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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président. Bonjour à vous et aux membres du Comité.
J'espère que tout le monde a pu se reposer en famille et prendre des nouvelles de leurs collectivités.
La période de Noël a été difficile pour de nombreux Canadiens. La fréquentation des banques d'alimentation a atteint des niveaux record et, bien entendu, des gens ont eu de la difficulté à payer leur facture de chauffage. J'aimerais maintenant passer rapidement en revue quelques grands titres avant de présenter une motion au Comité.
Voici quelques exemples de grands titres que nous avons pu lire pendant la période de Noël: « L’inflation mène plusieurs Canadiens à réduire leurs dépenses pour Noël », « Pour la première fois depuis 1877, les personnes en situation d’itinérance de Montréal pourraient bientôt ne plus pouvoir se procurer un repas chaud à l’Accueil Bonneau, situé dans le Vieux-Montréal », « Inflation et taux directeur: ils quittent le Canada et déménagent où le coût de la vie est moindre » et « Tout augmente, mais les enfants ont aussi des besoins: une maman s’inquiète de la hausse effrénée du coût de la vie ». Les temps sont durs pour de nombreuses personnes, et il est consternant de voir les difficultés auxquelles font face nos concitoyens canadiens.
Voici deux autres titres, soit « Voyage en Jamaïque: encore un séjour controversé pour Justin Trudeau » et « Un voyage en Jamaïque “sans frais“ pour Trudeau et sa famille ». C'est bien entendu la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui, et les montants en jeu sont stupéfiants. En effet, nous parlons de vacances à 84 000 $ pendant que le revenu médian des ménages canadiens est d'environ 70 000 $.
Le problème commence avec la première explication donnée par le Bureau du au sujet de ces vacances. Il ne s'agit pas de savoir si un premier ministre mérite des vacances ou si qui que ce soit d'autre mérite des vacances. Si des gens peuvent se le permettre, qu'ils ont le temps nécessaire et que leur état de santé le permet, c'est merveilleux qu'ils puissent le faire.
Le problème, c'est que la première réponse que le Bureau du a donnée aux Canadiens à ce sujet, c'est que le premier ministre payait la facture. Ce n'est que lorsque les médias ont effectué un suivi, qu'ils ont découvert le coût de ces vacances et qu'ils ont demandé qui payait la note... On a répondu qu'en réalité, le premier ministre ne payait pas pour ces vacances.
On nous a d'abord dit que le premier ministre payait pour ces vacances, mais ensuite on nous a dit qu'elles lui étaient offertes.
Un cadeau de 84 000 $, ce n'est pas rien. La question de savoir si un premier ministre devrait ou non accepter des cadeaux d'une valeur de 84 000 $ pourrait peut-être faire l'objet d'une étude menée par notre comité, afin de déterminer si c'est approprié, quelles que soient les circonstances.
Cette explication a encore changé et le a offert une troisième version des faits, à savoir qu'il avait séjourné chez des amis et que ce séjour ne lui avait donc rien coûté. Nous savons que le Bureau du premier ministre a affirmé que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique avait approuvé ces vacances.
Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a depuis déclaré qu'il ne s'agissait pas d'une de ses fonctions. Il n'accorde pas d'approbation préalable pour des vacances. Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique ne peut pas divulguer la correspondance entre le et son bureau sans en avoir reçu l'autorisation ou sans avoir reçu une directive ou une ordonnance de communication à cet effet. La question peut être résolue si le premier ministre fournit au Parlement et aux Canadiens cette correspondance et qu'elle est ensuite publiée pour démontrer que la troisième version que nous avons obtenue du premier ministre est en réalité la même que celle qu'il a donnée au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Nous pouvons donc nous demander si le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a été trompé ou induit en erreur d'une manière ou d'une autre. Nous devons faire toute la lumière sur cette question.
La meilleure façon d'y arriver serait de demander au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique de comparaître devant le Comité. Nous pourrions examiner certaines choses, mais la précision de ce que nous devons accomplir… Nous sommes ici pour traiter ce cas précis et ce cadeau d'une valeur de 84 000 $. Il se trouve qu'il a été offert sous la forme de vacances.
C'est la raison pour laquelle j'aimerais proposer la motion suivante, qui a été rédigée dans les deux langues officielles. La greffière devrait en avoir reçu un exemplaire.
Monsieur le président, je propose simplement la motion suivante:
Que le commissaire intérimaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique se présente à la première occasion concernant les vacances du premier ministre en Jamaïque.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord souhaiter une bonne année à tous mes collègues. J'espère que tout le monde a passé des vacances agréables et relaxantes loin de la Colline. Certains d'entre nous sont malheureusement de retour plus tôt que prévu, mais il s'agit d'une question importante, non seulement pour les parlementaires, mais aussi pour les Canadiens.
Comme l'a indiqué mon collègue, M. Barrett, l'année 2024 n'a pas démarré sur de nouvelles bases. Les Canadiens sont essentiellement aux prises avec le même problème qu'en 2023 et en 2022, à savoir le problème de l'abordabilité. De nombreux électeurs de ma circonscription m'ont écrit pour me faire part de leur étonnement de voir à quel point le et le gouvernement libéral actuel sont insensibles aux nombreux problèmes auxquels les Canadiens font face, puisqu'ils jugent approprié d'accepter un cadeau de 84 000 $ sous forme de vacances extravagantes en Jamaïque.
Je pense que nous sommes tous d'accord — et je pense que tous les Canadiens sont d'accord, monsieur le président — pour dire que le mérite certainement des vacances. Il mérite en effet de passer du temps de qualité avec sa famille. Il est né dans un milieu privilégié et mène un mode de vie privilégié. Ce n'est un secret pour personne, que ce soit au sein de notre comité, de la Chambre des communes ou de la population du Canada, qu'il a des amis et d'autres relations haut placés dans le monde entier et qu'il a probablement séjourné dans des endroits qui offrent ce qu'il y a de mieux dans la vie.
Au départ, nous ne lui en voulons pas pour cela. Ce que nous regrettons, c'est qu'un cas particulier comme celui‑ci ait pris une telle ampleur qu'il a maintenant l'étoffe d'un scandale. Au départ, il ne s'agissait pas d'un problème. En effet, si le et son bureau avaient fait preuve d'une transparence complète quant à l'identité du fournisseur de ces vacances, à la manière dont l'offre a été communiquée au premier ministre et à toutes les conditions liées à l'acceptation de l'offre de séjour dans cette luxueuse villa, et s'il avait été franc avec le Parlement — s'il avait été franc avec les Canadiens — dès le départ, je ne pense pas que nous serions ici aujourd'hui, mais le premier ministre et son bureau ont aggravé les choses de telle sorte que nous, les parlementaires, sommes ici pour demander des éclaircissements.
Comme vous le savez, monsieur le président, il ne s'agit pas d'un cas isolé. Il s'agit du comportement adopté par le actuel et son bureau pour induire les Canadiens en erreur. Abstraction faite de la controverse soulevée par son voyage sur l'île de l'Aga Khan et par le fait qu'il a été reconnu coupable d'avoir enfreint les lignes directrices en matière d'éthique, il a promis aux Canadiens, à la Chambre, qu'il agirait de manière plus judicieuse et qu'il communiquerait à l'avance avec le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et qu'il ferait preuve de transparence, car la marque distinctive du gouvernement Trudeau, c'est la transparence. C'est ce qu'il a promis aux Canadiens lors des élections générales de 2015. Il a dit que si l'on votait pour lui, on aurait le gouvernement le plus ouvert, le plus transparent et le plus responsable que notre pays ait jamais connu.
Est‑ce ce qui s'est produit, monsieur le président? Non, certainement pas. Je me demande réellement si un seul des députés libéraux — et certainement si le — comprend la notion de transparence.
Tout récemment, le gouvernement a procédé à un remaniement de certains postes. L'un de ces postes était celui de leader à la Chambre, et le leader du gouvernement à la Chambre est maintenant . M. MacKinnon a été interrogé par la presse au sujet de ces vacances. Il a répondu que le premier ministre avait suivi toutes les règles et, en fait, qu'il avait obtenu l'approbation préalable du commissaire pour ce voyage. Nous savons maintenant que c'est un mensonge. C'était une déclaration délibérément trompeuse.
M. MacKinnon a délibérément induit les Canadiens en erreur, car nous savons maintenant que le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique n'accorde pas d'approbation préalable ou de permission pour des vacances. La question est donc de savoir si la forme d'un cadeau est acceptable en vertu de la loi.
, le leader du gouvernement à la Chambre, dans le cadre d'une autre entrevue, a déclaré ce qui suit:
« Je pense que les Canadiens ne veulent pas priver le premier ministre de la possibilité de prendre des vacances de Noël avec sa famille, et c'est ce qu'il a fait », a déclaré M. MacKinnon à la presse la semaine dernière. « Toutes les règles ont été respectées, et la transparence est l'un des éléments fondamentaux de la loi, et c'est bien entendu la raison pour laquelle nous discutons de cette question aujourd'hui. Le premier ministre a agi de manière transparente. »
Devons-nous croire le sur parole? Je pense que ce serait faire preuve de négligence. Je ne pense pas que nous ferions notre travail à titre de loyale opposition de Sa Majesté si nous acceptions cette explication au pied de la lettre, puisque nous savons que le Bureau a depuis réfuté la position adoptée par le et son bureau selon laquelle cette demande avait été préalablement approuvée.
Il y a beaucoup de fumée dans ce cas‑ci, monsieur le président, et je suis donc certain qu'il y a un feu quelque part. Nous devons en découvrir la source. Comme je l'ai déjà souligné, il ne s'agit pas d'un cas isolé, mais plutôt d'une série de faux pas de la part du gouvernement actuel. J'ai déjà parlé des vacances sur l'île de l'Aga Khan. Nous avons ensuite eu droit à un numéro de clown déguisé en Inde.
Ensuite, il y a eu la question de la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Encore une fois, l'une des caractéristiques de la marque distinctive du nom et de notre premier ministre lors des élections de 2015 était sa déclaration selon laquelle aucune relation n'était plus importante pour le Canada que sa relation avec les Canadiens autochtones. Il a donc créé la toute première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation à la suite de la découverte des tombes anonymes à Kamloops. Il s'agissait d'une étape importante dans l'histoire de notre pays et d'un effort pour favoriser la réconciliation entre les Autochtones et les non-Autochtones.
Qu'a fait le ? Le premier ministre a demandé à son bureau de mentir aux Canadiens en disant qu'il se trouvait au Canada pour participer à des réunions privées, alors qu'en réalité, des fins limiers du public canadien ont pu suivre son vol et se sont rendu compte qu'il n'était pas à Ottawa. En effet, il était en route pour la Colombie-Britannique, afin de prendre des vacances de surf pendant la première journée...
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Je vous remercie infiniment, monsieur le président.
Je suis plutôt perplexe, en fait. Nous donnons au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique la capacité et le privilège de se pencher sur les affaires de chaque député et de chaque représentant élu et de les consulter. L'objectif est de nous aider et de nous guider pour que nous nous comportions de la manière la plus éthique et transparente possible.
Étant donné que M. Barrett a écrit au commissaire à l'éthique sur cette question précise, il serait bien de voir la véritable réponse qu'il a reçue, puisque le Comité est maintenant saisi de cette affaire. J'aimerais beaucoup que M. Barrett transmette au Comité ce que le commissaire à l'éthique a répondu à ces questions sur lesquelles nous sommes tous en train de délibérer dans le cadre de cette réunion d'urgence, qui a été demandée conformément à l'article 106(4).
J'espère que M. Barrett communiquera de son propre chef la réponse exacte à la greffière ou à tous les membres du Comité. Ce qui est remis en cause, c'est notre conduite en tant que députés, ainsi que l'importance de la transparence dans le cadre de nos activités afin d'assurer la confiance à l'égard des institutions démocratiques.
Ces derniers jours, je me suis demandé quelle est la différence entre des vacances avec un ami de la famille — après avoir consulté le commissaire à l'éthique ou l'avoir avisé de ces plans —, après quoi le coût des vols est remboursé, par rapport à un voyage au Royaume-Uni avec un groupe de réflexion hongrois où des milliers de dollars sont dépensés en fine cuisine.
Où se situe la limite? Comment pouvons-nous vraiment comprendre notre rôle en tant que députés et celui de la Loi sur les conflits d'intérêts?
Que ce soit important ou non aux yeux des membres de l'opposition, je pense que c'est une question importante sur laquelle nous devons nous pencher afin de saisir la nature de cette étude. Il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas d'une seule personne, mais bien d'une institution. Il s'agit de la façon de nous conduire, d'assurer la transparence et de respecter nos obligations envers les Canadiens en tant que députés. En effet, nous sommes dans un lieu privilégié où nous avons l'occasion d'élaborer des politiques, de défendre certains enjeux et de les influencer.
Je me demande si un groupe de réflexion hongrois souhaite influencer le fonctionnement du Parlement, et si un steak peut influencer ce que les conservateurs défendront. Cette question exige peut-être une grande compréhension du fonctionnement réel de la Loi sur les conflits d'intérêts au sein du Parlement, de la façon d'assurer la transparence, de maintenir la confiance dans nos institutions démocratiques et de nous comporter en tant que députés.
Alors que je continue à me prononcer sur cette question, monsieur le président, M. Brock a parlé du leader à la Chambre et de la nouvelle personne en poste. Je tiens à souhaiter à l'ancienne leader du gouvernement à la Chambre, , un très heureux congé de maternité, alors qu'elle aura un bébé et renouera vraiment avec sa famille. C'est qui assumera son rôle pendant qu'elle agrandit sa famille.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, je suis heureuse de vous voir. Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour la nouvelle année.
Lorsque M. Barrett a commencé à présenter sa motion, il a parlé d'abordabilité. Vous savez, c'est une préoccupation des Canadiens. Cela ne fait absolument aucun doute. C'est pourquoi notre gouvernement a réduit les frais de garde. Si vous pensez que cela n'aide pas les familles, sachez que la réduction de moitié des frais ici, en Ontario, a complètement changé la donne pour ma propre famille. C'est vrai non seulement pour ma famille, mais aussi pour celles de tout le pays. En fait, j'étais hier au YWCA de Hamilton pour visiter la garderie et parler au personnel des personnes qui vivaient dans la pauvreté et qui ont maintenant accès à des services de garde.
Lorsqu'il est question de logement, l'opposition oublie toujours de mentionner que le vit dans un logement subventionné par l'État, alors qu'il prétend que nous ne faisons rien. Lundi, j'étais à Burlington, en Ontario, pour annoncer l'octroi de 21 millions de dollars à la Ville afin d'accélérer la construction de logements dans cette municipalité. Le mois dernier, nous avons annoncé 55 millions de dollars pour des appartements dans ma circonscription. Des prêts à faible taux d'intérêt sont accordés aux constructeurs pour qu'ils puissent construire des logements locatifs à Oakville. L'abordabilité est un problème. Nous le reconnaissons, et c'est pourquoi nous travaillons en ce sens.
MM. Barrett et Brock ont notamment parlé du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique. M. Barrett a indiqué que, dans sa réponse, le commissaire avait précisé que le commissariat ne divulguerait aucun document, et avec raison. En tant que députés, nous nous attendons tous à ce que nos échanges demeurent confidentiels lorsque nous nous adressons au commissaire à l'éthique. Lorsque nous voulons une opinion sur quelque chose, nous nous attendons à ce que ces conversations ne soient pas rendues publiques. En fait, si cette politique était changée et que ces documents étaient rendus publics, personne ne consulterait très franchement le commissaire par crainte que des renseignements confidentiels, privés et autres puissent être rendus publics à l'avenir.
C'est un aspect fondamental de ce commissariat. En fait, en tant que secrétaire parlementaire, je dois présenter un rapport annuel au commissaire à l'éthique. Il ne serait jamais convenable que ce genre de documents ne soient rendus publics, pas plus que les échanges des députés ou du , chaque fois qu'ils consultent le bureau. On s'attend à ce que ce soit privé.
Il ne faut surtout pas oublier que le a communiqué avec le commissariat avant son voyage de Noël. Celui‑ci a affirmé à juste titre ne pas pouvoir communiquer l'information.
Monsieur le président, je sais que d'autres députés veulent parler de cette motion. Je vais donc en rester là pour l'instant. Je vous remercie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais revenir sur la motion et sur les inquiétudes que j'ai eues au sujet du voyage du lorsque j'ai appris par la voie des médias, avant les Fêtes, qu'une nuitée dans cette villa de luxe en Jamaïque coûtait 9 300 $ et que le premier ministre y séjournerait pendant 8 nuits consécutives. Au total, cela représente des coûts de 84 000 $. Or, comme on le sait très bien, le revenu familial moyen au Canada est d'environ 70 000 $ par année. Ce voyage représente donc beaucoup d'argent, selon nous.
Ensuite, il y a autre chose que j'ai trouvé inquiétant.
Juste avant Noël, le 22 décembre, le Cabinet du premier ministre a envoyé un message disant que la famille du premier ministre acceptait de payer les frais de ce voyage. Cela laissait sous-entendre qu'il y avait moyen de réparer la situation.
Pendant les Fêtes, les Canadiens ont sans doute parlé du voyage du premier ministre. Certains ont défendu le premier ministre en disant qu'il allait quand même payer son voyage.
Tout de suite après les Fêtes, un autre message provenant du Cabinet du premier ministre nous apprenait que celui-ci et sa famille ne paieraient pas leur voyage, parce que la villa de luxe où ils avaient séjourné appartenait à des amis. Cet établissement est sans doute loué à d'autres personnes, alors c'est probablement ainsi que les médias ont découvert quel était le coût par nuitée. Or, selon le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, on n'a pas le droit de recevoir des cadeaux de cet ordre. Même si c'est gratuit, il faut déterminer la valeur du cadeau reçu. Dans ce cas-ci, on dépasse de beaucoup la valeur maximale permise pour un cadeau, qui est établie à 40 $.
Après le 4 janvier, un autre message provenant du Cabinet du premier ministre, daté du 10 janvier, laissait sous-entendre que l'endroit où la famille du premier ministre avait séjourné était la résidence principale d'un ami.
On voit donc une évolution dans les messages. C'est comme si on essayait de se disculper et d'échapper à ses obligations en matière de conflits d'intérêts et d'éthique. Le nouveau attribue la responsabilité au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, qui aurait approuvé le voyage du premier ministre. Toutefois, le commissaire semble dire que cela ne fait pas partie de ses fonctions que d'approuver ou non un tel voyage.
Si on met tous les événements bout à bout, on a l'impression que le premier ministre prend les Canadiens pour des valises, si je peux me permettre ce jeu de mots puisqu'on parle de voyage. C'est la réalité qu'on observe présentement. Il faut dire que ce n'est pas la première fois que le premier ministre a de la difficulté relativement à ses voyages lors du temps des Fêtes.
Nous ne voulons pas empêcher le premier ministre de prendre des vacances; il en a sans doute besoin, comme tout le monde. Toutefois, quand les vacances prennent la forme de cadeaux de cette ampleur, on peut supposer beaucoup de choses.
Je vais donc appuyer la motion de mon collègue M. Barrett. En effet, il serait important que le Comité reçoive le commissaire et lui permette d'apporter des nuances. A-t-il donné ou non son autorisation? Peut-il ou non donner une telle autorisation? Il serait également intéressant de savoir de quelle façon se sont déroulées les communications entre les deux intervenants. On ne peut pas fuir ses responsabilités légales en rejetant la responsabilité sur le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Il est important que cette motion aille de l'avant. J'espère que tous mes collègues du Comité vont l'appuyer et nous permettre de continuer en ce sens. Je les remercie d'avance.
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Merci, monsieur le président.
À mon tour, je souhaite à tous une bonne et heureuse année, ainsi qu'une année productive. Je sais que nous avons déjà beaucoup de pain sur la planche au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. J'ai bien hâte que nous amorcions les études que nous avons décidé d'entreprendre, avant les Fêtes, mais pour l'instant nous discutons du sujet qui a été soulevé ce matin.
Il est important de saisir l'occasion qui nous est donnée par la motion de M. Barrett pour demander au commissaire de venir nous expliquer les règles établies par la Loi sur les conflits d'intérêts en ce qui concerne les voyages. Comme le mentionnait ma collègue Mme Khalid, nous sommes dans une institution démocratique, alors nous devons nous assurer de suivre les règles.
Par ailleurs, il est important de souligner que le premier ministre a voyagé avec un ami. Ce n'était pas un voyage avec un groupe de réflexion hongrois, par exemple, comme ma collègue l'a mentionné tantôt. Je pense que le commissaire aurait beaucoup de choses à dire sur le fait que certains autres députés ont choisi de faire un voyage avec un groupe de réflexion hongrois. Toutefois, il est question ici d'un voyage avec un ami. Alors, je pense que mes collègues ont très bien saisi les explications mises en avant.
La motion de M. Barrett demande que nous recevions le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour une réunion, si j'ai bien compris. Plus précisément, ce serait afin de lui poser des questions sur les règles relatives aux voyages établies par la Loi sur les conflits d'intérêts, pour mieux comprendre la situation. À mon avis, c'est ce qui serait le plus utile au Comité.
J'aimerais donc proposer un amendement, de sorte que la motion demande que le commissaire intérimaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique se présente pour une réunion en ce qui concerne les règles liées aux voyages prévues par la Loi sur les conflits d'intérêts.
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Bien sûr. Je vais dire quelques mots, monsieur le président.
Je vous remercie infiniment. Je suis heureux d'avoir l'occasion de parler à la fois de l'objet de la réunion et des amendements et sous-amendements en question.
Je tiens d'abord à dire une chose. Je pense en effet que la question intéresse bon nombre de Canadiens, qui voient la facture salée de ces vacances, et qui ne peuvent s'empêcher d'être frappés tant la plupart d'entre eux ne pourraient pas imaginer dépenser autant pour des vacances. À mon avis, chaque fois que le leader du gouvernement donne des réponses différentes et contradictoires sur une affaire comme celle‑ci, il suscite à juste titre beaucoup de questions et de préoccupations pour les Canadiens. On se demande alors comment faire la lumière là‑dessus.
Il y a deux volets.
Il faut se demander dans quelle mesure le commissaire aux conflits d'intérêts va se pencher sur la question. Un processus est prévu à cet effet. Je pense que l'une des raisons pour lesquelles le voyage sur l'île de l'Aga Khan est si bien ancré dans l'esprit des Canadiens, c'est qu'un haut fonctionnaire du Parlement non partisan a examiné ce déplacement et déterminé s'il était acceptable ou non en vertu de la loi. On a établi que ce n'était pas le cas.
Ici, le fait qu'un haut fonctionnaire du Parlement non partisan et crédible fasse enquête sur une situation et rende une décision contribue grandement à orienter la conversation et le débat aux yeux des Canadiens. Les Canadiens ont raison de douter des affirmations des politiciens à ce chapitre, qu'ils soient du gouvernement ou de l'opposition. Ils sont rassurés qu'un agent non partisan du Parlement enquête et se prononce sur ces enjeux. C'est important à l'égard de la loi. C'est aussi essentiel pour que les Canadiens se forgent une opinion et aient le sentiment d'avoir des renseignements fiables pour se faire une idée de ce qui s'est réellement passé. Ils peuvent ensuite se fier à leur jugement pour établir l'importance politique que revêt la question et ce qu'ils trouvent fondamental.
Il faut savoir si le commissaire aux conflits d'intérêts va se pencher là‑dessus. Je pense qu'une des façons d'y arriver est que le Comité puisse lui poser la question. Il serait selon moi judicieux de tenir une réunion à laquelle il peut assister, afin de lui demander, entre autres choses, si le commissariat envisage ou non de mener une enquête sur cette affaire. Ce serait un processus non partisan.
Bien sûr, en l'absence d'une telle procédure impartiale — nous avons également eu des conversations semblables au sujet des enquêtes publiques —, je pense que le Parlement devient la tribune la mieux placée pour examiner ces choses. Cependant, lorsqu'il y a une voie non partisane qui inspire confiance aux Canadiens, et qui s'attarde plus aux faits, sans le cirque politique qui peut parfois se produire aux tables comme la nôtre — les députés à la table ne seront sans doute pas surpris de l'apprendre ou de l'entendre —, je pense que c'est avantageux pour les Canadiens. À tout le moins, il me semble que nous pourrions commencer par tenir une réunion.
J'aime l'idée d'élargir la portée de la réunion. Je pense que nous l'avons déjà entendu — bien sûr, je n'ai pas vu la réponse exacte que le commissaire aux conflits d'intérêts a donnée à M. Barrett. Nous pouvons déduire de ses propos à ce jour que le commissaire n'est peut-être pas entré dans les détails précis de l'affaire en raison de la nature et de la structure de la loi. Étant donné que le commissaire est censé donner des conseils confidentiels aux parlementaires sur ces questions, nous ne devrions pas être surpris lors de sa comparution si, en réponse à des questions détaillées sur ce voyage donné, il dit des choses comme: « Eh bien, je n'ai pas le droit de divulguer cela » ou « Je ne peux pas communiquer cette information ». Je trouve logique d'élargir la portée de sa visite, sans exclure la question du voyage en Jamaïque. De toute évidence, c'est la raison pour laquelle nous sommes tous ici. Elle suscite beaucoup d'intérêt. Il ne serait pas très utile d'organiser la visite du commissaire intérimaire de façon à exclure les questions à ce sujet.
D'un autre côté, si nous nous limitons à cela, je pense que nous risquons d'obtenir des réponses très insatisfaisantes du commissaire aux conflits d'intérêts et d'établir des attentes qui sont plus susceptibles de créer, chez les Canadiens qui nous regardent, un sentiment de frustration plutôt que de leur fournir des informations qu'ils jugeront utiles.
En outre, je pense que ce qui s'est passé, par rapport à la Jamaïque, comme lorsqu'il était question de voyages parrainés... Quelqu'un a fait allusion, je pense, au voyage de certains députés conservateurs en juin dernier et au montant de 600 $ pour du champagne. Les gens entendent parler de cela, et ils sont choqués aussi. Tout cela est régi, en grande partie, par le même ensemble de règles. Il y a des règles concernant les déplacements parrainés. Il y a des règles concernant les cadeaux. Toutes ces choses régissent le comportement des députés.
S'il y a une solution à ce problème récurrent... parce que je suis d'accord avec mes collègues conservateurs pour dire qu'il y a là un comportement récurrent de la part du . Ce qu'il fait est peut-être permis, selon les règles. Il n'y a pas de règle interdisant des vacances coûteuses, mais il existe des règles qui précisent ce qui doit être remboursé et ce qui n'a pas à l'être, ou quel tarif payer, de sorte que même si vous prenez un avion du gouvernement, vous payez l'équivalent d'un vol commercial. C'est quelque chose que l'ancien premier ministre Stephen Harper s'est empressé de souligner, en 2011, lorsqu'il s'est rendu à Boston pour un match des séries de la Coupe Stanley dans un avion du gouvernement. À l'époque, c'est ainsi qu'il s'est défendu en disant: « Écoutez, je rembourse le tarif commercial; c'est ce que disent les règles ».
Il existe un ensemble de règles et de mécanismes qui régissent le comportement des députés et des députés ministériels à cet égard. Nous devons aussi discuter de ces règles, d'autant plus qu'il semble y avoir un modèle de comportement récurrent — tant pour l'actuel , certes, que chez les gouvernements précédents, qui ont adopté des comportements semblables selon les règles existantes —, si nous espérons parvenir à une solution durable ou à une situation où les Canadiens ne verront pas régulièrement aux nouvelles des reportages sur d'extravagants voyages leur donnant l'impression que quelque chose d'inapproprié se passe, ou le coût des vacances en soi pourrait être ce qui dérange les gens et ce à quoi ils s'opposent.
À cela s'ajoute l'excuse selon laquelle la personne « logeait chez un ami ». Était‑ce un cadeau, ou non? Si c'était un cadeau, qu'est‑ce que cela signifie sur le plan des conflits d'intérêts, ou sur l'apparence de conflit d'intérêts, ce qui est tout aussi important lorsqu'il est question de conflit d'intérêts? Je pense qu'il est important de le rappeler aux parlementaires, car on tend parfois à l'oublier. Le seuil n'est pas qu'il y ait un réel conflit d'intérêts. Il s'agit aussi de savoir s'il y a une perception raisonnable de conflit d'intérêts.
Voilà ce que cela signifie que d'êtres tenus de respecter des normes plus élevées. C'est une chose que mes collègues conservateurs ont soulignée, à juste titre. Le en a fait grand cas lorsqu'il a été élu pour la première fois en 2015. Il a dit qu'il voulait se conformer à une norme plus élevée et qu'il exigerait que les députés de son gouvernement en fassent autant. S'astreindre à des normes plus élevées en matière de conflits d'intérêts revient à respecter la norme de la perception de conflit d'intérêts. Quand on accepte un séjour d'une valeur de 80 000 $ ou 90 000 $ dans un très bel endroit quelque part dans le monde pour des vacances familiales, il y a lieu de se demander si le fait d'accepter de telles vacances entraîne une certaine obligation réciproque.
Tout cela pour dire qu'à mon avis, il n'est pas logique d'essayer de discuter de cet incident sans parler des règles à cet égard qui régissent les comportements des députés, ou plus précisément des règles qui régissent les députés ministériels, étant donné qu'ils sont assujettis à des règles supplémentaires en fonction de leurs responsabilités supplémentaires à titre de membres de l'exécutif. Nous devons parler de cette infrastructure. Nous devons parler de ces règles et avoir l'occasion de poser des questions sur ce cas précis.
Encore une fois, j'ignore si nous obtiendrons beaucoup d'excellentes réponses, surtout si le commissariat envisage une enquête. Si c'est le cas, il me semble que le Comité aura également l'occasion de parler au commissaire aux conflits d'intérêts, après une enquête. Lorsque le commissaire aux conflits d'intérêts aura établi certains faits et formulé son avis sur la question, il conviendrait sans doute que le Comité le convoque de nouveau. Nous devrions commencer par une première réunion et élargir la portée.
Personnellement, monsieur le président, je suis un peu hésitant, et je comprends parfaitement votre point au sujet d'un délai. J'aime aussi qu'il y ait des délais, mais en tant que visiteur au Comité, je n'aime pas négocier des délais dans les comités dont je ne suis pas un membre régulier, simplement parce qu'à titre de visiteur, je n'ai pas la même connaissance des autres études du Comité et de l'interaction entre ses divers travaux. Pour ma part, l'absence de date me convient pour le moment, seulement parce que cela permettra au député néo-démocrate qui est membre permanent du Comité, lorsqu'il sera disponible, de participer aux discussions sur le délai approprié. Toutefois, je pense qu'il est entendu que tout le monde aimerait que cela se fasse rapidement à la reprise des travaux parlementaires.
J'ajouterais simplement qu'à mon avis, il nous incombe de faire référence au voyage en question. Je veux la portée élargie, mais je ne suis pas contre l'idée de mentionner également le voyage en Jamaïque dans la motion. De toute évidence, cela fait partie de la question; l'inclure ne pose donc pas problème. Si le Comité fonctionne habituellement ainsi et que cela fait consensus, soit. Je ne m'y opposerai certainement pas. En principe, je ne m'oppose pas à l'idée d'une mention, en plus de la portée élargie. Ensemble, tous ces éléments contribueraient à accroître la probabilité d'avoir une réunion fructueuse, peu importe quand elle aura lieu. Je m'attends à ce qu'elle ait lieu peu après la rentrée parlementaire, qui n'est que dans une dizaine de jours, de toute façon. Comme les conservateurs l'ont dit, il y a là un comportement récurrent. Je ne m'attends pas à ce que ce comportement cesse subitement. Je pense que cela va vraisemblablement se poursuivre. Ce sont des règles de longue date qui ont été invoquées non seulement par le gouvernement actuel, mais aussi par le dernier gouvernement conservateur, au moins. On parle d'urgence relative et de procéder d'ici une dizaine de jours, mais je ne suis pas certain que cela ne peut pas attendre 10 jours, jusqu'aux réunions régulières du Comité. Cependant, je pense vraiment que les membres permanents du Comité sont les mieux placés pour en décider.
Je suis conscient que nous sommes maintenant dans une situation quelque peu délicate, alors que nous sommes saisis d'un amendement et d'un sous-amendement. En règle générale, il n'est pas possible de saisir le Comité d'autres sous-amendements. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois comprendre qu'habituellement, on ne peut qu'avoir un amendement, puis un sous-amendement. Par conséquent, il me semble qu'il faut à tout le moins adopter le sous-amendement si on veut présenter un autre sous-amendement portant sur la date. Je pense que nous pourrions nous lancer dans de longues discussions sur la procédure, ce que les membres voudront peut-être éviter lors d'une des dernières semaines avant la reprise de nos travaux habituels — ou peut-être pas. Si l'on souhaite avoir une longue discussion sur la procédure relative à la présentation d'amendements et de sous-amendements pour établir une date, vous savez que je suis tout à fait disposé à le faire dans le temps qui nous est imparti. Autrement, je pense qu'il faudra au moins adopter un amendement avant de pouvoir commencer à discuter d'une date. Si le but est d'adopter aujourd'hui une motion autorisant le Comité à inviter le commissaire après avoir discuté — à cette table ou de façon informelle — de la date de la réunion en question, alors nous pourrions simplement essayer d'adopter une motion. Cela dépendra, bien sûr, de la volonté du Comité.
Monsieur le président, je vous remercie beaucoup de m'avoir donné l'occasion de présenter certaines de mes réflexions sur les raisons pour lesquelles j'estime qu'il est important d'examiner à la fois la question précise et la question plus vaste des règles qui régissent ce type de vacances ou de voyages parrainés, ou quoi que ce soit — les choses qui arrivent et qui suscitent l'intérêt des Canadiens —, ainsi que mes observations sur les motions précises d'aujourd'hui et sur la façon dont le Comité devrait procéder.
Merci.
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Je vous remercie de cette précision.
Le sous-amendement de M. Villemure a été très utile, car cela concerne vraiment les cadeaux. On parle d'un cadeau de 84 000 $.
Je pense qu'il est important de répéter les propos de M. Blaikie, à savoir qu'il ne faut pas s'attendre à ce que les choses changent de sitôt. Je veux citer des propos tenus aujourd'hui par le . Lorsqu'il a été interrogé à ce sujet, le premier ministre a dit qu'il savait que, pendant les Fêtes, beaucoup de Canadiens sont allés rester chez des amis, et qu'il ne voyait aucun problème.
C'est soit une réponse spécieuse, soit un manque total de compréhension des raisons pour lesquelles cela pose problème. Il s'agit d'un cadeau de 84 000 $ à un premier ministre en exercice, à un ministre de la Couronne.
La précision, dans la motion modifiée, pour traiter à la fois du Code et de la Loi est correcte, car les déplacements des députés sont différents des déplacements des ministres ou du premier ministre. Maintenant que cela a été élargi pour inclure les deux, il est bien d'avoir cette discussion, mais la question n'est pas seulement que le soit allé quelque part. La question, c'est qu'il ait accepté un cadeau de 84 000 $. Il ne dort pas sur un divan chez oncle Buck.
Je me réjouis des amendements à la motion. Je ne pense pas vraiment que le ait pris conscience du sérieux de la situation. J'espère que le témoignage du commissaire à l'éthique contribuera à renforcer les obligations juridiques des titulaires d'une charge publique désignée en vertu de la Loi.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
En matière d'éthique, il faut toujours se garder d'avoir des préjugés. C'est pourquoi il faut une bonne dose d'humilité pour aller au fond des choses.
C'est certain que, ce qui nous trouble tous, c'est que plusieurs versions de la même histoire ont été données par l'entourage du ou par le premier ministre lui-même. Ces multiples versions nous empêchent de déterminer ce qu'il en est. Il est certain que nous ne pouvons et ne devons pas nous substituer au commissaire. Le commissaire a d'abord la tâche de répondre à la lettre de M. Barrett, ce qui nous permettra de savoir s'il y aura ou non une enquête. Il pourra nous le dire.
En ce qui nous concerne ici, c'est sûr qu'il ne faudrait pas oublier une chose: la Loi sur les conflits d'intérêts a été créée en 2006 et le Code régissant les conflits d'intérêts des députés a été écrit en 2007. Il y a eu quelques révisions, mais il demeure que le temps passe et que les circonstances changent. Une bonne pratique serait de demander au commissaire s'il y a lieu de revoir certaines règles concernant les cadeaux, les voyages et les vacances, parce que ce qui était habituel à une certaine époque ne l'est peut-être plus aujourd'hui. Il faut comprendre qu'un code est un texte figé, mais que la vie, elle, n'est pas figée.
En tant que comité, nous pouvons également entreprendre une révision de ce code, avec l'accord du commissaire. Une chose est certaine, ce n'est pas à nous d'enquêter sur une situation en particulier une fois que le commissaire a été informé d'un problème et qu'il doit lui-même statuer sur le bien-fondé d'une enquête. Comme M. Blaikie l'a dit, je crois que nous allons à un moment donné obtenir le résultat de l'enquête du commissaire et que nous pourrons en discuter avec lui à ce moment.
Pour l'instant, il faut faire attention. Nous fonctionnons théoriquement devant l'absence de préjugés, mais aussi devant des faits qui ne concordent pas tous, et c'est ce qui crée un inconfort. Je crois que le commissaire est la seule personne à même d'évacuer cet inconfort, et ce, en nous expliquant les règles sur les cadeaux, les vacances et les voyages. Il faut aussi le laisser poursuivre en toute paix son enquête. Comme M. Blaikie le disait, si une enquête est en cours, il va nous répondre qu'il ne peut pas faire de commentaires. Ça ne nous empêche toutefois pas d'entamer une réflexion sur les cadeaux, les vacances et les voyages.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais apporter une précision. Je crois que M. Barrett a peut-être mal compris ma demande plus tôt. Ce que je lui ai demandé, précisément, c'est d'obtenir une réponse, avec son consentement, sur sa correspondance avec le commissaire à l'éthique sur le sujet dont nous avons débattu pendant deux heures aujourd'hui. Je voulais savoir quelle avait été la réponse du commissaire à l'éthique et s'il était possible de voir cette correspondance. M. Barrett a fait référence à une partie de cette correspondance après ma demande.
Je voudrais à nouveau m'adresser à M. Barrett, pour savoir s'il consentirait à... Consentirait‑il à nous faire part de la réponse du commissaire à l'éthique à sa demande initiale sur cette question? Je crois qu'il serait tout à fait pertinent pour le Comité d'en prendre connaissance.
Pour ce qui est du sujet général de cette motion, le commissaire à l'éthique joue en quelque sorte un rôle de consultant pour veiller à ce que les élus sachent... Le commissaire à l'éthique fournit des règles et des conseils sur la meilleure façon d'agir pour garantir le maintien de la confiance dans le processus démocratique. Il est primordial de veiller à ce que ce type de consultation, qui relève du secret professionnel, continue d'exister.
Je crois que nous créerions un terrible précédent si nous commencions à demander au commissaire à l'éthique ou à tout autre élu de transmettre sa correspondance au Comité et de la rendre publique alors que ce type de correspondance sert à demander conseil au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour veiller à respecter les règles, à faire preuve d'équité et de transparence et à éviter non seulement les conflits d'intérêts, mais aussi l'apparence de conflit d'intérêts.
Je crois que cette motion de production de documents créerait un terrible précédent. Je suis certaine que M. Barrett n'aimerait pas que sa correspondance avec le commissaire à l'éthique et les conseils qu'il lui a demandés soient rendus publics et transmis au Comité, tout comme je pense que n'importe quel élu — pas seulement ceux qui font partie de ce comité, mais n'importe lequel — n'aimerait pas que ses consultations privées deviennent publiques.
Vous comprendrez, monsieur le président, avec mes remarques, que je suis tout à fait opposée à cette motion. Ce n'est pas parce que j'ai des doutes sur ce qui ressortirait de cette correspondance ou de cette publication de documents, mais plutôt en raison du précédent que cela créerait en ce qui concerne le secret professionnel et la possibilité des députés de consulter le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique, qui existe à ces fins. Le rôle du Commissariat consiste à veiller à ce que les élus respectent le code et évitent toute apparence de conflits d'intérêts.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais prendre le temps d'exprimer certaines de mes réserves. Prenons le rôle du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique. Je pense que l'une des fonctions importantes qu'il remplit s'ajoute à celle que les Canadiens lui connaissent le mieux, à savoir mener des enquêtes et se prononcer sur la conduite des députés ou des membres du gouvernement en fonction des règles en vigueur. Il s'agit de la fonction du commissaire que nombre de Canadiens connaissent le mieux. Il y a généralement des entretiens au début ou à la fin d'une enquête. J'ai notamment fait référence tout à l'heure aux conclusions du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique à propos des vacances du sur l'île de l'Aga Khan. C'est surtout dans ce genre de moment que les Canadiens apprennent à connaître le travail du commissaire.
L'une des fonctions quotidiennes les plus importantes du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique consiste à conseiller les députés qui pensent se trouver dans une situation de conflits d'intérêts, ou qui se sont vu offrir quelque chose et ne savent pas si cela contrevient aux règles concernant les cadeaux et autres choses de ce genre. Si les comités parlementaires commencent à ordonner la production de communications entre les députés et le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, les députés s'inquiéteront à l'idée de consulter le commissaire pour obtenir des conseils sur ce type de questions. Nous devons prendre ce risque très au sérieux. Les députés devront se demander si, lorsqu'ils disent quelque chose...
Ils s'adressent au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique parce qu'ils craignent d'avoir des problèmes s'ils procédaient d'une certaine façon et que cela était rendu public ou qu'une certaine procédure enfreigne à tout le moins les règles, même sans être rendue publique. Ils essaient de faire ce qu'il faut pour veiller à ce qu'une situation ne devienne pas problématique. Si les députés ne demandent plus conseil, je crois qu'il y aura une nouvelle culture politique et plus d'infractions aux règles. Les députés n'auront pas le sentiment de pouvoir demander conseil en toute sécurité.
Cela dit, je n'estime pas pour autant que les députés sont libres d'enfreindre les règles sans que cela se sache. En fait, le Comité dit simplement qu'il a l'impression qu'une règle pourrait avoir été violée et que le commissaire des conflits d'intérêts et à l'éthique devrait se pencher sur la question. C'est ce qu'a demandé un membre du Comité. C'est ce qu'il convient de faire. Le Comité s'est réuni pour discuter de cette question. Il a convenu de convoquer le commissaire afin de discuter de cette affaire autant que possible, mais aussi, je pense, pour savoir s'il lancera sa propre enquête à ce sujet.
Le Comité aurait l'occasion de parler au commissaire à la fin d'une enquête. Je pense que la divulgation proactive et préventive de toute la correspondance entre un député et le commissaire risque vraiment de saper la confiance des collègues envers le Commissariat et donc de les dissuader de demander conseil comme ils devraient le faire pour savoir comment se comporter.
À un moment donné, si le commissaire enquête et qu'il s'avère que le Commissariat a fait un travail épouvantable, ce qui serait inhabituel, selon moi... Comme je l'ai dit, je crois que beaucoup de gens ont été satisfaits du niveau de travail du Commissariat dans le dossier du voyage sur l'île de l'Aga Khan. Je pourrais vous donner d'autres exemples de satisfaction du public. Si, à l'avenir, il s'avérait vraiment nécessaire de mener une enquête plus approfondie pour examiner cette correspondance de façon exhaustive, le Comité pourrait envisager la chose à ce moment‑là.
Pour l'instant, nous savons déjà que le Cabinet du premier ministre a donné des réponses incohérentes. Ce qui m'importe, c'est de savoir si le a enfreint ces règles ou non. Je veux savoir si les règles sont suffisantes et si elles permettent d'empêcher les élus d'accepter des cadeaux inappropriés. Voilà ce sur quoi nous voulons entendre le commissaire.
Nous avons déjà constaté que le Cabinet du ne rend pas des comptes aux Canadiens adéquatement. Il a donné des réponses incohérentes. Nous n'avons pas besoin de voir les courriels ou de miner ainsi potentiellement la confiance des députés envers le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour déterminer une telle chose. Nous le savons. La question qui se pose maintenant, en dépit des propos pontifiants du Cabinet du premier ministre et de la position du jour, est de savoir s'il y a eu enfreinte aux règles, tout d'abord, et ensuite si ces règles étaient adéquates.
Il me semble que le Comité a une piste à suivre pour répondre à ces questions importantes, donc pour le moment, je crois que les risques associés à la communication de ce document sont plus importants que les avantages pour les Canadiens.
Je crois que le commissaire devrait nous dire s'il a l'intention de procéder à une enquête et nous dire quelle serait la portée de cette enquête... Le Comité devrait l'entendre avant d'aller de l'avant et de demander ces documents, en raison des conséquences possibles pour l'intégrité à long terme du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique et pour la confiance du public à son égard.
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C'est particulièrement révélateur de voir les libéraux s'outrer de cela, parce que le pourrait être proactif et transmettre les renseignements au Comité pour clarifier les choses. S'il n'y a rien à voir, il faut le vérifier. Montrez-nous ce que le premier ministre a demandé et ce qu'il a présenté au commissaire à l'éthique.
Sa version de l'histoire a changé à trois reprises. Qu'a‑t‑il transmis au commissaire à l'éthique? Est‑ce que ce qu'il a dit au commissaire a changé à trois reprises également? Je crois que c'est très important.
Si les libéraux souhaitent débattre afin de déterminer s'il s'agissait de conseils ou de lignes directrices ou encore d'une préapprobation ou d'une prévérification par le — peu importe —, alors le pourrait agir de façon proactive et fournir ces documents pour éclaircir la situation et mettre fin à une partie de tout cela. Il refuse de le faire et aujourd'hui, les libéraux et les néo-démocrates refusent eux aussi de le faire.
Monsieur le président, je tiens à préciser que, contrairement à ce que prétendent les libéraux et les néo-démocrates, il ne s'agit pas de révéler les conseils qui ont été donnés aux députés. Nous sommes ici aujourd'hui et nous tenons la présente conversation et toutes ces réunions parce que le a changé sa version des faits trois fois.
Il est important de savoir quel était le contexte — ou l'absence de contexte — évoqué par le devant le commissaire lorsqu'ils ont discuté... ou quelque soit le terme que vous souhaitiez utiliser pour qualifier cet échange. Si le premier ministre et son cabinet ont changé trois fois leur version de l'histoire devant le commissaire comme ils l'ont fait devant les Canadiens, alors il y a un problème. Nous devons voir les traces de tout cela.
Il n'y a aucune raison, dans le cas présent... Puisque le a changé sa version à trois reprises, il devrait être proactif et nous montrer qu'il n'a rien à cacher, mais comme on tente de bloquer et de cacher l'information, les Canadiens se demandent ce qui se passe au juste.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux simplement répondre à M. Duncan. Ce qu'il souligne ici, à mon avis — et il est un peu étrange que les libéraux interviennent à ce sujet, puisqu'il s'agit de la première version qui est sortie du bureau du leader à la Chambre, je crois —, c'est que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique n'approuve pas au préalable les demandes. Je le sais par expérience. Des gens m'ont offert un billet à 20 $ pour un événement dans ma circonscription, et j'ai communiqué avec le commissariat à ce sujet. Cela ne semblait pas être un gros problème. Il s'agissait d'un événement de circonscription auquel on m'avait offert de participer. Est‑ce que je pouvais accepter ce billet à 20 $ pour participer à cet événement communautaire auquel on m'avait invité? J'ai été surpris de ne pas pouvoir obtenir de réponse dans un sens ou dans l'autre. J'étais heureux de suivre les directives, quelles qu'elles soient, mais il n'y en avait pas.
Je ne peux pas imaginer que l'idée qu'un voyage ait été préapprouvé soit vraie. Je sais que dans mon propre cas, même pour quelque chose d'assez simple, il était impossible d'obtenir une réponse. Je transmets cette information au Comité. En fin de compte, je n'ai pas assisté à cet événement en particulier, mais je pense qu'il est important que je puisse faire de telles consultations.
Je ne pense pas que nous ayons besoin de voir ces documents pour savoir que l'histoire n'est pas vraie et que la réponse fournie par le Cabinet du premier ministre n'est pas la vraie réponse. Ce qui compte, à mon avis, c'est que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique se penche sur la question. C'est ce qui est important. Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique va‑t‑il se pencher sur la question et, le cas échéant, quelles seront ses conclusions? Je n'ai pas besoin de voir une foule de documents pour savoir qu'avec trois versions différentes de la même histoire en deux semaines de la part du Cabinet du premier ministre, nos détecteurs de foutaises vont retentir, à juste titre. C'est la raison pour laquelle nous tenons cette réunion. C'est pourquoi nous continuerons de discuter de ce sujet.
Est‑il ridicule d'obtenir, de la part du gouvernement, trois réponses différentes au sujet du voyage en deux semaines? Oui. Cela ne fait aucun doute. Je n'ai pas besoin de demander des documents pour savoir que quelque chose ne va pas lorsqu'on donne trois réponses différentes au sujet des mêmes vacances. Il n'est pas question d'aller au fond des choses en ce qui a trait à la cohérence des réponses du Cabinet du premier ministre, mais nous savons qu'au moins deux d'entre elles ne sont pas vraies. Si l'une de ces trois réponses est vraie, les deux autres ne le sont pas. La question est donc la suivante: les règles ont-elles été respectées, et sont-elles adéquates? La personne qui peut répondre à cette question est le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, celui‑là même que nous avons déjà invité.
Il ne s'agit pas d'une opération de camouflage. Il s'agit de reconnaître que... Je comprends que les conservateurs disent qu'il ne s'agit que d'un député, que c'est le leader du gouvernement et que c'est important, mais il s'agit d'un précédent. Ils savent très bien comment fonctionnent les précédents ici. J'entends souvent les conservateurs parler de leur amour du système parlementaire britannique et de la common law. Selon ce système, lorsque l'on établit un précédent en demandant de façon anticipée à obtenir des communications qui devraient être privilégiées et qui proviennent d'un bureau qui est en place pour fournir de façon quotidienne des conseils aux députés sur ce qui est conforme au Code et ce qui ne l'est pas, on risque de créer un précédent qui normalise cette pratique. Cela peut avoir un effet paralysant sur la volonté des députés de communiquer avec certaines personnes.
On a entendu des histoires au sujet de députés libéraux et conservateurs, par exemple, qui ont des propriétés locatives et on s'est demandé, surtout dans le contexte des débats sur la crise du logement, dans quelle mesure il était approprié que des députés qui sont des propriétaires commerciaux se prononcent sur ces questions. Je respecte le fait qu'ils se soient peut-être adressés au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour obtenir des conseils sur ce que devrait être leur participation à ces débats, sur la pertinence de ces avoirs et sur la façon de les divulguer correctement en vertu de ces règles. Je pense que ce serait problématique si les députés avaient soudainement l'impression que, lorsqu'une question fait les manchettes, ces communications autrement confidentielles pourraient être rendues publiques par un comité parlementaire.
Je crois qu'il est de notre devoir de prendre cette question au sérieux. Je ne crois pas que les députés qui s'en préoccupent devraient être accusés de prendre part à une manoeuvre de camouflage. Il y a moyen d'obtenir les réponses aux questions qui comptent, à savoir si les règles ont été enfreintes et si elles sont adéquates. Ce sont des questions très publiques. Elles ne nous obligent pas à risquer la confidentialité du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique et la culture de confiance entre les députés pour pouvoir avoir une discussion approfondie sur ces questions importantes: les règles ont-elles été enfreintes et sont-elles adéquates?
Je ne souscris évidemment pas à l'évaluation que fait M. Duncan de mes propres motifs à cet égard. Je pense qu'il y a de très bonnes raisons d'être sceptique face à une demande anticipée de documents. La personne qui devrait enquêter sur cette affaire ou qui a le pouvoir légitime de le faire est le commissaire aux conflits d'intérêts. S'il doit mener une enquête, il a accès à ces documents. Il est au fait de ces communications.
Je ne pense pas que le Comité doive ordonner la production de ces documents sans savoir si le commissaire aux conflits d'intérêts va se pencher sur la question. La personne qui ferait enquête, si elle allait de l'avant — et, comme je l'ai dit, nous ne savons pas encore si elle le fera — serait celle avec qui il y a eu correspondance et aura donc accès à ces documents ou les a déjà en main, et je ne crois pas que le Comité doive les commander avant même que nous sachions si le commissaire aux conflits d'intérêts fera enquête. Il me semble que c'est mettre la charrue devant les boeufs. Il ne s'agit pas d'une opération de camouflage; il s'agit simplement de savoir quelles sont les procédures appropriées et d'agir de manière à les soutenir plutôt qu'à les miner.