:
Je vous remercie, madame la présidente.
Bonjour à toutes et à tous.
Lorsque j'ai pris conscience de l'objet de la discussion d'aujourd'hui, j'y ai vu trois volets distincts.
Premièrement, on doit réfléchir aux principes et aux valeurs de notre société qui nous mèneraient à inclure ou non les langues autochtones sur les bulletins de vote des élections fédérales. C'est donc une discussion fondamentale et dite « normative » qui fait appel aux valeurs des Canadiennes et des Canadiens.
Le deuxième volet concerne l'aspect technique. Comment cela pourrait-il fonctionner et être appliqué en pratique?
Le troisième et dernier aspect concerne l'implication et les conséquences potentielles à partir de ce qu'on connaît des études empiriques sur la participation électorale des Autochtones.
Je vais me concentrer sur le premier et le troisième volet, soit l'aspect normatif et le volet empirique de la documentation, en laissant de côté les considérations techniques.
En ce qui a trait au volet normatif, il faut réfléchir aux valeurs de notre société. Quelles sont-elles? Comment peuvent-elles se refléter sur les politiques publiques et améliorer le processus électoral? Manifestement, la société canadienne se veut inclusive.
Sur le plan politique, et par rapport au processus électoral, cela implique de favoriser l'inclusion de tous les groupes de la société, afin qu'un maximum de gens puisse participer au processus politique, surtout lors des élections, qui représentent un moment clé de notre cycle démocratique. Pour qu'un maximum de gens y participe, il faut porter une attention particulière aux groupes qui participent systématiquement moins à la vie démocratique dans notre société.
À bien des égards, en 2022, la société canadienne n'est pas inclusive envers les communautés autochtones. Les Autochtones font face à des barrières systématiques, ce qui fait qu'ils participent moins à la vie démocratique comparativement aux allochtones.
En ce sens, il semble tout à fait cohérent et souhaitable de permettre aux Autochtones de voter tout en ayant des directives dans leur langue qui seraient incluses sur leur bulletin de vote. Pour cette raison, je pense qu'on doit aborder cette question avec un a priori assez sympathique à une telle initiative pour des fins d'inclusion.
Je vais maintenant vous parler du volet empirique. Selon moi, la grande question qu'il faut se poser est la suivante: peut-on s'attendre à une augmentation de la participation électorale des Autochones grâce à cette mesure?
À mon avis, ce n'est probablement pas le cas; dans l'affirmative, leur participation serait très limitée.
En effet, on devrait s'attendre à une augmentation de la participation électorale seulement et seulement si cette mesure fait qu'il devient plus facile pour les électeurs autochtones d'aller voter et si cette considération, à savoir la facilité d'aller voter, a une grande influence dans leur décision d'aller voter ou non.
Or, même si les échantillons de données concernant les Autochtones sont très limités, la grande majorité des gens trouve manifestement que voter est soit très facile, soit assez facile.
Ensuite, on sait que la facilité d'aller voter ne fait pas partie des considérations les plus importantes qui influencent la décision des citoyens d'aller voter ou de rester à la maison, le jour des élections. Autrement dit, les gens qui s'abstiennent de voter le font pour d'autres raisons autres, qui ne sont pas liées à la facilité d'aller voter.
En conclusion, en ce qui a trait au volet normatif et à l'inclusion des Autochtones dans la société canadienne, je ne vois pas de raison de ne pas inclure les langues autochtones sur les bulletins de vote.
Par contre, en ce qui concerne le volet empirique, selon ma lecture de la documentation, on ne devrait pas s'attendre à une augmentation importante de la participation électorale des Autochtones, car les raisons de leur abstention se trouvent ailleurs que dans la facilité d'aller voter. Bien qu'il soit noble du point de vue normatif, ce projet ne s'attarde pas à ces facteurs, par exemple, à l'intérêt des Autochtones pour la politique canadienne.
Cela dit, mes conclusions sont basées sur des données de recherche assez limitées et selon des échantillons recueillis auprès des Autochtones.
Je pense que nous avons grandement besoin d'autres études, afin de nous aider à réfléchir à ces questions. Je pense notamment à l'étude de Patrick Fournier et de Peter John Loewen, publiée en 2011, et à celle d'Allison Harell, qui est des nôtres aujourd'hui, et de ses collègues, qui a été publiée en 2010.
Voilà qui conclut ma déclaration.
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Bonjour, honorables députés. Je m'appelle Dwight Newman et je suis professeur de droit et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les droits des Autochtones en droit constitutionnel et international à l'Université de la Saskatchewan. Je témoigne aujourd'hui à titre personnel.
L'idée d'ajouter les langues autochtones aux bulletins de vote circule au Canada depuis quelques années déjà. Il y a un nouvel impératif à la réflexion sur ces questions avec l'adoption par le Canada l'année dernière de la , qui a reçu la sanction royale le 21 juin 2021.
L'article 5 de cette loi établit une obligation juridique selon laquelle le gouvernement du Canada « prend toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que les lois fédérales soient compatibles avec la Déclaration ». Cette obligation juridique a une grande portée pour ce qui est d'exiger la compatibilité du droit canadien avec la Déclaration, qui s'applique à de nombreux sujets rarement abordés.
L'article 13.2 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones exige que les États prennent des mesures efficaces « pour faire en sorte que les peuples autochtones puissent comprendre et être compris dans les procédures politiques, juridiques et administratives, en fournissant, si nécessaire, des services d'interprétation ou d'autres moyens appropriés ».
Cette disposition a suscité très peu d'attention dans les travaux relatifs à la Déclaration, mais elle témoigne d'un engagement important envers les droits de participation des peuples autochtones. En partie parce que l'article 13.2 de la Déclaration établit les droits des peuples autochtones en tant qu'entités collectives, plutôt qu'en tant qu'électeurs individuels, il n'impose sans doute pas d'exigence juridique précise concernant la mise à disposition de bulletins de vote dans les langues autochtones.
Cependant, l'adoption d'une telle pratique est certainement compatible avec les objectifs sous-jacents de la Déclaration. Le renforcement de la participation des Autochtones au processus décisionnel démocratique est conforme à la Déclaration et représente une bonne politique dans un État démocratique censé assurer la pleine participation de tous les électeurs.
Les articles 3 et 5 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantissent le droit de vote et la protection contre la discrimination, pourraient fort bien étayer une argumentation juridique plus solide à l'encontre des obstacles à la participation électorale. À l'instar des autres barrières qu'Élections Canada s'est employé à surmonter, on serait justifié de s'attaquer aux obstacles linguistiques, tout particulièrement dans le cas des électeurs qui parlent une autre langue et qui n'ont qu'une maîtrise restreinte de l'anglais ou du français.
À certains égards, le Canada a pris du retard sur ces fronts, surtout en comparaison avec les États-Unis. À ce titre, je souligne aux membres du Comité que les Américains ont modifié en 1975 leur loi sur le droit de vote en y ajoutant l'article 203 qui prévoit diverses formes d'assistance linguistique dans les districts où la présence d'une communauté minoritaire le justifie. Voilà donc des décennies que les États-Unis ont agi sur ce tableau. La mise en oeuvre de ces mesures ne s'est pas nécessairement faite sans heurts, mais il n'en demeure pas moins que la loi américaine formalise un engagement en ce sens.
Les Américains continuent toutefois d'éprouver toutes sortes de difficultés dans le contexte des peuples autochtones. Je voudrais à ce sujet porter à l'attention du Comité le rapport que le Groupe directeur intergouvernemental sur le droit de vote des Américains autochtones vient tout juste de déposer à la Maison-Blanche en mars 2022. On y examine différents facteurs pouvant influer sur la participation des Autochtones aux élections. Il y est question des considérations linguistiques, mais aussi d'un large éventail d'autres éléments devant être pris en considération, ce qui nous amène à nous interroger sur les moyens les plus efficaces pour favoriser une plus grande participation électorale chez les Autochtones.
Pour ce qui est des enjeux linguistiques, il convient de se poser différentes questions cruciales que votre comité a déjà abordées sous un angle ou un autre. Est‑ce que le Nunavut se retrouve dans une situation spéciale où ce besoin serait particulièrement criant? Quelle pourrait être l'incidence des seuils proportionnels établis? Est-il envisageable d'offrir une traduction des bulletins dans une circonscription donnée? Convient‑il d'utiliser des représentations syllabiques des langues autochtones ou des versions translitérées de ces langues lorsque les deux sont possibles? Est‑ce que les fonds utilisés à cette fin pourraient être investis de façon plus optimale dans d'autres mesures visant à favoriser une plus grande participation électorale des Autochtones?
Il y a une multitude de sujets dont nous pourrions traiter. Je vous dirais simplement qu'il y a aussi de nombreuses options que le Comité pourrait prendre en considération quant aux moyens les plus efficaces pour rehausser la participation des Autochtones au processus électoral en agissant de façon avisée. On peut par exemple avoir recours à un fac-similé de bulletin, plutôt que de modifier le bulletin lui-même. D'autres formes d'assistance linguistique sont également possibles. Le Comité pourrait aussi explorer la possibilité de réaliser un projet pilote pour mettre certaines choses à l'essai au Nunavut avant qu'Élections Canada en fasse autant dans les autres circonscriptions du pays.
Je vais m'arrêter ici en me contentant de rappeler qu'il y a d'importantes questions à régler du point de vue du principe de rapprochement, des objectifs de la loi et de ce que la loi peut et va permettre dans la pratique.
Je me réjouis de voir votre comité se mettre au travail pour donner suite à l'engagement de soutenir la participation électorale des Autochtones. Il est important de le faire correctement.
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Merci. Merci de me donner l'occasion d'être ici, madame la présidente.
J'aimerais préciser que je vous appelle des territoires non cédés de la nation Kanien'kehá:ka, sur le territoire de laquelle se trouve l'Université du Québec à Montréal.
J'aimerais également situer mes propos. Je parle en mon nom personnel en tant que spécialiste de l'étude de la démocratie électorale, et je m'intéresse particulièrement, dans le cadre de mes propres recherches, à la façon dont divers groupes et diverses personnes peuvent construire une démocratie plus inclusive. Mes observations de ce matin porteront sur ce que nous apprend la recherche dans ce domaine.
J'aimerais soulever trois questions qui méritent d'être prises en considération lorsqu'on réfléchit à l'inclusion des langues autochtones sur les bulletins de vote.
Premièrement, je pense qu'il importe de réfléchir à cette question sous l'angle des obstacles à la participation politique. Nous en savons beaucoup — et mes collègues l'ont mentionné au Comité ce matin — sur les raisons pour lesquelles les gens ne participent pas aux élections fédérales dans ce pays. Dans une étude antérieure que j'ai menée avec Dimitrios Panagos et Scott Matthews en 2009 pour Élections Canada, nous avons montré que comme on le constate dans de nombreux pays et contextes, les ressources socioéconomiques constituent un obstacle important pour tous les électeurs. C'est également vrai pour la participation des personnes autochtones à la politique électorale. Pourtant, nous avons également démontré l'importance de la confiance envers le gouvernement fédéral et la prépondérance des questions autochtones comme facteurs de mobilisation, en particulier chez les jeunes électeurs autochtones. C'est ici, je pense, que nos conclusions sont les plus pertinentes pour la discussion actuelle du Comité.
La présence des langues autochtones sur les bulletins de vote serait un geste symbolique important qui indiquerait que le Canada souhaite que les Autochtones participent au processus électoral, que leurs voix comptent et que nous voulons nous assurer qu'ils sont inclus dans la conversation.
Comme vous le savez, les peuples autochtones ont été parmi les derniers groupes au Canada à voir les restrictions limitant leur droit de vote levées, en 1960, et ils ont toujours affiché des taux de participation parmi les plus bas aux élections fédérales, bien que cela varie selon les élections et les nations autochtones.
Il est important de noter que la participation aux élections est un choix, et bien qu'il soit important pour des élections libres et équitables de supprimer les obstacles à la participation, de nombreuses personnes et nations autochtones choisissent de ne pas participer aux élections canadiennes.
Je ne parle en aucun cas au nom de ces communautés, mais je pense qu'il est important d'admettre que l'histoire coloniale du Canada est telle que nous devons veiller à ce que les Autochtones puissent participer à leurs propres conditions à nos processus électoraux, tout en reconnaissant que certains peuvent ne pas considérer le processus électoral comme légitime ou comme le leur.
Le fait de rendre les bulletins de vote multilingues pourrait être un moyen d'accroître la légitimité du processus électoral pour ces électeurs, et non seulement cette perception de légitimité favoriserait une plus grande participation, mais elle est importante pour la santé de notre système démocratique.
Cela m'amène à mon deuxième point. Comme le directeur général des élections d'Élections Canada l'a souligné devant ce comité le 29 mars dernier, la diversité des langues, la complexité des délais de production et de la traduction et le cadre réglementaire actuel font que c'est tout un défi de créer des bulletins de vote multilingues.
Je ne veux pas minimiser les défis organisationnels que la mise en œuvre de ce changement créerait, mais j'aimerais souligner qu'il peut y avoir de multiples avantages à avoir accès à un bulletin de vote dans sa propre langue. Il y a les avantages symboliques. On ne saurait sous-estimer l'importance de reconnaître les droits des peuples, des cultures et des langues autochtones à exister et à être inclus.
Il y a également un avantage à améliorer l'accès des Autochtones au processus électoral en leur permettant d'y participer dans la langue de leur choix. Pour les électeurs autochtones qui parlent une langue autre que l'anglais ou le français et qui préfèrent parler une langue autre que l'anglais ou le français, des bulletins de vote en anglais et en français seulement peuvent constituer un obstacle injuste à la participation.
Je pense qu'il y a aussi un avantage sur le plan de la réconciliation. Si nous voulons vraiment nous réconcilier avec les peuples autochtones, alors au‑delà des avantages symboliques et de l'amélioration de l'accès au processus pour les Autochtones eux-mêmes, nous devons affirmer sans équivoque, en tant que colons, que les nations autochtones sont sur un pied d'égalité avec les Anglais et les Français dans ce pays.
Cela m'amène à mon dernier point. Je ne suis pas autochtone; je suis un colon sur ces terres. Je pense que la question fondamentale à prendre en considération pour déterminer s'il convient d'ajouter les langues autochtones sur les bulletins de vote devrait être de savoir si les nations et les électeurs autochtones le souhaitent afin de participer pleinement au processus électoral. Bien que la mise en œuvre de bulletins de vote multilingues puisse engendrer des coûts et des difficultés, je pense que la réconciliation exige un engagement sérieux de notre part à rendre le processus électoral accessible aux électeurs autochtones dans leur propre langue.
Je suis heureuse que nous ayons cette conversation aujourd'hui et je suis heureuse d'y prendre part.
Je vous remercie.
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Merci. Je suis en train de sortir mon exemplaire de la DNUDPA, si nous voulons parler d'autres articles de la Déclaration.
Je vous dirai d'abord, en ce qui concerne l'engagement à ce qu'on appelle parfois la « mise en œuvre », que le Canada a adopté une loi prescrivant deux obligations principales à ce sujet. L'une vise l'élaboration d'un plan d'action pour réaliser les objectifs de la Déclaration. L'autre se veut un engagement à rechercher la cohérence des lois du Canada avec les dispositions de la Déclaration. Ce sont là deux engagements clés.
En ce qui concerne les autres articles de la DNUDPA, ils traduisent les objectifs plus généraux de la Déclaration. Effectivement, l'article 1 contient des dispositions générales sur le droit international et les droits de l'homme. Si vous laissez entendre que cela donne lieu à une obligation relative aux langues autochtones dans le processus électoral, ce serait dans le contexte d'une obligation qui pourrait également s'appliquer à d'autres communautés linguistiques. L'article 9 concerne le droit d'appartenir à une communauté ou à une nation autochtone et n'aurait pas d'incidence directe sur les processus électoraux fédéraux, à mon avis. L'article 15 contient des dispositions générales sur les droits culturels et la dignité des peuples autochtones; là encore, il met en lumière les objectifs de la Déclaration, car tous les articles doivent être lus ensemble. Lui non plus ne s'appliquerait pas à quelque chose d'aussi pointu que les processus électoraux fédéraux.
L'article 13.2 est celui qui, à mon avis, est le plus pertinent ici. Mais comme je l'ai indiqué, d'une certaine manière, son interprétation semble avoir des conséquences limitées, même si les objectifs plus vastes de la participation des Autochtones à la prise de décisions exigeraient une bonne politique qui favoriserait les langues autochtones dans ce contexte.
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Je vous remercie de votre question.
Oui, je pense que c'est important. Par contre, on semble tenir pour acquis que les symboles sont mineurs et sans grande importance, comme si ce qui est symbolique manquait de substance. Comme l'a mentionné Mme Harell, les symboles ont parfois des effets qui influencent d'autres attitudes politiques, notamment.
On a mentionné que la confiance envers le gouvernement fédéral, par exemple, peut favoriser la participation électorale. Ce genre de mesures a pour effet direct de réduire le coût de la participation, de rendre le vote plus accessible et plus facile, et peut avoir un impact direct très limité en soi. Cependant, si ce genre de mesures touche d'autres considérations, par exemple le fait que les Autochtones peuvent faire davantage confiance au gouvernement, et déteint sur d'autres attitudes comme celles-là, dont l'intérêt pour la politique, il pourrait y avoir un impact un peu plus substantiel.
Je ne pense pas qu'on puisse s'attendre à un impact important, pour les raisons que j'ai mentionnées dans ma déclaration d'ouverture. Même dans les échantillons autochtones, les gens considèrent que c'est facile d'aller voter. Cette mesure a comme principal objectif de faciliter le geste d'aller voter. Comme c'est déjà facile d'aller voter, c'est sûr que l'impact peut être limité. C'est surtout symbolique, mais cela peut avoir des effets indirects plus importants que les effets directs.
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Je vous remercie de me donner l'occasion d'en parler plus longuement.
À mon avis, il ne faut pas dire que les peuples autochtones ne participent pas à la vie démocratique. Ce qu'on constate, c'est qu'ils ne participent pas de cette façon à la vie politique. En effet, plusieurs processus sont mis en place dans les communautés et elles ont leurs propres activités politiques.
Je pense qu'il faut plutôt se demander comment on peut susciter leur intérêt à participer à ce type de processus démocratique, à l'intérieur de l'État canadien. Je crois que les effets indirects dont a parlé Jean‑François Daoust sont importants, car il s'agit d'une indication que ces processus les concernent aussi et qu'on souhaite les inclure.
Je suis d'accord avec M. Daoust: à court terme, le fait de rendre la participation plus facile ne fera probablement pas que l'on va voir une importante augmentation du taux de participation politique.
Si l'on parle de leur inclusion dans l'État canadien, je crois que cela peut avoir, à long terme, des conséquences sur une réelle participation, sur une participation plus active.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu'il suit:]
ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᐅᖃᖅᑎᑦᓯᔩ ᐃᒃᓯᕙᐅᑖᖅ, ᓯᕗᕐᓕᕐᒥ ᐊᐱᕆᓚᐅᓐᖏᓂᕐᓂᒃ ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᖁᔭᓕᒍᒪᕗᖓ ᑲᑎᒪᔨᕋᓛᖑᔪᓯᒍᑦ ᑑᓵᔨᖃᖅᑎᑕᐅᒐᒪ ᐃᓄᒃᑎᑐᑦ ᐅᖃᓪᓚᒍᓐᓇᕋᒪ, ᑖᓐᓇ ᐅᖃᓪᓚᒍᓐᓇᕐᓂᕋ ᐃᓄᒃᑎᑐᑦ ᓴᓐᖏᓂᓕᐊᓘᒻᒪᑦ, ᑕᐅᑐᓐᖑᐊᖁᕙᑦᓯ ᐃᓘᓐᓇᓯ ᑖᒃᑯᐊ ᓂᕈᐊᕆᐊᖅᑐᖅᑐᑦ ᐃᓄᒃᑎᑐᑦ ᐅᖃᓕᒫᕈᓐᓇᖅᐸᑕ ᓴᓐᖏᓂᓕᐊᓗᒻᒥᒃ ᓴᖅᑭᔮᖅᑎᑦᓯᒐᔭᕐᒪᑕ, ᑖᓐᓇ ᐊᒃᓱᐊᓗᒃ ᖁᔭᓕᒐᑦᓯ ᐃᓄᒃᑎᑑᕈᓐᓇᕋᒪ, ᑖᓐᓇ ᐅᓪᓗᒥ ᐅᖃᐅᓯᕆᔪᒪᓪᓗᐊᑕᖅᐸᕋ ᐅᖃᐅᓯᓕᕆᓂᕐᒥᒃ ᐅᖃᐅᓯᖃᑐᐃᓐᓇᖏᓐᓇᑦᑕ. ᓯᕗᕐᓕᕐᒥ ᐊᐱᕆᓂᐊᖅᑐᖓ ᐋ ᐅᓇ ᐋ ᔮᓐ ᐳᕌᓐᓱᐊ ᑕᐅᐆᒧᑦ, ᐋ ᖃᐅᔨᓴᖅᓯᒪᓂᑰᑎᓪᓗᑎᑦ ᑖᒃᑯᐊ ᖃᐅᔨᓴᖅᓯᒪᔭᑎᑦ ᑲᑎᖅᓱᐃᓯᒪᕖᑦ ᐊᒃᑐᐊᓂᖃᕐᓂᖏᑦ ᓄᓇᖅᑲᑎᒌᓕᖅᑎᑕᐅᓯᒪᔪᑦ ᐃᓚᐅᔪᓐᓇᕐᓂᖏᓐᓂᒃ ᑖᒃᑯᐊ ᓄᓇᖃᖅᑳᖅᓯᒪᔪᐃᑦ ᐃᓚᐅᓇᓱᒃᑎᓪᓗᒋᑦ ᓂᕈᐊᖅᑐᓕᕆᓂᐅᑉ ᒥᒃᓵᓄᑦ.
[Les propos en inuktitut sont interprétés en anglais puis traduits ainsi:]
Merci, madame la présidente.
Avant de poser mes premières questions, je tiens à vous remercier de m'avoir fourni les services d'une interprète afin de me permettre de m'exprimer dans ma langue maternelle.
J'aimerais que vous songiez tous aux électeurs. Si vous pouviez lire et écrire en écriture syllabique, en langues inuktitutes, vous comprendriez ce que je dis. Je suis très reconnaissante de pouvoir parler dans ma langue.
Ma première question s'adresse à Jean-François Daoust. Avez-vous réalisé des études sur les conséquences du colonialisme sur la participation et la politique autochtones?
:
Je vous remercie tous deux de cette discussion.
Je vais simplement dire que je suis une présidente qui tente de veiller à ce que les commentaires se fassent par l'entremise de la présidence, car sinon les interprètes peuvent avoir de la difficulté à faire leur travail.
Nous discutons des langues. Vous disposiez de deux minutes et demie, mais nous vous avons donné quatre minutes et 22 secondes, parce que ces discussions sont importantes. À l'avenir, je voudrais simplement que nous gardions à l'esprit nos invités qui se joignent à nous pour nous fournir des informations. Nous ne sommes pas dans une salle d'audience traditionnelle.
J'aimerais remercier nos témoins de leurs propos réfléchis. Si vous désirez ajouter quelque chose qui mériterait l'attention de notre comité, n'hésitez pas à nous écrire.
La séance a été très instructive. J'espère que vous continuerez à bien vous porter. J'espère que le soleil brillera plus souvent qu'autrement au mois d'avril et nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre cet important travail, tous ensemble.
Cela dit, nous allons maintenant passer au second groupe de témoins. Nous allons prendre une pause de 30 secondes afin de tester les micros.
Merci.
:
[
La témoin s'exprime en innu aimun ainsi qu’il suit:]
Kuei! Kuei!
Tshipushukatitunau kassinu etashiek.
[La témoin fournit la traduction suivante:]
Je salue toutes les personnes présentes.
[Français]
Je vous remercie de votre invitation, qui confirme toute l'importance du dialogue préalable à la mise en œuvre de grands projets au bénéfice du plus grand nombre, dont les membres des Premières Nations.
Je suis une Innue de la communauté d'Uashat mak Mani‑utenam, sur la Côte‑Nord, dans la province de Québec. Je suis directrice générale de l'Institut Tshakapesh, une organisation qui œuvre depuis bientôt 45 ans auprès de sa nation pour la sauvegarde et la promotion de l'innu-aimun, notre langue maternelle.
Dans le contexte actuel, il nous apparaît évident que les membres des Premières Nations et les Inuits doivent avoir la possibilité de vivre pleinement leur citoyenneté en ayant accès à la documentation, dont le bulletin de vote, dans leur langue maternelle. Ils doivent également être accueillis et servis dans leur langue.
Une manière pertinente d'accorder aux Premières Nations le droit de s'exprimer est de les reconnaître en tant que nations, et de reconnaître leurs langues, leur culture et leur identité. Aujourd'hui, il est temps de dépasser les gestes symboliques et de poser officiellement des gestes concrets en les considérant comme des acteurs politiques importants. La participation à l'élaboration d'un cadre législatif, en l'occurrence l'ajout de langues autochtones sur les bulletins de vote aux élections fédérales, est un pas vers l'avenir.
Beaucoup de nos membres ne se reconnaissent pas dans la pratique actuelle de la démocratie canadienne. Ils se sentent exclus et, de ce fait, ils ressentent une impuissance d'agir. Ils manifestent leur résistance en s'abstenant de voter aux élections fédérales ou provinciales, ou en refusant de participer au recensement de Statistique Canada. Tout cela a d'énormes conséquences sur nos communautés, entre autres sur le plan socioéconomique, pour ne nommer qu'un aspect.
Les peuples autochtones ont beaucoup contribué au développement du Canada depuis des millénaires, et le font encore de nos jours.
Je termine cette partie en vous signalant que je n'ai fait qu'aborder le sujet.
Je vais maintenant parler de la pertinence de l'usage de la langue maternelle.
Dans le développement d'une personne, l'identité est un élément permanent et fondamental. Les piliers les plus significatifs sont justement la maîtrise de sa langue maternelle et de sa culture. C'est l'usage de notre langue maternelle qui nous aide à forger notre vision du monde et notre appartenance à une nation, et, surtout, qui définit ce que nous sommes et d'où nous venons. Les peuples autochtones ont tissé des liens étroits avec la nature et respectent tous les êtres vivants. C'est notre façon de vivre. Pour nous, le respect est une valeur fondamentale, qui doit être réciproque.
Selon la Commission d'enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, les conséquences intergénérationnelles des pensionnats sont énormes. La liste de ces conséquences est longue. Je présume que vous connaissez suffisamment l'impact de ces conséquences en rapport avec la menace de la disparition des langues autochtones et les changements profonds que cela a apportés dans nos communautés. Bien sûr, tout n'est pas noir, mais les conséquences subies par les Premières Nations sont nombreuses, et pas toujours reluisantes.
En démocratie, la cohésion demande l'inclusion de toutes les nations. Selon les données de 2011, il y avait 1 400 685 membres des Premières Nations et Inuits, et, depuis, leur nombre ne cesse de croître. Le poids démographique est synonyme d'espoir pour l'avenir des jeunes, à condition qu'ils ressentent qu'ils sont les bienvenus au sein de la démocratie.
L'accessibilité aux différentes structures gouvernementales est possible si celles-ci tiennent compte des particularités de tous. Le gouvernement du Canada a en main tous les rapports des études, comme celles de la Commission royale sur les peuples autochtones et de la Commission Hawthorn‑Tremblay, pour ne citer que deux commissions, pour établir ou rétablir de véritables relations saines et respectueuses.
Les Premières Nations ont le droit de participer au plein développement de la société canadienne et d'avoir accès aux mêmes avantages dont jouissent tous les citoyens canadiens. Toutes les recommandations et les solutions concrètes sont décrites dans ces études. Il faut une volonté politique pour instaurer une société juste et équitable pour tous.
Je vous remercie de votre écoute.
:
Merci, madame la présidente.
Je vais m'exprimer en français.
J'aurai besoin de sept minutes, si possible.
[Français]
Kwe, bonjour.
[Le témoin s’exprime en wendat.]
[Français]
Mon nom est Denis Gros‑Louis. Dans ma langue, cela veut dire « l'homme qui travaille pour la liberté ».
[Le témoin s’exprime en wendat.]
[Français]
Je participe aujourd'hui à cette réunion à partir du territoire non cédé de ma nation, la terre wendat, près de Québec.
Je m'appelle Denis Gros‑Louis et je suis directeur général du Conseil en éducation des Premières Nations. J'aimerais rassurer la députée Idlout du Nunavut et lui dire que je suis bilingue: je parle français et anglais. J'aimerais aussi remercier le député de La Prairie, M. Therrien, de m'avoir invité aujourd'hui, ainsi que vous tous. Nous sommes réunis pour discuter d'un sujet très important.
Le Conseil en éducation des Premières Nations est une association qui regroupe huit des onze nations au Québec en matière d'éducation, soit les Abénaquis, les Anishinabes, les Atikamekws, les Wendats, les Pekuakamiulnuatsh, la première Nation Wolastoqiyik, les Micmacs et les Kanien'keha:ka. .
L'Assemblée des Premières Nations Québec‑Labrador a délégué au CEPN, mon organisation, le mandat de témoigner devant vous aujourd'hui. J'ai eu également l'approbation du Comité des chefs sur l'éducation pour présenter les questions qui sont spécifiques au Québec. Notre organisation a aussi le mandat d'héberger et d'appuyer le coordonnateur au comité régional sur les langues ancestrales, ici, au Québec.
J'espère que les éléments et les recommandations que je vais apporter vous seront utiles dans votre étude visant à permettre la traduction en langues autochtones des bulletins de vote aux élections fédérales. Cette étude est un bon premier pas qui permettrait de respecter nos langues, et je la vois comme un geste qui favorise la réconciliation.
Au Québec, on retrouve 11 langues autochtones, dont quelques-unes ont leurs dialectes. Leur vitalité varie selon les communautés: certaines se retrouvent dans un état de dormance, alors que d'autres sont parlées couramment et sont la langue d'usage dans les écoles. Plusieurs aînés de nos communautés sont monolingues, ne parlant exclusivement que leur langue. Lorsqu'ils sortent de leur communauté, ils deviennent étrangers dans leur pays.
Nos langues sont le véhicule d'expression de notre vision du monde. Elles sont le fil conducteur entre le passé et l'avenir. Bref, elles sont la pierre angulaire de notre identité. Toutefois, le lien entre l'identité et la participation des Premières Nations aux élections fédérales est beaucoup plus complexe, comme l'expliquait ma collègue, Mme Tshernish.
Pour dresser un portrait rapide, mais réaliste et franc, je dois également souligner que les perspectives sont polarisées dans les nations et les communautés membres du CEPN sur la question du vote des Premières Nations. Certaines nations participent à cet exercice, mais d'autres refusent catégoriquement de le faire.
Des données récentes de Statistique Canada montrent que la raison la plus récurrente invoquée par les Autochtones pour s'abstenir de voter est de nature politique. Nous ne nous sentons absolument pas partie prenante aux dossiers fédéraux. C'est un refus fondé sur des raisons qui remontent parfois à l'existence même de la Confédération canadienne et, bien sûr, de sa Loi sur les Indiens, qui n'a pas toujours un effet positif sur nos nations.
Que ce soit parce que les Premières Nations affirment leur souveraineté ou parce qu'elles ne se sentent pas respectées ou interpellées par les dossiers, les raisons qui désengagent les électeurs de ces nations sont nombreuses.
Globalement, la question identitaire est au centre de la réflexion que vous avez afin d'agir positivement sur la participation des Premières Nations. Que devez-vous faire pour que nous allions voter? Une étude d'Élections Canada sur l'évolution du taux de participation des Premières Nations montre que les communautés au Québec enregistrent le plus faible taux de participation aux élections fédérales. Ce taux est d'environ 27,8 %, alors que le taux moyen au Canada semble être autour de 34 %.
Qui figure sur le bulletin de vote, quelles sont les questions présentées et comment le sont-elles? Tout cela a certainement une grande incidence sur l'intérêt et la participation de nos communautés au processus électoral. Autrement dit, les solutions et les initiatives devront aller au-delà de la simple traduction des bulletins de vote dans nos langues pour témoigner de votre respect envers nos langues et nos cultures. Tout doit être sincèrement et concrètement axé vers la réconciliation.
La traduction des bulletins de vote en langue autochtone est une bonne action de valorisation linguistique. On enseigne dans nos écoles nos langues, et de les voir reproduites sur un bulletin représente évidemment un bon moyen de voir le monde et de nous inciter à participer au processus électoral. Cependant, lorsqu'on marginalise la langue, on marginalise souvent nos cultures et les visions de nos communautés membres.
Vous pourriez aussi observer certaines positions colonialistes énoncées devant les tribunaux par les comportements de la machine gouvernementale et les positions prises devant ces tribunaux afin d'élaborer, souvent, des programmes qui ne suscitent pas l'intérêt envers la politique fédérale, parce que ces politiques sont encore néfastes en 2022.
Lors de leurs témoignages, la semaine dernière, des représentants d'Élections Canada ont indiqué que la traduction était un exercice dispendieux, que ce soit à cause du temps, du contrôle de la qualité, de la planification ou de toute autre raison. Eh bien, un simple discours disant que c'est dispendieux n'encourage pas nos communautés à participer au processus électoral. J'aimerais donc que le respect de nos langues et la réparation des préjudices causés à celles-ci et à nos cultures ne soient pas perçus comme ayant un prix. En tant qu'ancien fonctionnaire à la direction des élections d'Affaires autochtones et du Nord Canada, je peux vous dire que les politiques visant à accroître la participation sont une question d'honneur et de responsabilité. L'accès à un droit démocratique nous a été restitué il n'y a que quelques décennies. Il faut le prendre en considération, d'ailleurs.
J'ai parlé d'identité et du maintien des langues. Eh bien, au Québec, nous nous retrouvons devant une situation unique sur le plan linguistique. Nous sommes des témoins de l'approche colonialiste du gouvernement provincial dans sa manière de mettre à jour la Charte de la langue française. Les efforts de ce gouvernement briment et, à la limite, rétrogradent l'usage et le maintien de nos langues et font fi des traités modernes qui sont en vigueur. Plusieurs de nos membres ne comprennent pas ou ne voient pas l'action gouvernementale, que ce soit celle des provinces ou du fédéral.
Nous avons donc quatre recommandations. Tout d'abord, pour donner suite à l'appel à l'action no 57 de la Commission de vérité et réconciliation, il serait important d'offrir une formation de sensibilisation à la haute direction et au personnel d'Élections Canada axée sur notre histoire, mais aussi sur l'aptitude interculturelle que les fonctionnaires d'Élections Canada devraient avoir.
Notre deuxième recommandation consiste à établir des liens de consultation et de collaboration entre Élections Canada et le Bureau du commissaire aux langues autochtones, qui est le chien de garde des langues autochtones au Canada.
Troisièmement, comme cela a été proposé dans le rapport de l'Assemblée des Premières Nations sur la participation des électeurs des Premières Nations, et afin d'améliorer le taux de participation au Québec, vous devriez vous assurer que les informations à l'intention des électeurs ne sont pas que sur le bulletin de vote, mais aussi dans un document auquel nous avons travaillé avec la nation atikamekw. Celui-ci va au-delà du vote et vise à aider les locuteurs unilingues à bien comprendre le processus et le déroulement de la journée du vote. Cela devrait être offert aux 10 autres nations autochtones au Québec, bien sûr.
Quatrièmement et finalement, il serait aussi important de s'assurer que les images présentées dans les livrets reflètent l'identité de nos nations.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
Je poserai toutes mes questions par votre entremise. La première s'adressera aux deux témoins.
Monsieur Gros-Louis, vous avez parlé des 11 langues et des divers dialectes au Québec. D'autres témoins des Territoires-du-Nord-Ouest, si je ne m'abuse, ont aussi dit qu'il y avait 11 langues autochtones dans leur région.
Nous avons appris que les Territoires-du-Nord-Ouest étaient en mesure de fournir des documents dans la langue d'une communauté ou d'une circonscription précise, comme nous l'appelons, ou d'un district électoral lors d'élections municipales ou provinciales, par exemple. Cela dit, du côté d'Élections Canada, on constate certains défis avec les délais d'impression des bulletins de vote dans les circonscriptions et de traduction dans ces diverses langues.
Madame Tshernish, vous avez aussi dit qu'il faut respecter toutes les nations. Je l'ai pris en note, car si nous sommes en mesure d'aller de l'avant et qu'il existe de multiples langues autochtones et de nombreux dialectes, certains utilisant l'écriture syllabique et d'autres étant traduits, quelle est la meilleure approche pour respecter toutes les nations et les langues étant donné leur nombre et pour veiller à ce que ces langues soient reflétées dans les communautés — je pense que vous avez tous deux abordé le sujet — et que les résidents de ces communautés les utilisent réellement?
Comment pouvons-nous respecter au mieux ces droits linguistiques, ou comment pouvons-nous choisir au mieux quelles langues sont les plus utilisées dans les différentes régions du pays?
C'est une grande question, mais je vous donne à tous deux l'occasion de nous donner des conseils et de nous guider à ce sujet.
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Si le Parlement a l'intention de donner des conseils à Élections Canada à cet égard, madame O'Connell, sachez, avant tout, qu'Élections Canada n'a pas l'expertise ou la capacité pour s'acquitter de ce mandat.
Il suffit d'aller à la rencontre de nos communautés. Les membres de nos communautés vous diront qui veut des documents dans leur langue. Nous nous occuperons de les traduire. Comme je l'ai dit, la nation atikamekw, membre du Conseil en Éducation des Premières Nations, est l'une des nations à l'avoir fait.
Le processus préparatoire et l'intérêt envers les élections, c'est réglé. Nous savons qu'il y aura des élections à un moment donné, et nous pouvons donc commencer à nous y préparer dès maintenant. Inutile d'attendre le déclenchement des élections. Être proactif est un geste de réconciliation.
Le premier groupe de témoins s'est fait poser une question sur les photos. Nous travaillons avec des photos. Un bon nombre de nos langues sont visuelles et ne peuvent être traduites en raison de toutes les histoires qui se cachent derrière elles. Une meilleure explication visuelle des lignes directrices et du processus préparatoire engendrerait du respect. Vous avez pu constater que les communautés atikamekw ont utilisé beaucoup de photos. Nous pouvons donc commencer à agir dès maintenant. Nul besoin d'attendre le déclenchement des élections et de la période électorale pour agir.
Trois chercheurs, à savoir Dabin, Daoust et Papillon, ont été cités dans l'édition de septembre 2018 de la Revue canadienne de science politique. M. Daoust a comparu plus tôt. Ils ont clairement dit qu'un « taux de participation électorale plus élevé dans les communautés autochtones correspond à une plus grande proportion de candidats autochtones ».
Nous l'avons vu à Kenora lors des dernières élections. Trois communautés desservies par avion n'ont pas reçu leur bulletin de vote à temps. Un candidat des Premières Nations aurait potentiellement pu être élu.
Voilà le type d'enjeux dont nous parlons, et il faut aussi être proactif. Nous nous occuperons de la traduction pour vous. Ce n'est pas un problème. Nous nous engagerions à le faire.
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Merci, madame la présidente.
Bonjour, chers témoins. Je suis vraiment très heureuse de vous accueillir ce matin.
Nous venons tout juste d'assister à un des moments marquants de nos rencontres. Nous avons constaté que beaucoup d'outils étaient déjà disponibles. Durant nos rencontres, nous avons appris qu'il y avait déjà 16 documents traduits en différentes langues. J'espère que cette rencontre vous permet de croire que nous souhaitons construire, établir et poursuivre le dialogue avec vous. C'est particulièrement vrai du Bloc québécois.
D'ailleurs, dans la circonscription de Laurentides—Labelle, il y a trois communautés des Premières Nations, soit des Atikamekw, des Algonquins et des Mohawks. Un centre culturel sera créé afin de permettre aux Caucasiens de mieux comprendre et connaître les différentes cultures autochtones.
Je vous entendais parler du premier pas. Nous avons rencontré MM. Gray‑Lehoux et M. Vollant du Réseau Jeunesse des Premières Nations Québec‑Labrador. Je crois que vous les connaissez. Ils nous disaient qu'il y avait de la formation et de l'accompagnement pour faire vivre une expérience. Cependant, j'aimerais savoir si ce premier pas sera vraiment déterminant, car, selon leurs dires, il faut investir davantage pour que chaque communauté puisse se réapproprier sa langue et sa culture ou les préserver.
J'aimerais entendre nos deux témoins à ce sujet.
Monsieur Gros‑Louis, vous avez la parole.
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Absolument, madame Idlout.
Comme je l'ai dit plus tôt, des mesures concrètes aux fins de réconciliation ont été prises au cours des derniers mois — probablement au cours des dernières années, même — et nous le constaterons aujourd'hui avec le budget fédéral. La rumeur veut que Services aux Autochtones Canada devienne le ministère le mieux nanti.
Je ne veux pas tant parler d'argent, mais plutôt d'un changement de culture et de comportement. Des représentants d'Élections Canada vous ont dit que c'était cher de traduire les documents. Ce n'est pas le cas. C'est le prix de la liberté. C'est le prix de la collaboration et d'une croissance collective sur nos territoires.
Selon moi, les gestes importent plus que l'argent, et si Élections Canada va à la rencontre de nos communautés et crée des documents comme celui que je ne cesse de montrer...
Il faudrait impliquer tous les ministères, et pas seulement Services aux Autochtones Canada, car certains de leurs fonctionnaires de la vieille école peinent encore à comprendre que leur travail permet à nos communautés de se développer. Ils ont encore tendance à tenter de protéger la Couronne, et chaque fois qu'ils font cela, ils sont déboutés devant les tribunaux. Voilà pourquoi j'ai espoir que l'entente en matière d'éducation au Québec constituera un pas en avant très positif.
[Traduction]
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé, aujourd'hui. C'est probablement l'un des cadeaux les plus précieux que l'on puisse recevoir, et j'aimerais vous remercier tous les deux de vos apports au nom des membres de notre comité.
N'hésitez pas à nous envoyer d'autres documents par écrit, notamment le document sur Élections Canada, que nous aimerions avoir parmi nos références lors de la rédaction de l'ébauche de notre rapport.
Cela dit, j'espère que vous continuerez à bien vous porter, et nous nous réjouissons à l'idée de poursuivre ce travail, tous ensemble.
Chers membres du Comité, j'aimerais dire deux choses aux fins du compte rendu.
Premièrement, nous n'avons pas pu avoir d'interprétation pour l'inuktitut lors de la réunion du 31 mars sur cette étude. Je voulais aviser les membres du Comité que le Bureau de la traduction nous a envoyé une lettre d'excuse officielle et cherche à avoir plus de ressources et à en offrir suffisamment en matière d'interprétation. Je voulais le souligner aux fins du compte rendu; le Bureau de la traduction a entamé un suivi à cet égard immédiatement et prend la situation très au sérieux. Nous continuerons à faire pression pour veiller à ce que les ressources soient disponibles. J'aimerais tous vous remercier, car nous avons su gérer la situation et aller de l'avant.
Deuxièmement, les membres du sous-comité ont reçu un courriel sur la suite de nos travaux au retour des deux semaines de circonscription. J'ai demandé à ce que nous poursuivions notre étude du rapport sur le Code régissant les conflits d'intérêts lors de notre retour le 26 avril. Je ne dis pas que nous arriverons à finir le rapport, mais nous tenterons d'y arriver. Le jeudi 28 avril, nous commencerons à examiner l'intention des motions de Mme Block et — comme le Comité en a convenu — de M. Turnbull. Je vous demanderais d'avoir votre liste de témoins pour la motion de M. Turnbull prête d'ici le 14 avril.
Nous avons trouvé un moyen de travailler tous ensemble pour que les choses fonctionnent et je tiens à vous en remercier. Nous ne sommes pas à huis clos, alors nous ne pouvons pas aller trop dans les détails, mais je vous invite à en faire part à vos collègues.
Souhaitiez-vous dire quelque chose brièvement, madame Gaudreau?