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Je déclare la séance ouverte.
Je souhaite à tous la bienvenue à la 70e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022. Par conséquent, les membres peuvent participer en personne ou à distance avec l'application Zoom. En cas de difficulté technique, avertissez-moi.
Je vois que M. Bains participe à la réunion par Zoom aujourd'hui. Veuillez noter que nous devrons peut-être suspendre la séance quelques minutes, car nous devons nous assurer que tous les membres sont en mesure d'y participer pleinement.
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 7 décembre 2022, le Comité reprend son étude de l'ingérence étrangère et des menaces entourant l'intégrité des institutions démocratiques, de la propriété intellectuelle et de l'État canadien.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre témoin d'aujourd'hui. De la Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau, nous accueillons M. Edward Johnson, président du conseil d'administration de la Fondation.
Nous devrons aller voter dans environ 50 minutes. Puis‑je avoir l'accord du Comité pour passer aux cinq minutes d'exposé de M. Johnson, puis peut-être au premier tour? Cela nous mènera à 39 minutes, ce qui nous laissera largement le temps de monter à l'étage.
Cela vous convient‑il, monsieur Fergus?
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Merci, monsieur le président.
Je vais maintenant aborder trois points: la mission de la Fondation, les questions de gouvernance soulevées dans les témoignages précédents qui méritent correction et un message à l'intention de nos boursiers.
Tout d'abord, je parlerai de la Fondation. La Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau est une fondation caritative non partisane de bourses d'études créée en 2002, avec un vaste soutien de tous les partis représentés à la Chambre des communes. Le premier conseil d'administration se composait de Bill Davis, Roy Romanow et Peter Lougheed. Le gouvernement lui a accordé une dotation de 125 millions de dollars et, depuis, elle a dépensé quelque 95 millions de dollars pour offrir 295 bourses doctorales, des mentorats et des bourses d'études, ainsi que divers programmes connexes. Nous avons réalisé tout cela sans toucher au capital de départ, qui s'élève désormais à 145 millions de dollars. Aujourd'hui, nous nous classons au même rang que les bourses Rhodes, MacArthur et Fulbright, et nombre de nos boursiers affirment que leur participation à nos programmes a changé leur vie.
Nos administrateurs et nos membres sont tous des bénévoles. La grande majorité des dons privés remis à la Fondation provient de nos membres. La famille Trudeau n'a absolument aucun intérêt financier dans la Fondation.
La présidente et cheffe de la direction, Mme Fournier, et moi-même avons entretenu une relation de travail amicale et efficace pendant la quasi-totalité de mes deux années à la présidence du conseil. Toutefois, l'attention nationale intense portée à la Fondation à partir du 28 février à propos d'un don effectué il y a sept ans par une entité sino-canadienne d'un montant total de 140 000 $ a exercé une forte pression sur l'ensemble de la Fondation à sa période la plus chargée de l'année. Nous en connaissons bien les conséquences.
Permettez-moi d'ajouter que la Fondation fait l'objet d'attaques injustifiées et injustes. Ce don sino-canadien nous est parvenu par l'intermédiaire de l'Université de Montréal. On ne nous a jamais offert 1 million de dollars et nous n'avons jamais reçu de signaux d'alerte du SCRS.
En ce qui concerne les témoignages prononcés devant le Comité jusqu'ici, je me dois de réagir à certaines choses qui ont été dites.
À aucun moment je n'ai reçu d'avis juridique sur un possible conflit d'intérêts m'impliquant ou impliquant d'autres administrateurs concernant les dons reçus de 2014 à 2017, mais je n'avais pas besoin d'un avis juridique pour me dire ce que je savais instinctivement. Je faisais partie du conseil d'administration à l'époque, je ne pouvais donc pas participer à la supervision d'un examen externe de ces dons. À aucun moment je ne me suis opposé à un examen indépendant ou je n'ai tenté d'en limiter la portée, pas plus qu'aucun autre administrateur, à ma connaissance.
Tout au long du mois de mars, avec l'appui d'un avocat externe, j'ai insisté pour que ni Mme Fournier ni moi ne supervisions la tenue d'un examen indépendant, mais plutôt un comité spécial formé de trois administrateurs qui n'occupaient aucune fonction à la Fondation dans les années 2014‑2017. Je l'ai proposé officiellement au conseil d'administration dans son ensemble à sa réunion du 31 mars.
Quant à ma légitimité pour présider cette réunion, elle ne faisait aucun doute. Mes intérêts correspondaient parfaitement à ceux de la Fondation. Je voulais un examen indépendant, tout comme le reste du conseil, et il était de mon devoir de président de présider cette réunion.
Deux avocats externes de deux cabinets différents conseillaient le conseil d'administration lors de cette réunion, et tous deux ont déclaré qu'ils n'avaient pas donné d'avis sur de possibles conflits d'intérêts. Ni eux ni aucun administrateur n'ont remis en question ma légitimité à présider cette réunion ou à voter pendant la réunion.
Au cours de la semaine qui a suivi, un consensus s'est dégagé au sein du conseil d'administration sur le fait que l'examen externe devait être supervisé par un comité spécial composé de trois personnes, comme je l'avais initialement recommandé, et qu'il ne devait pas rendre de comptes à la direction.
Je remets au Comité le message que j'ai envoyé à l'ensemble du conseil et à Mme Fournier le jeudi de Pâques, le 6 avril, dans lequel je proposais une marche à suivre. À ma grande déception, le conseil d'administration a démissionné le 10 avril, le lundi de Pâques, avant que le consensus qui transparaissait dans mon message ne puisse se concrétiser.
Comme je tenais à ce qu'un examen externe indépendant soit effectué, j'ai écrit à la vérificatrice générale le 14 avril, trois jours après la démission des membres du conseil, pour lui demander d'enquêter sur tous les aspects de la réception et de la gestion des dons par la Fondation. Je vous remets copie de ma lettre.
Pour la suite des choses, je tiens à adresser un petit mot spécial à nos doctorants, à nos mentors, à nos boursiers, ainsi qu'à l'équipe merveilleuse et enthousiaste de la Fondation. La Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau continuera à proposer son programme exceptionnel de soutien de la recherche et, grâce aux bénévoles de notre comité des finances, nous continuons d'être bien financés. Notre excellente équipe travaille à la sélection de notre prochaine cohorte et aux événements prévus pour le développement de compétences en leadership. L'avenir de la Fondation s'annonce passionnant.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur Johnson.
Chers collègues, la greffière m'informe que nous ne pouvons vraiment pas siéger au‑delà de 18 heures ce soir. Il y a d'autres réunions de comités qui sont prévues ce soir.
Je vous remercie votre déclaration préliminaire, monsieur Johnson.
Nous allons passer à M. Barrett pour six minutes.
Allez‑y, monsieur, s'il vous plaît.
Les témoins précédents ont dit très clairement qu'à leur avis, ce don n'avait donné lieu à aucune influence étrangère. Comme vous l'avez indiqué, il ne s'agissait pas de 1 million de dollars, comme certains de mes collègues ne cessent de le répéter. En fait, il s'agissait d'un don de 200 000 $, mais la Fondation n'a reçu que 140 000 $.
Lorsque cet article a été publié dans le Globe and Mail, avez-vous eu l'impression que la Fondation ne pouvait plus conserver ce don, compte tenu du haut degré d'intégrité nécessaire pour offrir des bourses et faire tout le travail qu'elle accomplit depuis 22 ans?
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Non, il y a eu deux ou trois autres dons étrangers.
John MacBain, de la Fondation McCall MacBain, en a fait un de plus de 1 million de dollars, qui a été classé comme étranger, parce que cette fondation est basée en Suisse. Par contre, M. MacBain est canadien et était le président du conseil d'administration de la Fondation à ce moment-là.
Un autre administrateur canadien qui travaillait en Californie a lui aussi fait un don considérable, de quelques centaines de milliers de dollars, si je me souviens bien. C'était un don étranger également.
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Monsieur Johnson, sachez que c'est la deuxième fois que j'entends cette réplique. La première fois, c'était M. Rosenberg, selon qui vous disposiez d'excellents adjoints absolument dignes de confiance. Malheureusement, d'après moi, c'est ce qui fait que nous sommes ici, aujourd'hui.
Dans les autres fonctions que vous avez occupées, simplement dans des organisations non gouvernementales locales, le niveau de communication, de détail et de risque pour la réputation, particulièrement en ce qui concerne les deniers publics, sans parler d'un bloc de 125 millions de dollars, exigerait, je l'espère, des communications mieux diligentées.
Je tiens à vous donner l'occasion de répondre à l'une des affirmations de Mme Fournier, sur une récusation. Je suis certain que vous en avez pris connaissance dans son témoignage. Elle a soulevé la question. Est‑il arrivé qu'elle vous ait demandé de vous récuser de la surveillance?
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Il est bien écoulé, monsieur Green.
Monsieur Johnson, je vous remercie.
Au début de la réunion, nous avons convenu de faire un premier tour. C'est chose faite. Nous disposons donc de 23 minutes avant le vote.
Monsieur Johnson, si vous pouviez rester un peu dans les parages, nous devrions être de retour vers 17 h 10, 17 h 15. Nous ne pouvons pas dépasser 18 heures. Nous devrons donc nous retirer quelque temps à huis clos pour discuter des travaux de notre comité.
Je prévois que nous pourrons peut-être faire intervenir quatre de nos membres. M. Cooper d'abord, à notre retour, qui disposera de cinq minutes, puis Mme Hepfner, puis MM. Villemure et Green, après quoi nous ferons le point sur le temps qui reste.
Monsieur Barrett, allez‑y, avant la suspension de nos travaux.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Johnson, je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Jusqu'à maintenant pendant l'étude du Comité, nous avons appris grâce à Pascale Fournier, Morris Rosenberg et Alexandre Trudeau que la Fondation est un organisme non partisan, que le personnel n'est pas sélectionné en fonction de son appartenance politique et que personne dans l'organisme n'a fait pression pour participer à des activités politiques.
Ils ont aussi confirmé que la Fondation n'a jamais subi de pressions pour tenir des conférences Canada-Chine, que l'association qui a fait le don n'a jamais fait de demande en ce sens, que la Fondation ne s'est jamais sentie obligée d'intervenir dans les relations sino-canadiennes à cause d'un don, qu'on n'est jamais intervenu pour que des universitaires de la Chine soient choisis et qu'il n'y a jamais eu d'ingérence dans les activités de la Fondation.
Nous avons appris que la Fondation n'a pas de relations avec le gouvernement et que Mme Fournier, M. Rosenberg et M. Trudeau n'ont pas eu affaire au et aux membres de son personnel et qu'ils n'ont pas de relation d'ordre politique avec eux. En fait, pour reprendre les propos de Mme Fournier, le premier ministre n'a pas été invité et n'a pas reçu de documentation sur les réunions des membres ni sur les réunions du conseil d'administration ou du comité de gouvernance. Il n'a reçu aucune invitation et aucun document.
Souscrivez-vous à ces affirmations?
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Reprenons. Il est 17 h 25.
[Français]
Je vais passer la parole à M. Villemure puis à M. Green, pour cinq minutes chacun. Nous recommencerons ensuite avec les conservateurs, pour cinq minutes, suivis des libéraux, pour cinq minutes également. Pour finir, il y aura peut-être des tours de parole de deux minutes et demie.
[Traduction]
J'ai demandé 15 minutes pour examiner les travaux du Comité, mais je pense que nous pourrons probablement le faire en 10 minutes.
[Français]
Monsieur Villemure, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence, monsieur Johnson.
Je comprends que vous avez beaucoup d'expérience dans le domaine politique, le domaine juridique et le domaine de la gouvernance, et que vous œuvrez depuis longtemps auprès de la Fondation Pierre‑Elliott‑Trudeau.
En fait, je suis extrêmement étonné que vous vous soyez présenté devant le Comité. Vous avez dit que vous vouliez que la possibilité vous soit donnée de corriger certaines erreurs factuelles contenues dans le témoignage de Mme Fournier. Vous vouliez avoir l'occasion de réfuter nombre de ses affirmations.
Monsieur Johnson, je trouve stupéfiant que vous soyez incapable de répondre à de simples questions concernant le remboursement du don. Vous êtes le président de l'organisation; vous êtes responsable de la gestion d'un fonds de 125 millions de dollars provenant des poches des contribuables. Vous deviez savoir que vous auriez à répondre, entre autres, à des questions sur le don et son remboursement.
Je veux reprendre ce sujet et l'approfondir.
Vous n'êtes pas en mesure de me dire... parce que vous n'étiez pas responsable d'émettre le chèque pour rembourser les 140 millions de dollars au donateur en question. Est‑ce exact?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Johnson, deux minutes et demie, ce n'est pas très long. J'ai fait une révision de votre curriculum vitæ et de votre expérience. C'est impressionnant.
Aujourd'hui, cependant, votre témoignage a principalement été la répétition du témoignage des autres personnes, ce que je trouve incroyable. Pour le temps qu'il nous reste, j'aimerais donc que vous nous disiez votre opinion sur la vérité. Pourquoi devrions-nous vous croire, vous, plus que Mme Fournier, entre autres?
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Elle ne fera pas d'examen.
Vous avez sans doute entendu la discussion sur l'ingérence de la Chine. Vous avez aussi probablement entendu parler de la question de privilège parlementaire fondée de prime abord liée au député . Évidemment, vous avez entendu les allégations concernant la Fondation et les postes de police chinois basés au Canada. Vous avez sans doute entendu tout cela.
Aujourd'hui, la Fondation que vous représentez est mêlée aux allégations portant sur l'ingérence de la Chine. Vous qui en êtes le président, vous avez le devoir de contribuer à préserver l'héritage de la Fondation. Malgré les nombreux témoins que nous avons reçus, les détails ne sont toujours pas clairs. Selon vous, est‑ce que la meilleure façon de mettre les choses au clair, ce serait en participant à une enquête publique, si telle était la recommandation du rapporteur spécial, David Johnston, à la fin de son mandat?
À votre avis, la participation à une telle enquête contribuerait-elle à laver la Fondation de tout soupçon en mettant les choses parfaitement au clair et en dissipant toute équivoque?
Voilà qui met fin à la période de questions.
Monsieur Johnson, au nom du Comité, je vous remercie d'avoir été des nôtres aujourd'hui.
Je vous demande pardon pour les interruptions. C'est ainsi que fonctionne le Parlement, mais au nom du Comité et au nom de la population canadienne, je vous remercie pour votre patience.
Je remercie également les techniciens et la greffière.
La parole est à M. Villemure.
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Je peux le faire maintenant. Je croyais l'avoir fait au début de la réunion.
Nous pouvons nous attendre à recevoir les documents d'ici la fin de la semaine, peut-être avant le 11 mai. À titre d'information, c'est le document relatif à la demande d'AIPRP qui pose problème. Il s'agit d'un document public qui est déjà accessible et qui compte 160 pages. Le problème, c'est que si nous l'attendons, le délai sera beaucoup plus long.
J'ai donné pour instruction à la greffière de publier l'intégralité des documents, car je suis d'avis que le Comité a besoin du contexte et de la chronologie pour bien comprendre ce qui se passait à la Fondation, ainsi que les déclarations de Mme Fournier.
Voilà les renseignements que je peux vous donner au sujet des documents; j'espère que vous en êtes satisfaits.
Il y avait peut-être d'autres questions que j'aurais voulu examiner avec vous. J'y reviendrai vendredi, durant le temps consacré aux travaux du Comité. Cela vous convient‑il?
D'accord. Merci, tout le monde.
La séance est levée.