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Bonjour à tous. La séance est ouverte.
Bienvenue à la 81e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la question de privilège concernant le député de Wellington—Halton Hills et d'autres députés.
Je vous rappelle que votre écouteur ne doit pas se trouver près du microphone et que vous devez utiliser votre écouteur et non celui de quelqu'un d'autre. Ce dont je me rends compte, car je reprends ma mission en faveur des interprètes en défendant leurs intérêts, c'est que les gens des TI savent quand c'est à votre tour de parler, alors vous n'avez pas besoin d'appuyer sur le bouton pour activer ou éteindre votre microphone. De cette façon, nous nous assurons qu'une seule personne parle à la fois, et nous laissons ces gens formidables faire leur travail. Vous n'avez donc qu'à vous approcher du micro, et les techniciens sauront que c'est votre tour. Je suis convaincue que nous ferons très bien à cet égard. Comme toujours, nous aurons une liste d'intervenants.
Nous accueillons aujourd'hui M. Vincent Rigby, professeur invité à l'École de politiques publiques Max Bell de l'Université McGill.
Bienvenue au comité de la procédure. Je crois savoir que vous avez remis une copie de votre allocution aux interprètes.
Sur ce, je vous cède la parole pour un maximum de cinq minutes.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je vous suis très reconnaissant et je suis très heureux d'entendre que je dispose de cinq minutes. Je pensais que j'avais droit à seulement quatre minutes. J'ai beaucoup de temps.
J'ai été conseiller à la sécurité nationale et au renseignement de janvier 2020 à juin 2021. Ce mandat est arrivé à la fin d'une carrière de 30 ans au cours de laquelle j'ai occupé des postes supérieurs dans divers ministères qui s'occupent de la sécurité, notamment la Défense nationale, le Bureau du Conseil privé, Affaires mondiales et Sécurité publique. Dans tous ces postes, j'étais un producteur ou un consommateur de renseignements. Le renseignement de sécurité était au cœur de ma carrière dans la fonction publique.
Je suis heureux que le Canada tienne enfin un débat public sur la sécurité nationale et le renseignement. Cependant, ce n'est pas la bonne façon de procéder.
Je condamne la personne ou les personnes qui ont divulgué des renseignements hautement classifiés. Ces fuites de renseignements portent atteinte à la sécurité nationale et peuvent mettre des vies en danger. Elles brossent également un tableau incomplet et potentiellement trompeur des préoccupations en matière de sécurité nationale. Donner quelques exemples de renseignements isolés sans contexte ne permet pas de tenir des discussions éclairées; c'est comme montrer fièrement un casse-tête compliqué dont la plupart des pièces sont manquantes.
Les hommes et les femmes de notre communauté du renseignement sont des professionnels dévoués et hautement qualifiés, mais cette communauté est-elle sans failles? Sans équivoque, la réponse est non. Depuis que j'ai quitté le gouvernement, j'ai parlé publiquement des lacunes.
L'an dernier, j'ai corédigé un rapport avec Thomas Juneau, de l'Université d'Ottawa, qui, je crois, a témoigné devant le Comité la semaine dernière. Ce rapport a reçu l'appui de hauts responsables de la sécurité à la retraite qui, ensemble, comptent près de 300 ans d'expérience. Il fait état des faiblesses systémiques dans notre système de sécurité nationale, allant d'un manque de culture et de stratégie en matière de sécurité à des lacunes en matière de communication de l'information, de gouvernance et de transparence. Toutes ces faiblesses sont ressorties non seulement pendant la controverse de l'ingérence étrangère, mais aussi pendant le « convoi de la liberté ». J'en ai parlé publiquement.
J'ai déjà fait partie de ce système, et j'accepte ma part de responsabilité pour ces lacunes, mais ce que je veux dire, c'est que, même avant la tempête actuelle au sujet de l'ingérence étrangère, des commentateurs informés ont déclaré que notre système de sécurité nationale était en péril et ont demandé un examen des politiques, de la gouvernance et des outils connexes pour aider à faire face au monde très dangereux dans lequel nous vivons. Il n'y a pas eu d'examen de ce genre depuis près de 20 ans.
Un débat hautement politisé sur un domaine précis du renseignement, aussi important soit‑il, qui vise apparemment à rejeter le blâme sur une personne n'est pas la solution.
Lorsque j'étais conseiller à la sécurité nationale et au renseignement, la pandémie et d'autres questions accaparaient une grande partie de mon temps. J'ai discuté officiellement de l'ingérence étrangère avec le à au moins une occasion, j'ai lu des rapports des services de renseignement à ce sujet et j'en ai discuté avec des collègues. J'ai très bien compris qu'il s'agissait d'un problème grave qui dure depuis longtemps et qui prend de l'ampleur au Canada.
Le rapport de juillet 2021 sur le ciblage de et d'autres députés a été produit et distribué après mon départ, mais je ne suis pas surpris qu'il n'ait pas été porté à l'attention des politiciens. C'est là que le système est particulièrement faible. La communauté du renseignement produit des milliers de rapports par mois, dont bon nombre que j'ai lus au cours de mon mandat. Je dirais que j'ai probablement lu entre 5 000 et 7 000 rapports de renseignement au cours de mes 18 mois de service, mais nous n'avions pas de système officiel pour signaler les renseignements importants. Ce que nous avions était ponctuel et incohérent.
Je savais qu'il y avait un problème. En réaction, j'ai créé un nouveau comité des sous-ministres sur le renseignement, le CSMR, qui accorde une plus grande importance au renseignement opérationnel. Je craignais que des renseignements importants et exploitables ne soient pas signalés ou ne fassent pas l'objet d'un suivi comme il se doit. Ce comité était un pas dans la bonne direction, mais c'était encore un travail en cours lorsque je suis parti à l'été 2021.
Enfin, je sais que d'autres mesures sont prises pour renforcer la communication de renseignements, mais elles ne devraient pas se limiter aux renseignements relatifs à l'ingérence étrangère. Elles devraient s'appliquer à tous les renseignements. Les réformes devraient comprendre, premièrement, une plus grande capacité de renseignement pour combiner les renseignements importants et les signaler au et à d'autres ministres. À mon avis, le gouvernement devrait envisager de créer au sein du Bureau du Conseil privé un poste semblable à celui de directeur du renseignement national aux États-Unis et distinct du poste de conseiller à la sécurité nationale et au renseignement.
Deuxièmement, il faudrait créer un comité du Cabinet sur la sécurité nationale, présidé par le premier ministre, qui se réunit régulièrement pour recevoir de l'information et discuter des réponses appropriées.
En dernier lieu, il faut promouvoir une plus grande transparence. Le gouvernement devrait, entre autres, produire des évaluations annuelles des menaces publiques, répondre aux rapports du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, publier les priorités en matière de renseignement et communiquer plus de renseignements à l'extérieur de l'exécutif, notamment aux députés. Ce sont des éléments qui ont fait l'objet de discussions au gouvernement, mais qui n'ont toujours pas été mis en œuvre.
Je serai ravi de discuter plus en détail de ces éléments, particulièrement de ceux qui progressent. Je comparais aujourd'hui en tant que témoin parce que ce sujet me tient à cœur et que je souhaite des améliorations sur le plan de la sécurité nationale.
Merci, madame la présidente.
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Monsieur Cooper, résistez à la tentation de continuer. Résistez. Résistez, monsieur Cooper.
Lorsqu'on en est à sept minutes, je fais preuve de courtoisie, comme à mon habitude, mais, monsieur Cooper, pour une raison ou une autre, vous ne remarquez pas cette courtoisie. Je pense que cela va à l'encontre de ce que nous essayons de faire ici. Je vous ai laissé terminer votre question. Vous en étiez à 6 minutes et 32 secondes. J'ai laissé M. Rigby répondre, parce que c'était approprié. Je chronomètre le temps de parole. Peut-être que je prends cela trop au sérieux, mais je pense que, lorsqu'il s'agit de nos institutions démocratiques, c'est ce que nous devrions tous faire.
La réunion n'est pas très avancée, alors, je vous explique le fonctionnement. J'ai demandé au technicien chargé des micros de veiller à ce qu'un seul micro soit allumé à la fois. Cela permet de s'assurer que ce que les interprètes entendent... C'est une ressource qui est très limitée à l'heure actuelle.
Je ne veux pas vivre dans un monde où mes oreilles ne peuvent pas entendre. C'est une bénédiction, et je ne vais pas laisser ces gens qui gagnent leur vie grâce à l'interprétation et qui nous traduisent les propos dans les deux langues officielles continuer de mener cette bataille. Je vais me battre pour eux et j'espère que tous les députés vont m'appuyer.
Merci, monsieur Rigby.
Monsieur Turnbull, la parole est à vous.
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Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Rigby, pour votre présence aujourd'hui.
Je tiens à souligner vos 30 années de service et dire à quel point nous apprécions votre expertise et le fait que vous puissiez nous donner un aperçu précieux de ce que nous devons faire pour continuer à faire évoluer notre réponse à la menace qui, nous le savons, est en train de changer en ce qui a trait à l'ingérence étrangère.
J'aimerais vous poser une question. C'est une question que je me pose depuis un certain temps, et je me suis dit, vu votre expérience, que vous seriez peut-être en mesure de nous éclairer à ce sujet.
Je sais que la réponse du gouvernement a changé. Nous avons entendu M. Johnston dire qu'il y a des lacunes auxquelles nous devons remédier. Je pense que nous pouvons tous l'admettre, mais ce qui m'intéresse, c'est qu'il me semble — et vous pouvez me dire si vous considérez cela comme une description exacte de ce changement — que nous sommes passés d'une approche cloisonnée au sein de quelques ministères pour contrer l'ingérence étrangère et peut-être au sein des gouvernements antérieurs à ce que Rosenberg a appelé une approche axée sur l'écosystème électoral et un plan à quatre volets visant à protéger la démocratie canadienne, ce qui était, à mon avis, un changement.
Il me semble qu'il s'agit davantage d'une approche systémique. Peut-être qu'une approche pangouvernementale serait une bonne façon de la décrire, et je pense que nous nous dirigeons peut-être même vers une approche pansociétale dans le cadre de laquelle nous songeons à mobiliser les citoyens et à tenir davantage un dialogue public à ce sujet afin que les gens soient au courant.
Tout d'abord, êtes-vous d'accord avec cette analyse? Êtes-vous d'accord avec le sentiment général que j'exprime ici, à savoir qu'il y a une évolution vers une approche plus systémique en ce qui concerne la lutte contre l'ingérence étrangère?
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Eh bien, un changement de culture doit s'opérer au sein de la fonction publique, mais également dans la sphère politique. Encore une fois, il s'agit de fonctionner à deux niveaux différents. Au sein de la fonction publique et au sein du gouvernement dans son ensemble, oui, tout à fait. Je crois que la communauté de la sécurité et du renseignement, les agences essentielles telles que le BCP, le SCRS et le CST prennent cela très, très au sérieux. Il se peut que nous n'ayons pas tout à fait raison....
Je suis désolé. Je continue de dire « nous », mais j'ai pris ma retraite.
Les meilleurs efforts ont certainement été déployés afin de changer cette culture. Le problème se situe davantage au sein de la fonction publique dans son ensemble et dans la tentative d'intégration d'autres ministères dans le tableau du renseignement, veillant à ce que, une fois encore, ce renseignement se rende non seulement aux 10 ou 12 ministères de la sécurité et du renseignement, mais à d'autres services entre les deux. Selon moi, le niveau politique est, de bien des façons, le plus important. Vous pouvez obtenir le meilleur renseignement au monde à la tête de l'organisation et il peut se rendre jusqu'à la sphère politique, mais il vous faut un endroit pour recevoir ce renseignement et le traiter.
L'un des problèmes auquel je fais face depuis longtemps est le fait que ce renseignement a nulle part où aller à l'heure actuelle. Le conseiller à la sécurité nationale et au renseignement informe le premier ministre. D'autres sous-ministres informent leurs ministres comme le ministre de la Sécurité publique. Le directeur du CST informe le ministre de la Défense nationale. Vous avez quelques séances d'informations occasionnelles à l'intention des comités ministériels. J'ai donné beaucoup de ces séances d'information. Il y a quelques séances pour tout le Cabinet, mais c'est très rare.
Je crois qu'il aurait été vraiment très utile que le premier ministre s'asseye autour d'une table avec les ministres-clés dans un comité du Cabinet sur la sécurité nationale pour parler du sujet régulièrement, de façon à ce que nous ne soyons pas en mode crise. Vous recevriez les renseignements régulièrement. Le premier ministre pourrait en parler avec ses ministres.
Cela ne s'est jamais vraiment produit dans ce pays. Nous avons fait quelques tentatives, mais c'est ce qui nous fait défaut. Je crois que cela nous aurait aidés dans notre situation actuelle.
Je suis désolé d'avoir dépassé le temps imparti, madame la présidente.
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Merci de votre question, madame la présidente. C'est une question très importante, selon moi.
Deux rapports ont été publiés il y a un an et il y a 18 mois. Le premier émanait de CIGI. M. Wesley Wark, que vous connaissez bien, je crois, et M. Aaron Shull en étaient les co‑auteurs. Il est sorti en décembre 2021. Puis, le rapport de l'Université d'Ottawa, que M. Thomas Juneau et moi-même avions coprésidé, a été publié en mai 2022, si je ne m'abuse.
Je me souviens d'avoir parlé à CIGI et à mes collègues à ce moment‑là et d'avoir pensé, mon Dieu, quel coup de poing que la publication de ces deux rapports, parce qu'ils arrivaient à des conclusions et des recommandations quasi identiques : à savoir que a) la structure de la sécurité nationale au Canada était en danger et que b) d'énormes, d'énormes changements devaient se produire. Nous pensions : « Mon Dieu, cela va faire les gros titres et cela va faire bouger les choses ».
Je vais être tout à fait honnête: j'ai été déçu par la réaction.
Quelques médias les ont relevés, il y a eu beaucoup d'entrevues. Les médias étaient en fait très bons, mais je ne crois pas que la sphère politique l'ait vraiment relevé. Mais je peux me tromper. Je ne sais pas ce qui se passe derrière les portes closes actuellement, et il se peut que certaines de ces recommandations, comme la création d'un comité du Cabinet, soient étudiées.
Ce qui est intéressant, selon moi, c'est que presque toutes les recommandations concernant l'ingérence étrangère, le partage d'informations et la gouvernance aient été mises en œuvre pendant la crise de l'ingérence étrangère, peu importe comment vous voulez l'appeler, et que beaucoup de recommandations et de documents que nous avions ici concernant une meilleure mise en commun des informations aient été également mises en œuvre pendant le convoi. Nous avons beaucoup parlé de mieux partager les informations avec les provinces, avec les territoires et avec les municipalités et tout cela a été mis en œuvre.
Je ne prétends pas avoir une boule de cristal ou être clairvoyant, mais j'ai trouvé intéressant que tout cela se soit trouvé sur la place publique. Tout le monde se promène maintenant en se disant: « Oh, mon Dieu, je suis tellement surpris. Je n'arrive pas à croire que cela se soit produit. Je ne peux pas croire que notre système de sécurité nationale ait ce genre de problèmes ». Ces problèmes ont été en fait exposés dans deux rapports importants, très importants en l'espace de six mois.
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J'ai proposé trois ou quatre recommandations à la fin de mon exposé. Je crois que nous avons vraiment besoin de mieux rapprocher les renseignements et de mieux les signaler. Je crois que mon successeur a pris des mesures en ce sens.
Comme je l'ai dit, j'ai fait quelques premières tentatives pour créer ce comité du renseignement avec des sous-ministres, qui a toujours ciblé les évaluations du renseignement étranger au niveau stratégique. Je voulais cibler un petit peu plus les affaires qui se passaient sur le sol canadien, le renseignement réellement exploitable. Lorsque vous effectuez une évaluation très stratégique du renseignement étranger, qui étudie ce que fait le pays X dans la région Y, ce n'est pas immédiatement exploitable. Mais un certain nombre de mes collègues, dont David Vigneault, le directeur du SCRS, et moi-même avions dit que des informations sortaient que nous n'examinions pas nécessairement et que nous ne réfléchissions pas au suivi qu'il fallait en faire. J'ai donc créé ce comité.
C'est un problème hérité du passé. Je crois qu'il existe depuis longtemps. J'ai créé le comité d'évaluation du renseignement des sous-ministres, quand j'étais le directeur du secrétariat de l'évaluation internationale de 2008 à 2010. Une lacune existait, d'après moi, et c'est pour cela que j'ai créé un comité différent qui se concentrait sur les évaluations stratégiques et le renseignement au niveau opérationnel.
Est‑ce que cela répond à la question que vous allez sans doute poser, est‑ce que quelque chose concernant M. ou d'autres députés ciblés a été porté à l'attention de ce comité? Non. Ce comité avait aussi des problèmes de rodage.
J'aimerais beaucoup revenir et vous parler d'autres idées. J'en aurai peut-être la chance.
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Je vous remercie. Cela m'est très utile.
Vous avez dit très clairement que vous aviez quelques inquiétudes concernant le processus et que, lorsque vous étiez en poste, vous avez organisé plusieurs activités et que vous avez d'autres idées.
Une des réponses que vous avez données à la dernière question, je crois, concernait le comité du renseignement et vous disiez que vous étudiiez ce qui se produisait à l'international et à cet aspect de l'étranger, mais également ce qui se produisait à l'intérieur du pays.
Je me demandais si vous pouviez nous entretenir de ce que vous avez constaté à propos des actions nationales. Si vous ne pouvez pas rentrer dans les détails, je comprends très bien. Quels étaient les processus que vous étudiiez et comment essayiez-vous de rendre cette information plus claire afin qu'elle soit transmise au et comprise de manière à entraîner des mesures?
Je me demande si, dans votre travail, pendant cette période, il a été discuté de la façon de s'occuper de l'information qui risquait de toucher des députés et des candidats pendant les élections. Quelle méthode suiviez-vous? Après coup, le plus contrariant, à mon avis, est que les députés n'étaient pas prévenus qu'il se passait des choses les concernant. Maintenant, bien sûr, vous le savez, et Mme Thomas en a parlé, on aura une réaction tout à fait à l'opposé, c'est‑à‑dire qu'on larguera l'information le plus rapidement possible. Je me demande s'il en a été discuté. L'envisagiez-vous, et de quelle façon?
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Je suis désolé. Je dois faire attention à ne pas fournir de précisions sur les conseils que j'ai donnés au ni sur les conversations qui ont eu lieu.
À la fin de ma déclaration, j'ai énuméré certains éléments de transparence que, à mon avis, nous devions améliorer. Il est certain qu'il a été question d'offrir à tous les députés des séances d'information sur les dangers de l'ingérence étrangère, non seulement dans un contexte électoral, mais plus généralement sur d'autres tentatives ayant une forme coercitive. Il en a été un peu question.
Il est certain qu'on a beaucoup discuté de la sécurité des ministres en particulier et de celle des députés en général. Ce n'est pas précisément de l'ingérence étrangère, mais ça pourrait y être assimilé à un certain niveau. Bref, on a beaucoup discuté des députés et de leurs rôles, y compris au Comité de parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, de leur possible accès au renseignement, d'autoriser que des chefs de l'opposition aient accès au renseignement et aux documents cotés, de choses comme ça.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Rigby, merci de votre présence et de vos années de service au Canada.
Revenons au Secrétariat de l'évaluation internationale. Vous avez dit qu'il était le responsable suprême de la production du document hebdomadaire d'information qu'a reçu le , le seul qu'il voie, vous nous l'avez assuré, ce qui en fait manifestement le centre d'intérêt, d'après votre témoignage.
Quel processus a‑t‑il fallu suivre? Qui a autorisé ce secrétariat? Est‑ce que ç'a remonté la chaîne en passant par le conseiller à la sécurité nationale et aux renseignements? Où est‑ce que ç'a abouti, après le Bureau du Conseil privé? Où se situait le transfert de responsabilité au niveau politique? Pouvez-vous donner une idée du point d'aboutissement de la piste documentaire?
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Les fuites, je le dis catégoriquement, c'est mal. C'est illégal. Elles fragilisent la sécurité nationale, en faisant connaître aux États hostiles nos points forts et nos points faibles. Elles exposent des sources humaines à des représailles. Elles mettent en péril des vies humaines. Il est déconseillé d'y recourir.
Je sais que beaucoup affirment que le lanceur d'alerte est un héros. Pas moi. Ce n'est ni un héros canadien ni un lanceur d'alerte. Aucun acte répréhensible explicite n'a eu lieu, aucune loi n'a été violée, aucun acte illicite ou quoi que ce soit de cette nature n'a été commis. On peut certainement être contrarié par l'absence de réaction du gouvernement au renseignement, mais quand des fonctionnaires font fuiter — illégalement — des renseignements classifiés, d'une cote très élevée, on se dirige vers le chaos.
Non seulement on fragilise tous nos intérêts envers la sécurité nationale et ainsi de suite, mais, en plus, c'est un mauvais exemple qui fera boule de neige. Chaque fois qu'un conseiller se vexera de ne pas avoir été écouté et qu'il songera à s'adresser directement au public canadien, quelqu'un, dans chaque ministère, s'enhardira à vouloir l'imiter en se justifiant de la publicité qui lui aura été faite.
Une démocratie parlementaire ne fonctionne pas de cette façon. Le gouvernement — les ministres — ont des comptes à rendre au public. Les fonctionnaires travaillent sous l'autorité du gouvernement. Il y a quelque temps, le Globe and Mail a publié un excellent article de Jim Mitchell et d'un ancien greffier du Conseil privé, qui décrivait le mode très différent de fonctionnement de notre système.
Est-ce que du bien en a résulté? Eh bien, comme je l'ai dit, si on avait lu les deux rapports… Franchement, je ne continue pas d'en parler parce que mon nom figure sur la couverture. Ce sont simplement des rapports sérieux. Si on les avait lus, on se serait aperçu qu'il se passe ici beaucoup de choses, et nous aurions pu essayer de réparer ce système détraqué.
Cette manière d'agir, c'est, d'après moi, catégoriquement mal.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je m'interroge au sujet de quelque chose que vous avez dit au début de votre déclaration préliminaire. En effet, vous avez indiqué qu'un changement systémique était nécessaire au sein du système et que certains processus en place ne sont pas vraiment efficaces. Vous avez dit que vous travailliez très fort pour trouver des solutions.
Mme Thomas a comparu devant le Comité. Elle a parlé du processus d'échange de renseignements avec le gouvernement et des corrections qu'elle avait apportées à ce processus et elle a ajouté qu'à son avis, il n'y aurait pas d'autres problèmes. Grâce aux questions que j'ai posées la dernière fois, nous avons notamment constaté que lorsque les renseignements arrivent, ils se perdent parfois dans le processus. Mme Thomas a dit qu'elle avait été absente pendant un mois et qu'elle n'était pas revenue sur ces renseignements à son retour. Cela semble un peu inquiétant.
Pourriez-vous nous dire si, selon vous, le processus décrit par Mme Thomas permettra de résoudre le problème? Y a‑t‑il d'autres questions que nous devrions aborder, selon vous, en particulier en ce qui concerne la question de privilège? Selon moi, dans ce contexte précis, il est important de savoir comment s'assurer que les députés disposent des renseignements appropriés au moment voulu, ce qui leur permettra de réagir efficacement.
J'ai entendu vos commentaires, je crois, ainsi que ceux de . M. Chong a dit qu'il avait assisté à une séance d'information générale sur la forme que prend l'ingérence étrangère. Selon lui, cette séance était très utile, mais il sait que seul un petit nombre de députés y ont assisté.
Deux questions distinctes se posent. Tout d'abord, la question du processus a‑t‑elle été abordée? Dans le cadre de votre rôle, avez-vous observé des lacunes que vous tenez à souligner et à signaler au Comité? Comment s'assurer que les renseignements sont clairement communiqués pour que les députés, et en fait tous les parlementaires, reçoivent des renseignements qui les aideront à avoir un point de vue plus éclairé sur l'ingérence étrangère?
Je vous remercie.
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Je pense que les changements apportés par la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement représentent un excellent début. Je le pense sincèrement. J'ai énormément de respect pour Mme Thomas, ma successeure. C'est une grande Canadienne.
Je pense que l'idée de créer un comité — et je crois qu'elle en a parlé lors de sa comparution devant votre comité — qui permettra de se concentrer sur les renseignements exploitables, en particulier en ce qui concerne l'ingérence étrangère, est une excellente idée. Encore une fois, j'ai tenté de le créer au sein du Comité des sous-ministres sur le renseignement. Si elle l'a créé à titre de nouveau comité distinct, c'est une très bonne chose. Les sous-ministres pourront ainsi se réunir pour discuter de ce type de renseignements et les diffuser aux plus hauts échelons.
Je suis un peu nerveux à l'idée d'envoyer soudainement aux députés tous les renseignements liés à l'ingérence étrangère et aux menaces potentielles, car on pourrait passer en quelque sorte d'une situation de famine à un véritable festin, dans le sens où chaque renseignement, qu'il soit corroboré ou crédible ou non, remonterait jusqu'aux plus hauts échelons, ce qui risquerait de ralentir le système.
Puis‑je faire un dernier commentaire rapide? Il est très important de bien faire les choses à l'échelon des sous-ministres, mais les renseignements doivent toujours aller quelque part dans le contexte politique. Il faut qu'un organe central et fonctionnel mène ces discussions. Nous revenons ainsi à l'idée de mettre sur pied une sorte de comité qui serait présidé par le premier ministre et au sein duquel on discuterait des renseignements reçus et de la réponse appropriée.
Le groupe de témoins suivant est arrivé et nous avons hâte de les entendre. Nous dépasserons légèrement le temps imparti.
[Français]
Je vais d'abord donner la parole à M. Berthold pour cinq minutes. Ensuite, ce sera au tour de M. Fergus pour cinq minutes également.
Le temps nécessaire pour l'interprétation ne sera pas pris en compte dans le temps de parole des interventions.
Je vous demanderais de faire vos interventions selon les règles pour que les interprètes puissent faire leur travail.
Monsieur Berthold, vous disposez de cinq minutes.
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Je retiens donc que vous ne vous souvenez pas qu'il vous en ait parlé.
Il semble que M. Johnston ne souhaitait pas vraiment chercher les causes, dans ce dossier, et qu'il était plutôt intéressé à la deuxième partie de son étude.
Monsieur Rigby, dans votre rapport de mai de l'année dernière, vous avez fait cette constatation:
À l'heure actuelle, beaucoup de Canadiens et de Canadiennes n'ont pas confiance en leur gouvernement. Ceci a des conséquences majeures en matière de sécurité nationale.
Malheureusement, malgré ce rapport et malgré tous les éléments que vous avez soulevés, cela ne semble pas avoir eu beaucoup d'écho du côté du gouvernement.
Trouvez-vous que la situation actuelle est pire que lorsque vous avez déposé votre rapport, en mai 2022, en ce qui a trait à la confiance que font les Canadiens à leur gouvernement en matière de sécurité nationale?
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Monsieur Rigby, je suis un peu surpris d'apprendre que vous n'avez pas pris connaissance, avant de venir ici, de tous les articles de journaux et de toutes les informations qui disent, effectivement, que les gens font de moins en moins confiance au gouvernement. Si les gens réclament une enquête publique indépendante, ce n'est pas parce qu'ils font confiance au gouvernement, c'est parce qu'ils veulent que quelqu'un fasse la lumière sur le dossier de sécurité nationale.
J'étais très déçu d'apprendre, dans votre témoignage, que, dans tous les documents et rapports que vous avez lus et toutes les notes d'information qui vous ont été transmises, un sujet comme celui du financement d'un réseau de candidats dans une campagne électorale n'ait pas attiré votre attention outre mesure. Je comprends qu'on peut lire beaucoup d'information, mais, quand il est question d'une atteinte directe à la démocratie, je ne comprends pas qu'on ne soulève pas certaines questions, qu'on n'aborde pas la situation sur le plan politique et qu'on ne lance pas un signal d'alarme.
Vous avez dit vous-même que vous aviez un accès direct au quand vous le demandiez. Pourquoi avoir échoué dans ce dossier, monsieur Rigby?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie également M. Rigby de ses 30 ans de services rendus à notre pays. Nous lui en sommes très reconnaissants.
[Traduction]
Monsieur Rigby, à titre de député local, j'ai le privilège de rencontrer de temps en temps d'anciens sous-ministres à la retraite et de discuter avec eux de façon informelle.
L'une des conclusions auxquelles je suis parvenu, c'est que parfois, selon moi, les sous-ministres hésitent à communiquer à leur ministre des questions courantes en matière de renseignement auxquelles on n'a pas pu trouver de solution. Le temps qu'on leur accorde avec le ministre est limité et ils veulent toujours s'assurer qu'il est utilisé le plus efficacement possible. Autrement dit, il s'agit en quelque sorte du problème de la conversion de renseignements en preuves. Mon interprétation correspond-elle à votre expérience?
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Madame la présidente, je pense qu'il s'agit de deux questions différentes. En ce qui concerne la conversion des renseignements en preuves, cela concerne les tribunaux, les poursuites pénales, etc. C'est le premier volet.
L'autre volet concerne les sous-ministres et ce qu'ils disent à leur ministre… Je pense que les sous-ministres exercent leur jugement un millier de fois par jour pour déterminer ce qu'ils présenteront à leur ministre. Comme vous l'avez dit, les ministres sont des personnes extrêmement occupées, tout comme les sous-ministres, de sorte qu'il faut, chaque jour, faire preuve d'un grand discernement pour décider ce qui sera présenté à un ministre. Parfois, il s'agit simplement de mettre un ministre au courant d'une situation et l'informer d'un contexte important, car cela pourrait le prendre par surprise plus tard. À d'autres moments, il faut immédiatement informer un ministre d'un sujet très important. Je pense que les sous-ministres font toujours attention de ne pas encombrer le système en communiquant trop de choses aux ministres et au .
Je me souviens lorsque je voyais tout le temps des renseignements pour lesquels je me demandais si je devais informer immédiatement le Cabinet du premier ministre ou si je devais demander un entretien immédiat avec le , tout en sachant à quel point il est occupé. S'il s'agit d'une question extrêmement importante, c'est évidemment ce qu'il faut faire, mais c'est au sous-ministre d'en juger. Ce sont des décisions difficiles que les sous-ministres doivent prendre chaque jour, mais c'est pour cela qu'ils sont si bien payés.
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Le Canada est le seul pays du Groupe des cinq qui n'a pas un comité de ce genre. Les États-Unis disposent d'un conseil national de sécurité, qui est en fait inscrit dans la loi. Les trois autres pays du Groupe des cinq, je crois — je ne sais pas si tous mes renseignements sont à jour —, ont un comité du Cabinet qui est présidé par leur premier ministre.
Ce que j'aimerais, c'est que l'on crée un comité du Cabinet qui serait présidé par le premier ministre et composé des principaux ministres chargés de la sécurité nationale — le ministre de la Sécurité publique, la ministre de la Défense nationale, la vice-première ministre et la ministre des Affaires étrangères — et qui se réunirait régulièrement, toutes les deux semaines. Il ne faut pas attendre que la crise survienne et ensuite convoquer une réunion du groupe d'intervention en cas d'incident. Ce sont des gens formidables, mais ils sont toujours en mode rattrapage.
Si le et ses ministres étaient régulièrement mis au courant de renseignements — toutes les deux semaines — et s'ils discutaient ensuite de ce qu'ils signifient, posaient des questions aux dirigeants du SCRS, du CST, de Sécurité publique Canada ou du MDN, et parlaient ensuite des réponses... À mon avis, compte tenu du contexte de sécurité actuel, avec la Russie, la Chine, les pandémies et le changement climatique — qui sont tous des questions de sécurité nationale —, il est tout à fait logique de créer ce type de comité à ce moment‑ci de notre histoire.
En tant que présidente, je n'ai pas vraiment l'occasion d'avoir un échange avec M. Rigby. J'ai l'impression que cela fait beaucoup de temps.
J'ai vraiment aimé que l'on parle des rapports et de l'importance de les lire dans leur intégralité. Pour avoir parcouru le rapport de M. Johnston, je sais qu'il s'agit d'une très bonne lecture. Il serait vraiment important de voir comment les Canadiens communiquent et comment c'est perçu, parce que parfois, votre travail est difficile, et si l'on n'est pas dans le domaine de la sécurité nationale, c'est vraiment étranger à ceux d'entre nous qui font confiance aux personnes qui ont ces rôles, parce que nous savons que vous faites de votre mieux.
Au nom des membres du Comité, je tiens à vous remercier pour le temps que vous nous avez consacré aujourd'hui. Merci d'avoir répondu à nos questions et d'avoir pu venir témoigner. Si vous souhaitez nous fournir toute autre information, il vous suffit de l'envoyer au greffier, qui se chargera de faire traduire le document et de le faire distribuer aux membres du Comité.
Sur ce, nous vous offrons nos meilleurs vœux.
Nous allons suspendre la séance pendant quelques minutes, car notre prochain groupe est arrivé.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie de nous avoir invités, mes collègues et moi, à comparaître aujourd'hui pour discuter de la question de privilège concernant les allégations de gestes d'intimidation à l'endroit du député de et d'autres députés.
[Français]
Tout d'abord, je tiens à dire au Comité que je n'ai pas une connaissance directe et précise des circonstances entourant cette affaire. Je laisse à d'autres témoins le soin de clarifier ces circonstances.
La contribution que je peux apporter aujourd'hui à l'étude du Comité, ce sont des observations générales sur le rôle central du privilège parlementaire dans les délibérations du Parlement. J'espère aussi être en mesure d'éclairer le Comité sur le rôle qu'il peut jouer dans l'examen de cette question de privilège.
Le privilège parlementaire désigne les droits et immunités considérés comme essentiels pour permettre à la Chambre des communes et à ses députés d'exercer leurs fonctions parlementaires à l'abri de toute influence indue.
[Traduction]
Au cours de la 30e législature, le Comité spécial sur les droits et immunités des députés, présidé par James Jerome, alors Président de la Chambre, a brièvement énoncé la raison d'être du privilège parlementaire dans son premier rapport, présenté à la Chambre le 12 juillet 1976. Voici ce que le rapport indique:
Le privilège parlementaire a pour objet de permettre aux députés de la Chambre des communes de remplir sans entraves indues, leurs fonctions en tant que représentants des électeurs.
Il incombe au Président de veiller à ce que la Chambre et ses députés puissent accomplir leur travail librement, sans ingérence ni menaces. Dans la décision qu'il a rendue le 8 mai 2023, le Président a insisté sur ce point, et je cite:
Aucune responsabilité dévolue à la présidence n'est plus importante que celle d'assurer le respect des droits et des privilèges des députés et de la Chambre. J'ai tenu compte de la gravité des renseignements présentés à la Chambre, de leur provenance et des répercussions possibles sur nos fonctions parlementaires.
Le 10 mai 2023, à la suite de la décision de la présidence, la Chambre a décidé de renvoyer à votre comité cette question de privilège jugée fondée à première vue. Comme le Président l'a souligné dans sa décision, son rôle ne consiste pas à se prononcer sur les faits. Il lui appartient plutôt de déterminer si, de prime abord, l'affaire semble avoir porté atteinte aux privilèges des députés d'une manière suffisamment grave pour mériter d'être examinée en priorité par la Chambre.
En adoptant un ordre de renvoi à votre comité, la Chambre a établi que cette affaire exigeait un examen plus approfondi et que votre comité était l'instance la plus appropriée pour atteindre cet objectif.
[Français]
Généralement, lorsqu'il se penche sur une question de privilège, un comité cherche d'abord à établir les faits entourant les événements en cause. Il peut ensuite évaluer si ces événements constituent, à son avis, une violation des privilèges des députés ou un outrage à la Chambre. Enfin, il peut examiner les mesures correctives, le cas échéant, qu'il proposerait dans les circonstances et recommander, que ce soit à la Chambre ou au gouvernement, des moyens d'empêcher que de tels événements se reproduisent.
Ce comité peut user de ses pouvoirs habituels, ce qui inclut le fait de convoquer des témoins et d'ordonner la production des documents qu'il estime nécessaires pour approfondir son étude. Il peut tenir des réunions publiques ou encore se réunir à huis clos, s'il juge que certaines discussions devraient demeurer confidentielles.
Si le Comité décide de faire rapport à la Chambre, j'exhorte les députés à formuler leurs recommandations avec soin. Dans le cas où la Chambre elle-même est appelée à adopter des mesures, les recommandations devraient être formulées comme des ordres pouvant être exécutés, advenant que la Chambre les adopte. S'il s'agit de recommandations à l'Administration de la Chambre des communes ou au gouvernement, celles-ci devraient être formulées de manière à être réalisables et s'inscrire clairement dans le mandat du Comité.
[Traduction]
Le Comité n'a vraisemblablement jamais été chargé d'étudier une question de privilège découlant de l'intimidation d'un député par un membre d'un gouvernement étranger. Dans une décision rendue le 29 octobre 1980, à la page 4214 des Débats, la Présidente Sauvé a fait une déclaration judicieuse:
On aura beau inventer de nouvelles façons de s'immiscer dans nos délibérations, la Chambre pourra toujours conclure, dans les cas pertinents, qu'il y a eu violation de privilège.
Je suis persuadé que le Comité et la Chambre sont à même de répondre efficacement à cette nouvelle menace.
En conclusion, je veux redire que le Comité peut compter sur le soutien de l'Administration de la Chambre pour s'attaquer à pareilles menaces. Je termine en vous remerciant de nouveau de m'avoir invité à comparaître devant votre comité. Mes collègues et moi répondrons avec plaisir à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Par votre intermédiaire, je remercie les témoins de leur présence.
Je suis franchement surpris de constater que les médias ne sont pas aussi nombreux à assister à la réunion pour entendre votre témoignage qu'ils l'étaient en début de semaine. J'en suis un peu déçu, mais je suis sûr que tout le monde est à l'écoute.
Je commencerai par parler un peu de la production de documents. Monsieur Janse, vous en avez parlé dans vos remarques et, monsieur Bédard, vous étiez avec nous plus tôt cette semaine à la réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Lors de cette réunion, j'ai trouvé regrettable que certains organismes, dont le Bureau du Conseil privé, ne comprennent peut-être pas pleinement les pouvoirs qu'a le Parlement, y compris ses comités, d'exiger qu'on lui fournisse des documents.
J'espérais que vous, monsieur Janse, ou vous, monsieur Bédard, pourriez confirmer à ce comité que nous avons le pouvoir d'exiger la production de documents et que ce pouvoir l'emporte sur toute autre règle gouvernementale ou toute mesure non constitutionnelle.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins. C'est toujours un honneur de les recevoir.
J'aimerais mieux comprendre le présent et me projeter dans l'avenir. Ayant eu l'occasion de rencontrer l'assemblée législative du Royaume‑Uni — je sais que vous l'avez eue également —, j'aimerais établir des parallèles entre nos pratiques et les leurs pour que nous puissions en parler dans le rapport.
Vous-êtes peut-être au courant qu'en janvier 2022, le MI5 britannique, qui est responsable de la sécurité intérieure, avait fait circuler une note à l'ensemble des parlementaires pour signaler une menace visant une avocate. Cette information venait d'une agence de renseignement de sécurité. C'est comme si le Service canadien du renseignement de sécurité signalait une menace à la présidence officielle pour, par la suite, donner l'avertissement à l'ensemble des élus.
Est-ce ainsi que cela fonctionne, ici, au Canada?
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Puisque c'est une question hypothétique, je ferai de mon mieux pour y répondre.
C'est le SCRS qui est responsable de communiquer avec le député. S'il a des préoccupations liées à de l'ingérence étrangère, par exemple, pour ce député, son bureau ou son personnel, c'est le SCRS qui communique avec le député. Il ne passerait pas par une tierce partie, c'est‑à‑dire nous. Nous serions mis au courant à un moment donné, en fonction des circonstances de l'ingérence.
Mon travail, mon rôle principal, est de faire de mon mieux, et mes collègues font de leur mieux, pour assurer la sécurité physique des députés, de leur personnel et de cet endroit. C'est notre rôle premier. L'ingérence étrangère est quelque chose de nouveau pour nous, depuis ces derniers mois.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous ceux qui témoignent aujourd'hui. Je voudrais commencer en disant à quel point je suis reconnaissante du travail que vous faites au Parlement. Votre tâche est incroyablement difficile et complexe. Je suis heureuse de voir des personnes assumer leurs fonctions de façon non partisane pendant que nous faisons notre travail politique. Je voulais donc tous vous remercier d'entrée de jeu.
Voici maintenant les aspects que j'essaie de comprendre. Nous savons que l'ingérence étrangère évolue sans cesse et que cela constitue un problème majeur. Il faut déterminer quelle serait la meilleure façon de s'y attaquer.
Nous avons entendu le témoignage de M. Chong, qui a soulevé une importante question de privilège. M. Chong a également suggéré que le SCRS mette au courant le Président de la Chambre de toute activité constituant une menace et que le Président en informe ensuite les députés à sa discrétion. Il a parlé du processus du Parlement du Royaume-Uni pour illustrer les mesures adoptées dans d'autres pays.
J'aimerais savoir ce que les témoins pensent de ce processus. Nous savons que le système est dysfonctionnel. Nous devons donc trouver un moyen de nous assurer que les députés et le personnel parlementaire sont mis au courant de toute menace dirigée contre eux, ainsi que des mesures qu'ils doivent prendre pour se protéger.
Ce processus permettrait également de comprendre ce qui nous attend et de jeter peut-être un autre regard sur le monde afin de mieux anticiper les choses. Nous pourrions relayer ce mot d'ordre à tous les ministères concernés et travailler en concertation pour annihiler l'ingérence étrangère.
Monsieur Janse, je vais m'adresser à vous en premier. Selon vous, y a‑t‑il un rôle clé à votre bureau et dans le travail que vous faites qui mériterait d'être exploré? Pouvons-nous nous inspirer d'autres pays? Bien entendu, si vos collègues souhaitent répondre à la question, ce sera formidable.
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Merci beaucoup de votre réponse.
J'essaie aussi de voir quels seraient les ministères concernés.
Je vais m'adresser à nouveau au sergent d'armes. Je comprends que vous avez signé l'entente et que vous êtes en train de déterminer comment les choses se dérouleront dans l'avenir.
Lors de son témoignage, a également mentionné avoir reçu des informations sur les caractéristiques des activités d'ingérence qui l'ont grandement aidé à évaluer et à déceler les éléments qui pouvaient constituer une menace. Il a ajouté que sans cette séance, il n'aurait pas été en mesure de relever les nuances.
Je me demande si des discussions ont lieu à votre niveau sur la nécessité de mieux informer et sensibiliser les députés afin que ceux‑ci soient en mesure d'évaluer ce qui constitue une menace et d'alerter les personnes appropriées. Comment allez-vous travailler avec le SCRS pour mettre en œuvre ce processus dans l'avenir?
Je ne vais pas vous demander de commenter ce que je m'apprête à dire, mais le fait que le gouvernement ait empêché la production de ces documents, traîné le Président de la Chambre en justice, fermé le Parlement et que le ait déclenché des élections pour des raisons frivoles, tout cela démontre jusqu'où peut aller le gouvernement pour camoufler des informations. Ces manœuvres témoignent du profond mépris du premier ministre et de son gouvernement pour les comités parlementaires et pour le Parlement dans son ensemble.
J'ajouterais que le processus décrit par M. Bédard où le Bureau du Conseil privé censure les passages proposés de documents classifiés avec possibilité d'y revenir en péchant par excès de prudence quant aux passages à caviarder, eh bien, c'est exactement le processus que nous avons proposé dans plusieurs motions présentées au Comité.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir à vous, monsieur Bédard, et sur le renseignement que vous pourriez recevoir.
Selon bon nombre de témoignages, les spécialistes du renseignement sont d'avis qu'il faut beaucoup d'expérience et de temps pour dégager les renseignements qui peuvent constituer une preuve ou qui ont un certain poids, ou pour mettre le renseignement en contexte. Le renseignement brut est souvent incorrect ou trompeur. Il ne peut être bien compris que s'il est mis en contexte.
Le Bureau du légiste et conseiller parlementaire possède‑t‑il l'expertise nécessaire? Vous avez dit aujourd'hui devant le Comité que ce serait la première fois que vous feriez cela. J'en déduis que votre bureau ne possède pas nécessairement l'expertise voulue. Comment, alors, pourriez-vous acquérir cette expertise à temps? Comment obtiendriez-vous une compréhension suffisante du contexte pour avoir la certitude de caviarder les bons éléments?
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Merci pour la question.
Par votre entremise, madame la présidente, il y a deux parties à la question. La première porte sur la capacité du bureau. Vous avez parlé de l'interprétation du renseignement et de la capacité de tirer des conclusions. Ces tâches ne font pas partie de notre mandat. Nous n'avons pas la capacité de développer cette expertise. Ce sont des compétences précises qui vont au‑delà du mandat du Bureau du légiste et conseiller parlementaire.
Ensuite, pour être en mesure de caviarder les informations de nature particulièrement délicate, comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a deux façons de procéder: faire tout simplement le caviardage ou discuter avec les personnes qui nous ont transmis les documents pour évaluer le contexte des passages à censurer proposés.
Mon collègue, le sergent d'armes, voudrait peut-être ajouter quelque chose sur l'interprétation du renseignement.
M. Patrick McDonell: Non.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'en apprends beaucoup et j'ai aussi envie d'en apprendre davantage. Dans l'ensemble des témoignages que nous avons entendus, on a beaucoup dit qu'il y avait de plus en plus d'ingérence étrangère, qu'il fallait faire attention aux personnes pouvant détenir toutes les compétences nécessaires pour obtenir des documents classés Secret.
On parle beaucoup de sécurité nationale et d'ingérence étrangère.
J'aimerais que vous m'en parliez davantage, parce que je ne suis pas certaine de très bien comprendre. On dit qu'il faut faire attention à notre sécurité nationale, bien qu'il y ait de plus en plus d'ingérence étrangère.
Pourriez-vous m'éduquer un peu à cet égard? Vous avez une bonne minute pour répondre à ma question.
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Merci, madame la présidente.
Je pense que je vais revenir au légiste.
Monsieur Bédard, je vous remercie de votre patience à mon égard. Si je comprends bien, d'après ce que j'ai entendu dans les autres témoignages, vous pourriez recevoir ces renseignements et vous considérez avoir la cote de sécurité requise. Ce que je veux comprendre, je suppose, c'est la façon dont vous déterminerez ce qui doit être caviardé ou non. Avez-vous fait des recherches sur les procédures d'autres pays qui reçoivent des renseignements? Est‑ce une pratique courante?
Une de mes préoccupations, c'est que si nous adoptons une pratique qui semble incohérente pour nos partenaires, cela pourrait les rendre réticents à nous communiquer des renseignements. C'est un défi important sur le plan de la sécurité nationale. Lorsque je prends des décisions, en particulier pour ces questions, je m'efforce de ne pas être partisane et de porter une attention particulière au rôle que nous jouons tous pour favoriser le bien-être et la santé de tous les Canadiens. J'essaie simplement, à mesure que nous avançons dans ce processus, de comprendre tous ces aspects.
Si vous pouviez répondre à cette question, cela m'aiderait vraiment à comprendre l'attention que je dois accorder aux différents éléments qui me sont présentés.
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Je vous remercie de la question.
À ma connaissance, pour ce qui est des pratiques d'autres pays, il n'y a pas de pratiques semblables où l'on demande au bureau du légiste, ou son équivalent, de caviarder des documents. Cela dit, comme je l'ai mentionné plus tôt, demander à l'administration — soit au légiste ou au greffier du Comité — de caviarder des documents est une nouvelle pratique au Parlement canadien. Nous n'avons pas eu l'occasion de faire des recherches approfondies sur d'autres administrations pour savoir si elles ont des pratiques semblables.
Quant au processus de caviardage, comme je l'ai indiqué, nous nous appuierons sur le caviardage proposé, pourvu que tout ordre de production de documents exige aussi que nous proposions des caviardages et nous permette de consulter les fournisseurs des documents afin de connaître le contexte pertinent pour évaluer la nature délicate des renseignements, et aussi, en cas de doute, de faire preuve de la plus grande prudence.
:
Monsieur Cooper, vous n'avez pas la parole. Lorsque je vous donnerai la parole, vous pourrez parler. Tout le monde sait comment cela fonctionne.
Je suis heureuse que vous trouviez ça amusant, mais pas moi.
Avons-nous besoin que les représentants de la Chambre des communes restent ici pour cette partie, ou peuvent-ils retourner à leurs occupations?
Cela arrive fréquemment. Nous invitons des témoins. Les gens préparent des questions, puis... Je ne sais même pas ce que vous pensez faire, monsieur Cooper, parce que nous pouvons fonctionner. Bon sang, tout le monde, c'est une institution démocratique, ici. Ce n'est pas différent...
J'ai la parole, monsieur Cooper. On vous demande de ne pas appuyer sur le bouton, comme je l'ai dit, par respect pour les interprètes qui traduisent nos propos dans les deux langues officielles.
Madame Blaney, est‑ce que vous l'avez, maintenant?
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Merci. Vous n'avez pas perturbé le processus.
Je vais redonner la parole à M. Cooper.
Monsieur Turnbull, je sais que vous avez des questions, et je ferai de mon mieux.
Je tiens aussi à souligner que nous ne sommes pas des novices. Nous savons que les ressources sont limitées et que nous n'avons pas de ressources supplémentaires aujourd'hui. J'ai fait le tour, puis j'ai souligné que nous dépasserions le temps imparti de cinq minutes pour le premier groupe de témoins. Nous ferons un suivi serré. Nous en avons informé tous les gens qui contribuent au fonctionnement du Comité, puis nous sommes pris avec cette affaire.
Vous avez la parole pour un rappel au Règlement, madame Blaney.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Dès la nomination du soi-disant rapporteur spécial du , de graves préoccupations ont été soulevées quant à la possible situation de conflits d'intérêts de M. Johnston, étant donné qu'il était un ami de longue date du père du premier ministre, qu'il entretient une relation avec le premier ministre depuis des décennies et qu'il était — jusqu'à sa nomination à titre de soi-disant rapporteur spécial — membre de la fondation Trudeau, financée et compromise par le régime de Pékin.
Depuis la nomination de M. Johnston, de nouveaux conflits ont fait surface. Il s'avère qu'il est non seulement un ami du et qu'il était membre de la fondation Trudeau — ce qui, dans les deux cas, le rendrait inadmissible à occuper une telle fonction pour enquêter sur l'ingérence de Pékin, notamment sur des questions liées au premier ministre quant à ce qu'il a fait ou non en réaction à l'ingérence de Pékin, alors qu'une partie de la stratégie de Pékin, évidemment, visait à avantager le Parti libéral. Or, on apprend maintenant que l'avocate principale choisie par M. Johnston pour son enquête prétendument indépendante n'est nulle autre que Sheila Block, une donatrice importante du Parti libéral qui, ces dernières années, a versé près de 7 000 $ au Parti libéral du Canada, et qui était aux côtés du premier ministre et de la , du moins virtuellement, lors d'une récente activité de financement du Parti libéral.
Il a embauché une autre libérale, Valérie Gervais, une ancienne membre du personnel du cabinet ministériel, à titre de conseillère en communications. On apprend maintenant qu'il est conseillé par Don Guy, un autre libéral et ancien chef de cabinet de Dalton McGuinty, ainsi que par Brian Topp, qui a été chef de cabinet d'un gouvernement néo-démocrate.
Tout cela témoigne des multiples conflits d'intérêts entourant ce soi-disant rapporteur spécial. Par conséquent, il convient de convoquer ces personnes à comparaître pour répondre aux questions du Comité.
Je ne sais pas où est la présidente, mais je vous remercie, madame la présidente.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie M. Cooper d'avoir proposé cette motion.
Je vais proposer un amendement visant à supprimer le point c. Je ne suis pas contre l'idée d'avoir cette discussion, mais je ne suis pas prête à prendre cette décision. Je sais que les gens mentionnés au point c ne sont pas rémunérés. Je pense que c'est quelque chose que je pourrais envisager plus tard, mais aujourd'hui, juste pour régler les choses rapidement, je pense que ce serait la meilleure façon d'aller de l'avant.
Madame la présidente, je propose officiellement de modifier la motion. J'aimerais que le point c soit supprimé.
Je précise que je peux appuyer le reste de la motion.
:
Madame la présidente, je suis évidemment un peu déçu de ne pas avoir eu mon tour, mais j'y ai renoncé pour l'instant. Je ne comprends pas vraiment le rapport entre cette motion et la question de privilège que nous étudions ici. Je ne peux que spéculer sur les véritables motifs de la convocation de ces témoins, mais si je me fie aux efforts déployés par les conservateurs pour traîner dans la boue le nom de certaines personnes, je crains que ce ne soit qu'une autre façon de s'en prendre à des gens qui ne méritent pas vraiment d'être mêlés à cela.
Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'ils viennent témoigner. En même temps, je ne comprends pas les intentions de M. Cooper. Quel est le lien avec la question de privilège? À mon avis, c'est sur ce point que nous menons l'étude. Nous savons que cette étude peut maintenant inclure plusieurs autres députés — nous verrons bien —, mais c'est une étude que nous faisons...
Ce que nous essayons de savoir, c'est s'il y a eu atteinte aux privilèges de en raison d'une menace d'intimidation ou d'ingérence à laquelle on n'a jamais donné suite, ce qui a été documenté à de multiples reprises par des experts en sécurité nationale, y compris par des témoins antérieurs.
Jody Thomas, la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, a déclaré qu'il n'y avait pas eu de menace réelle. Le rapport de M. Johnston le confirme également.
Cela ne veut pas dire que l'affaire n'est pas grave et que nous ne la prenons pas au sérieux, car c'est le cas, mais je ne comprends pas l'objectif. Je pense qu'il s'agit de faire intervenir d'autres personnes pour ensuite les traîner dans la boue à des fins politiques. Si ce sont là les motifs du Parti conservateur, ce qui semble être le cas d'après les expériences que j'ai vécues au sein de ce comité, je ne peux pas appuyer cette motion. À mon avis, nous devrions peut-être envisager des amendements à cette motion. Je ne suis pas contre ce qu'a dit Mme Blaney. Je cherche simplement à savoir ce que cette motion apporterait à notre travail actuel, mais je ne vois rien. Je n'en vois pas l'utilité, et je ne trouve pas non plus que la durée des comparutions est justifiée. Elle est précisée, et j'estime que c'est beaucoup de temps que le Comité consacrerait à des témoins que je n'estime pas pertinents pour l'étude en question.
Encore une fois, les conservateurs veulent faire comparaître quelqu'un d'intègre et de crédible pour susciter le doute et l'attaquer, et pour discréditer M. Johnston parce que les conclusions de son rapport, fondées sur des faits et des preuves, ne font pas leur affaire.
Quand vous êtes désespéré et que vous n'avez pas la vérité de votre côté, vous attaquez la personne, ce qui correspond à la rhétorique bien connue depuis des temps immémoriaux. On attaque la personne...
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Merci, madame la présidente.
À l'heure actuelle, si je ne m'abuse, nous avons les paragraphes a et b. Nous avons éliminé le paragraphe c. Je ne fais que vérifier. Nous avons supprimé la référence au nombre d'heures aux paragraphes a et b. Est‑ce exact? Merci, madame la présidente.
J'ai toujours, je pense, les préoccupations que j'ai exprimées tout à l'heure à propos de cette motion. Je ne vois vraiment pas comment Mmes Block et Gervais vont contribuer au travail que nous faisons.
Je pense que la nomination du rapporteur spécial, M. Johnston... Il a comparu devant le Comité pendant plus de trois heures. C'était environ 3 heures 15 minutes, si je ne me trompe pas, ce qui est presque sans précédent pour la comparution d'un témoin. Je pense qu'il a été très franc, qu'il nous a donné beaucoup de réponses claires et qu'il a vraiment bien parlé du travail détaillé qu'il a entrepris en tant que rapporteur spécial.
Je sais que son témoignage a été d'une très grande utilité pour le Comité, et je ne sais pas pourquoi... À mon avis, nous avons assisté, en tout cas de la part du Parti conservateur, à des efforts sans aucune subtilité, à ce stade, pour traîner dans la boue le nom de M. Johnston. Personnellement, je trouve cela dégoûtant. J'ai présenté mes excuses à M. Johnston, d'une certaine manière, en leur nom, même si je n'ai pas vraiment le droit de le faire.
Je suis tout simplement horrifié par la façon dont il a été traité, lui qui a été nommé par Stephen Harper et dont a chanté les louanges pendant de nombreuses années, comme nous tous l'avons fait, car c'est un éminent Canadien qui a si bien servi son pays en tant que gouverneur général. Je trouve tout à fait inacceptable qu'on ternisse sa réputation à des fins politiques. Je me sens vraiment mal pour lui. Je compatis vraiment avec lui. Je ne dis pas qu'il mérite nécessairement d'être protégé ou qu'il en a besoin, en soi, mais je pense vraiment qu'il ne mérite pas un tel traitement.
Je ne comprends pas pourquoi et comment ces deux témoins peuvent nous apporter des témoignages supplémentaires qui sont vraiment utiles pour le travail important que nous entreprenons. Nous pourrions entendre tellement de témoins qui, à mon avis, sont capables de réfléchir à l'avenir et de dire comment nous pouvons améliorer notre réponse à l'ingérence étrangère, ou des témoins que nous aurions pu simplement entendre, si M. Cooper n'avait pas profité de l'occasion pour proposer une motion comme celle‑ci au beau milieu d'une réunion à laquelle nous avions prévu des témoins vraiment pertinents dans la perspective d'une question de privilège.
Nous sommes saisis d'une question de privilège, et le légiste, le greffier de la Chambre des communes et le sergent d'armes sont présents, ce qui signifie que nous avons un travail important à faire sur la question de privilège proprement dite. J'avais des éclaircissements à leur demander, et j'avais pour eux des questions que j'estime très importantes sur la façon de nous y prendre pour comprendre l'atteinte potentielle au privilège parlementaire d'un de nos députés.
Le Président de la Chambre a jugé que la question de privilège était fondée de prime abord, et c'est la raison pour laquelle le Comité en a été saisi. C'est la raison pour laquelle nous entreprenons ce travail, mais je trouve un peu bizarre que nous ne soyons pas en mesure de profiter pleinement de l'expertise des personnes présentes dans la salle.
Je ne vois vraiment pas l'intérêt d'entendre ces témoins dans le cadre de l'étude en cours. Je l'ai dit et je vous ai donné quelques-unes de mes raisons.
Je vous remercie, madame la présidente.
:
Madame la présidente, je tiens à exprimer ma frustration ou ma perplexité concernant les quatre dernières réunions du Comité. J'ai peut-être mal compté. Je ne sais même pas combien de réunions nous avons eues sur la question de privilège jusqu'à présent. Cela ne semble pas différent de l'étude sur l'ingérence étrangère. Tout se fond dans la masse.
Je siège à ce Comité depuis assez longtemps. Nous avons eu d'autres questions de privilège. C'est une question constitutionnelle et juridique, comme nous l'avons entendu aujourd'hui.
J'estime que nos témoins d'aujourd'hui nous ont apporté une aide précieuse, et je pense qu'ils nous aideraient à définir l'intimidation. Ce qu'ils nous ont dit aujourd'hui, à savoir que ce type d'action étrangère n'a jamais été examiné... Cet enjeu a valeur de précédent, et je pense qu'il est très excitant pour nous d'explorer notre façon de nous adapter et d'évoluer face aux menaces à venir.
Ma perplexité et ma confusion découlent de... Nous n'explorons même pas cette question. Nous savons déjà, d'après les témoignages, que des menaces ont été proférées. Nous l'avons déjà entendu. Nous savons que l'ingérence étrangère existe. En ce qui concerne l'ingérence électorale, nous savons qu'il y a peut-être eu des tentatives lors des deux dernières élections, mais que ce sont les Canadiens et les Canadiens seuls qui ont décidé de l'issue de ces élections. Nous le savons.
Ce que le Comité devrait faire maintenant, c'est déterminer si le niveau ou le type de menace ou, faute de savoir qu'il y a une menace... Il faut déterminer s'il s'agit d'une question de privilège, ce qui constituerait un précédent. Nous sommes saisis de cette question.
Nous n'avons même pas commencé à explorer la question. Les témoins qu'on nous propose ne nous aideront pas à prendre cette décision.
Quelle est l'utilité de tourner en rond et de jouer dans le cirque qui sert les intentions et les motivations politiques du Parti conservateur du Canada? C'est exactement de cela qu'il s'agit. Ce sont des tactiques politiques qu'ils emploient pour voir jusqu'où ils peuvent pousser ce jeu qui consiste à entraîner les Canadiens sur la voie de la méfiance à l'égard de notre démocratie, et comment ils peuvent détruire nos institutions et les réduire en cendres. C'est l'objectif du PCC, et c'est tout ce que j'en retiens, car nous ne faisons pas ce que nous devrions faire pour protéger nos institutions.
Oui, nous savons déjà qu'il se passe des choses, et il faut donc dès maintenant agir à partir de là. Nous savons qu'un de nos collègues, qui se trouve être un député conservateur... Je suis désolée de ce qui s'est passé. Mais nous devons maintenant trouver la façon de résoudre ce problème.
Une mesure est déjà en place, et on nous l'a dit: une directive du exige que tout cas d'intimidation ou d'ingérence étrangère impliquant des parlementaires soit rapidement signalé et porté à l'attention de nos organismes de sécurité et du , au bout du compte. C'est important. C'est un bon résultat, je trouve, selon les réponses que les témoins d'aujourd'hui ont données à mes questions.
Malgré toutes les embrouilles et les choses inutiles, nous arrivons à de bonnes conclusions. Cependant, je ne crois pas que les témoignages de ces personnes nous aideront à répondre à la question de savoir s'il s'agit ou non d'une question de privilège.
Ces témoins n'ont pas les connaissances nécessaires pour dire s'il s'agit d'une question de privilège ou non à la Chambre des communes. À quoi cela sert‑il?
Le but est de détourner l'attention et de créer la méfiance. C'est tout ce que nous avons vu dans la campagne de jusqu'à présent. Il ne propose pas de solutions ni d'idées. Tout ce qu'il fait, c'est encourager la destruction. « Voyons à quel point il est possible d'attiser la colère des gens. Semons la confusion et le chaos partout où nous le pouvons. »
On veut convoquer ces témoins dans ce but très précis. Je suis sûre que les témoins seront formidables, car ce sont d'éminents professionnels dans leur domaine, mais quel est le but de tout cela? Ce n'est certainement pas pour obtenir des réponses à la question dont le Président de la Chambre des communes a saisi ce comité.
Notre mandat ne consiste pas à salir inutilement les réputations des autres ou à les attaquer au sujet de ce qu'ils ont fait il y a 30 ans. Je suppose que c'est devenu normal en politique ces dernières années, mais c'est franchement dégoûtant. C'est absolument dégoûtant.
Selon moi, plus personne de compétent et d'éminent ne voudra conseiller les parlementaires, ce qui sera vraiment dommage, car nous respectons les professionnels dans leur domaine et nous avons besoin de leur aide et de leurs conseils dans des moments comme celui‑ci, lorsque nous vivons des situations sans précédent. Il faut que nous puissions compter sur leurs services. Cependant, plus personne ne voudra venir témoigner.
Très franchement, je pense même que plus personne ne voudra devenir parlementaire dans un proche avenir, si nous persistons dans cette voie, du moins personne dont la réputation lui tient à cœur.
Tout ce que je peux dire, c'est que je trouve un peu frustrant que toute cette situation soit en train de devenir une farce. Même ce que nous avons vu hier à la Chambre des communes: des députés qui se précipitent pour empêcher le vote sur le budget, qui se cachent dans le hall, qui votent sur leur téléphone en disant qu'ils ont des difficultés techniques alors que, très franchement, il est évident que personne n'a de difficultés techniques... Le seul but est de retarder les choses et de faire perdre du temps.
C'est une autre tactique pour retarder les choses, pour faire perdre du temps, pour semer la confusion, et je ne suis pas d'accord. Je n'ai pas l'intention de voter si vous ne pouvez pas m'expliquer vos intentions et nous dire en quoi le type de témoignages que vous pensez obtenir de ces personnes nous aidera à résoudre la question de privilège dont le Comité est saisi.
Merci, madame la présidente.
Je suis arrivée à la fin de ma liste d'intervenants. Je vais donc mettre la question aux voix. Est‑ce que cela vous convient?
J'aimerais très rapidement faire une observation.
Nous sommes jeudi. En ce qui concerne mardi, l'avis a été émis pour M. Duheme, pendant une heure, comme l'a demandé le Comité, et pour M. Morrison, pendant deux heures. Le soir, comme l'a demandé le Comité, c'est M. Vigneault qui viendra témoigner pendant deux heures. Jeudi, comme l'a demandé le Comité, c'est le qui comparaîtra. Nous recevrons ensuite deux des personnes qui figuraient sur la liste de témoins, à notre demande.
Nous avons le délai de 10 jours dans l'attente de la réponse à une demande de dérogation que le greffier a déjà transmise. Sinon, il s'agira probablement de 10 jours ouvrables. Nous essaierons de procéder à des substitutions, mais nous n'avançons pas si nous annulons la venue de certains témoins, alors sachez que nous ferons de notre mieux pour qu'ils puissent venir dans un délai de 10 jours. Si une demande de dérogation est refusée, c'est le 20 que nous essaierons de les insérer, à moins qu'il y ait un changement.
[Français]
Souhaitez-vous ajouter quelque chose, monsieur Savard‑Tremblay?