:
Bonjour à tous. La séance est ouverte.
[Français]
Bienvenue à la 47e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d’aujourd’hui se déroule sous forme hybride, conformément à l’ordre de la Chambre adopté le jeudi 23 juin 2022. Par conséquent, les membres peuvent participer en personne ou à distance avec l’application Zoom.
En cas de difficulté technique, avertissez‑moi immédiatement. Notez qu’il se peut que la réunion doive être interrompue pendant quelques minutes, afin que nous puissions nous assurer que tous les députés ont la capacité de participer pleinement aux délibérations.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 16 mai 2022, le Comité reprend son étude du système d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels.
[Traduction]
Conformément à la motion de régie interne du Comité relative aux tests de connexion des témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui. À titre personnel, nous accueillons M. Michael Wernick, titulaire de la chaire Jarislowsky sur la gestion dans le secteur public de l'Université d'Ottawa. Du Glacier Media Group, nous recevons M. Kirk LaPointe, vice-président, Éditorial, éditeur et rédacteur en chef, Business in Vancouver.
[Français]
Je souhaite la bienvenue à M. Simard, du Bloc québécois, ainsi qu'à M. Julian, du NPD.
[Traduction]
Monsieur Wernick, vous avez cinq minutes. La parole est à vous. Vous serez suivi par M. LaPointe.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le Comité de m'avoir invité à témoigner.
Je désire saluer M. LaPointe. Je suis très honoré de participer à cette réunion en compagnie d'un journaliste aussi distingué.
[Traduction]
Je ne vais pas vous faire ma biographie. Je suis sûr que la greffière pourra vous la fournir, et vous pouvez tous me trouver sur LinkedIn ou Wikipédia. J'ai quitté le gouvernement il y a plus de trois ans, mais mon intérêt pour la gestion dans le secteur public se poursuit dans mon rôle à l'Université d'Ottawa.
Je précise d'emblée que je n'ai mentionné ma comparution et mon témoignage d'aujourd'hui à personne au sein du gouvernement. Je n'ai pas lu les autres mémoires présentés au Comité ni la transcription des autres comparutions. Je ne sais donc pas quels autres conseils vous avez reçus ou devrez examiner.
J'ai été haut dirigeant au sein du gouvernement fédéral pendant 28 ans, et j'ai occupé le poste de sous-ministre pendant 17 ans. Pendant environ la moitié de cette période, j'ai travaillé pour des gouvernements libéraux et pendant l'autre moitié, pour des gouvernements conservateurs. Je peux offrir au Comité une certaine expérience et un certain point de vue sur la façon dont l'accès à l'information influe sur le travail de la fonction publique fédérale et sur son fonctionnement en pratique. Je peux également formuler quelques suggestions sur la façon dont il pourrait être amélioré.
Mon opinion sur l'AIPRP est déjà consignée. Elle est exposée en détail dans une vidéo d'une heure diffusée sur YouTube par Liberté de la presse Canada. En septembre 2021, j'ai eu le plaisir de participer à un débat sur l'accès à l'information parrainé par cette organisation. Les députés l'ont peut-être loupé, car ils étaient en campagne pour les élections qui ont eu lieu deux semaines plus tard.
Par souci de brièveté, j'ai envoyé une déclaration écrite à la greffière jeudi dernier, qui, je l'espère, vous a été distribuée. Je ne vais pas la lire en entier aujourd'hui. Voici le résumé des principaux points dont j'aimerais vous faire part aujourd'hui.
Premièrement, le régime fondé sur les demandes de l'AIPRP créé dans les années 1980 n'est pas suffisant. Pour les années 2020 et 2030, la loi devrait être élargie et devenir une loi sur la transparence. Le commissaire devrait désormais être un commissaire à la transparence et se voir confier un vaste mandat consistant à examiner les pratiques liées à la transparence dans l'ensemble du secteur public fédéral, y compris dans la fonction publique, toutes les sociétés d'État, le Parlement même et les tribunaux, et à formuler des recommandations à cet égard.
Deuxièmement, rien n'empêche un gouvernement, aujourd'hui ou à l'avenir, de restreindre ou d'annuler les pratiques liées à la transparence établies au cours des 10 ou 15 dernières années, ou de prévoir des exceptions à ces pratiques. Pour rendre les choses plus douloureuses, la loi devrait être élargie dès maintenant, avant les prochaines élections, afin d'y inclure une solide obligation légale de divulgation routinière, régulière et proactive d'une longue liste de catégories d'information, qui sont énoncées dans mon mémoire, de sorte qu'il ne puisse y avoir de retour en arrière après octobre 2025.
Troisièmement, l'ensemble du régime d'accès devrait s'appliquer à tous les membres du personnel financé par les contribuables et aux cabinets des ministres, y compris à celui du premier ministre, afin de placer l'ensemble du personnel politique et des fonctionnaires sur un pied d'égalité.
Quatrièmement, un modèle d'accès à l'information fondé sur les demandes et, de fait, la protection de la vie privée, ne peuvent pas bien fonctionner si les gouvernements ne prennent pas enfin au sérieux le stockage, la gestion et l'extraction des documents, et n'investissent pas dans ces activités. Aucun gouvernement ne le fait, et l'état de la gestion des documents au sein du gouvernement fédéral est désastreux. Pour commencer le long et difficile travail nécessaire pour remédier à ce désordre, la loi devra être élargie de manière à inclure la production de rapports et les mécanismes de rétroaction qui obligent le gouvernement au pouvoir à prêter attention à la population canadienne et à ce comité, et à leur faire part des progrès réalisés.
Cinquièmement, l'obligation de documenter fait partie des idées qui semblent bonnes si on les formule sans trop réfléchir, mais qui ne fonctionneraient pas dans la pratique. Ce concept pourrait avoir des conséquences néfastes et imprévues.
En tant qu'ancien secrétaire du Cabinet et greffier du Conseil privé qui a été responsable, pendant trois ans, du processus et des documents du Cabinet, j'ai hâte de parler des questions relatives aux documents confidentiels du Cabinet et aux délibérations du Cabinet et de ses comités. J'ai exposé mon point de vue sur le gouvernement de cabinet de façon assez détaillée dans mon livre, Governing Canada, publié en 2021. Ces questions ont été soulevées lors du débat organisé par Liberté de la presse en septembre dernier.
La version courte de mon message est la suivante: il ne serait pas dans l'intérêt public de faire en sorte qu'il soit plus difficile pour le Cabinet de délibérer et de prendre des décisions.
Cette mise en garde faite, je me ferai maintenant un plaisir de répondre aux questions du Comité.
[Français]
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux que Michael Wernick soit parmi nous aujourd'hui.
Merci beaucoup de me donner aujourd'hui l'occasion de discuter avec vous de la réforme de l'accès à l'information. Je m'appelle Kirk LaPointe. Je suis éditeur et rédacteur en chef de Business in Vancouver, le journal d'affaires de la Colombie-Britannique, et vice-président de la rédaction de Glacier Media, le principal organe de presse de l'Ouest canadien. J'enseigne également l'éthique et le leadership à titre de professeur auxiliaire dans le cadre du programme de journalisme de l'Université de la Colombie-Britannique. Mon rôle consiste en partie à enseigner le droit de la liberté de l'information, ce qui fait évidemment aussi partie de mes fonctions de rédacteur.
Ma familiarité avec l'AIPRP remonte aux rôles que j'ai joués dans les années 1980 et 1990 à Ottawa, en tant que directeur du bureau de la Presse canadienne et animateur sur CBC News Network, alors appelé CBC Newsworld. J'ai préconisé une forte utilisation de l'AIPRP dans le cadre des opérations de presse que j'ai dirigées au sein de la Presse Canadienne, puis de Southam News, du Hamilton Spectator, de CTV News et du Vancouver Sun, et maintenant de Glacier Media. J'ai personnellement déposé plus de 3 000 demandes, et les salles de presse que j'ai dirigées en ont déposé plus de 15 000.
Je considère l'AIPRP non pas comme une occasion de jeter le scandale sur le gouvernement au pouvoir, mais comme un instrument important permettant au public que nous servons de comprendre notre histoire, le processus décisionnel des personnes qui nous servent, ainsi que les complexités, les enjeux et les dilemmes inhérents à l'administration publique. Le travail que j'ai effectué a permis de faire la lumière sur toutes sortes de sujets, allant des discussions du Cabinet sur la Loi sur les mesures de guerre aux évaluations de l'optimisation des ressources dans toute une série de programmes ministériels, en passant par les dépenses liées à l'exploitation de nos résidences officielles, et bien plus encore.
J'avais pour objectif de servir ce que je considérais subjectivement comme l'intérêt public, et mon instrument était une loi que j'estimais pouvoir éclairer le fonctionnement du gouvernement. Jusqu'au projet de loi , cette conviction a connu plusieurs revers. Les réformes récentes de la loi ont permis de retrouver une partie de l'esprit original de la loi tel que l'avait envisagé Ged Baldwin, le député conservateur que j'ai connu lors de mes débuts dans la capitale nationale, mais nous avons encore un très long chemin à parcourir pour concrétiser sa vision.
Trop souvent dans son histoire, les utilisateurs de cette loi ont eu l'impression qu'on leur faisait une faveur lorsqu'ils exerçaient leur droit de savoir. Les retards et les refus ont fini par éroder leur crédulité. Trop de fonctionnaires ont estimé que leur rôle consistait à protéger la bureaucratie et les maîtres politiques. La technologie permet désormais d'effacer et de recréer l'empreinte de l'histoire. Les investissements considérables effectués par les gouvernements successifs dans le vaste appareil de leurs propres communications, sous la forme d'une presse vaniteuse et suffisante, ont largement compensé tout investissement dans l'AIPRP.
Au cours de la dernière décennie, mon point de vue a été étayé par ma participation aux élections municipales ici, à Vancouver. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que j'ai acquis une meilleure compréhension de la perspective des politiciens et de l'environnement public et médiatique qui, à l'ère des médias sociaux, engendre à juste titre une attitude défensive et prudente, un manque de franchise et une absence de reconnaissance des erreurs de jugement ou des décisions qui ont mal tourné. Je pense pouvoir parler en connaissance de cause de votre situation, des conditions que vous endurez et de l'influence qu'elles peuvent avoir sur ce que vous souhaitez partager avec le public. Je peux comprendre la peur qui règne dans tout environnement de divulgation importante, car cette divulgation exige d'admettre des erreurs. Bien sûr, tout le monde fait des erreurs. C'est pourquoi il y a des gommes sur les crayons. Même le pape a renoncé à revendiquer l'infaillibilité.
J'espère que vous comprendrez également pourquoi j'appelle à l'établissement d'une vision plus large. La culture défensive de la communication est en effet l'une des principales causes de la suspicion et du cynisme qui règnent au sein de nos systèmes politiques, et qui peuvent engendrer les contenus les plus vulgaires sur les médias sociaux, ainsi que des taux de participation électorale et de participation aux partis politiques affreusement bas. Lorsqu'on ne leur donne pas accès à la pathologie critique des politiques publiques, au processus décisionnel, les médias doivent travailler avec des renseignements très limités, ce qui affaiblit notre métier et notre image. Quelques réformes pourraient résoudre ces deux problèmes.
Mes recommandations modérées de réformes visant à améliorer la loi découlent de plusieurs des obstacles de base auxquels j'ai été confronté.
Tout d'abord, nous devons investir dans les ressources, afin de limiter les délais de réponse aux demandes. Si le gouvernement veut réellement faire preuve d'ouverture, il doit communiquer au public la somme qu'il investit dans sa propre publicité et ses communications promotionnelles, puis établir un lien entre ces dépenses et celles consacrées à l'amélioration de l'accès à l'information.
La proactivité est un ingrédient important, mais le projet de loi ne permet de réaliser que des progrès mineurs. Toute réforme devrait exiger la divulgation proactive de toute une gamme de renseignements au sein du gouvernement, y compris les vérifications ministérielles effectuées à l'interne 30 jours après leur achèvement, quand la peinture est encore fraîche, afin de déterminer pratiquement en temps réel si les programmes offrent réellement un bon rapport qualité-prix.
Le deuxième domaine proactif comprendrait la publication simultanée des documents — études, correspondance, recherches, plaidoyers — qui ont préparé les ministères et leurs ministres à l'annonce de politiques ou à l'introduction de lois, à l'exception, bien sûr, des documents confidentiels du Conseil privé. Tous les contrats de service passés par le gouvernement devraient être assujettis à cette loi.
Il est temps d'établir la période d'interdiction d'accès aux dossiers du Conseil privé de la Reine à 15 ans au maximum, au lieu de 20 ans, comme c'est le cas dans ma propre province, la Colombie-Britannique, ou même à 10 ans. Le plus long règne politique que j'ai connu — celui de Lester Pearson et Pierre Trudeau — a à peine duré 15 ans. La divulgation des procès-verbaux et des dossiers depuis la date la plus ancienne toucherait rarement un gouvernement en exercice, mais la pertinence de l'information diminue avec le temps.
Ma dernière recommandation, dans le cadre de cet examen, serait que le Comité dénonce les abus de la lettre et de l'esprit de la loi dans l'ensemble de la fonction publique: l'utilisation de courriels personnels ou d'applications cryptées pour les communications du gouvernement, le recours à des séances d'information de vive voix au lieu de rapports écrits, et la protection par droit d'auteur des travaux réalisés par les fournisseurs pour éviter la divulgation, entre autres. La réforme de cette loi ne peut pas s'étendre à ces aspects, mais la recommandation d'une révision de la loi sur la fonction publique pourrait limiter ces problèmes chroniques.
Merci beaucoup pour votre temps. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
:
Merci, monsieur LaPointe.
Je suis heureux que M. Wernick ait pu vous accorder une minute supplémentaire pour vous permettre de formuler cette dernière recommandation. Cela a bien fonctionné pour le Comité.
Voici ce que je propose.
Nous avons deux témoins qualifiés. Je ne m'attends pas à ce que nous soyons interrompus aujourd'hui. Je propose un premier tour de six minutes chacun, un deuxième tour de cinq minutes chacun, puis, éventuellement, un troisième tour de deux fois cinq minutes et deux fois deux minutes et demie. Si tout le monde est d'accord, nous allons continuer. Il ne sera peut-être pas nécessaire de procéder à ce dernier tour, mais voilà ce que je propose aujourd'hui.
Sur ce, nous allons d'abord donner la parole à M. Kurek, pour six minutes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de s'être déplacés pour comparaître devant ce comité. Je vous remercie de nous faire part de votre expertise et de votre expérience.
Comme toujours, je vous encourage — et je sais que M. Wernick et M. Lapointe ont mentionné qu'ils avaient envoyé un mémoire — à ne pas hésiter à soumettre des précisions à ce comité, afin que nous puissions rédiger le rapport le plus complet possible à la conclusion de cette étude. Je vous en remercie d'avance.
Je voudrais vous poser une question à tous les deux. Je l'ai posée à tous les témoins au début de chaque tour. Elle est simple. Un régime efficace d'accès à l'information est‑il essentiel à une démocratie moderne?
Je commence par vous, monsieur Wernick.
Votre microphone est en sourdine.
:
Merci, monsieur le président.
Par votre intermédiaire, j'aimerais adresser mes questions à Kirk LaPointe, qui était mon supérieur et, je crois, le rédacteur en chef du Hamilton Spectator lorsque j'y ai travaillé, de 1999 à 2001.
Je peux attester du fait que vous êtes depuis longtemps un partisan du système de l'AIPRP ou de la Loi sur l'accès à l'information. J'ai dit à plusieurs reprises à ce comité qu'à l'époque, nous avions un mandat. Nous devions déposer un certain nombre de demandes en vertu de la Loi sur l'accès à l'information par semaine ou par mois, et je pense que c'était votre décision.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur les raisons pour lesquelles le volume des demandes en vertu de la Loi sur l'accès à l'information est si important pour un journaliste qui souhaite accéder à l'information de cette manière?
:
Merci beaucoup. Je suis également heureux de voir que l'un de nous deux a progressé dans sa carrière.
Je pense que cette importance est due au fait qu'une grande partie de l'information est aujourd'hui mise en scène pour nous. Le journalisme s'inspire dans une large mesure de ce qui nous est présenté. Nous devons également réagir à un certain nombre de situations, qu'il s'agisse d'une tragédie ou d'un événement quelconque. Nous devons alors simplement être présents pour en faire la chronique.
Je ne pense pas qu'il y ait suffisamment de place dans la sphère publique pour les documents obtenus de la propre initiative du journaliste. Je pense que l'accès à l'information — la liberté d'information, comme on l'appelle dans ma province — est une occasion pour les journalistes d'imaginer ce que le public veut savoir et d'aller chercher ces renseignements sans nécessairement se contenter de ce que les gouvernements nous fournissent.
Ce processus permet également de faire la lumière sur le fossé qui existe parfois entre ce qui est dit au public et ce qui se passe réellement.
Enfin, je pense qu'il sert aussi en quelque sorte d'instrument permettant au public de participer au travail journalistique et d'exiger certaines choses de notre part, c'est-à-dire d'aller chercher les renseignements qu'il souhaite obtenir. Sans ce mécanisme, je ne pense pas que nous puissions même nous faire une idée approximative des activités du gouvernement.
En l'absence d'un système d'AIPRP très efficace, nous nous retrouvons avec un système qui est largement déployé, orchestré et chorégraphié par les gouvernements en place. Je ne pense pas qu'il s'agisse là du service dont le public a besoin.
Le système a beaucoup changé depuis cette époque. Depuis le projet de loi , nous avons éliminé tous les frais, à l'exception des frais de demande de cinq dollars, et il existe un système de divulgation proactive pour les cabinets des ministres, les ports et les autres institutions du gouvernement.
À l'époque où je travaillais pour le Hamilton Spectator, nous recevions un résumé de ce que coûterait la réponse à nos demandes. Ces frais s'élevaient parfois à des centaines de milliers de dollars, et nous abandonnions.
Pensez-vous qu'avec les changements apportés par ce gouvernement, ce dernier soit devenu plus ouvert et transparent à certains égards? Pouvez-vous nous parler des changements apportés depuis cette époque?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur LaPointe, dans votre présentation, vous avez indiqué que l'action du gouvernement pouvait parfois inciter les gens à douter, voire à être cyniques en matière de participation politique puisqu'ils n'ont pas nécessairement les informations pertinentes pour réfléchir et se faire une idée.
Je ne sais pas si vous l'avez vu, mais il y a aujourd'hui dans Le Devoir un article d'Émilie Bergeron. La journaliste y relate que, suite à une demande d'accès à l'information, elle a lu dans un document du Conseil du Trésor que la question de l'accès à l'information n'est pas une priorité. Un document du Conseil du Trésor énonce donc clairement que, pour les fonctionnaires, l'accès à l'information n'est pas une priorité.
Selon votre expérience et celle de M. Wernick, est-ce que cet état de fait est généralisé au gouvernement fédéral? Est-ce que cette idée que l'accès à l'information n'est pas une priorité est répandue dans l'ensemble des ministères?
:
J'aimerais renforcer certains des messages de mon document.
[Traduction]
Les documents ne sont pas seulement requis en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Il existe une infrastructure de gestion, de stockage et de récupération des documents qui permet de répondre aux demandes présentées en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, notamment les enquêtes préalables, les procédures judiciaires, les enquêtes publiques, les questions parlementaires écrites, les questions et les demandes des comités de la Chambre et du Sénat, et les examens de plus d'une douzaine d'agents et de mandataires du Parlement. De nombreuses personnes participent à la gestion, au stockage et à la récupération des documents et des dossiers au sein du gouvernement du Canada. C'est toute une entreprise.
Je dirais que si vous souhaitez imposer des délais et des pénalités, vous prendrez des mesures qui seront inutiles, à moins que les gouvernements futurs n'investissent beaucoup plus d'argent dans la gestion des dossiers et des documents et n'y accordent plus d'attention.
:
D'accord, je vous ai bien compris.
Outre le besoin d'avoir davantage de ressources, une question me vient constamment à l'esprit.
Je pense à ce qui est arrivé au courant de l'été. Je ne sais pas si vous avez suivi l'affaire du glyphosate, dans le cadre de laquelle le groupe Vigilance OGM, en réponse à une demande d'accès à l'information faite il y a plus d'un an, a reçu 200 pages vierges, complètement caviardées.
Cela me porte à me demander qui, en vertu de la loi actuelle, est responsable. Il existe un principe prépondérant en politique, celui de la responsabilité: les gens sont responsables des gestes qu'ils posent.
Du point de vue de l'information, comment peut-on garder le contrôle sur les décideurs? Est-ce que les décisions ne sont prises que par des fonctionnaires? Est-ce que les ministres ne devraient pas, en dernière instance, être tenus responsables de l'information qui est diffusée ou du refus de la diffuser?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs Wernick et LaPointe: vous nous avez livré des témoignages très utiles dans le cadre du travail que ce comité est en train d'effectuer.
[Traduction]
Je vais commencer par vous interroger, monsieur LaPointe.
Il y a quelques années, vous avez accordé une entrevue à la revue Courrier dans laquelle vous parliez de la loi allemande sur la transparence, qui crée, comme vous le savez, cette obligation légale de divulguer des informations et fait peser sur ceux qui ne veulent pas qu'un document soit publié la charge d'argumenter contre sa publication, au lieu de faire peser sur ceux qui veulent qu'un document soit publié la charge d'argumenter au sujet des raisons pour lesquelles il devrait être publié.
Comment cette approche aurait-elle une incidence sur l'accès à l'information à l'échelle nationale? Est‑ce le genre d'approche qui, selon vous, devrait être mise en œuvre à l'échelle fédérale?
:
Oh, je ne sais pas. Je pense que 15 aspects se disputent la première place à ce sujet.
Je ne sais pas s'il y en a nécessairement un qui constitue un obstacle. Avant, c'était le coût. Maintenant, je pense que ce serait les délais, parce que la loi semble servir d'outil un peu plus efficace pour l'histoire que pour le journalisme. Je pense que, dans certains cas, même la divulgation de toutes les demandes par les différents ministères constitue un peu un obstacle, car elle permet à d'autres chercheurs et à d'autres journalistes de voir ce qui a été demandé. Par conséquent, dans le cas d'un grand nombre de travaux d'enquête, les entreprises de presse tenteront de trouver d'autres moyens d'obtenir cette information, cet accès à l'information, afin de ne pas, essentiellement, alerter la concurrence à propos de ce qui se passe.
C'est un petit prix à payer si la plus grande récompense consiste à obtenir un service plus rapide à cet égard, mais je dirais que les délais sont maintenant le plus grand problème pour nous.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents aujourd'hui. Pour nous, c'est vraiment très important.
Dans le cadre des activités du gouvernement, il se prend sans doute des décisions pratiquement tous les jours. Quand des Canadiens ou des journalistes veulent obtenir des informations supplémentaires sur certaines décisions ou certains agissements, ils recourent à la Loi sur l'accès à l'information. Malheureusement, les réponses obtenues sont trop souvent caviardées ou ne disent pas grand-chose.
Selon vous, abuse-t-on du caviardage pour cacher des informations qu'il n'est peut-être pas si grave de connaître, au fond?
De notre côté, nous pouvons faire notre travail. S'il y a des abus quelque part, nous pouvons inviter les gens à comparaître pour qu'ils s'expliquent. Il arrive d'ailleurs souvent que nous donnions raison aux gens qui viennent expliquer pourquoi ils ont pris certaines décisions. Cependant, le fait de cacher tant d'informations nous amène à plus ou moins comprendre pourquoi il y a tout ce désenchantement face à la fonction publique.
Chacun à votre tour, pourriez-vous dire s'il y a abus à cacher tant d'informations?
Monsieur Wernick, commençons par vous.
:
Je pense que les personnes de bonne foi dans les ministères essaient de se conformer aux demandes, puis de trier les différentes exemptions et les raisons pour lesquelles il y aurait un besoin de confidentialité ou de non-communication de l'information. Il pourrait s'agir d'un avis juridique, de preuves présentées dans le cadre d'une plainte pour harcèlement, de preuves fournies par des survivants des pensionnats au cours d'une audience d'arbitrage, de déclarations de revenus et d'affaires... Il existe toutes sortes de raisons de ne pas communiquer l'information.
Je suis d'accord avec M. LaPointe pour dire que le fardeau de la loi pourrait être inversé de manière à divulguer l'information à moins que sa non-communication soit justifiée, mais cela voudrait dire qu'il faudrait préciser les définitions de la sécurité nationale, des documents confidentiels du Cabinet, entre autres choses, mais je crois que le régime pourrait être inversé.
Je tiens à souligner que les journalistes ne sont pas les seuls utilisateurs de la loi, bien qu'ils soient, bien sûr, d'importants utilisateurs. En fin de compte, elle a été conçue pour les citoyens, les électeurs et les contribuables, mais elle est grandement utilisée par les courtiers et les revendeurs. Elle est utilisée par des avocats qui poursuivent le gouvernement, par des lobbyistes et des groupes d'intérêts spéciaux qui tentent de bloquer une initiative gouvernementale, une mesure législative ou une réglementation déséquilibrée. La loi est aussi fréquemment utilisée par des entreprises qui tentent d'obtenir des informations sur leurs concurrents, et par des gouvernements étrangers.
Nous ne pouvons pas être complètement naïfs quant aux objectifs des demandes d'accès à l'information et à la nécessité de procéder à un examen minutieux à une étape ou à l'autre du processus, mais je suis d'accord pour dire que le fardeau de divulgation pourrait être inversé.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais suivre l'exemple de mon collègue précédent.
Messieurs Wernick et LaPointe, vous avez tous deux mentionné que les journalistes ne sont pas les seuls à présenter des demandes d'accès à l'information, mais qu'il peut aussi s'agir d'historiens, de chercheurs et de personnes qui étudient des affaires juridiques. Les Canadiens se posent beaucoup de questions non seulement au sujet des enjeux actuels, mais aussi au sujet des enjeux historiques, lorsqu'ils présentent des demandes d'accès à l'information.
En août de cette année, l'organisation B'nai Brith a fait une déclaration selon laquelle elle avait présenté des demandes d'accès à l'information concernant des criminels de guerre nazis qui étaient peut-être entrés au Canada et dont les noms avaient été examinés dans le cadre du rapport Deschênes commandé en 1985. Elle a présenté une demande d'accès à l'information pour tous ces noms et les renseignements généraux de ce rapport. Leur demande a été refusée et jugée déraisonnable parce qu'il aurait fallu environ 1 285 jours, soit plus de trois ans et demi, pour répondre à la documentation de leur demande. Nous avons donc ici une situation liée à des dossiers historiques qui se trouvent dans des archives.
Je pose la question à M. Wernick ou M. LaPointe, quelle que soit la personne qui souhaite commencer à y répondre. Avez-vous des suggestions à nous faire en ce qui concerne la façon de gérer les questions et les demandes de ce type, qui présentent un intérêt historique pour les communautés ou qui peuvent avoir des conséquences juridiques?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Wernick, je suis désolé que nous n'ayons pas pu consulter les documents que vous nous avez soumis. Nous allons les recevoir demain, comme l'a dit le président du Comité.
Si les informations que je vais vous demander se trouvent déjà dans vos documents, veuillez me le faire savoir.
[Traduction]
Je voulais vous poser une question à ce sujet. Puisque vous avez indiqué être d'accord avec M. LaPointe concernant la création d'un bureau d'aide et l'idée d'inverser le fardeau, dans quelle mesure pensez-vous qu'inverser le fardeau de divulgation contribuerait à améliorer le processus lié à l'AIPRP?
J'aimerais également vous poser la question que j'ai posée à M. LaPointe. De quels modèles dans le monde le Canada devrait‑il s'inspirer? Vous avez mentionné que l'état de la gestion des documents est, et je reprends le mot que vous avez utilisé — je l'ai encerclé en jaune —, « désastreux ». J'ai bien aimé vos observations à ce sujet. Est‑ce que cela fait partie du problème, c'est‑à‑dire que par rapport à d'autres pays, nous ne faisons pas un bon travail de gestion des documents?
:
Je n'ai pas de comparaisons internationales à portée de main. À vrai dire, je pense que probablement aucun gouvernement ne fait un excellent travail sur le plan de la gestion des documents. Les politiciens n'ont tout simplement pas envie d'investir dans ce domaine. C'est considéré comme des frais généraux, comme de la bureaucratie. On accorde beaucoup plus de priorité à autre chose dans les périodes de croissance et les examens des dépenses.
Chaque fois qu'un examen des dépenses a lieu — et j'ai vu de nombreux budgets de fonctionnement être réduits —, la priorité est donnée aux services aux citoyens. Les services internes, tels que les finances, l'audit et la gestion des documents, font l'objet de coupes, car ils ne sont pas considérés comme des investissements dans l'amélioration des services, mais plutôt comme des frais généraux. Je pense que c'est une grosse erreur et j'espère qu'elle sera évitée au prochain examen des dépenses, qui arrive inévitablement, tout comme l'hiver.
Je tiens toutefois à souligner qu'il y a des secteurs du gouvernement fédéral dans lesquels les provinces ne jouent pas un grand rôle qui nécessite un examen attentif sur le plan de la sécurité nationale. La plupart des provinces ne prennent pas souvent part à des négociations internationales. Elles ne participent pas aux conférences internationales. Elles ne prennent pas position au sein d'organismes internationaux. Le gouvernement fédéral doit vraiment en tenir compte. Il y a des secteurs fédéraux qui sont immensément intéressants pour les gouvernements étrangers et leurs agents et je pense donc qu'un certain contrôle, pour qu'il soit moins facile pour les Chinois, les Russes ou les Iraniens de s'ingérer dans les affaires du Canada, devra être pris en considération dans la rédaction de ces dispositions. Je pense toutefois qu'il y a beaucoup de place pour la divulgation courante proactive.
Il y a longtemps, on espérait — et je me souviens des discussions qui ont eu lieu — que la divulgation proactive des possibilités d'approvisionnement — contrats, subventions, contributions, déplacements, accueil, études de recherche, vérifications et évaluations — finirait par faire diminuer le nombre de demandes d'accès. Cela ne s'est jamais produit, parce que les gens interviennent en amont, dans les processus délibératifs du gouvernement, et ils veulent savoir des choses avant que les décisions ne soient prises.
Je vous demande de vous rappeler que toutes les demandes ne s'équivalent pas. Certaines sont très ciblées, on sait de quelle information il s'agit et il est relativement facile de décider si elle doit être diffusée ou non ou protégée. Or, il y a aussi des demandes qui proviennent notamment des courtiers et des revendeurs qui font un peu penser aux chaluts qui parcourent le fond marin en ramassant tout ce qui y vit. Quand j'étais sous-ministre, je recevais habituellement une demande tous les mois dans laquelle on voulait obtenir chaque note que j'avais envoyée au ministre ce mois‑là. On voit souvent ce genre de demandes d'accès à chaque communication qui a eu lieu entre une personne A et une personne B au cours des cinq années précédentes, y compris tous les messages texte et tous les courriels. Il faut alors remonter dans le temps, et le traitement de ces demandes requiert beaucoup de travail. Puis, il y a ces demandes sur tout ce qui peut être trouvé, et les revendeurs et les courtiers approchent alors les gens et leur disent « voici une information qui serait intéressante pour vous ».
C'est très informatif et je vous en remercie.
Ma question s'adresse aux deux témoins, mais je vais commencer par M. Wernick.
En ce qui concerne le caviardage des documents, j'ai reçu des réponses à des demandes d'accès à l'information dans lesquelles 40 pages ont été caviardées, et il y a des références à la loi. Ensuite, il y a 48 pages, qui dans certains cas peuvent inclure un document entier qui n'est pas accessible.
Ma question est assez générale. Comment pouvons-nous nous assurer que le caviardage est fait correctement et non pour éviter de devoir rendre des comptes lorsqu'il s'agit du droit du public à l'information?
J'aimerais que vous commenciez, monsieur Wernick, puis je me tournerai vers M. LaPointe.
:
Qu'il s'agisse d'un modèle fondé sur les demandes dans lequel quelque chose est divulgué, ou d'un modèle où quelque chose est divulgué à moins qu'il y ait une raison de ne pas le faire, le caviardage est le processus qui consiste à séparer ce qui peut être divulgué de ce qui ne peut pas l'être. Cela nécessite l'exercice du jugement et l'interprétation de la loi et des pratiques.
La première chose devrait être la clarté et les définitions, avec des termes très précis et clairs, ce qui pourrait être mis à jour à partir de la version des années 1980 pour suivre la pratique actuelle. Ensuite, je pense qu'il faut donner au commissaire ou à la commissaire un rôle sur le plan de la contestation et de la surveillance, et la capacité de signaler ce qu'il ou elle considère comme des suppressions inappropriées.
En fin de compte, on peut s'adresser à la Cour fédérale, et les tribunaux auront le dernier mot sur de nombreuses questions. Je crois que la Cour fédérale devrait avoir le dernier mot sur toute question lorsqu'il s'agit de déterminer s'il s'agit de renseignements confidentiels du Cabinet.
Comme vous le verrez dans le mémoire, je pense que la définition de document confidentiel du Cabinet est beaucoup trop vaste à l'heure actuelle.
J'aimerais vous entendre à ce sujet, monsieur LaPointe, mais je vais d'abord poursuivre avec M. Wernick au sujet des besoins à combler sur le plan des ressources en ce qui concerne la commissaire à l'information.
Un certain nombre de témoins ont dit que c'est bien beau d'avoir le pouvoir de rendre des ordonnances, mais si l'on n'a pas assez de ressources pour s'assurer qu'il s'agit d'un processus valable, ou si les membres du bureau de la commissaire à l'accès à l'information n'ont pas les ressources qu'il faut pour assurer un véritable suivi, c'est un problème.
Avez-vous de brèves observations à faire à ce sujet?
Je passerai ensuite à M. LaPointe.
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Je vous remercie, monsieur.
C'est ce qui termine la deuxième série de questions. Nous entamons maintenant la troisième série de questions. Comme je l'ai déjà mentionné, les deux côtés auront chacun cinq minutes, puis deux minutes et demie, si cela vous convient.
[Français]
Je pense que ce sera le dernier tour de questions. On nous a donné beaucoup d'information.
[Traduction]
Puisque mon collègue, M. Kurek, n'a pas de questions, je prendrai la liberté de poser une question.
Monsieur Wernick, vous avez dit tout à l'heure que le système de gestion des documents est réparti dans 300 organismes. Vous avez parlé de la numérisation et de l'organisation de ces documents. Je peux certainement en parler dans le cadre de mon rôle de porte-parole en matière d'anciens combattants et je peux parler de la difficulté de transférer des documents du service actif au ministère des Anciens Combattants. Souvent, on nous dit que ces documents n'ont pas été numérisés et qu'il faut aller à Bibliothèque et Archives Canada pour récupérer l'information sur papier pour déterminer si une blessure, par exemple, est liée au service.
Vous avez également mentionné que c'était très coûteux et laborieux. Dans quelle mesure cela serait‑il coûteux et laborieux, et dans quelle mesure est‑ce nécessaire? J'aimerais avoir votre avis sur la question.
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Eh bien, je pense qu'il y a différents aspects du gouvernement. Il y a 300 ministères et organismes. Vous pouvez tous les voir sur le site InfoBase du GC, que vous avez tous ajouté à vos signets, je l'espère. Il s'agit d'une liste de toutes les entités fédérales, de leurs budgets, de leur personnel, de leurs activités et ainsi de suite, et c'est un outil de transparence important, soit dit en passant.
Dans certains domaines, comme les affaires autochtones et les anciens combattants, il est évidemment pertinent de remonter 30 ou 40 ans en arrière pour traiter des demandes de règlement, des litiges ou d'autres questions. Dans d'autres domaines, ce n'est toutefois pas le cas. Par exemple, si un brevet a été accordé, il a été accordé, etc.
Je pense que cela variera. Certains endroits génèrent d'énormes quantités de dossiers, comme l'Agence du revenu du Canada ou l'Agence des services frontaliers du Canada.
Vous souvenez-vous de ces cartes en papier bleu et blanc qu'on remplit avec une déclaration en douane lorsqu'on prend l'avion pour rentrer au Canada? Que pensez-vous qu'il soit advenu de ces cartes? Elles ont dû être envoyées quelque part pour être lues, triées et ainsi de suite. C'est donc un domaine très vaste.
Je pense certainement que le dirigeant principal de l'information du Conseil du Trésor devrait avoir des responsabilités beaucoup mieux définies en matière de gestion des documents et qu'il devrait produire un rapport annuel, que votre comité pourrait examiner. Je tiens à insister sur ce point. On peut imposer toutes les sanctions, tous les délais et toutes les obligations possibles, mais c'est inutile si l'on n'investit pas dans des systèmes de conservation, de récupération et de classification de documents et de dossiers, qui se présentent de plus en plus sous forme de courriels et de messages textes. Je n'ai pas encore travaillé pour un gouvernement qui investit sérieusement dans la gestion des documents.
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Je vous suggère de poser cette question à l'archiviste du Canada. En effet, les ministères conservent des documents dans des classeurs et des salles d'entreposage.
Je me souviens d'avoir examiné cela pendant l'exécution du plan de réduction du déficit du gouvernement Harper. De 15 à 20 % des biens immobiliers du gouvernement étaient utilisés pour entreposer des classeurs et des dossiers. On espérait que la numérisation de ces documents permettrait de libérer des biens immobiliers, mais il y a un coût lié à la main-d'œuvre nécessaire pour aller chercher et trier les documents, appliquer les exemptions et envoyer les documents en haut de la chaîne. Et plus haut dans la chaîne, il faut composer avec le temps limité des cadres supérieurs qui doivent approuver et signer la version finale, etc.
Le coût pour accomplir cette fonction est certainement élevé. Il est réparti parmi… Ce n'est pas un bureau de l’AIPRP. Un bureau de l’AIPRP coordonnera la demande et cherchera les personnes concernées, leur demandera de récupérer des documents et leur rappellera leurs obligations, mais cela aboutira — je ne sais pas — au bureau de Regina du ministère ou à une fonction d'exécution du ministère des Anciens Combattants, etc. La situation est incroyablement inégale en raison des budgets, des différentes histoires et des différentes capacités de gestion et de récupération des documents.
D'après ce que je comprends, un nombre plus en plus grand de choses sont créées, et on finit par dépasser la capacité de traitement de Bibliothèque et Archives Canada et du personnel qui travaille dans ce domaine.
Si vous souhaitez obtenir une estimation des coûts, je vous conseillerais de vous adresser à l'archiviste nationale.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais d'abord m'adresser à M. Wernick.
Vous avez fait des observations très intéressantes aujourd'hui. Je vous suis très reconnaissante d'avoir fait la distinction entre l'accent mis sur la transparence et l'accès à l'information qui découle d'une demande.
Vous avez également mentionné que les membres du personnel politique devraient être ouverts à l'accès à l'information, mais vous avez également dit que la confidentialité du Cabinet est nécessaire. Puis‑je vous demander de nous en dire davantage sur ce point?
Quel type de communication un membre du personnel politique pourrait‑il fournir, là où un fonctionnaire qui parlerait surtout de politiques ou de processus décisionnels ne suffirait pas, de sorte que nous devrions aller plus loin et faire en sorte qu'un membre du personnel politique soit également visé par une demande d'accès à l'information?
J'aimerais beaucoup connaître votre opinion à ce sujet.
J'aimerais maintenant m'adresser à M. LaPointe. J'aimerais comprendre cet enjeu un peu mieux avec les explications d'une personne qui a une vaste expérience des médias.
Compte tenu de l'évolution du rôle des médias et de la nature du journalisme de nos jours, avec les blogues et l'énorme quantité d'information accessible, est‑ce que l'accès à l'information entrave ou favorise l'exercice du véritable journalisme? Où se situent la subjectivité ou les plaintes vexatoires ou frivoles dans cette vaste catégorie?
Vous avez mentionné la subjectivité et l'interprétation des documents. Je suis certaine que vous avez parfois reçu des milliers de documents sur une question et que vous auriez pu donner à une histoire l'orientation que vous souhaitiez en vous fondant sur ce qui se trouvait ou non dans les documents que vous aviez reçus.
J'aimerais beaucoup que vous nous en disiez un peu plus à cet égard. Je vous prie de m'excuser pour cette question tendancieuse, mais je vous serais reconnaissante de tout ce que vous pourriez me dire à ce sujet.
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Oui, nous pourrions passer les quatre ou cinq prochaines heures ici.
Tout d'abord, l'objectivité réelle n'existe pas, n'est‑ce pas? C'est une sorte de mythe au sujet du journalisme. Cependant, il existe des méthodes objectives. Nous enseignons des méthodes objectives pour mener des recherches. L'une d'entre elles concerne les sources primaires, qui proviennent de documents et d'entretiens avec des personnes précises, et d'autres sont des sources secondaires qui demandent une interprétation.
En ce qui concerne la contribution de l'AIPRP au journalisme, comme je l'ai dit plus tôt, nous couvrons trop de choses et nous en divulguons trop peu. Je pense que nous nous nuisons aux yeux du public en diffusant autant de voix sur un même enjeu. Nous ne diversifions pas notre couverture. Nous ne considérons pas qu'il est nécessaire de communiquer aux gens, chaque jour, des choses qu'ils ne savaient pas, des choses qui ne leur ont pas été présentées ou racontées. Je pense que l'AIPRP peut jouer un rôle extrêmement utile à cet égard.
Toutefois, compte tenu des ressources dont disposent la plupart des salles de presse aujourd'hui, qui sont beaucoup plus petites qu'il y a 10 ou 20 ans, il est beaucoup plus coûteux de surmonter ces obstacles. Étant donné que les gouvernements ont incroyablement bien réussi, selon moi, à se doter d'un personnel composé de personnes spécialisées dans les communications qui sont en mesure de présenter l'image qu'ils souhaitent projeter et de minimiser les informations dont ils souhaitent réduire l'importance, ou même d'exclure les informations qu'ils ne veulent pas divulguer, nous sommes en train de perdre la bataille.
Je pense que le journalisme est en train de perdre la bataille contre les gouvernements ou toute institution qui souhaite fournir des informations. L'AIPRP est l'un de nos atouts potentiels dans cette bataille pour la divulgation. J'aimerais seulement qu'il existe un système de divulgation plus libre, un système qui soit plus facilement accessible et que nous soyons en mesure de fournir davantage au public, car le public est de plus en plus cynique et méfiant à l'égard des médias en raison des mauvaises informations qui sont diffusées, souvent sur le fondement de rumeurs et d'informations obtenues d'une tierce partie.
Ces types de documents et de dossiers sont en réalité beaucoup plus empiriques et beaucoup plus persuasifs dans leur élaboration, c'est‑à‑dire qu'ils aident à comprendre comment les décisions sont prises et comment les politiques sont élaborées. J'aimerais simplement que nous ayons davantage accès à ces informations, que cela soit plus facile et que l'on investisse davantage pour que cela se fasse en temps utile.
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Merci, monsieur Wernick.
Merci, monsieur Julian.
Avant que nous terminions aujourd'hui, la greffière m'a informé que le document que M. Wernick a envoyé a été traduit, et je crois qu'il a été transmis au Comité.
Je tiens à vous en remercier, monsieur Wernick.
Comme personne d'autre ne semble vouloir intervenir ou poser des questions, je tiens à remercier nos deux témoins d'aujourd'hui, M. Wernick et M. LaPointe, d'avoir fourni de précieux renseignements.
Je tiens à remercier les membres du Comité de leurs questions.
Nous allons conclure l'étude de cette question mercredi de cette semaine. Nous ne faisons que confirmer la présence de nos témoins, mais je tiens à remercier tous les membres du Comité et surtout nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Bonjour, messieurs, d'avoir comparu devant le Comité de l'accès à l'informaton, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.