La séance est ouverte.
[Français]
Soyez les bienvenus à la 94e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 31 janvier 2023, le Comité reprend son étude de l'utilisation des plateformes de médias sociaux pour la collecte de données et le partage non éthique ou illicite de renseignements personnels avec des entités étrangères.
[Français]
La réunion se déroule aujourd'hui sous forme hybride. Conformément au Règlement de la Chambre, les députés peuvent y participer en personne ou avec l'application Zoom.
[Traduction]
Je voudrais rappeler à tous les membres qu'il faut faire attention aux oreillettes pour l'interprétation. Veillez à ne pas placer votre oreillette à proximité du microphone, car cela peut entraîner une boucle de rétroaction susceptible de provoquer un choc acoustique qui pourrait à son tour blesser les interprètes.
Nous accueillons un témoin sur Zoom dans la première heure. Je rappelle aux membres que les tests ont été effectués avec lui et qu'il utilise le casque d'écoute approprié.
J'aimerais maintenant accueillir notre premier témoin, qui comparaît à titre personnel. Il s'agit de M. Anatoliy Gruzd, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies numériques de protection des renseignements personnels à la Toronto Metropolitan University.
Monsieur Gruzd, vous disposez de cinq minutes pour votre déclaration préliminaire.
Bienvenue, monsieur. Allezy, je vous en prie.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie pour cette occasion de discuter de la menace d'ingérence étrangère et des risques associés à l'utilisation abusive des données provenant des médias sociaux.
Je suis Anatoliy Gruzd, titulaire d'une chaire de recherche du Canada et professeur à la Toronto Metropolitan University. Je suis également codirecteur du laboratoire des médias sociaux, où j'étudie l'effet des médias sociaux sur la société, la protection des renseignements personnels et la propagation de la mésinformation concernant des conflits comme la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Mes observations d'aujourd'hui sont les miennes, mais elles sont fondées sur les recherches menées au laboratoire des médias sociaux et s'appuient sur 15 années de travaux avec différents types de données issues des médias sociaux.
Comme l'ont dit les témoins précédents, on craint que TikTok ne soit vulnérable à l'ingérence étrangère, ce qui aurait de graves conséquences pour notre sécurité nationale et notre vie privée. Toutefois, je voudrais souligner qu'une arme chargée n'est pas une arme fumante. Bien qu'on présente l'application TikTok comme une menace pour la sécurité nationale, il n'existe à ce jour aucune preuve publique que le gouvernement chinois ait espionné des Canadiens en empruntant un accès dérobé, ou un accès privilégié, à l'application.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Le risque que TikTok et d'autres plateformes soient exploitées par des acteurs malveillants à des fins de propagande et de radicalisation suscite des inquiétudes légitimes. Par exemple, la « Lettre à l'Amérique » d'Oussama ben Laden datant de 2002 a récemment refait surface sur TikTok et a été consultée par des millions de personnes. Toutefois, ces préoccupations ne se limitent pas à une seule plateforme. Elles représentent plutôt des défis plus vastes pour l'intégrité et la sécurité de notre environnement d'information.
Cela étant, nous devons adopter une approche globale pour résoudre ces problèmes en obligeant les plateformes à s'engager à adopter les principes de la protection de la vie privée dès la conception et par défaut; à investir dans l'élargissement de leurs équipes chargées de la confiance et de la sécurité; et à communiquer leurs données aux chercheurs et aux journalistes.
Je vais m'étendre sur chacun de ces points.
Il est important d'enseigner la culture numérique, mais il est injuste de faire peser toutes les responsabilités sur les utilisateurs. Les plateformes de médias sociaux sont complexes et les algorithmes qui décident de ce que les utilisateurs voient ou ne voient pas restent opaques. Le seul véritable choix qui s'offre à nous est de nous déconnecter des médias sociaux, mais ce n'est ni réaliste ni pratique, comme nos propres recherches l'ont montré, car la plupart des Canadiens ont au moins un compte de média social.
Il est important de changer de cible, de passer de la responsabilité individuelle à l'élaboration de stratégies qui obligent les entreprises à protéger les renseignements personnels dès la conception et par défaut. À l'heure actuelle, il n'est que trop fréquent que les plateformes collectent par défaut plus de données que nécessaire.
Cependant, même si les paramètres de protection des renseignements personnels sont activés, les Canadiens peuvent encore être vulnérables face à des acteurs malveillants et étatiques. Selon une enquête nationale publiée l'an dernier par notre laboratoire, la moitié des Canadiens ont déclaré avoir été confrontés à des récits pro-Kremlin sur les médias sociaux. Cela fait ressortir les préoccupations concernant la portée de la propagande et de la désinformation étrangères au Canada, qui ne se limite pas à une seule plateforme.
Voici un autre exemple: au début de l'année, Meta a fait état d'une opération d'influence sophistiquée menée par la Chine sur plusieurs plateformes, dont Facebook, Twitter, Telegram et YouTube. Leurs auteurs ont tenté d'usurper l'identité d'entreprises, de personnalités et d'institutions de l'Union européenne et des États-Unis en publiant des contenus correspondant à leur identité avant de passer à des commentaires négatifs sur les activistes ouïghours et les critiques de la Chine.
Pour lutter contre la désinformation, les plateformes devraient élargir leurs équipes chargées de la confiance et de la sécurité, s'associer à des organismes de vérification des faits et donner accès à des contenus d'organes de presse crédibles. Malheureusement, certaines plateformes, comme Meta et X, font exactement le contraire.
Pour évaluer dans quelle mesure les plateformes luttent contre la désinformation, le Canada devrait créer un code de pratique sur la désinformation calquée sur le code européen ainsi qu'un référentiel de transparence qui obligerait les grandes plateformes à rendre compte régulièrement de leurs activités en matière de confiance et de sécurité au Canada.
Pour renforcer encore la transparence et la surveillance, le Canada devrait rendre obligatoire l'accès aux données pour les chercheurs et les journalistes, un accès essentiel pour détecter de manière indépendante les tendances néfastes. Dans l'Union européenne, cet accès est prévu par la nouvelle Loi sur les services numériques.
Actuellement, TikTok n'accorde pas aux chercheurs canadiens l'accès à ses données, mais elle le fait pour ceux qui résident aux États-Unis et dans l'Union européenne. Malheureusement, TikTok n'est pas seule dans ce cas. Récemment, X a fermé son accès gratuit aux données pour les chercheurs.
En résumé, s'il est important de reconnaître l'impact de l'ingérence étrangère sur les médias sociaux, l'interdiction d'une seule application peut se révéler inefficace. Elle pourrait aussi miner la confiance dans le gouvernement, légitimer la censure et créer un environnement propice à la mésinformation.
Une approche plus nuancée devrait prendre en compte les différentes formes d'information et élaborer des stratégies pour les traiter directement, que ce soit sur TikTok ou d'autres plateformes. Il pourrait s'agir d'adopter plus largement le principe de protection des renseignements personnels dès la conception et par défaut, d'élargir les équipes chargées de la confiance et de la sécurité au Canada et d'obliger les plateformes à fournir leurs données aux chercheurs et aux journalistes en vue d'une plus grande transparence et d'un audit indépendant.
Je vous remercie de votre attention.
:
Je vous remercie. Je déteste vous interrompre, mais notre temps est compté.
Il est intéressant que vous souleviez ce point. Comme plusieurs autres comités, nous nous sommes penchés sur l'ingérence étrangère dans les élections. L'utilisation des médias sociaux en a été un élément clé. Il est certain que si vous avez d'autres observations, je vous invite à nous les faire parvenir.
Je tiens à aborder une zone d'ombre. Des représentants de TikTok ont comparu devant nous et ils ont dit: « Oh, la protection des renseignements personnels, c'est fantastique ». Ils n'ont besoin de rien d'autre que de renseignements de base, et leurs paramètres sont configurés pour les enfants. Je paraphrase, évidemment, mais très peu de gens lisent l'intégralité des conditions d'utilisation. Très peu d'utilisateurs comprennent quels renseignements sont explicitement fournis. Je dirais même qu'ils sont encore moins nombreux à comprendre l'impact des renseignements qu'ils fournissent, qu'il s'agisse de photos de la façade de leur maison ou d'eux-mêmes en vacances.
Je me demande si vous pourriez nous donner des orientations, dans la minute qu'il vous reste, sur la manière d'équilibrer la liberté d'expression, les progrès réalisés dans la sphère sociale et la garantie de la protection des renseignements personnels et de la sécurité des Canadiens.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Gruzd, d'être venu. Nous sommes vraiment reconnaissants du temps que vous nous accordez.
Je vais d'abord poursuivre sur la lancée de M. Kurek.
Dans le contexte de la guerre israélo-palestinienne, nous avons vu des Canadiens, surtout des jeunes, être pris pour cible pour avoir publié leurs opinions en ligne, au point où cela se répercute sur leur emploi et leurs études. Il existe une sorte de culture de groupement en ligne, peu importe le côté qu'ils défendent, et un ciblage en ligne des personnes qui expriment leur point de vue.
Pensez-vous qu'il incombe aux entreprises de médias sociaux d'assurer la protection et de maintenir la liberté d'expression, surtout pour les jeunes en ligne?
:
Je prends une pause parce que cela va de pair avec le type de contenu produit par des influenceurs que les gens consomment sur ces plateformes et qui servirait de déclencheurs ou de catalyseurs à certaines expressions.
Une des préoccupations que nous avons observées au fil des ans en menant des enquêtes auprès des Canadiens est que nous sommes de plus en plus nombreux à nous tourner vers les médias sociaux pour nous renseigner sur des conflits comme la guerre en Ukraine ou la guerre en Palestine.
Que se passe‑t‑il s'il n'y a aucun organe de presse crédible pour fournir ce contenu? Les réactions que l'on voit assez souvent sur les plateformes de médias sociaux sont motivées par le contenu produit par l'influenceur qui fournit l'information.
Lorsque nous avons interrogé des utilisateurs de TikTok au Canada, la moitié d'entre eux ont déclaré qu'ils utilisaient la plateforme pour se renseigner sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine. C'est inquiétant, car lorsque vous allez sur cette plateforme et que vous cherchez des sources d'information dignes de confiance, les plus populaires sont CTV, Global News et CBC, selon l'indice de confiance numérique. Elles ont 150 000 ou 160 000 abonnés. Elles ne peuvent pas rivaliser avec le contenu produit par des influenceurs.
La liberté d'expression est importante, mais il est tout aussi important de veiller à ce que lorsque nos concitoyens, les Canadiens, participent à ces plateformes, ils aient accès à des renseignements crédibles lorsqu'ils y réagissent en ligne.
:
Ma remarque sur le fait de ne pas faire peser toute la responsabilité sur les utilisateurs a plusieurs sources. Tout d'abord, même si les utilisateurs savent modifier les paramètres de confidentialité, de nombreuses plateformes auront accès à leurs messages privés. Les utilisateurs se sentent protégés, mais ils ne le sont pas vraiment.
L'éducation est importante, mais il ne s'agit pas forcément de former chaque utilisateur. Il est difficile de modifier les comportements individuels, mais les plateformes peuvent intégrer des outils qui permettent aux utilisateurs de se protéger de façon plus efficace et efficiente.
Voici quelques exemples simples. Dans de nombreux navigateurs, un bouton apparaît lorsque vous passez la souris sur une image. Ce bouton vous permet de chercher des images connexes. C'est un outil simple sur lequel je suis heureux de former les utilisateurs, mais il est déjà incorporé dans la plateforme.
Nous n'avons pas parlé de l'IA générative, mais c'est la prochaine étape de cette évolution. Comment nous assurer que les outils que les différents utilisateurs peuvent utiliser pour détecter ce qui est réel et ce qui est authentique...? Cela ne fait pas partie de ces plateformes. Cela pourrait se faire au moyen d'une certification numérique ou autrement, mais ces outils devraient être incorporés dans les plateformes.
L'autre point bref concernant l'éducation est qu'il est beaucoup plus efficace d'institutionnaliser la formation.
Je vais vous donner un autre exemple. Lorsque je me préparais à participer à cette réunion, il y avait un test de Zoom et les instructions me disaient de passer en mode incognito dans ce navigateur. Fournir des instructions fait partie du processus, cela fait partie de l'institution. C'est beaucoup plus systématique et efficace.
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Tous les deux ans, le Social Media Lab publie un rapport intitulé « The State of Social Media in Canada », dans lequel nous demandons aux Canadiens quelles plateformes ils utilisent. Il est certain que la plupart des neuf plateformes les plus utilisées sont nord-américaines et américaines, mais TikTok est la plateforme qui connaît la plus forte croissance. Environ un tiers des Canadiens l'utilisent.
Telegram est une autre plateforme qui n'a pas encore atteint un taux d'adoption de 10 % au Canada. Elle est adoptée assez largement dans le monde entier. En fait, en ce qui concerne le taux d'évaluation du service dont j'ai parlé, il est intéressant de constater qu'elle obtient un B, ce qui est assez élevé par rapport à E pour toutes les autres plateformes. Bien qu'elle protège les renseignements personnels ou qu'elle se soucie de ses utilisateurs, elle est remplie de discours de propagande du Kremlin, donc vous choisissez votre poison, malheureusement.
Je tiendrais certainement à l'œil Telegram et beaucoup d'autres applications de messagerie.
On m'a posé une question tout à l'heure sur WeChat et d'autres applications. Il est vraiment difficile de les étudier. Tout ce que votre comité peut faire pour aider à obliger les plateformes à fournir des renseignements sur elles-mêmes et leurs groupes publics, d'où provient ou d'où se propage la plus grande partie de ce genre de discours, ce serait très utile à l'avenir.
Je crois que dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé de l'efficacité ou de la justification de cibler une seule plateforme. Je pense que vous venez de régler une partie de la question en répondant aux observations de M. Villemure en disant qu'il faut les voir comme des outils. Je vous ai entendu dire à plusieurs reprises que la propagande du Kremlin est présente.
Je tiens à être clair. Dans toutes les régions — est, ouest, nord, sud — n'êtes-vous pas d'accord pour dire que tous les pays, y compris ceux d'Europe occidentale, utilisent la propagande, qu'il s'agisse d'acteurs étatiques ou d'intérêts privés, et qu'ils utilisent ces plateformes à des fins malveillantes?
:
La question est un peu vaste, mais je vais essayer de la situer dans son contexte.
Lorsque nous parlons explicitement d'outils d'IA générative, mon inquiétude du point de vue de la confidentialité des données serait que des Canadiens se rendent sur des sites Web comme ChatGPT. Ils étiquettent leurs renseignements privés et personnels dans la fenêtre sans se rendre compte qu'ils consentent à ce que ces données soient utilisées pour l'entraînement futur de l'application. Ils ne savent pas si ce contenu sera imprimé ou recraché dans le flux d'une autre personne. Je pense qu'il y a lieu de s'en inquiéter.
L'autre inquiétude, bien sûr, concerne les plateformes de médias sociaux qui s'appuient sur des outils d'IA pour détecter les contenus préjudiciables, simplement en raison de l'ampleur du problème. Au début de l'année, j'ai consulté certains tableaux du rapport de transparence de Meta, montrant qu'on supprimait automatiquement environ 65 % des contenus classés comme du harcèlement et de l'intimidation. Il reste un pourcentage important, environ 35 %, que les utilisateurs ont dû signaler pour que les plateformes agissent. De ce point de vue, il est important de signaler certains contenus problématiques que les modérateurs ou les vérificateurs de contenu humains ne seront pas en mesure d'examiner.
Lorsque nous nous penchons sur l'IA, je pense que nous devons différencier le type d'utilisation dont nous parlons.
:
Certains outils de la législation sur la protection des renseignements personnels que vous envisagez pourraient être efficaces pour permettre aux Canadiens de demander que leurs données soient retirées de certains de ces services. Cette mesure pourrait être très efficace.
Les autres aspects que j'ai évoqués, dans ma déclaration préliminaire... Il s'agit de créer un référentiel et un code de conduite pour ces renseignements, en particulier. À l'heure actuelle, on le fait déjà et ça fonctionne. Les principales plateformes en ligne dans l'Union européenne — définies comme des plateformes comptant plus de 45 millions d'utilisateurs — rendent compte, généralement tous les six mois environ, de leurs activités et de ce qu'elles ont fait pour mettre fin à l'ingérence étrangère, pays par pays. Nous ne disposons d'aucune statistique à ce sujet au Canada.
En ce qui concerne votre question sur l'IA, lorsque les plateformes prennent des mesures à l'égard d'un contenu créé par l'IA, j'aimerais savoir quelle part de ce contenu... Quelle en était la finalité?
Je pense que cela orientera nos prochaines mesures.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Gruzd, c'est un plaisir de vous voir.
Les intervenants ont tous posé d'excellentes questions.
Je vais aborder la prochaine série de questions sous deux angles.
Premièrement, que peuvent faire les Canadiens moyens pour se protéger de la désinformation et de la mésinformation? Et d'un.
Cependant, vous avez aussi évoqué, à plusieurs reprises, ce que des communautés font par rapport aux conditions d'utilisation — une initiative. J'aimerais que vous nous fournissiez plus de détails à ce sujet, ainsi que sur le code d'éthique de l'Union européenne.
Y a‑t‑il trois mesures que le gouvernement du Canada peut prendre pour convaincre TikTok et d'autres plateformes de médias sociaux de s'asseoir à la table afin de réduire la mésinformation et la désinformation d'un point de vue économique, à l'échelle nationale et internationale? Je pense que le député Green l'a souligné. Il l'a fait très habilement à plusieurs reprises.
C'est la série de questions que j'ai à poser, et je pourrai les préciser au fil de votre réponse.
:
Nous avons l'éducation individuelle et les mesures que chaque Canadien peut prendre. Il faut savoir de quel groupe d'âge nous parlons. J'ai entendu plus tôt que votre comité s'intéresse surtout à la population mineure, un groupe très important et vulnérable. Cependant, nous oublions parfois les personnes âgées et d'autres groupes d'âge.
Franchement, l'éducation devrait être continuelle, mais nous ne pouvons pas préparer les gens à toutes les éventualités. C'est pourquoi j'ai mentionné plus tôt que les plateformes devraient être tenues d'incorporer des outils qui peuvent signaler les problèmes potentiels. Nous en avons eu un excellent exemple lors de la pandémie de la COVID, lorsque les plateformes se sont mobilisées et ont fait des interventions utiles, même des choses simples, comme l'ajout d'un lien vers Santé Canada lorsque quelqu'un parlait de la COVID, ou le signalement qu'une partie du contenu de l'article peut ne pas refléter fidèlement les connaissances scientifiques. Ces interventions sont effectivement utiles pour réduire la propagation de la mésinformation et de la désinformation. Malheureusement, ces derniers temps, nous constatons que ces initiatives ont été complètement abandonnées. Les enseignements tirés de ces initiatives ne sont pas applicables à d'autres domaines.
Si nous parlons explicitement des jeunes adultes ou des adolescents, nous ne pouvons pas nous contenter de penser au traditionnel... Nous pouvons enseigner ces compétences. Il faut aussi envisager des interventions intéressantes, comme des jeux qui montrent essentiellement... Mettez-les en situation de gérer une opération d'information. Plusieurs études intéressantes montrent l'efficacité de ces campagnes. Les participants doivent s'obliger à mener une telle campagne, et dans une telle situation, ils deviennent plus conscients de tout ce qui peut leur arriver dans leurs interactions de la vie réelle.
Pouvez-vous répéter les autres éléments de la question?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de votre témoignage. Je le trouve très utile.
Nous avons une occasion exceptionnelle. L'ancienne présidente du Conseil du Trésor fait partie de notre comité. Nous savons que la décision d'interdire TikTok a été prise par la dirigeante principale de l'information, qui comparaîtra devant nous. Dans des témoignages précédents, des représentants du SCRS et du Centre de la sécurité des télécommunications nous ont dit qu'ils conseillaient le dirigeant principal de l'information, ou DPI. Ils n'ont pas voulu entrer dans les détails de leurs conseils, mais ils donnent des conseils et, au bout du compte, il a été décidé, le 27 février dernier je crois, d'interdire l'utilisation de cette application sur les appareils gouvernementaux.
Monsieur, je vous donne l'occasion de répondre à la question suivante, compte tenu de votre compétence en la matière: si vous deviez conseiller la DPI à propos de cette interdiction proposée de TikTok, quels conseils lui donneriez-vous, et quels autres domaines ou sujets auriez-vous pu couvrir?
:
Nous reprenons nos travaux. Encore une fois, bienvenue à tous.
J'aimerais maintenant accueillir nos témoins pour la deuxième partie de notre réunion.
Tout d'abord, de la Gendarmerie royale du Canada, nous accueillons le sous-commissaire Bryan Larkin, responsable des Services de police spécialisés. Bienvenue, monsieur le sous-commissaire.
Nous accueillons aussi Brigitte Gauvin, la commissaire adjointe par intérim de la Police fédérale, à la Sécurité nationale.
Nous accueillons aussi, du Secrétariat du Conseil du Trésor, Catherine Luelo, sous-ministre et dirigeante principale de l'information.
Monsieur Larkin, je comprends que vous avez une déclaration liminaire.
Madame Luelo, je veux simplement confirmer que vous n'avez pas de déclaration liminaire. Est‑ce exact?
[Français]
Bonjour, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour, monsieur le président et honorables membres du Comité.
Je m'appelle Bryan Larkin. Je suis le sous-commissaire aux Services de police spécialisés. Je suis accompagné de la commissaire adjointe, Brigitte Gauvin.
D'abord, j'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de discuter de la question. Au nombre de ses mandats, la GRC accorde la plus haute priorité à l'exploitation des données personnelles des Canadiens par des protagonistes de l'étranger et à la perpétration de crimes dans l'espace numérique.
L'ingérence étrangère touche tous les aspects de notre vie: des fondements de notre démocratie et de notre prospérité économique aux infrastructures essentielles à notre bien-être, sans oublier les valeurs et les droits fondamentaux qui nous définissent en tant que société. Cette ingérence est une menace à plusieurs niveaux. En effet, des acteurs étrangers cherchent à atteindre leurs objectifs de multiples façons, notamment par le harcèlement et l'intimidation de personnes et de communautés, avec le soutien d'un État, et ce, partout au Canada.
Ne vous y trompez pas: des gouvernements étrangers tirent parti de données recueillies sur les plateformes de médias sociaux populaires pour établir le profil de certaines personnes et mener des campagnes de mésinformation et de désinformation au Canada. Une des activités qui constituent une menace consiste à utiliser des données en ligne pour identifier et réprimer les dissidents politiques qui cherchent refuge au Canada.
Des acteurs de l'ingérence étrangère établissent également d'infâmes liens avec des organisations criminelles pour faciliter la perpétration d'activités illicites comme la fraude en ligne, le cyberespionnage, l'exploitation des enfants et le vol de propriété intellectuelle, et en tirer profit.
En gardant à l'esprit ces considérations, nous parlerons brièvement aujourd'hui du rôle de la GRC dans la protection du Canada et des Canadiens contre l'ingérence étrangère dans le cyberespace.
En tant que service de police national du Canada, la GRC a pour mandat d'enquêter sur les activités criminelles liées aux crimes graves, à la criminalité organisée et à la sécurité nationale, ce qui comprend les cas d'ingérence étrangère en ligne. Par l'entremise de son Centre national de coordination contre la cybercriminalité, la GRC collabore avec tous les organismes d'application de la loi et d'autres partenaires, y compris le Centre antifraude du Canada, en vue de réduire la menace posée par la cybercriminalité au Canada, ses répercussions et le nombre de victimes.
En 2022, parmi plus de 30 000 signalements de fraudes et d'escroqueries liées à la cybercriminalité, 35 % avaient un lien avec les plateformes de médias sociaux. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les services de police dans tout le pays, qui sont souvent les premières entités d'application de la loi à être informées des activités cybercriminelles soutenues par un État, qui ciblent des Canadiens.
Si la GRC enquête sur les cybermenaces et ses acteurs, les Canadiens doivent reconnaître eux aussi les dangers ainsi que les conséquences d'une activité en ligne. Plus particulièrement, il est essentiel que nous comprenions tous que tout ce que nous transmettons en ligne est recueilli et stocké sur des serveurs, souvent situés à l'extérieur de nos frontières nationales, où les droits relatifs à la protection des renseignements personnels pourraient ne pas avoir la même signification qu'ici. En fait, nous laissons une empreinte numérique partout dans le pays.
Dans certains pays, les lois sur la sécurité nationale obligent les entreprises de médias sociaux à transmettre les données personnelles recueillies auprès d'utilisateurs étrangers aux gouvernements locaux. Ces données sont ensuite utilisées pour harceler, contraindre ou menacer des voix dissidentes, des dirigeants politiques et nos communautés diversifiées à l'étranger, ou pour faciliter la cybercriminalité.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables. Ils sont vulnérables à la cybercriminalité, car ils ont tendance à faire confiance à l'environnement numérique sans en comprendre pleinement les risques qui sont associés aux plateformes numériques. Leur utilisation intensive des plateformes de médias sociaux, conjuguée à leur tendance à donner trop de renseignements personnels, en font des cibles particulièrement attrayantes pour les cybercriminels.
Nos Services nationaux à la jeunesse communiquent avec les jeunes et les sensibilisent à la question de la sécurité en ligne, en collaboration avec des policiers éducateurs et divers organismes. De plus, la GRC s'engage et continue à travailler avec nos communautés diverses et les nouveaux arrivants pour leur fournir des renseignements, y compris des conseils de sécurité sur la façon de reconnaître les appels frauduleux et les tactiques d'hameçonnage.
Le Centre national de coordination contre la cybercriminalité et le Centre antifraude collaborent aussi à la campagne « Pensez cybersécurité » lancée par le gouvernement du Canada pour sensibiliser le public. Cette initiative vise à informer tous les Canadiens, y compris les jeunes, au sujet des cybermenaces et des mesures de prévention.
La GRC produit également des bulletins opérationnels et des outils de signalement de crimes à l'intention des agents de police de première ligne, des partenaires stratégiques et du public dans le but d'accroître le nombre de signalements de crimes à l'échelle fédérale et de mobiliser les diverses communautés culturelles.
La protection du Canada et la sécurité de ses citoyens et de ses résidents sont primordiales pour la GRC, et il sera important que toutes sphères de la société travaillent ensemble pour se protéger contre l'ingérence étrangère dans cet environnement.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci beaucoup. J'ai l'intention de ne prendre que quelques minutes. Je veux laisser le temps aux membres du Comité de poser toutes les questions qu'ils pourraient avoir sur ce sujet important.
Je vous remercie de m'accueillir virtuellement aujourd'hui.
Je pense que le sous-commissaire a très bien décrit un certain nombre de choses. Je prendrai juste une minute pour situer mon rôle.
En tant que dirigeante principale de l'information du Canada, j'ai la responsabilité de veiller à ce que nous ayons des règles et des lignes directrices explicites concernant l'utilisation des appareils du gouvernement du Canada. C'est dans cette optique que j'ai pris la décision concernant TikTok.
Lorsque nous prenons des décisions sur ce qui constitue une utilisation acceptable des appareils du gouvernement, nous tenons compte de toute une série d'éléments, notamment la protection de la vie privée, l'usage acceptable dans un environnement professionnel et le coût. Tous ces éléments entrent en ligne de compte pour décider ce que nous autorisons sur les appareils.
En dernière observation, je vous conseille de continuer à resserrer notre environnement en ce qui concerne l'utilisation des appareils du gouvernement du Canada. Nous avons un environnement assez ouvert, dans lequel environ 90 % des appareils du gouvernement du Canada autorisent le téléchargement de tout ce que l'utilisateur souhaite.
Nous avons cloisonné l'usage sur les appareils, une portion réservée à l'usage professionnel et une autre à l'usage personnel, sur un seul appareil. À ma connaissance, ce n'est pas chose habituelle dans le secteur privé, et c'est pourquoi je vous conseille à nouveau — et c'est la direction dans laquelle je fais évoluer l'organisation —, de resserrer davantage cet environnement au point que les appareils du gouvernement sont utilisés uniquement pour les affaires du gouvernement. Ce faisant, nous aurons un effet d'entraînement qui, je pense, permettra de mieux protéger la confidentialité des renseignements.
Je répondrai avec plaisir à vos questions, et vous rends la parole pour que vous disposiez d'autant de temps que possible.
Je vous remercie de votre attention.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le président, vous savez que j'ai beaucoup de respect pour vous. Je pense que vous faites du bon travail dans ce fauteuil. Je vais vous faire part de ce qui me préoccupe dans ce qui se passe actuellement.
Ce qui me préoccupe, c'est qu'en tant que personne qui a souvent recours à la procédure... je sais que mon ami M. Brock saura reconnaître cela, car nous avons passé beaucoup de temps ensemble au sein du comité DEDC. Ce qui me préoccupe, c'est que lorsqu'il y a de l'obstruction — et il y en a —, vous savez que je réfléchis souvent à l'aspect pertinence. Si ce que nous faisons maintenant crée un précédent qui permet de débattre de n'importe quel sujet à n'importe quel moment, cela nuira à mes interventions futures sur la pertinence en circonstances d'obstruction.
Je sais que M. Brock a un profond respect et une grande considération pour les règles de procédure, et je demanderais que nous revenions à l'étude en cours, afin que dans les débats futurs, lorsque j'invoquerai la pertinence, vous ne repensiez pas à aujourd'hui et ne disiez pas que tout et n'importe quoi sont de bonne guerre.
:
J'en ai l'intention. Merci, monsieur le président.
Le président: Vous avez la parole pour 1 minute et 40 secondes. Allez‑y.
M. Larry Brock: Encore une fois, monsieur Larkin, j'espère pouvoir poser cette question.
Mes médias sociaux sont en pleine effervescence avec des préoccupations concernant ce domaine particulier.
Des députés: Oh, oh!
M. Larry Brock: Je peux mentionner les médias sociaux un millier de fois pour satisfaire mes collègues libéraux, mais selon les médias sociaux, voici ce que les Canadiens veulent savoir: la GRC est-elle imperméable à l'idée que le ne peut être accusé d'une infraction criminelle...
Je sais que le sujet est délicat, mais je vous ai demandé une réponse précise, et je n'en obtiens pas.
Si la GRC avait des motifs raisonnables et probables de croire que notre , avait été impliqué dans une infraction criminelle qui atteint votre seuil juridique — des motifs raisonnables et probables —, et que vous avez consulté les autorités juridiques appropriées — le ministère de la Justice, les procureurs de la Couronne provinciaux et territoriaux —, si celles‑ci vous ont indiqué que les faits et les preuves étaient là et que votre seuil juridique était atteint, pouvez-vous dire aux Canadiens si, dans cette hypothèse, vous pourriez porter une accusation d'infraction criminelle contre le ? Oui ou non, monsieur.
:
Merci, monsieur le président.
Je pense que vous savez maintenant pourquoi il est très important de faire une étude sur la mésinformation et la désinformation, tant nationales qu'étrangères.
Une grande inquiétude pour moi... Je suis père d'un enfant de 15 ans et d'un autre de 12 ans. Il s'agit donc d'un risque générationnel pour lequel nous tentons d'apaiser certaines des inquiétudes que nous avons tous.
Ma question s'adresse au sous-commissaire.
Je m'adresserai d'abord à vous, s'il vous plaît. Compte tenu de l'abondance des renseignements que les gens reçoivent, quels sont les défis communs auxquels sont confrontées les forces de l'ordre dans la lutte contre la cybercriminalité sur les plateformes de médias sociaux?
:
Je pense que l'un des défis est l'amplification dans les médias sociaux des objets d'enquêtes criminelles. D'une manière générale, dans la majorité des enquêtes que nous menons actuellement, qu'il s'agisse d'un délit mineur, d'un délit contre les biens, d'un délit violent ou d'exploitation, il y a une forme d'entité numérique liée à l'enquête.
Pour nous, en tant que service de police national, et pour nos partenaires et nos services de police compétents, notre capacité a changé par rapport à ce qui était une enquête fondamentale menée dans un quartier, dans une cour d'école ou ailleurs.
Ce que nous voyons, en particulier dans ce cas, ce sont des acteurs étrangers qui utilisent et amplifient les médias sociaux pour cibler des citoyens canadiens ou des citoyens étrangers qui vivent dans notre pays. Cela représente un défi de taille. Nous ne surveillons pas les médias sociaux. Nous les utilisons évidemment comme outil ou capacité d'enquête, mais si vous regardez toutes les plateformes de médias sociaux, vous pourrez constater que l'amplification des enquêtes criminelles dans les médias sociaux a un impact sur tout ce que nous faisons, tous les jours.
:
Pour être clair, nous ne surveillons pas activement les médias sociaux; toutefois, nous les utilisons dans le cadre de nos enquêtes pour des renseignements venant de sources ouvertes. Nous utilisons des logiciels qui affinent nos recherches dans le cadre de nos enquêtes criminelles ou de notre travail.
Par l'intermédiaire de notre Centre national de coordination contre la cybercriminalité, nous entretenons des relations suivies avec toutes les plateformes de médias sociaux. Nous avons mis en place des protocoles, notamment en ce qui concerne l'exploitation des enfants et les préjudices causés aux jeunes. Ce sont toutes des choses que nous faisons.
Évidemment, nous travaillons à l'interne avec le gouvernement du Canada sur la sécurité en ligne et les projets de loi à venir, et autre chose du genre. Cependant, encore une fois, la nature même de ce travail est que nous travaillons avec d'autres services policiers. Des renseignements nous sont communiqués. Nous les utilisons évidemment pour faire avancer les enquêtes. Nous suivons l'aspect de l'accès légitime, les ordonnances de production ou les mandats de perquisition pour obtenir des renseignements supplémentaires des plateformes de médias sociaux. Nous avons des ententes permanentes avec leurs services de sécurité pour recevoir et récupérer ces renseignements.
Chaque élément de média social que nous repérons et suivons ou utilisons dans le cadre de nos enquêtes constitue une preuve. Cela a également augmenté la demande au sein de notre organisation. La demande en matière de maintien de l'ordre est assez importante.
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Il y a quelque chose qui m'a un peu agacé. Je vais vous en faire part.
Je travaillais aux comptes publics et aux opérations gouvernementales, et l'une de mes premières études était un audit de l'état actuel de la technologie. Je me souviens d'avoir posé la question suivante: est‑ce que nous fonctionnons encore en DOS? La technologie est-elle si vieille que cela? Dans certains cas, la réponse était oui, elle était aussi vieille même que cela.
Bien sûr, à l'époque, nous avions un gouvernement libéral qui affirmait qu'il allait inaugurer une nouvelle ère d'ouverture et de transparence. Il y avait un ministère de la gouvernance numérique, et puis, sans tambour ni trompette, il a tout simplement disparu en 2019.
Le regrettez-vous? Pensez-vous que si nous avions conservé ce mandat et cette approche pangouvernementale — pour utiliser le jargon libéral —, il y aurait peut-être eu une avancée, une intervention fiscale ou un investissement de la part de ce gouvernement pour arriver là où vous vouliez aller?
Mme Khalid a proposé une motion. Tous les membres du Comité devraient l'avoir reçue. La motion est liée à l'étude en cours, et elle est donc recevable.
Avant de passer au débat — et je vois que vous levez la main, monsieur Kurek —, je vais vous libérer, madame Gauvin et monsieur Larkin. Je tiens à vous remercier d'avoir comparu aujourd'hui et de nous avoir fourni de précieux renseignements.
Madame Luelo, vous pouvez également partir.
Ce n'est pas aussi facile pour moi. Vous devez cliquer sur « annuler » ou « quitter la réunion », mais je vous remercie tous de nous avoir consacré du temps aujourd'hui. Merci.
J'espère que les députés ont eu l'occasion de lire le texte de la motion. Je tiens à préciser que l'objectif de cette motion est que nous terminions cette étude. Nous avons commencé l'étude en octobre. Nous sommes maintenant en décembre. Nous n'avons pas vraiment respecté l'esprit de la motion adoptée au départ.
Je tiens à préciser que le point (c) ne signifie pas que l'étude se poursuivra indéfiniment. S'il faut deux ou trois réunions pour entendre les témoins que nous recevrons et rédiger un rapport efficace, c'est ce que je veux que nous fassions, monsieur le président. Je veux vraiment que cette étude progresse le plus tôt possible, afin que nous puissions préparer et déposer un rapport à la Chambre et trouver des solutions concrètes aux enjeux très importants dont nous discutons.
Encore une fois, je répète que cela ne signifie pas que je veux que cette étude se poursuive indéfiniment.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je trouve cela intéressant. La lecture de cette motion montre une obstruction systématique sous un autre nom... Je n'ai jamais vu — et je suis député depuis plusieurs années et j'ai passé pas mal de temps à notre comité, et à d'autres — de motion qui dit « autant de réunions que possible pour compléter les témoignages ».
Certes, je comprends que le gouvernement n'est pas à l'aise avec certains sujets examinés par le Comité, mais je crois que c'est une motion d'une grande portée qui dit essentiellement que le travail pourrait ne jamais se terminer. Je trouve que c'est inquiétant et que nous pouvons y voir un motif caché.
Je ne veux pas minimiser l'importance du sujet à l'étude, mais je pense, monsieur le président, que nous avons déjà dit que nous ne pouvons pas marcher et mâcher de la gomme en même temps.
Si vous me le permettez... je ne veux pas céder mon temps de parole, monsieur le président, mais je sais que le Comité a consacré du temps à l'élaboration d'un plan de travail. Je crois comprendre que les deux prochaines réunions seront consacrées à cette question, alors pour ce qui est de l'information recueillie par le Comité, je crois que ce serait pertinent... et j'aurai ensuite d'autres commentaires, alors je vais certainement poursuivre là‑dessus.
Toutefois, monsieur le président, j'aimerais que vous demandiez à la greffière ou aux analystes de nous communiquer les détails du plan de travail, en particulier pour ce qui est des deux prochaines réunions, et j'aurai ensuite quelques autres commentaires.
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Je vous remercie de votre question, monsieur Kurek. Vous aurez encore la parole lorsque nous reviendrons.
Nous avons des témoins le 29. Nous avons travaillé pour avoir des témoins le 4 décembre. En fait, l'avis de convocation est prêt à communiquer. Il y aurait M. Caraway, qui, malheureusement, a éprouvé des problèmes techniques; Mme Emily Laidlaw, professeure agrégée et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de la cybersécurité de l'Université de Calgary; M. Matt Malone devrait comparaître; et nous recevrons deux représentants de The Dais: M. Sam Andrey, directeur général et M. Joe Masoodi, analyste principal des politiques.
Je vais demander à la greffière de vous parler précisément de la réunion du 4 décembre.
Avons-nous des témoins pour le 4 décembre, madame la greffière, ou attendons-nous encore des réponses?
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Merci, monsieur le président.
Il est très révélateur, à mon avis — et le Comité étudie l'importante question des médias sociaux et de leurs répercussions sur le Canada et les jeunes Canadiens — que l'adoption de la motion dans sa forme actuelle, monsieur le président, aurait pour effet de passer outre au plan de travail dans lequel il est prévu que le commissaire de la GRC se présente pour témoigner au sujet de SNC-Lavalin. Je pense qu'il est évident qu'il y a un motif caché.
De plus, je tiens à souligner que les témoins à recevoir sont des gens de Meta-Facebook. Il y a un vice-président de Google et un directeur général de Twitter Canada. Cependant, le directeur général de TikTok serait aussi invité. Par souci de cohérence, il serait également très raisonnable d'inviter les membres de la haute direction de ces organisations à participer à cette discussion.
Cela mis à part, monsieur le président, je propose un amendement à la motion de Mme Khalid. Il s'agirait simplement de supprimer le point (c) de la motion.
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Monsieur le président, que nous consacrions le plus grand nombre de réunions possible pour compléter les témoignages... L'expression « autant de réunions que possible » est, je suppose, limitée uniquement par les ressources de la Chambre. Cela ne signifie pas autant de réunions que nécessaire.
Je ne pense pas que nous réunir simplement pour avoir des réunions nous permettra d'accomplir le travail que nous devons faire. De plus, il sera important de nous assurer d'avoir suffisamment de matière pour nous occuper pendant « autant de réunions que possible ».
Si nous envoyons une assignation à des gens qui ont déjà refusé... Notre comité s'est déjà retrouvé dans cette situation, et avec le même résultat, en convoquant des représentants de sociétés qui n'ont pas de siège social au Canada. Nous l'avons vu avec le PDG de Meta. Je suppose que dans le cas du PDG de TikTok, si la société mère n'est pas au Canada, nous recevrons une réponse semblable.
Il est important de ne pas avoir un nombre illimité de réunions. Nous avons déjà des réunions planifiées, et nous avons...
Je suis désolé, monsieur le président...
Une voix: [Inaudible]
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Je vais mettre la question aux voix.
M. Michael Barrett: Pouvons-nous avoir un vote par appel nominal, s'il vous plaît?
Le président: Nous allons procéder un vote par appel nominal sur l'amendement.
Nous devons agir très rapidement, madame la greffière. Allez‑y.
(L'amendement est rejeté par 7 voix contre 3. [Voir le Procès-verbal])
Le président: L'amendement a été rejeté.
Je ne peux pas faire cela. Je ne peux pas accepter d'autres... Nous avons différents comités ici ce soir. Il y le comité des Finances et l'OGGO qui s'en occupent. La greffière me dit que je ne peux pas...
Nous en sommes à la motion principale. Je ne peux pas le faire, alors je vais devoir...