hui jurisprudence en droit canadien en ce qui a trait au privilège parlementaire.
En plus de l'affaire Vaid, j'ai plaidé devant la Cour suprême à 14 occasions distinctes, dans des affaires portant sur des questions telles que le partage des compétences, l'impartialité des tribunaux, les mesures d'accommodement pour les personnes ayant des déficiences, la liberté d'expression, et l'équilibre entre la sécurité nationale et les droits de la personne.
Il existe des corrélations directes entre mon expérience à la Commission et le rôle de commissaire à la protection de la vie privée. Mon travail consistait notamment à promouvoir et à protéger les droits fondamentaux et à faire enquête sur des plaintes de manière rapide et équitable sur le plan procédural. Il exigeait d'assurer un juste équilibre entre droits fondamentaux et considérations d'intérêt public et d'être en mesure d'expliquer des concepts complexes en termes simples et de manière accessible. Il visait également à travailler avec les secteurs public et privé dans le but de trouver des solutions constructives et d'instaurer une culture axée sur les droits fondamentaux, à prendre en considération les normes et les comparateurs internationaux et à collaborer avec les homologues provinciaux.
[Français]
Dans mon rôle actuel de légiste, je suis le conseiller juridique principal de la Chambre et je dirige le bureau chargé de fournir des services juridiques et législatifs à la Chambre et à ses députés.
J'ai défendu avec succès les privilèges de la Chambre dans l'affaire Boulerice c Bureau de régie interne. J'ai dirigé l'équipe d'avocats qui a représenté le Président de la Chambre dans le contexte de la demande de contrôle judiciaire, l'an dernier, qui portait sur les pouvoirs de la Chambre d'exiger la production de documents.
De multiples comités m'ont chargé d'interpréter et d'appliquer les principes du droit en matière de protection de la vie privée. Tout récemment, on m'a demandé d'examiner les caviardages proposés dans des documents dont des comités avaient exigé la production dans le cadre de leurs études.
[Traduction]
J'ai joué un rôle clé dans l'élaboration de codes et de politiques de prévention du harcèlement sur la Colline et pour ce qui est de garantir un environnement sûr et inclusif pour les députés et les employés. J'ai été fier d'être le champion de la diversité et de l'inclusion à l'Administration de la Chambre durant les cinq dernières années.
Tout au long de ma carrière, j'ai toujours accordé la plus haute importance au service public et trouvé qu'il était essentiel de donner en retour à la collectivité et à ma profession.
[Français]
Ainsi, j'ai occupé diverses fonctions au sein de l'Association du Barreau canadien, notamment à titre de président de la section du droit constitutionnel et d'administrateur au comité exécutif de l'ABC‑Québec. J'ai également été président de la Commission internationale de juristes Canada, une institution qui vise à promouvoir l'indépendance judiciaire au Canada et à l'échelle internationale.
Je crois en l'importance de l'éducation et du mentorat. J'ai enseigné à temps partiel dans plusieurs facultés de droit, et, chaque année, je suis juge au concours bilingue de plaidoirie en droit administratif Laskin.
Dans toutes mes fonctions, j'ai été animé par les valeurs que sont l'équilibre, l'impartialité, l'équité, l'excellence, la primauté du droit, l'intérêt public et le respect des processus démocratiques et législatifs. Si je suis nommé, ce sont les valeurs que je compte véhiculer dans l'exercice de mes fonctions de commissaire à la protection de la vie privée du Canada.
[Traduction]
Pour toutes ces raisons, j'estime que je peux apporter au poste de commissaire à la protection de la vie privée un éventail vaste et unique d'expériences et de connaissances, de même que la conviction profonde que les droits fondamentaux des Canadiens en matière de droit à la vie privée exigent qu'on déploie des efforts vigoureux et constants pour les défendre, les protéger, en faire la promotion et les faire connaître.
À titre de commissaire à la protection de la vie privée, je me centrerai sur la protection de la vie privée comme droit fondamental, la protection de la vie privée comme moyen pour favoriser l'intérêt public et appuyer l'innovation et la compétitivité du Canada, et la protection de la vie privée comme moyen pour accentuer la confiance des Canadiens dans leurs institutions et dans l'économie numérique.
[Français]
En terminant, je souhaite profiter de l'occasion pour remercier Daniel Therrien de son travail et de son leadership exceptionnels au cours des huit dernières années en tant que commissaire.
J'ai été impressionné par l'excellent travail réalisé par le Commissariat durant son mandat. Si je suis nommé, je me réjouis à la perspective d'œuvrer avec ce groupe de professionnels dévoués pour protéger et promouvoir le droit à la vie privée des Canadiens.
Sur ce, c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais d'abord féliciter M. Dufresne de sa nomination et lui souhaiter la bienvenue.
Maître Dufresne, cela fait plusieurs années que je suis votre carrière avec beaucoup d'intérêt. Je dois vous dire que je ne peux penser à une meilleure personne pour occuper ce poste important, et même névralgique.
Maître Dufresne, j'ai quelques questions à vous poser.
Mon collègue M. Bezan a parlé de votre carrière antérieure en tant que conseiller parlementaire de la Chambre des communes. Personnellement, j'aimerais plutôt porter mon attention sur votre expérience en tant qu'avocat général principal de la Commission canadienne des droits de la personne.
De quelle façon ce rôle peut-il vous servir en tant que commissaire à la protection de la vie privée?
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Merci beaucoup, monsieur Fergus.
Je crois que mon rôle au sein de la Commission canadienne des droits de la personne me servira bien. Il m'a bien formé, parce qu'il y a beaucoup de similarités entre ce mandat et celui du commissaire à la protection de la vie privée.
La Commission canadienne des droits de la personne traite d'une loi fondamentale. Elle traite de droits fondamentaux des Canadiens, qui doivent être protégés et interprétés de manière large et rigoureuse. En même temps, on parle d'une loi qui doit être interprétée dans la réalité, en tenant compte de considérations d'intérêt public et en tenant compte des répercussions. On doit faire en sorte qu'il y ait une meilleure compréhension de cette loi, tant pour les Canadiens que pour l'industrie et les gouvernements. Il s'agit d'utiliser plusieurs outils pour arriver à l'objectif, soit celui de protéger et de promouvoir ces droits fondamentaux. Les outils peuvent être l'éducation. Les outils peuvent être l'interaction et les ententes au préalable. Les outils peuvent être des politiques ou des lois. Ils peuvent être des mécanismes de plainte. Ils peuvent être des décisions juridiques. Il y a une multitude d'outils possibles.
En cette période où les changements technologiques ont tellement de répercussions sur notre société, c'est important de considérer tous ces outils et les outils proactifs. J'ai acquis cette expérience à la Commission canadienne des droits de la personne où je traitais de dossiers en matière de parité salariale, entre autres. Ce sont des dossiers qui ont donné lieu à des dédommagements énormes pour les employés qui avaient été victimes de discrimination. Cela prenait beaucoup de temps, et cela demandait des plaintes. On l'a vu dans la nouvelle Loi sur l'équité salariale, qui est un modèle plus proactif.
Je pense que cette combinaison d'outils proactifs et de systèmes de plainte, tout cela fondé sur un modèle de droit, comporte des similarités avec mon nouveau rôle et m'aura bien formé. Mon expérience en plaidoirie devant les tribunaux supérieurs, dont la Cour suprême, m'a bien servi. Cette expérience m'est utile pour communiquer des concepts complexes de façon simple et accessible pour tous les Canadiens.
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Je vais poursuivre dans la même veine.
Vous avez mentionné que ce rôle existe aussi pour déterminer les droits des individus à la vie privée par rapport à leur gouvernement.
Quand vous avez reçu l'appel au sujet de votre candidature, j'imagine que vous avez commencé à visualiser votre rôle dans ce poste. Quelle devrait être l'étendue de vos responsabilités, non seulement en matière de vie privée des Canadiens par rapport à leur gouvernement, mais aussi en matière de vie privée des Canadiens par rapport au secteur privé?
Selon certains, nous vivons à une époque où la vie privée des gens est menacée par tous les logiciels, par toutes les compagnies privées qui examinent et monnaient toutes les données personnelles des individus.
Comment voyez-vous votre rôle relativement à cet aspect de la vie privée?
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Je vous remercie de votre question.
C'est un fondamental. Dans une de mes réponses précédentes, je disais que le droit à la vie privée, les enjeux de la vie privée touchent tout le monde. Cela touche les personnes plus jeunes, les personnes plus âgées, les personnes fascinées par la technologie, et même celles qui ne le sont pas. Il y a énormément de potentiel et d'innovation à participer à cela. Cependant, cela comporte aussi des risques.
C'est très important de pouvoir compter sur un régime de protection à la vie privée pour ce qui est de l'industrie privée. En tant que commissaire, mon rôle serait d'abord d'être là pour aviser le Parlement lorsque la prochaine modernisation de la Loi sur la vie privée dans le secteur privé sera présentée au Parlement. Tout commence par cette loi et les principes qui en découlent pour répondre aux recommandations que vous avez faites dans votre rapport.
Le commissaire à la vie privée joue également un rôle d'interlocuteur avec les Canadiens, et avec l'industrie privée aussi. C'est très important qu'il y ait un régime juridique et qu'il y ait des incitatifs allant dans la bonne direction. Je pense qu'il faut aussi des échanges avec les représentants de l'industrie privée pour connaître leurs préoccupations et leurs réalités. C'est important que le régime soit à la fois pratique et facile d'accès pour les Canadiens afin qu'ils comprennent leurs droits à la vie privée et leurs droits de refus. C'est aussi important de faciliter l'accès pour l'industrie privée afin qu'elle comprenne ce qu'elle doit faire. Ce rôle du commissaire était prévu, qu'il s'agisse de revoir les codes de pratique ou de donner des avis.
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Comme cela a été mentionné devant ce comité, il est important que le régime ne soit pas axé exclusivement sur la notion de consentement, qu'il ne remette pas complètement aux citoyens la responsabilité de s'informer sur ces dispositions, qui sont souvent très complexes, de les comprendre et de dire « oui » ou « non ».
Il faut rassurer les Canadiens en utilisant un régime juridique fondé sur un modèle de droit fondamental. Ce régime doit encadrer certaines pratiques qui ne devraient pas être permises même s'il y a consentement et d'autres qui pourraient l'être sans consentement. Il y a aussi un élément de transparence. Il faut que les entreprises et le gouvernement adoptent des approches proactives et fassent des vérifications relatives à la vie privée. Il faut avoir ce qu'on appelle la protection intégrée de la vie privée et une meilleure communication relativement à ces dispositions. Ainsi, les Canadiens vont savoir ce qui se passe réellement. Parfois, cette préoccupation est fondée, mais elle peut aussi venir du fait qu'on ne comprend pas ce qui se passe, ce qui génère des doutes et des soupçons.
L'un des thèmes qui ressortaient de votre récent travail sur la mobilité était justement la communication de ce qui était fait, les données qui étaient collectées, la raison pour laquelle elles ont été collectées ainsi que l'utilisation de ces données. Il y avait beaucoup de préoccupations.
La récente enquête sur Tim Hortons a soulevé d'autres préoccupations de ce type.
À mon avis, il y a beaucoup à faire en ce qui a trait au régime juridique, à la communication et à l'éducation.
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Je pense qu'il faut avoir des échanges continus avec l'industrie privée, mais également avec les citoyens, les groupes d'intérêt, ainsi que les milieux universitaire et parlementaire.
Quant à ce qui est légal, mais non éthique, cela soulève des questions très importantes. Si c'est légal et non éthique, est-ce que cela devrait continuer d'être légal? Le régime juridique ne devrait-il pas encadrer cela?
Lorsque je travaillais pour la Commission canadienne des droits de la personne, j'avais des interactions avec des dirigeants qui étaient de bonne foi et qui voulaient absolument faire la bonne chose. Cependant, ils faisaient face à plusieurs obligations juridiques dans tel ou tel domaine. Il y avait une flexibilité, un cadre. C'étaient des souhaits, mais ce n'était pas obligatoire sur le plan juridique. Les gens établissaient leurs priorités.
À mon avis, il faut mettre les incitatifs au bon endroit. Si on ne fait que dire que ce sont des voeux pieux ou un idéal, il n'est pas réaliste de penser que les entreprises vont nécessairement donner la priorité à cela au détriment des obligations juridiques qui comportent des délais et des conséquences.
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Merci, monsieur Green, pour vos bons mots et merci aussi pour votre travail dans le cadre de l'examen de la Loi sur les mesures d'urgence. C'était un privilège pour moi de témoigner devant vous en cette capacité.
Je crois que les droits de la personne et le droit à la protection de la vie privée sont essentiels. Le droit à la vie privée a été reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, alors que nous reconnaissions l'importance des droits de la personne. Ce droit aborde des éléments d'une importance fondamentale — et encore une fois, il a été reconnu dès 1948 — pour les particuliers, qui doivent être protégés contre les actions que pourrait prendre l'État. C'était l'objet de la Déclaration. Nous voyons aujourd'hui que, dans le contexte de la protection de la vie privée, il n'est pas uniquement question de l'État, mais aussi du marché, et nous avons utilisé le terme « capitalisme de surveillance ».
Le droit à la vie privée a été reconnu. Il a été reconnu par la Cour suprême à titre de valeur fondamentale d'un état démocratique moderne dans l'affaire Dagg, puisqu'il est associé à l'autonomie physique et morale, et à la liberté de pensée, d'action et de décision. Je crois que si c'était vrai en 1948 et 1997 dans l'affaire Dagg, c'est certainement vrai aujourd'hui, alors que les possibilités associées à la collecte, à l'obtention et au partage des renseignements sans le consentement d'une personne sont accrues.
C'est ce que je défendrai avec passion dans le cadre de mon rôle, si je suis nommé à titre de commissaire. C'est ce qu'a fait le commissaire Therrien. Je continuerai sur cette voie et j'espère — et je crois — que mon rôle à titre de praticien des droits de la personne me donnera une crédibilité en ce sens.
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Certaines des préoccupations qui ont été soulevées — et le CPVP a formulé de nombreux commentaires, y compris récemment devant votre comité — ne revenaient pas nécessairement sur le projet de loi , mais anticipaient, en ce qui concerne la nouvelle version, ce que devraient être certains de ces éléments. Le premier élément est un cadre fondé sur les droits, c'est‑à‑dire qu'il faut s'assurer que le régime n'est pas exclusivement fondé sur le consentement et qu'il reconnaît la vie privée comme un droit fondamental. Il est très important d'aborder la question des renseignements dépersonnalisés et de s'assurer que la réidentification est interdite, et il faut vérifier que cela n'est pas en marge de la loi. Il faut aussi aborder de nouvelles notions qui n'étaient pas présentes, comme les décisions automatisées et l'intelligence artificielle.
Dans le cadre du projet de loi , il y a eu des discussions pour déterminer s'il fallait mettre sur pied un tribunal qui examinerait les décisions du commissaire en matière de pénalités. Le CPVP a estimé que cela ne devrait pas être le cas et que la décision définitive devrait revenir au CPVP, et qu'elle doit faire l'objet d'une révision judiciaire. Il sera important d'examiner cette question. Je crains aussi que l'ajout de plusieurs étapes d’examen ne fasse que prolonger la prise d'une décision définitive. Je suis aussi préoccupé à l'idée que le commissaire fédéral a peut-être moins de pouvoirs que ses homologues provinciaux, mais d'autres options ont été soulevées au cours de cette discussion quant à la possibilité d'un appel direct auprès de la Cour d'appel fédérale ou d'un tribunal spécialisé.
L'essentiel est de veiller à ce que le CPVP soit en mesure de fonctionner efficacement dans le cadre de ce régime. Il y a eu des discussions au sujet des ressources. On a soulevé une préoccupation liée aux nouveaux pouvoirs ou aux nouvelles responsabilités du commissaire en matière de vérification des codes de pratique. Le commissaire, à juste titre selon moi, a soulevé le fait que, si c'est le cas, il pourrait être nécessaire d'accorder une certaine discrétion quant aux questions sur lesquelles se concentrera ce travail, car autrement, cela pourrait très rapidement prendre une grande partie des ressources.
C'est une chose que j'ai faite au sein de la Commission canadienne des droits de la personne. En effet, nous avons adopté une approche stratégique en matière de litige d'intérêt public, dans laquelle nous concentrons nos principales ressources sur les cas importants qui auront le plus grand impact pour les Canadiens. Cette approche a été très fructueuse.
Pour moi, le rôle de commissaire à la protection de la vie privée est une combinaison, en quelque sorte, de mon expérience à titre d'avocat des droits de la personne pour la Commission et à titre de légiste à la Chambre. Je pense que dans le cadre de ce rôle, il est important de comprendre les parlementaires, les législateurs et les lois. Il y a aussi la capacité de travailler avec des membres de tous les partis qui ont des intérêts différents, de trouver un équilibre et de comprendre la situation.
Pour ce qui est de la proactivité, je pense qu'à titre de commissaire à la protection de la vie privée, j'aurai tendance à être plus proactif lorsqu'il s'agit d'exprimer mes opinions sur ce que devraient contenir les lois. Ainsi, à titre de légiste, je ne faisais généralement pas cela, car je me concentrais davantage sur les droits et privilèges des parlementaires. Toutefois, je considère certainement que le rôle de commissaire consiste à être proactif en ce qui concerne la promotion, la protection et l'expression d'opinions et à veiller à ce que le processus de traitement des plaintes soit utilisé aussi efficacement que possible, c'est‑à‑dire en favorisant une utilisation stratégique, en me concentrant sur les cas importants, en m'assurant que les ressources sont utilisées aussi bien que possible et en veillant à ce que le commissaire puisse disposer de la marge de manœuvre nécessaire pour avoir le plus grand impact possible.
Cela ne veut pas dire que les cas individuels ne sont pas importants. Ils le sont certainement. Il faut se concentrer sur ces cas, mais il est possible de faire les deux.
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Je le pense. Je pense que cela incombe aux fonctionnaires. Je pense que cela s'appliquerait certainement aux hauts fonctionnaires du Parlement. Je considérais que la Commission était importante pour exprimer des points de vue qui permettent de rectifier les faits si des déclarations inexactes ont été faites.
Il est essentiel, bien entendu, d'être toujours juste en ce qui concerne les faits, car de telles postes confèrent une grande crédibilité. Je pense que ce rôle devrait servir non seulement à formuler des conclusions qui peuvent être défavorables au gouvernement, mais aussi des conclusions qui sont favorables au gouvernement ou à l'industrie, par exemple en soulignant qu'une chose a été faite de manière appropriée et les raisons pour lesquelles c'est le cas. Cela contribue également à inspirer confiance.
Cela correspond à l'idée d'avoir des audits proactifs, car ils peuvent permettre de rassurer les gens. Le but n'est pas de faire des reproches ou de condamner qui que ce soit, mais de travailler en collaboration et de trouver des solutions. S'il y a des choses à reprocher, s'il y a une résistance et s'il est nécessaire, au bout du compte, de déposer une plainte, c'est ce qui sera fait.
On a aussi l'occasion de mettre en évidence les choses qui sont faites correctement. Je pense qu'il est important pour les Canadiens d'entendre cela et de l'entendre de la bouche des fonctionnaires.
Bien entendu, j'ai très hâte de rencontrer les membres de l'équipe et de parler avec tous les collègues.
J'ai examiné le RMR. Je pense que la première chose à considérer, c'est le fait que le décret d'extension de la Loi sur la protection des renseignements personnels en juillet et l'élargissement de la portée du mandat provoqueront un afflux de nouveaux cas. Je sais que le commissaire avait demandé des fonds supplémentaires à cet égard. Il faudra donc assurer un suivi dans ce dossier.
On a également dit que si la nouvelle LPRPDE s'inspirait du projet de loi — avec, espérons‑le, des améliorations fondées sur un grand nombre des commentaires formulés —, elle nécessiterait elle aussi un doublement des ressources, comme l'a mentionné le commissaire Therrien, si je me souviens bien.
Ce sont là quelques-unes des discussions que j'aurai dès le départ avec les membres de l'équipe.
Plus précisément, en ce qui concerne le pouvoir de rendre des ordonnances et le type de structure nécessaire, le commissaire Therrien a parlé d'arbitres, etc. Ce sont donc certains des éléments à considérer. Il faut également veiller à ce que le Bureau soit prêt à conseiller le Parlement lorsque ce projet de loi sera présenté.
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Je crois que les défis à long terme vont surtout s'articuler autour des innovations numériques que nous sommes à même d'observer, un contexte où il faudra s'assurer d'adapter notre cadre législatif en conséquence et de voir à ce que le Commissariat puisse compter à l'interne sur les experts capables de bien le conseiller à ce sujet, notamment pour ce qui est des codes d'éthique.
Il y a eu des discussions à propos de la dépersonnalisation des données et de la prévention de la réidentification. Qu'est‑ce qui est raisonnable? Comment pouvons-nous l'entériner et quels types de mécanismes devons-nous mettre en place pour que la dépersonnalisation puisse être acceptée en toute connaissance de cause? Est‑ce que nous minimisons les risques de réidentification? Il est absolument essentiel qu'un cadre soit mis en place à cette fin.
Dans le domaine de l'intelligence artificielle, de plus en plus de décisions sont prises au moyen d'algorithmes utilisant les informations disponibles. Comment pouvons-nous gérer le tout? Certains éléments du Règlement général sur la protection des données et du projet de loi traitent de la transparence des algorithmes, de la nécessité de comprendre comment ces décisions sont prises et, dans un monde idéal, de la possibilité de contester ces décisions. Du point de vue des droits de la personne, des préoccupations ont été soulevées quant aux risques de profilage. Il faut donc déterminer comment nous devons composer avec cette technologie qui évolue à un rythme accéléré.
Je crois d'ailleurs que c'est l'un des problèmes. La technologie évolue très rapidement, mais le processus législatif est beaucoup plus lent. Nous devons trouver des façons d'adapter plus rapidement nos lois.