:
Bienvenue à la 61
e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Nous nous réunissons aujourd'hui pour poursuivre notre étude de l'ingérence étrangère dans les élections.
Avant d'aller plus loin, je veux m'assurer qu'une chose est bien claire pour tous les membres du Comité. Toutes les interventions doivent être faites par l'entremise de la présidence. Il faut absolument éviter que plusieurs personnes parlent en même temps. C'est une réunion que nous attendions depuis un moment déjà, et je sais à quel point elle est importante pour nous tous. Je vous demanderais par conséquent de prévoir du temps pour une réponse lorsque vous posez une question ou lorsque vous faites un commentaire.
Je veux aussi vous rappeler qu'il est primordial pour moi de protéger la santé des interprètes et des autres personnes qui accomplissent leur important travail sur la Colline parlementaire. C'est essentiel au bon fonctionnement d'un pays officiellement bilingue comme le nôtre, une caractéristique qui tient à cœur à la plupart d'entre nous. Je m'attends donc à ce que chacun intervienne à tour de rôle et à ce que vous me fassiez signe si vous souhaitez prendre la parole. Je nous sais tout à fait capables de respecter ainsi les règles. La greffière et moi-même tiendrons à jour une liste des députés souhaitant prendre la parole.
Nous accueillons aujourd'hui Mme Katie Telford, cheffe de cabinet du .
En tant que membre de la communauté sikhe, je m'en voudrais de ne pas souhaiter à tous un joyeux Vaisakhi, une fête vraiment importante pour la religion sikhe. Je vous remercie.
Madame Telford, nous allons maintenant entendre vos observations préliminaires, après quoi nous passerons aux questions et commentaires des membres du Comité. Bienvenue parmi nous.
:
Merci, madame la présidente.
J'ai pensé commencer par vous expliquer mon rôle et la façon dont je procède lorsqu'on me communique du renseignement.
Mon mandat consiste à conseiller le et à gérer le Cabinet du premier ministre. Dans ce contexte, une de mes fonctions principales est de veiller à obtenir auprès de toutes les composantes du gouvernement les conseils et l'information dont le premier ministre a besoin pour prendre les meilleures décisions possible. Cela se fait notamment dans le cadre de séances d'information offertes par la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, la CSNR, ou d'autres responsables du renseignement. J'assiste généralement à ces séances avec le .
Il arrive que ces séances soient tenues dans un environnement sécurisé, c'est‑à‑dire un local isolé pour l'information sensible cloisonnée. Nos téléphones et nos autres appareils électroniques sont alors conservés sous clé à la porte de l'ascenseur. Ils ne peuvent pas se retrouver sur l'étage et encore moins dans la salle de réunion. En d'autres occasions, la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement va exiger qu'un document me soit remis par un chargé des relations avec la clientèle qui garde un œil sur moi pendant que j'en prends connaissance, puis repart avec le document.
Les renseignements de nature délicate sont traités avec toutes les précautions nécessaires. J'ai dû me soumettre à une enquête rigoureuse pour obtenir une cote de sécurité de niveau « très secret », et je dois satisfaire à des obligations tout aussi importantes pour la conserver. En effet, la divulgation publique des informations en possession de nos agences de renseignement et des sources d'où viennent ces informations pourrait porter irrémédiablement atteinte aux intérêts nationaux du Canada et mettre la vie de certaines personnes en danger. Cela pourrait aussi faire en sorte qu'il devienne plus difficile désormais pour le Canada d'obtenir du renseignement, une considération d'autant plus importante quand on sait que le Canada est un importateur net en la matière.
J'occupe ce poste depuis quelques années déjà, et j'ai pu prendre connaissance d'un vaste éventail de données de renseignement en provenance de toutes les régions du monde. Certaines de ces informations étaient fausses — et cela a été dûment établi — alors que d'autres étaient tout à fait conformes à la réalité. Dans certains cas, nous ne saurons peut-être jamais à quoi nous en tenir ou peut-être est‑ce seulement le temps qui nous dira si tout est véridique.
Même le renseignement dont la fausseté a été établie peut avoir une certaine utilité. Il peut nous éclairer sur les motivations et les objectifs de la source ou encore sur le discours que l'on cherche à mettre de l'avant. Le renseignement nous est souvent présenté sous la forme de fragments d'information que nous devons analyser et évaluer pour en dégager le sens véritable. Il faut pour ce faire situer ces différents fragments dans le contexte plus général de l'information à notre disposition. Comme le sous-ministre des Affaires étrangères l'a déclaré devant votre comité, « les rapports de renseignement brossent rarement un tableau complet, concret ou exploitable. »
[Français]
Depuis 2015, notre gouvernement a renforcé les mesures qui protègent nos institutions contre l'ingérence étrangère. Je peux affirmer avec certitude que cela a toujours été une priorité et que nous avons entrepris des démarches concrètes à cet égard. Il est donc important de prendre un instant pour regarder le travail que nous avons accompli.
Dans sa plateforme de 2015, le Parti libéral avait promis de créer ce qui est aujourd'hui le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Ayant été député lors de l'affaire des détenus afghans sous le gouvernement Harper, l'actuel a pu constater la nécessité que certains députés aient accès à des renseignements classifiés, ce qui n'était pas le cas auparavant. C'est pourquoi notre gouvernement a fait adopter une loi pour créer ce comité. Depuis maintenant six ans, des députés de tous les partis ayant reçu une cote de sécurité de niveau très secret examinent des renseignements classifiés, les étudient de façon indépendante et en rendent compte publiquement. Le Comité travaille maintenant sur un examen pour évaluer l'état de l'ingérence étrangère dans les processus électoraux fédéraux, entre autres.
La menace d'ingérence étrangère a évolué depuis 2015. Après avoir vu ce qui s'était passé lors des élections américaines de 2016 et des élections françaises de 2017, le gouvernement, pour mieux protéger nos élections fédérales de 2019, a mis en place le Protocole public en cas d'incident électoral majeur. Ce protocole faisait partie du Plan pangouvernemental pour protéger la démocratie canadienne, que nous avions lancé en janvier 2019. Les hauts fonctionnaires administrant le Protocole et ayant accès à des renseignements classifiés sur la sécurité nationale ont déterminé que les élections de 2019 et de 2021 s'étaient déroulées librement et équitablement.
En 2019, nous avons également mis sur pied l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Ce dernier examinera comment nos agences de sécurité et du renseignement ont évalué l'ingérence étrangère avant et après les deux dernières élections.
Nous avons aussi créé le Mécanisme de réponse rapide du Canada et le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. Tous deux nous aident à cerner les menaces étrangères visant notre démocratie et à les contrer.
Comme le sous-ministre des Affaires étrangères vous l'a dit, les outils de lutte contre l'ingérence étrangère sont de plus en plus nombreux.
D'ici le 23 mai, David Johnston, ancien gouverneur général du Canada, nous soumettra ses recommandations sur cette question. Il aura un accès illimité aux dossiers classifiés pour faire son travail et, bien sûr, nous avons déjà dit que nous allions accepter ses recommandations.
[Traduction]
Il n'en demeure pas moins que vous allez vouloir me poser des questions au sujet des renseignements effectivement transmis au Cabinet du premier ministre et aux mesures prises en conséquence. Je ferai de mon mieux pour y répondre. Je dois toutefois le faire en respectant la loi et les mêmes limites avec lesquelles devaient composer le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, et la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement lorsqu'ils ont comparu devant vous. C'est justement en raison de ces contraintes que l'on a décidé de créer le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, le CPSNR.
Il y a une chose que je tiens à préciser. Lorsque nous avons droit à des séances d'information sur quelque sujet que ce soit, nous nous assurons d'aller vraiment au fond des choses. Nous posons d'abord et avant tout un grand nombre de questions pour savoir dans quelle mesure l'information est digne de foi, qui d'autre a été mis au courant et qui devrait l'être, quels choix s'offrent à nos décideurs, quelles mesures ont déjà été prises ou peuvent être prises, et quels pouvoirs sont nécessaires à cette fin. Très souvent, ce ne sont pas des décisions qui relèvent du ou du Cabinet. Je veux dire par là que les décisions semblables doivent être prises par les forces de l'ordre ou les responsables du renseignement, et ces gens‑là vous ont déjà parlé des moyens à leur disposition, comme les mesures de réduction de la menace du SCRS.
Tout ça pour vous dire que si des gestes doivent être posés pour protéger notre sécurité nationale, nous n'hésitons pas à le faire. Il ne faut pas oublier que la menace de l'ingérence étrangère pèse sur toutes les démocraties du monde. Elle nous vient de différents États autoritaires, comme la Chine, la Russie et l'Iran. Elle cible nos communautés — et particulièrement celle des différentes diasporas —, nos universités, nos instituts de recherche, tous les ordres de gouvernement et tous les partis politiques. Cette menace n'est pas nouvelle, mais elle est en pleine évolution. Nous allons continuer de tout mettre en œuvre pour mettre le Canada à l'abri de ces risques.
Je voudrais traiter en terminant du débat entourant ma comparution d'aujourd'hui et la question qui consiste à savoir si je suis la personne la mieux placée pour témoigner devant vous à ce sujet. Je suis une consommatrice de renseignement, et non quelqu'un qui transmet du renseignement à d'autres. La conseillère à la sécurité nationale et au renseignement est la personne qui doit rendre des comptes directement au sur ces questions. En outre, pour toutes les raisons que j'ai énoncées aujourd'hui, ces informations sont extrêmement confidentielles et la loi fixe des limites quant aux sujets qu'il m'est possible d'aborder sur une tribune publique comme celle‑ci.
En fin de compte, j'ai accepté votre invitation pour éviter de nuire au bon fonctionnement du Parlement.
J'ai consacré la plus grande partie de ma vie professionnelle à appuyer le travail de gens qui voulaient briguer les suffrages, faire avancer les causes qui leur tiennent à cœur et améliorer le sort de leur collectivité et de leur pays. C'est la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui, et je crois qu'il en va de même pour nous tous. La protection de notre démocratie est l'une des choses les plus importantes que nous puissions accomplir et l'une des composantes cruciales de mon travail. Les campagnes électorales, la politique et la démocratie s'articulent toutes autour de la nécessité pour les gens de faire valoir leurs droits et d'élire ceux qui vont les représenter. Je vais toujours lutter pour défendre ces droits contre toute tentative d'y porter atteinte.
Je vais maintenant faire de mon mieux pour répondre à vos questions.
:
Merci, madame Telford, pour ces observations préliminaires et pour votre présence parmi nous aujourd'hui.
Nous allons maintenant passer à un premier tour de questions où chacun aura droit à six minutes, en commençant par M. Brock, qui sera suivi de Mme Sahota.
[Français]
Ce sera ensuite le tour de Mme Gaudreau, qui sera suivie de Mme Blaney.
[Traduction]
Je vous rappelle que je veux entendre une seule personne à la fois.
N'oubliez pas que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre n'est pas un tribunal. Il serait donc bon que nous prévoyions le temps nécessaire pour que nos interprètes puissent bien faire leur travail lorsqu'on pose une question, on fait un commentaire ou on donne une réponse.
Je ne sais pas si nos interprètes peuvent me voir?
[Français]
Pouvez-vous m'entendre? S'il y a un problème, s'il vous plaît levez la main et je vais arrêter la rencontre pour vous permettre de faire votre travail, qui est très important pour nous tous.
[Traduction]
À vous la parole, monsieur Brock.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Telford, je vous remercie de votre présence.
Je demeure convaincue que ce n'est pas au personnel de rendre des comptes, mais je tiens à vous remercier d'avoir pris le temps de venir témoigner aujourd'hui, de rendre le Parlement fonctionnel. Il faut savoir que vous l'avez fait maintes fois au cours de votre mandat de cheffe de cabinet et que peu d'autres l'ont fait, ce qui montre, à mon avis, votre leadership.
Cependant, je pense qu'une partie de ce qu'on a laissé entendre... Vous avez précisé qu'il n'est pas vrai qu'un chef de cabinet contrôle le Bureau du Conseil privé. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez clairement indiqué que, bien souvent, en tant que consommatrice de renseignement, vous faites preuve de diligence raisonnable pour déterminer ce qui a été fait, ce qui peut être fait et si, même au sein du Cabinet du premier ministre, quelqu'un a l'autorité nécessaire pour le faire.
Je pense que c'est très important. Peut-être pouvons-nous revenir en partie sur ce que M. Brock essayait de savoir. Il nous faut peut-être mieux comprendre la manière dont on vous communique du renseignement. Plus précisément, quel type de renseignement est porté à votre attention et par qui, et que se passe‑t‑il exactement dans certaines circonstances lorsque vous recevez l'information?
:
Merci, madame la présidente.
Les renseignements nous parviennent de diverses manières et proviennent de nombreux secteurs du gouvernement, bien qu'en fin de compte ils passent tous par le Bureau du Conseil privé et la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, la CSNR, quant à ce qui nous est transmis directement.
Cela regroupe de nombreux secteurs gouvernementaux où du renseignement peut être recueilli: le ministère des Affaires mondiales, le MDN, le CST, etc. Il y a un nombre impressionnant d'acronymes qui peuvent parfois, mais pas toujours, se prononcer sans difficulté. Ils produisent tous les renseignements, qui sont ensuite transmis à l'unité de l'analyse du renseignement du Bureau du Conseil privé, qui les rassemble et détermine ce qui doit être présenté au .
Comme je l'ai mentionné précédemment, la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement signalera certains renseignements dont elle veut que je prenne connaissance. Il m'arrive parfois d'entrer dans le bureau et de voir que le chargé des relations avec la clientèle est présent. Je sais alors que je dois libérer mon emploi du temps pour lire un document. D'autres fois, c'est planifié. Parfois, il s'agit de séances d'information officielles. Il arrive que nous voyions simplement quelque chose qui a été communiqué et que nous devons rapidement faire du rattrapage dans une rencontre informelle en quelque sorte quand nous trouvons le temps.
En outre, bien sûr, avant toute rencontre internationale, qu'elle ait lieu ici, au Canada, ou ailleurs dans le monde, c'est particulièrement important, car nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés au sujet de toute question liée au renseignement, en particulier avec nos partenaires du Groupe des cinq. Nous avons de nombreuses occasions différentes de parler de ces choses, et c'est pourquoi il est difficile d'essayer de décrire certaines de ces séances d'information comme on me l'a demandé.
:
Justement, je vais compléter ma question.
Si je vous demande quels sont les critères, c'est pour nous permettre de savoir qui doit rendre des comptes, à quel moment on va faire la validation d'un processus mis en place qui n'a peut-être pas fonctionné, et dans quel contexte il y a urgence d'agir.
Il faut dire que, lors de sa visite, Mme Thomas nous a bien mentionné que les informations avaient été transmises. Nous voulons donc savoir qui avait cette information et ce qui s'est passé. Comment se fait-il qu'à un moment donné, la et le aient dit qu'il n'y avait pas eu d'ingérence étrangère ou qu'ils n'en avaient pas été mis au courant, mais qu'on dise maintenant qu'il y en a eu?
Quels sont les critères? Nous voulons nous assurer de l'étanchéité du processus électoral et rassurer les gens à ce sujet. J'aimerais que vous nous rassuriez.
Qui garde l'information? Comment cela se passe-t-il au sein du Cabinet, avec le premier ministre et les ministres?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Comme toujours, pour tout ce que je dirai, ce sera par l'intermédiaire de la présidence.
Je tiens à remercier notre témoin de sa présence pour discuter de cette question importante.
Je vais commencer de la façon dont je pense avoir commencé presque toutes mes interventions au cours de la présente étude. Le fait est que la question est très sérieuse et l'élément le plus important, à mon avis, c'est que la confiance des Canadiens à l'égard de nos systèmes s'effrite. Ce que j'espère pour toutes les personnes qui sont représentées à cette table, c'est que notre engagement consiste, avant tout, à veiller à ce que les Canadiens aient confiance dans nos systèmes. Ce qui se passe au sujet de l'ingérence étrangère dans nos élections, c'est que les Canadiens perdent de plus en plus confiance et c'est ce qui me préoccupe.
La question que je veux poser à Mme Telford est simple. À plusieurs reprises, les députés libéraux de ce comité ont souligné que l'enquête publique sur l'affaire Maher Arar avait vraiment contribué à faire la lumière sur les fuites de renseignements et à informer les Canadiens en toute transparence, même si le gouvernement de l'époque fournissait de l'information trompeuse au sujet de M. Arar. Étant donné que même votre ancien collègue, Gerald Butts, a demandé une enquête publique, pensez-vous qu'une telle enquête soit nécessaire?
:
Permettez-moi d'essayer de répondre à votre question encore une fois. J'ai certainement essayé de le faire.
Je pense que beaucoup de gens se sont penchés sur ce que l'on appelle la Commission sur l'état d'urgence, ou CEDU, l'enquête publique qui a eu lieu l'automne dernier en réponse à l'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence, et ont vu que cela fonctionnait. Par ailleurs, vous avez parlé d'une autre enquête et dit « pourquoi ne pas faire cela? » Comme vous le savez, de nombreuses discussions ont eu lieu à ce sujet, au sein de ce comité et dans bien d'autres tribunes, y compris au Cabinet et avec le .
La position que nous avons pu adopter aussi rapidement que possible quant aux conseils que nous lui avons prodigués et aux mesures qu'il a prises par la suite... Nous avions besoin de quelqu'un — et, fait intéressant, le gouvernement précédent avait fait la même chose en nommant l'ancien gouverneur général David Johnston pour accomplir une tâche similaire — pour déterminer ce qu’il était nécessaire de faire. Comme je commençais à vous le dire, où se situaient les lacunes entre l'OSSNR et le CPSNR? Qu'est‑ce qu'ils n'ont pas été en mesure de couvrir? De quoi le public a‑t‑il besoin par ailleurs pour avoir la confiance qu'il mérite dans nos institutions? C'est extrêmement important pour nous. Nous devons nous assurer que les bons mandats sont créés, qu'il s'agisse d'une enquête ou d'autre chose.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, le s'est engagé à donner suite aux recommandations du rapporteur spécial. Les questions ne sont pas claires. On ne sait pas non plus quel est l'organisme le mieux placé pour examiner cette question étant donné la nature délicate de l'information. Il est vrai que la CEDU a examiné certains renseignements sur la sécurité. Il s'agit presque exclusivement de renseignements sur la sécurité nationale. Déterminer comment procéder est une tâche au sujet de laquelle il rendra compte dans quelques semaines. J'espère que vous pourrez attendre qu'il le fasse de sorte que nous puissions prendre les prochaines mesures qui s'imposent.
:
Il y a plusieurs choses.
Premièrement, le lit tout ce qu'il reçoit et y consacre beaucoup de temps. Je peux confirmer que s'il a reçu de tels documents, il les a lus, sans aucun doute.
Deuxièmement, il est régulièrement et continuellement informé des questions d'ingérence étrangère, notamment l'ingérence étrangère dans les élections, comme le démontrent les documents que vous avez reçus.
Troisièmement, pour ce qui est de fournir des détails sur la question que vous soulevez, il m'est impossible, dans ce cadre public, de donner des détails, au niveau que vous souhaitez, sur ce qui a fait l'objet d'une séance d'information ou non.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, madame Telford, de votre présence.
Je veux d'abord reprendre là où les conservateurs se sont arrêtés. Les conservateurs voudraient faire croire aux Canadiens que l'ingérence étrangère vient de commencer, en 2019, et qu'il s'agit d'un phénomène relativement nouveau. Ils aimeraient trouver une preuve irréfutable d'une date précise.
En fait, dans votre réponse, madame Telford, vous avez indiqué que l'ingérence étrangère est un phénomène continu, d'où les diverses séances d'information sur la question. En outre, les députés ont reçu le rapport annuel 2019 du CPSNR, qui traite de l'ingérence étrangère. Ils peuvent donc vérifier à quel moment ils ont eux-mêmes été informés.
Je veux parler des questions entourant l'ingérence étrangère et du fait que cela n'a rien de nouveau.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné que le Canada est un importateur net de renseignements. Nous pouvons examiner la situation et regarder ce qui se passe aux États-Unis en ce moment. Il y a des débats très semblables sur l'ingérence étrangère et sur le fait que des renseignements relatifs à la sécurité nationale se retrouvent dans le domaine public, ce qui soulève des questions aux États-Unis actuellement. Si les renseignements relatifs à la sécurité nationale ne sont pas traités avec les précautions nécessaires, dans le contexte américain, les alliés voudront-ils partager des renseignements avec des pays qui ne traitent pas les renseignements sur la sécurité nationale de façon sécuritaire?
Puisque le Canada est un importateur net de renseignements, la demande des conservateurs d'obtenir des documents non caviardés ainsi que des détails sur des renseignements relatifs à la sécurité nationale et sur les séances d'information... N'y aurait‑il pas un risque important si le Canada abandonnait l'approche forte et rigoureuse consistant à traiter des questions de sécurité nationale avec le plus grand soin nécessaire? Risquerions-nous alors de ne pas recevoir de renseignements de nos alliés du Groupe des cinq, par exemple?
:
Je vous remercie beaucoup, madame la présidente. Par votre entremise, j'aimerais remercier Mme Telford d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais souligner quelques points que j'ai entendus aujourd'hui, et je tiens à répéter qu'il y a une grande différence entre la volonté de partager des renseignements et la capacité de les partager.
Madame Telford, vous avez expliqué à plusieurs reprises que ce n'est pas par manque de volonté, mais pour des raisons de sécurité nationale, que nous ne pouvons pas diffuser ces renseignements. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez également expliqué un peu l'impact de cette situation — ma collègue, Mme O'Connell, y a fait référence — en ce qui concerne nos relations avec nos partenaires du Groupe des cinq. La question de l'ingérence étrangère dans les élections n'est pas nouvelle. La Nouvelle-Zélande s'en préoccupe actuellement dans le cadre de ses élections. C'est une chose qui se produit dans le monde entier. Nous l'avons constaté lors de l'élection présidentielle de 2015, pendant laquelle il y a eu des questions à ce sujet.
Vous avez mentionné l'importance de pouvoir partager ces renseignements avec nos partenaires du Groupe des cinq et d'en recevoir d'eux, mais vous avez également dit quelque chose qui m'a semblé très important. Comme vous le savez, mon fils est agent du renseignement dans les Forces armées canadiennes, et je sais donc parfaitement qu'il est important de gérer les renseignements qui n'appartiennent pas à la sphère publique, car cela pourrait — et je vais citer vos paroles — « mettre des vies en danger ».
Nous avons créé le CPSNR, c'est‑à‑dire le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, et j'ai passé en revue les membres de ce comité. Je fais entièrement confiance aux membres du CPSNR, qui sont issus de tous nos partis, et qui comptent entre autres un colonel à la retraite ayant plus de 25 ans de service. J'ai toute confiance en sa capacité à traiter un enjeu comme celui‑ci.
Étant donné les mesures prises par le dans le cadre de diverses tactiques, qu'il s'agisse de la nomination d'un rapporteur spécial… Le SITE, ou Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement pour les élections, le groupe d'experts, la conseillère à la sécurité nationale et au renseignement, le CPSNR et le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre se penchent tous sur la question. Je crois que cette question a également été soulevée au sein du comité de l'éthique.
Selon vous, la question de l'ingérence étrangère et de la manière de la détecter, de l'atténuer et de la contrer nécessitera‑t‑elle une approche multidimensionnelle, compte tenu de sa complexité et de l'évolution des menaces d'ingérence étrangère?
:
Il y a deux ou trois petites choses… En ce qui concerne votre premier point, à savoir que le problème n'est pas nouveau, je crois que cela se trouvait dans les documents du SCRS qui ont été déposés un peu avant ma comparution, c'est‑à‑dire au cours des derniers jours. Dans ces documents, on explique que le SCRS nous a informés sur ces questions en 2015, lorsque nous sommes entrés au gouvernement. Ce n'est donc pas un nouvel enjeu pour notre gouvernement, mais comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, la situation a évolué et le gouvernement actuel a pris plus de mesures que quiconque auparavant.
En fait, l'une de ces mesures — vous en avez mentionné quelques-unes — qui concernent nos alliés est le mécanisme de réponse rapide. Le Canada a joué un rôle de premier plan à cet égard, car c'est lors de la réunion du G7 à Charlevoix que ce mécanisme a vu le jour, et d'autres pays se sont joints à nous, au‑delà du G7, pour participer à cette initiative. Le Canada joue un rôle de premier plan à cet égard sur la scène internationale.
Pour répondre à votre question sur la nature multidimensionnelle de cette approche, c'est la raison pour laquelle, en 2019 — et je l'ai également mentionné dans ma déclaration préliminaire —, une sorte de plan gouvernemental a été mis en place pour protéger la démocratie, car il faut également tenir compte de la désinformation et de la mésinformation, et le ministère du Patrimoine canadien participe donc à cette initiative. De nombreux ministères et organismes au sein du gouvernement doivent se pencher sur ces questions, comme ils le font depuis un certain nombre d'années, et il y a donc manifestement encore beaucoup de travail à faire.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais remercier Mme Telford de sa présentation d'aujourd'hui, qui était très limpide et très authentique. Je lui suis reconnaissant de tenter de répondre à nos questions relatives à la sécurité nationale.
Madame Telford, vous avez mentionné dans votre déclaration quelque chose dont on n'a pas pleinement tenu compte, à mon avis, dans bon nombre de discussions hyper partisanes sur ce sujet. Lorsqu'il s'agit de s'attaquer à l'ingérence étrangère, une grande partie du travail à faire et des mesures à prendre ne se fait pas sous la direction des politiciens. En fait, il serait complètement inapproprié que les politiciens y prennent part.
Par exemple, le SCRS transmet des renseignements à la GRC ou à la commissaire aux élections fédérales afin qu'ils puissent lancer des enquêtes. Ce n'est pas aux politiciens de diriger ces enquêtes. Encore une fois, ce serait tout à fait inapproprié.
D'après votre expérience, ces organismes ont-ils déjà exigé la permission du Cabinet du pour agir et utiliser les pouvoirs et les outils dont ils disposent?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Comme toujours, par l'intermédiaire de la présidence, je comprends très bien, madame Telford, que vous faites confiance au très honorable David Johnston dans son rôle de rapporteur, et c'est très bien ainsi. Ce que je dis, c'est que je fais confiance aux Canadiens. Je leur fais confiance en ce qui concerne leur besoin d'avoir confiance en nos institutions électorales pour qu'elles répondent à ces graves allégations d'une manière qui préserve notre sécurité nationale, et le besoin des Canadiens de comprendre ce qui s'est passé. Que fait le Canada pour se protéger? Est‑ce qu'il y a de la corruption dont nous devrions nous préoccuper? Comment les Canadiens peuvent-ils faire confiance au processus électoral à l'avenir?
À mon avis, seule une enquête publique apportera des réponses à ces questions.
Ce que j'essaie de comprendre, c'est la raison pour laquelle le et le Cabinet du premier ministre résistent à l'idée de donner aux Canadiens un processus qu'ils peuvent quantifier, qu'ils peuvent voir et qui sort de la sphère politique.
Vous et moi sommes tout à fait d'accord sur ce point. Je trouve frustrant d'entendre certains députés conservateurs dire que si vous ne dites pas cela, c'est qu'il y a ici de gros problèmes.
Je n'aime pas non plus le message que les Canadiens reçoivent d'après moi, à savoir que l'on minimise ces graves préoccupations: « Regardez tout ce que nous avons créé. Ne vous inquiétez pas. Il n'y a aucun problème. » Je ne pense pas que les Canadiens soient d'accord avec cela. On dirait donc que nous nous livrons à une lutte acharnée qui nous fait perdre de vue qu'il faut rendre des comptes aux Canadiens pour qu'ils fassent confiance à nos institutions.
Je pose à nouveau la question: pourquoi cette résistance? Pourquoi ne pouvons-nous pas aller de l'avant de manière à ce que les Canadiens soient assurés que leurs institutions fonctionnent et répondent à la réalité changeante dans laquelle nous nous trouvons, et qu'ils puissent faire confiance à ces systèmes?
:
Non. J'arrête le chronomètre.
Je ne sais pas exactement ce qui se passe en ce moment. J'ai l'impression que nous faisons du très bon travail. Je me disais, parce que les questions amènent d'excellentes réponses, que nous devrions peut-être essayer d'obtenir un peu plus de temps après 14 heures, simplement pour nous assurer d'obtenir l'information que nous demandons.
Comme je l'ai dit au début de la réunion et comme je l'ai répété, ce n'est pas un tribunal. Ce comité s'occupe de la procédure et des affaires de la Chambre, où siègent les députés, et nous accomplissons un travail important. Les interventions se font par l'intermédiaire de la présidence.
Madame Thomas, en tant que personne qui a présidé avec compétence des comités, vous connaissez très bien le travail important que la présidence accomplit, et je vous demanderai donc de vous adresser à la présidence pour formuler vos commentaires.
La parole est à vous.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie Mme Telford d'être présente aujourd'hui.
Nous avons entendu de nombreux excellents témoignages au Comité, y compris le vôtre aujourd'hui, madame Telford. J'aimerais citer plus particulièrement le directeur du SCRS, David Vigneault, qui a déclaré:
Ce que je peux dire, et ce que nous avons dit publiquement à de nombreuses reprises au cours des dernières années, c'est que les acteurs qui se livrent à une ingérence étrangère contre les Canadiens le font dans l'ensemble des pouvoirs publics — fédéral, provincial et municipal — et qu'ils le font, quelles que soient les lignes de parti.
Je crois que vous avez fait un commentaire semblable dans votre déclaration, à savoir que l'ingérence étrangère touche tous les paliers de gouvernement et tous les partis politiques. Malheureusement, je pense que nos travaux, depuis bon nombre de mois, maintenant, se font dans un contexte hautement politisé. C'est dommage. Nous avons vu certains membres du Comité tenter de se servir de cet enjeu pour marquer facilement des points politiques aux dépens de notre démocratie, à mon avis.
Madame Telford, croyez-vous que la population canadienne est bien servie par ceux qui tentent de faire de cette question un enjeu partisan?
:
Non, je ne crois pas. Je pense qu'il y a beaucoup de... J'ai constaté, parfois, mais pas aussi souvent que nous le souhaiterions tous, qu'on peut aborder la question de manière non partisane, ou même multipartisane.
Il est intéressant de se pencher sur certains des mécanismes en place, créés par le gouvernement actuel — parce qu'il n'y avait rien auparavant, certainement rien qui se rapproche des mécanismes mis en place par le gouvernement actuel. L'un de ces mécanismes, le Secrétariat du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, est multipartisan, alors je le considère presque comme non partisan, parce que le travail qui y est accompli et son fonctionnement donnent l'impression qu'il l'est, contrairement à ce que l'on voit parfois ailleurs. Cette entité est réellement multipartisane et composée exclusivement de parlementaires ayant un accès complet. Ils sont autorisés à obtenir un accès complet aux sujets qu'ils y abordent.
Parallèlement, il y a un grand nombre d'autres organismes, comme je l'ai déjà mentionné. Ensuite, il y a un certain nombre d'autres éléments. Si vous parliez au , si vous parliez au , ils vous diraient qu'il y a de nombreux autres ministres... Une bonne partie du gouvernement doit tenir compte des possibilités d'ingérence étrangère, ces temps‑ci, alors il existe une approche pangouvernementale sur la question.
Comme vous l'avez dit, l'enjeu dépasse le gouvernement, largement. On a créé des organismes et des entités de coordination entre les organismes provinciaux et fédéraux. De nouveaux canaux de communication ont été établis entre les services de sécurité, le secteur financier et les entreprises. D'autres initiatives ayant cours depuis quelques années mériteraient qu'on s'y penche encore davantage — pour tous ceux qui ne l'ont pas encore fait. Je crois que cela rassurerait les Canadiens de savoir que toutes ces mesures sont prises et que l'enjeu est pris au sérieux, pas seulement par le gouvernement actuel, mais aussi par l'ensemble du pays. Rien ne compte plus, à mon avis, pour les Canadiens que la solidité de nos institutions et le fonctionnement de notre démocratie.
:
Je souscris tout à fait à ces remarques et à la forte impression que vous venez de donner.
Je trouve un peu injustes les accusations constantes envers le gouvernement, répétées maintes fois pendant nos travaux, de n'avoir pas agi pour combattre l'ingérence étrangère. Les faits n'appuient tout simplement pas ces accusations.
Comme vous l'avez mentionné dans votre allocution, David Morrison a affirmé devant le Comité qu'il existe de plus en plus d'outils pour contrer l'ingérence étrangère. Le CPSNR, l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement et le comité de hauts fonctionnaires n'existaient pas avant l'arrivée au pouvoir du présent gouvernement. Nous avons mis sur pied le Protocole public en cas d'incident électoral majeur, dont le comité fait partie. Nous avons pris l'initiative de mettre en place le Mécanisme de réponse rapide, ou MRR, avec les pays du G7. Le Protocole, le comité et le MRR font tous partie de notre plan à quatre piliers pour protéger la démocratie canadienne.
Nous avons continué, à mes yeux et d'après les données probantes du terrain, à nous adapter et à faire évoluer nos interventions. Le Protocole a fait l'objet d'un examen indépendant après les deux dernières élections et il a été mis à jour pour le renforcer véritablement.
Ce ne sont là que quelques exemples. Vous en avez donné quelques-uns, et je crois qu'on pourrait en donner de nombreux autres.
Il reste toujours du travail à faire. Je crois que nous l'avons reconnu, tout comme vous dans votre allocution. Diriez-vous que le gouvernement actuel a agi résolument sur cet enjeu, que nous le prenons au sérieux et que nous avons, en réalité, agi davantage que n'importe quel gouvernement précédent?
Je crois qu'il faut réfléchir un peu plus attentivement à un élément dont j'ai parlé dans ma déclaration liminaire: un rapport de renseignements peut parfois être erroné. Peu importe l'angle qu'on adopte, il s'y trouve des informations qu'on... On peut s'en rendre compte parce qu'on discute du contenu avec d'autres, parce qu'on s'y rapporte dans un autre contexte ou parce que l'on compare le rapport à d'autres éléments. À la lumière de ses propres connaissances ou de celles de quelqu'un d'autre dans la salle, on sait que le rapport est erroné, mais on s'y intéresse tout de même parce qu'il brosse un tableau plus global. On ne l'écarte pas, car il est utile de savoir quels renseignements sont disséminés ou avancés par certains pour une raison quelconque.
Si ces renseignements sont pris complètement hors contexte, personne n'a l'occasion de les remettre dans un contexte plus large afin de séparer le vrai du faux.
De plus, pour certains éléments d'information, il faut prendre le temps d'évaluer leur véracité. Voilà pourquoi nous comptons sur du personnel expert en analyse d'information pour déterminer si les renseignements proviennent d'une région ou d'une communauté donnée, et s'ils tirent leur source au pays ou à l'étranger. Comme ils analysent ces rapports de renseignements et deviennent des experts au fil du temps — ou puisqu'ils sont déjà experts lorsqu'ils assument leurs fonctions —, ils nous fournissent les conseils les plus judicieux qui soient. Malheureusement, les Canadiens n'ont pu tirer parti de ces conseils dernièrement à cause de la façon dont ces rapports sont dévoilés au grand jour. J'espère ardemment que, grâce à l'excellent travail du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement — ou CPSNR — et de l'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement — ou OSSNR —, et peut-être d'autres entités, le rapporteur spécial pourra nous prodiguer des conseils afin que les Canadiens se fassent une meilleure idée de la situation.
:
Merci, madame la présidente.
Madame Telford, j'ai une question qui est en quelque sorte un commentaire.
On dit souvent ici que c'est le CPSNR qui, en raison de son rôle, devrait être responsable de l'administration de la question de l'ingérence. Or, à l'automne, le président de ce comité, , a écrit au pour lui mentionner qu'il était à l'occasion très difficile d'obtenir des documents du Cabinet pour permettre à ce comité de bien faire son travail. On sait que les parlementaires membres du CPSNR doivent conseiller M. Johnston, qui devra décider de recommander ou non une enquête publique indépendante.
Nous sommes dans un contexte où des universités canadiennes ont reçu du financement de la part d'intérêts étrangers. De plus en plus d'éléments d'information indiquent que la Fondation Pierre Elliott Trudeau avait des liens réguliers avec le Cabinet du et qu'il y a eu de l'ingérence dans au moins 11 circonscriptions, possiblement plus.
Cette affaire n'est-elle pas devenue trop grosse pour être traitée à l'intérieur du gouvernement? Ne devrait-elle pas plutôt faire l'objet d'une enquête publique indépendante, comme le recommande d'ailleurs votre ancien collègue M. Butts?
:
Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Tout se fait toujours par l'entremise de la présidence, et j'y suis sensible.
J'aimerais simplement dire à Mme Telford que nous avons eu un petit débat tout à l'heure à propos d'une enquête précédente, et j'ai fait quelques recherches à ce sujet. J'aimerais citer un article du Toronto Star qui dit: « Le mois dernier, M. Harper a demandé à l'universitaire et avocat David Johnston de rédiger le mandat de l'enquête et M. Harper dit qu'il suivra les conseils de M. Johnston, quels qu'ils soient. »
Je ne fais qu'apporter quelques précisions à ce sujet. Je serais heureuse de vous transmettre ce document s'il peut vous aider à comprendre mon point de vue, mais je veux revenir à cette question de mener une enquête publique et de se doter d'un processus transparent dans lequel les Canadiens peuvent avoir confiance.
Je suis simplement curieuse. Plus tôt, des questions ont été posées à propos de la haine contre les Asiatiques qui prend de l'ampleur un peu partout au pays. Cette situation est très préoccupante, car elle met les gens qui habitent dans ce pays, beaucoup de Chinois qui se battent depuis très longtemps pour que ce gouvernement reconnaisse l'ingérence de la Chine au pays, des gens qui étaient prêts à prendre ces mesures pour attirer l'attention sur ce problème...
Si le rapporteur recommande la tenue d'une enquête publique, je me demande si le Cabinet du premier ministre, le et Mme Telford admettraient que c'était une erreur de laisser ces questions s'envenimer dans l'esprit de la population pendant si longtemps que cela a créé une détresse qui n'est tout simplement pas nécessaire, et que plus nous demandons aux Canadiens d'attendre, plus nous nuisons à d'autres groupes en ne tenant pas compte des gestes qui ont été posés.
Je me demande simplement s'ils seraient prêts à dire: « Vous avez raison. Nous aurions dû agir dès le début. »
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Ces questions étaient très déroutantes, et je ne pense pas qu'un témoin présent ici aujourd'hui puisse répondre par un oui ou par non lorsqu'on lui pose une question à propos de l'état d'esprit ou des croyances de quelqu'un d'autre. Ces questions ressemblent un peu aux attaques hyperpartisanes et politiques lancées par de nombreux députés aujourd'hui lorsqu'ils ont demandé pourquoi le premier ministre gardait les gens dans l'ignorance et pourquoi nous ne voulions pas apporter un éclairage et de la transparence à ces questions.
Par votre entremise, madame la présidente, je m'adresse au témoin. Je crois que Mme Telford a mentionné qu'une unité de protocole a été créée, qu'un protocole est en place et que le travail de cette unité est de signaler à la population toute situation qui dépasse un certain seuil, même si cette dernière ne touche qu'une circonscription. Alors, imaginez si la situation en question concerne le pays au complet. M. Ian Shugart a même déclaré dans une entrevue à la CBC que l'unité de protocole était prête à agir ainsi.
Je me demande si je pourrais obtenir d'autres commentaires de la part de Mme Telford à propos de ce qu'elle ou le sont tenus de faire en ce qui concerne certains renseignements impartiaux qu'ils reçoivent, par comparaison à ce que des agences comme la GRC peuvent faire si le SCRS leur envoie des renseignements. Que pourrait faire l'unité de protocole? Qui est responsable d'apporter un éclairage ou d'assurer une plus grande transparence à propos de l'ingérence étrangère dans notre processus électoral, phénomène que nous observons depuis un certain temps?
:
Je pense que l'une des difficultés qui ressortent de votre question, dans laquelle vous avez nommé un certain nombre d'organismes différents, est que la situation ne concerne pas une personne en particulier. Même si je sais qu'au moins un des députés aurait aimé qu'il y ait déjà une enquête en cours, il est difficile de déterminer ce sur quoi nous devrions nous concentrer dans le cadre d'une telle enquête. À quoi ressemblerait-elle exactement?
Dans le cas de la Commission sur l'état d'urgence, la loi prévoyait un mandat clair, un échéancier et une question précise à laquelle il fallait répondre. Cependant, dans le cas qui nous occupe, la question est très diffuse et concerne bon nombre d'organes différents du gouvernement, sans parler des autres paliers de gouvernement, étant donné que cette question concerne aussi l'application de la loi, qui, évidemment, agit de manière très indépendante par rapport aux organes politiques et toutes les autres sphères du gouvernement, même si une coordination existe. Comme vous le savez, les organismes de sécurité traitent des renseignements de nature extrêmement délicate.
Comment ces différents organes peuvent-ils travailler ensemble et comment pouvons-nous rendre des comptes? Il s'agit d'une excellente question. Le CPSNR a accompli de grands progrès et a lancé différentes initiatives à cet égard. Il offre notamment une formation aux députés et s'assure d'avoir une meilleure communication continue avec eux. De plus, nous pouvons prendre bon nombre d'autres mesures. Celles‑ci figurent dans le rapport que le greffier Charette et le viennent de publier.
Il y a tellement d'éléments différents, et je pense que nous le constatons à la lecture de tous les rapports. Il existe une foule d'éléments, et il n'est pas possible de ne donner qu'une seule réponse. Un travail multidisciplinaire est en cours, et il ne couvre pas tout à fait toute la question.
:
Madame la présidente, nous avons entendu aujourd'hui Mme Telford et je crois que nous pouvons décrire son témoignage de la manière suivante.
Aujourd'hui, on lui a posé une série de questions très simples. Il n'était pas nécessaire, pour y répondre, d'avoir une quelconque habilitation de sécurité. Or, nous n'avons pas obtenu de réponses appropriées. Nous avons posé des questions sur ce que savait le . Nous avons posé des questions au sujet des renseignements qui lui avaient été transmis. Nous avons demandé s'il avait été informé de l'ingérence de Pékin dans nos élections.
Mme Telford a refusé de donner des réponses simples à ces questions très simples. Nous savons que les médias ont eu accès à plusieurs documents classifiés, et qu'ils les ont communiqués à la population. Nous avons fait référence à ces documents dans nos questions aujourd'hui. Encore une fois, on a contourné ou carrément rejeté nos questions.
Ce qui est fort pratique, c'est que Mme Telford ne peut confirmer l'existence de documents qui contiennent les renseignements les plus accablants au sujet du . Je parle des documents qui font état de l'ingérence de Pékin dans nos élections et de sa motivation à élire les libéraux à la Chambre des communes en fournissant du personnel payé pour la tenue des campagnes et en transférant des fonds cachés et illégaux aux libéraux. Mme Telford n'a pas pu nous parler de ces documents, ce qui est bien pratique. Fait intéressant, toutefois, Mme Telford n'a eu aucun problème à nier l'existence d'autres documents, mais elle n'a pas nié l'existence de celui qui démontre l'ingérence de Pékin dans l'élection des libéraux. Son silence parle de lui-même.
Mme Telford nous a dit que l'on informait régulièrement le . Elle nous a aussi dit qu'elle était le bras droit du premier ministre, qu'elle était toujours avec lui, qu'il lisait « tout » et qu'on ne lui cachait jamais rien.
Comme le lit tout et qu'on ne lui cache jamais rien, le Comité doit présumer qu'il savait qu'il y avait ingérence et qu'il a choisi d'ignorer cette information et les avertissements des plus importants organismes de sécurité et de renseignement du pays à ce sujet. Nous devons donc conclure que le fait d'ignorer de tels renseignements n'était pas dans l'intérêt supérieur des électeurs canadiens, mais bien dans l'intérêt du Parti libéral du Canada, qui profitait de cette ingérence, puisqu'il avait obtenu de l'argent et du personnel payé pour assurer l'élection de certains députés.
Je vais en rester là.
Nous avons des problèmes de connexion, même dans la salle, parce qu'il y a un décalage à l'écran. J'entends parler des problèmes d'interprétation. Je comprends tout cela et nous allons régler le problème, mais comme nous avons dépassé les 14 h 30, je vais mettre fin la séance. Je remercie Mme Telford d'avoir témoigné devant nous aujourd'hui.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, j'ai de bonnes nouvelles pour vous. Mardi, nous allons tenir notre réunion sur le redécoupage de la Colombie-Britannique selon notre horaire habituel. Nous allons donc nous réunir de 18 h 30 à 20 h 30 pour entendre Michael Wernick et Daniel Jean, qui disposeront d'une heure chacun. Nous n'avons pas encore confirmé l'heure. C'est pourquoi l'avis ne vous a pas encore été transmis, mais il le sera.
Sur ce, je vous souhaite à tous une excellente journée.
Madame Telford, nous vous remercions de votre temps et de votre attention.
Soyez prudents et portez-vous bien. Merci. La séance est levée.