:
Bienvenue à la 132
e séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
[Français]
Monsieur le ministre LeBlanc, je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue aux fonctionnaires et aux autres personnes qui sont avec nous aujourd'hui.
Je rappelle très gentiment à ceux qui ne comparaissent pas souvent devant le Comité de respecter le bien-être et la santé de nos interprètes en déposant votre oreillette sur l'autocollant qui est devant vous quand vous ne l'utilisez pas.
Chers collègues, nous avons deux heures distinctes. La première sera consacrée au mandat général du ministre. Le sujet de la deuxième heure sera plus précis et portera sur le projet de loi , sur lequel nous avons entrepris une étude, comme vous le savez.
Nous accueillons quelques témoins aujourd'hui.
Bienvenue à M. Daniel Rogers, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS.
Du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, nous accueillons la sous-ministre Tricia Geddes. Bienvenue.
Du Bureau du Conseil privé, nous accueillons Mme Mala Khanna, sous-secrétaire du Cabinet, Gouvernance, et M. Allen Sutherland, secrétaire adjoint du Cabinet, Appareil gouvernemental et Institutions démocratiques. Soyez les bienvenus.
Monsieur le ministre LeBlanc, vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions, comme d'habitude. Merci de nous consacrer de votre temps.
:
Merci, monsieur le président. Merci, chers collègues, de m'avoir invité à comparaître devant vous.
Comme vous l'avez délicatement fait remarquer, monsieur le président, je suis arrivé avec quelques minutes de retard. J'étais à Montréal hier soir pour discuter d'un enjeu qui nous tient tous à cœur, le contrôle des armes à feu. Je suis revenu de Montréal ce matin et, comme certains de nos collègues de cette grande ville le savent, la circulation y est parfois très intense. Je vous demande pardon. J'arrive directement de Montréal, monsieur le président.
Je suis très heureux d'être ici. Je vous remercie de m'avoir invité à parler du mandat et d'avoir présenté mes collègues. M. Al Sutherland comparaît souvent devant ce comité, je crois. Il fait un excellent travail sur les institutions démocratiques, tout comme notre sous-secrétaire, Mme Mala Khanna.
Quant à la nouvelle sous-ministre de la Sécurité publique et au nouveau directeur du SCRS, Mme Tricia Geddes et M. Daniel Rogers, c'est la première fois qu'ils comparaissent avec moi devant un comité. Ils n'occupent ces fonctions importantes que depuis une semaine ou 10 jours.
Madame Geddes et monsieur Rogers, merci de vous être joints à nous.
[Français]
Partout au monde, les démocraties sont mises à l'épreuve. Dans ce contexte turbulent, il n'en demeure pas moins que les Canadiens et les Canadiennes ont de nombreuses raisons d'être fiers de notre démocratie et de l'intégrité de notre système électoral.
Bien sûr, la démocratie requiert notre attention tous les jours, et pas seulement en période électorale. Nous devons toujours veiller à sa santé et à son dynamisme, car nos institutions et nos traditions démocratiques sont le fondement même de nos valeurs; elles reflètent ce que nous sommes en tant que Canadiens et que Canadiennes. En tant qu'élus, nous avons la responsabilité de veiller sur nos institutions et nos traditions démocratiques et de les garder en santé, évidemment.
Nous ne nous entendrons pas toujours sur la façon de nous y prendre, mais nos institutions et nos traditions démocratiques existent précisément pour nous aider à surmonter ces différences et à maintenir l'intérêt public au premier plan.
[Traduction]
Au cours de ces deux prochaines heures, je me ferai un plaisir de discuter avec vous de ce que nous pourrons faire ensemble pour maintenir la solidité de notre démocratie. Au cours de ces dernières années, notre gouvernement a mis en place tout un éventail de mesures visant à protéger les institutions démocratiques et, en particulier, à contrer la menace croissante de l'ingérence étrangère qui change continuellement. Comme mes collègues le savent, en vue des élections de 2019, nous avions établi un plan visant à protéger la démocratie canadienne et réunissant tous les organismes et les ministères qui ont un rôle à jouer pour assurer la sécurité, l'équité et la transparence de nos élections. Pour que ces mesures s'adaptent aux menaces qui ne cessent d'évoluer, ce plan a été mis à jour avant les élections fédérales de 2021. Nous le faisons à nouveau en prévision des prochaines élections fédérales.
Tout ce travail est coordonné par un groupe du Bureau du Conseil privé connu sous le nom d'Unité de protection de la démocratie. Notre gouvernement l'a créé en 2023 pour établir un organisme central de coordination pour tout ce qui est lié aux menaces qui pèsent sur nos élections. Nous avons également mis en place le Groupe de travail SITE sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections. Je suis certain que vous avez entendu parler de ces groupes au cours de vos délibérations. Ils se composent d'experts du SCRS, du Centre de la sécurité des télécommunications, du ministère des Affaires étrangères, bien sûr, et de la Gendarmerie royale du Canada. Il s'agit du principal mécanisme de surveillance des menaces d'ingérence d'États hostiles pendant les élections et les élections partielles.
Le groupe de travail SITE collabore étroitement avec les membres du Groupe d'experts qui régit le Protocole public en cas d'incident électoral majeur. En cas de menace à l'intégrité des élections générales, ce protocole précise la façon d'en informer les partis politiques et le grand public. Le Groupe d'experts est présidé par le plus haut fonctionnaire du Canada, le greffier du Conseil privé. Il se compose de hauts fonctionnaires qui ont une expérience approfondie des domaines de la sécurité nationale, des affaires étrangères et de la gouvernance démocratique.
[Français]
Ensemble, ces mesures ont considérablement renforcé notre capacité de faire face aux menaces qui pèsent sur notre démocratie, mais nous devons toujours nous demander ce que nous pourrions faire de plus. C'est pourquoi, en septembre 2023, comme nos collègues le savent très bien, le gouvernement a annoncé la mise sur pied de l'Enquête publique sur l'ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques fédéraux. La mise sur pied de cette commission, présidée par la juge Hogue, fait suite à de vastes consultations auprès de tous les partis reconnus à la Chambre des communes. Tous les partis politiques se sont entendus au sujet du mandat et de la nomination de la juge Hogue. Pour sa part, le gouvernement s'est assuré d'offrir à la Commission un accès sans précédent à des renseignements classifiés et à des renseignements confidentiels du Cabinet. Vous vous rappellerez la discussion extraordinaire que nous avons eue au mois de juin sur ce sujet précis. Comme les membres de ce comité le savent bien, la Commission a présenté un rapport provisoire le 3 mai 2024, et le rapport final est attendu le 31 décembre 2024. Nous avons hâte d'examiner le rapport final et les recommandations que la commissaire pourra formuler pour mieux protéger les processus démocratiques fédéraux contre l'ingérence étrangère.
[Traduction]
Au cours de la deuxième heure de ma comparution aujourd'hui, je me ferai un plaisir de discuter du projet de loi , qui propose de modifier la Loi électorale du Canada pour éliminer encore d'autres obstacles au vote, pour encourager la participation électorale, pour protéger les renseignements personnels et, bien sûr, pour renforcer les garanties électorales contre l'ingérence étrangère.
[Français]
Encore une fois, monsieur le président, je vous remercie, vous et vos collègues, de cette invitation. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien j'ai hâte à ces deux prochaines heures.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, et merci aux fonctionnaires.
Monsieur le ministre, nous avons appris, lors de l'enquête publique sur l'ingérence étrangère, que votre collègue du Cabinet, M. Bill Blair, alors qu'il occupait votre poste actuel de ministre de la Sécurité publique, a attendu 54 jours avant de signer un mandat du SCRS. Les responsables de la sécurité nationale ont affirmé à l'enquête que le ministre approuve habituellement ces mandats en quelques jours seulement. Curieusement, ce mandat ne visait nul autre qu'un ancien ministre libéral de l'Ontario et un important organisateur et collecteur de fonds pour M. Justin Trudeau dans la région du Grand Toronto.
Pourquoi a‑t‑il fallu 54 jours pour signer ce mandat?
:
Monsieur le ministre, j'ai deux ou trois choses à régler.
Voilà ce qui se passe. Il y a eu une interruption, et je vais demander à M. Cooper de permettre au ministre de finir sa réponse. Je constate que le ministre a profité de l'occasion pour faire lui-même quelques observations, puis j'ai un rappel au Règlement de M. Turnbull qui, je présume, se rapporte à la situation que je viens de décrire.
Si c'est le cas, monsieur Turnbull, nous pouvons peut-être continuer, à moins que vous ne désiriez donner plus de précisions sur cela.
Très bien.
J'ai arrêté le chronomètre.
Monsieur le ministre, je vous redonne la parole. Je vais laisser le chronomètre arrêté pour quelques secondes, par souci d'équité, pendant que vous répondez à la question de M. Cooper. Il restera deux minutes et 40 secondes quand je réenclencherai le chronomètre.
Monsieur le ministre, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de vous voir, monsieur le ministre. Je tiens à vous remercier, vous et tous les fonctionnaires ici présents, de tout ce que vous faites pour assurer notre sécurité et celle de notre pays. Merci d'être venus aujourd'hui.
Monsieur le ministre, le chef de l'opposition a laissé entendre que l'obtention d'une cote de sécurité et une séance d'information sur la possibilité d'une ingérence étrangère le bâillonneraient. Je me demande si vous pourriez nous dire, à nous et à ceux qui nous regardent aujourd'hui, pourquoi cette cote de sécurité est importante pour le parti du chef de l'opposition et pour ses députés, surtout à la lumière de la grave ingérence étrangère dont nous sommes témoins dans notre pays.
:
L'une des choses que notre gouvernement a faites et que les gouvernements précédents n'ont pas faites, c'est de demander expressément, dans le contexte d'élections, par exemple, que les représentants des partis reconnus obtiennent une cote de sécurité pendant ces élections. De cette manière, ils peuvent assister à des séances d'information classifiées tenues par des responsables du renseignement au sujet de menaces qui risquent de se manifester pendant la période électorale.
À notre avis, cela devrait se faire en tout temps afin que les responsables du renseignement puissent, dans un contexte apolitique, transmettre des renseignements aux partis afin qu'ils soient mieux préparés à contrer les menaces d'ingérence étrangère dans leurs institutions démocratiques.
Il en est de même pour le chef d'un parti politique. Il est bien connu, dans le domaine public, que certains acteurs hostiles de l'État ciblent les parlementaires non seulement à la Chambre, mais dans l'autre Chambre aussi. On me renseigne régulièrement sur ces menaces. Je fais entièrement confiance au travail qu'accomplissent la GRC et le SCRS.
Les chefs politiques qui veulent convaincre les Canadiens que leur parti, ses candidats et son caucus sont les mieux placés pour les représenter aux élections et à la Chambre des communes seraient bien avisés d'obtenir cette cote de sécurité. Ils montrent ainsi aux Canadiens qu'ils ont pris toutes les mesures nécessaires pour les protéger de toute menace d'ingérence étrangère.
Par exemple, les chefs du NPD, du Bloc québécois et du Parti vert ont obtenu cette cote de sécurité. Elle permet aux agents du SCRS de transmettre les renseignements nécessaires à ces dirigeants politiques afin qu'ils soient bien outillés pour contrer les menaces d'ingérence.
:
Eh bien, ce ne serait surtout pas pour cela, monsieur le président. Si je me fais arrêter un jour, ce ne sera probablement pas pour cela.
Comme je l'ai dit, nous plaisantions. Le sous-commissaire Mark Flynn, qui gère la police fédérale à la GRC, se trouvait avec moi à une réunion quelques jours après la publication du rapport du Comité des parlementaires. Je crois que Mme Geddes, qui était alors notre sous-ministre déléguée, était là aussi avec un certain nombre de fonctionnaires.
Nous arrivions à la période des questions, et j'ai demandé au groupe qui m'accompagnait avec le sous-commissaire: « Que faut‑il répondre quand on nous demande de divulguer des noms? » C'est le genre de question ridicule que les députés de l'opposition peuvent poser. Ils savent que c'est illégal et que je ne vais pas me prévaloir du privilège parlementaire pour violer les lois sur la sécurité nationale ou pour mettre en danger la vie des gens qui font ce travail.
Le sous-commissaire m'a répondu très sérieusement: « Je vais vous suggérer ce que vous devriez dire, et vous pourrez me citer. Vous pouvez répondre que si vous divulguez ces noms, je lancerai personnellement une enquête criminelle sur votre comportement, et cela pourrait très bien aboutir à des accusations ». Si vous connaissez M. Mark Flynn, vous savez qu'il est un agent supérieur très sérieux. J'ai trouvé son conseil extrêmement utile.
Comme vous l'avez dit, monsieur Duguid, je ne m'attends pas à être arrêté ou je ne prévois pas l'être pour avoir enfreint les lois sur la sécurité nationale. Un bon point de départ sera de résister aux railleries ridicules, comme vous le dites, nous incitant à publier une série de noms. C'est irresponsable, imprudent et illégal. D'ailleurs, la juge Hogue a donné la même réponse quand on l'a interrogée sur le fait que son rapport mentionne certains noms en donnant suite au rapport du Comité des parlementaires. Là encore, je m'en remettrais au jugement d'un juge principal de la Cour d'appel du Québec.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être parmi nous. Nous vous sommes toujours très reconnaissants de votre présence au Comité.
Vous avez commencé votre allocution d'ouverture en disant que, partout au monde, les démocraties sont mises à l'épreuve. Depuis mardi dernier, j'ai l'impression que bien des choses seront mises à l'épreuve aux États‑Unis, en particulier la sécurité des personnes se trouvant sur le territoire américain. En effet, avant d'être élu, Donald Trump avait promis d'expulser plusieurs millions de personnes. Il s'agirait surtout d'immigrants illégaux ou de demandeurs d'asile, dont le nombre pourrait atteindre 20 millions.
On peut penser que plusieurs d'entre eux voudront venir au Canada. Le nombre de recherches sur Google sur la façon d'immigrer au Canada a d'ailleurs augmenté de façon spectaculaire depuis mardi.
Vous me direz probablement que l'Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs prévoit que le Canada peut expulser automatiquement les gens qui se présentent à la frontière s'ils ont déjà demandé l'asile aux États‑Unis. Cependant, il y a une brèche dans cette entente, soit la règle des 14 jours. En effet, une personne qui entre en secret sur le territoire canadien sans être repérée dans un délai de 14 jours peut présenter une demande d'asile en bonne et due forme en se présentant aux autorités ou en présentant une demande d'asile sur le portail d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Cette règle est assez particulière, car elle fait en sorte que, pour pouvoir respecter la loi, les gens doivent d'abord l'enfreindre en se rendant au Canada de façon illégale, en se cachant.
On voit déjà des passeurs se préparer à cacher des personnes et s'apprêter à faire beaucoup d'argent. On peut penser à des jeunes femmes qui seraient cachées dans des appartements un peu partout au Canada pendant 14 jours. Dieu sait ce que les passeurs feront avec ces femmes pour que, 14 jours plus tard, elles puissent demander l'asile au Canada de façon tout à fait légale.
Je sais que vous venez tout juste d'être nommé vice-président du Comité du Cabinet sur les relations canado-américaines et je vous en félicite.
Dans ce rôle, que ferez-vous pour éviter qu'un nombre important de migrants arrivent au Canada de façon non pas irrégulière, mais carrément illégale, puisque les capacités d'accueil du Canada sont presque déjà atteintes?
:
Monsieur le président, par votre entremise, je remercie Mme Michaud de sa question.
Si les félicitations sont à l'ordre du jour et que vous m'accordez 30 secondes, permettez-moi de féliciter M. Terry Duguid en personne pour les nouvelles que j'ai lues à son sujet sur le site de Radio‑Canada, cette semaine.
Je suis très heureux pour vous, monsieur Duguid.
Madame Michaud, vous soulevez une question très importante. D'ailleurs, cela a été un défi très important. Tout le monde est au courant de la saga du chemin Roxham. J'en ai parlé à plusieurs reprises avec mes homologues du gouvernement du Québec.
La bonne nouvelle, comme vous l'avez dit, c'est qu'on a modifié l'Entente pour ne plus permettre ce qui était une échappatoire inquiétante. Je reconnais, comme vous l'avez décrit, les termes de l'Entente concernant cette question de 14 jours.
Il y a deux choses. D'abord, je ne pense pas qu'il faille envisager l'arrivée de centaines de milliers de personnes avant que cela devienne une menace. Il est certain que cela se discute.
Ensuite, quand on est convaincu, comme je le suis, que les services frontaliers et la Gendarmerie royale du Canada, ou GRC, sont tout à fait prêts, il faut être rassurant pour les Canadiens. En matière de plans opérationnels, j'ai moi-même reçu un breffage des services frontaliers et la GRC, et je leur fais pleinement confiance en ce sens.
Nous allons continuer de travailler avec l'administration de M. Biden, qui est en place jusqu'en janvier, comme vous le savez. Quand la nouvelle administration prendra les rênes, nous ferons ce qui est nécessaire pour travailler avec elle.
Je suis rassuré par les plans dont les services frontaliers et la GRC m'ont fait part, mais nous serons aussi aux aguets et au travail, et nous allons poursuivre les échanges de renseignements avec nos partenaires américains, qui sont très au fait des défis en lien avec leurs frontières sud-ouest.
Quand j'ai discuté avec le secrétaire à la Sécurité intérieure des États‑Unis Alejandro Mayorkas, il m'a dit être satisfait de la coopération entre les autorités canadiennes et leurs homologues américaines à leur frontière nord. Cependant, je ne sous-estime pas l'importance d'être visible et de rassurer les Américains et les Canadiens en leur disant que nous sommes prêts.
:
C'est une discussion intéressante.
M. Legault nous rappelle souvent qu'il y a les compétences fédérales et les compétences des provinces. Je suis surpris qu'il veuille envoyer des agents de la Sûreté du Québec à la frontière, une responsabilité entièrement fédérale que nous sommes tout à fait prêts à assumer.
Comme vous le savez très bien, madame Michaud, nous prenons au sérieux nos responsabilités qui relèvent de nos champs de compétence. Nous sommes prêts et je fais entièrement confiance aux plans. La GRC et nos partenaires en matière de sécurité publique vont toujours faire part de leurs plans avec leurs partenaires du Québec. La Sûreté du Québec est un partenaire de premier plan.
Je continue d'avoir pleinement confiance en notre capacité à parer à toute éventualité.
:
Merci, monsieur le ministre.
Je suis heureuse que vous ayez parlé du ministre des Institutions démocratiques de 2014, qui est maintenant le chef du Parti conservateur.
Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez des implications que crée un chef de parti qui veut devenir premier ministre, mais qui refuse d'obtenir les renseignements essentiels sur la sécurité nationale qu'il obtiendrait avec une cote de sécurité? Je sais que vous en avez déjà parlé un peu.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les implications que causerait, dans l'ensemble du Canada, un premier ministre qui refuse d'obtenir les renseignements nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens?
:
Vous avez donc une faible connaissance de la loi sur les secrets officiels et de qui peut ou ne peut pas dévoiler l'information. C'est très inquiétant de votre part, monsieur le ministre.
Le premier ministre a déjà révélé que des députés conservateurs faisaient partie de la liste des députés qui seraient menacés ou qui feraient l'objet d'ingérence étrangère.
Selon vous, le premier ministre a-t-il enfreint la loi en dévoilant que les noms de députés d'un certain parti se trouvent sur cette liste, alors qu'il refuse de donner les noms des députés des autres partis qui se trouveraient aussi sur ladite liste?
Ne s'agit-il pas d'une utilisation purement politique de son pouvoir de dévoiler, s'il le veut, des informations classées secrètes?
:
Il ne s'agissait pas d'une question d'ordre technique. Il est très important de savoir que le ministre de la Sécurité publique est au courant des lois canadiennes concernant la sécurité des informations classées secrètes. Il semble que vous n'êtes pas capable de répondre à ma question.
Pour terminer, j'aimerais mentionner ce qui suit. À ce jour, le dernier chef de parti à avoir obtenu son attestation de sécurité, c'est le chef du Bloc québécois. Le 5 novembre dernier, M. Yves‑François Blanchet s'est fait poser une question en français. On lui a demandé, maintenant qu'il avait cette attestation de sécurité, s'il avait lu le rapport du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Le chef du Bloc a répondu ce qui suit en anglais, ce qui est assez bizarre:
[Traduction]
« Mardi matin, à 10 h 30, mais ne vous réjouissez pas trop. Il ne s'agit pas de ce que je vais vous dire; il s'agit de ce que je ne vous dirai pas, et je vous en dirai encore moins maintenant que je ne le faisais avant. »
[Français]
Le chef du Bloc québécois confirme donc que le fait d'avoir obtenu cette attestation de sécurité l'empêche de parler et de dévoiler des informations aux Canadiens. Or ce sont des informations que le lui-même s'autorise à divulguer aux Canadiens.
Ne trouvez-vous pas cela irrespectueux et totalement injustifiable, monsieur LeBlanc?
[Traduction]
Chers collègues, avant de céder la parole, je dirai ceci. Cela me ramène peut-être à mes années d'enseignement, mais il me semble logique que si nous arrêtions de discuter du temps dont dispose chaque personne pour répondre, si nous cessions de me forcer à répondre à des rappels au Règlement, et ainsi de suite, cela irait mieux.
Croyez-moi, si le ministre a besoin de temps pour formuler sa réponse, je ne vois pas cela comme une tentative d'obstruction systématique de sa part et je ne retire pas ce temps à un député de l'opposition. Je laisse tourner l'horloge. La greffière peut le vérifier; elle est juste à côté de moi.
Si la façon dont le temps a été réparti vous pose problème, je vous demanderais à tous de vous chronométrer. Je le dis depuis six mois.
Je vous prie de croire que je mets en place les conditions d'un échange équitable de questions et de réponses. Je ne veux pas qu'une réponse ou la longueur d'une question nuise à la qualité de ces échanges. Si vous n'avez pas confiance dans mon décompte du temps de parole, faites-le vous-même.
Madame O'Connell, vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Madame O'Connell, moi aussi j'ai été surpris de leur approche.
Je ne veux pas corriger une parlementaire chevronnée comme vous, madame O'Connell, mais ils pensent aussi que je devrais être l'enquêteur. On enquêterait sur le cas, on mènerait les poursuites pour ce cas et on arriverait à une conclusion. Ainsi, puisque j'ai dit que ne n'étais pas prêt à le faire, m'accuser de n'être pas un expert du droit canadien en matière de sécurité semble plutôt amateur comme approche.
Ce qui est intéressant — notre sous-ministre et le directeur viennent de le confirmer —, c'est l'existence même d'une mesure de réduction de la menace. Encore une fois, M. Berthold a confondu l'entrevue de M. Chong avec celle des représentants du SCRS. Ces mesures sont prises dans l'arrêt... Le directeur du SCRS peut approuver une mesure de réduction de la menace dans les limites de ses pouvoirs. Je suis convaincu qu'il le fait de façon tout à fait appropriée. Il y a une catégorie très restreinte et rare de mesures de réduction de la menace à risque élevé pour laquelle on demande mon approbation, autrement nous ne discutons pas vraiment de ces mesures de réduction de la menace ou de ces réunions.
C'est mon point de vue; de toute évidence, je ne parle pas au nom des fonctionnaires. Je pense qu'il est quelque peu irresponsable de recevoir ces renseignements et d'en parler ensuite à la Chambre des communes. La raison pour laquelle on bénéficie de cette séance d'information confidentielle — et très délicate, bien souvent — sur la réduction de la menace, c'est pour réduire la menace, et non pour parader devant une caméra de télévision. Je ne pense pas que ce soit tout à fait conforme aux pratiques exemplaires en matière de sécurité nationale.
:
Merci, et merci d'avoir expliqué les choses à ceux qui essaient d'induire le public en erreur quant à votre rôle dans ces questions.
J'aimerais passer à un sujet qui me tient à cœur, et qui est aussi, je crois, important pour tous les parlementaires, à savoir la sécurité des députés et de notre personnel, notamment ceux qui travaillent sur la Colline. Nous avons vu récemment un certain nombre d'incidents mettant en cause des manifestants. Tout le monde a le droit de protester, mais parfois, certains franchissent les limites.
Je veux parler de votre rôle, en gardant à l'esprit que nous avons différents services. Il y a le Service de protection parlementaire, le Service de police d'Ottawa et lorsque nous sommes dans nos circonscriptions, il y a la police locale. J'aimerais vous poser une question précise au sujet de votre rôle. Hier, j'ai vu une de nos collègues parlementaires être escortée alors qu'elle traversait la rue pendant que des gens lui criaient que le SPP ne pouvait pas la sauver et qu'elle ferait mieux de faire appel à la GRC, ce que j'ai estimé être une menace directe d'intimidation. Je veux avoir une conversation sérieuse à ce sujet. Même si M. Cooper prend l'apéritif avec certaines de ces personnes, je crois qu'il est crucial que tous les parlementaires prennent cette question au sérieux. Dans le cadre de votre mandat, compte tenu du fait qu'il y a plusieurs services de police, que faites-vous, vous et votre ministère, pour garantir la sécurité de nos élections et la sécurité des parlementaires et de notre personnel quand il y a de telles menaces? Leurs auteurs ne sont pas rappelés à l'ordre par le chef de l'opposition, ni par les députés qui, comme je l'ai mentionné, prennent l'apéritif avec eux.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je veux revenir sur le très possible afflux de migrants en provenance des États‑Unis. Vous ne semblez partager ni ma propre inquiétude ni celle de plusieurs experts et analystes qui en parlent déjà dans les médias.
Je sais que vous êtes un ami proche de M. Trudeau. En 2016, quand Donald Trump a été élu pour la première fois, M. Trudeau a lancé sur Twitter une invitation qui s'adressait pratiquement à la planète entière. On y invitait en effet les gens à venir au Canada s'ils se sentaient persécutés en raison de ce qui se passait aux États‑Unis. Je ne sais pas si vous allez lui donner un petit conseil d'ami cette fois-ci et lui dire de faire preuve d'un peu de discrétion sur les réseaux sociaux. En effet, plutôt que d'inviter les gens à s'en venir au Canada, il faudrait faire savoir que notre capacité d'accueil est déjà passablement atteinte. C'est le cas au Québec, à tout le moins.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, depuis 2015, le nombre total de crimes violents au Canada a augmenté de 49,84 %. Je n'ai pas inventé ce chiffre, il provient de Statistique Canada. L'an dernier, le nombre d'homicides a augmenté de 43 %. Les homicides attribuables à des gangs ont augmenté de 78 % par rapport à l'an dernier. Le nombre total d'agressions sexuelles a augmenté de 74 %. Le nombre total d'infractions avec violence commises avec une arme à feu, qu'elle ait servi à tirer des coups de feu ou simplement à mettre en joue, a augmenté de 116 % depuis 2015. L'extorsion a augmenté de 357 % depuis 2015. Les vols de voitures ont augmenté de 45 %.
Monsieur le ministre, j'étais là lorsque vous et vos collègues du Cabinet avez voté en faveur du projet de loi , du projet de loi et du projet de loi . L'un des effets du vote en faveur du projet de loi déposé par votre gouvernement a été de réduire les peines minimales pour un certain nombre d'infractions. Cela concernait notamment l'extorsion au moyen d'une arme à feu, punie d'une peine minimale obligatoire de quatre ans de prison. C'est l'initiative que votre gouvernement a prise et pour laquelle vous avez voté. Dans votre province, le Nouveau-Brunswick, l'extorsion a augmenté de 301 %.
Pourquoi poursuivez-vous un programme qui cible les propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi plutôt qu'un programme qui cible les criminels et qui réduit la criminalité dans nos rues?
:
Monsieur Calkins, vous ne serez pas surpris d'apprendre que je ne suis pas d'accord avec vous pour dire que notre programme va à l'encontre des sportifs ou des propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi. Nous partageons sans aucun doute l'inquiétude que vous avez exprimée et qui est partagée par de nombreux Canadiens au sujet des récents incidents mettant en cause des crimes violents.
Certains des cas d'extorsion dont nous avons été témoins au cours des derniers mois... Si je m'en tiens à la conférence de presse du commissaire de la GRC le lundi de l'Action de grâces, une partie de cette montée de l'extorsion dans la communauté sud-asiatique, par exemple... Le maire d'Edmonton m'en a parlé et le maire de Brampton — vous connaissez peut-être Patrick Brown, qui était un de nos collègues ici à la Chambre des communes — m'en a parlé.
Nos forces de l'ordre font un travail considérable. Elles s'appuient sur des partenariats avec les provinces, les territoires et les services de police municipaux. Ce travail se fait en collaboration. J'ai une grande confiance dans ce travail, mais je ne minimise pas l'inquiétude des Canadiens.
Au cours de mes conversations avec le solliciteur général de l'Ontario, nous essayons de trouver des façons de mieux travailler ensemble pour faire baisser les statistiques dont vous avez parlé.
:
Monsieur le ministre, ce n'est tout simplement pas vrai. Votre gouvernement a dépensé des millions de dollars pour confisquer les armes à feu détenues en toute légalité par des propriétaires d'armes à feu autorisés partout au pays. Des dizaines de millions de dollars ont été dépensés jusqu'à maintenant. Il faudra dépenser des millions de dollars de plus pour atteindre votre objectif de déposséder des gens qui ne constituent tout simplement pas le problème, et pourtant votre gouvernement a continué d'adopter des mesures législatives pour faciliter la libération sous caution et la libération conditionnelle. Il en est de même avec le récent projet de loi et je me réjouis du fait que la seule chose que votre gouvernement est parvenue à faire pour unir le pays, c'est de pousser les premiers ministres de toutes les provinces a écrire une lettre pour vous demander d'annuler les dispositions sur le cautionnement que votre gouvernement a prises dans le projet de loi .
Vous continuez de vous concentrer sur les mauvaises personnes, monsieur le ministre, et vous le faites en ce moment même. Je le sais parce que je suis intimement lié à cette communauté. Je suis chasseur. Je suis amateur de plein air. En fait, j'ai été agent d'application de la loi dans le domaine de la conservation. Je suis constamment en lien avec des gens qui ont des armes à feu, et ils me disent, et votre premier ministre l'a même dit dans des entrevues, que le gouvernement va confisquer certaines des armes utilisées par les chasseurs.
Votre chef est même dénoncé par les associations policières. Lorsqu'il a célébré le gel de deux ans sur les cessions d'armes de poing, la police de Toronto et la police de Vancouver ont déclaré que rien de ce que fait votre gouvernement pour réduire la violence liée aux armes à feu ne fonctionne et que son approche consistant à s'en prendre aux citoyens respectueux est inopérante.
Quand ferez-vous marche arrière? Quand allez-vous dire à votre leader: « Faites marche arrière. Laissez les citoyens respectueux des lois tranquilles. Concentrons-nous sur les criminels, sur les frontières et sur la sécurité des Canadiens »?
:
Monsieur le président, je vous remercie de votre indulgence.
M. Calkins a confondu avec la réforme du cautionnement. Nous travaillons aussi avec les provinces. La Chambre a adopté une loi, en fait, pour contraindre certains récidivistes violents d'user de l'inversion de la charge de la preuve pour avoir accès à la mise en liberté sous caution. Il a oublié cet élément.
En 2021, le gouvernement s'est engagé à retirer les armes d'assaut des rues du Canada. M. Calkins dit qu'il est chasseur. Il connaît beaucoup de chasseurs. Je connais beaucoup de propriétaires d'armes à feu respectueux des lois qui sont aussi des sportifs ou qui vont à la chasse. Normalement, ils ne vont pas à la chasse avec une arme d'assaut militaire. Nous pensons qu'il en va de la sécurité publique...
M. Blaine Calkins: C'est parce qu'elles font l'objet d'une autorisation restreinte.
L'hon. Dominic LeBlanc: Je suis désolé, monsieur le président. J'entends un peu de bruit de fond...
:
Madame Fortier, je vous remercie de votre question.
Vous avez raison. En tant que ministre de la Sécurité publique, j'ai le privilège de voir le travail très impressionnant que font les femmes et les hommes qui travaillent, par exemple, à la GRC, à l'Agence des services frontaliers du Canada, à Service correctionnel Canada, à la Commission des libérations conditionnelles du Canada ou, évidemment, au Service canadien du renseignement de sécurité. J'ai aussi le privilège de voir le travail des fonctionnaires qui travaillent au ministère de la Sécurité publique et qui essaient de coordonner un peu le travail de ces grandes agences.
Il y a toujours une pression financière sur ces agences, qui font de leur mieux avec les budgets qu'elles ont. Notre gouvernement a cru bon de bonifier, par exemple, les investissements dans l'Agence des services frontaliers du Canada et dans le Service canadien du renseignement de sécurité, qui n'avaient pas eu d'augmentation. Le contexte de leur travail a évolué. Je vois le travail important et essentiel que ces agences font, mais qui, comme il se doit, n'est pas nécessairement visible pour beaucoup de Canadiens. Nous avons donc cru bon d'augmenter les budgets.
Madame Fortier, vous avez fait référence au fait que l'ancien gouvernement avait supprimé, je crois, 800 postes d'agents des services frontaliers au cours des deux dernières années de son mandat. Je ne sais plus s'il a supprimé 1 000 postes en ayant l'intention d'en supprimer 800 autres, ou si c'était l'inverse. A-t-il supprimé 800 ou 1 000 postes en ayant l'intention de faire d'autres réductions après une élection que, Dieu merci, il a perdue? Je ne me le rappelle pas, mais cela m'a beaucoup surpris, surtout que nos collègues ici ont parlé de façon erronée des réductions que nous avons pu faire à l'Agence des services frontaliers du Canada, alors que c'est leur gouvernement qui a cru bon de réduire le budget.
Je reconnais qu'on peut toujours en faire plus avec plus d'argent. Je taquine souvent mes collègues à ce sujet. Mon travail consiste à convaincre la ministre des Finances, mes collègues et mon patron d'investir, dans la mesure du possible, aux bons endroits, précisément pour donner aux agences les outils nécessaires. Je fais confiance au travail qui se fait, mais j'accepte aussi l'idée qu'on peut toujours travailler pour ajouter des ressources et des effectifs. Nous le faisons selon l'évolution de la menace, dans un contexte d'ingérence étrangère, dans un contexte d'inquiétude relative à la sécurité frontalière.
Nous allons vraiment appuyer ce genre de démarche, précisément pour donner confiance aux Canadiens.
:
Encore une fois, madame Fortier, je pense que c'est une question très importante. Le Canada est confronté à une augmentation de la menace d'ingérence étrangère. Nous en avons discuté publiquement. Or cette situation est aussi visible et connue chez beaucoup de nos alliés. Nous avons des réunions du Groupe des cinq.
[Traduction]
Il a un nom plus tendance en anglais: Five Eyes, mais il y a en fait 10 yeux. Lorsque nous avons une rencontre avec les différents ministres, il y a 10 yeux dans la réunion.
[Français]
Ces réunions, madame Fortier, portent souvent sur des menaces ou des risques partagés, et je dois conclure qu'il s'agit de répression transnationale. On le voit dans le cas de la Chine et de l'Inde, par exemple, et cela se passe aussi au Royaume‑Uni ou aux États‑Unis. Malheureusement, c'est un problème commun. Nous nous transmettons souvent des renseignements très importants. J'ai eu des discussions intéressantes avec des ministres de l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande. Bien que le contexte soit différent, la menace est souvent assez commune. C'est une façon pour nous de parler de nos façons respectives de protéger nos concitoyens, précisément pour faire le travail auquel les gens s'attendent de nous.
:
Merci, monsieur le ministre.
Merci, madame Fortier.
[Traduction]
Chers collègues, nous allons suspendre brièvement la séance. Comme aucun témoin ne comparaît à distance, la transition devrait être relativement rapide.
Il y a quelques témoins qui ne seront pas parmi nous dans le deuxième groupe. J'aimerais remercier la sous-ministre Geddes et le directeur du SCRS, M. Rogers, d'être venus.
Merci beaucoup.
Chers collègues, nous allons suspendre la séance pendant environ deux minutes et nous reprendrons la deuxième série de questions.
:
Merci, monsieur le président. Je vais essayer d'être bref. Je ne vous présenterai pas mes collègues, dont deux étaient ici pendant l'heure précédente, mais notre collègue, Rachel Pereira, directrice de l'Unité de politique électorale et sénatoriale au Conseil privé, s'est jointe à nous.
Monsieur le président, il s'agit de discuter avec votre Comité du projet de loi , Loi modifiant la Loi électorale du Canada.
[Français]
Comme les députés le savent, dans ma lettre de mandat, j'ai été chargé d'examiner les recommandations du directeur général des élections, de renforcer la protection contre l'ingérence étrangère et la désinformation, et d'examiner l'interaction entre la technologie et la démocratie afin de protéger les élections et les institutions démocratiques du Canada. Le projet de loi , qui est devant vous, est l'aboutissement de ces trois priorités. Celui-ci propose, entre autres mesures, d'ajouter deux jours de vote par anticipation, d'améliorer le processus de vote par bulletin spécial et de rendre permanent le populaire programme permettant de voter sur le campus.
Je suis très fier, en tant que député de Beauséjour, de représenter l'Université Mount Allison, à Sackville, au Nouveau‑Brunswick. Lors des élections, je vois les étudiants voter fièrement à des scrutins sur le campus. Nous voulons rendre cette occasion permanente.
[Traduction]
Cependant, le jour des élections demeure la façon la plus populaire et la plus traditionnelle de voter pour les Canadiens. C'est pourquoi, dans le projet de loi , le gouvernement a proposé de devancer d'une semaine la date des élections fixée à octobre 2025 afin d'éviter un conflit avec les célébrations du Diwali et certaines élections municipales, notamment en Alberta.
Cela dit, j'ai pris bonne note des commentaires de mes collègues et je suis heureux de répéter les commentaires que j'ai faits lors du débat à l'étape de la deuxième lecture, à savoir que le gouvernement respectera la volonté du Comité s'il y a lieu de modifier la loi et d'avancer encore la date ou de la reporter au 20 octobre. Je me réjouis de voir le travail du Comité.
J'espère que nous pourrons aller de l'avant avec les nombreuses modifications importantes proposées dans ce projet de loi qui, à notre avis, améliorent les mesures de protection pour nos élections. Prenons, par exemple, les améliorations proposées pour les résidents des établissements de soins de longue durée et les personnes handicapées, qui visent à donner aux électeurs la capacité de choisir une personne pour les aider. Cela a été recommandé par le directeur général des élections en plus des mesures d'intégrité existantes. Je pense à des personnes de ma circonscription qui peuvent avoir des compétences limitées en lecture et qui souhaitent être accompagnées d'une personne de confiance pour les aider à voter pour le candidat ou la candidate de leur choix.
La deuxième priorité du projet de loi est la protection des renseignements personnels. Ce projet de loi propose de nouvelles exigences en matière de protection de la vie privée comme condition d'inscription pour les partis politiques fédéraux, la Loi électorale du Canada continuant d'être un régime national, uniforme et exclusif pour les partis politiques fédéraux qui traitent de renseignements personnels.
Enfin, et c'est un élément important qui fait suite à notre discussion précédente, le projet de loi propose un certain nombre de mesures pour faire face aux menaces changeantes de l'ingérence étrangère et de la désinformation. Cela se ferait au moyen de mesures qui permettraient, par exemple, de prolonger les interdictions existantes sur la forclusion et les publications trompeuses afin qu'elles s'appliquent en tout temps et non pas uniquement pendant la période électorale. Il s'agit également d'ajouter une nouvelle interdiction visant à nous protéger contre la désinformation intentionnelle contre les candidats et les faits liés au processus électoral, comme les lieux de scrutin et les rouages du processus électoral.
[Français]
La protection des élections au Canada ne devrait pas être une question partisane. Le projet de loi contient de nombreuses mesures importantes que les Canadiens souhaitent voir mises en œuvre avant les prochaines élections.
J'espère qu'en tant que parlementaires, nous pourrons travailler ensemble pour améliorer le projet de loi comme il se doit.
Ce sera peut-être à votre comité de juger de l'importance d'adopter ce projet de loi, qui garantira des élections canadiennes accessibles, transparentes et résistantes aux menaces qui pèsent sur notre démocratie.
Je vous vois secouer la tête, monsieur le président. Vous voulez probablement me dire que vous souhaitez que je termine mes propos absolument extraordinaires que je viens de vous communiquer.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions de mes collègues.
:
Comme je l'ai déjà dit, c'est un clip très astucieux que vous avez là et que vous allez probablement afficher sur vos réseaux sociaux.
Cependant, il est important que les gens comprennent que le droit à une pension n'a rien à voir avec la décision de déplacer la date. J'ai la chance d'avoir été élu en 2000, ce n'était donc pas mon idée de me préoccuper de mon admissibilité à une pension. Il se trouve que la fête de Divali revêt une grande importance pour une communauté très nombreuse au Canada. Il y a des élections municipales en Alberta à cette date. Nous avons travaillé avec Élections Canada sur différents scénarios et différentes dates.
Comme je l'ai dit, monsieur Duncan, je tiens à vous assurer que la prémisse de votre question — que vous avez inventée — fait fausse route.Nous comptons sur le jugement du Comité pour changer la date. Quand vous passerez à l'étude article par article du projet de loi, n'hésitez pas à collaborer avec vos collègues, si vous êtes si outrés. Si vous voulez expliquer pourquoi Divali ou les élections municipales en Alberta ne sont pas importantes, faites‑le.
Quelle que soit la date que vous choisirez, vous allez rencontrer un problème quelque part.
:
Monsieur le ministre, je suis content de vous voir.
Le chef conservateur est le seul chef d'un parti fédéral à avoir refusé d'obtenir son habilitation de sécurité. Il ne cesse de faire des contorsions pour essayer de s'en sauver.
Les conservateurs nous ont d'abord dit qu'il ne pouvait pas obtenir sa cote de sécurité parce qu'il serait muselé. Nous savons que ce n'est pas vrai, puisque tous les autres chefs de parti l'ont obtenue et ont reçu les informations.
L'autre prétexte qui a été avancé, c'est qu'il avait déjà obtenu cette cote quand il faisait partie du cabinet Harper. Nous savons que ce n'est pas vrai, parce que j'ai posé la question à l'ancien greffier du Conseil privé, Michael Wernick, quand nous l'avons reçu ici il y a quelques mois, et il a expliqué que s'il survient un changement dans la vie de la personne, si elle change d'emploi ou après une période de cinq ans, il est nécessaire de refaire le processus de vérification des antécédents.
Rapidement, pouvons‑nous affirmer sans aucun doute que l'actuel chef conservateur n'a pas d'habilitation de sécurité au niveau très secret?
:
Vous avez tout à fait raison.
Si j'ai bien compris ce que m'a dit le directeur du SCRS, cette séance d'information révélerait le minimum de renseignements jugés nécessaires par le directeur du SCRS — cette décision n'est jamais prise par une personne partisane — afin que le chef en question prenne des mesures pour réduire la menace. C'est pourquoi nous appelons ça une mesure de réduction de la menace. Cependant, dans le cadre de cette rencontre sur la mesure de réduction de la menace, la personne ne recevrait pas d'informations plus générales sur le contexte de la menace ou sur certains vecteurs de menace, comme ce serait le cas si elle avait obtenu l'autorisation de sécurité de niveau très secret.
Comme je l'ai dit, monsieur Turnbull, l'important, c'est que tous les renseignements qui seraient communiqués, quel que soit le canal utilisé pour les communiquer légalement, lieraient la personne qui les reçoit aux dispositions de la loi pénale appelée Loi sur l'ingérence étrangère et la protection de l'information.
:
Voici ma dernière question.
Nous avons accueilli ici le député conservateur qui siège au Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, qui regroupe des parlementaires de toutes allégeances, et il a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire. Il a dit souhaiter que tous les députés puissent obtenir une habilitation de sécurité. Il nous a aussi dit que, s'il n'en tenait qu'à lui, tous les députés devraient être tenus d'obtenir une habilitation de sécurité.
N'est‑ce pas un peu ironique, puisque le chef conservateur est le seul chef à la Chambre des communes qui n'a pas voulu obtenir sa cote de sécurité?
Monsieur le ministre, ne trouvez‑vous pas cela un peu ironique?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également le ministre LeBlanc d'être parmi nous, de même que Mme Khanna, M. Sutherland et Mme Pereira, qui l'accompagnent aujourd'hui.
J'aimerais aborder un sujet que vous, de même que certains témoins, avez mentionné à plusieurs reprises. En effet, le projet de loi , permettrait d'augmenter l'accessibilité et, idéalement, la participation au vote. Ce qui nous inquiète, au Bloc québécois, c'est le chevauchement de l'élection fédérale et des élections municipales au Québec.
Vous avez mentionné à plusieurs reprises, lors de votre discours liminaire ou de diverses interventions, que vous teniez compte de cette question, notamment dans le cas de l'Alberta. Par contre, je n'ai pas entendu dire que vous en teniez compte dans le cadre des élections municipales au Québec. Or des représentants de l'Union des municipalités du Québec, l'UMQ, nous ont interpellés, au Comité, et nous ont fait savoir qu'ils étaient inquiets à ce sujet.
Afin qu'ils soient renseignés sur cette question, nous diriez-vous ce que vous pensez de cette situation?
Dans une lettre, très brève, ces gens expriment leur inquiétude quant à la mesure spécifique de l'article 5, selon lequel il y aurait un chevauchement le 27 octobre 2025. Pour les gens de l'UMQ, il y aurait donc des répercussions négatives sur la participation électorale au Québec.
J'aimerais savoir ce que vous leur répondez.
:
Je vous remercie de votre question, madame Gill. Je suis très content de vous voir au Comité aujourd'hui.
J'ai vraiment pris note des inquiétudes de l'Union des municipalités du Québec. Lorsque j'étais ministre des Affaires intergouvernementales, de l'Infrastructure et des Collectivités, c'était le maire de Gaspé, je crois, qui était président de l'Union des municipalités du Québec. Je connais la qualité du travail de cet organisme et l'importance de s'assurer, dans la mesure du possible, qu'une élection fédérale ne coïncide pas avec une élection à date fixe. Cela s'applique dans bon nombre de municipalités. Cependant, d'après ce que j'ai compris — mais vous le savez mieux que moi —, dans le cas de votre province, il s'agirait des votes par anticipation.
J'imagine que votre comité va se pencher sur la question de la date, mais c'est précisément l'enjeu dans le cas d'une élection à date fixe. L'automne est une période électorale très occupée. Il y a eu quatre élections provinciales cet automne. Des formations politiques souhaitent que notre gouvernement tombe et que des élections soient déclenchées dès maintenant.
On peut parler du cas de la Nouvelle‑Écosse.
:
Je ne veux pas vous interrompre, monsieur le ministre, mais, en fait, vous ne répondez pas exactement à ma question. Je comprends toutefois que vous en prenez note, que vous en accusez réception. Vous avez pris note des inquiétudes de l'UMQ, mais je vous demandais aussi d'y répondre.
Pour remettre le tout en contexte, il ne s'agit pas seulement de la journée même de l'élection, mais aussi du besoin d'avoir des locaux et du personnel électoral, qui sont souvent les mêmes, tant pour les élections fédérales, municipales que provinciales, ou au Québec. La difficulté est peut-être plus grande à cet égard. C'est une chose.
Par ailleurs, j'aurais également aimé que vous nous parliez d'un autre élément qui nous inquiète, nous aussi, pour plusieurs raisons. Nous avons parlé encore de l'accessibilité, de l'idée d'augmenter le taux de participation. La semaine dernière ou au début de cette semaine, si je ne me trompe pas, j'ai eu l'occasion de discuter avec M. Sutherland de cette accessibilité qui donnait l'occasion aux gens de voter, même à ceux qui célèbrent la fête de Divali, par exemple. Je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de M. Sutherland, mais, mathématiquement parlant, tout le monde pourrait voter, compte tenu des changements actuels, sans avoir à reporter l'élection.
Je me demandais donc pourquoi on maintenait une date que personne ne souhaite, ici, parce que tous pourront voter, qu'ils participent ou non à la fête de Divali. Tout le monde pourra à la fois célébrer et voter.
Pourquoi maintient-on cette date si, mathématiquement, tout le monde peut voter?
:
C'est une très bonne question.
Mes commentaires sur le maintien de la date n'ont peut-être pas été suffisamment clairs. Nous sommes tout à fait conscients des commentaires publics de plusieurs députés et de la suggestion ou de l'intention de, possiblement, changer la date. On sera tout à fait à l'aise si le Comité juge qu'il faut changer cette date.
Vous avez raison. En théorie, tout le monde peut s'organiser pour voter par la poste, et cela s'applique d'ailleurs aux élections municipales au Québec. Tout le monde peut voter par anticipation. Toutefois, il reste que le jour de l'élection demeure très intéressant pour des millions de Canadiens. On en a eu la preuve aux États‑Unis, il y a deux jours. Des dizaines de millions de personnes se sont présentées aux urnes.
Écoutez...
:
Je vous interromps encore une fois.
Je comprends, mais je voudrais ajouter une précision. On revient toujours à la journée de l'élection. Comme je le mentionnais, les gens peuvent certes aller voter, mais il faut prévoir des ressources. Ce n'est pas simplement une journée d'élection. Pour que ce soit plus accessible, il est nécessaire d'avoir plus de ressources et de lieux pendant un plus grand moment. En fait, présentement, on ne sait même pas ce que le chevauchement de deux élections a comme impact. Si les gens peuvent voter à n'importe quel moment, c'est une chose, mais être en mesure de tenir deux élections en même temps et d'avoir suffisamment de ressources, qu'elles soient humaines ou matérielles, c'est autre chose.
Je comprends que le Comité se penchera sur la question, mais je voulais que vous nous en parliez parce que, évidemment, c'est vous qui avez travaillé à ce projet de loi. J'imagine que c'est le type de questions susceptibles de vous intéresser.
:
Merci, monsieur le président.
Je partage tout à fait votre inquiétude en matière de locaux. On a ajouté deux jours de vote par anticipation. Nécessairement, ces centres communautaires et salles municipales seront loués pendant des périodes plus longues. Vous avez raison à cet égard, madame Gill.
Je prends encore note de votre souhait d'avoir une élection tout de suite. J'ai pris note des commentaires de votre chef. Vous êtes au travail pour vous assurer qu'on ne se rend pas à la date fixe de l'élection au mois d'octobre de l'année prochaine.
Quelle que soit la date fixe choisie dans une loi, il y aura nécessairement ce genre de tensions. Vous avez raison de dire que ce n'est pas idéal. Qu'il s'agisse d'une fête religieuse, d'une élection municipale ou d'une élection provinciale, on fait de son mieux et les gens s'adaptent.
Ce qui est positif, c'est qu'il y a beaucoup de résilience chez les électeurs.
:
Je vous remercie, monsieur le président, et merci également à vous, monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, comme vous l'avez sûrement constaté ici, et dans le cadre de nombreuses autres réunions, les faits ne semblent pas avoir d'importance pour nos collègues conservateurs, ce qui est vraiment troublant.
Ils sont très doués pour faire des clips. D'ailleurs, je tiens à faire remarquer qu'ils les affichent souvent avant même la fin de la réunion. Je vais donc les féliciter pour leur talent exceptionnel à produire des clips. Mes collègues sont d'accord pour dire qu'ils sont très doués en la matière. C'est bien.
Monsieur le président, la question que je veux poser au ministre aujourd'hui concerne la date des élections. Au risque de me répéter, dès que la question des pensions des députés a été portée à mon attention et à celle de mes collègues néo‑démocrates, j'ai immédiatement pris la parole à la Chambre des communes pour proposer une solution visant à supprimer du projet de loi la disposition qui établit cette date.
Mes collègues, par contre, se sont levés pour essayer de retarder l'adoption et la mise en oeuvre du projet de loi dans son intégralité, parce qu'ils ne souhaitent pas que des améliorations soient apportées à notre processus électoral. Ils veulent le statu quo, parce que c'est avantageux pour eux.
Monsieur le ministre, permettez‑moi de vous poser une question au sujet d'un amendement proposé le 18 juin par ma collègue, la députée Mathyssen , visant à supprimer l'article qui ferait en sorte que cet avantage non intentionnel — du moins, je le suppose — s'applique aux pensions des députés.
Seriez‑vous en faveur de cet amendement visant à supprimer cette partie?
:
Je ne voterai pas ici au moment de votre examen article par article. Vous pouvez demander à mes collègues libéraux comment ils vont voter. J'ai dit qu'en tant que représentant du gouvernement, si le Comité décide de changer cette date, de revenir à la date initiale, cette décision lui appartient.
La question de la pension n'a jamais été prise en compte dans les nombreuses discussions prétendument secrètes que j'aurais eues avec votre ancien collègue, Daniel Blaikie, qui était à mes côtés lorsque nous avons annoncé ce projet de loi, y compris la date. Je veux simplement attirer votre attention là‑dessus.
Cependant, la controverse a pris tellement d'ampleur que si vous voulez changer la date, ce n'est pas un problème. Je suis tout à fait d'accord avec vous, madame Barron, pour dire que les conservateurs utilisent cet argument... J'ai déjà été ministre des Pêches, comme vous le savez. Il y a une expression en anglais, red herring, qui veut dire faire diversion. Les conservateurs ont recours à cette tactique pour s'assurer que certains des enjeux sur lesquels le caucus néo‑démocrate et notre gouvernement ont travaillé pour rendre le vote plus accessible...
Madame Barron, pensez‑vous que les conservateurs sont en faveur du programme de vote sur campus? Bien sûr que non. Pensez‑vous qu'ils veulent rendre le vote par la poste plus accessible? Non. Tout ce qu'ils ont fait, quand M. Poilievre occupait mon poste à Institutions démocratiques, a été de rendre le vote plus difficile.
Vous avez raison, ils vont contourner. Ils vont argumenter au sujet d'une date pour détourner l'attention de ce que je crois être une volonté — et je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi — de ne pas renforcer le régime électoral pour le rendre plus étanche à l'ingérence étrangère, comme l'a recommandé le directeur général des élections du Canada, ou pour éviter de régler certains problèmes d'accessibilité qui devraient intéresser tous les parlementaires.
:
Encore une fois, je ne voudrais certes pas donner des conseils à un comité permanent de la Chambre qui n'a pas commencé son examen article par article des amendements qu'il juge approprié d'adopter, mais je partage votre préoccupation.
M. Sutherland a peut‑être plus d'expérience technique que moi pour expliquer l'origine de cette disposition particulière, mais ces éléments du projet de loi visaient précisément à obliger, en vertu de la loi, les syndicats ou d'autres tiers — nous mettons l'accent sur les syndicats, mais d'autres tiers peuvent communiquer avec leurs membres dans le cadre d'une élection — à s'enregistrer. Il est important que les syndicats fassent preuve de transparence en ce qui concerne les dépenses de tiers — notamment pour la publicité — et les communications avec leurs membres.
Le but était d'éviter qu'un acteur étranger utilise un syndicat ou un tiers participant à l'élection comme paravent pour s'ingérer de façon inappropriée ou illégale dans l'élection canadienne.
Les syndicats participent depuis fort longtemps au processus démocratique, nous soutenons leur participation. Nous comprenons certes la crainte que vous avez exprimée et que les dirigeants syndicaux auraient si ce projet de loi limitait par inadvertance leur participation de longue date aux élections.
Cela doit cependant se faire en toute transparence pour éviter que des fonds étrangers soient versés à un syndicat ou... Je ne parle pas de l'un des grands syndicats que vous avez mentionnés et qui sont peut‑être venus témoigner ici. Ce sont des organisations dignes de confiance qui existent depuis longtemps. Je pense que le problème concerne un petit groupe qui pourrait, soudainement... Nous en avons parlé tout à l'heure au sujet de l'influence russe.
Il faut veiller à ce qu'il y ait de la transparence et de la rigueur, mais nous ne cherchons pas du tout à restreindre le droit de longue date des syndicats ou d'autres tiers de participer au processus électoral. Nous pensons que leur participation est une bonne chose.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur le ministre, en ce qui concerne la disposition du projet de loi qui reporte la date de la prochaine élection fédérale, vous avez dit que c'était pour éviter un conflit avec une fête. C'est ce que vous avez dit. Vous l'avez dit au Comité. Cependant, la nouvelle date choisie coïncide avec les élections territoriales au Nunavut. Lors de sa comparution devant le Comité, le directeur général des élections a indiqué que cela exercerait une pression considérable sur les ressources électorales au Nunavut.
Vous avez dit que cette fête était importante et je suis d'accord avec vous. Je conviens toutefois que les élections municipales en Alberta sont importantes. Ne pensez‑vous pas que les élections territoriales au Nunavut sont également importantes?
Comment se fait‑il que, parmi de toutes les dates possibles, vous avez opté pour cette date en particulier?
:
Monsieur le ministre, en essayant de régler ce problème, vous avez créé un autre problème en choisissant une date qui coïncide avec celle d'une élection territoriale. La tenue de deux élections à la même date aura certes des répercussions négatives pour ce territoire.
Cela règle un problème. Ce problème ne concerne pas les Canadiens, mais plutôt les députés de la coalition néo‑démocrate-libérale qui seront bientôt défaits et qui pourront toucher leur pension, alors qu'ils ne devraient pas y être admissibles. Ils vont se remplir les poches. Voilà l'effet que le choix de cette date aurait. Le but est de remplir les poches des députés néo‑démocrates et libéraux qui seront bientôt défaits.
Vous prétendez que vous ignoriez ce fait, mais c'est uniquement parce que vous vous êtes fait prendre. Si vous êtes disposé à faire marche arrière, c'est parce que vous vous êtes fait prendre à votre jeu. Les Canadiens ont bien compris que c'est exactement ce que vous avez fait ou essayé de faire.
Je vais vous poser la question encore une fois. C'est une question à laquelle vous avez refusé de répondre quand M. Duncan vous l'a posée.
Qui a eu l'idée de vous remplir les poches? Était‑ce votre idée ou celle du chef du NPD?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le ministre d'être avec nous, aujourd'hui.
Je veux simplement mentionner une chose.
Monsieur le ministre, la date prévue pour les prochaines élections municipales québécoises est le dimanche 2 novembre 2025.
Ma collègue Mme Gill a cité la lettre reçue de l'Union des municipalités du Québec. Je vais vous lire un extrait de cette lettre: « Nous proposons de la fixer au 1er décembre 2025, ce qui réduirait considérablement la période de chevauchement à 8-22 jours, selon la date de déclenchement des élections fédérales. »
Même l'Union des municipalités du Québec a demandé de déplacer la date des élections municipales au 1er décembre, donc plus tard que prévu.
[Traduction]
La question que je souhaitais aborder, monsieur le ministre, c'est...
:
Si vous me le permettez, madame Romanado, je vais ajouter un commentaire.
Vous avez raison. J'avais oublié cela. Peut-être que les conservateurs vont y voir un complot de la part des municipalités du Québec pour s'assurer que certains députés touchent leur pension. Je n'ai pas pensé qu'elles faisaient partie du complot, mais on risque de voir un affichage sur les réseaux sociaux à ce sujet.
Vous avez entièrement raison. Cela démontre le défi que comporte une élection à date fixe. L'automne est évidemment une période très occupée pour tenir des élections.
Vous et moi, madame Romanado, ne sommes pas en train de provoquer une élection tout de suite. D'autres formations politiques, autour de la table, veulent une élection immédiatement. C'est un grand manque de respect envers les gens de la Nouvelle‑Écosse, qui vivent présentement une élection provinciale.
:
Merci beaucoup, monsieur le ministre.
[Traduction]
À ce sujet, je voulais simplement dire, à l'instar de ma collègue d'en face, Mme Barron, que le NPD présentera un amendement à l'étape de l'examen article par article. Comme je l'ai dit à la dernière réunion, si cet amendement vise le maintien de la date du 20 octobre, je vais l'appuyer.
Cela dit, ce projet de loi compte 48 pages. À part la date qui a retenu beaucoup d'attention, il contient beaucoup d'autres éléments importants. Comme vous l'avez vous‑même fait remarquer, on l'appelle la loi sur la « participation » électorale. J'aimerais parler un peu des mesures du projet de loi qui visent à accroître la participation électorale.
Vous avez soulevé un point que je souhaite approfondir davantage. Cela concerne l'inclusion dans la loi du vote sur les campus. Je sais que nous n'avons pas pu le faire lors de la dernière élection à cause de la COVID. Pourriez‑vous nous en dire davantage sur l'importance d'aider les étudiants qui fréquentent des universités hors de leur province ou de leur circonscription à exercer leur droit de vote? Nous avons entendu ici même quelqu'un dire que les gens qui commencent à voter à un très jeune âge sont plus susceptibles de continuer de le faire.
:
Par votre entremise, monsieur le président, je remercie Mme Romanado d'attirer l'attention sur une disposition non partisane du projet de loi qui, selon nous, devrait avoir un effet très positif pour les raisons que vous venez d'énoncer, c'est‑à‑dire pour encourager les étudiants à voter. C'est une mesure efficace, car c'est plus facile pour les étudiants de voter sur le campus.
Je pense à l'Université Mount Allison, dans ma circonscription, qui offre un enseignement de premier cycle. Je pense que 30 ou 40 % des étudiants viennent du Nouveau-Brunswick, et 60 % d'autres provinces, dont un certain nombre de la vôtre.
Quand je me rends sur le campus, je rencontre des étudiants de partout au pays qui pourrait profiter de la possibilité de voter aux élections d'octobre. Certains sont sur le campus depuis tout juste un mois et demi. Nous pensons qu'il ne revient pas au directeur de scrutin local de décider s'ils peuvent voter ou non. Dans ma circonscription, son bureau est à Beauséjour.
Le Parlement devrait clairement décréter qu'Élections Canada et les directeurs de scrutin de chaque circonscription ont l'obligation de veiller à ce que des bureaux de scrutin soient aménagés sur les campus universitaires. Le projet de loi prévoit des mesures visant à faciliter l'envoi de bulletins de vote par la poste. J'ai déjà parlé de certaines mesures concernant les personnes vivant dans les établissements de soins de longue durée.
Comme vous le savez, bon nombre de ces recommandations proviennent d'Élections Canada qui a fait un travail formidable. Cet organisme est un chef de file et est reconnu à l'échelle mondiale comme l'un des administrateurs parmi les plus efficaces, sûrs, compétents et non partisans d'élections nationales se déroulant à travers quatre fuseaux horaires et demi, dix provinces et trois territoires. Cet organisme fait un excellent travail, notamment avec ses homologues provinciaux. En tant que Comité et en tant que Parlement, nous devons être très attentifs aux suggestions et aux recommandations non partisanes qu'il formule. C'est ce que nous avons essayé de faire pour valider son excellent travail.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir aux deux questions que j'ai posées préalablement pour affirmer qu'en fait, le changement de date signifie deux choses. Ce n'est pas une simple date. Cela signifie qu'on décide de donner préséance à la religion sur la démocratie. Ensuite, ce changement de date peut nuire à la participation.
Monsieur le président, lorsqu'un témoin n'a pas le temps de répondre à nos questions, il peut aussi nous soumettre ses réponses par écrit. J'invite évidemment le ministre à le faire, s'il a plus à dire sur ces questions, et nous en tiendrons compte lors de nos délibérations.
Ma prochaine question porte, encore une fois, sur la participation électorale, particulièrement en ce qui concerne les paragraphes 38(1) et 38(2) du projet de loi qui modifieraient respectivement les paragraphes 243.01(1) et 243.01(2) de la Loi électorale du Canada. Ces dispositions concernent le fait qu'une personne peut accompagner un électeur ayant besoin d'aide pour voter. Vous en avez parlé dans votre discours préliminaire, je crois.
Le paragraphe 38(1) propose d'élargir l'admissibilité des personnes pouvant accompagner un électeur à l'isoloir. J'aimerais savoir pourquoi on propose cela.
Par ailleurs, le paragraphe 38(2) propose d'abroger une disposition concernant l'assermentation de la personne accompagnant l'électeur à l'isoloir. Auparavant, cette personne devait être assermentée en déclarant qu'elle ne dévoilerait pas le vote et qu'elle n'essayerait pas de l'influencer. J'aimerais savoir pourquoi on propose tout simplement d'abroger cette disposition.
J'ai beaucoup de respect pour les personnes votantes qui ont besoin d'aide, mais si on veut vraiment légitimer leur vote, je ne comprends pas pourquoi on apporterait ce changement. J'aimerais entendre vos explications à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous également, monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, je tiens d'abord à répéter que, même si je n'ai pas joué un rôle direct dans cela — c'est mon collègue, l'ancien député Daniel Blaikie était responsable —, je suis extrêmement fière du travail accompli pour accroître la participation et améliorer notre processus électoral. Nous devrions tous nous concentrer sur ce travail d'une importance capitale qui a été accompli.
Au lieu de cela, les conservateurs ont décidé de se concentrer sur un aspect de ce projet de loi qui, d'après ce qu'on entend, sera réglé à l'étape de l'examen article par article, si tous mes collègues donnent suite à ce qu'ils ont dit aujourd'hui. Je tiens à répéter que je suis contente que nous ayons pu parler de certains des aspects positifs de ce projet de loi, mais aussi des préoccupations qu'il soulève, parce que nous aurons l'occasion de les atténuer à l'étape de notre étude article par article.
Je vais prendre un moment pour vous poser une question au sujet d'un incident qui a récemment été porté à mon attention. En 2014, un ancien député conservateur du nom de Butt a délibérément induit la Chambre en erreur en prétendant avoir vu que des cartes d'électeurs être utilisées à mauvais escient. Il s'est ensuite rétracté.
Dans ce projet de loi, il est question de fausses déclarations. Je sais que vous avez parlé des rouages du projet de loi. Avez‑vous une idée des mécanismes susceptibles d'être mis en place pour veiller à ce que les députés conservateurs, ou d'un autre parti, ne puissent pas induire délibérément la Chambre et les Canadiens en erreur?