[Français]
J'espère que tout le monde a passé une belle fin de semaine dans sa circonscription.
Collègues, je vous souhaite la bienvenue à la 118e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
Aujourd'hui, le Comité se réunit pour discuter de la question de privilège concernant des cyberattaques menées contre des députés.
[Traduction]
Chers collègues, nous sommes tous au courant des nouvelles règles sur les dispositifs audio. Veuillez les placer sur les autocollants fournis devant vous sur la table, à votre gauche ou à votre droite, lorsqu'ils ne sont pas utilisés.
Je remarque que nous accueillons un certain nombre de membres non permanents. Je souhaite la bienvenue aux remplaçants qui sont là.
Chers collègues, nous avons eu quelques séances très productives. Nous avons traité de questions délicates et difficiles, ce qui n'a pas empêché d'avoir des échanges respectueux. Nous avons pu maintenir un bon dialogue entre ceux qui posent des questions et les témoins. J'espère que nous pourrons continuer dans cet esprit.
[Français]
Ce matin, nous recevons plusieurs témoins.
[Traduction]
Les témoins ne nous sont pas étrangers. Ils ont comparu il n'y a pas si longtemps.
Je souhaite la bienvenue à Eric Janse, greffier de la Chambre des communes, à Stéphan Aubé, administrateur en chef, à Michel Bédard, légiste et conseiller parlementaire, à Patrick McDonell, sergent d'armes et dirigeant de la sécurité institutionnelle, à Jeffrey LeBlanc, sous-greffier à la procédure; et à Benoit Dicaire, dirigeant principal de l'information par intérim, Services numériques et biens immobiliers.
Monsieur Janse, vous et vos collègues avez 10 minutes pour commencer la séance. Après vos interventions, nous passerons à la première série de questions.
[Français]
Monsieur Janse, vous avez la parole.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir de comparaître de nouveau devant le Comité, cette fois‑ci pour aborder un sujet différent de celui de la semaine dernière et avec des témoins un peu différents.
Nous comparaissons pour discuter de la présomption d'atteinte au privilège découlant des cyberattaques menées contre des députés par une entité étrangère appelée Advanced Persistent Threat 31, qui aurait le soutien de la République populaire de Chine. Nous espérons que notre témoignage aidera le Comité dans l'étude de cette importante question.
Dans sa décision du 8 mai 2024, le Président a séparé la question de privilège en deux parties distinctes. La première concernait le fait que les députés n'ont pas été informés de la cyberattaque, tandis que la deuxième concernait la cyberattaque elle-même.
Dans sa décision, le Président a noté que, depuis l'attaque, les processus et les protocoles concernant le besoin d'aviser les députés avaient évolué. Le Président a notamment fait référence à la directive de mai 2023 de l'ancien ministre de la Sécurité publique concernant les menaces à la sécurité du Canada visant le Parlement et les parlementaires. Il a aussi mentionné une recommandation faite par le Comité dans son 63e rapport, selon laquelle les députés devraient être avisés par le SCRS des menaces d'ingérence étrangère qui les visent.
Dans la deuxième partie de sa décision, qui concerne la cyberattaque elle-même, le Président a estimé qu'il s'agissait d'une tentative d'ingérence dans le travail des parlementaires et a jugé que la question de privilège se posait de prime abord.
[Français]
Pour en arriver à cette conclusion, le Président s'est référé à la question de privilège fondée de prime abord qui a été soulevée par le député de . Celui-ci avait fait l'objet d'une décision du prédécesseur du Président le 8 mai 2023. Dans cette affaire, le député faisait l'objet de menaces de représailles de la part d'acteurs étrangers pour des positions qu'il avait prises lors de débats.
Dans sa décision, le Président a déclaré que la question soulevée par le député touchait directement aux privilèges et aux immunités qui sous-tendent la capacité collective d'exercer les fonctions parlementaires sans entrave.
Au terme de son étude sur cette question de privilège fondée de prime abord, le Comité a présenté son 63e rapport à la Chambre le 10 avril 2024. Bien que le rapport n'ait pas encore été adopté, il contient de nombreuses recommandations. Dans le cadre de son examen de cette nouvelle question de privilège, le Comité pourra s'appuyer sur les conclusions de ce rapport et formuler d'autres recommandations à la Chambre.
[Traduction]
Trois des recommandations du 63e rapport s'adressent à l'Administration de la Chambre.
La première propose d'élaborer une formation sur l'ingérence étrangère et de l'offrir dans le cadre du Programme d'orientation des députés et sur une base continue. Cette formation était en cours de préparation depuis un certain temps et j'ai le plaisir de dire qu'elle est maintenant offerte aux caucus et qu'elle fera partie du prochain programme d'orientation.
Dans sa deuxième recommandation, le Comité demande que l'Administration de la Chambre désigne une personne-ressource responsable d'assurer la liaison avec les députés sur toute question liée aux menaces d'ingérence étrangère. La troisième recommandation, qui va dans le même sens, vise l'élaboration d'un protocole pour informer les whips des menaces d'ingérence étrangère.
Je remarque que des ententes avec nos partenaires en matière de sécurité relatives à ces recommandations sont déjà en place. Nous serons heureux de vous fournir de plus amples renseignements à ce sujet au cours de la séance.
[Français]
Cette nouvelle question de privilège donne au Comité l'occasion d'examiner certains éléments supplémentaires qui ont été mis en lumière concernant les cyberattaques visant les députés individuellement, et le Parlement dans son ensemble.
Les cyberattaques ont plusieurs objectifs, l'un des plus évidents étant de perturber nos systèmes techniques et donc de réduire la capacité des députés de faire leur travail. Il peut s'agir de tentatives de vol d'information confidentielle, ce qui a une incidence sur la capacité des députés de travailler sur des fichiers sensibles. Ces attaques peuvent également être perçues comme des tentatives d'intimidation des députés et donc comme une ingérence dans les activités de la Chambre. Lorsque des députés font l'objet de diverses formes d'obstruction, c'est la Chambre dans son ensemble qui peut être entravée dans son travail.
Comme l'a indiqué le Président dans sa décision, ces types d'attaques sont de plus en plus fréquents. La question soulevée par le député de concernait les cyberattaques perpétrées par une entité étrangère au moyen de courriels, mais d'autres technologies modernes peuvent être utilisées pour perturber les travaux parlementaires. Dans certains cas, les entités à l'origine des attaques peuvent être identifiées, et dans d'autres, non.
[Traduction]
Un autre élément à prendre en compte est la difficulté, pour la Chambre, de faire valoir ses droits lorsqu'une entité étrangère est à l'origine d'actions répréhensibles. De plus, la Chambre peut, dans une certaine mesure, atténuer l'impact et les risques lorsque des attaques ciblent ses propres systèmes ou d'autres systèmes qui, comme les services de courriel personnels, sont utilisés par les députés pour remplir leurs fonctions, mais sa capacité demeure néanmoins limitée. Les députés peuvent actuellement utiliser divers outils pour remplir leurs fonctions parlementaires. Certains de ces outils sont soutenus par les services de TI de la Chambre, et d'autres non.
[Français]
Lorsqu'il examine une question de privilège, le Comité se prévaut généralement des pouvoirs habituels, comme il le ferait pour n'importe quelle étude. S'agissant de privilège, il cherche à établir les faits. Il peut proposer des recours et d'autres mesures sous forme de recommandations dans un rapport présenté à la Chambre.
Je vais maintenant demander à mon collègue Benoit Dicaire, dirigeant principal de l'information par intérim, de fournir plus de renseignements sur la cybersécurité à la Chambre des communes.
:
Merci, monsieur le greffier.
Merci, monsieur le président.
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler de la cybersécurité à la Chambre des communes, plus précisément pour vous donner le contexte de l'évolution de notre position en matière de cybersécurité et de l'engagement de l'Administration de la Chambre des communes à protéger l'institution et ses utilisateurs contre les cybermenaces.
Le paysage des cybermenaces évolue constamment, et il devient de plus en plus complexe et difficile. La prolifération des technologies dans cette nouvelle réalité numérique introduit une croissance importante des nouveaux vecteurs de menaces. De plus, la sophistication des auteurs de menaces pousse l'Administration de la Chambre des communes à faire constamment évoluer notre programme de cybersécurité et à l'adapter afin de réduire les risques émergents.
[Traduction]
L'équipe de sécurité de la TI de l'Administration de la Chambre a pour mandat de renforcer la cyberrésilience du Parlement face à un environnement de menaces numériques en constante évolution. Cette équipe s'emploie tout spécialement à protéger la disponibilité des ressources de TI afin d'assurer la continuité des activités parlementaires et d'assurer la confidentialité et l'intégrité de l'infrastructure, des systèmes, des utilisateurs, y compris les députés, et de leurs données, que ce soit à Ottawa, dans les circonscriptions ou lorsqu'ils sont en déplacement ou travaillent à distance. Son mandat concerne uniquement les informations et les appareils parlementaires. Notre rôle ne s'étend pas au‑delà des fonctions législatives des députés.
[Français]
La cyberrésilience du Parlement repose sur une approche intégrée fondée sur des mesures proactives comme la surveillance continue, le renseignement, la chasse aux menaces, la gestion de la vulnérabilité, l'élaboration de guides d'intervention en cas d'incident et la tenue d'exercices réguliers.
Il est tout aussi important de prendre des mesures réactives pour assurer notre capacité à détecter efficacement les incidents, les menaces et les atteintes à la sécurité, à intervenir rapidement lors de la détection, et à nous en remettre au fur et à mesure qu'ils se produisent.
[Traduction]
Cette approche s'inspire de normes et de pratiques exemplaires internationalement reconnues, telles que la série ISO 27000, le cadre de cybersécurité du NIST et les directives ITSG 22 et 33. Elle garantit que les contrôles et les processus de sécurité sont en place pour atténuer les cyberrisques et intervenir correctement en cas de cyberincidents.
En outre, cette approche intégrée s'appuie sur divers partenariats essentiels pour collaborer efficacement, communiquer des informations et renforcer notre position de cybersécurité. Je donnerai plus d'informations sur ces partenariats dans la partie de la réunion qui se déroulera à huis clos.
Voilà qui conclut la partie publique de notre présentation. Nous serons heureux de répondre à vos questions ou à vos préoccupations.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Nous sommes là pour discuter du fait que 18 parlementaires ont été ciblés par APT31, une entreprise de piratage affiliée à l'État chinois. J'étais l'un d'eux. L'attaque visait les parlementaires de l'Alliance interparlementaire sur la Chine, qui est, je dois le souligner, un vaste et important réseau qui réunit des législateurs de divers pays et continents et de différentes traditions politiques pour travailler à des questions liées au Parti communiste chinois.
J'aurais dû être informé de cette attaque, mais je ne l'ai pas été. Mes questions porteront sur l'avertissement à donner aux députés. Les déclarations publiques du gouvernement laissent entendre qu'il était au courant de cette attaque. Il a choisi de ne pas informer les députés, mais il a communiqué certains renseignements à l'Administration de la Chambre.
Pouvez-vous confirmer que le gouvernement a communiqué de l'information concernant cette attaque à l'Administration de la Chambre et préciser quand il l'a fait?
:
Nous reviendrons peut-être sur la question, et le Comité pourra alors décider quels renseignements devraient être communiqués au public.
Une chose m'a vraiment dérangé. La plupart des députés ont été attaqués sur leurs comptes parlementaires. Ce n'est pas mon cas. L'attaque a visé mon compte personnel. C'était lié à mon travail parlementaire, bien sûr, mais mon compte de courriel personnel, qui n'est pas public, a quand même été ciblé.
Au départ, le bureau du Président de la Chambre a réagi dans les médias en disant que l'incident n'était pas trop inquiétant parce que l'attaque avait été repoussée. Je crois comprendre, mais vous pourriez peut-être me donner des précisions, que les services de sécurité de la Chambre des communes ne s'occupent d'aucune façon de la surveillance ou de la protection des comptes personnels non parlementaires des députés. Le bureau du Président et l'Administration de la Chambre des communes ne seraient d'aucune façon en mesure de dire si l'attaque contre un compte personnel a réussi.
Qu'en pensez-vous?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître de nouveau devant le Comité.
J'ai des questions auxquelles vous ne pourrez sans doute répondre qu'à huis clos. J'attendrai donc la séance à huis clos pour les poser. Une fois que nous aurons fait un tour complet, si le Comité le veut bien, nous pourrions commencer la séance à huis clos un peu plus tôt, au lieu de poser des questions auxquelles on ne peut malheureusement pas répondre en public.
Le Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, a fourni au comité de la procédure et des affaires de la Chambre une chronologie des faits qui décrit la situation en précisant les dates.
Monsieur Dicaire, nous croyons comprendre qu'une surveillance s'exerce sur les comptes de courriel parlementaires, évidemment, mais quel est le protocole en ce moment dans le cas où la Chambre des communes reçoit un appel du SCRS ou du CST disant qu'ils ont des raisons de croire que le compte personnel d'un parlementaire a été ciblé? Expliquez-nous ce qui se passerait, car il semble y avoir des renseignements dans cette chronologie qui montrent, malgré les multiples points de contact avec l'Administration de la Chambre des communes, que des choses n'ont pas été faites, ou qu'il a fallu quelques jours avant que des mesures ne soient prises. Si vous pouviez nous expliquer tout cela, ce serait utile.
:
Merci de la question, madame Romanado.
Cela n'arrive pas souvent avec des partenaires sur le front cybernétique parce qu'ils comprennent notre mandat lorsqu'il s'agit de menaces précises concernant l'identité personnelle des députés. Ce n'est pas souvent le cas, car nos interactions avec les partenaires se rattachent habituellement à notre mandat. Comme vous le savez, certains de ces organismes ont des mandats précis, et ils n'interagissent avec nous que lorsque cela intéresse expressément le Parlement.
Nous recevons des renseignements de divers partenaires. Lorsque nous discuterons à huis clos, je pourrai en dire un peu plus. Toute information transmise à l'équipe de cybersécurité du Parlement est triée et gérée. Nous examinons le niveau de risque lié à telle menace en particulier. S'il s'agit d'une menace physique, nous communiquons avec mon collègue, le sergent d'armes. S'il s'agit d'ingérence étrangère ou de ce genre de scénario, nous nous adressons précisément au sergent d'armes.
La plupart de nos relations, de mon point de vue, se situent sur le plan de la technologie. Quand il s'agit d'éléments technologiques, il est très rare qu'une interaction concerne une personne en particulier. Il s'agit surtout de l'infrastructure. C'est le genre de scénario qui se présente à nous.
En général, c'est probablement la meilleure réponse que je puisse donner en public. Stéphan Aubé pourra peut-être ajouter quelque chose.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais faire une petite introduction, car il s'est passé beaucoup d'événements au cours des dernières heures. J'ai mis ça sur papier pour m'assurer d'être concise.
Au cours du dernier mois, nous avons appris que des députés étaient ciblés et que leur courriel personnel avait été la cible de stratagèmes d'États étrangers pour leur soutirer des renseignements de nature délicate. L'objectif était, nous pouvons l'imaginer, de faire du chantage ou d'utiliser ça de manière néfaste. Nous le savons.
Nous apprenions hier que le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement tirait la sonnette d'alarme. Là, c'est clair: le gouvernement n'en fait pas assez. Il faut donc essayer de faire quelque chose. C'est très important.
J'ai l'impression — et nous le constatons — que le ne prend pas ces questions suffisamment au sérieux. En fait, ce sont des députés qui en tirent profit, car, l'ingérence étrangère, il est même possible de la susciter. C'est pour moi un choc aujourd'hui d'apprendre cela.
Pendant ce temps, nous apprenons que de faux documents sont en train de circuler. Des documentaires qui sont diffusés probablement en russe, dont vous êtes sûrement bien au courant, circulent notamment sur Internet au sujet des Jeux olympiques qui auront bientôt lieu en Europe. Des médias européens sont copiés en ligne. On parle de fausses nouvelles et de faussetés, et c'est d'un réalisme incroyable. Il y a même une série qui entretient cette confusion chez les gens. Nous sommes à quelques jours des élections européennes, qui concernent plus de 700 millions de personnes. Imaginez l'impact que tout cela aura sur ces gens.
Après un an, j'essaie de comprendre comment il se fait que les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre sont encore ici, aujourd'hui, pour s'attaquer à l'ingérence et se voir obligés de faire un grand pas de géant. Je n'ai pas l'impression que nous sommes bien équipés pour le faire. C'est ce que je constate quand je parle au public.
Je comprends maintenant que le privilège parlementaire englobe vraiment tout ce qui est lié à notre travail, que ce soit en circonscription, en comité ou ailleurs.
Nous parlons maintenant de collecte de renseignements personnels par le truchement d'une adresse courriel Gmail. Nous nous entendons pour dire que ça va loin. Des gens viennent voir nos factures, qui nous sommes. Ils peuvent tout savoir. C'est une source énorme pour ce qui est de la collecte de renseignements personnels. La capacité de chantage peut aussi être énorme.
En quoi est-ce différent de ce qui concerne le député de ?
:
Je vous remercie de la question.
Je vais couvrir l'aspect touchant le privilège parlementaire. Mes collègues pourront ensuite vous donner davantage de détails sur le mandat de l'Administration de la Chambre des communes quant à notre infrastructure de technologie de l'information.
En ce qui a trait au privilège parlementaire, la situation a été reconnue par le Président de la Chambre des communes dans cette décision. On parle d'actes d'ingérence ainsi que de menaces envers un député en raison de ses fonctions parlementaires. Le Président a statué que cela constituait une question de privilège fondée de prime abord, même si l'attaque visait le courriel personnel du député en question.
Comme vous l'avez énoncé, il y a potentiellement un risque de menaces ou de toutes sortes d'actes d'ingérence, même si on utilise les outils personnels du député. Toutefois, dans le cadre des fonctions parlementaires, pour ce qui relève de l'Administration de la Chambre des communes, le mandat et la capacité de celle-ci sont limités quant aux instruments qu'il est possible de déployer.
Monsieur Aubé, voulez-vous ajouter des commentaires?
:
Merci, monsieur Bédard.
Présentement, ce que nous pouvons faire, compte tenu de notre capacité à cet égard, c'est protéger l'institution et nous assurer que le Parlement continue de fonctionner.
C'est dans ce cadre que l'infrastructure de technologie a été mise en place et que nos partenariats ont été noués afin de bien protéger le Parlement et d'assurer son bon fonctionnement.
Nous le faisons à l'égard des fonctions exercées par les députés, tant lorsqu'ils se trouvent dans leur bureau de circonscription, lorsqu'ils voyagent ou lorsqu'ils sont sur la Colline du Parlement, que lorsqu'ils interagissent avec des concitoyens.
Par contre, lorsqu'il s'agit de la vie privée des gens et de relations internationales, nous ne sommes pas en mesure de répondre à ce type de situation. D'autres agences au sein du gouvernement sont mieux outillées pour le faire.
Notre mandat est de protéger le Parlement...
:
Merci. Je suis heureuse de me joindre à vous virtuellement, même si c'est parfois difficile.
Je voudrais poursuivre dans la même foulée que Mme Gaudreau...
Je suis préoccupée, bien sûr. La députée a parlé des informations qui sont ressorties du rapport au sujet de l'influence exercée sur des députés et de la ligne de démarcation entre notre vie personnelle et notre vie et notre travail parlementaires. On pourrait sans doute prétendre que nous sommes des acteurs tout à fait politiques et partisans. Pour ma part, je cherche à éviter toute interaction entre mon travail parlementaire et mon travail partisan et politique. Les deux aspects sont cloisonnés. Bien sûr, je ne fais pas mon travail partisan, comme la collecte de fonds pour le NPD — peu importe les termes employés — en me servant de mon courriel parlementaire, et pourtant, il est fortement touché par l'ingérence étrangère. Nous le voyons dans les échanges qui viennent d'être publiés dans les médias au sujet de la course à la direction du Parti conservateur.
Pouvez-vous nous parler des attaques personnelles que nous recevons? Comment sommes-nous censés maintenir une distinction et nous efforcer de me pas être de mauvais protagonistes, alors que nous tentons d'assumer les deux aspects de notre travail?
:
Je vais peut-être commencer. C'est une très bonne question, madame Mathyssen, et il est évident que le Comité voudra y réfléchir.
À propos des raisons qui expliquent notre présence ici-même et du cas de M. Genuis, normalement, les questions de privilège dans les délibérations parlementaires sont liées aux travaux de la Chambre ou d'un comité. Dans ce cas‑ci, c'est le travail que M. Genuis a fait avec une organisation externe, mais qui — comment puis‑je dire? — influence ou favorise son travail à la Chambre ou en comité. Par conséquent, c'est en partie pour cela que le Président de la Chambre a décidé qu'il y avait présomption d'atteinte au privilège et qu'une étude plus approfondie s'imposait.
Mes collègues veulent peut-être ajouter quelque chose.
Patrick McDonell, voulez-vous intervenir?
:
Je remercie la députée de la question, monsieur le président.
C'est une bonne question, madame Fortier. Des protocoles ont été établis et mis en place. Je m'attarderai surtout sur ceux qui concernent les courriels, puisque vous en avez parlé.
Nous avons plusieurs services en place, notamment des services de cybersécurité, qui sont accessibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, où une personne peut téléphoner pour faire analyser un courriel en particulier. Nous avons aussi mis sur pied plusieurs campagnes de sensibilisation à ce sujet.
Je ne sais pas si vous l'avez vu, mais il est possible de sélectionner l'icône « hameçonnage » dans l'application de courriel lorsqu'on souhaite en signaler un qui est suspect.
:
Monsieur le président, je vais répondre à ce que je peux répondre.
Lorsqu'on nous informe d'un risque, nous faisons notre devoir, c'est-à-dire que nous communiquons avec le député.
La majeure partie du temps, lorsqu'on nous contacte, nous devons aborder le cas comme étant une menace sur le plan technique, sans savoir qui est derrière cette attaque à l'égard du parlementaire.
Je ne peux pas faire de commentaires sur la question de savoir s'il s'agit d'un risque lié à de l'influence intergouvernementale, car ce n'est pas ce sur quoi mon travail se concentre. Nous ne savons pas ces choses.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous avoue que je suis très préoccupée quant à notre démocratie. Un projet de loi sera adopté sous peu. C'est un grand virage que nous devons prendre, et cela me fait peur.
Je suis aussi préoccupée par le fait que votre capacité d'agir est limitée dans l'exercice de vos fonctions. Nous passerons bientôt à huis clos. J'aimerais vraiment, puisque vous êtes les personnes toutes désignées pour nous proposer des pistes de solution, savoir ce dont vous avez besoin pour prévenir ce type de situation, pour agir et pour prendre des mesures.
Cela va aussi loin que de nous dire quel est le rôle des parlementaires, alors que la propagande s'insinue jusque dans nos comptes personnels, alors que je ne peux même pas déterminer moi-même ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Quand des séries sont conçues pour influencer des millions de personnes qui les écoutent, ça va loin. Cela devrait sonner l'alarme.
J'aimerais dire aux gens qui nous regardent que je juge important que nous mettions dans notre rapport toutes les recommandations que vous allez faire.
Cela dit, j'aurai des questions très précises à poser au cours des prochaines minutes.
Merci beaucoup, monsieur le président.
En ce qui concerne cette question de privilège, nous n'avons pas été les seuls à être informés de ce piratage par les médias. D'autres membres de l'IAPC — de la Belgique, de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et d'autres — en ont également eu connaissance par la voie des médias publics, si j'ai bien compris. Leurs gouvernements sont de part et d'autre du spectre politique. Dans la majorité des cas, ils n'ont pas informé leurs membres.
Que faisons-nous pour nous informer au sujet des enquêtes menées par les autres parlements qui étudient cette question, ou pour en tirer des leçons? Comment intégrons-nous cela dans nos propres études, et comment abordons-nous le problème dans notre pays?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici ce matin.
J'ai quelques questions.
Je tiens à reconnaître que je pose cette question en public. Je tiens à préciser que je ne vous demande pas de divulguer des noms de députés ou d'acteurs d'États étrangers dans votre réponse.
Le Président a jugé que le fait de ne pas avoir avisé M. Genuis et les autres députés visés dans cette affaire constituait de prime abord une question de privilège. L'administration de la Chambre, le gouvernement et les organismes de sécurité avaient été informés au sujet de certains députés et d'un acteur étranger menaçant, mais les députés n'ont été mis au courant que lorsque des révélations externes ont été faites, dans ce cas‑ci, par l'entremise du FBI et du département de la Justice des États-Unis. M. Genuis a soulevé, à juste titre, la question de savoir qui a la responsabilité de parler aux députés à ce sujet.
Cela dit, j'aimerais poser à chacun d'entre vous une question en vous demandant de répondre par oui ou par non, afin de ne rien divulguer du point de vue de la sécurité, ou de ce qui est en cours d'examen.
L'un d'entre vous a‑t‑il connaissance d'autres cas passés ou actuels où vous avez été informés, dans le cadre de vos rôles respectifs, par le CST, le SCRS, le FBI, un organisme de sécurité ou quiconque au sein du gouvernement fédéral, qu'un acteur étranger identifiable visait ou vise un député ou un groupe de députés, et où les personnes visées n'ont pas été informées de cette menace? Si vous êtes au courant de cela en ce qui concerne un ou plusieurs députés et un acteur d'un État étranger en particulier, savez-vous si les députés concernés n'en ont pas encore été informés?
:
Je peux parler brièvement des cybermenaces, puis mon collègue pourra probablement parler du risque lié aux menaces physiques.
Tout ce qui touche les données des députés, l'information des députés, est considéré comme critique, alors nous voyons s'il y a quoi que ce soit relativement à ces paramètres. Parfois, ce sont les identités numériques qui sont ciblées plutôt que l'infrastructure, un service ou une application en particulier. S'il y a une attaque touchant les données d'un député, nous communiquons directement avec son bureau.
Les autres catégories se résument au facteur de risque ou au risque résiduel. Des mécanismes de protection sont-ils en place et peuvent-ils protéger l'infrastructure pour assurer la continuité des opérations? Cela réduit le risque pour notre capacité de nous protéger, mais si quelque chose présente un risque résiduel, nous communiquons avec le bureau du député.
:
C'est bien et concis. Merci.
Chers collègues, nous allons suspendre la séance pendant quelques instants, puis nous poursuivrons à huis clos.
À titre de rappel, lorsque nous siégeons à huis clos, seuls le personnel autorisé, les députés et les témoins peuvent être présents dans la salle. J'aurais quelques brèves observations à faire à ce sujet, mais nous allons faire une courte pause pour nous préparer à accueillir notre prochain groupe de témoins.
Madame Mathyssen, je crois que vous devrez vous inscrire avec un nouveau lien. Nous allons demander au greffier de vous aider.
Chers collègues, c'était une autre heure productive. C'était significatif, informatif et efficace. Je vous remercie de votre collaboration. Nous nous reverrons dans quelques minutes.
[La séance se poursuit à huis clos.]