:
Bonjour. La séance est ouverte.
[Français]
Soyez les bienvenus à la 99e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 17 janvier 2022, le Comité se réunit aujourd'hui pour entendre le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre. Les membres peuvent y participer en personne, dans la salle, ou à distance, grâce à l'application Zoom.
[Français]
Je voudrais rappeler à tous les membres de ne pas placer leur oreillette près de leur microphone, car cela peut entraîner des retours de son pouvant causer des blessures à l'ouïe de nos interprètes.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui.
[Traduction]
Tout d'abord, du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique, nous accueillons M. Konrad von Finckenstein, qui est le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique par intérim. Je souhaite également à nouveau la bienvenue à Lyne Robinson-Dalpé, directrice, Conseils et conformité.
Je vous souhaite à nouveau la bienvenue au sein du Comité. Vous disposez de cinq minutes pour formuler vos observations liminaires, après quoi les membres du Comité vous poseront des questions.
Allez‑y, monsieur.
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui afin de répondre à vos questions concernant les règles sur les cadeaux, y compris les vacances et les voyages, prévues par la Loi sur les conflits d'intérêts.
Je suis accompagné de Lyne Robinson‑Dalpé, directrice, Conseils et conformité, du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Comme vous le savez, la Loi sur les conflits d'intérêts repose sur quatre principes.
[Traduction]
Le premier principe est celui de la déclaration. Au moment de leur nomination en vertu de la Loi, les titulaires de charge publique principales et principaux disposent de 60 jours pour déclarer leurs biens, entre autres renseignements pertinents, au commissaire. Cette déclaration est le point de départ du processus de conformité et sera la source de nombreuses conversations qui ont lieu pendant leur mandat.
Le deuxième principe est celui du conseil. Dans le cadre du processus de conformité, le commissaire offre des conseils confidentiels sur les mesures qui sont nécessaires pour assurer la conformité. Ces mesures peuvent varier, mais elles peuvent inclure la déclaration publique, le dessaisissement, la récusation ou même un filtre anti-conflit d'intérêts.
Pendant le mandat des titulaires de charge publique, les discussions ouvertes et les déclarations permettent au Commissariat d’aider à la gestion des conflits d’intérêts et au maintien de la confiance du public dans l’intégrité du Parlement et des institutions gouvernementales.
[Français]
Le troisième principe est celui de la confidentialité.
Toutes les interactions avec le commissaire sont confidentielles et ne peuvent être divulguées que par le titulaire de charge publique, et non par moi.
La disposition sur la confidentialité permet aux titulaires de charge publique de déclarer intégralement leur situation et permet au commissaire de prendre une décision fondée sur tous les faits pertinents.
[Traduction]
Le quatrième principe est celui de la transparence. La transparence est cruciale pour susciter la confiance du public. La Loi établit un juste équilibre entre la transparence maximale et la confidentialité afin de protéger la vie privée des titulaires de charge publique. Les versions caviardées des déclarations pertinentes de récusations, de cadeaux ou de résultats d’enquête sont publiées sur le site Web du Commissariat. Le registre public du Commissariat est l’outil le plus consulté sur notre site Web.
[Français]
Passons maintenant à l'affaire qui nous occupe, c'est-à-dire le récent voyage du premier ministre en Jamaïque, qui a suscité votre demande de tenir cette séance d'information concernant les règles sur les cadeaux, y compris les vacances et les voyages.
[Traduction]
La Loi définit les cadeaux au paragraphe 11(1) comme suit:
Il est interdit à tout titulaire de charge publique et à tout membre de sa famille d’accepter un cadeau ou autre avantage, y compris celui provenant d’une fiducie, qui pourrait raisonnablement donner à penser qu’il a été donné pour influencer le titulaire dans l’exercice de ses fonctions officielles.
Manifestement, accorder l'hospitalité — c'est‑à‑dire permettre l'utilisation d'une propriété sans frais — constitue un cadeau. Il existe toutefois une exception.
[Français]
L'alinéa 11(2)b) prévoit une exception pour certains cadeaux acceptables et se lit comme suit:
11(2) Le titulaire de charge publique ou un membre de sa famille peut toutefois accepter : [...]
b) un cadeau ou un autre avantage qui provient d'un parent ou d'un ami;
[Traduction]
Examinons maintenant les faits dans cette situation. Que comprend le domaine public? J'essaierai d'être le plus clair possible avec vous, dans la mesure où la Loi le permet.
Le a déclaré qu'il — M. Green — était un ami de la famille depuis plus de 50 ans. Il séjourne chez M. Green depuis son enfance. Le premier ministre a reçu un cadeau — un cadeau d’hospitalité — plus d’une fois, de son ami. Il s'est exprimé publiquement au sujet de cette amitié et a indiqué que des conseils ont été demandés au Commissariat, à la fois pendant l’exercice de mes fonctions et auparavant.
Bien que la Loi utilise le mot « conseil », les conseils que nous donnons équivalent à une décision. Les titulaires de charge publique ont toujours accepté nos conseils. Nous offrons des conseils pour veiller à ce que les titulaires de charge publique se conforment à la Loi. S’ils ne suivent pas les conseils, le recours est une enquête.
Nous n’avons aucun rôle d’approbation préalable des cadeaux provenant d’amis ou de parents en vertu de la Loi. De plus, nous n'approuvons pas les destinations de voyage. Cependant, nous donnons des conseils sur l’acceptabilité du cadeau. Nous déterminons si un cadeau est acceptable ou non. Un cadeau provenant d’un ami est acceptable. Nous travaillons à vérifier le degré réel d’une amitié déclarée. Si une personne est un ami, elle peut offrir un cadeau à un titulaire de charge publique dans un contexte personnel et le cadeau n'a pas besoin d'être divulgué. Le dernier point est important, car le paragraphe 25(5) stipule que:
Si le titulaire de charge publique principal ou un membre de sa famille accepte un cadeau ou autre avantage d’une valeur de 200 $ ou plus, à l’exclusion d’un cadeau ou autre avantage provenant d’un parent ou d’un ami, il lui incombe de faire, dans les trente jours suivant l’acceptation du cadeau ou de l’avantage, une déclaration publique dans laquelle il fournit des détails suffisants pour identifier le cadeau ou l’avantage accepté, le nom du donateur et les circonstances dans lesquelles le don a été accepté.
Trente jours se sont écoulés depuis que le a divulgué qu'il s'est rendu en Jamaïque. Rien n’est apparu sur notre site Web. À partir des faits que je vous ai exposés et des dispositions de la Loi, vous pouvez tirer vos propres conclusions quant aux conseils que j'ai donnés et à ce qui s'est passé.
Je ne peux légalement pas vous en dire plus, mais j'ai essayé de vous exposer aussi clairement que possible les dispositions de la Loi, les faits connus du public et la situation. Je suis tenu de respecter la confidentialité de la Loi, mais j'essaierai de répondre à vos questions au mieux de mes capacités.
Merci.
:
Je comprends, mais permettez‑moi de préciser ma pensée. Selon moi, la question n'est pas de savoir s'ils sont amis, mais plutôt de savoir qui a offert le cadeau.
Je vais vous donner un exemple. Supposons qu'un premier ministre est ami avec, disons, Ted Rogers, et que votre bureau détermine que ce premier ministre est ami avec cette personne. Si ce titulaire d'une charge publique désignée reçoit des services sans fil gratuits de Rogers Communications Inc. à perpétuité comme cadeau de cet ami, et que l'ami n'engage pas de dépense et que la société renonce à des recettes, ce cadeau peut‑il être accepté de la part d'un ami?
Dans la négative, votre bureau s'est‑il assuré dans ce cas que le cadeau a bien été payé par M. Green et qu'il ne s'agit pas simplement de recettes cédées par une entreprise dans laquelle M. Green a des intérêts?
Je pose la question parce que je ne vois pas les choses de la même manière.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur certaines des questions posées par M. Barrett.
Je sais, monsieur le commissaire, que vous avez dit que si le cadeau n'avait pas été acceptable, il aurait été signalé sur le site Web dans les 30 jours. Cela fait 30 jours et rien n'a été signalé.
J'aimerais revenir sur certaines des questions soulevées par M. Barrett en les replaçant dans leur contexte.
La dernière fois que vous êtes venus ici, nous avons parlé de l'étrange cas de cinq députés conservateurs qui ont fait un voyage de luxe à Londres au cours de l'été 2023. Les dépenses comprenaient 600 $ en bouteilles de champagne, ainsi que des biftecks d'aloyau, du chateaubriand et du saumon fumé. Il en a coûté plus de 6 200 $ pour un seul repas au restaurant. Ces dépenses comprenaient également une course Uber de 360 $.
Leurs dépenses et leurs déplacements ont été couverts par un organisme créé par l'un des députés, , qui a participé à ce voyage avec eux. Toutefois, les factures de certains députés ont été payées par un groupe de réflexion hongrois.
À l'époque, vous aviez déclaré que cela « sentait mauvais » et que vous n'aimiez pas du tout cette situation. La commissaire au lobbying a également déclaré que ces faits étaient préoccupants. Êtes-vous toujours d'avis que cette affaire est douteuse?
:
Dans le cas que vous exposez, le code de la Chambre des Communes doit tenir compte des principes qui s'appliquent. Il faut que les députés « remplissent leurs fonctions avec honnêteté et selon les normes les plus élevées de façon à éviter les conflits d'intérêts réels ou apparents et à préserver et accroître la confiance du public dans l'intégrité de chaque député et envers la Chambre des communes ».
Le député viendrait nous rencontrer, exposerait la question, demanderait si le déplacement respecte le paragraphe 2b), que je viens de lire, si des conséquences en découleraient, etc. Nous lui donnons des conseils et lui disons que c'est à lui de décider, mais nous lui suggérons de faire telle ou telle chose, ou de ne pas faire telle ou telle chose, ou nous lui disons que, oui, il peut faire tout cela, quelle que soit la situation. Le député procède alors comme bon lui semble.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur von Finckenstein, d'être de retour parmi nous.
Madame Robinson‑Dalpé, vous vous présentez toujours avec une bonne foi qui m'impressionne chaque fois.
Mes questions porteront sur l'intérêt public.
Madame Robinson‑Dalpé, premièrement, à quand remonte la dernière révision du code en question?
:
Vous allez exactement dans le sens de ma question. En effet, le Code a été rédigé à une certaine époque. Or le monde change; le contexte social change aussi. Si on ne veut pas que le Code devienne un outil mort, on doit le maintenir en vie en le mettant à jour régulièrement.
J'ai toujours trouvé curieux qu'au fil des années, le concept d'amitié se retrouve aussi souvent au centre des discussions, que ce soit avec Mme Dawson, avec M. Dion ou avec vous, maintenant. On parle souvent de M. Trudeau, mais, sans personnaliser la question, il reste que l'amitié est tout de même un élément de base de la société. Ce n'est pas interdit.
Cependant, en 2024, même s'il est permis de faire un cadeau à un ami — je vous ai entendu là-dessus et c'est tout à fait correct —, il s'agit parfois de montants qui peuvent choquer les gens.
Devrait-on établir un montant maximal?
:
Merci beaucoup. Je vous souhaite à tous deux la bienvenue.
Comme vous le savez, je pose souvent mes questions très rapidement, et si j'interviens pour sauver du temps, ce n'est certainement pas une attaque personnelle. En outre, il arrive que je pose des questions qui peuvent sembler personnelles, mais je vous assure que ce n'est pas leur but.
Je voudrais commencer par aborder la question des voyages commandités. C'est une question que j'ai soulevée en octobre en faisant allusion à des témoignages antérieurs concernant , , , et . En ce qui me concerne, j'espère que le comité pourra formuler une recommandation visant à éliminer les voyages commandités. C'est ce que je vais énoncer.
Il y a des ambiguïtés en ce qui concerne ce qui est important et ce qui ne l'est pas, ce qui est accepté, ce qui ne l'est pas, ce qui est financé par qui et ce qui est fait indirectement, à défaut de pouvoir être fait directement, et je fais allusion à nos conversations continues sur l'ingérence étrangère et les répercussions qu'elle a sur notre démocratie. Pour ce qui est de ce qui est somptueux d'un point de vue de matériel, je viens de la circonscription de Hamilton-Centre, et je vous dirais que 3 400 $ pour du champagne et du vin, et 1 000 $ pour un steak, c'est somptueux, et je crois que des dépenses de la sorte sont tout à fait inacceptables dans le contexte du travail que nous réalisons.
D'emblée, je proposerais aux membres du Comité qui souhaitent réellement tourner la page sur ces histoires permanentes de ce que j'estime être des scandales qui nuisent à la légitimité de notre démocratie d'éliminer les voyages commandités et de les remplacer par deux crédits de voyage international prévus dans notre budget de bureau de député, deux déplacements exempts de toute notion d'influence, qu'elle soit étrangère, commerciale ou autre. Cela nous permettrait d'accomplir notre travail de diplomatie internationale de manière claire et transparente.
En ce qui concerne la clarté et la transparence, je vous ai entendu parler de la nature confidentielle des consultations, monsieur von Finckenstein. Pensez-vous que nous, les membres du Comité, pourrions envisager de mettre en oeuvre un processus plus transparent, qui inclurait peut-être, dans l'intérêt du public, une divulgation publique du contenu des demandes de renseignements adressées à votre bureau, ou pensez-vous que la confidentialité est une pierre angulaire de votre bureau et qu'elle est nécessaire pour que vous puissiez faire votre travail correctement?
:
J'aimerais vous citer l'adage de mon ancien entraîneur de football: « Si vous posez la question, il est fort probable que vous ne devriez pas le faire ».
Aussi compliquées que les situations puissent être, le fait est que nous occupons des postes de confiance dans le cadre desquels nous devons prendre des décisions qui pourraient être compliquées par des aspects externes, comme l'influence. En ce moment, nous sommes grandement aux prises avec ce problème du point de vue de l'ingérence étrangère.
À mon avis, il devrait y avoir un moyen d'envisager de divulguer des renseignements qui ne seraient peut-être pas aussi détaillés que vous le laissez entendre, mais qui permettraient au public de comprendre les types de relations embrouillées qui ont tendance à se nouer sur la Colline du Parlement. Je pense à la porte tournante qui existe entre le Cabinet du premier ministre et les groupes de pression, et aux relations qui en découlent. Nous venons d'évoquer les voyages commandités.
Vous savez, de nombreuses tâches accomplies par notre comité ne me plaisent pas. Très franchement, je n'aime pas le salissage politique et les coups fourrés qui se produisent ici, ni l'indignation totale. Je dis cela parce que, même si mes collègues conservateurs tiennent à attirer l'attention sur cette question pendant la réunion d'aujourd'hui, je vous dirais qu'un voyage de 80 000 $ pose un problème aux électeurs de ma circonscription de Hamilton-Centre, mais pensons aussi aux 45 000 $ que Stephen Harper a dépensés pour assister à un match de baseball et un spectacle de Broadway. Ce sont des choses qui arrivent.
Par votre intermédiaire, monsieur le président, la question que je pose aux témoins est la suivante: en ce qui concerne la modification substantielle du code, quelles seraient vos recommandations pour éviter que nous revivions constamment ces scandales — qu'ils soient provoqués par des libéraux, des conservateurs ou qui que ce soit d'autre —, pour y mettre finalement un terme et pour rendre plus clair un code qui accorderait la même importance à ce qui est éthique et ce qui est légal?
Je vous dirais que, dans sa forme actuelle, le code offre la possibilité d'utiliser légalement le système à mauvais escient, ainsi qu'une couverture juridique par le biais de vos conseils. Cette utilisation n'est certainement pas éthique, du moins à première vue.
Selon vous, outre notre participation au cirque médiatique actuel, quels sont les moyens qui nous permettraient de tirer parti de l'étude que nous menons et d'améliorer réellement la législation?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur von Finckenstein, je vous remercie beaucoup de vos réponses.
Les dates sont très importantes, parce que plusieurs déclarations du et du bureau du premier ministre ont changé en cours de route.
Le 22 décembre, le Cabinet du premier ministre a déclaré que la famille Trudeau prendrait en charge les frais de son séjour. Le 4 janvier, il a modifié cette version en déclarant que la famille Trudeau avait séjourné gratuitement dans un établissement appartenant à un ami de la famille. Le 10 janvier, selon la version la plus récente des événements révélés par le Cabinet du premier ministre, le premier ministre et sa famille ont logé gratuitement chez des amis de la famille.
On voit donc que les déclarations du bureau du premier ministre ont changé au fil des semaines.
Avez-vous parlé au premier ministre de ce voyage en Jamaïque de 84 000 $ ou avez-vous participé aux discussions à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le commissaire, madame Robinson-Dalpé, je vous remercie d'être venus témoigner aujourd'hui.
Pour en finir avec le voyage du , je crois que vous avez dit que vous prodiguiez des conseils. Il a reçu des conseils à l'avance. Nous comprenons cela. Les conseils que vous donnez « équivalent à une décision », et les députés suivent toujours les conseils que vous donnez. Vous l'avez mentionné. Si le voyage n'avait pas été acceptable, il aurait été signalé dans les 30 jours qui l'ont suivi. Trente jours se sont écoulés depuis ce voyage, et rien n'a été signalé sur votre site Web, comme vous l'avez indiqué.
Pensez-vous que ce dossier est clos?
:
Vous avez raison de dire que la loi ne mentionne pas de valeur et que cette valeur n'entre pas en ligne de compte.
Le cas dont j'ai discuté avec M. Villemure était une circonstance vraiment exceptionnelle. Feriez-vous quelque chose si vous ne pouviez pas l'utiliser? Il doit y avoir une limite. Il doit y avoir une limite sociétale, une limite éthique pour savoir jusqu'où on peut aller.
J'ai répondu, « Eh bien, il n'y en a pas », mais s'il s'agit d'un cadeau absolument hors de l'ordinaire, comme une voiture de 1 million de dollars ou quelque chose de ce genre, je peux toujours dire que c'est tellement inhabituel que j'ai du mal à accepter que de très bons amis échangent des cadeaux de 1 million de dollars. Alors, menons une enquête. Obtenons davantage d'informations dans ce cas particulier, y compris des déclarations sous serment, etc.
Il se peut qu'il s'agisse vraiment d'un cadeau, alors nous dirons: « Oui, c'était un cadeau. Oublions cela ». Il se peut aussi que cela ait été qualifié de cadeau, mais que d'autres aspects s'y rattachent. Toutefois, il s'agit d'une situation exceptionnelle qui ne s'est jamais produite et qui, espérons‑le, ne se produira jamais.
Cependant, pour répondre franchement à la question de M. Villemure, je dirais que, dans un tel cas, j'examinerais probablement la question plus en détail.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie les témoins de leur présence.
Je vais commencer par une observation concernant le degré d'hypocrisie que certains députés libéraux et néo-démocrates m'ont donné à voir. Cela me rappelle le proverbe selon lequel ceux qui vivent dans des maisons de verre ne devraient pas jeter de pierres.
Je pense en particulier à Mme Iqra Khalid qui, en 2017, a accepté un voyage commandité d'une valeur de 8 518 $ aux Émirats arabes unis. Le chef du NPD, , et trois membres de son personnel se sont rendus à Las Vegas lors d'un voyage payé par le Syndicat des métallos. Valeur totale du voyage: 7 919 $. En novembre 2022, M. Singh et deux membres de son équipe se sont rendus en Allemagne pour un peu moins de 28 000 $. On ne peut qu'imaginer les boissons et la nourriture qu'ils ont consommées là‑bas. Je ne fais qu'évoquer ces chiffres à titre d'observation.
Pour en revenir à vous, monsieur, vous avez indiqué qu'en général, les cadeaux d'un ami n'ont pas de valeur qui puisse vous inquiéter, sauf si un voyage se révélait vraiment somptueux — ce sont vos termes — ou « extraordinaire », différent ou vraiment « hors norme », à un point tel que cela pourrait cautionner la tenue d'une enquête.
Je voudrais parler du domaine dans lequel et sa famille ont séjourné. Il s'agit de la suite Frankfort. Cet endroit propose des unités dont les prix s'échelonnent de 700 à 7 000 dollars américains par nuit. Le premier ministre ne s'est pas soucié des contribuables et n'a pas séjourné dans une unité à 700 dollars. Il a opté pour le maximum de 7 000 dollars par nuit.
Voici ce que dit le site Web de cet établissement:
Résidence fortifiée datant du XVIIe siècle, Frankfort est peut-être la villa la plus convoitée de la côte nord de la Jamaïque.
La propriété dispose de six chambres avec salle de bains. Trois chambres se trouvent dans le bâtiment principal et trois dans la villa située sur la plage, connue sous le nom de « School House ». La maison principale et la School House donnent sur une spectaculaire plage de sable blanc extra-fin de 300 pieds de long, largement saluée comme étant la meilleure portion de plage privée de la Jamaïque. La piscine moderne et luxueuse surplombe...
Monsieur le président, Mme Khalid pourrait-elle faire preuve d'un peu de décorum, s'il vous plaît? Elle est en train de rire.
Étant donné la façon dont j'ai été grossièrement interrompu par mes collègues, je vais revenir en arrière.
La maison principale et la School House donnent sur une spectaculaire plage de sable blanc extra-fin de 300 pieds, largement saluée comme étant la meilleure portion de plage privée de la Jamaïque. La piscine moderne et luxueuse surplombe l'océan et dispose d'un jacuzzi pour huit personnes. Un grand pavillon se trouve à côté de la piscine et peut accueillir confortablement 12 personnes pour des repas en plein air.
Cette villa de 5 082 pieds carrés... est située dans son propre complexe privé composé de deux bâtiments.
Parlons maintenant des équipements. La villa peut accueillir 12 personnes. Il y a un jacuzzi pour huit personnes et un bord de mer, comme je l'ai mentionné. Il y a un personnel complet: des majordomes, un cuisinier, un jardinier, des femmes de ménage et une blanchisseuse. Il y a un terrain de golf et un spa sur place.
Cela n'inclut pas la nourriture, les divertissements et les activités récréatives qui ont probablement coûté plus cher. Il ne s'agit assurément pas d'un tout inclus. Dans un tel endroit, il y a probablement un montant supplémentaire à payer, mais nous ne connaissons pas les prix. Vous, monsieur le commissaire, ne connaissez probablement pas ces prix.
Cela étant dit, monsieur, ne pensez-vous pas que tous ces attributs font passer ce séjour au niveau de quelque chose d'extrêmement somptueux, d'extraordinaire et d'inhabituel?
En dépit de ce que le a dit à Marieke Walsh du Globe and Mail — et qu'il a répété à la Chambre des communes et à d'autres journalistes —, je peux vous affirmer que les Canadiens ordinaires n'ont pas eu de telles vacances pendant le temps des Fêtes. Les Canadiens n'arrivent plus à se payer ce dont ils ont besoin, un problème engendré par les huit années de mauvaise gestion et de gaspillage du gouvernement libéral.
Dans ce contexte, les Canadiens considèrent que ces vacances sont vraiment extravagantes et luxueuses. Au vu de la situation, monsieur, l'opinion publique n'a‑t-elle pas un certain poids quant à votre analyse?
J'ai l'impression que le problème...
Je tiens à vous remercier tous les deux d'être ici aujourd'hui.
Pour clarifier les choses, je viens de regarder la demande de remboursement de Mme Khalid pour ce voyage. Ses repas ont coûté 200 $, ce qui est très différent des repas des députés conservateurs qui sont allés au Royaume-Uni. Ces cinq députés ont fait des dépenses que je qualifierais de somptueuses, avec un souper de 6 200 $ et une bouteille de champagne de 600 $. Les repas de Mme Khalid pour l'ensemble du voyage n'ont même pas couvert le coût d'une bouteille de champagne.
Par ailleurs, le voyage du député conservateur était commandité par le Danube Institute. Il s'agit d'un groupe de réflexion hongrois de droite. J'ai vérifié rapidement leur fil Twitter. Ils ont relayé un gazouillis qui disait: « Budapest est le plus grand ami de la Chine au sein de l'Union européenne... » Il y en avait un autre qui disait: « Notez qu'en Afrique du Sud, il y a présentement une purification lente, assidue et semi-génocidaire aux dépens des citoyens blancs. » C'est cet organisme qui a payé le voyage de au Royaume-Uni. Lors de leur souper à 6 200 $, nous ne savons pas si cet organisme a fait du lobbying auprès des députés.
Je suis tout à fait d'accord avec mon collègue, M. Green, quant à l'idée d'inscrire les voyages commandités aux budgets des bureaux des députés, mais ce qui me préoccupe, c'est la modification des règles relatives à ces voyages. Présentement, les voyages ne peuvent plus être commandités que par des organismes qui ne font pas de lobbying auprès des députés canadiens. Je suis très préoccupée par l'ingérence étrangère. Des entités étrangères comme le Danube Institute vont commanditer des députés canadiens, non seulement pour contourner nos règles en matière de voyages commandités, mais aussi pour influencer les élus canadiens.
Je me demande ce que vous pensez des dangers de l'ingérence étrangère dans ce type de voyage.
:
Eh bien, tout d'abord, les voyages commandités sont régis par le code que vous vous imposez à vous-mêmes. C'est à vous de le changer. Bien entendu, vous allez vous en occuper. Si vous le faites et que vous voulez le mettre à jour, vous voudrez également tenir compte de ce que vous percevez et de ce que vous estimez être de réelles tentatives d'influencer l'opinion publique canadienne et les représentants élus. Si vous estimez que de telles dispositions sont nécessaires, vous pouvez certainement en ajouter. La difficulté est de savoir si vous allez les intégrer aux termes des voyages commandités ou si vous allez en faire un tout distinct.
Tout ce dont il s'agit, c'est de ce que votre code traite et de ce que la loi a pour objectif, à savoir qu'il faut donner aux Canadiens l'assurance que leurs représentants élus et nommés agissent de bonne foi et non en fonction d'intérêts privés ou d'intérêts étrangers. La manière dont vous allez le dire et les moyens que vous allez prendre vous appartiennent.
Comme vous le savez, nous avons actuellement une enquête publique sur l'influence étrangère, et il est peut-être nécessaire de traiter de l'influence étrangère dans le cadre des voyages commandités, certes, mais aussi dans le contexte d'autres voyages — et cela devra se refléter dans le code et dans la loi. Je ne sais pas. Essentiellement, c'est à vous de prendre cette décision. Je pense qu'il serait utile que vous le fassiez, mais c'est une opinion personnelle. En ma qualité de commissaire, je n'ai pas d'opinion.
:
Eh bien, je dirais que non.
On peut faire un certain parallèle avec le secret professionnel. Si vous venez me voir en ma qualité d'avocat, j'aurai pour tâche de vous défendre. Disons que vous avez été accusée de quelque chose. Tout ce que vous me direz demeurera confidentiel. En fait, je connaîtrai la vérité pure et simple sur ce qui s'est passé. Je tenterai ensuite de m'en servir pour vous défendre.
C'est la même chose ici. Vous venez et vous dites: « Voici ma situation ». Vous faites face à un problème ou à une situation qui commence à poser un problème politique ou financier, et vous vous demandez quoi faire. Je vous explique les dispositions de la loi relativement à ce qui est permis et à ce qui ne l'est pas. Ensuite, vous faites ce que vous voulez.
Vous n'avez pas à suivre mon conseil. On le fait d'habitude parce que c'est l'option la plus sûre. Si vous estimez que je suis trop prudent ou que vous pouvez vous débrouiller, libre à vous d'aller de l'avant si vous le voulez. C'est votre décision, mais le système ne fonctionnerait pas sans cette pierre angulaire, c'est‑à‑dire sans que vous et moi échangions sur tout. Dites-moi la vérité, et je vous donnerai une opinion honnête sur la façon de gérer le tout.
:
Merci, monsieur le commissaire.
Merci, madame Damoff.
[Français]
Voilà ce qui met fin au premier tour de questions.
Nous allons maintenant commencer le deuxième tour de questions. Chaque intervenant aura la parole pendant six minutes.
Je demanderais aussi à M. Villemure d'assurer la présidence quelques minutes.
[Traduction]
Monsieur Barrett, vous avez six minutes. Ensuite, ce sera votre tour, madame Fortier. Je voulais vous donner l'occasion de vous préparer à poser des questions. C'est pourquoi je ne vous ai pas demandé d'assumer la présidence.
Allez‑y, monsieur Barrett.
:
Commençons par votre erreur de base: vous combinez ces deux années. Nous donnons des conseils sur les cadeaux reçus chaque année. Ce n'est pas cumulatif, et on ne peut pas les additionner, alors parlons du cadeau de l'année en cours. C'est de cela qu'il est question.
Je ne sais pas quelle en est la valeur. Quand j'ai donné l'exemple de la Ferrari, j'ai parlé de 1 million de dollars, ce que vous avez oublié. J'ai utilisé ce chiffre précisément parce que c'était tout à fait extravagant. Dans le cas qui nous occupe, il s'agit clairement d'un cadeau généreux, mais c'est entre des amis. Je ne vois pas pourquoi ils ne pourraient pas échanger des cadeaux simplement parce qu'ils sont bien nantis. C'est ce qu'ils font ici.
Lors de leur séjour au Canada, les Green sont restés au lac Harrington. Ils ont voyagé partout dans le monde, apparemment. Ce sont toutes des déclarations publiques faites non pas par moi, mais par le ...
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur von Finckenstein et madame Robinson‑Dalpé, je vous remercie de votre présence parmi nous ainsi que de votre travail.
J'ai eu le privilège de discuter avec vos conseillers et j'apprécie beaucoup le travail accompli à votre bureau.
Vous avez été quand même assez clairs sur plusieurs questions, et vous semblez vous répéter beaucoup. J'aimerais donc continuer d'explorer d'autres sujets que nous avons abordés.
Il y a une ou deux semaines, quand nous nous sommes rencontrés d'urgence au sujet de la question à l'étude, une des préoccupations qui m'est venue à l'esprit touchait la motion présentée par M. Barrett. Cette motion, qui a été rejetée, portait sur la production de documents.
Je veux que nous puissions profiter de vos connaissances et de votre expérience, ainsi que de votre avis sur la question de la confidentialité.
Évidemment, il y a des conséquences à ouvrir cette boîte de Pandore. J'aimerais tout de même connaître votre avis sur l'incidence des dispositions sur la confidentialité de la Loi sur les conflits d'intérêts et sur votre capacité ou celle de votre bureau à accomplir votre travail.
:
Je pense que vous êtes très clair. Je vous en remercie.
Je vais passer à une autre question. Plus tôt, vous avez brièvement parlé du fait que, en 2024, l'aspect numérique a un effet sur la façon dont nous pouvons fonctionner, en tant que députés. Cela a aussi des répercussions sur votre façon de fonctionner.
Si nous révisions la Loi, auriez-vous des recommandations précises à nous faire, étant donné cette tendance? Quand la Loi a été rédigée, l'importance du numérique était moindre.
:
Naturellement, j'ai lu cette critique.
L'organisme Démocratie en surveillance ne comprend pas du tout mon poste et la fonction de mon bureau.
Premièrement, s'il n'y a pas de conflit d'intérêts dans un cas donné, ce n'est pas notre affaire. Nous nous penchons sur des cas sur lesquels des personnes veulent une enquête. Si nous ne trouvons rien qui indique un conflit d'intérêts possible, nous ne commençons pas une enquête. Nous avons eu un total de huit cas comme cela.
Quatre de ces cas concernaient M. Grewal, qui était député, mais qui ne l'est plus depuis environ cinq ans. Pourquoi faire enquête sur quelqu'un qui n'est pas député? Dans les autres cas, nous avons fait une analyse préliminaire et avons déterminé qu'il n'y avait pas assez de preuves pour commencer une enquête.
Nous menons actuellement deux enquêtes visant Mme Verschuren et M. Ouimet par rapport à Technologies de développement durable Canada.
On parle aussi de changements que j'ai apportés. Qu'est-ce que j'ai fait?
D'abord, j'ai dit que, si un titulaire d'une charge publique principal quittait un ministère, une période de restriction avant qu'il se joigne à un autre ministère n'était pas nécessaire. Si vous quittez la fonction de sous-ministre des Transports et que vous voulez maintenant vous joindre au ministère de l'Agriculture, c'est bien, je vous félicite. Il n'y a pas de conflit d'intérêts. Vous connaissez le fonctionnement des ministères. On m'a dit que c'était illégal et on m'a demandé pourquoi j'avais fait cela. Je l'ai fait parce qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts.
L'un des autres changements que j'ai apportés concerne les biens contrôlés des titulaires de charge publique principaux, qui peuvent poser problème. Depuis 10 ans, le montant maximal des biens contrôlés est fixé à 30 000 $. J'ai dit qu'en raison de l'inflation, nous allions doubler ce montant maximal pour le fixer à 60 000 $.
Enfin, nous avions autrefois une règle qui obligeait notamment les personnes qui travaillent à temps partiel à un comité de la Régie de l'énergie du Canada de vendre leurs parts dans des fonds communs de placement ouverts et dans des fonds négociés en bourse. Pourquoi? Où était le conflit d'intérêts?
Si une personne a des parts dans un fonds commun de placement ouvert, comment peut-elle être en conflit d'intérêts? Je ne sais pas qui a créé cette règle. Maintenant, si une personne veut avoir de telles parts, elle peut en avoir.
Ce sont les choses que j'ai faites et que Démocratie en surveillance considère comme très mauvaises. Je ne leur donnerai pas le plaisir de répéter tous les qualificatifs qu'ils ont utilisés.
:
Je vais essayer de poser autrement la question de mon collègue du Bloc.
En vertu de l'article 44 de la Loi sur les conflits d'intérêts, le commissaire est tenu de procéder à l'étude de la question que soulève la demande d'un parlementaire « qui a des motifs raisonnables de croire qu'un titulaire ou ex‑titulaire de charge publique a contrevenu à la [Loi] », à moins qu'il juge la demande futile, vexatoire ou entachée de mauvaise foi.
Je déduis de votre témoignage, d'après ce que vous avez laissé entendre, que vous estimez que ce dossier est clos. Cela dit, jugez-vous la demande d'enquête futile, vexatoire ou entachée de mauvaise foi?
Je ne fais que citer le Code.
À mon avis, ce que nous avons découvert ici, c'est que de nombreuses personnes, qu'il s'agisse de et de son voyage aux Bahamas aux frais de l'Aga Khan...
Je dois vous dire ceci, monsieur le président, et je tiens à présenter mes excuses à ma collègue, Mme Khalid, car j'ai fait un commentaire qui, je crois, l'a fait réagir tout à l'heure. Quand on était en train de décrire le contexte, je n'arrivais pas à déterminer s'il s'agissait de Stornaway ou, pire encore, d'une plantation, ce qui est plus probable, étant donné la date de construction de la propriété. J'espère certainement que le premier ministre ne passe pas son temps en Jamaïque dans une ancienne plantation, mais je m'écarte du sujet.
Je pense que ce qui a été établi, c'est que lorsque les gens accèdent à de tels postes de pouvoir, ils perdent de vue la réalité des Canadiens ordinaires. Ce que je retiens du témoignage, c'est qu'il nous incombe — à nous, députés — de créer une norme plus élevée, assortie de définitions claires, car il faut reconnaître que des termes comme « amis » ne sont pas clairement définis. Il y a trop d'ambiguïté.
Sur ce, et pour m'assurer de ne pas nous faire perdre trop de temps, monsieur le président, je vais demander le consentement unanime pour une motion, et si je ne l'obtiens pas, les députés pourront mettre la motion aux voix.
Je propose:
Que le comité envoie une lettre au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre et au Bureau de régie interne avec la recommandation suivante:
Que le système de points de voyage utilisé par les députés soit modifié pour permettre l'utilisation de deux points de voyage spéciaux pour les voyages internationaux à des fins parlementaires, et que le Code régissant les conflits d'intérêts des députés soit modifié pour interdire explicitement les voyages commandités.
C'est, je l'espère, le moindre des résultats que nous pourrons obtenir à l'issue de cette étude qui découle de la demande présentée en vertu de l'article 106 du Règlement.
J'aimerais donc savoir s'il y a consentement unanime. Dans la négative, j'inviterais les membres du Comité à dire officiellement s'ils sont pour ou contre.
:
C'est tout à fait exact, monsieur le président. Cela sera soumis à leur examen.
Évidemment, cette situation met en cause le budget des bureaux des députés, car les crédits pour déplacements proviennent du fonds central, mais il faudrait étudier la question en bonne et due forme et en faire rapport.
Ce que je demande à notre comité de faire, monsieur le président, c'est d'aller au‑delà de l'opportunisme politique et de commencer à fournir une solution législative politique pour éliminer les échappatoires dans cette situation. Je ne veux pas avoir à passer en revue, sous un autre gouvernement, la liste des déplacements parrainés datant d'avant la Confédération. J'espère que nous utiliserons judicieusement le temps mis à notre disposition pour nous assurer de proposer des mesures législatives concrètes. Nous avons entendu les témoins d'aujourd'hui. Ils ont dit que c'était à nous de décider. Alors, attelons-nous à la tâche.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Il s'agit d'une motion très simple qui vise à soumettre cette question à l'examen législatif du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre et du Bureau de régie interne. Je n'essaie même pas de faire valoir que nous devrions nous montrer prescriptifs, et je ne cherche donc pas à obtenir le consentement unanime au sujet du libellé. Je pense que nous pouvons transmettre ce message tel quel pour mettre au jour le problème avec lequel notre comité a dû composer.
Je veux faire cette mise en garde parce qu'il est plausible qu'une telle situation se reproduise au cours des 12 prochains mois. Notre comité doit s'acquitter de son mandat en se penchant sur la question. À la lumière des témoignages entendus, nous savons très bien où se situe notre Loi sur les conflits d'intérêts actuelle et où se trouvent les lacunes en matière de déplacements parrainés. Ces lacunes sont considérables, et c'est ce qui pose problème.
Il ne fait aucun doute que nous devons revenir à la question des cadeaux et prendre clairement position à cet égard. Je suis persuadé que notre comité peut fonctionner de manière non partisane. Nous pourrions trouver un terrain d'entente pour affirmer que cela ne peut plus durer. C'est ce que je propose aujourd'hui.
Merci.
Nous en avons discuté et nous avons obtenu des éclaircissements sur ce que la motion propose exactement. Plutôt que de procéder à un vote par appel nominal, je vais chercher de nouveau à dégager un consensus à ce propos, sous réserve, comme Mme Khalid l'a souligné, de la possibilité pour les membres du Comité d'examiner et de modifier la lettre au besoin.
Y a‑t‑il consensus à ce sujet?
Je vois que M. Barrett, M. Villemure, M. Green et Mme Fortier hochent la tête.
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci, monsieur Green.
Très bien, je vais passer à...
:
Je reviens à la question des déplacements parrainés.
Même si cette motion a été adoptée, je pense qu'il faut souligner l'importance de la question de l'ingérence étrangère qui a été soulevée. Je vais laisser de côté mes attaques partisanes. Je ne nommerai personne, mais nous connaissons plusieurs cas de députés qui ont accepté des voyages parrainés par des organisations et des individus dont on ne connaît pas vraiment la feuille de route. Certains de ces voyages sont si coûteux que je me demande, en tant que citoyen ordinaire de Hamilton-Centre, comment ces gens‑là arrivent à les payer.
Madame Robinson-Dalpé, lorsque vous examinez ces voyages, y a‑t‑il des signaux d'alarme à l'égard de considérations comme l'ingérence étrangère étant donné les coûts associés à ces déplacements par opposition à la capacité raisonnable de payer des gens en question?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais procéder assez rapidement.
Monsieur von Finckenstein, il est commode pour le Cabinet du premier ministre ou pour un ministre d'utiliser votre nom et votre fonction de commissaire à l'éthique pour justifier ce qui peut paraître indéfendable dans le public. Il suffit de dire qu'une demande a été faite au Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique, qui a préapprouvé le voyage. Certains ministres sont prêts à dire tout ce qu'il faut pour défendre leur premier ministre, qui a, par ailleurs, été reconnu coupable deux fois de manquements à la Loi sur les conflits d’intérêts.
Nous avons eu un petit échange, plus tôt, au sujet des propos de M. Steven MacKinnon. Je suis allé les vérifier; je peux vous envoyer l'extrait sonore, si vous le voulez. En conférence de presse, le 8 janvier, M. MacKinnon a dit la chose suivante: « Le premier ministre a suivi l'ensemble des règles, a parlé au commissaire à l'éthique pour faire préapprouver ses plans de voyage. »
Est-ce bien exact?
J'ai été un peu mêlé. J'ai écouté votre échange, plus tôt, avec mon collègue Michael Barrett au sujet des Ferrari. J'aimerais essayer de le comprendre un peu mieux. Le cadeau d'une Ferrari à 200 000 $ pourrait déclencher une enquête de la part du commissaire à l'éthique. Cependant, quand M. Barrett vous a mentionné que les vacances consécutives de M. Trudeau équivalaient à peu près à 200 000 $, tout à coup, vous avez parlé d'un montant de 1 million de dollars, facilement atteint dans le cas d'une Ferrari.
Monsieur von Finckenstein, comment le public peut-il savoir où se situe la limite? Qu'est-ce qui est acceptable? Quel est le montant nécessaire pour déclencher une enquête du commissaire à l'éthique quand on reçoit des cadeaux de luxe, que ce soit une voiture ou des vacances dans un site de villégiature de luxe? Est-ce 200 000 $ ou 1 million de dollars?
Plus tôt, je vous ai écouté discuter avec mon collègue, et vous m'avez un peu perdu.
Monsieur von Finckenstein, j'ai une autre question à vous poser avant de terminer, parce que le temps file rapidement.
Quand vous avez parlé avec mon collègue tout à l'heure, vous avez dit que, après avoir analysé un dossier, vous donniez votre avis juridique, mais que vous pouvez aussi formuler un jugement.
C'est possible de porter un jugement sur la façon dont un cadeau peut être perçu. Toutefois, si vous ne parlez pas directement avec le premier ministre ou avec les députés, comment est-il possible de donner un tel conseil amical?
De plus, ce genre de conseil a-t-il été donné au bureau du premier ministre concernant les vacances en Jamaïque du premier ministre?
:
J'ai deux ou trois choses à dire.
Comme nous approchons de la fin de notre séance, j'aurais quelques questions que je souhaiterais tirer au clair avec vous, monsieur le commissaire.
Nous avons pu entendre aujourd'hui le commissaire nous confirmer que le a logé chez un ami qui n'a aucun lien avec le gouvernement. Le commissaire n'a pas institué d'enquête à ce sujet, car il n'y a aucun élément qui le justifierait. Il nous a dit que le dossier est clos.
J'ai aussi trouvé intéressant d'apprendre, comme cela a été souligné par certains intervenants, vous compris, monsieur le commissaire, que les conseils que vous donnez ont valeur de décision. Il semble bien que vous et votre bureau ayez rendu une décision en l'espèce, et je vous en suis reconnaissant.
Voici donc ma question. Pouvez-vous assurer aux Canadiens que votre bureau est à l'abri de toute forme d'ingérence politique? Je pense que c'est une question cruciale et qu'il serait important que vous puissiez nous répondre à ce sujet.
:
Merci, monsieur le commissaire.
Par ailleurs, je me réjouis que la réunion d'aujourd'hui ait pu permettre à notre comité de discuter de certaines pistes de solution, et je tiens à en remercier notamment M. Green, qui nous amèneraient à explorer davantage l'avenue législative, ce qui ne se fera bien sûr pas sans un débat et des échanges vigoureux.
Je pense que c'est ce que veulent les Canadiens qui nous regardent à la maison. Ils souhaitent que la recherche de solutions émerge de ces discussions politiques parfois aussi intéressantes qu'acrimonieuses. Je suis heureux que M. Green ait présenté cette motion et que nous l'ayons adoptée aujourd'hui.
Monsieur le commissaire, je pense qu'il a été mentionné à quelques reprises, et je crois que vous l'avez vous-même confirmé, que vous allez nous transmettre une réponse écrite assortie de recommandations sur les moyens à mettre en oeuvre pour accroître l'efficacité de votre bureau. J'insiste sur le fait que vous allez nous fournir une réponse détaillée à ce sujet.
Des députés: Oh, oh!
M. Mike Kelloway: Je pense que je vais vous faire cadeau du temps qu'il me reste, un type de don qui n'a pas été abordé aujourd'hui, monsieur le commissaire.
Nous avons examiné la question sous divers angles, mais au bout du compte, je crois que nous en sommes arrivés à une conclusion définitive en ce qui concerne le voyage du . Je pense que le Comité a exprimé aujourd'hui sa volonté de trouver des façons d'offrir une certaine latitude en ce qui concerne l'utilisation des budgets de bureau des députés et le contrôle à exercer au titre des voyages à l'étranger, et ce, pour tous les partis, plutôt que pour un seul d'entre eux.
Sur ce, je cède la parole au prochain intervenant.
:
C'est la partie la plus difficile.
Je comprends votre besoin, et celui du public, de savoir ce qu'il en est le plus tôt possible, mais, d'un autre côté, je ne veux pas ruiner la vie privée des personnes. C'est pour cette raison que nous avons des dispositions comme les dates de divulgation de certains faits et des documents caviardés, entre autres.
Comme je l'ai dit à mes collègues et à mon personnel, il faut être transparent autant que possible en vertu de la Loi. Or cette dernière est claire. Le centre de toutes nos activités est la confidentialité. La personne qui vient nous consulter pour avoir notre avis doit être assurée que tout ce qu'elle divulgue restera confidentiel.
Voilà les propos d'un authentique éthicien. Mon ami, M. Villemure, a eu une carrière remarquable dans ce domaine et représente certes une valeur ajoutée pour le Comité.
Je continue de m'intéresser aux lacunes de la Loi.
J'ai entendu dire à maintes reprises que les conseils... Je veux m'assurer que tout cela est bien clair. On a fait allusion au secret professionnel, mais vous avez admis — c'est du moins ce que j'ai cru comprendre de votre témoignage — que vous ne faites que donner des conseils et que vos enquêtes sur ces questions n'ont rien de quasi judiciaire lorsqu'une plainte officielle n'est pas formulée. Vous avez dit que cela dépend si le cadeau est offert ou non par un ami, mais je constate que cette notion d'« ami » n'est pas définie au paragraphe 2(3) de la Loi sur les conflits d'intérêts.
À votre avis, s'agit‑il d'un oubli flagrant dans la Loi qui, encore une fois, crée trop d'ambiguïté quant à savoir si quelqu'un devrait être considéré comme un ami ou une personne ayant les mêmes intérêts?
:
Nous devons passer au prochain point, car il ne me reste qu'une minute.
Nous devons aborder la question des communications entourant le et le Bureau du premier ministre. Ce qui m'intéresse n'est pas tant le contenu de ces communications, mais plutôt leur diffusion.
Ces renseignements ont-ils été transmis par communiqué écrit, par courriel, par téléphone ou par une note de service? Je crois vous avoir entendu dire qu'il y avait eu un appel téléphonique. Cet appel a‑t‑il eu lieu? Si tel est le cas, quelle a été sa durée? J'aimerais clarifier ce point.
Il est particulièrement important que la population puisse comprendre quels détails vous ont été fournis par le Bureau du premier ministre. Je vous prie de répondre à ces questions, merci.
Voilà qui met fin à notre réunion d'aujourd'hui.
Monsieur le commissaire, je tiens à vous remercier de nous avoir consacré du temps. Je suis conscient que vous avez reçu l'invitation du Comité à court préavis, et vous vous êtes mis à notre disposition. Je vous en remercie.
[Français]
Madame Robinson‑Dalpé, je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Avant que je lève la séance, Mme Fortier a une mauvaise nouvelle à nous annoncer.
Madame Fortier, je vous invite à vous adresser au Comité.