La séance est ouverte. Bienvenue à la 98e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la question de privilège concernant la participation publique du Président à un congrès du Parti libéral de l'Ontario.
Je vous rappelle qu'il faut faire attention. S'il vous plaît, n'approchez pas vos écouteurs du microphone.
Toutes les observations seront adressées à la présidence. Le greffier et moi-même tiendrons une liste d'intervenants.
Nous accueillons aujourd'hui Eric Janse, greffier intérimaire de la Chambre des communes. À titre d'information, le Comité a le pouvoir de supprimer le mot « intérimaire » de son titre. Je vais être un peu partiale et vous dire que j'espère que nous le ferons.
Nous accueillons également Michel Bédard, légiste et conseiller parlementaire intérimaire, Bureau du légiste et conseiller parlementaire, et Jeffrey LeBlanc, sous-greffier intérimaire, Procédure.
Je crois comprendre qu'une personne va faire des remarques préliminaires, et vous aurez jusqu'à 10 minutes pour le faire. Le chronomètre démarre maintenant.
Bienvenue au Comité PROC.
Monsieur le greffier, vous avez la parole.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie, de même que les membres du Comité, de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui pour discuter de la question de privilège que vous étudiez présentement. J'espère que mon témoignage sera utile aux membres du Comité dans leurs délibérations portant sur la question de privilège qui lui a été renvoyée par la Chambre.
La contribution que je peux apporter aujourd'hui à l'étude du Comité comprend des observations générales sur le rôle du Comité. Je fournirai des informations qui pourraient lui être utiles dans son examen de la question.
[Traduction]
En adoptant son ordre de renvoi, la Chambre a déterminé que la question nécessitait un examen plus approfondi et que votre comité était la tribune la plus appropriée pour le faire. Habituellement, lorsqu'il examine une question de privilège, le Comité cherche d'abord à déterminer les faits entourant les événements en question. Il peut alors évaluer si, à son avis, ces événements constituent une atteinte aux privilèges des députés ou un outrage à la Chambre. Enfin, le cas échéant, il peut examiner les mesures correctives à proposer selon les circonstances.
En réalité, c'est ce que demande l'ordre adopté par la Chambre le 6 décembre. Il va sans dire que c'est la Chambre elle-même qui, au bout du compte, décidera s'il y a eu atteinte à ses privilèges et quelle mesure convient selon les circonstances.
Invariablement, en raison de la nature de notre système parlementaire et de notre système électoral, les Présidents doivent marcher sur la corde raide en équilibrant leurs fonctions de président, leur rôle de représentation des intérêts de leurs électeurs et le fait qu'ils sont toujours des députés élus sous la bannière d'un parti. Ce défi est peut-être encore plus grand à l'ère des médias sociaux.
[Français]
Le Règlement de la Chambre n'offre pas de cadre quant au concept d'impartialité de la présidence, ni quant aux autres rôles que pourrait jouer le Président à l'extérieur de la Chambre. Quant à lui, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre n'a vraisemblablement jamais été chargé d'étudier une question de privilège découlant de la conduite et des actions d'un Président de la Chambre.
[Traduction]
Un examen des précédents d'autres législatures canadiennes pourrait nous donner quelques pistes de réflexion.
J'aimerais soumettre à votre examen une étude de 2016 du comité permanent des règlements, des projets de loi d'intérêt privé et des privilèges de l'Assemblée législative de l'Île‑du‑Prince‑Édouard. Le Comité a fait une analyse comparative des activités partisanes des Présidents de diverses assemblées législatives au Canada.
[Français]
On remarque que certaines assemblées ont proposé, dans le passé, des mesures variées afin d'encadrer le principe d'impartialité de la présidence. Citons, par exemple, l'adoption de résolutions réaffirmant l'importance de l'impartialité de la présidence, la prohibition d'activités partisanes lors de certaines périodes, comme avant, pendant ou après une session, et l'établissement d'un code de conduite pour la présidence et les autres occupants du fauteuil.
[Traduction]
Pour ce qui est des mesures correctives à recommander concernant les actions du Président à l'étude, seuls les membres de ce comité et, en dernier ressort, la Chambre, peuvent en décider. C'est au Comité de recommander les mesures qu'il juge appropriées et de donner des indications à la Chambre sur la façon de répondre à cette question.
Je termine en vous remerciant encore une fois de m'avoir invité à comparaître devant vous. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
Je vais simplement demander que ce type d'échange — un intervenant à la fois — se poursuive tout au long de la réunion. J'aimerais ne pas avoir à vous interrompre. Je pense que c'était un excellent échange.
Monsieur Janse, je sais que vous n'êtes pas habituellement la personne qui parle ou qui reçoit l'attention, mais faites simplement en sorte de parler suffisamment fort pour que tout le monde dans la salle puisse vous entendre, y compris les interprètes, sans qu'ils aient à monter le son. Merci.
Nous avons Mme Romanado. Une personne à la fois par l'entremise de la présidence. Allez‑y.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
C'est vraiment un plaisir d'être ici tôt en ce lundi matin.
[Traduction]
Merci beaucoup, messieurs, de vous être joints à nous aujourd'hui. J'ai quelques questions.
Dans votre déclaration, monsieur Janse, vous avez mentionné l'étude de 2016 de l'Île‑du‑Prince‑Édouard, et le fait qu'un code de conduite a été établi pour les Présidents. Vous avez expliqué que lorsqu'un nouveau Président est élu, il reçoit des séances d'information, qu'elles soient écrites ou orales, et vous avez également souligné qu'elles pourraient peut-être être renforcées.
Pour remédier à la situation à l'avenir, nous cherchons également des moyens de faire en sorte que tout Président qui occupe le fauteuil soit pleinement informé et comprend clairement quelles sont les attentes, et ainsi de suite.
Vous serait‑il possible de remettre au Comité ce document concernant l'étude de l'Île‑du‑Prince‑Édouard?
:
Je pense que ce serait très utile. Merci.
Messieurs, j'aimerais mettre les choses en contexte. Beaucoup d'information a circulé à ce sujet. Nous avons hâte d'entendre le Président Fergus lui-même plus tard aujourd'hui.
Le Président n'a pas assisté à un événement partisan. Il a enregistré une vidéo, vêtu de ses habits de président, dans son bureau de fonction, ce qui est inapproprié. Le Président ne savait pas — et nous allons tirer cela au clair — que cette vidéo serait utilisée ou montrée lors d'un événement politique.
Beaucoup de gens sont venus me voir et m'ont dit que le Président avait assisté à un congrès, ce qui n'est pas le cas. Le Président a réalisé une vidéo. Était‑ce inapproprié? Oui. S'agissait‑il d'une mauvaise utilisation des ressources parlementaires? Probablement.
Nous y reviendrons plus en détail. Je veux mettre les choses en contexte, parce que nous avons, devant ce comité, une autre question de privilège que nous n'avons pas pu régler, à cause de tactiques dilatoires, qui impliquaient le privilège d'un député — des menaces à la famille d'un député découlant d'une ingérence étrangère.
Je veux m'assurer que les gens qui nous regardent comprennent que nous parlons d'une vidéo qui a probablement été réalisée en utilisant de façon inappropriée des ressources parlementaires. Nous essayons de comprendre ce qui s'est passé et d'empêcher que cela se reproduise. C'est le but de la réunion de ce matin.
Puis‑je vous demander votre opinion sur le fait qu'une telle procédure prendrait normalement la forme d'une motion de fond d'outrage par opposition à une question de privilège soulevée à la Chambre? Il y a deux autres cas où c'est la première option qui a été privilégiée, mais le vice-président en a décidé autrement.
Cela ne crée‑t‑il pas un nouveau précédent quant à la façon de gérer de telles situations?
:
Par votre entremise, madame la présidente, je remercie Mme Romanado de sa question.
Normalement, nous ne commentons pas les décisions rendues, pas plus que le Président — ou, dans ce cas‑ci, le vice-président. La décision est claire. Je pense que le libellé démontre clairement qu'il s'agit d'une circonstance plutôt exceptionnelle, et c'est ce qui a motivé le vice-président à rendre cette décision. Encore une fois, il n'y a pas beaucoup de précédents à cet égard.
Vous avez raison. Par le passé, des situations similaires ont fait l'objet d'une motion de fond. Encore une fois, si on relisait la décision... Je pense que certains éléments expliquent pourquoi le vice-président a rendu cette décision au bout du compte.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour, monsieur Janse.
Je vais parler plus lentement que d'habitude, pour que mes collègues qui ne parlent pas français m'entendent bien et pour faciliter le travail des interprètes.
J'ai entendu plus tôt les propos de ma collègue Mme Romanado, mais je dois dire que je ne partage pas son opinion. Notre travail d'aujourd'hui est dirigé par une motion qui a été adoptée à l'unanimité à la Chambre des communes. Si vous me le permettez, je vais lire un extrait de cette motion, qui dit qu'il y a eu « une grave erreur de jugement qui mine la confiance requise ». L'incident n'est pas un incident mineur. En fait, il a été jugé tellement grave que la motion a été adoptée à l'unanimité. L'ensemble des partis et des députés ont jugé que cela minait la confiance de la Chambre.
Ai-je bien compris la gravité de cette motion?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Messieurs Janse, Bédard et LeBlanc, je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Effectivement, la motion adoptée par la Chambre parle d'une grave erreur qui mine la confiance de la Chambre envers la présidence. C'est donc grave. Le Comité doit prendre cela au sérieux, et c'est pour cette raison que nous vous avons demandé de venir ici.
Monsieur Janse, vous avez dit que, si vous aviez été consulté, vous auriez dit au Président que cela allait trop loin et qu'il ne pouvait pas procéder de cette façon.
[Traduction]
Je voulais savoir si vous avez été consulté suivant la diffusion de la vidéo samedi soir. A‑t‑on communiqué avec le bureau du Président, le personnel du Président ou le Président lui-même pour demander conseil?
:
Encore une fois, nous distribuerons ces documents par suite de la question de Mme Romanado.
Dans l'exemple de l'Île‑du‑Prince‑Édouard, le comité compétent — l'équivalent de votre comité — a adopté une résolution ou une recommandation selon laquelle les présidents devraient s'abstenir de toute activité partisane, y compris la présence au caucus, pendant 60 jours avant le début d'une session et 30 jours après. C'était la recommandation qui figurait dans le rapport du comité.
Au Yukon, une note de service a été rédigée pour décrire en détail certaines choses qu'un président devrait et ne devrait pas faire. Par exemple, l'une d'elles est que les publications du parti et du caucus du président ne devraient pas inclure de photographies de ce dernier vêtu de ses habits de président.
Je répète que nous allons distribuer ces documents.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour à nos témoins. Merci d'être ici.
J'aimerais poser quelques questions au sujet du voyage à Washington, D.C. Vous avez mentionné qu'il avait été organisé par la Direction des affaires internationales et interparlementaires. Habituellement, lorsque le Président se déplace, il est accompagné par une délégation de députés, soit un pour chaque parti reconnu.
Est‑ce que cela a été le cas cette fois‑ci, et autrement, pourquoi?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Julian, vous soulevez un cas survenu en 1993. Alors que Mme Champagne était vice-présidente de la Chambre, on lui avait aussi demandé de présider une convention progressiste-conservatrice, au cours de laquelle Mme Campbell a été élue cheffe du parti.
Une question de privilège a alors été soulevée à la Chambre quant à la participation de Mme Champagne à cette activité partisane. Le Président de la Chambre à l'époque, M. Fraser, avait répondu que les attentes en matière d'impartialité et les obligations n'étaient peut-être pas aussi élevées pour les vice-présidents que pour les Présidents, les vice-présidents choisissant notamment de parfois participer aux réunions du caucus de leur parti. Dans ces circonstances, il ne s'agissait donc pas d'une question de privilège.
Il me semble qu'il avait aussi soulevé le fait que, normalement, la conduite des occupants du fauteuil n'est pas critiquée par l'intermédiaire d'une question de privilège, mais bien par une motion de fond.
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Merci, madame la présidente.
Merci à M. Janse et à ses collègues pour tout le bon travail qu'ils font pour nous tous les jours.
Madame la présidente, j'aimerais revenir sur un point soulevé par mon collègue, M. Lauzon. Il s'agit de l'incident où des fonds ont été transférés de l'association de circonscription de M. Scheer au candidat de Guelph. Il y a eu une certaine controverse à ce sujet. J'aimerais obtenir quelques précisions. Bien que ce transfert ait eu lieu à une époque où M. Scheer n'était pas Président, les réponses concernant cette transaction en particulier sont venues du directeur des communications de longue date au bureau du Président.
Je me demande si vous pourriez commenter cela, monsieur Janse. Pensez-vous qu'il était approprié que le directeur des communications du bureau du Président de la Chambre ait répondu, ou est‑ce que cela aurait dû venir d'ailleurs, comme le bureau de circonscription du député?
En ce qui concerne la question à laquelle M. Duguid a demandé une réponse, le Comité souhaite‑t‑il obtenir cette réponse? Excellent.
Sur ce, j'aimerais vous remercier, monsieur Janse. Nous allons profiter de votre présence ici pour vous offrir quelque chose.
J'aimerais demander aux membres du Comité si nous recommandons à la Chambre de ratifier la nomination d'Eric Janse au poste de greffier de la Chambre des communes. Êtes-vous d'accord?
Des députés: D'accord.
La présidente: Nous ferons rapport de cela jeudi également.
Sur ce, je vous remercie de votre temps et de votre attention. Nous avons hâte de recevoir les documents dans les deux langues officielles.
Félicitations.
Des députés: Bravo!
La présidente: La séance est suspendue.
Nous reprendrons nos délibérations dans deux minutes en présence du Président de la Chambre.
:
Madame la présidente, je vous remercie de l'occasion de comparaître devant ce comité.
Tout d'abord, permettez-moi de présenter mes excuses à vous tous ici présents, à tous nos collègues à la Chambre des communes et, certainement, à tous les Canadiens.
J'ai enregistré une vidéo à l'attention de John Fraser, un ami de longue date. Malgré le fait que j'aie reçu la confirmation du contraire, ce message a été diffusé lors d'une réunion publique et partisane. Par contre, que ce message ait été diffusé en privé ou en public, je n'aurais jamais dû l'enregistrer. Je sais que j'ai fait une erreur, je ne le referai pas, et je présente mes excuses sans réserve.
Lorsque j'ai accédé à la Présidence, j'ai parlé d'un rôle d'arbitre. Je pense qu'il y a une chose que les Canadiens savent bien, c'est que les arbitres sont humains. Ils commettent des erreurs, mais, contrairement à un arbitre après un match, je suis ici pour vous dire que j'ai pris une mauvaise décision.
Je vous dis aussi que je ferai mieux. Je suis en train de mettre en place un protocole de communication plus rigoureux pour m'assurer que cela ne se reproduira plus jamais. Je m'appuierai beaucoup plus sur les services de l'Administation de la Chambre, sous la direction du greffier de la Chambre, pour évaluer ce type de demande. J'ai également contacté des présidents d'assemblées législatives et des experts parlementaires au Canada et d'autres Parlements de la tradition de Westminster. Mon travail bénéficiera de leurs avis et conseils.
Je vous ai dit que les mots et les symboles comptaient. Dès que j'ai proposé ma candidature comme Président, je vous ai dit que le respect serait au cœur de mes actions: le respect des personnes, le respect du décorum, le respect de l'institution parlementaire. Ces valeurs restent importantes pour moi. Il est cependant juste de dire que, comme toute personne qui commence un nouveau travail, j'apprends sur le tas.
Permettez-moi de vous donner plus de détails sur les événements qui nous amènent ici. Comme beaucoup d'entre vous, j'ai noué des amitiés profondes et durables avec des personnes de tous les horizons politiques. Un membre de la famille de M. Fraser a donc téléphoné à mon bureau pour demander une vidéo personnelle en vue d'une réunion privée surprise destinée à marquer le départ de ce dernier d'un poste de direction à l'Assemblée législative de l'Ontario.
J'ai accepté d'envoyer ce que je croyais être un message privé de félicitations; j'ai enregistré rapidement la vidéo entre deux réunions. Dans la vidéo, j'ai parlé de l'importance de son amitié et de son soutien pour ma femme et moi alors que nous commencions à former un couple, que nous étions jeunes mariés et, plus tard, quand nous sommes devenus parents.
Ce message personnel a ensuite été diffusé lors d'une réunion publique et partisane. Cela n'aurait jamais dû se produire. Plus important encore, si je n'avais pas enregistré ce message, ce ne se serait jamais produit. C'est de ma faute. C'est une leçon durement apprise, une erreur qui ne sera pas répétée.
Avant de conclure, permettez-moi de vous faire part de ce que j'ai ressenti en tant que jeune Canadien noir qui aimait le Parlement et la procédure, un enfant qui rêvait de devenir député un jour, mais qui ne savait pas si c'était réaliste. Je n'avais pas vu beaucoup de députés, encore moins un Président, qui me ressemblaient.
Récemment, j'ai été interpellé à Toronto par Lionel, un jeune père canadien noir qui m'a reconnu. Il m'a dit combien il était important pour lui et pour sa fille de me voir accéder à la présidence. Il a raconté que sa fille voulait maintenant se présenter aux élections quand elle sera grande. À Lionel et à sa fille, ainsi qu'aux Canadiens noirs et racisés qui suivent ces débats, je suis désolé de vous avoir déçus. Je vous promets que je ferai mieux.
Pour conclure, je veux vous dire clairement que le Parlement et ses traditions sont profondément ancrés en moi. J'ai une connexion forte avec cet endroit depuis mon adolescence, il y a 35 ans, quand j'étais page parlementaire. Je reste déterminé à présider la Chambre des communes équitablement, de manière réfléchie et dans un esprit de collaboration.
Chaque jour, ma première tâche consiste à remplir mon rôle avec impartialité et respect, car c'est ce que les Canadiens de toutes origines et de toutes convictions politiques sont en droit d'attendre du Président de la Chambre des communes.
[Traduction]
Madame la présidente, je vous remercie, vous et les membres du Comité, de m'avoir accordé du temps.
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie beaucoup, honorable Greg Fergus, d'être parmi nous, ce matin.
J'aimerais vous parler de votre rôle, de votre adaptation, et de la grande courbe d'apprentissage qu'on doit suivre quand on devient Président de la Chambre des communes.
Vous avez quitté votre siège de député et vous êtes entré dans vos fonctions de Président du jour au lendemain. On comprend très bien que vous aviez une certaine expérience des Règlements de la Chambre, mais parlez-moi de cette courbe d'apprentissage qui est rapide. Vous aviez à mettre en place une équipe. Vous aviez à diriger toute l'équipe des greffiers avec lesquels vous travaillez directement. J'imagine que vous aviez plein de demandes de partout. À travers tout cela, vous avez réalisé une vidéo.
Parlez-moi de cette courbe d'apprentissage qui fait que c'est beaucoup de travail au début d'un mandat comme Président. Parlez-moi de votre expérience après deux mois à la présidence.
:
Merci de votre question, monsieur Lauzon.
Je peux vous dire que cette période d'apprentissage a été hallucinante. On passe directement du siège de député au fauteuil de la présidence. À vrai dire, dans ma tête, je me suis même demandé s'il serait possible de prendre juste une semaine de pause pour avoir toutes les séances d'information et la formation avant d'assurer la présidence. Or, en trois jours, tout s'est passé tellement vite.
Vous avez raison. Il m'a fallu monter une équipe. Heureusement, des personnes de l'équipe de mon prédécesseur ont décidé de rester, mais d'autres sont parties, malheureusement. Il a fallu que j'engage des gens pour compléter mon équipe, et que j'assiste aux séances d'information pour comprendre tous les aspects du rôle de Président.
Vous savez, le Président est non seulement la personne qui préside la Chambre des communes, mais c'est aussi quelqu'un qui a un rôle de diplomate, qui est cinquième dans l'ordre de préséance au Canada, en plus d'être un administrateur.
La Chambre des communes compte 2 800 employés, et il faut apprendre qui ils sont, de nos interprètes jusqu'aux personnes qui préparent les rencontres, qui assurent les services de technologie de l'information, qui sont responsables de la sécurité, qui assurent le transport, qui préparent nos repas, et ainsi de suite. Apprendre qui sont tous ces employés, c'est toute une période d'adaptation.
:
Je vous remercie de la question, monsieur Lauzon.
Même avant que cette situation ne survienne, nous en étions à travailler à l'établissement d'un processus visant à assurer que toutes les invitations reçues soient évaluées selon une nouvelle grille d'évaluation. Nous pourrions ainsi déterminer, par exemple, si nous devons participer à un exercice donné ou si cela risque d'aller à l'encontre des attentes qu'on peut avoir à l'égard d'un Président de la Chambre.
Nous allons également soumettre cette grille d'évaluation aux greffiers au Bureau, qui vont l'évaluer et décider s'ils l'approuvent ou non. Ces greffiers ont certainement beaucoup d'expérience pour ce qui est de déterminer ce qui s'est fait dans le passé. De cette façon, nous pourrons décider, pour chaque démarche de communication que nous entreprendrons, si elle est appropriée ou non. Ce sera tout à fait limpide.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Fergus, je vous remercie de vous être présenté ce matin. Vous avez reconnu ma franchise la semaine dernière à une réunion du Bureau de régie interne. Vous comprendrez que, ce matin, je n'y ferai pas exception: je serai franche et sincère.
Nous avons déjà eu une discussion, alors que vous étiez fraîchement élu, où je vous ai dit que vous étiez sous haute surveillance. C'est un grand défi que de passer de son siège de député, un rôle assez partisan, au poste de Président. Je vous ai dit que vous étiez sous surveillance et que j'espérais que vous me convaincriez de la qualité de votre jugement et de votre impartialité, parce que sont pour moi les deux grandes qualités qu'un Président doit absolument avoir. Je suis désolée de dire ceci à mes collègues libéraux, mais le jugement, on en a ou on n'en a pas. Ce n'est pas une question d'apprentissage.
Vous avez sûrement écouté le témoignage de M. Janse, qui a dit à plusieurs reprises, en anglais et en français, que vous n'aviez pas consulté votre bras droit, le greffier, avant de faire cette vidéo. Vous l'avez faite seul, avec votre personnel de bureau. Vous avez enregistré une vidéo avec les ressources de la Chambre, ce que le Règlement interdit. Vous devez être au-dessus de tout doute, monsieur le Président. Vous avez enregistré cette vidéo dans vos habits de Président, dans le bureau du Président, et en vous présentant comme le Président de la Chambre des communes.
De plus, vous avez brimé mon chef, le chef du Bloc québécois, en laissant entendre qu'une de ses questions n'était pas légitime. Vous vous êtes excusé personnellement, mais pas à la Chambre. Vous avez rejeté la faute sur l'interprétation.
Ensuite, vous êtes parti à Washington. Ça, je ne peux pas le comprendre. Vous êtes parti à Washington alors que la Chambre siégeait et que votre situation créait pour ainsi dire une crise de confiance au Parlement. Pour moi, c'est un deuxième manque de jugement. Il me semble que, quand on sait qu'on a commis une faute, il faut rester dans le bateau. Il faut écouter et voir ce qui se passe à la Chambre, qui vous a retiré sa confiance par motion.
De plus, lors de votre passage à Washington, vous avez fait allusion à votre passé partisan. Je vous comprends, car c'est dans votre peau, vous êtes un militant et un partisan. Toutefois, vous avez été incapable de vous détacher de votre passé pour porter vos nouveaux habits de Président. C'est difficile. Je savais que ce serait un défi pour vous.
Cela ne fait pas longtemps que vous êtes Président, et vous n'avez pas consulté le greffier. Avez-vous au moins consulté votre chef de cabinet ou votre entourage pour savoir si c'était une bonne idée de faire tout cela dans vos habits de Président, dans le bureau du Président et en vous présentant comme tel? C'était quand même une vidéo personnelle destinée à un ami. Avez-vous demandé conseil à votre chef de cabinet?
:
Monsieur Fergus, je vous interromps parce que je n'ai pas beaucoup de temps et que j'ai beaucoup de choses à vous dire. Je ne veux pas être impolie avec vous.
Je comprends votre intention, mais c'est là que vous avez manqué de jugement. Comment peut-on s'imaginer pouvoir tourner, dans le bureau du Président de la Chambre et vêtu de ses habits, une vidéo pour un ami qui quitte la vie politique?
Si j'avais été votre chef de cabinet, je vous aurais dit que vous ne pouviez pas faire cela et que, si la vidéo se retrouvait ailleurs, vous seriez à risque, et que le Président doit être impartial et inattaquable. Je trouve donc que votre entourage a manqué de jugement. Vous avez fait tourner la vidéo par votre adjointe de la Colline. Vous n'avez pas consulté M. Janse. Vous n'avez pas consulté votre chef de cabinet.
Vous avez donc agi seul. À mes yeux, c'est là un manque de jugement. Vous me dites que cela ne se reproduira pas, mais je suis quand même inquiète, car vous aurez à juger des situations plus compliquées. Je me sentirais alors très inquiète, car celle-ci était tellement évidente à juger.
:
Merci, madame la présidente.
Je me sens attristé. Cette semaine, nous avons connu une crise autour de la présidence. Cela a été difficile pour tout le monde, y compris pour les Canadiennes et les Canadiens. Je sens qu'on se retrouve dans une autre crise autour de la présidence. C'est un événement qui a amené une réflexion profonde que nous devrions tous faire. Le rôle du Président est tellement important.
[Traduction]
Je suis triste que nous soyons dans cette situation. Je suis attristé que la Chambre se soit sentie obligée de renvoyer... À l'unanimité, la Chambre a renvoyé la question au comité de la procédure en raison de ce qu'elle considère comme une grave erreur.
J'ai écouté très attentivement votre témoignage, monsieur Fergus. J'aimerais savoir quand vous vous êtes rendu compte qu'il s'agissait d'une erreur grave. Quand avez-vous su que c'était une erreur d'avoir fait cette vidéo?
:
Par votre entremise, madame la présidente, j'aimerais dire à M. Julian que c'est là que se situe le problème. J'ai agi très rapidement. J'étais dans l'urgence.
Ce n'était pas une vidéo partisane. C'était une vidéo très personnelle. J'ai parlé de mon passé, mais je ne me suis pas prononcé sur le présent et je n'ai pas fait de déclaration à ce sujet. C'était une erreur. Je n'aurais pas dû l'enregistrer — un point c'est tout —, mais lorsque je l'ai fait, c'était dans le feu de l'action. C'était entre deux réunions. Nous étions pressés. J'ai enregistré cela rapidement et je suis passé à la réunion suivante. J'ai repassé cette séquence dans ma tête à maintes reprises en me disant que j'aurais aimé avoir eu du temps pour y réfléchir.
Parfois, en politique — et je pense que nous le faisons tous, mais c'est flagrant quand ça vous arrive, et c'est aussi extrêmement embarrassant —, quand on fait ces choses, on ne réfléchit pas. Nous sommes constamment en mouvement. Nous passons d'un événement à un autre, et nous ne prenons parfois pas le temps de prendre du recul pour réfléchir.
C'est la raison pour laquelle un protocole est mis en place pour s'assurer que toutes les communications feront l'objet d'un processus qui fera appel à l'Administration de la Chambre, en particulier au greffier, pour déterminer si quelque chose est approprié ou non.
:
Il y a autre chose qui me trouble aussi. Dans vos excuses à la Chambre, le lundi 4 décembre, vous avez dit que la vidéo a été « diffusée au congrès d'un parti dont je ne suis pas membre, dans une province où je n'habite pas et où je ne peux plus voter depuis près de trois décennies ».
Cependant, le samedi, 48 heures avant, le Globe and Mail vous citait en train de parler de M. Fraser et de dire qu'il avait fait preuve de beaucoup de calme, de conviction, de fermeté et de détermination et qu'il avait réussi à créer de la cohésion à un moment très difficile de l'histoire de votre parti.
Vous avez dit « notre parti » dans le Globe and Mail de samedi. Vous aviez dit lundi que c'était un parti dont vous n'étiez pas membre, dans une province où vous n'habitez pas et où vous ne pouvez plus voter depuis près de trois décennies. Voyez-vous la contradiction entre ces deux affirmations?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Fergus, vous avez dit à M. Julian que tout s'était passé très vite et que vous aviez tourné votre vidéo entre deux réunions sans trop vous poser de questions.
D'après ce que je comprends, vos employés ne se sont pas posé de questions non plus. Vous n'avez consulté personne, parce que vous n'avez pas eu la présence d'esprit de vous dire qu'il y avait peut-être quelque chose que vous ne devriez pas faire. Cela s'est passé vite.
Vous comprendrez que, à mes yeux, vous devez donner l'exemple en tant que Président de la Chambre. Or, selon moi, ce qui s'est passé n'est pas de bon augure pour l'avenir, parce que, comme Président, votre travail consiste à prendre constamment des décisions rapides entre différents événements stressants, et à toujours prendre les meilleurs conseils. Vous devez être au-dessus de la mêlée. Ici, d'après ce que je vois, il n'y a eu aucune réflexion de votre part.
Ce qui m'impressionne le plus est ce qui suit et j'aimerais que vous me répondiez. Comment expliquez-vous qu'il vous ait fallu attendre une semaine avant de vous excuser vraiment de cette grave erreur? Cela a pris une semaine avant que vous pensiez, que vous réfléchissiez et que vous acceptiez d'avoir commis une grave erreur qui a miné la confiance de la Chambre. Pouvez-vous m'expliquer ce délai important?
:
Le problème, monsieur Fergus, c'est que vous reconnaissez vos torts, mais que vous recommencez.
Je me permets de traduire une déclaration que vous avez faite quand vous avez été reconnu coupable de manquement à l'éthique le 14 février 2023, il n'y a pas tellement longtemps. Vous avez dit, essentiellement, que vous redoubleriez d'efforts pour être plus diligent à l'avenir afin de vous assurer que vos obligations en vertu de la loi soient pleinement respectées. Vous avez aussi dit que vous n'aviez pas fait ce qu'on attendait de vous en tant que secrétaire parlementaire.
C'était en février de cette année. On se retrouve, moins d'une année plus tard, à encore une fois évaluer votre jugement et à en discuter. Pour les députés, le Président est la personne qui doit justement juger des débats et qui doit exiger des députés qu'ils s'excusent avant qu'ils reprennent la parole. Donc, on peut sérieusement contester votre aptitude à prendre des décisions qui font preuve de bon jugement.
Le greffier de la Chambre a été très clair ce matin. Si vous l'aviez consulté, si vous aviez eu le jugement de consulter le greffier, il vous aurait recommandé de ne pas faire cette vidéo, de ne pas revêtir la toge du Président et de ne pas aborder votre passé libéral lors d'un événement officiel à Washington. Ça semble assez clair.
Malgré le fait que vous aviez déjà vécu un processus similaire, vous avez recommencé. Monsieur Fergus, de la part d'un Président qui aspire à être l'arbitre, comme le mentionnait mon collègue, il est très difficile d'accepter de voir que vous pensez, en ce moment, que des excuses vont suffire à effacer ce geste. Je vous laisse la parole.
Monsieur le Président, vous n'êtes probablement pas au courant, mais tard hier soir, de nombreux membres du Comité de la procédure ont reçu des lettres vous appuyant dans votre rôle de Président. En fait, je crois qu'à 10 heures, l'Association de la communauté noire de l'Ouest de l'Île tenait une conférence de presse au Québec pour vous appuyer et reconnaître que vous aviez fait une erreur.
Je ne sais pas pour vous, mais nous avons tous commis des erreurs dans notre vie. Nous sommes faillibles. Nous présentons des excuses, nous tirons des enseignements et nous passons à autre chose.
Je tiens à vous dire personnellement que vous avez des gens qui vous appuient et qui nous ont écrit pour nous dire que vous êtes nouveau à ce poste et que nous faisons tous des erreurs. Il est temps de reconnaître que vous avez fait une erreur. Vous avez présenté des excuses. Nous allons mettre en place les mesures voulues.
Je tiens à vous remercier et à vous dire qu'il existe un soutien pour le modèle que vous êtes pour les jeunes Canadiens noirs. Je vous en remercie.
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J'invoque le Règlement, madame la présidente.
À propos de ce qu'a dit Mme Romanado, je me demande... Elle a parlé de courriels que nous avons reçus hier soir, notamment des courriels que des membres du comité de la procédure ont reçus dans leur boîte parlementaire personnelle. Je demande le consentement unanime pour déposer les deux lettres qui nous ont été envoyées par courriel hier soir. J'ajouterais une copie des métadonnées de ces deux documents. En ouvrant le document Word de Microsoft, on peut voir qui sont les auteurs originaux des deux documents.
Avec chacune des lettres, je voudrais déposer aussi les noms des auteurs de chacune. L'une d'elles, datée d'hier, provenait du sénateur Andrew Cardozo, nommé par les libéraux. Quant à la deuxième, je voudrais déposer non seulement le texte de la lettre, mais aussi les métadonnées qui révèlent l'auteur de l'original, l'ancien député libéral Frank Baylis.
Je demande le consentement unanime pour que ces documents complets soient déposés auprès du Comité, s'il vous plaît.
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Merci, madame la présidente.
Il est vraiment important que les Canadiens comprennent pourquoi cette affaire prend de telles dimensions. Vous avez un passé très partisan, que d'aucuns pourraient même qualifier d'hyperpartisan, car vous avez occupé des postes de direction. Sauf erreur, vous avez dit que, à l'échelle nationale, vous avez été directeur du Parti libéral et président de l'aile jeunesse. Vous avez été secrétaire parlementaire du jusqu'au début de la session d'automne. Vous avez joué des rôles très proches du gouvernement et du premier ministre lui-même.
Lorsque vous vous êtes présenté à la présidence, que vous avez gagné et que vous êtes devenu Président, les députés ont dû en quelque sorte mettre de côté votre passé et croire que vous alliez être impartial et objectif.
La règle fondamentale de la présidence est également l'une des règles les plus faciles à suivre: il faut s'abstenir de tout ce qui est partisan, de toute activité partisane. On ne se prononce pas publiquement, en tout cas pas en portant la tenue de Président ni dans le bureau du Président, à propos de quoi que ce soit qui aurait quelque lien avec des activités partisanes, entachées d'esprit de parti ou révélatrices de quelque inclinaison partisane.
Vous avez accordé une interview au Globe and Mail dans laquelle vous avez fait l'éloge d'un homme politique libéral en exercice. Il est actuellement député provincial, et tout semble indiquer qu'il va se présenter de nouveau comme libéral en Ontario. On ne peut donc pas dire qu'il s'agissait d'une fête de départ à la retraite ou d'une réorientation de carrière. Il sera toujours un acteur partisan actif de la politique ontarienne. Vous avez désigné le parti de l'Ontario comme « notre parti ».
Tout cela est maintenant du domaine public. De plus, nous croyons savoir que votre chef de cabinet — et je comprends votre hésitation à donner le nom de certaines personnes au Comité, mais il figure sur un site Web public, celui de l'annuaire des employés du gouvernement —, Tommy Desfossés, était très proche de l'actuel premier ministre, le . Il a déjà été son adjoint exécutif, et il est maintenant votre chef de cabinet. Vous avez joué un rôle hyperpartisan dans un passé très récent et vous avez embauché très rapidement quelqu'un du Cabinet du premier ministre qui a des relations personnelles très étroites avec le premier ministre, et cela a été révélé.
Vous avez parlé de l'arbitre et vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question. Si vous étiez un joueur de hockey et que vous voyiez avant un match l'arbitre en uniforme encourager les joueurs dans le vestiaire de l'équipe adverse, le contexte n'aurait pas d'importance, n'est‑ce pas? Vous ne voudriez pas qu'il arbitre votre partie. Si vous étiez impliqué dans un différend qui nécessite la présence d'un arbitre et que vous voyiez cet arbitre dans sa tenue de juge participer à une réception avec l'avocat de la partie adverse, quel que soit le contexte, vous ne pourriez pas faire abstraction de ce fait.
Vous avez reconnu qu'il s'agissait d'une grave erreur de jugement. Comme de nombreux collègues l'ont dit, nous comptons sur vous pour prendre des décisions dans le feu de l'action, sans avoir le temps de vous servir de filtres ou d'arbres décisionnels, et il faut que nous ayons confiance que ces décisions viennent d'une personne impartiale et objective. Je dirais que le fait que vous n'en ayez pas été conscient montre que vous avez encore trop l'esprit de parti. Vous êtes trop près de ces acteurs partisans si vous ne voyez pas comment, pour les députés des autres partis, ce serait un problème.
Je vous pose de nouveau la question: voulez-vous faire entendre votre cause, voulez-vous participer à une partie après avoir vu le juge ou l'arbitre s'associer de cette façon à un adversaire? Après avoir vu cela, feriez-vous confiance à ce processus?
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Madame la présidente, je dirai par votre entremise que c'est très important et je remercie le député de son intervention, sachant qu'il a exercé ces fonctions par le passé.
Pour revenir à l'analogie de l'arbitre, très franchement, nous faisions partie d'une ligue différente. Je reconnais néanmoins aussi que le député a raison. À propos de mon passé, cette allusion à « notre parti » concernait l'époque où j'habitais en Ontario, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, jusqu'en 1994. C'est à cette époque que je me reportais. Je n'aime pas et je ne veux pas parler de mon passé ici, parce que chaque fois que je le fais, j'ai l'air d'être partisan. Il est de notoriété publique qu'à l'époque, nous étions tous les deux membres du même parti. C'est un fait que je ne veux pas... Je ne suis pas en train de valider. Je veux simplement m'assurer qu'on sait à quoi s'en tenir.
Deuxièmement, vous avez soulevé la question de mon chef de cabinet. Comme vous le savez, puisque vous avez été Président de la Chambre, c'est une grande organisation à administrer. Mon chef de cabinet a quitté la Colline du Parlement au début de 2018. Il a occupé pendant près de six ans un poste de cadre supérieur dans le secteur privé. C'est quelqu'un qui peut aider à gérer cette organisation et, surtout, quelqu'un qui a aussi une expérience politique. Il comprend ce que c'est, être dans un parti politique qui est au troisième rang, qui constitue l'opposition officielle ou qui forme le gouvernement. C'est quelqu'un qui peut prendre note des besoins de tous et y répondre. Voilà pourquoi ses services ont été retenus. Il est calme et posé, et il a une excellente réputation sur la Colline.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier le Président de la franchise dont il a fait preuve, de l'aveu de son erreur, de ses excuses — que j'accepte volontiers — et de ce rappel du fait qu'il s'est retrouvé à ce poste très récemment. Il y a une certaine courbe d'apprentissage et des erreurs sont possibles.
Madame la présidente, vous vous souviendrez que j'ai parlé plus tôt d'une erreur commise par le bureau de l'ancien Président. Son collaborateur chargé des communications a parlé de ce qui était clairement une question politique, une question d'association de circonscription. Que M. Scheer monte aujourd'hui sur ses grands chevaux, c'est un peu fort. Nous obtiendrons certains renseignements que le greffier nous a promis, et nous pourrons nous prononcer là‑dessus.
Je m'intéresse à l'avenir. Nous avons beaucoup entendu parler aujourd'hui de codification, de protocoles et de clarté, et nous avons entendu parler d'une étude de la Nouvelle-Écosse. Nous avons entendu parler de pratiques exemplaires dans le monde entier.
Je me demande, monsieur le Président, si vous pourriez nous parler du sérieux avec laquelle vous allez aborder cette question, afin que les conseils que vous avez reçus puissent vous guider, non seulement vous, mais peut-être aussi d'autres Présidents dans l'ensemble de la fédération.
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Par votre entremise, madame la présidente, j'aimerais remercier le député de sa question.
Je pense qu'un comité peut faire beaucoup de travail à ce sujet, s'il se penche sur cette question, pour comparer la façon dont notre système se compare à divers autres systèmes parlementaires de type Westminster.
Au Royaume-Uni, par exemple, le Président, une fois élu, renonce à toute affiliation partisane et se présente de nouveau comme candidat indépendant. Il y a une tradition au Royaume-Uni selon laquelle les partis d'opposition acceptent de ne pas se présenter contre ce candidat au drapeau blanc, qui est neutre en tant que Président.
Au Ghana, par exemple, lorsqu'un Président est choisi parmi les députés, non seulement il démissionne de son parti, mais il démissionne de son siège à l'assemblée législative et devient simplement un haut fonctionnaire du Parlement qui n'est pas un politicien actif.
Nous avons un système intéressant. Nous demandons à nos Présidents d'être impartiaux. C'est parfaitement normal. Les Présidents doivent ensuite se présenter de nouveau aux élections. Ils ne se présentent pas en tant qu'indépendants. Ils se présentent en tant que membres de leur parti — c'est du moins la tradition canadienne. Ce faisant, ils doivent recueillir des fonds. Il y a un certain nombre d'avantages à être membre d'un parti, plutôt qu'un député indépendant.
Vous soulevez là un point de vue très intéressant.
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Par votre entremise, madame la présidente, c'est une source de fierté pour moi. C'est aussi un fardeau. Lorsque vous êtes le premier, vous êtes tenu de respecter des normes plus élevées. Vous devez vous assurer de montrer la voie pour ne pas être le dernier.
Je suis sûr que je ne serai pas le dernier. Le Canada est un pays très généreux et il m'a donné, en tant que fils d'immigrants, énormément de possibilités pour arriver jusqu'ici. Tant de Canadiens ont eu la possibilité d'être bien accueillis et de se présenter au Parlement, pour toutes les formations politiques. C'est remarquable.
Je dois dire aussi que c'est une source de fierté particulière. J'ai reçu beaucoup de correspondance. Je vous ai parlé de Lionel. Il n'a pas été le premier à m'arrêter dans la rue — quelqu'un qui ne me connaît pas, qui ne m'a jamais rencontré auparavant, mais qui reconnaît mon visage. Ma réussite a été importante pour la communauté.
J'ai fait une erreur. J'ai présenté mes excuses pour cette erreur. Je mets en place des protocoles pour m'assurer que cela ne se reproduise plus, et j'espère pouvoir continuer d'être un symbole de la générosité du Canada.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Fergus, si on faisait un petit résumé pour bien comprendre la situation, on pourrait dire que vous avez utilisé les ressources de la Chambre à mauvais escient. Vous avez enregistré une vidéo avec les ressources de la Chambre des communes. Vous avez enregistré cette vidéo dans les habits du Président. Vous avez fait la vidéo en vous annonçant comme Président. Vous êtes parti en mission à Washington pendant qu'il y avait une crise de confiance en lien avec le leadership de votre poste. Vous n'avez consulté personne. Rendu à Washington, vous avez fait référence, dans votre allocution, à votre passé partisan. Vous n'avez consulté ni votre chef de cabinet ni le greffier de la Chambre.
Vous m'avez dit tantôt que vous vous étiez excusé. Je vais citer ce que vous avez dit le 4 décembre: « Je regrette que cette vidéo ait été utilisée autrement que prévu ». À la Presse canadienne, la même journée, vous avez dit ceci: « Je reconnais comment ceci a pu être interprété ». Sincèrement, selon moi, ce ne sont pas des excuses franches comme vous l'avez fait ce matin, lorsque vous avez reconnu l'importance de votre erreur de jugement.
En fait, ce qu'on comprend, monsieur Fergus, c'est que ce sont des manques de jugement les uns après les autres. Vous comprendrez que cela a tellement affecté notre confiance que la moitié des parlementaires vous a demandé de quitter vos fonctions. Je ne connais pas d'avance les conclusions du Comité. Cependant, je peux vous dire que je me demande comment vous allez retrouver la confiance de la moitié des parlementaires, après avoir fait ce que vous avez fait.
J'étais travailleuse sociale dans la vie, et je comprends qu'on apprend de nos erreurs. Cependant, il n'y a aucun protocole, aucun guide, aucun outil pédagogique qui empêche les gens de faire des erreurs de jugement. Le Président de la Chambre, lui, c'est plate, mais il doit être au-dessus de tout. Il ne peut pas faire d'erreur, comme M. Rota l'a lui aussi appris à ses dépens. Il a fait une grave erreur et il a dû partir.
Aujourd'hui, nous sommes devant vous. Moi, je veux vous dire ceci: au nom de la démocratie, — parce que vous êtes un grand démocrate, vous avez un respect de la démocratie et un respect du Québec —, je pense, monsieur le Président, qu'il faut que vous gardiez en tête qu'il est possible que ce soit préférable que vous quittiez votre poste de votre plein gré, par respect. En effet, ce que vous avez fait, c'est une erreur, mais ce n'est pas une petite erreur. C'est une grave erreur.
Je ne sais pas comment vous pensez que vous allez être capable de regagner la confiance que vous avez perdue. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que, au Bloc québécois, avec ce qui s'est passé et avec votre entourage, nous ne pouvons pas continuer à vous faire confiance. Comment pensez-vous vivre la situation, dans un contexte de gouvernement minoritaire et le climat dans lequel nous nous retrouvons actuellement, en ayant perdu la confiance de la moitié des parlementaires de la Chambre?
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Monsieur Fergus, vous êtes conscient du fait que c'est vous qui venez de créer un précédent. Nous avons demandé à M. Janse s'il y avait des précédents, mais il n'en a pas trouvé.
En voulant continuer à présider la Chambre des communes, si les recommandations vont dans ce sens, vous êtes donc conscient que, à partir de cet événement, à partir de cette grave erreur de jugement, le précédent est créé, qui va guider les prochains conseils et les prochains guides des greffiers à l'intention des prochains Présidents.
Selon ma réflexion, en acceptant de poursuivre votre travail et en ne tenant pas compte de l'ampleur de ce qui est arrivé, vous acceptez qu'un précédent se crée et que baisse la barre des exigences de rigueur, d'impartialité et de jugement. Il faut comprendre qu'on viendra baisser la barre de ce qui va dorénavant guider vos greffiers.
Comment voyez-vous cette situation? Êtes-vous d'accord sur ce que je dis?
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Je voulais revenir sur deux choses que j'essaie encore de comprendre.
Premièrement, vous avez déclaré que samedi soir, vous avez appris la diffusion de cette vidéo de la même façon que tous les Canadiens. Je veux savoir quelles mesures vous avez prises immédiatement après. Vous êtes-vous senti trahi? Avez-vous communiqué avec M. Fraser? Qu'avez-vous fait en ce qui concerne le congrès libéral et qu'avez-vous fait en ce qui concerne votre propre équipe, votre chef de cabinet? Les greffiers ont témoigné. M. Janse a déclaré que vous aviez été en contact au cours de la fin de semaine au sujet des excuses, alors je dois savoir quelles mesures vous avez prises.
Deuxièmement, je voulais vous poser une question au sujet de votre voyage à Washington. La présidence de la Chambre a été au cœur d'une vive polémique en octobre. C'était extrêmement difficile pour notre Parlement et, je crois, pour les Canadiens. Nous sommes dans ce qu'on peut légitimement qualifier de crise. Deux partis, le Bloc québécois et le Parti conservateur, ont demandé votre démission ce jour‑là. Avez-vous envisagé d'annuler votre voyage?
Il me semble que, dans un Parlement minoritaire, ce genre de situation mérite que le Président soit ici, à tout le moins, à la Chambre des communes, pour discuter avec les députés.
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J'ai appelé mon chef de cabinet et nous avons commencé à examiner la question.
Je n'ai pas appelé personnellement M. Fraser. Je vais être honnête avec vous; la raison, c'est qu'en pareilles circonstances, je ne voulais pas que quiconque pense que j'appelais M. Fraser pour influencer ce qu'il dirait. J'allais laisser le processus suivre son cours. Je savais que j'avais la vérité de mon côté. Je ne voulais pas jouer sur cela pour qu'on me dise ensuite: « Avez-vous appelé M. Fraser? Avez-vous essayé de trouver une solution? Êtes-vous des amis proches? », et ce genre de choses. J'ai veillé à ce que cela ne se produise pas.
En ce qui concerne le voyage à Washington, D.C., monsieur Julian, nous avons certainement envisagé de l'annuler. En fait, nous en avons longuement discuté. Nous nous sommes dit qu'étant donné ma récusation, il serait peut-être... Bien sûr, le lundi matin, je me suis récusé, à la première occasion, pour toute question qui serait soulevée dans le cadre de ce débat afin de faire en sorte de ne pas participer à la prise de décision du . Nous nous sommes alors demandé s'il fallait annuler ce voyage ou le maintenir.
Nous avions organisé des réunions avec un peu plus d'une douzaine de représentants et de sénateurs, et nous avions également des réunions diplomatiques qui avaient été annulées auparavant. Lorsque le Président précédent avait planifié ces réunions, il avait été prévu qu'il recevrait des diplomates, dont certains étaient accrédités par les États-Unis. Plusieurs réunions avaient été annulées, alors j'allais reprendre le flambeau et les tenir pendant que je serais là‑bas. Nous ne voulions pas les annuler une deuxième fois.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'aller à Washington, de continuer à assumer nos responsabilités et de revenir à temps pour la décision du .
Monsieur Fergus, vous êtes député depuis 2015, si je me souviens bien, lorsque vous êtes arrivé ici, sur la Colline du Parlement.
Depuis huit ans que vous êtes député, avez-vous jamais eu une conversation avec l'un ou l'autre de vos agents des communications, que ce soit à votre bureau de circonscription ou à votre bureau de la Colline, pour dire: « Non, nous ne pouvons pas envoyer cela parce que je ne veux pas que ce soit publié », ou quelque chose de ce genre?
Je ne vous demande pas de citer des noms ou des problèmes, mais avez-vous déjà eu une conversation avec un membre de votre personnel pour lui dire: « Nous devons faire attention à ce que nous envoyons parce que nous ne savons pas si cela pourrait être publié »?
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Je pense que vous l'avez déjà fait. La prémisse de ma question... Je pense que vous serez en mesure d'en arriver là où vous voulez en faisant le suivi avec vous.
L'argument que j'entends ici, à ce comité, c'est que les choses sont bonnes ou mauvaises selon le destinataire de l'information. Nous savons très bien, en tant que députés, que pour tout ce que nous envoyons au‑delà de la garde et du contrôle de nos bureaux et, dans votre cas, du bureau du Président, une fois que cela part, rien ne garantit que cela n'aboutira pas dans le domaine public. Vous venez de me dire... C'est une question de bon sens, parce que tous les députés font cela. Tous les députés ont cette expérience. Vous êtes un député d'expérience. Vous auriez dû savoir..., et vous vous êtes excusé. Vous auriez dû savoir que quelque chose de ce genre pourrait se retrouver dans le domaine public.
Comment se fait‑il qu'avec toute cette expérience, avec toutes ces années d'expérience dans l'envoi de correspondance, de lettres et de messages dans les médias sociaux, vous n'ayez pas consulté quelqu'un au sujet du caractère non partisan de votre fonction?
Vous, monsieur, avez plus de personnel que n'importe quel autre député ici, à l'exception peut-être d'un bureau ministériel. Vous disposez de plus de ressources que quiconque autour de cette table pour vous aider à administrer vos fonctions et responsabilités. Comment se fait‑il que vous n'ayez consulté personne, dans la partie non partisane de votre bureau, avant de l'envoyer, alors qu'il est courant pour un député, même à l'intérieur de son propre bureau, de faire ce genre de vérification, sachant très bien que cela pourrait se retrouver dans le domaine public? Je suis sidéré que cela se soit produit.
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Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur le Président, d'être ici aujourd'hui.
M. Scheer n'est pas ici, malheureusement, mais j'ai été frappé par ses commentaires sur les actions partisanes des Présidents.
Je me souviens que, juste avant de devenir Président, M. Scheer a fait transférer de l'argent de son association de circonscription pour effectuer des appels automatisés douteux. Puis, lorsqu'il est devenu Président, il a refusé de se récuser et n'a pas informé la Chambre qu'il avait été impliqué dans cette affaire. Je suis certain que la réponse que les députés libéraux lui ont donnée à l'époque, c'est-à-dire le bénéfice du doute... Je suis certain que nos collègues conservateurs vous accorderont la même courtoisie pour quelque chose qui, à mon avis, est beaucoup moins flagrant.
Je souligne qu'après son élection à la présidence, il a continué de siéger au conseil d'administration de son association de circonscription.
Nous faisons tous des erreurs dans la vie. Certaines personnes sont généreuses et capables d'aller de l'avant dans l'intérêt de tous les Canadiens. Je suis certain que les conservateurs feront de même.
J'aimerais parler un peu de la question qui vous a été posée plus tôt au sujet de votre relation avec M. Fraser. M. Gerretsen y a consacré un peu de temps. Avez-vous vu cela comme quelque chose de partisan, ou comme un geste envers quelqu'un qui vous était cher en tant qu'être humain?
J'aimerais lire un extrait d'une déclaration faite par M. Scheer lorsqu'il était Président. Il a dit: « Une autre de nos traditions de longue date est celle du respect pour la fonction de Président. » À la page 313 de l'ouvrage d'O'Brien et Bosc, il ajoute que la Chambre pourrait considérer comme des atteintes au privilège les réflexions sur la personnalité ou les actions du Président — une allégation de partialité, par exemple — et les sanctionner en conséquence. »
Je commence par cela parce que je pense à quelque chose qui m'a été dit lorsque j'ai été élu, et c'est que les gens de couleur sont parfois traités différemment lorsqu'ils arrivent en cet endroit. C'est un sujet qui nous met mal à l'aise, mais il est important que nous en parlions parce que, pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes des modèles pour les autres. Pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes parfois en première ligne pour des choses qui se passent à l'extérieur du Parlement. Cet endroit n'échappe pas à cela, malheureusement, et parfois, la situation y est pire en ce qui concerne les questions de diversité.
Dans le contexte de cette déclaration de M. Scheer et de la citation qui figure à la page 313, j'aimerais vous demander si vous pensez être traité, ou avoir été traité différemment en tant que personne de couleur dans le processus d'accession à la présidence et depuis que vous êtes Président?
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Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur Fergus, cette rencontre n'est pas facile pour vous. Aujourd'hui, vous vous êtes excusé officiellement d'avoir manqué de jugement. Vous l'avez fait devant nous, devant ceux qui nous écoutent et devant les journalistes, et ce n'est pas facile de dire qu'on a manqué de jugement.
Vous savez que je suis franche, vous me l'avez déjà dit. Je vais donc vous dire sincèrement que je vais toujours douter de vous, parce que l'erreur que vous avez commise n'est pas une erreur d'apprentissage, mais une erreur de jugement.
Vous aurez beau mettre en place le guide que vous voudrez, il vous aidera peut-être à faire moins d'erreurs, mais cela m'en dit beaucoup sur votre capacité à être un Président qui se tient au-dessus de la mêlée et à regagner la confiance de la Chambre. Cela n'a rien à voir avec vous personnellement. Vous êtes une bonne personne; je vous dis simplement que vous n'êtes peut-être pas à la bonne place.
Ce qui se passe actuellement, c'est que la gravité de votre erreur mine la confiance des 32 députés du Bloc québécois. Vous souvenez-vous de ce que je vous ai dit personnellement, lors de votre nomination? Je vous ai dit que vous étiez sous haute surveillance, parce que j'avais des doutes quant à votre élection. Mes doutes se sont confirmés. Je sais que vous faites preuve de bonne volonté. Cependant, chaque fois que vous ferez un geste ou prendrez une décision, je vais douter de vous. Je vais me demander si vous parlez au gouvernement.
Le Bloc Québécois veut que le Président soit le Président de tous les députés. Il ne veut pas que le Président soit le Président du gouvernement. Il veut avoir la certitude que vous êtes capable d'être un arbitre, de ne favoriser aucun parti de la Chambre.
Aujourd'hui, je suis triste de vous dire que, malheureusement, le Bloc Québécois ne pourra jamais regagner sa confiance en vous. C'est triste à dire, mais c'est la vérité. Je vous encourage fortement à réfléchir à ce que je vous dis, parce que, quand vous allez retourner à la Chambre, il ne sera pas facile pour vous de savoir qu'un grand nombre de députés a perdu confiance en vous, dans un contexte où le gouvernement est minoritaire et le climat, pas toujours facile.
Voilà mon mot de la fin. J'espère que vous prendrez les bonnes décisions à la suite des résultats qui découleront des recommandations du Comité.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à vous remercier, monsieur Fergus, d'être venu témoigner devant le Comité.
Je suis satisfait de certaines de vos réponses. Franchement, je ne suis pas satisfait des autres réponses.
Ce que j'ai bien compris de votre témoignage, c'est que vous comprenez que le Comité doit suivre un processus sur lequel la Chambre des communes pourrait prendre ultimement une décision, et que vous êtes prêt à accepter les conclusions du Comité, qu'il s'agisse de sanctions ou de demander éventuellement votre démission. Vous êtes prêts à tenir compte des résultats de l'enquête de ce comité.
Est‑ce exact?
Je vous pose la question suivante: il ne me reste qu'environ une minute et il y a un certain nombre de documents qui, à mon avis, seraient très utiles au Comité. Nous avons également demandé à M. Janse de nous les fournir. Le fait est que nous devons les recevoir tous aujourd'hui, parce que les délais prévus dans l'ordre de la Chambre sont très courts, comme vous le savez. Nous devons faire rapport d'ici jeudi, ce qui signifie que nous devons rédiger ce rapport et le terminer d'ici demain. Je demanderais que ces documents et ces questions qui restent sans réponse... Si vous pouviez vous efforcer de le faire au cours des prochaines heures, ce serait très utile.
Je pense qu'il est juste de dire que nous ressentons tous les effets de la tourmente que nous avons traversée en octobre. C'était extrêmement difficile pour les Canadiens. Je sais que le Comité va réfléchir comme il se doit sur cette question, même si nous avons très peu de temps pour le faire.
Je sais que vous allez nous fournir ces documents au cours des prochaines heures.
Merci.
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Oui. Merci, madame la présidente.
Monsieur le Président, êtes-vous d'accord pour dire que vous avez manqué de jugement, alors que vous étiez à Washington, D.C., en faisant des allusions, lors d'une fête pour le départ à la retraite d'un de vos amis libéraux, Claus Gramckow, à vos antécédents partisans avec les jeunes libéraux du Canada? Vous faisiez partie d'une délégation officielle mise sur pied avant que vous ne deveniez Président.
Croyez-vous que les propos que vous avez tenus, encore une fois, ce soir‑là, constituaient une violation du code dont nous avons parlé en ce qui concerne la politique partisane pour une délégation de la présidence?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Fergus, merci de tout le temps que vous nous avez alloué ce matin.
Je veux vous parler de consentement. Quand on décide de faire une vidéo, il y a toujours la question du consentement. On a très bien compris aujourd'hui que vous n'aviez pas donné votre consentement pour que cette vidéo soit partagée. Je pense que ce consentement est le point clé de la réunion d'aujourd'hui. Même si vous portiez la robe et étiez dans votre milieu de travail, jamais je n'ai pu sentir aujourd'hui que vous aviez donné votre consentement pour que cette vidéo soit rendue publique et pour que vous vous retrouviez dans cette situation ce matin.
Maintenant, je vous donne l'occasion de conclure, monsieur Fergus. Si vous n'aviez pas eu votre toge et n'aviez pas été dans votre bureau, auriez-vous quand même fait cette vidéo? L'auriez-vous fait dans un contexte privé, à votre résidence?
Bonjour, madame la présidente et membres du Comité. Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
[Français]
Je parle un peu français, mais, pour cette discussion, je m'exprimerai en anglais pour m'assurer d'être précis et d'utiliser les bons mots.
[Traduction]
N'hésitez pas à poser des questions dans n'importe quelle langue officielle. Je ne vais pas essayer de répondre en français, car cela prendrait trop de temps. Je vous remercie de bien vouloir l'accepter.
Je m'appelle John Fraser. Je suis député provincial de la circonscription d'Ottawa-Sud et ancien chef intérimaire du Parti libéral de l'Ontario. J'ai été élu lors d'une élection partielle en 2013, puis réélu en 2014, et de nouveau en 2018. Après les élections de 2018 jusqu'en mars 2020, j'ai été chef intérimaire du Parti libéral de l'Ontario. Par la suite, après avoir remporté une autre élection, à l'été 2022, on m'a de nouveau demandé d'occuper le poste de chef intérimaire, et je suis resté à ce poste jusqu'au 2 décembre de cette année.
Je suis aussi un ami de Greg Fergus, que je connais depuis plus de 30 ans. Bien que j'aie 10 ans de plus que lui, notre amitié s'est développée grâce à notre travail politique communautaire et à notre foi. Je suis ici aujourd'hui à la demande du Comité pour discuter de sa participation à une vidéo destinée à me rendre hommage, qui a été diffusée au congrès de leadership de l'Ontario le 2 décembre.
Je vais commencer par décrire brièvement le contexte.
Comme la plupart des députés ici le savent, les partis politiques ont l'habitude de souligner les qualités d'un chef sortant. Habituellement, les membres de la famille participent à ces hommages. À la mi‑novembre, par l'entremise d'un bénévole, le parti a demandé à ma famille de coordonner une vidéo personnelle à mon sujet, de réunir des photos, des vidéos et des enregistrements audio qui parleraient de ma vie et de ma personne. Vous remarquerez que cela comprend des photos de moi lorsque j'étais enfant, avec mes parents, mes grands-parents et mes frères et sœurs, ainsi qu'avec ma famille élargie. Ce sont des images et des mots très personnels au sujet de ma vie.
Cet hommage était une surprise. Je n'avais pas participé aux discussions, et je n'avais pas été mis au courant de l'hommage ou de sa teneur. Dans le cadre de cet hommage, mon épouse, Linda Hooper, a téléphoné au bureau de Greg et a demandé à M. Desfossés qu'on lui fournisse un bref vidéoclip parlant de la personne que je suis. Une vidéo a ensuite été envoyée à ma famille. Comme le délai était court, la vidéo a immédiatement été remise à un bénévole du parti qui a préparé la présentation, que la plupart d'entre vous ont sans doute vue.
La demande a été faite à Greg, en tant qu'ami de la famille et en tant qu'homme qui me connaît personnellement depuis plus de 30 ans. Comme le contenu devait être personnel, à part Greg, la seule autre personne ne faisant pas partie de la famille à qui on a demandé de participer à l'hommage était Dalton McGuinty. Encore une fois, cette demande a été faite à une personne qui me connaissait depuis plus de 30 ans, et avec qui j'avais travaillé pendant près de 15 ans.
Comme tous ceux qui ont regardé les vidéos diffusées dans l'hommage peuvent en témoigner, elles sont profondément personnelles. Bien que certains m'identifient comme politicien, ils se réfèrent tous à moi en tant que personne.
La vidéo fournie par Greg, bien qu'elle fasse référence aux activités politiques qui nous ont rapprochés, était profondément personnelle et représentait un geste aimable et sincère d'un ami à un autre. Ma famille et moi-même avons été émus par son contenu, et nous sommes profondément désolés qu'une demande innocente ait affecté Greg de manière négative et ait suscité une attention injustifiée.
Je connais Greg depuis 30 ans. Pendant un certain temps, nos familles et nous-mêmes étions très proches. Je connais Greg comme un homme qui se distingue par son intégrité, sa générosité et sa gentillesse. Il a été invité par ma famille à me rendre un hommage personnel, et c'est ce qu'il a fait.
Ce que Greg a fait, il l'a fait par gentillesse, parce que c'est sa nature. Je regrette profondément, encore une fois, que cela lui ait causé du tort, de la peine ou une attention indue.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Je vais faire une pause.
Je suis désolée que nous en soyons arrivés là, car aucun d'entre nous n'est nouveau. Nous avons tous beaucoup d'estime et de respect pour ce travail. Vous devez parler une personne à la fois. Je pense que nous devons le comprendre.
Je pense que nous connaissons les paramètres selon lesquels nous travaillons. Tous les députés savent quelle était la motion que nous avons adoptée. Nous savons que nous demandons certains documents. Les gens s'efforcent de les fournir, et nous devons en tenir compte. Prétendre que nous aurons tout cela avant notre prochaine réunion plus tard aujourd'hui... Ce n'est ni factuel ni réaliste. Il y a certaines choses qui me semblent très importantes. Je ne suis pas en train de déterminer ce qui ne l'est pas. Je propose simplement que nous tirions profit au maximum de notre temps pour obtenir les renseignements dont nous avons besoin des personnes que nous avons convoquées ici, afin que le Comité puisse faire son travail et faire rapport en temps opportun.
À l'avenir, je voudrais entendre une personne à la fois. J'ai mis mon écouteur pour veiller à ce que ce soit toujours le cas.
Monsieur Cooper, vous avez une minute et 52 secondes.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Fraser, je comprends votre malaise d'être ici. Je comprends aussi le malaise de votre femme de se retrouver dans cette aventure, mais ne soyez pas inquiet, ce n'est pas votre faute. La faute en revient à M. Fergus, car c'est lui qui a accepté de tourner la vidéo.
Il a dit lui-même qu'il avait fait une erreur et que, si c'était à refaire, il ne referait pas la vidéo. Il a commis une erreur de jugement, et il l'a reconnu tantôt.
Vous êtes un bon ami à lui et on lui a demandé de vous rendre hommage parce que vous êtes des amis de longue date. Je vais vous lire le titre du message. La vidéo commençait par:
[Traduction]
« Voici un message de l'honorable Greg Fergus, Président de la Chambre des communes du Canada ».
[Français]
Croyez-vous que cet hommage aurait pu vous être rendu au nom de la Chambre des communes?
:
Je parle à un parlementaire, qui connaît les exigences d'impartialité que nécessite la fonction de président d'assemblée législative.
Or, M. Fergus vous a rendu un hommage qui, semble-t-il, vous a beaucoup touché, mais il l'a fait en tant que Président de la Chambre des communes. Il prononce son message en tant que Président, en portant ses habits de Président, dans son bureau de la Chambre des communes, qui se trouve sur la Colline du Parlement. Comprenez-vous qu'il ne s'agit pas seulement d'une petite erreur de parcours?
Il a accepté de rendre hommage à son ami en tant que Président de la Chambre des communes. Cela crée une certaine confusion. Ne trouvez-vous pas qu'il y a une certaine confusion de genre entre l'ami et le Président?
:
Merci beaucoup de votre question.
J'ignore tous les détails de la conversation qui a pris place entre Linda et M. Desfossés, au tout début, et je ne peux donc pas vous dire ce qui s'est passé à l'autre bout. Je ne peux vous parler que de ce que j'ai vu, de ce que j'ai entendu et de ce que je sais.
Je sais qu'on a demandé à mon ami de faire quelque chose pour moi. Il a fait quelque chose de très gentil, et je l'apprécie vraiment. Je regrette que cette demande adressée à mon ami de faire quelque chose pour moi nous ait conduits à une situation où, de toute évidence, du tort a été causé et où les projecteurs se sont braqués sur nous de façon indue.
C'est la réponse que je peux vous donner. Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Fraser, il est évident que votre épouse voulait faire quelque chose pour vous rendre hommage de la façon la plus marquée possible. Je comprends très bien tout le travail qui a été investi dans la vidéo. Il est important, par contre, que nous obtenions certaines réponses.
[Traduction]
Je pense que vous venez de répondre, en lien avec la question de Mme DeBellefeuille, que votre réaction au sujet de la vidéo a été... Je crois comprendre que vous n'avez pas vraiment eu le temps de vous imprégner de ce dont il s'agissait parce que vous vous apprêtiez à prononcer le discours de la soirée. Peut‑on décrire les choses ainsi? Vous avez intégré le côté émotif, mais pas forcément le côté factuel.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Fraser, pour votre présence.
Je vais poursuivre dans la même veine, car M. Fergus vient de nous dire à plusieurs reprises, tout comme il l'avait fait ces derniers jours, que vous étiez un collègue qui tirait sa révérence. Vous avez confirmé que vous avez l'intention de vous représenter, si Dieu le veut, aux prochaines élections provinciales.
Pourriez-vous également confirmer que vous allez demeurer député libéral? Après la course à la direction, vous êtes toujours le leader parlementaire parce que la nouvelle cheffe n'a pas de siège, n'est‑ce pas?
:
J'essaie simplement de m'imaginer la correspondance, et l'on me dit qu'il serait possible d'obtenir un peu plus de détails à ce sujet plus tard. J'essaie simplement de voir comment les choses se sont passées, faute d'une meilleure expression.
M. Fergus est donc contacté par votre femme, qui ne passe manifestement pas par les canaux officiels avec le bureau du Président. M. Fergus reçoit donc cette demande de quelqu'un qu'il connaît très bien — il a gardé ses enfants, elle a permis que ses enfants soient gardés par lui — et il répond: « Oui, bien sûr. Je vais le faire, car c'est mon ami. » Est‑ce une bonne interprétation de ce qui s'est passé?
Certains autour de cette table voudraient nous faire croire que toute la correspondance officielle arrive au bureau du Président où elle est examinée et où son contenu est soupesé. Dans ce cas, le bureau du Président aurait donné son feu vert et il aurait coordonné la réalisation de la vidéo.
Or, d'après ce que M. Fergus nous a déclaré et d'après votre témoignage d'aujourd'hui, il est beaucoup plus plausible que votre épouse, amie de longue date de M. Fergus, ait communiqué avec lui pour lui dire: « Nous organisons cet événement pour John. » Ce devait être un événement privé, ou du moins c'est ce qu'elle aurait laissé entendre, ce à quoi elle a ajouté: « Allez-vous faire cette vidéo? » ou « Allez-vous enregistrer quelque chose? »
Est‑ce une bonne description?
:
Monsieur Fraser, en ce qui concerne votre témoignage, il faut être clair: ce n'est pas le fait que votre femme a demandé une vidéo à son ami Greg qui est le problème, mais bien le fait que M. Fergus a tourné une vidéo à la demande de son amie, mais a gardé sa tenue de Président de la Chambre des communes et est resté dans son bureau. C'est ça, l'erreur.
Dans le fond, un ami qui fait une vidéo pour un ami, qui peut critiquer ça? Votre femme a fait une démarche, M. Gerretsen vous l'a fait dire, auprès d'un grand ami, très intime selon tous les détails que vous avez donnés, mais le gros problème, c'est qu'elle a fait une demande à un ami qui a oublié qu'il était aussi Président de la Chambre des communes et a gardé sa tenue de Président pour lui rendre hommage, allant même jusqu'à se présenter comme Président de la Chambre des communes. Ce n'est pas une vidéo du genre « Hi, John, I'm Greg », mais plutôt du genre « je suis le Président de la Chambre des communes », avec toute sa tenue et dans son bureau. C'est ça, le problème.
Nous ne nions pas que votre femme a fait une belle démarche, que vous êtes de bons amis et que M. Fergus est une bonne personne. Ça ne lui enlève rien sur ce plan. Ce que ça lui enlève, c'est qu'il a pris une mauvaise décision et qu'il a fait preuve de mauvais jugement. C'est bien triste à dire, monsieur Fraser, mais vous êtes ici aujourd'hui pour défendre M. Fergus, parce que c'est votre ami et que vous êtes touché qu'il soit dans l'embarras en raison d'une situation reliée à l'hommage qu'il vous a rendu.
En tant que parlementaire, il est impossible que vous ne soyez pas touché par le fait qu'il a compromis son impartialité. La façon dont il a fait cet hommage a compromis son impartialité au point où les parlementaires à la Chambre des communes lui ont dit unanimement qu'il avait miné la confiance de la Chambre. Vous ne pouvez pas dire que ce qu'il a fait n'est pas grave. C'était gentil de sa part de vous dire de beaux mots d'amitié et d'amour, mais pas de la manière dont il l'a fait. C'est ça qu'on lui reproche.
Vous qui êtes un parlementaire, auriez-vous aimé que votre Président, habillé de sa tenue — je ne sais pas comment il est habillé chez vous —, puisse se présenter dans une convention conservatrice et faire la même vidéo d'hommage et d'amour à un ami? Vous auriez probablement été le premier à crier au loup comme nous le faisons actuellement.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Par votre entremise, je tiens à remercier M. Fraser pour sa présence.
Je veux tirer une chose au clair pour le compte rendu. Il y a eu beaucoup de commentaires.
J'ai ici la transcription de la vidéo de M. Fergus qui commence ainsi: « Bonjour mon ami. Voilà une excellente occasion pour moi de parler de mon ami de longue date, John Fraser. » Il ne dit pas: « Bonjour, je m'appelle Greg Fergus, et je suis Président de la Chambre des communes. » D'après la transcription de ses propos, il apparaît clairement que, sur la base de ce qu'il a compris de la demande de votre épouse, son amie de longue date, il s'agissait de vous faire parvenir une vidéo privée. Il n'a pas commencé par dire « Je suis le Président et je porte ma robe. Je suis là. » Il pensait que cette vidéo serait pour vous, pour vous remercier et parler de votre amitié.
Je veux m'assurer que c'est clair. D'aucuns ont laissé entendre ici qu'il a fait cela en sa qualité de Président. Je crois savoir que la vidéo a été envoyée au Parti libéral de l'Ontario. Un préambule y a été ajouté, une introduction systématique à toutes les vidéos du Président, indiquant l'origine de la production.
Il est très clair pour moi que M. Fergus a commis un impair. Il s'en est excusé. Très franchement, le fait que cette question de privilège... Lundi, à la Chambre des communes, deux partis ont réclamé sa démission, sans même lui donner l'occasion de se défendre ou de savoir ce qui s'est réellement passé, comme nous l'avons entendu aujourd'hui. À mon avis, ces partis ne veulent pas connaître la vérité.
La vérité, c'est qu'on lui a demandé de faire une vidéo et il l'a faite. Il a commis une erreur. Il s'en est excusé, mais il avait déjà été condamné par le tribunal de l'opinion publique. Êtes-vous d'accord avec cela?
:
Bonjour et bon retour au Comité.
Pour notre dernier groupe de témoins, nous accueillons par vidéoconférence Simon Tunstall, directeur du scrutin lors des élections à la chefferie de 2023.
Je rappelle aux députés que, lorsque tous les intervenants sont présents dans la salle, les micros sont pilotés par les services techniques. Quand nous avons des personnes par vidéoconférence, l'activation des micros est autonome. Ainsi quand les témoins à distance parlent, personne dans cette salle ne doit allumer son micro, au risque de provoquer un effet Larsen.
Nous avons des techniciens qui allument et éteignent les micros. Je vais surveiller l'horloge, et je demanderais que personne n'allume son micro, parce que je veux que les choses se déroulent du mieux. Si cette discipline n'est pas respectée, j'invoquerai ma prérogative de présidente pour protéger les oreilles des interprètes. Les services d'interprétation et de traduction font partie des aspects qui nous posent le plus de difficultés en ce moment pour répondre aux besoins de la Chambre.
Je pèse mes mots, j'énonce clairement mes attentes et je m'attends à ce qu'elles soient comblées.
Madame DeBellefeuille, c'est à vous.
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Merci, madame la présidente. Bonjour à tous.
J'ai préparé quelques remarques plus tôt ce matin, mais depuis, j'ai suivi le témoignage de John Fraser. Comme j'ai appris certaines choses, je modifierai quelque peu ce que j'avais prévu à la fin.
Je m'appelle Simon Tunstall et j'étais le directeur du scrutin lors de l'élection à la direction du Parti libéral de l'Ontario en 2023.
Avant de poursuivre, je dois dire que je me sens un peu patraque depuis quelques jours. J'éternue beaucoup et j'ai des quintes de toux. Je veux vous prévenir que si je disparais soudainement de vos écrans ou que j'éteins mon micro, c'est parce que je veux éviter à tout prix d'éternuer dans le micro, à la caméra.
Le jeudi 7 décembre, le Comité a adopté une motion visant à inviter le président ou les coprésidents du comité organisateur des élections à la direction du Parti libéral de l'Ontario de 2023. Un tel comité, ou LEOC, est en fait mandaté dans les documents directeurs du Parti conservateur du Canada et du Parti progressiste-conservateur de l'Ontario. Le Parti libéral de l'Ontario n'a pas de comité de ce nom ni d'organe quelconque ayant des fonctions semblables.
Cela mis à part, il semble que le Comité souhaitait inviter le ou les responsables de l'organisation de l'élection à la chefferie du Parti libéral de l'Ontario de 2023.
La constitution du Parti libéral de l'Ontario confère au directeur du scrutin le pouvoir et la responsabilité de presque tous les aspects du processus d'élection à la direction. Le directeur du scrutin est le seul équivalent au sein du Parti libéral de l'Ontario du « président ou des coprésidents » du comité d'élection à la direction.
En avril 2023, le conseil exécutif du Parti libéral de l'Ontario m'a nommé chef du scrutin pour l'élection à la direction de 2023. Pour vous donner un peu de contexte à mon sujet, j'ai occupé des postes de haut niveau lors des deux autres élections à la direction du Parti libéral de l'Ontario qui ont eu lieu au cours de ce siècle, soit en 2013 et en 2020. J'ai aussi supervisé l'organisation et l'exécution de presque toutes les assemblées de contestation du Parti libéral de l'Ontario pendant quatre cycles consécutifs de mise en candidature, en 2007, 2011, 2014 et 2018, le plus souvent en qualité de directeur du scrutin. De plus, j'ai occupé à deux reprises le poste de directeur général du Parti libéral de l'Ontario.
À partir du moment où j'ai été nommé directeur du scrutin, en avril, j'ai disposé de l'autorité nécessaire pour superviser l'organisation et l'administration de la course à la chefferie de 2023. En second lieu, j'ai été appelé à déterminer comment annoncer les résultats de l'élection.
Le samedi 2 décembre, le Parti libéral de l'Ontario a fait une annonce au Palais des congrès du Toronto métropolitain. En ma qualité de directeur de scrutin, c'est moi qui ai décidé du déroulement de l'événement et du contenu de l'annonce. Il était prévu de visionner des vidéos des candidats à la direction, d'entendre les discours des anciens premiers ministres Dalton McGuinty et Kathleen Wynne, et de rendre hommage à John Fraser, chef par intérim sortant.
Cependant, dans les jours qui ont précédé l'annonce du 2 décembre, je me suis concentré sur la préparation du dépouillement des bulletins de vote qui avait lieu exactement au même moment. Tous les autres éléments de l'annonce, comme les vidéos des candidats à la direction, les discours des anciens premiers ministres et l'hommage à John Fraser ont été pris en compte par des bénévoles et des membres du personnel.
Je crois comprendre que le contenu de l'hommage à John Fraser a été déterminé et compilé par les partisans, les amis et la famille de John Fraser. Si je me souviens bien, des hommages semblables avaient été rendus à Dalton McGuinty en 2013 et à Kathleen Wynne en 2020, hommages dont le contenu avait été organisé par leurs proches partisans, amis et membres de leur famille. Je soupçonne que c'est aussi le cas de presque tous les hommages rendus aux politiciens de presque tous les partis politiques.
Personnellement, je n'ai appris l'existence d'un message vidéo du Président Greg Fergus que plus d'une heure après la diffusion de la vidéo lors de l'événement. Je ne sais pas qui étaient les proches partisans, les amis et la famille de John Fraser qui ont constitué le contenu de l'hommage. Par conséquent, je ne sais pas lequel de ces partisans, amis ou membres de la famille a communiqué avec lui ou avec son personnel au sujet du but ou du contenu de la vidéo. Par conséquent, je ne sais pas ce qui s'est dit entre eux et le Président ou son personnel. Je dois ajouter que je n'ai pas rencontré le Président et que je n'ai jamais eu de contact avec lui.
Pour conclure, j'ajouterai que John Fraser est une personne extrêmement gentille et réfléchie. Je n'ai pas encore visionné l'hommage du 2 décembre, mais M. Fraser mérite absolument tout le bien qu'on peut dire à son sujet. C'est un homme vraiment bon, et j'espère qu'il compte demeurer dans la vie publique à titre de député pendant de nombreuses années encore.
Voilà, c'est ce que j'avais écrit ce matin.
Et puis, j'ai regardé la fin du témoignage du Président de la Chambre devant le Comité et j'ai regardé la quasi-totalité de celui de John Fraser. J'ai appris que la conversation avait eu lieu entre la femme de M. Fraser, Linda, et... Je suis désolé de ne pas avoir entendu le nom de la personne. Je crois qu'il s'agissait du chef de cabinet du Président. Je ne connais pas cette personne. C'était du nouveau pour moi aujourd'hui.
C'est tout ce que j'ai à dire. Merci beaucoup, madame la présidente.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Par votre entremise, je tiens à remercier le témoin pour sa présence. Je suis désolée de le savoir malade et contagieux, et j'espère qu'il se sentira mieux bientôt.
J'ai une très brève question à poser, après quoi je céderai mon temps à M. Gerretsen.
Après avoir interrogé des témoins, nous savons maintenant que la conjointe de M. Fraser a communiqué avec le chef de cabinet de M. Fergus pour demander une vidéo sur son amitié personnelle entre lui et son époux. M. Fergus y a donné suite, pour un ami de toujours.
Malheureusement, il a tourné la vidéo dans sa tenue de fonction, dans sa robe. Pourtant, il m'apparaît clairement qu'il ne l'a pas fait en sa qualité de Président de la Chambre. Je peux imaginer la réaction de M. Fergus, de son chef de cabinet et de son personnel quand cette contribution a été publiquement révélée dans une annonce de la direction du Parti libéral de l'Ontario.
Monsieur Tunstall, le bureau du Président vous a‑t‑il dit avoir été surpris ou étonné par cet événement couronnant la course à la chefferie?
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Gerretsen, d’avoir passé le flambeau.
Madame la présidente, j’ai déjà été membre de la direction du parti, comme M. Fergus. À l'instar du Parti conservateur, le Parti libéral est une organisation essentiellement bénévole. Elle compte quelques employés rémunérés, mais on y trouve surtout des bénévoles. Si je comprends bien la séquence des événements, ce sont des bénévoles qui ont réalisé cette vidéo. C’est un bénévole qui, de toute évidence, a mal décrit le statut de M. Fergus sur la vidéo. Mme DeBellefeuille a mentionné à maintes reprises que cela venait du Président lui-même, ce qui n’est pas le cas. Il commence d'ailleurs la vidéo en disant « Bonjour mon ami » et en précisant qu’il est un ami de M. Fraser.
M. Tunstall pourrait‑il nous parler de la nature du Parti libéral. Celle d'organisation bénévole. Les bénévoles font des erreurs, et il est clair que le Président ne savait pas comment sa participation serait décrite dans le générique de la vidéo.
Je céderai ensuite le reste de mon temps à M. Lauzon.
:
Merci, monsieur Tunstall. Je voulais juste avoir la réponse à ma question.
Au fond, mes collègues libéraux essaient de faire porter l'odieux de cette erreur aux bénévoles qui ont mis un bandeau dans la vidéo, identifiant M. Fergus comme Président de la Chambre des communes. Or, il aurait été difficile de ne pas le faire, puisqu'il était dans ses habits de Président. Ils ont été assez intelligents pour comprendre qu'il ne s'agissait pas là de Greg qui faisait une vidéo en t-shirt et en jeans dans son salon, mais bien du Président, qui portait sa toge d'une manière très solennelle dans son bureau sur la Colline du Parlement. Il a beau avoir commencé la vidéo en disant « hey buddy », personne ne peut dire « hey buddy » en portant les habits du Président.
Dans ma carrière, j'ai longtemps géré des bénévoles, et jamais, au grand jamais, je ne dirai que ds bénévoles ont fait une erreur, parce qu'ils font de leur mieux. L'erreur principale vient de la personne qui a accepté de faire la vidéo et de la transmettre. Aujourd'hui, on ne peut pas atténuer le problème dont on discute en disant que des bénévoles ont envoyé une vidéo et que d'autres y ont inséré un bandeau disant « Président de la Chambre des communes ». Ce n'est pas de cela qu’il est question aujourd'hui.
Il est question du fait que le Président, Greg Fergus, a accepté de faire une vidéo destinée à un ami qu'il aime beaucoup — on a compris cela —, afin qu'elle soit diffusée lors de votre événement. Les bénévoles ont fait un montage et y ont inséré un bandeau, mais la responsabilité première revient à la personne qui a accepté de faire la vidéo.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'ensemble des partis de la Chambre des communes ont reconnu que cette vidéo a miné la confiance de la Chambre. Ce n'est pas seulement moi, Claude DeBellefeuille, whip du Bloc québécois, qui le dis. L'ensemble des partis ont admis que la faute était grave. Alors, je suis désolée, mais je suis incapable de faire porter l'odieux de cette vidéo aux bénévoles et aux militants qui ont fait de leur mieux pour que votre événement soit un succès. Vous leur ferez savoir que nous ne les blâmons pas, au contraire.
Maintenant, j'aimerais connaître votre opinion, puisque vous avez organisé beaucoup d'événements. Trouvez-vous cela normal que le Président d'un grand Parlement comme celui du Canada fasse une vidéo afin qu'elle soit diffusée dans le cadre d'un événement partisan?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Il est important de souligner qu'il n'est pas question du bandeau qu'on a mis dans la vidéo, mais bien du fait que le Président de la Chambre portait ses habits et se trouvait dans son bureau. C'est ce qui nous a amenés à nous réunir ici, au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, pour examiner les faits et trouver des réponses. Certaines réponses m'ont satisfait, mais d'autres, pas du tout. J'espère que nous obtiendrons tous les documents nécessaires afin que le Comité puisse prendre les décisions qui s'imposent dans les prochaines heures.
[Traduction]
Monsieur Tunstall, vous avez participé au processus d’obtention des renseignements. J'aimerais savoir en quoi a consisté le processus de vérification des vidéos diffusées lors du congrès du Parti libéral de l’Ontario. Il faut évidemment vérifier toute une série de choses. Les vidéos ne se diffusent pas seules, alors quel a été le processus de vérification pour s’assurer que les vidéos produites pour le congrès ne contrevenaient à aucune règle ou ne causaient aucune infraction?
:
Je vous remercie de la question. Je dirais que trois éléments interviennent dans ce processus.
Premièrement, il y a la confiance que l'entourage de John Fraser... les quatre candidats à la direction nous ont remis leurs vidéos et nous avons réceptionné tout le reste en provenance de sources fiables.
Deuxièmement, une équipe de bénévoles a examiné les vidéos. Je crois que tout est rentré un à trois jours avant l’événement. Moi, je m'occupais d’autres aspects du congrès.
Troisièmement, je pense que c'est surtout sous l'angle technique, soit du point de vue audiovisuel, qu'il valait la peine d'examiner les vidéos, plutôt que pour leurs contenus, parce que toutes ces vidéos, qu’elles viennent des candidats à la direction ou des partisans et amis de John Fraser, provenaient de sources bienveillantes.
:
Merci, madame la présidente.
Je me contenterai de dire que je suis déçu par le peu d’informations reçues du Parti libéral de l’Ontario aujourd’hui et par le manque de respect dont il a fait preuve, d'autant qu'il savait que notre comité est pressé par le temps.
Le Parti libéral de l’Ontario a eu quatre jours, soit depuis jeudi — lorsque nous avons adopté la motion ici, au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre —, pour nous envoyer un témoin au sujet de la cérémonie d'annonce des résultats de la course à la chefferie du PLO.
Monsieur Tunstall, c’est vous qui avez été proposé par le parti. Ce matin, nous nous sommes sentis baladés parce que vous n’êtes pas nouveau en politique. Vous avez été directeur général du parti à plusieurs reprises, et vous avez été actif en politique et dans la vie publique à titre de membre du personnel pendant de nombreuses années.
Ce matin, nous avons reçu une lettre du conseiller juridique du Parti libéral de l’Ontario. Vous n’êtes pas un témoin approprié pour toute une foule de raisons, bien que le parti vous ait demandé de venir ici aujourd’hui. Les gens d'en face se sont contentés de nous dire que M. Tunstall demandait l’indulgence du Comité et qu'il voulait être dispensé de comparaître. Ils n’ont même pas proposé de solution de rechange et n'ont pas suggéré quelqu'un d'autre qui aurait été au courant de la situation pour vous remplacer.
Le conseiller juridique, comme, j’en suis sûr, vous-même et d’autres membres du Parti libéral de l’Ontario... Cela fait maintenant près de cinq heures que nous recueillons des témoignages aujourd’hui. Nous avons demandé à plusieurs reprises que des documents soient produits et, pour le moment, nous devons nous adresser à un conseiller juridique... Le conseiller juridique n’a pas hésité à nous envoyer une lettre ce week-end pour demander à ce que vous ne comparaissiez pas, au motif que vous n’aviez pas de temps pour nous répondre au sujet de la production de documents ou pour nous éclairer sur le déroulement des événements. Vous avez dit que tout cela était innocent, sans avoir étayé quoi que ce soit.
C’est extrêmement frustrant, madame la présidente, et je vais demander le consentement unanime pour faire la même chose que ce que nous avons fait au sujet de la production de documents par le greffier ce matin durant le témoignage de M. Fergus et son équipe. Nous avons convenu, à l’unanimité, de réclamer une série de documents semblables.
Je vais demander le consentement unanime du Comité pour que le Parti libéral de l’Ontario reçoive l’ordre de communiquer toutes les copies des courriels, des notes de service et des dossiers de communication, y compris les messages textes et les messages instantanés ou tout autre document détenu par le parti en lien avec les hommages rendus par le Président à l’ancien chef intérimaire du Parti libéral de l’Ontario, et pour que tous ces documents soient déposés auprès du greffier du Comité au plus tard à 17 heures aujourd’hui.
Disons‑le, il n’y a aucune raison pour que cela soit une surprise. Le PLO est au courant depuis quatre jours et il aurait dû s'attendre à ce que cette demande lui soit faite.
Je demande donc le consentement unanime, madame la présidente.