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Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous remercie de votre invitation à témoigner. En tant que greffière des journaux de la Chambre des communes du Royaume-Uni, je suis la spécialiste de la Chambre en matière de privilège parlementaire. Je connais aussi un peu les pratiques administratives, mais d'autres témoins pourraient sans doute vous en parler mieux que moi.
J'aimerais commencer par mentionner que les privilèges de la Chambre des communes du Canada sont, bien sûr, très étroitement liés à ceux de la Chambre des communes ici, mais il est important de se rappeler que vos privilèges ont évolué de manière légèrement différente. Il y a un élément que je trouve surprenant, et c'est le fait que la Chambre des communes du Canada a renoncé à son privilège de liberté de parole pour autoriser les tribunaux et les commissions d'enquête à examiner ses délibérations. Au Royaume-Uni, étant donné que l'article IX de la Déclaration des droits est inscrit dans la loi, nous considérons qu'il n'est pas possible d'y renoncer.
Je crois comprendre que plusieurs questions ont été soulevées dans le cadre de vos délibérations, notamment si le fait d'intimider un député constitue un outrage. Vous vous interrogez aussi sur les pouvoirs du Comité d'exiger des documents confidentiels et de convoquer des témoins. Sur ce dernier point, si je comprends bien, le Comité étudie notamment la question de savoir si ses pouvoirs s'appliquent à des personnes à l'extérieur du Canada. Je vais aborder chaque sujet à tour de rôle, et je pourrai vous donner plus de détails en répondant à vos questions.
À l'article 15.2, Erskine May dit:
tout acte ou omission qui nuit ou fait obstacle à l’une des chambres du Parlement ou à l’un de ses membres ou de ses fonctionnaires dans l’exercice de ses fonctions, ou qui tend, de manière directe ou indirecte, à produire un tel résultat, peut être considéré comme un outrage, même s’il n’existe aucun précédent à cet égard.
Ainsi, le fait d'intimider un député peut certainement être considéré comme un outrage. Erskine May donne de nombreux exemples de cas qui ont été considérés comme des outrages.
La plupart des comités de la Chambre des communes du Royaume-Uni ont le pouvoir de convoquer des personnes et d'exiger la production de documents et de dossiers. Dans la pratique, ils n'ont pas besoin d'utiliser ces pouvoirs. Ils discutent avec les témoins concernés et se mettent d'accord. En cas d'échec, le comité peut convenir d'un ordre de comparution ou de production de documents.
Si l'ordre n'est pas respecté, le comité n'a pas le pouvoir de le faire appliquer. Il doit faire rapport à la Chambre qui, elle, peut prendre un ordre. Il est cependant difficile pour la Chambre de faire appliquer les ordres qu'elle prend à une personne autre qu'un député de la Chambre. En théorie, elle a des pouvoirs d'emprisonnement, mais notre comité des privilèges a récemment examiné la question, et ses procédures ne répondent pas aux attentes modernes quant à la manière dont de telles punitions devraient être infligées. Dans la pratique, elle s'est limitée à des réprimandes. Notre comité des privilèges a fait des propositions pour que de tels outrages soient traités par les tribunaux, mais il n'y a pas beaucoup de progrès jusqu'à maintenant.
Les pouvoirs de la Chambre d'ordonner la production de documents sont, cependant, efficaces contre le gouvernement. Ces dernières années, la Chambre a accepté à plusieurs reprises des motions portant production de documents pour forcer le gouvernement à divulguer des documents, soit en les déposant devant la Chambre, soit, lorsque les documents étaient sensibles, en les déposant devant un comité. En 2018, la Chambre a condamné des ministres pour outrage parce qu'ils n'avaient pas respecté les exigences de la motion portant production de documents, adoptée le 13 novembre de cette année‑là, visant à publier l'avis juridique final et complet fourni par le procureur général au Cabinet concernant l'accord de retrait de l'Union européenne et le cadre de la relation future. Lorsque cette motion a été adoptée, l'avis juridique a été fourni.
Il est à noter qu'un ordre prévoyait que les documents soient mis à la disposition des comités ou des députés à titre confidentiel, et qu'un autre prévoyait que des caviardages pourraient être effectués « uniquement à des fins de sécurité nationale ». Un ensemble de documents a aussi été fourni avec des caviardages dans le but de protéger l'identité des fonctionnaires dans des chaînes de courriels, et cela n'a pas été contesté.
En résumé, oui, l'intimidation peut être considérée comme un outrage. Les comités et la Chambre ont le pouvoir d'exiger la production de documents, mais, dans la pratique, il peut y avoir des obstacles à l'application de leurs ordres. La Chambre peut, elle-même, prendre la décision d'exiger la production de documents selon des modalités qui autorise un accès limité à ces documents.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Messieurs Cooper et Elcock, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Monsieur Cooper, nous constatons aujourd'hui que les libéraux, qui forment le parti au pouvoir depuis près de huit ans, tentent désespérément de miner votre crédibilité depuis la parution de votre article le 7 novembre dernier. Ils ont très rapidement dénoncé l'article, et ils ont nié cette affaire. Comme nous l'avons vu encore aujourd'hui, ils se sont attaqués au messager plutôt qu'au problème que vous avez révélé dans votre article.
Pourtant, c'est le premier ministre lui-même qui, le 3 mai 2018, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, disait qu'il fallait célébrer le travail des journalistes à l'échelle mondiale afin de protéger la démocratie. Il a dit: « Le Canada défendra toujours la liberté journalistique et s'opposera à toute violence, intimidation, censure ou arrestation illégale qui vise à faire taire les journalistes ».
Monsieur Cooper, depuis la parution de votre article, d'autres journalistes ont suivi l'histoire. Au fil des jours, les éléments d'information se sont confirmés, et un diplomate a été expulsé. L'existence de la note de service dont vous avez parlé a été confirmée, et des postes de police chinois ont été perturbés. Par ailleurs, on ne sait pas si ces derniers ont été fermés ou pas.
Nous avons appris que des députés, soit M. Michael Chong, M. Erin O'Toole et Mme Jenny Wai Ching Kwan, ont été ciblés par Pékin. Depuis que le ministre de la Sécurité publique a levé l'interdiction de dévoiler des faits aux députés ciblés par le régime de Pékin, le SCRS a informé les députés des menaces qui pesaient contre eux.
M. Erin O'Toole a confirmé, dans l'entrevue que vous avez faite avec lui et dans son discours à la Chambre, l'existence d'un réseau financé par Pékin pour intervenir dans les élections.
Nous avons appris que les réunions d'information du SCRS sont ignorées par les ministres ou par le premier ministre.
Nous avons eu un rapporteur spécial, qui s'est avéré spécial davantage pour ses liens avec les libéraux que pour la pertinence de ses conclusions. Il a maintenant démissionné.
Malgré tous les articles publiés à ce sujet, malgré votre livre, il semble évident que les libéraux n'ont pas du tout l'intention de faire la lumière sur l'ingérence étrangère dans nos élections.
Monsieur Cooper, quelles sont vos observations concernant la pertinence d'une enquête publique indépendante sur l'ingérence du régime de Pékin dans nos élections?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Voici la motion:
Que, par rapport à son ordre de renvoi du mercredi 10 mai 2023 concernant la campagne d'intimidation orchestrée par Wei Zhao contre le député de Wellington—Halton Hills et d'autres députés, le Comité
a) élargisse la portée de son étude, à la suite de la décision du Président de la Chambre du 31 mai 2023 et du témoignage du greffier intérimaire de la Chambre le jeudi 8 juin 2023, afin d'inclure les questions soulevées en Chambre par l'honorable Erin O’Toole le mardi 30 mai 2023;
b) mette à disposition les témoignages recueillis dans le cadre de cette étude pour son étude sur l'ingérence électorale étrangère;
c) tienne au moins huit réunions d'au moins deux heures entre le mardi 4 juillet 2023 et le vendredi 8 septembre 2023, à des dates qui seront déterminées par le Sous-comité du programme et de la procédure, pour entendre des témoignages et se pencher sur les travaux connexes du Comité;
d) invite chacun des témoins suivants à se présenter seul:
(i) l'honorable Erin O’Toole, pour une durée de deux heures,
(ii) l'honorable Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales, de l'Infrastructure et des Collectivités, pour une durée de deux heures,
(iii) l'honorable Ian Shugart, ex‑greffier du Conseil privé, pour une durée d'une heure,
(iv) Janice Charette, greffière du Conseil privé, pour une durée d'une heure,
(v) Rob Stewart, ex‑sous-ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, pour une durée d'une heure,
(vi) Marta Morgan, ex‑sous-ministre des Affaires étrangères, pour une durée d'une heure,
(vii) Greta Bossenmaier, ex‑conseillère à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre, pour une durée d'une heure,
(viii) Gina Wilson, ex‑sous-ministre de la Sécurité publique, pour une durée d'une heure,
(ix) Paul MacKinnon, sous-secrétaire du Cabinet (gouvernance), pour une durée d'une heure,
(x) Zita Astravas, cheffe du cabinet du président du Conseil privé du Roi pour le Canada et ministre de la Protection civile, pour une durée de deux heures,
(xi) Jeffrey Hutchinson, ex‑secrétaire adjoint intérimaire au Cabinet (Protection civile), pour une durée d'une heure,
(xii) Marie-Hélène Chayer, directrice générale du Groupe de travail sur l'ingérence étrangère du Bureau du conseil privé, pour une durée de deux heures, et
(xiii) Allen Sutherland, secrétaire adjoint du Cabinet (Appareil gouvernemental et Institutions démocratiques), pour une durée d'une heure;
e) invite les personnes suivantes à se présenter en groupes: (i) des représentants de la firme Navigator, qui a fourni du soutien au rapporteur spécial David Johnston et à Han Dong, pour une durée de deux heures, et (ii) Don Guy et Brian Topp, associés fondateurs de GT&Co, pour une durée de deux heures;
f) invite à nouveau chacun des témoins suivants à se présenter seul: (i) l'honorable Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères, pour une durée d'une heure, (ii) Mike MacDonald, ex‑conseiller par intérim à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre, pour une durée d'une heure, (iii) Cong Peiwu, ambassadeur de la République populaire de Chine au Canada, pour une durée de deux heures, (iv) Sheila Block, conseillère juridique du rapporteur spécial David Johnston, pour une durée de deux heures, et (v) Valérie Gervais, fondatrice et directrice générale de RKESTRA, pour une durée d'une heure;
g) invite chacun des témoins suivants à se présenter seul à nouveau: (i) l'honorable Bill Blair, ex‑ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, pour une durée d'une heure, et (ii) le très honorable David Johnston, pour une durée de deux heures, à la suite de la publication de son rapport final;
h) ordonne qu'une citation à comparaître soit délivrée à Michael Chan, ex‑ministre libéral de l'Ontario, afin qu'il se présente seul pour une durée de deux heures, à la date et à l'heure fixées par le Sous-comité du programme et de la procédure, mais au plus tard le vendredi 8 septembre 2023;
(i) ordonne la production, dans un délai de trois semaines:
(i) du rapport du SCRS de juillet 2021 intitulé People's Republic of China Foreign Interference in Canada: A Critical National Security Threat, et la note sur la gestion des enjeux envoyée en mai 2021 au ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile de l'époque concernant l'intention du régime de Beijing de cibler des députés de cette Chambre, ainsi que tous les documents concernant la transmission au cabinet du premier ministre, au Bureau du Conseil privé, au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement et au ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, la distribution au sein de ces organismes, l'analyse et le traitement de ce rapport, et
(ii) tous les autres mémorandums, notes d'information, courriers électroniques, comptes rendus de conversation et tous les autres documents pertinents, y compris les projets, qui sont en la possession d'un ministère ou d'un organisme gouvernemental, y compris le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections, le Groupe du protocole sur les incidents électoraux critiques, tout cabinet ministériel et le cabinet du premier ministre, qui contiennent de l'information sur:
(A) la planification ou les efforts déployés par des gouvernements étrangers ou d'autres acteurs d'États étrangers, ou en leur nom, pour intimider un député de la Chambre des communes, ou
(B) les questions soulevées par l'honorable Erin O'Toole en Chambre le mardi 30 mai 2023, à condition
(iii) que ces documents soient déposés sans être expurgés au Bureau du légiste et conseiller parlementaire, dans les deux langues officielles,
(iv) qu'une copie de ces documents soit également déposée au Bureau du légiste et conseiller parlementaire, dans les deux langues officielles, avec toute proposition de caviardage d'informations qui, de l'avis du gouvernement, risquerait vraisemblablement de compromettre l'identité d'employés ou de sources ou les méthodes de collecte de renseignements d'organismes de renseignement canadiens ou alliés,
(v) que le Bureau du légiste et conseiller parlementaire doive rapidement faire savoir au Comité s'il est convaincu que les documents ont été produits conformément à l'ordre donné et, dans la négative, que la présidence doive être chargée de présenter immédiatement, au nom du Comité, un rapport à la Chambre décrivant les faits importants de la situation, et
(vi) que le Bureau du légiste et conseiller parlementaire évalue les expurgations proposées par le gouvernement, conformément au sous-paragraphe (iv), afin de déterminer si le Bureau convient que les expurgations proposées sont conformes aux critères énoncés au sous-paragraphe (iv) et
(A) s'il est d'accord, qu'il fournisse les documents, tels qu'ils ont été expurgés par le gouvernement conformément au sous-paragraphe (iv), au greffier du Comité, ou
(B) s'il n'est pas d'accord avec tout ou partie des expurgations proposées, qu'il fournisse au greffier du Comité une copie des documents expurgés de la manière que le Bureau juge conforme aux critères énoncés au paragraphe (iv), ainsi qu'un rapport indiquant le nombre, l'étendue et la nature des expurgations proposées par le gouvernement qui ont fait l'objet d'un désaccord, et
(vii) que le greffier du Comité fasse distribuer aux membres du Comité les documents caviardés fournis par le Bureau du légiste et conseiller parlementaire conformément au sous-paragraphe (vi) et les fasse publier sur le site Web dès leur réception;
j) ordonne la production, dans un délai de trois semaines, de l'annexe du premier rapport du rapporteur spécial David Johnston, ainsi que de tous les documents qu'il a examinés dans la préparation de son premier rapport, à condition
(i) que ces documents soient déposés sans être expurgés au Bureau du légiste et conseiller parlementaire, dans les deux langues officielles,
(ii) que le Bureau du légiste et conseiller parlementaire doive rapidement faire savoir au Comité s'il est convaincu que les documents ont été produits conformément à l'ordre donné et, dans la négative, que la présidence doive être chargée de présenter immédiatement, au nom du Comité, un rapport à la Chambre décrivant les faits importants de la situation, et
(iii) que ces documents puissent être consultés par les membres du Comité, sous la supervision du Bureau du légiste et conseiller parlementaire, entre le jour de leur dépôt et la veille de la réunion mentionnée au sous-paragraphe (iv),
(iv) que le Comité se réunisse à huis clos, pendant au moins deux heures, au moins 14 jours après le dépôt des documents et au plus tard le vendredi 8 septembre 2023, avec les représentants du gouvernement concernés, afin de discuter des documents,
(v) qu'à la réunion mentionnée au sous-paragraphe (iv),
(A) seuls les membres du Comité, le personnel de soutien nécessaire à la réunion, les témoins et les représentants du Bureau du légiste et conseiller parlementaire soient autorisés à assister, et
(B) le greffier du Comité fournisse des copies papier numérotées des documents, au début de la réunion, aux membres du Comité qui sont présents en personne, qui doivent être retournées au greffier à la fin de la réunion, et le greffier doit détruire les copies papier numérotées après la réunion, et
(vi) que, pendant la consultation prévue au sous-paragraphe (iii) et à la réunion mentionnée au sous-paragraphe (iv), aucun appareil mobile, électronique ou d'enregistrement personnel de quelque nature que ce soit ne soit autorisé dans la salle, et qu'aucune note ne soit emportée hors de la salle; et
k) ordonne la production, dans un délai de trois semaines, de tous les documents concernant les dépenses encourues ou engagées par le rapporteur spécial, conformément au paragraphe 4g) de l'annexe du décret 2023‑0324, y compris les contrats avec la Société d’avocats Torys, la firme Navigator et RKESTRA, à condition
(i) que ces documents soient déposés sans être expurgés auprès du greffier du Comité, dans les deux langues officielles,
(ii) que ces documents soient distribués aux membres du Comité et publiés sur le site Web du Comité dès leur réception, et
(iii) que le Bureau du légiste et conseiller parlementaire doive rapidement faire savoir au Comité s'il est convaincu que les documents ont été produits conformément à l'ordre donné et, dans la négative, que la présidence doive être chargée de présenter immédiatement, au nom du Comité, un rapport à la Chambre décrivant les faits importants de la situation.
À présent que j'ai lu la motion pour qu'elle apparaisse au compte rendu, madame la présidente, je voudrais formuler quelques brefs commentaires sur son contenu.
Depuis le début de notre étude, nous avons entendu des ministres et des fonctionnaires de même que le rapporteur spécial du . Ces témoignages combinés génèrent beaucoup plus de questions que de réponses.
Le témoignage de l'ancien ministre de la Sécurité publique, qui est aujourd'hui le , a été carrément contredit par le témoignage du directeur du SCRS. Le titulaire actuel du poste de a été incapable de répondre aux questions les plus élémentaires, notamment sur la note de gestion des enjeux transmise à son ministère qui signalait que le était ciblé par le régime de Pékin. Le ministre a même été incapable de dire s'il avait demandé ou non aux fonctionnaires de son ministère de vérifier ce qui était arrivé avec la note.
Le gouvernement est dirigé par un premier ministre et des ministres qui ne sont jamais responsables. Bizarrement, ils ne sont informés de rien et ils rejettent systématiquement le blâme sur les autres, que ce soit sur le SCRS ou sur les fonctionnaires. Un rapporteur a été nommé. Il est un ami de longue date du premier ministre. Ce rapporteur est incapable de défendre les conclusions clés de son rapport et ne semble pas avoir été en mesure d'obtenir des informations exhaustives de la part du gouvernement.
M. Cooper, ancien collaborateur de Global News, a dit quelque chose de très intéressant aujourd'hui. Il a indiqué que le Comité de parlementaires de la sécurité nationale et du renseignement avait fait état dans un rapport présenté en 2019 de ses préoccupations liées au fait que le Bureau du Conseil privé avait retenu des documents dont ce comité aurait eu besoin. Ce constat soulève des questions sur la transparence du Bureau du Conseil privé et du gouvernement.
Le rapporteur est entaché par plusieurs couches de conflits d'intérêts qui minent son indépendance et la validité de ses conclusions. Il connaît depuis des décennies le premier ministre. Il était membre de la fondation Trudeau, qui est financée et compromise par Pékin, jusqu'à ce que le premier ministre le nomme au poste de rapporteur. Il a engagé comme conseillère principale une importante donatrice libérale pour l'aider à rédiger son rapport prétendument indépendant, et a embauché une porte-parole qui faisait récemment partie du personnel politique d'un ministre libéral.
En plus, nous avons appris tout récemment que le rapporteur avait engagé la firme de gestion de crise qui offrait des conseils à un député visé par son rapport. Imaginez: un rapporteur qui embauche une firme de communications spécialisée dans la gestion de crise. Cela en dit long sur le fiasco occasionné par cette nomination.
À la lumière de tous ces éléments, il est indéniable qu'une enquête publique sera nécessaire. Les Canadiens le méritent, et le Parlement en a réclamé une à trois reprises. Or, le et les députés libéraux font fi de la volonté du Parlement. Certains viennent justement d'opiner du bonnet. Tout ce que peut offrir le premier ministre est un simulacre de rapporteur, un ami de la famille recruté pour gagner du temps, qui produit un rapport qu'il est incapable de défendre et qu'il ne comprend pas. Tout cela est en réalité une mise en scène pour camoufler l'aveuglement volontaire du premier ministre sur les attaques perpétrées par Pékin contre notre démocratie lors de deux élections fédérales pendant son règne et sur les activités de Pékin visant à empêcher les députés de faire leur travail, de parler au nom des résidants de leur circonscription et de voter librement à la Chambre des communes sans que les membres de leur famille soient ciblés et menacés par le régime de Pékin. Le premier ministre a également fermé les yeux à répétition sur les activités menées par des diplomates et de hauts représentants de Pékin contre la diaspora sino-canadienne et sur les rapports de renseignement qui faisaient état des activités de Zhao Wei, ce qui a permis à ce diplomate de continuer à cibler et à intimider en toute impunité des Canadiens d'origine chinoise pendant deux ans. C'est seulement lorsque le Globe and Mail a fait éclater l'affaire que le premier ministre s'est enfin décidé à agir, notamment à céder à la pression en expulsant un diplomate chinois.
Ce dénouement n'est pas attribuable à ce qu'a fait le ou la , qui a affirmé ne pas avoir d'informations sur les activités en question lorsqu'elle a témoigné devant le Comité, ce qui était totalement faux.
Au bout du compte, tant que le ne demandera pas la tenue d'une enquête publique, le Comité sera le seul forum public permettant d'aller au fond des choses sur l'ingérence de Pékin et d'obtenir les réponses que les Canadiens méritent. Voilà l'objet de cette motion, qui propose de convoquer des témoins clés, d'exiger la production de documents pertinents et de poursuivre la tenue d'audiences pendant l'été, car cette affaire est trop urgente pour que nous interrompions les audiences pendant deux mois et demi. Nous devons poursuivre notre travail. C'est l'élément clé de la motion. J'espère que les députés de tous les partis comprennent l'importance d'ordonner la production de documents pertinents, de convoquer des témoins clés et de permettre au Comité de siéger pendant l'été. J'espère que la motion obtiendra l'appui de tous les membres du Comité.
Merci, madame la présidente.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai plusieurs choses à dire. Premièrement, je tiens à remercier mon collègue Michael Cooper d'avoir travaillé, avec son équipe, sur une motion qui nous permet d'aller au fond des choses et de donner suite à la requête que la Chambre des communes nous a faite, c'est-à-dire d'étudier la question de privilège de M. Michael Chong. Il est important de rappeler certains éléments de cette motion en français, madame la présidente, pour être bien certains que les gens qui nous regardent, comme l'a dit ma collègue Mme Gaudreau, savent où nous en sommes dans notre enquête sur l'ingérence étrangère.
Toutefois, je voudrais d'abord rappeler quelques faits au sujet du rapporteur spécial, qui a démissionné après que tous les partis de l'opposition ont demandé sa démission à la Chambre des communes. Certaines conclusions de son rapport ont été ici même fortement contestées par certains témoins. Il n'a pas réussi à convaincre les Canadiens que le gouvernement faisait tout en son pouvoir pour prévenir l'ingérence du régime de Pékin dans les prochaines élections, qui auront lieu nous ne savons pas quand. Il est important de rappeler aussi que, puisqu'il s'agit d'un gouvernement minoritaire, des élections pourraient être déclenchées à tout moment.
Dans la motion de mon collègue, le point a) est très important. Il vise à demander que nous élargissions la portée de l'étude que nous faisons présentement sur la campagne d'intimidation menée à l'égard de Michael Chong et d'autres députés, particulièrement pour inclure la situation soulevée à la Chambre des communes par l'honorable Erin O'Toole le mardi 30 mai. Nous ne pouvons pas passer à côté de cela, parce que M. O'Toole a été parmi les premiers députés à être breffés directement par le SCRS sur ce qui lui est arrivé. C'est le premier député à avoir reçu un breffage complet.
Nous avons entendu ici, au Comité, les commentaires des experts du SCRS et ceux d'autres experts en sécurité nationale. Il nous ont expliqué quelle sorte d'information circulait au SCRS. Il y a de l'information brute, de l'information plus détaillée et de l'information analysée. Ce que nous avons compris du témoignage de M. O'Toole, c'est qu'il a eu accès à toute l'information, sans restriction. Par la suite, il a pris grand soin, à la Chambre des communes, de faire un résumé de l'information qu'il avait obtenue, en retenant volontairement certains éléments d'information dont la divulgation, selon lui, aurait pu nuire à la sécurité nationale et à la protection des députés de la Chambre des communes. Il l'a donc fait de façon appropriée. Son discours a été souligné par plusieurs analystes, et je dois vous dire que M. O'Toole a des choses à dire au Comité.
Nous ne pouvons pas poursuivre cette étude sans recevoir M. O'Toole pour au moins deux heures, d'autant plus que le Président de la Chambre, à la suite de la question de privilège soulevée par M. O'Toole sur le fait qu'il avait été ciblé par le régime de Pékin, a inclus les questions soulevées par M. O'Toole dans l'étude que nous faisons ici présentement. C'est la même chose pour la députée du NPD Mme Kwan. Elle n'a pas voulu en faire une question de privilège, mais cela aurait été son droit. Il est probable que le Président aurait aussi renvoyé sa question de privilège à ce comité.
Madame la présidente, il est essentiel que le Comité élargisse officiellement la portée de son étude pour inclure les questions soulevées à la Chambre par l'honorable Erin O'Toole le mardi 30 mai. D'ailleurs, ce témoignage a été en grande partie cité par le journaliste M. Cooper aujourd'hui, lors de son témoignage.
Le témoignage de M. O'Toole contient beaucoup de réponses à nos questions, et il est extrêmement important que le Comité en fasse mention.
Deuxièmement, il est demandé que le Comité continue de tenir des réunions pendant la période estivale. Pourquoi? Parce que les agents étrangers, eux, ne prennent pas de vacances. Ils vont continuer de s'adapter et de modifier leurs méthodes aussi longtemps que le Canada n'aura pas adopté une loi plus forte pour empêcher le régime de Pékin d'intervenir dans nos élections.
Comment pourrions-nous expliquer que nous voulons faire une pause alors que les citoyens qui nous regardent actuellement s'attendent à ce que nous fassions toute la lumière sur l'ingérence de Pékin dans notre système démocratique, dans nos élections de 2019, de 2021 et, probablement, dans celles à venir. Nous pourrions dire à ces citoyens que nous allons faire une pause de deux mois pendant laquelle nous ne poserons de questions à personne, rester tranquillement assis chez nous et attendre que cela passe, mais cela ne passera pas. Cela ne passera pas tant et aussi longtemps que nous ne serons pas en mesure de faire la lumière sur cette situation et que le premier ministre ne décidera pas de déclencher une enquête publique indépendante.
Notre comité est présentement le seul espace public où les gens peuvent venir témoigner de ce qu'ils savent sur l'ingérence du régime de Pékin dans nos élections. Il n'y a pas d'autres endroits où cela se passe. Les deux comités qui traitent de sécurité nationale et dont les noms ont été abondamment cités depuis le début de cette étude du Comité tiennent leurs réunions en privé, à huis clos. Si ce n'étaient pas des révélations des journalistes et de ce comité, qui permet d'entendre les témoignages des témoins et de faire la lumière sur la situation, nous ne pourrions pas savoir ce qui se passe et aller plus loin.
Sans ce comité et sans les journalistes, un diplomate qui avait intimidé un député n'aurait pas été expulsé. Des postes de police du régime de Pékin établis et fonctionnant en sol canadien n'auraient probablement pas été fermés ou perturbés. Cette situation n'est pas tout à fait claire, cependant. En effet, certains postes de police sont encore ouverts, mais il n'y aurait plus d'activités de la police de Pékin. Ce n'est pas clair. C'est une des situations sur lesquelles il faut absolument enquêter davantage. Sans ce comité, il n'y aurait pas eu de rapporteur spécial, mais, s'il y en a eu un, c'est parce que le premier ministre voulait que cette situation demeure obscure le plus longtemps possible. Or, nous nous demandons pourquoi. Pourquoi tout faire pour éviter que les Canadiens et les Canadiennes apprennent toute la vérité sur l'ingérence étrangère dans nos élections?
Ces réunions se dérouleraient du 4 juillet au 8 septembre, et il est demandé qu'il y en ait au moins huit. Il ne s'agit quand même pas d'en tenir tout l'été. Les Canadiens ne nous condamneront pas si nous tenons huit réunions du Comité pendant l'été pour continuer à entendre des témoignages sur l'ingérence étrangère. Parmi les témoins, il y a des personnes importantes. J'ai évidemment mentionné l'hon. Erin O'Toole, mais il faut recevoir de nouveau Dominic LeBlanc, qui a été chargé par le premier ministre d'établir un processus pour la suite des choses en raison de la démission du rapporteur spécial, qui n'est pas si indépendant. Cela va peut-être mener à une enquête publique indépendante, mais nous ne savons pas exactement quand cela va se produire.
D'ailleurs, je tiens à souligner que le chef de l'opposition officielle a rappelé aujourd'hui au gouvernement que nous étions prêts à discuter du mandat de cette commission et à participer à la nomination d'un commissaire. Il ne faut qu'un élément de base, et c'est que le premier ministre annonce clairement la tenue d'une enquête publique indépendante. Après cela, l'opposition travaillera rapidement pour proposer un mandat et des noms de commissaires. Nous pourrons alors progresser et commencer à aller vraiment au fond des choses.
C'est tout ce que nous demandons. Il ne s'agit pas ici de donner à M. LeBlanc le mandat de trouver un processus qui mènera peut-être, éventuellement, à une enquête publique indépendante si le premier ministre juge que ce n'est pas trop dommageable pour lui. Il faut sortir la politique de tout ce processus. L'opposition officielle est prête à le faire. Nous sommes prêts à collaborer. Nous voulons travailler à l'élaboration du mandat d'une commission d'enquête publique indépendante.
Nous voulons aider et appuyer l'éventuel commissaire qui va devoir faire toute la lumière sur la situation. Cependant, avant de soumettre des noms, des idées de mandats et des exemples de ce que nous pourrions faire, nous voulons que le premier ministre s'engage clairement et fermement envers la tenue d'une enquête publique indépendante.
Voilà pourquoi nous devons recevoir M. LeBlanc. Or, il tarde à nous répondre. Nous ne savons pas où il s'en va. Nous voulons que M. LeBlanc vienne nous dire exactement ce qu'il a en tête et pourquoi on n'a pas encore procédé à l'annonce d'une enquête publique indépendante. Qu'a-t-il tant à cacher?
Beaucoup de personnes dont le nom figure dans la liste des gens que nous voulons voir comparaître devant le Comité pour savoir ce qu'il est advenu des notes de service du SCRS ont été mentionnées soit par des témoins, soit dans des articles de journaux.
Nous avons appris qu'il existe plusieurs types de notes. Il y en a qui transmettent de l'information, d'autres qui mentionnent qu'elles doivent absolument être envoyées aux ministres. Il s'agit de notes de gestion interne, je crois. Je ne me souviens pas de leur nom exact.
Nous en apprenons beaucoup sur le renseignement et la sécurité nationale, mais il s'agit toujours d'information superficielle. Ces notes visent expressément à attirer l'attention des membres du Cabinet, des fonctionnaires et des ministres.
Deux, trois, cinq ou six de ces notes, au plus, sont envoyées chaque semaine. Ce ne sont pas des milliers. Or, comment se fait-il qu'elles se soient perdues dans des trous noirs?
Comment se fait-il qu'il n'y ait personne au bureau du premier ministre ou au bureau du ministre de la Sécurité publique qui ait été alerté par ces notes?
Il y a aussi le fameux système de courriel sécurisé dont parle M. Johnston et dont personne, selon tous les témoins qui travaillent dans le domaine de la sécurité nationale, ne semble connaître l'existence, si l'on se fie à la manière dont le décrit le rapporteur spécial, dont le comprend M. Blair et dont il est présenté par les gens du SCRS.
Il est donc important d'entendre les témoignages de ces gens du ministère des Affaires étrangères, des conseillers à la sécurité nationale, des sous-ministres qui étaient en poste à l'époque à la Sécurité publique, des sous-secrétaires du Cabinet, principalement de Mme Zita Astravas, cheffe du cabinet du président du Conseil privé du Roi pour le Canada et ministre de la Protection civile, qui semble avoir joué un rôle dans tout ce processus.
Il est important que nous n'attendions pas à l'automne pour recevoir ces gens. Il faut le faire le plus rapidement possible. Je pense que le public s'attend à cela.
Nous avons également appris que le rapporteur spécial, bien qu'il dise avoir lui-même rédigé son rapport, a eu recours à des firmes d'experts-conseils pour l'aider, notamment pour ce qui est d'interroger des témoins. Nous avons constaté qu'une bonne partie de ce rapport a dû être rédigée par des consultants externes, parce que, quand le rapporteur spécial a témoigné devant nous, il a souvent semblé ne pas trop comprendre ses propres mots en consultant son document.
À ma grande déception, les représentants de ces firmes qui ont malheureusement contribué à la rédaction du rapport du rapporteur spécial sont peut-être plus nombreux que nous le pensons. Or, nous devons savoir ce qu'ils ont dit et ce qu'ils ont conseillé au rapporteur spécial concernant la rédaction de son rapport.
Nous devons aussi recevoir les représentants de la firme qui ont représenté une des personnes ciblées par l'enquête du rapporteur spécial. Nous devons également recevoir MM. Don Guy et Brian Topp, les associés fondateurs de GT&co, et d'autres conseillers bénévoles, semble-t-il. Nous verrons si la motion que nous avons présentée en vue d'obtenir des documents fera son chemin.
À la suite de toutes ces révélations, nous avons appris que le SCRS aurait remis au ministère des Affaires étrangères une liste de noms de diplomates que ce dernier pourrait envisager d'expulser, parce qu'ils seraient des diplomates du régime de Pékin qui continueraient à mener des activités d'ingérence étrangère au Canada.
Nous savons que le ministère a une liste, mais nous ne savons pas ce qu'il en a fait ni ce qu'en a fait la ministre. On est très fier de dire qu'on a expulsé un diplomate, mais cela a pris des mois avant que ce soit fait. En effet, il a fallu que des révélations soient publiées dans les journaux et que le Comité mène des études. Qu'est-il advenu de cette liste? Qu'est-ce que la ministre des Affaires étrangères sait de cette liste? Il est important qu'elle revienne témoigner devant le Comité. La première fois qu'elle a témoigné, elle est plutôt restée muette à propos de cette liste. L'avait-elle ou non au moment de son témoignage? Je pense qu'il est important qu'elle donne des explications au Comité.
À mon avis, cela vaudrait évidemment la peine d'inviter à nouveau M. Cong Peiwu, ambassadeur de la République populaire de Chine au Canada, à venir témoigner pendant deux heures. S'il est ouvert à l'idée de venir répondre franchement aux questions de membres du Comité, je suis persuadé que les membres de tous les partis vont avoir de bonnes questions à lui poser. Nous aimerions que la réunion soit de deux heures, soit le minimum que le Comité doit prévoir pour une telle réunion.
De plus, les témoignages de Mme Sheila Block, conseillère juridique du rapporteur spécial, et de Mme Valérie Gervais, responsable des communications, sont essentiels pour que le Comité comprenne le processus qui a été mis en place par le gouvernement depuis que toutes ces révélations ont été faites.
Pourquoi le rapporteur spécial, qui tenait à son rapport, qui n'en démordait pas et qui a dit qu'il resterait en poste jusqu'à la fin — je me souviens que ses propos à cet égard étaient assez clairs —, a-t-il finalement décidé de démissionner? Il a dit qu'il démissionnait, mais il est toujours en poste. Il veut démissionner, mais pas tout de suite. Il a démissionné, mais il veut tout de même rédiger un rapport.
Quelle crédibilité pourrons-nous donner à ce rapport si le rapporteur spécial n'est pas crédible aux yeux de la Chambre des communes, des partis de l'opposition et des Canadiens et Canadiennes? Tout ce que cela fait, c'est de donner de 1 200 $ à 1 700 $ par jour au rapporteur spécial pour qu'il continue à rédiger un rapport dont personne ne veut plus lire les conclusions.
M. Blair doit venir nous expliquer les différentes versions de son ministère par rapport à la note qui a été transmise. Celle-ci, rédigée par le SCRS, ne devait être vue que par le ministre, mais celui-ci ne l'aurait pas vue. S'agit-il d'aveuglement volontaire de la part du ministre ou de son cabinet? Je ne le sais pas, mais, à mon avis, ce serait important de le savoir.
Il est donc important de nous réunir cet été afin d'entendre les témoignages de tous ces témoins.
J'ai aussi beaucoup de choses à dire au sujet des éléments d'information qui n'ont pas été rendus accessibles au Comité, et ce, depuis le début de notre étude. Je parle des documents.
Une motion a été présentée, mais le débat entourant celle-ci a été ajourné. La motion demandait la production de documents. Ces documents sont essentiels pour que le Comité puisse voir clair dans le dossier de l'ingérence du régime de Pékin dans les élections canadiennes. Malheureusement, chaque fois que nous soumettons une demande d'accès à des documents, il y a de la réticence. Je ne sais pas pourquoi le Parti libéral et le NPD sont réticents à ce que le Comité se penche sur certains documents, même si cela se fait sous la supervision du légiste de la Chambre. Ce dernier a affirmé au Comité qu'il était habilité à voir les documents de cette nature qui lui seraient remis si la motion était adoptée.
Ces rapports sont importants, et le Comité doit être en mesure de s'en faire une idée lui-même. Aujourd'hui, mes collègues du Parti libéral ont mis en doute la véracité des articles publiés par M. Samuel Cooper, sur la base de ces documents. Une partie de ces documents a été remise après que nous avons fait une première demande de production de documents, mais ils étaient largement caviardés. Tout compte fait, ils se sont révélés conformes à la réalité, la plupart du temps. Un diplomate a été expulsé à la suite de ces révélations, ce n'est pas rien. Ces documents contiennent de l'information importante, et cette information doit nous être transmise.
En ce qui concerne la motion, vous avez vu que mon collègue M. Michael Cooper a été très prudent. Il a fait en sorte que les renseignements dont la divulgation pourrait nuire à la sécurité nationale et à nos relations avec nos alliés, c'est-à-dire les autres pays du Groupe des cinq, ou toute autre information de nature délicate qui pourrait provenir d'autres pays, soient protégés afin de préserver le lien de confiance qui nous unit à ces pays dans le cadre de la collecte de renseignements.
Je pense que la motion est très bien rédigée. Elle explique la manière de procéder pour que, nous, les parlementaires, et les Canadiens aient accès à l'information qui peut être rendue publique. En même temps, nous devons aussi avoir accès à l'information qui ne doit pas être rendue publique, mais qui pourrait être vue par les députés et les membres de ce comité. Elle décrit très bien le processus d'une rencontre où des documents pourraient être imprimés pour les députés dans une salle sans téléphone cellulaire, à huis clos, en compagnie uniquement du personnel requis. Les documents ne pourraient pas être annotés, et ils devraient être remis par la suite au greffier pour en assurer la confidentialité. Tous les autres documents dont la divulgation pourrait menacer la sécurité nationale seront caviardés. Les éléments d'information que nous n'avons pas à connaître dans le cadre de notre étude ne seraient pas transmis ou remis aux députés.
Cela, c'est la réalité. C'est ce qui fait la beauté de la motion présentée par mon collègue. C'est la raison pour laquelle nous avons fait très attention. Cette motion portant sur la production de documents devrait, à mon avis, recevoir le soutien de tous les partis, parce que nous avons écouté ce que le légiste de la Chambre est venu nous dire quand il est venu ici nous expliquer la manière dont nous devrions procéder pour faire en sorte qu'il puisse voir les documents. À partir de cela, nous avons conçu une motion qui saura, j'en suis sûr, répondre à toutes les inquiétudes que peuvent avoir les membres du Comité sur l'importance de protéger les secrets. C'est ce qui fait en sorte que nous avons accès à de l'information, madame la présidente.
Pour conclure, je tiens à dire une chose. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a un rôle très important à jouer. Nous offrons un chemin. Nous offrons une manière de mener à bien notre mandat pour éviter d'avoir à tenir des rencontres du Comité pendant tout l'été et pour éviter d'avoir à les tenir conformément à l'article 106(4) du Règlement, madame la présidente. Nous ne voulons pas cela. Nous voulons une planification claire et précise.
Mon temps de parole est-il écoulé, madame la présidente?