:
Je déclare la séance ouverte.
Je vous souhaite la bienvenue à la 49e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022, la réunion se déroulera selon une formule hybride, c'est‑à‑dire le présentiel pour certains membres et le virtuel pour d'autres, qui utiliseront l'application Zoom.
Veuillez me prévenir des difficultés techniques qui surviendront. Veuillez également noter que nous pourrons devoir suspendre les travaux pendant quelques minutes pour assurer la pleine participation de tous les membres.
Conformément à l'alinéa 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 14 novembre, le Comité entame son étude sur les préoccupations relatives à la vie privée en ce qui concerne l'application ArriveCAN.
Accueillons maintenant les témoins.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Mme Bianca Wylie, partenaire à Digital Public, prendra d'abord la parole. Elle sera suivie, à titre personnel, de M. Matt Malone, professeur adjoint à la Thompson Rivers University.
Madame Wylie, vous disposez de cinq minutes pour faire votre déclaration liminaire. Vous avez la parole. Merci.
:
Bonjour. Merci de me donner l'occasion aujourd'hui de vous parler d'ArriveCAN.
Notre entreprise, Digital Public, se consacre à la transformation numérique au gouvernement, mais aussi ailleurs. Aujourd'hui, dans le cadre de ce processus démocratique, je vous fais part de mes réflexions fondées sur mon expérience de travail avec les logiciels à titre de gestionnaire de produit et de facilitatrice.
La liste des ratés avec ArriveCAN est longue. Au sommet, il y a l'inégalité dans la prestation des services publics créée par l'application et les dommages qu'elle a causés à la confiance du public envers le gouvernement, surtout en pleine crise de santé publique.
Nous pouvons discuter ensemble de détails précis quant à ce qui s'est mal passé, mais pour les fins de ma brève déclaration, je vais vous communiquer trois propositions qui pourraient nous aider à éviter que les erreurs commises avec ArriveCAN se reproduisent. Les recommandations correspondent à trois catégories: l'équité, la souveraineté et la supervision et reddition de comptes démocratiques.
D'abord, en matière d'équité, ArriveCAN aurait toujours dû être une application à usage volontaire. C'est le plus important. Elle n'aurait jamais dû être obligatoire. La première proposition vise la mise en œuvre d'une redondance systématique des services publics offerts sous forme numérique, ce qui veut dire que, s'il y a une façon numérique d'accéder à un service public, il doit toujours y avoir, y compris en situation d'urgence, son pendant non numérique, où le personnel adéquat offre une expérience d'une tout aussi grande qualité à ceux qui s'en prévalent.
Deux choses très parlantes se sont produites dans le dossier ArriveCAN et illustrent pourquoi nous devons avoir ce type de politique comme mécanisme de contrôle pour forcer l'équité dans la prestation des services publics.
D'abord, le gouvernement a catégoriquement fait fi des commissaires fédéral, provinciaux et territoriaux à la protection de la vie privée, qui ont déclaré sans équivoque que la technologie utilisée pendant la pandémie doit l'être sur une base volontaire afin d'éviter l'effondrement de la confiance de la population. Je cite ici la déclaration commune des commissaires fédéral, provinciaux et territoriaux à la protection de la vie privée de 2020, intitulée « Appuyer la santé publique et bâtir la confiance des Canadiens »:
Consentement et confiance: L’utilisation des applications doit être volontaire. Cela sera indispensable pour bâtir la confiance du public. Cette confiance exigera également des gouvernements la démonstration d’un degré élevé de transparence et de responsabilité.
Ensuite, la fonction publique aurait dû avoir une connaissance poussée et précise des problèmes d'accès et de littératie numérique, du malaise et de la peur engendrés par la gestion de cette technologie chez les Canadiens. C'est une question d'éthique de la fonction publique. Oui, c'était dans le cadre de pouvoirs d'exception. Cela aurait en fait dû accroître l'attention portée au soutien d'une expérience humaine agréable. On a plutôt décidé d'en profiter pour accélérer la concrétisation d'un désir sous-jacent de modernisation à la frontière.
Notre travail démocratique est de faciliter l'accès aux soins les uns des autres. La nature obligatoire de cette application a fait le contraire. Elle a créé des obstacles. Elle a dévalué le travail de la fonction publique et ses possibilités.
Ma deuxième proposition porte sur la souveraineté: il ne faut pas offrir de services publics par l'intermédiaire d'applications et de boutiques d'applications, point final. Nous ne devrions pas fonder la prestation des services publics sur une infrastructure numérique que nous ne possédons pas et ne contrôlons pas. Ce devrait être impensable.
Les boutiques d'applications servent aux produits de consommation et non à la prestation de services gouvernementaux. En outre, le fait que le travail effectué par la fonction publique passe d'interactions physiques à l'utilisation d'appareils privés dans des lieux privés pose un problème majeur.
Le fait qu'il s'agisse d'achats est un des problèmes relatifs au perfectionnement de l'approvisionnement. Nous passons outre ce que représente la création d'une infrastructure numérique, ce qui est une conversation que nous devons avoir plus souvent.
Enfin, en matière de supervision et de reddition de comptes démocratiques, une troisième proposition vise la création d'un conseil consultatif public indépendant qui superviserait le développement continu d'ArriveCAN et son utilisation. On remédierait ainsi en partie aux problèmes de transparence, on ouvrirait le code, on expliquerait où vont les données et de quelle façon elles sont utilisées, puis on consulterait les communautés sur les changements et mises à jour de l'application. Le développement de l'application est financé jusqu'à l'automne prochain, donc il y a encore beaucoup de temps pour mettre en place un mécanisme de supervision amélioré.
En conclusion, le développement, la conception, le lancement et la mise en œuvre d'ArriveCAN débordaient de problèmes et d'erreurs en gouvernance numérique. Nous pouvons faire mieux à l'avenir, mais seulement si nous comprenons le tort causé par ArriveCAN et l'absence de justification crédible en santé publique pour avoir agi de la sorte, que nous le reconnaissons et l'acceptons.
Merci. Je serai heureuse de discuter de tout cela plus en détail.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Matt Malone et je suis professeur adjoint à la faculté de droit de la Thompson Rivers University. Je participe aux audiences d'aujourd'hui à titre personnel. Mon point de vue n'engage donc que moi.
[Français]
Je remercie le Comité de cette invitation inattendue et de l'occasion qui m'est offerte de parler de mes préoccupations relatives à la vie privée en ce qui concerne l'application ArriveCAN.
Après ma déclaration préliminaire, je serai heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
[Traduction]
Premièrement, j'aimerais parler de l'échec du gouvernement à prendre des mesures raisonnables pour veiller à la sécurité des renseignements personnels recueillis et conservés par l'application. Le pire exemple de cela est indiscutablement le bogue qui a provoqué l'envoi par erreur d'une ordonnance de quarantaine à 10 200 personnes qui avaient utilisé l'application correctement. La réponse du gouvernement à ce bogue et la transparence dont il a fait preuve à cet égard étaient épouvantables. Certains des utilisateurs touchés n'ont été avertis qu'ils étaient victimes d'un bogue qu'après 12 jours. Pendant ces 12 jours, la déclaration de confidentialité d'ArriveCAN stipulait que de contrevenir à une ordonnance de quarantaine émise par l'application était punissable d'une amende pouvant atteindre 750 000 $ ou de six mois d'emprisonnement.
Quand j'ai écrit là‑dessus dans le Globe and Mail en août, beaucoup de Canadiens m'ont envoyé des histoires poignantes. Cette correspondance illustrait sans l'ombre d'un doute que beaucoup de Canadiens âgés et en milieu rural, en particulier, étaient gravement touchés. Selon ma propre expérience, quand j'ai demandé mes renseignements personnels, recueillis par l'Agence des services frontaliers du Canada grâce à l'application, l'Agence a mis quatre mois à me répondre. Quand j'ai enfin reçu ces renseignements personnels, ils comportaient de nombreuses erreurs.
Cela laisse entendre que le gouvernement n'a pas réussi à prendre des mesures raisonnables pour veiller à ce que les renseignements personnels recueillis soient à la fois adéquatement protégés et exacts, à jour et complets, comme l'exige l'article 6 de la Loi sur la protection de renseignements personnels.
Deuxièmement, j'aimerais traiter du secret. L'Agence des services frontaliers du Canada n'a pas été honnête avec les Canadiens et le Parlement, y compris ce comité. Le 14 novembre 2022, son président a déclaré au Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires que l'Agence avait consacré 4 % de son budget aux exigences en matière de sécurité relatives à ArriveCAN. Toutefois, elle n'a pour ainsi dire pas soumis de preuves de ces efforts.
Le travail des fournisseurs principaux qui ont participé à la conception d'ArriveCAN soulève aussi de graves préoccupations. D'après mon examen de demandes d'accès à l'information antérieures, une correspondance imposante entre l'associé directeur de GC Strategies, Kristian Firth, et le dirigeant principal de la technologie pour le gouvernement du Canada, Marc Brouillard, montre que GC Strategies semble fonctionner davantage comme un lobbyiste non enregistré qu'un fournisseur principal. En tant que fournisseur principal, il semble que le seul service que l'entreprise offre concrètement soit celui du secret en confiant le travail à des sous-traitants dans le cadre de contrats qui empêchent la divulgation à titre d'information confidentielle. C'est une façon profondément troublante d'offrir des services gouvernementaux où il est question de la collecte et de la conservation obligatoires de renseignements personnels des Canadiens.
Troisièmement, j'aimerais parler de la justification de l'application. Dans mes écrits publics et universitaires, j'ai souligné que l'utilisation obligatoire d'ArriveCAN ne respecte pas le seuil applicable aux mesures d'urgence dans la Loi sur la mise en quarantaine. En outre, le raisonnement du gouvernement par rapport à l'application a changé sans cesse. C'est devenu particulièrement évident après le lancement de la « Déclaration de l'ASFC faite à l'avance », une fonction facultative qui a été incluse dans l'architecture obligatoire de l'application ArriveCAN. Quand on a présenté la Déclaration de l'ASFC faite à l'avance, on l'a fait si vite que le gouvernement n'a pas inclus de déclaration de confidentialité, comme l'exige le paragraphe 5(2) de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Selon moi, les articles 4 et 7 sont aussi visés.
Quatrièmement, j'aimerais aborder le mépris du gouvernement à l'égard des mesures de surveillance existantes quand il a lancé ArriveCAN. Bon nombre de ces mesures ont tout simplement été mises de côté avec ArriveCAN.
[Français]
Il est crucial de souligner que le gouvernement a laissé de côté des dispositions clés de plusieurs lois et directives comme la Loi sur la protection des renseignements personnels et la Directive sur la prise de décisions automatisée, notamment.
[Traduction]
Cinquièmement, j'estime que cet épisode fait ressortir la nécessité d'une réforme urgente du système d'accès à l'information. Nous avons besoin d'un accès à l'information fiable qui met en lumière le travail de quasi-lobbyistes comme GC Strategies. Utiliser de telles entités pour fournir des services où des décisions sont prises à propos de Canadiens et qui ne font l'objet d'aucune divulgation ni vérification est préoccupant dans le contexte de la collecte et de la conservation obligatoires de renseignements personnels des Canadiens.
L'ironie de la situation veut que GC Strategies ait déjà proposé au Secrétariat du Conseil du Trésor de recourir à des sous-traitants pour réformer la fonction de recherche comme telle du système d'accès à l'information. Le système actuel doit être mieux financé et offrir une divulgation accrue. Nombre de mes propres demandes ont été ridiculement retardées. On a carrément fait fi de certaines. Je serai heureux de discuter de celles‑là.
Enfin, à l'instar de ma collègue, Bianca Wylie, que je respecte énormément, j'insiste sur le fait que le gouvernement n'aurait jamais dû briser ses promesses en début de pandémie quant à l'utilisation strictement volontaire de toute nouvelle application en santé, ce qui a été repris et appuyé dans une déclaration commune de tous les commissaires à la protection de la vie privée, qui ont uni leur voix pour transmettre le même message.
J'estime que la confiance de la population est essentielle à l'adoption réussie de la technologie et qu'une telle confiance ne peut être imposée.
[Français]
Je tiens encore une fois à remercier le Comité de m'avoir invité.
:
Merci de poser la question, car c'est, selon moi, le résultat le plus important ici. Sans assurance quant à l'utilisation des données par le gouvernement, le public ne peut pas lui faire confiance.
Dans ce cas‑ci, le fait que c'était obligatoire et que le gouvernement était manifestement flou quant à la façon dont il allait utiliser ces données, au‑delà du fait que nous étions en pandémie et que, puisque c'était une crise, vous deviez faire X... Quand vous avez déjà des problèmes de confiance, cela accélère la montée de la méfiance. Ce n'était tellement pas nécessaire, car certaines personnes aiment cette application et, si elles l'apprécient, sont à l'aise de l'utiliser et peuvent y consentir, c'est parfait. Les autres, toutefois, doivent eux aussi bénéficier d'un excellent accès au service public. L'incapacité de créer cet accès a tout simplement exacerbé ce manque de confiance, ce qui a mené à une période très difficile.
Il est évident que cette perte de confiance n'était absolument pas nécessaire, mais elle s'est produite. Je ne sais pas combien parmi vous l'on vu, mais, quand elle s'est produite, j'ai été choquée qu'il y ait des préoccupations quant à la façon dont ces données pourraient ou non être utilisées, car ce n'était pas clair, et cela a accéléré et alimenter la méfiance. C'est le mot qui s'impose ici.
L'antidote manifeste dans les circonstances est d'offrir d'autres options aux gens. L'absence d'investissements pour veiller à ce que les gens soient à l'aise... Pour revenir sur le point de M. Malone, si vous voulez vous lancer dans la prestation efficace de services numériques, vous allez y arriver en établissant un lien de confiance et en permettant aux gens de vous suivre dans cette aventure. Vous ne devez pas forcer les choses; vous offrez des possibilités. Si vous aimez l'option, vous l'utilisez, voilà tout.
:
À mes yeux, cette question n'est absolument pas politique. Nous pouvons soulever deux facettes du gouvernement actuel, du gouvernement ouvert.
Quelle a été l'incidence d'ArriveCAN sur la santé publique? Elle n'a pas été clairement énoncée à la population.
Pour ce qui est des décisions relatives à l'utilisation de la technologie, j'aimerais dire à toutes les personnes présentes qu'on a fait preuve d'une déférence culturelle considérable à l'égard de l'Agence de la santé publique du Canada, ce qui est bien logique en contexte pandémique. Toutefois, la déférence témoignée à l'Agence de la santé publique du Canada quant à l'utilisation de la technologie, elle, ne fait aucun sens. Ce n'est pas quelque chose où les conséquences de l'application de la technologie et de toutes les infrastructures connexes en amont, tant à l'ASPC qu'à l'Agence des services frontaliers du Canada... Ce sont des questions entièrement différentes qui ne cadrent pas parfaitement avec la protection de la vie privée.
Il y a aussi un deuxième élément important, soit le fait que nous comprenons pourquoi l'Agence de la santé publique du Canada avait l'autorité d'imposer cette décision alors qu'elle allait à l'encontre de tout ce que les commissaires à la protection de la vie privée recommandaient pour le bien de la confiance publique, car on ne parle nulle part de la nécessité d'une application ou d'une application obligatoire dans la Loi sur la mise en quarantaine. Toutefois, pour revenir au principe de gouvernement ouvert, s'il y avait une bonne raison, elle aurait dû être communiquée, mais ne l'a pas été.
:
Merci de me permettre d'approfondir ce point.
Si je comprends bien, au sein de la fonction publique, aux échelons supérieurs, si quelqu'un obtient un certain enthousiasme politique en faveur d'une application ou d'une technologie, de quelque chose d'innovant ou de moderne, il est très difficile de réagir et de dire: « Vous savez quoi? Cette approche n'est peut-être pas judicieuse », ou de demander d'où vient cette idée ou de qui elle émane. À quelle entreprise ou à quelle personne profite‑t‑elle?
Je veux revenir un instant sur les boutiques d'applications, car s'il y a une chose que nous devons comprendre... À ce stade, en 2022, des entreprises comme Google et Apple veulent être présentes dans l'infrastructure que nous utilisons pour nos services publics dans tous les domaines. Elles ne possèdent aucune expertise qui justifierait leur inclusion dans les services de santé publique ou les services frontaliers.
Ce que je veux dire, c'est que si nous ne commençons pas à comprendre la nécessité de développer une technologie efficace et tournée vers l'avenir au sein de la fonction publique, les hauts dirigeants doivent pouvoir dire: « Je comprends ce que vous voulez faire avec la technologie, mais ce n'est pas une bonne idée. Voici pourquoi. »
:
Il y a les données ouvertes, il y a la science ouverte et il y a les renseignements ouverts. Je crois que ce sont les trois sphères de la définition de cet espace.
L'aspect le plus important du gouvernement ouvert — et je m'appuie sur mon expérience d'animatrice de réunions publiques — est que les gens peuvent ne pas aimer les décisions que vous prenez, mais si vous expliquez ce que vous faites, vous pouvez arriver à un bon résultat dans une perspective démocratique.
Pour en revenir à votre question sur les inégalités, il ne s'agit pas seulement de savoir si j'ai un téléphone ou pas, ou si je suis à l'aise ou pas. Ce deuxième élément, « Suis‑je à l'aise ou pas? »... Les gens prenaient contact avec moi, un peu comme l'a dit M. Malone. Ils avaient peur. Ils ne voulaient pas voyager. Ils ne savaient pas ce qu'ils venaient de faire. Ils avaient utilisé une application. Ils n'étaient même pas sûrs de ce qui venait de se passer.
Ces éléments ne sont pas mesurés. Ces mesures n'existent pas. Il manque des renseignements concernant les répercussions sur les personnes. M. Malone et moi‑même avons...
:
Oui, j'en ai entendu beaucoup.
Un Canadien a écrit un article d'opinion dans une publication appelée rabble.ca. En plus d'avoir reçu l'avis d'erreur, ils ont eu du mal à obtenir une réponse du gouvernement quant à l'existence ou non d'une erreur. On leur a dit au téléphone, « Non, c'est juste une erreur », mais ils n'ont rien pu obtenir par écrit et ils n'ont reçu aucune confirmation.
Je pense que si l'on prend les milliers de personnes qui ont été touchées par ce simple problème, puis les milliers d'autres personnes — probablement plus — qui ont eu peur de voyager ou ont vécu une expérience déplaisante, on obtient un nombre très important de conséquences négatives sur les utilisateurs de cette application.
:
Je pense que le Comité lui-même a une responsabilité vis-à-vis de certains aspects de ce problème, et je m'en remets un peu à vous.
Par exemple, GC Strategies fonctionne pratiquement comme un quasi-lobbyiste. J'ai présenté des demandes d'accès à l'information pour obtenir les dossiers de la correspondance et des communications entre ces personnes et des représentants du SCT et d'autres secteurs responsables des contrats. Je ne comprends pas très bien pourquoi ils n'étaient pas inscrits à titre de lobbyistes, alors que c'est essentiellement le travail qu'ils accomplissaient.
En outre, je dirais que l'aspect lié à l'accès à l'information de ce problème est extrêmement important. J'ai des demandes d'accès à l'information en suspens qui seraient directement pertinentes par rapport aux questions que le Comité étudie en ce moment.
Par exemple, en juillet, j'ai présenté une demande d'évaluation des risques liés à la protection de la vie privée, à la cybersécurité et à l'atteinte à la protection des données de l'application ArriveCAN, incluant notamment les études, les examens, les explications, les vérifications, les manuels, les rapports de bogue, les études de validation et d'autres éléments concernant la sécurité de l'application que l'ASFC a réalisés ou que des tiers ont réalisés pour l'ASFC.
L'ASFC a répondu en m'accordant une prolongation de 90 jours, qui s'est ensuite écoulée, et elle n'a tout simplement pas répondu à ma demande, ce qui constitue une violation de la Loi sur l'accès à l'information. Cette situation semble directement liée à la portée des travaux de cette réunion particulière.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais commencer par poser mes questions à M. Malone, par votre intermédiaire.
Je vous ai entendu parler de violations des données de l'application, mais vous avez ensuite évoqué l'envoi d'avis de quarantaine erronés. Il ne s'agissait pas d'une violation de données ou de renseignements personnels, mais de 10 000 fausses mises en quarantaine envoyées à des personnes, ce qui représente 0,03 % des 30 millions d'utilisations de l'application.
Avez-vous des preuves de violations de données ou de divulgations de renseignements personnels à partir de cette application?
:
Merci, vos commentaires sont très utiles.
Madame Wylie, je vous écoutais parler du fait qu'ArriveCAN est une sorte de code fermé. Vous avez soutenu que le code devait être ouvert pour que les gens puissent mieux le comprendre. J'aimerais citer M. Barrett, dans le cadre de l'étude du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires qui portait sur le même type de questions, qui a dit que l'application contient les données biométriques, personnelles et de santé de plus de huit millions de personnes qui l'ont téléchargée. M. Barrett s'est dit très préoccupé par l'éventualité que des acteurs malveillants puissent, à l'avenir, créer un accès clandestin à ces renseignements. Il a déclaré ce qui suit: « Il y a bien des façons pour des acteurs d'un État étranger de mettre nos systèmes et nos processus à l'épreuve, et cela semble une excellente occasion pour eux de le faire. »
Êtes-vous d'accord, sur la base de ces renseignements confidentiels, que cette application aurait dû être développée avec le plus haut degré de confidentialité et les contraintes les plus strictes possibles quant à l'utilisation de nos renseignements personnels?
:
Désolée. Je n'ai pas établi un lien assez clair.
La première étape consiste à limiter les données au minimum. Nous ne devons pas les recueillir si nous n'en avons pas besoin.
Cela pose la question de savoir ce qui a été recueilli et comment l'Agence de la santé publique du Canada a utilisé ces données. Je ne le sais pas, mais, si l'on doit obtenir ces renseignements, alors on est confronté à tous les problèmes de base liés au stockage et aux personnes qui y ont accès, comme l'a mentionné M. Malone. Nous disposons de bonnes politiques sur la façon de concevoir une architecture sécurisée.
Je vais encore revenir sur le premier point, à savoir qu'il ne faut pas conserver de données à moins que cela soit réellement nécessaire.
:
Quelles sont les répercussions de l'absence d'une entente de partage des données? Cela ne régit pas la façon dont les données sont utilisées. Essentiellement, cela empêche les utilisateurs de donner leur consentement pour l'utilisation de leurs données, ce qui est une disposition très importante de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Le problème est ici de savoir si les données conservées sont exactes, complètes et à jour. Lorsque j'ai demandé à consulter mes propres données, j'ai vu comment les algorithmes avaient interprété mon passeport, lu mon nom, épelé mon nom et mélangé les chiffres de mon numéro de téléphone. J'ai vu très clairement que cette application était mal conçue.
Le problème ne réside pas seulement dans l'exactitude des données, mais aussi dans la manière dont elles sont partagées par ces entités dont nous ne connaissons que le nom. Cela pose un gros problème quant au consentement éclairé requis par la Loi sur la protection de la vie privée.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux juste être très clair. Il s'agit d'une application qui a entraîné, par erreur, la suspension des libertés civiles de 10 000 personnes, leur assignation à résidence et la menace d'une peine d'emprisonnement ou d'une amende en cas d'infraction.
Certains prétendent que c'est peu par rapport à tous les utilisateurs de l'application. C'est insultant. On parle ici de 10 000 personnes qui ont suivi toutes les règles. Elles n'ont enfreint aucune loi, et on leur a ordonné de ne pas quitter leur domicile sous peine d'être emprisonnées. Elles en ont reçu l'ordre d'une application qu'elles ont téléchargée depuis la boutique d'applications.
Il n'y avait aucun moyen pour ces gens de faire corriger la situation. Ils ne pouvaient rien faire. Quand ils ont appelé mon bureau, comme beaucoup d'autres personnes, nous avons essayé d'intervenir, mais il leur a fallu attendre le 16e ou le 17e jour de leur quarantaine de 14 jours pour avoir enfin la preuve qu'ils étaient, en fait, toujours libres.
Il est très important de le souligner.
Monsieur Malone, vous avez mentionné GC Strategies à quelques reprises. C'est une entreprise de deux employés. Elle a encaissé 9 millions de dollars. Elle n'a fait aucun travail technique sur cette application, qui était de nature entièrement technologique et qui contenait des données sensibles. Je précise d'ailleurs que les deux personnes de cette entreprise, lorsqu'elles ont comparu devant un comité parlementaire, n'ont même pas pu dire laquelle des deux a répondu au téléphone lorsque le gouvernement a appelé pour leur attribuer un contrat de 9 millions de dollars pour lequel elles n'auraient pas à effectuer de travail technique. Nous ne savons pas qui sont leurs sous-traitants. Il manque de transparence.
J'ai utilisé beaucoup de temps ici.
Vous avez parlé de sécuriser les lois sur l'accès à l'information et peut-être aussi les règles sur le lobbying. Pouvez-vous préciser un peu votre pensée à ce sujet pendant le temps qui reste?
:
C'est bien, parce que cela va me permettre de compléter ma pensée de tout à l'heure. Les applications Web, la possibilité d'utiliser Internet pour aller... ArriveCAN comportait trois options. On pouvait l'utiliser depuis son ordinateur, en s'y connectant simplement avec un courriel, ou on pouvait l'utiliser au moyen des systèmes d'exploitation d'Apple ou de Google. La version par le Web était la plus ouverte. C'est celle où les protocoles sont les plus accessibles à tous et où, du point de vue de la conception technique, nous avons la meilleure chance d'utiliser le numérique, sans les contraintes que nous imposent Google et Apple dans leurs magasins d'applications.
Je ne dis pas qu'il ne devrait pas y avoir de numérique. Ce que je dis, c'est que l'application Web, la conception mobile qui est réactive au Web, est une option, à coup sûr.
Pour répondre à votre question, oui, il y aurait place à l'amélioration sur le plan de la fidélité de la collecte de données, entre autres, quand on utilise ces outils, mais peu importe ce que nous faisons, nous pouvons toujours améliorer nos services publics pour que tout... Comment pouvons-nous améliorer la précision des données que nous recevons dans des formulaires, dans des kiosques ou ailleurs? Toutes ces améliorations sont nécessaires à la fois.
Je vais m'arrêter là.
Au nom des Canadiens, je tiens à remercier nos deux témoins, M. Malone et Mme Wylie, d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Je pense que vous avez fourni au Comité des informations précieuses.
Je rappelle aux membres du Comité que nous allons reprendre l'étude sur l'accès à l'information après la pause.
Je vais suspendre la séance quelques minutes, mais avant de le faire, je vous rappelle qu'il y a parfois un petit délai, de quelques secondes, dans l'activation des microphones. Lorsque vous posez des questions, tenez‑en compte. Cela aidera les interprètes.
La réunion est suspendue le temps de nous préparer à la prochaine heure de la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins de cet après-midi.
Tout d'abord, nous accueillons, à titre personnel, Mary Francoli, doyenne associée et directrice du Arthur Kroeger College of Public Affairs, ainsi que M. Patrick White, qui comparaît également à titre personnel.
Encore une fois, nous sommes là pour parler de l'accès à l'information.
Madame Francoli, vous avez la parole. Vous avez cinq minutes pour vous exprimer devant le Comité.
Merci.
:
Merci beaucoup de me recevoir.
Je voudrais commencer aujourd'hui en disant que mon propre travail porte sur la transparence et le gouvernement ouvert de manière plus générale. L'accès à l'information en est certainement une pierre angulaire importante, mais la transparence elle-même est plus vaste. Je pense que c'est utile de le préciser parce que vous parlez du « système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels » dans la motion adoptée pour effectuer votre étude et non de la Loi sur l'accès à l'information, qui est, à mon avis, un peu plus spécifique.
Je ne veux pas répéter les arguments présentés par les témoins précédents concernant la Loi sur l'accès à l'information elle-même. Il doit s'agir de l'une des lois les plus étudiées qui soient, et je pense que beaucoup de gens s'entendent, évidemment sans que cela ne fasse l'unanimité, sur les problèmes entourant cette loi et sur ce qui pourrait être fait pour l'améliorer. Je serai heureuse d'en parler pendant la période des questions et d'appuyer bon nombre des arguments que vous avez déjà entendus.
J'ai pensé, pour ma déclaration préliminaire, m'inspirer de mon expérience de présidente du groupe d'experts internationaux du Partenariat pour un gouvernement ouvert et de mon expérience des trois dernières années au sein du Groupe consultatif sur la transparence de la sécurité nationale, qu'on appelle aussi le GCT‑SN, en abrégé.
Je commencerai par dire qu'il n'y a pas de stratégie de transparence claire ou très coordonnée au Canada, mais je pense que le Comité devrait prendre note que de nombreuses activités sont menées — souvent de façon assez cloisonnée — pour améliorer la quantité et la qualité de l'information et de la divulgation des données, ainsi que la transparence et la responsabilité au sein du gouvernement. Si elles sont bien menées, ces activités devraient, en principe, contribuer à alléger la pression sur le système d'accès à l'information lui-même.
Le Canada a soumis cinq plans d'action au Partenariat pour un gouvernement ouvert, qui comprennent une série d'engagements visant à améliorer l'ouverture. Certaines des améliorations apportées en 2015 au régime d'accès à l'information qui ont été mentionnées par des témoins précédents résultaient justement des engagements figurant dans les premiers plans soumis au Partenariat pour un gouvernement ouvert. Ces plans font intervenir un vaste éventail de ministères et d'organismes gouvernementaux et ont contribué à la diffusion d'informations et de données grâce à la création de mécanismes comme la Plateforme de science et de données ouvertes.
Bibliothèque et Archives Canada a pris beaucoup de mesures intéressantes pour accroître la transparence, malgré le fait que l'organisme a été fortement critiqué pour son respect de la Loi sur l'accès à l'information.
Le gouvernement a pris un engagement en matière de transparence de la sécurité nationale. Le Groupe consultatif sur la transparence de la sécurité nationale a un rôle à jouer dans ce dossier. Nous avons publié trois rapports à ce jour. Le premier se voulait un genre de compte rendu de ce que nous avons entendu au cours de la première année. Le deuxième porte sur l'instauration de la transparence dans les organismes de sécurité nationale. Le troisième est axé sur les liens que les organismes de sécurité nationale entretiennent avec les communautés racisées. D'après ce que je comprends, le gouvernement travaille également à une stratégie de gouvernement ouvert pour l'OCDE.
Pour moi, si l'on veut réaliser une étude complète du système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels — et encore une fois, j'insiste sur le mot « système » —, il faut voir bien au‑delà de la loi elle-même. Il faut tenir compte de ces autres activités. Il faut examiner ce qui se fait dans les autres bureaux que ceux de la commissaire à l'information et du commissaire à la protection de la vie privée.
Pour conclure, je recommanderais que le gouvernement du Canada se dote d'une stratégie de transparence qui rassemble toutes ces initiatives dispersées. La structure de la stratégie et des éléments comme l'accès à l'information, Bibliothèque et Archives Canada et les systèmes de gestion de l'information devraient tous en faire partie. Cela comprendrait aussi des choses comme la conservation et la récupération et la nécessité de doter toutes ces choses de ressources adéquates.
Il faut mettre l'accent sur la divulgation proactive et l'ouverture par défaut, autant que possible. Le Groupe consultatif sur la transparence de la sécurité nationale a recommandé aux intervenants du milieu de la sécurité nationale d'élaborer une déclaration d'engagement envers la transparence, dans laquelle ils préciseraient ce que la transparence signifie pour les différents organismes de sécurité et comment ce sera mesuré. Cela profiterait à l'ensemble du gouvernement. La transparence est une chose qui doit vraiment être intégrée à la fonction et à la culture du gouvernement plus qu'elle ne l'est actuellement, y compris en période de crise.
Je vais m'arrêter là. Merci.
:
Monsieur le président, membres du Comité, merci de votre invitation.
[Traduction]
Je vous remercie de me fournir l'occasion de contribuer à l'étude du Comité sur le régime d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels, ou AIPRP.
Je suis ici en ma qualité de citoyen du Canada.
Avant de commencer, j'aimerais préciser que je fais ce témoignage devant le Comité aujourd'hui en sachant très bien que je risque fort de subir des représailles ou des tentatives de représailles de la part des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale.
Il y a un groupe de personnes qui a été ignoré et oublié depuis le début des discussions sur le régime d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Il s'agit des victimes et des survivants de la crise des abus de pouvoir et des inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes. Mon témoignage d'aujourd'hui portera sur les interactions de ces personnes avec le régime d'AIPRP.
Pour bien comprendre à quel point le régime actuel d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels est problématique, le Parlement doit comprendre que les membres des forces les plus vulnérables comptent sur ce régime pour avoir accès aux renseignements et aux dossiers essentiels dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées sur leurs droits garantis par les lois et déposer des plaintes complètes et bien étayées. Ces personnes peuvent avoir été victimes de viol ou d'agression sexuelle grave. Elles peuvent être victimes de menaces et d'abus de représailles de la chaîne de commandement. Il peut s'agir de militaires qui se sont vu refuser à tort des possibilités d'emploi ou un remboursement de dépenses. Il peut s'agir d'un jeune de 16 ans qui n'a pas le droit de boire, de fumer ou de voter, mais qui a reçu l'autorisation de ses parents de s'engager dans les Forces armées canadiennes pendant ses études secondaires. Il peut s'agir de n'importe quelle combinaison des éléments précédents.
Je vous présente brièvement mes titres de compétences et mon expérience. Je suis diplômé du programme spécialisé en administration des affaires de l'Ivey Business School, ainsi que du doctorat en droit et du baccalauréat en droit civil de l'Université McGill. Je suis un avocat membre du Barreau de l'Ontario et j'ai travaillé dans des cabinets d'avocats d'affaires au Canada et aux États-Unis. J'ai servi le Canada pendant plus de 13 ans en tant qu'officier de guerre navale dans la réserve navale, et c'est là que j'ai découvert le régime d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Enfin, pour ce qui est d'être victime d'inconduite sexuelle et de représailles par abus de pouvoir au sein des Forces armées canadiennes, je dirai simplement: moi aussi.
En ce qui concerne la réforme du système, et pour aider les victimes et les survivants, je recommande au Comité d'envisager les mesures suivantes.
Mener une étude indépendante sur les abus du régime d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels par le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes.
Créer de véritables pénalités pour les ministères qui ne respectent pas les dispositions sur l'AIPRP et offrir de véritables recours aux victimes, aux survivants et aux plaignants.
Envisager la création d'un système de traitement accéléré dans le cadre du régime d'AIPRP pour les victimes et les survivants d'inconduite connus.
Exiger que certains renseignements essentiels soient obligatoirement divulgués aux victimes ou aux plaignants, à moins que ces derniers n'y renoncent explicitement, par un consentement éclairé donné par écrit.
Exiger la divulgation obligatoire des noms de tous les détenteurs de documents qui participent activement au traitement ou au processus décisionnel à la suite d'une plainte.
Suspendre le délai de prescription pour porter plainte, comme pour déposer un grief, quand une demande d'information a été faite et que la divulgation de cette information serait pertinente pour la rédaction de la plainte.
Veiller à ce que les dossiers soient conservés après la retraite et à ce que des sanctions administratives et disciplinaires claires s'appliquent à toute personne contrevenant à ces directives et cherchant à utiliser la retraite pour se soustraire à l'obligation de rendre des comptes.
Étudier et mettre en œuvre des options pour éliminer la culture du « code d'honneur » dans la divulgation des dossiers.
Créer des sanctions administratives et disciplinaires particulières pour quiconque évite de créer des dossiers ou les détruit prématurément.
Repérer dès la réception les demandes de documents auxquelles la chaîne de commandement pourrait s'opposer et imposer une surveillance accrue du processus de divulgation des documents.
Enfin, exiger la divulgation obligatoire des termes de recherche utilisés par les détenteurs de documents en réponse aux demandes d'information.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
D'après ce que j'ai pu observer, le problème vient justement du fait qu'il n'y a pas d'interaction. Un membre des forces dispose d'un délai de 90 jours pour déposer un grief à partir du moment où un geste a été posé ou une décision a été prise, ou encore du moment où, selon toute vraisemblance, le membre aurait dû être au fait d'un tel geste ou d'une telle décision. Comme j'ai pu maintes fois le constater, le ministère se montre très strict quant au respect du délai pour le dépôt d'un grief par la victime, mais il l'est bien sûr beaucoup moins pour ce qui est de son propre respect des exigences de la Loi et des délais de réponse.
Les circonstances peuvent faire en sorte qu'une victime ait besoin d'information avant de formuler une requête. De fait, elle peut décider de ne carrément pas déposer de grief si certains renseignements sont divulgués relativement à une décision ou à son dossier personnel.
Je n'ai vu aucun cas où l'on aurait accordé officiellement un sursis quant à la date limite pour le dépôt d'un grief.
En revanche, les chefs de commandement et ceux qui reçoivent les griefs peuvent mettre le processus en pause et prendre en considération les griefs une fois la limite de 90 jours dépassée, mais tout cela est entièrement laissé à leur discrétion. Je suis persuadé qu'en m'entendant dire « à leur discrétion », vous avez tout de suite songé aux risques d'abus. Je peux vous assurer que c'est effectivement ce qui arrive dans certaines circonstances.
:
Je ne crois pas. D'après mon expérience personnelle… Il va de soi que j'apprécie à leur juste valeur la patience et la compréhension des fonctionnaires qui travaillent à la Direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels au ministère de la Défense nationale. Cependant, il faut que les demandes de dossier soient ensuite transmises à différentes composantes des forces ou du ministère. Il en ressort que les gens de la direction en question, la plaque tournante organisationnelle en la matière, doivent s'en remettre à ces différents dépositaires de dossiers pour obtenir l'information recherchée, le système étant presque totalement fondé sur le principe de la confiance mutuelle.
Prenons l'exemple d'une demande que je pourrais présenter pour obtenir des courriels, l'un d'eux pouvant incriminer quelqu'un ou fournir le contexte nécessaire pour indiquer qu'une décision était inappropriée. On s'adresse à la personne concernée pour lui demander de fournir tous les courriels ayant un lien avec la requête formulée. Je ne peux pas savoir si le courriel recherché existe bel et bien, et on peut très bien m'en remettre 99 autres et effacer celui qui pourrait incriminer quelqu'un ou le mettre dans l'embarras. Il faut avoir la chance de tomber sur un employé qui a un moment d'inattention ou qui est prêt à tout divulguer parce qu'il n'est aucunement responsable de ce qui est arrivé. Il y a donc d'importants obstacles qui se dressent pour empêcher une divulgation complète et honnête de ces dossiers.
Autre exemple, lorsque des membres des forces reçoivent des demandes d'accès à l'information, il leur faut fournir les critères de recherche qu'ils ont utilisés. Je parle par exemple des termes pouvant être recherchés dans Microsoft Outlook. Ces critères de recherche ne sont toutefois pas nécessairement divulgués à moins qu'une requête subséquente soit formulée.
J'aurais ainsi toute une liste d'exemples à vous fournir pour vous montrer que c'est simplement… J'ai énormément d'empathie pour ceux qui ont vécu des expériences parfois beaucoup plus difficiles que la mienne et qui peuvent ainsi souffrir d'un traumatisme si profond qu'il devient impossible pour eux de composer avec des obstacles comme l'absence d'un soutien suffisant et d'une divulgation pleine et entière.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur White, je m'en voudrais de ne pas souligner d'emblée le courage dont vous faites preuve en comparaissant ainsi devant notre comité. Je vous remercie également pour les services rendus à notre pays.
Les abus sexuels sont tout simplement odieux. Nous avons une responsabilité absolue envers les victimes. Nous devons nous assurer que le processus dans lequel elles s'engagent en révélant leur traumatisme se déroule avec compassion et transparence tout en leur procurant un sentiment de sécurité. J'estime qu'il est important de le reconnaître. Je m'engage en mon nom propre, mais aussi au nom de tous mes collègues ici présents, à tout mettre en oeuvre pour veiller à ce que la sécurité et la transparence soient effectivement au rendez-vous.
Dans le contexte de notre étude, vous nous avez fait comprendre à quel point il pouvait être épineux de naviguer au sein du processus d'accès à l'information. Je ne sais pas si vous pourriez nous décrire la marche à suivre pour une victime qui envisage de recourir à ce processus pour obtenir des documents.
Il y a des mécanismes en place au sein des Forces armées canadiennes. Nous avons une qui a pris l'engagement ferme d'assurer la protection des victimes tout au long de ce processus et qui s'est investie dans cette mission. Je veux tout de même profiter de votre présence parmi nous aujourd'hui pour vous demander de bien vouloir nous dire comment les choses se déroulent dans les faits.
:
Merci. C'est une question très pertinente.
Il y a un aspect que je trouve particulièrement préoccupant. Étant donné mon bagage personnel que je vous ai décrit précédemment et ma connaissance générale des processus gouvernementaux, j'arrive plutôt facilement à m'y retrouver dans le système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels et je suis capable de présenter une demande. Ce n'est pas tout le monde qui peut en dire autant, ce qui me ramène à mes observations de tout à l'heure.
Il faut concevoir le système en ayant à l'esprit les personnes les plus vulnérables. Il peut s'agir aussi bien d'un jeune de 16 ans qui est encore au secondaire que d'une personne ayant subi un traumatisme grave qui ne veut surtout pas traiter avec des gens en uniforme et ne sait peut-être même pas qu'il existe un site Web.
Je m'inquiète du niveau de compréhension… Si vous demandiez au chef d'état-major de la défense ou à la ministre de sonder les membres des forces pour savoir dans quelle mesure ils connaissent bien le système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels et s'ils pourraient sans problème présenter une demande, je ne serais pas surpris de voir seulement une ou deux mains se lever dans une salle bondée et de constater que personne ne comprend vraiment de quoi il en retourne.
Je vois un autre élément problématique, et c'est le risque d'être victime de représailles après avoir présenté une demande semblable. Selon le sujet de la demande ou le moment où elle a été présentée, les responsables au sein des forces peuvent formuler des hypothèses quant à savoir quel individu est à l'origine de cette démarche. Il est alors fort possible que des mesures administratives soient prises ou que des changements soient apportés, car c'est ainsi, en utilisant des moyens très subtils et difficiles à détecter, que l'on victimise les gens simplement parce qu'ils ont essayé d'utiliser le système en place.
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Merci beaucoup, monsieur White.
Comme je préconise vivement l'adoption d'une optique tenant compte des traumatismes pour aborder les problèmes de santé mentale, je conviens tout à fait avec vous qu'il nous faut déployer bon nombre de nos interventions en misant sur une approche pangouvernementale.
Je vais maintenant m'adresser à notre autre témoin, Mme Francoli.
Merci d'être des nôtres aujourd'hui et merci pour le travail que vous accomplissez en faveur d'un gouvernement ouvert et transparent.
En avril 2017, vous avez cosigné, avec bon nombre de vos collègues et de représentants de diverses organisations canadiennes, une lettre ouverte au pour lui faire savoir que vous souhaitiez des changements véritables en matière d'accès à l'information.
Vos commentaires au sujet des témoins qui vous ont précédée m'indiquent que vous avez suivi le déroulement de notre étude. Ne diriez-vous pas que certains changements apportés au moyen du projet de loi en 2019 représentent un pas dans la bonne direction?
Vous nous disiez tout à l'heure à quel point le système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels est cloisonné avec une fragmentation par ministère. Il s'agit certes là d'une observation que nous avons pu entendre à maintes reprises dans nos délibérations. Nous pouvons actuellement constater que c'est le ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté qui reçoit la plus grosse part de ces demandes.
Aimeriez-vous que nous convoquions les représentants de ce ministère pour qu'ils nous indiquent comment ils parviennent à composer avec toutes ces demandes qu'ils reçoivent? Comme vous semblez être quelqu'un qui aime que les choses s'activent, je serais curieuse de savoir ce que vous pensez d'une telle possibilité.
Le président: Puis‑je vous demander de répondre brièvement à cette question?
:
La réponse courte à cette question est que j'aurais du mal à parler de ces autres organisations, car cela sort du cadre de ce que j'ai étudié.
Je peux dire que, si j'ai bien compris ce qu'ont dit d'autres spécialistes — peut-être que certains d'entre vous en ont entendu parler en comité ou dans les nouvelles —, le Canada a un bilan épouvantable sur le plan de la protection des dénonciateurs. Il n'y a pas de récompense pour les personnes qui se manifestent. Je comprends que même si les membres des forces armées, ou le gouvernement en général, ne souhaitent pas participer à des actes répréhensibles, ils sont bien prêts à détourner le regard pour pouvoir mettre de la nourriture sur la table ou envoyer leurs enfants à l'école.
Il est très difficile d'en parler à qui que ce soit. Rien n'incite une personne à se manifester, à moins qu'elle ait un sens incroyablement fort de la justice, de ce qui est juste. Je peux vous assurer qu'aucun avantage, qu'aucune récompense n'en découlent. En fait, d'après mon expérience, c'est plutôt le contraire.
Soit dit en passant, je veux que vous sachiez que nous sommes au milieu de 16 journées d'activisme contre la violence fondée sur le genre.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez certainement brandi le spectre de toute une série de problèmes. Je pense que vous avez également mentionné, à juste titre, les enquêtes en cours sur la culture aux plus hauts échelons des forces armées et du ministère de la Défense nationale. Je tiens à vous en remercier, et j'espère que ce comité... Je dirais, monsieur, que vous avez réussi à attirer l'attention sur ce problème bien réel. Sans partisanerie, j'imagine que chaque membre de ce comité considère que votre témoignage est de la plus grande importance.
Je vais maintenant revenir sur certaines observations de Mme Francoli.
Lors d'un précédent témoignage, vous avez mentionné que vous n'étiez pas sûre que la politique d'ouverture par défaut des États-Unis a un effet significatif sur les données ouvertes. J'ai parlé des mots utilisés plus tôt. C'est un peu comme un jargon gouvernemental. Cela semble génial, c'est un peu comme un slogan: « ouvert par défaut ».
Je me demande si votre opinion est toujours la même. Concernant ces mots qu'on utilise, les gouvernements parlent‑ils plus qu'il ne prennent de mesures lorsqu'il s'agit d'accroître la transparence?
:
Je pense qu'il y a eu des initiatives de types très différents. Il est difficile de les comparer à bien des égards, car les fonctions varient d'un ministère et d'un organisme à l'autre. Je n'en désignerais pas nécessairement un comme étant le meilleur.
Le Conseil du Trésor a été le chef de file du mouvement pour un gouvernement ouvert, alors ce serait une bonne idée de regarder de ce côté. Je vous encourage à communiquer avec quelqu'un au Conseil du Trésor pour qu'il vous parle des initiatives de transparence, du Partenariat pour un gouvernement ouvert et, bien sûr, de la façon dont c'est lié au système d'accès à l'information.
L'accès à l'information a été inclus dans certains des premiers travaux sur le gouvernement ouvert qui ont été entrepris par le gouvernement du Canada dans le contexte du Partenariat pour un gouvernement ouvert, puis il a été en quelque sorte relégué au second plan dans les plans d'action pour un gouvernement ouvert.
Je sais que je m'éloigne de votre question. Cependant, je pense que de dire que quelqu'un fait beaucoup mieux, ou qu'un organisme ou un ministère fait beaucoup mieux que les autres constituerait un jugement subjectif. Ils ont chacun leurs propres initiatives bien différentes.
:
Merci de votre question.
[Traduction]
Je crois certainement qu'en établissant la confiance, pas seulement par des paroles, mais par des mesures concrètes, on peut transformer une crise de recrutement en un recrutement réussi. Les meilleurs porte-parole des Forces armées canadiennes devraient être les victimes qui disent qu'elles ont été entendues, que des mesures ont été prises et qu'elles encouragent vivement toute personne qui les écoute à se joindre aux forces armées.
Au lieu de cela, dans de nombreux cas, on semble répondre par des représailles, un renvoi et le refus de communiquer des renseignements. Pour être honnête, je ne m'attendrais pas à recevoir un avis [difficultés techniques] m'informant que la Réserve navale s'organise pour me faire libérer des Forces armées canadiennes.
Je ne comprends pas. J'ai essayé de communiquer des idées sur des sujets tels que la façon de faire connaître notre histoire militaire et la reconnaissance des Forces armées canadiennes au sein de la population en général. Je ne peux pas dire que beaucoup de gens au ministère, surtout ceux qui sont aux échelons supérieurs, aient vraiment manifesté de l'intérêt pour mes idées, du moins. J'espère que ce n'est pas le cas pour d'autres, mais j'ai l'impression que c'est le cas.
:
Je pense que c'est difficile, parce que le contexte national a une grande importance lorsque l'on parle d'accès à l'information.
Par exemple, lorsqu'il s'agit du gouvernement numérique, on parle souvent de l'Estonie. L'ancien CIO en parlait souvent. Il y a eu un petit engouement pour l'Estonie pendant un certain temps. Des tonnes de choses intéressantes se passent là‑bas, mais pour nous, ce n'est tout simplement pas comparable. Le Canada est tellement plus grand que ce pays. La division des pouvoirs rend les choses vraiment compliquées.
Je pense que nous pouvons apprendre de l'expérience d'autres pays, bien sûr, mais nous devons faire attention de ne pas simplement adopter ce qui fonctionne bien dans un autre pays. Nous devons nous assurer que cela fonctionne réellement pour nous, dans notre contexte national unique, et l'une des choses...
:
Le gouvernement ouvert est fondé sur les notions de responsabilité, d'accès à l'information et de participation citoyenne. Je dirais que ce sont les trois grands principes qui sous-tendent le gouvernement ouvert.
Je pense que nous avons de nombreuses possibilités de participation citoyenne. Les choses changent, et je pense qu'on s'efforce d'améliorer la façon dont les citoyens peuvent participer.
Je pense que l'accès à l'information reste le point le plus important. Dans les premiers plans d'action du Partenariat pour un gouvernement ouvert, un plus grand nombre d'engagements avaient été pris en matière d'accès à l'information, mais je pense que c'est juste un aspect difficile à établir. Je pense que cela revient en partie à la déception que j'ai mentionnée plus tôt au sujet du projet de loi . De plus, il est difficile, pour les fonctionnaires, de faire accepter des changements liés à l'accès à l'information. On a en quelque sorte cessé de les inclure dans les différents engagements relatifs à l'accès à l'information dans le plan d'action.
Selon moi, en tout cas, l'accès à l'information en soi est le grand principe du gouvernement ouvert que nous devons améliorer au Canada.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Je serai bref.
Tout d'abord, je vous remercie encore une fois, monsieur White, de votre service. J'insisterai simplement sur le fait que l'accès à l'information ne sert pas seulement à demander des comptes au gouvernement. Comme nous l'avons entendu dans votre témoignage, il s'agit aussi de veiller à ce que le gouvernement ne puisse rien dissimuler. Dans votre cas, il s'agit de s'assurer que les victimes obtiennent justice. Je vous en remercie.
Madame la doyenne, je vous suis reconnaissant de votre témoignage. J'aimerais souligner que l'homme qui a donné son nom au collège dont vous êtes la doyenne… Je suis fier qu'il soit né à Battle River—Crowfoot. Je suis également heureux de vous recevoir au Comité.
Je vais simplement poser les deux brèves questions que j'ai posées à tous nos témoins jusqu'à présent. Vous n'avez qu'à répondre par oui ou par non.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. White.
Un système d'accès à l'information robuste et fonctionnel est‑il nécessaire dans une démocratie moderne? Je vous serais reconnaissant de répondre par oui ou par non.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur White et madame Francoli.
Je poserai une question très brève. Je l'ai déjà posée à d'autres témoins.
Nous avons entendu, au sein du Comité, que la majorité des demandes d'accès à l'information concernent des dossiers individuels, par exemple au ministère de l'Immigration ou d'autres endroits où des demandeurs ont des préoccupations individuelles, etc.
Madame Francoli, quelles répercussions, selon vous, cela entraîne‑t‑il sur le fonctionnement global du système d'accès à l'information? Est‑ce que cela nuit à la fonction de ce système lorsque des milliers et des milliers de demandes sont déposées? Est‑ce que cela entrave l'accès à l'information pour les personnes qui pourraient en avoir besoin?
:
Je pense effectivement que cela exerce une énorme pression sur le système.
Il est navrant que les gens ne puissent pas avoir accès à leurs informations sans passer par une demande d'accès à l'information, qui peut être très compliquée à gérer. Lorsqu'on pense aux personnes qui déposent la plupart des demandes… IRCC reçoit le plus grand nombre de demandes. L'Agence du revenu du Canada est dans la même situation. J'aimerais revenir sur le point soulevé par M. White, à savoir que dans de nombreux cas, nous parlons de personnes vulnérables qui ont besoin d'accéder à cette information, et je pense qu'il est très regrettable que les gens se sentent obligés de passer par ce processus.
Je serais curieuse de savoir ce que fait IRCC, en particulier, pour s'assurer que les gens puissent avoir l'information dont ils ont besoin sans passer par ce processus.
:
Je vous remercie, madame Khalid.
Madame Francoli et monsieur White, je vous remercie d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui. Je tiens aussi à vous remercier au nom de tous les Canadiens.
Monsieur White, je sais qu'on l'a déjà dit à plusieurs reprises, mais je vous remercie des services que vous avez rendus à notre nation. Au nom d'une nation reconnaissante, je vous remercie de votre service.
Nous devons nous occuper de quelques travaux du Comité. Je vais donc suspendre la séance pendant une minute pour permettre aux témoins de quitter la réunion.
La séance est suspendue.
Je crois savoir, monsieur Green, que vous avez une motion à présenter. Je vais vous donner la parole dans une seconde, si vous le voulez bien. J'aimerais d'abord soulever un ou deux points.
Tout d'abord, nous devons adopter certains budgets d'études. Deux de ces budgets vous ont été présentés, à savoir l'étude sur le chemin Roxham, pour 2 425 $, et l'étude sur l'accès à l'information, pour 10 150 $. J'aimerais également inclure l'étude sur ArriveCAN dans ce processus d'approbation. Selon la greffière, le coût de cette étude s'élève à 8 950 $.
Puis‑je avoir un consensus de la part des membres du Comité pour adopter ces budgets d'études?
Des députés: D'accord.
Le président: C'est très bien. Nous considérons donc ces budgets adoptés.
Avant de vous donner la parole, monsieur Barrett, à titre d'information pour les membres du Comité, voici ce que nous avons prévu pour les prochaines réunions.
J'admets avoir eu quelques difficultés à obtenir certains témoins. Je ne sais pas si c'est en raison de la période de l'année. Évidemment, il y a eu l'Action de grâces aux États-Unis. Nous avons également eu quelques difficultés à inviter des représentants d'Amazon, par exemple.
Ce mercredi, nous avons prévu de poursuivre l'étude sur ArriveCAN. La présence d'un témoin a été confirmée. Nous avons également invité des représentants d'Amazon, mais ils ont refusé notre invitation. Nous avons invité un témoin de TEKsystems, mais sa présence n'est pas encore confirmée.
Le lundi 5 décembre, nous devons reprendre notre étude sur l'accès à l'information. La présence de coordonnateurs de l'accès à l'information et de la protection des renseignements d'Affaires mondiales Canada a été confirmée. La présence des coordonnateurs de l'AIPRP de la GRC, de Sécurité publique et du Bureau du Conseil privé reste à confirmer, mais ils ont été invités à comparaître.
Le mercredi 7 décembre, nous mènerons notre étude sur l'accès à l'information. Trois témoins ont confirmé leur présence à la réunion du Comité ce jour‑là.
Je tenais simplement à communiquer ces renseignements au Comité.
La parole est à M. Green.
:
Monsieur le président, je dis ce qui suit avec le plus grand respect pour votre rôle à la direction de notre comité. Vous avez soumis cette question au Comité durant une séance publique. Rien, dans le Règlement, ne nous oblige à nous réunir à huis clos.
Un organisme a refusé d'envoyer des représentants pour comparaître devant le Comité. Je ne suis pas certain qu'il y ait quoi que ce soit dans les paramètres d'une discussion que nous pourrions avoir… Ce sont des questions relatives à la procédure. Nous avons parlé du privilège parlementaire. Nous sommes le grand inquisiteur de la nation. Nous avons le pouvoir de convoquer des gens à comparaître, et de demander la production de documents et de preuves.
Je dirais, monsieur, que si l'intention d'une motion est de nous réunir à huis clos, ce qui est, je crois, requis pour respecter la procédure, la motion doit être présentée au Comité et nous devons voter en conséquence, car j'aimerais préciser pour le compte rendu que je ne tiens pas du tout à discuter d'Amazon à huis clos, étant donné la réticence de l'entreprise… Réticence n'est pas le mot approprié, monsieur, car il s'agit plutôt de son refus d'envoyer des représentants pour comparaître devant le Comité.
Je demande donc que ce vote ait lieu.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
J'ai une motion qui a été envoyée à la greffière et, je crois, aux comptes P9 des membres du Comité. Il s'agit d'une question d'ordre administratif. Je pense que nous avons tous reçu de la correspondance au sujet de certaines frustrations que les gens éprouvent à l'égard de la gestion du calendrier.
Avant deproposer cette motion, je tiens à dire aux personnes qui nous regardent que cela ne reflète en aucune façon les tentatives et les capacités de notre greffière de convoquer des gens. Il ne s'agit en aucun cas d'une tentative de minimiser l'étude ou de sous-évaluer les témoignages d'experts. Il s'agit simplement d'une situation à laquelle nous faisons face à cette époque de l'année.
Monsieur le président, voici le libellé de ma motion:
Que, afin de permettre aux témoins d'être convoqués suffisamment à l'avance et d'avoir le temps de se préparer, le Comité mette en suspens son étude sur l'accès à l'information jusqu'au 30 janvier 2023 au plus tard; et que le Comité invite la commissaire au lobbying du Canada, le commissaire à la protection de la vie privée du Canada et la commissaire à l'information du Canada à comparaître dans le cadre d'une étude du Comité sur le Budget supplémentaire des dépenses (B) 2022‑2023; et que les commissaires comparaissent devant le Comité au plus tard le 6 décembre 2022.
Pour des raisons évidentes, monsieur le président, nous devons traiter du Budget supplémentaire des dépenses ici. Ce serait une bonne occasion d'inviter ces personnes à comparaître pendant que nous permettons à notre greffière de parcourir le pays et de planifier adéquatement la comparution d'experts pour notre étude sur l'accès à l'information d'une manière qui, selon moi, tient compte de la pertinence et de l'importance de cette étude.
:
Merci, monsieur Green. La motion est recevable.
J'ai deux ou trois observations, pour vous et les autres membres du Comité.
Comme je l'ai dit, quelques réunions sont prévues pour l'étude sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels. Nous y avons convoqué des témoins. La seule date libre était le 7 décembre, par exemple. Ces réunions sont déjà casées.
J'aurais besoin, monsieur Green que vous me disiez si vous voulez que les trois commissaires comparaissent à la même réunion sur le Budget supplémentaire des dépenses (B).
Je proposerais également que le délai... Nous l'ignorons; ce pourrait être dès cette semaine, vers les derniers jours. Le Comité peut toujours examiner la question du Budget supplémentaire des dépenses à une date ultérieure. C'est possible.
J'ai seulement besoin que vous m'éclairiez sur votre désir de convoquer les trois commissaires en même temps ou séparément. Nous pouvons les accueillir en même temps, mais, si c'est séparément, il faudra trois réunions.
:
Pour répondre à votre première observation, j'estime que l'étude sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels arriverait en temps plus opportun si on nous ferait entendre d'abord le témoignage de la source de première main la plus importante. Dans les études de cette nature, particulièrement, je considère comme utile d'être en premier lieu informé par des spécialistes en la matière, des fonctionnaires, des ministres, ce genre de témoins, avant de l'être par des témoins secondaires.
Sans vouloir vous offenser, je ne suis pas certain que cela a été le cas aujourd'hui. Nous devrions nous arrêter et reprendre nos travaux dans la nouvelle année. En attendant, la greffière et vous, vous pourriez produire un plan de travail qui, au mieux de vos capacités, ferait comparaître d'abord les témoins les plus importants.
Je suis certainement d'accord pour accueillir les commissaires dans la même réunion, mais je laisse aux autres membres le soin d'en discuter.
Monsieur Green, simplement pour en avoir le cœur net, je ne suis certainement pas contre la comparution des commissaires. Si nous y tenions, nous pourrions peut-être le faire le 12 décembre, date d'une réunion prévue pour nous, si vous vouliez. Je peux accepter la motion, mais le passage « au plus tard le 6 décembre […] »… Si nous reculons la date au 12 décembre, pourquoi ne pas examiner cette possibilité?
Je vois que M. Green approuve et que M. Kurek a levé la main.
:
Les membres sont d'accord.
Je vois votre main, monsieur Fergus.
Dernier point que je tiens à porter à l'attention du Comité: nous avons reçu une lettre de la commissaire sur la nouvelle édition du Code de déontologie des lobbyistes. Ce n'est pas un ordre de renvoi de la Chambre, mais les membres peuvent l'étudier si c'est nécessaire. Comme je l'ai dit, la commissaire a débloqué du temps pour quelque part en décembre. C'est à prendre en considération — peut-être pas tout de suite, mais plus tard — et nous pourrons vouloir l'inviter pour en discuter également.
Monsieur Fergus, vous avez la parole.