La séance est ouverte.
Bienvenue à la réunion numéro 91 du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier la question de privilège relative au et à d'autres députés.
J'ai déjà parlé des oreillettes. Ne les placez pas près du micro, au risque de créer un retour de son.
Nous sommes entre collègues. Je ne pense pas que les commentaires doivent être adressés à la présidence. Comme mes collègues le savent très bien, si j'ai besoin d'intervenir, je le ferai. Je sais que l'honorable député qui est présent parmi nous aujourd'hui, et dont nous remarquons l'absence à la Chambre, est tout à fait capable de se conformer à ce format. Il n'a pas oublié comment les choses fonctionnent.
Le greffier et moi‑même tiendrons une liste consolidée des intervenants.
Je voudrais juste vous rappeler que, oui, la motion qui a été présentée demandait à l'honorable député — et je veux continuer à vous appeler l'honorable député parce que c'est ce que vous êtes pour moi — soit ici pendant deux heures. Le témoin préférerait que nous prenions moins de temps, mais il se pliera à la volonté du Comité. Si vous souhaitez qu'il soit présent pendant deux heures, il le sera. Nous pourrions peut-être essayer de faire un tour de six minutes, suivi de deux tours de cinq minutes et d'un tour de deux minutes et demie, et de terminer avec deux tours de cinq minutes. C'est aussi une excellente option. Je laisse la parole aux députés. Vous me direz ce que vous en pensez.
Sur ce, nous accueillons aujourd'hui, à titre individuel, l'honorable Erin O'Toole, président d'ADIT North America.
Monsieur O'Toole, vous disposez d'un maximum de 10 minutes pour vos observations liminaires. S'il vous reste du temps, veuillez céder la parole.
Comme vous le savez, il faut parler lentement pour les interprètes. Nous avons beaucoup de temps.
Nous vous remercions de votre présence parmi nous aujourd'hui. Bienvenue au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
:
Merci beaucoup, madame la présidente. Je suis heureux de vous voir, ainsi que mes anciens collègues.
Je comparais aujourd'hui en tant que simple citoyen dans le cadre de votre étude sur la campagne d'intimidation orchestrée par le Parti communiste chinois à l'encontre de l' et d'autres députés, mais mon témoignage sera fondé sur mon expérience à titre de chef du Parti conservateur et de ministre du cabinet fantôme pour les affaires étrangères et, pendant un peu plus d'une décennie, de député de Durham.
Comme M. et , le SCRS m'a communiqué des renseignements relatifs à l'ingérence dont j'ai fait l'objet avant de quitter mes fonctions de député, il y a quelques mois. Mes commentaires d'aujourd'hui s'appuieront sur ma motion de privilège du 30 mai 2023. J'invite le Comité à examiner ce discours et les documents que j'ai soumis aux fins de son étude.
[Français]
Chers amis, je suis honoré d'être avec vous quelques mois après avoir prononcé mon dernier discours à la Chambre des communes.
La question de l'ingérence chinoise dans notre démocratie est importante, et je suis heureux que vous étudiiez cette question. Je suis également heureux du fait que Mme la juge Hogue mènera, de façon indépendante, une enquête publique sur cette question.
L'ingérence étrangère dans notre pays est une question très importante. Elle doit l'être davantage que la politique partisane. Je serai critique dans certains de mes commentaires aujourd'hui, mais il reste que j'ai toujours essayé d'aborder cette question de façon sérieuse et non partisane.
[Traduction]
J'aimerais commencer par présenter mes condoléances à la famille de l'honorable Ian Shugart, qui est décédé hier. Il était un sénateur, un ancien greffier du Conseil privé, un fonctionnaire exemplaire et, pour beaucoup d'entre nous, un ami.
Les mots de son premier discours, il y a quelques mois, nous rappellent la vertu de la retenue, en particulier sur des questions d'importance nationale comme celle‑ci. Il a dit ceci:
Le Canada est un grand pays diversifié, tant sur le plan géographique que sur les plans social, culturel, économique et philosophique. Pour chacun d’entre nous, pour les partis politiques et pour les institutions, la retenue peut commencer pas la reconnaissance que notre point de vue, si légitime soit‑il, n’est pas le seul point de vue possible.
Mon point de vue aujourd'hui, madame la présidente, est que nous devons reconnaître que nous n'avons pas fait assez pour préserver notre démocratie et pour réagir à la question de l'ingérence étrangère dans notre politique et nos institutions publiques. Nous sommes un pays diversifié et nous chérissons les libertés pour lesquelles des milliers de Canadiens se sont battus et sont morts. Nous devons également prendre conscience que ces mêmes aspects positifs de notre pays — notre diversité et ces formidables libertés — peuvent être retournés contre nous en cette époque sans précédent de perturbations, de désinformation et de réalignement géopolitique.
En tant que pays, nous devons comprendre que le Canada est comme une grenouille dans une marmite d'eau bouillante. De nombreux gouvernements des deux bords n'ont pas fait cas de nos agences de renseignement, qui nous ont mis en garde contre la température de l'eau qui provenait de la Chine. Ces avertissements n'ont pas été pris en compte à plusieurs reprises jusqu'à ce que les choses se mettent à bouillir ces dernières années avec ce que l'on pourrait appeler « les trois Michael »: M. Kovrig, M. Spavor et M. . Le pays attendait avec impatience la libération des deux Michael de leur prison en Chine, et il a été profondément choqué par la nouvelle des risques connus que courait la famille de Michael Chong. Je pense que ces dernières années, le pays commence à comprendre la gravité de la situation.
Il est ironique que je me présente devant vous quelques jours seulement après que le directeur du SCRS, David Vigneault, ait participé à l'émission 60 Minutes aux États-Unis, aux côtés de ses collègues des services de renseignement du Groupe des cinq. Pour les hauts responsables du renseignement, il s'agissait d'une manifestation publique sans précédent d'une préoccupation et d'une cause communes de la part d'un groupe qui n'est pas du tout habitué à accorder des entrevues aux grands médias.
Si nos agences de renseignement avertissent aujourd'hui ouvertement le public de certains risques liés à la Chine, chacun d'entre vous, en tant que parlementaires, a le devoir de tenir compte de ces avertissements et de procéder aux changements et aux investissements nécessaires pour protéger notre pays, son peuple et nos intérêts.
[Français]
Au cours de la première année que j'ai été député, j'ai parlé de la Chine pour la première fois lors d'un débat sur les produits contrefaits. En tant qu'avocat, j'ai travaillé à cette question, et la Chine était presque toujours la source du problème. Un an plus tard, j'étais secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international, et j'avais la mission de défendre l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers avec la Chine, le fameux APIE. C'était un défi pour moi, parce que tous les partis politiques savaient que des risques étaient liés à la Chine — je le savais aussi —, mais les relations économiques avec celle-ci étaient prioritaires.
[Traduction]
La Chine a toujours constitué un défi pour les gouvernements libéraux et conservateurs. En effet, ce pays présentait des opportunités économiques très importantes, ce qui signifiait que l'on risquait de ne pas tenir compte de certains comportements de la Chine à l'intérieur et à l'extérieur du pays. J'ai toujours parlé de ce problème et de l'équilibre que nous devions atteindre avec la Chine, ainsi que de la nécessité d'une approche bipartisane, y compris en 2019, lorsque j'ai présenté la motion visant à créer le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes.
Cette motion était le fruit de nombreuses années de questions sur la façon dont le avait géré cette relation. L'approbation de rachats sensibles d'entreprises canadiennes, comme ITF par O‑Net Communications, ou Norsat par la société Hytera contrôlée par la Chine, ou, plus récemment, la transaction de Neo Lithium, qui concerne des minéraux critiques: Toutes ces approbations ont soulevé des questions chez nos alliés les plus proches, en particulier les États-Unis.
Parallèlement au feu vert donné à ces ventes, le gouvernement a envisagé de signer un traité d'extradition avec la Chine, au moment où nous constations les risques croissants en mer de Chine méridionale et les attaques prolongées perpétrées contre les minorités religieuses et ethniques de Chine, notamment les Ouïghours. Dans ma motion de 2019, je plaidais pour que l'on fasse une pause et que l'on redéfinisse nos intérêts et nos valeurs relativement à nos relations avec la Chine. J'ai également présenté la motion pour le Comité spécial sur les relations sino-canadiennes à l'occasion du premier anniversaire de la détention illégale des deux Michael. En tant que parti d'opposition, nous avons essayé d'aborder la question avec prudence, compte tenu de leur situation, mais leur détention a également souligné la nécessité d'un réalignement majeur de notre approche de la Chine.
[Français]
Je suis fier du travail accompli par le Comité spécial sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine.
La Chine demeure un partenaire commercial important pour le Canada, et nous devons continuer de chercher à trouver le bon équilibre. Il y a de nombreuses années, j'ai dit que les relations avec la Chine étaient le défi des affaires étrangères de la prochaine génération. C'est pour cela que nous devons grandir comme pays et aborder les risques avec sérieux.
[Traduction]
La juge Hogue a entamé son mandat de commissaire de l'enquête sur l'ingérence étrangère le 18 septembre dernier. Les travaux de ce comité et ceux du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes peuvent lui servir de référence dans le cadre de cette enquête. J'invite la juge Hogue à prêter une attention particulière à ces événements et à ne pas limiter son examen de quelque manière que ce soit ni à l'orienter en fonction des résultats, comme l'a fait le très honorable David Johnston.
Dans ma motion de privilège, j'ai été très prudent lorsque j'ai fait référence à la séance d'information que j'ai reçue du SCRS, afin de garantir que les aspects liés au renseignement puissent être préservés. Le service avait cerné quatre types de menaces me concernant, que j'ai décrits comme des « catégories » de menaces. La première catégorie était la question du financement étranger destiné à saper mes perspectives et celles du parti que je dirigeais. La deuxième était l'utilisation de personnes sur le terrain au Canada par l'intermédiaire du Département du travail du Front uni. La troisième catégorie était liée à l'utilisation de messages sur les médias sociaux contrôlés et dirigés par des étrangers pour diffuser de la désinformation auprès des électeurs canadiens sur des canaux en langue étrangère, comme WeChat. La dernière catégorie soulevée concernait les preuves de suppression de vote par la Chine dans une circonscription du Canada.
Dans mon discours de juin, j'ai pris soin de ne pas divulguer d'éléments susceptibles de saper nos efforts de collecte de renseignements. Je n'approfondirai donc pas davantage ces questions aujourd'hui. Je pense que ces exemples d'ingérence illustrent la gravité du problème. J'estime également qu'il s'agit probablement de la partie émergée de l'iceberg. Les ressources en matière de renseignement sont limitées au Canada et il est difficile de recueillir des données. Je pense que les exemples concernant plusieurs députés suggèrent que le problème est bien plus important que ce que nous sommes en mesure de vérifier.
Au cours des dernières minutes de mon intervention, je ne poserai que trois questions dont j'espère que la juge Hogue sera saisie dans le cadre de son enquête sur l'ingérence étrangère. J'espère que les membres de ce comité feront pression pour qu'on y réponde dans les semaines et les mois à venir.
L'ingérence étrangère peut être définie comme « une tentative par des agents d'un État étranger d'influer sur l'opinion, les points de vue et les décisions des Canadiens dans le but d'obtenir un avantage politique, stratégique ou économique ». Chers amis, il ne s'agit pas de ma définition, mais de celle qu'a donnée Dick Fadden, alors directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, au comité de la sécurité publique du Parlement en 2010. M. Fadden a défini l'ingérence étrangère au Parlement parce qu'il a été appelé à comparaître suite à la publication dans les médias d'un discours qu'il avait prononcé à Toronto, où il avait révélé que le SCRS s'inquiétait de l'influence de la Chine sur deux élus canadiens. C'était en 2009 et 2010. M. Fadden a reconnu que le gouvernement provincial de l'Ontario avait été informé des préoccupations concernant l'un de ses ministres cette année‑là.
Ma première question est la suivante: Si le SCRS avait signalé des préoccupations concernant un haut fonctionnaire élu du Parti libéral en 2010, pourquoi a‑t‑il fallu quatre mois au pour approuver un mandat du SCRS à l'égard de cette même personne en 2021?
Deuxièmement, nous savons que le Parti conservateur a soulevé de sérieuses questions sur l'ingérence, à la fois pendant et après les élections fédérales de 2021. Pourquoi le responsable choisi par le et le Bureau du Conseil privé pour effectuer une évaluation du Protocole public en cas d'incident électoral majeur, M. Morris Rosenberg, n'a‑t‑il pas interrogé le chef du Parti conservateur ou mon président de campagne, qui était mon représentant désigné et possédait une cote de sécurité?
Je passe à ma troisième et dernière question. Au début des élections fédérales de 2021, le groupe de cinq hauts fonctionnaires désigné dans le cadre du Protocole public en cas d'incident électoral majeur a informé les représentants des partis politiques. Les partis ont été informés qu'il n'y avait pas de problèmes sérieux d'ingérence étrangère à signaler au début de la campagne, et qu'il n'y avait pas eu de problèmes significatifs d'ingérence lors des élections précédentes en 2019. Grâce à de bons journalistes et à des fuites d'information, nous savons désormais que des rapports des services de renseignement ont été produits sur le financement clandestin de l'élection de 2019 par la Chine. Nous savons que de nombreux renseignements ont été communiqués au en 2021. Nous sommes au fait de l'évaluation de la menace concernant un fonctionnaire de l'ambassade de Chine et la famille de juste avant l'élection de 2021. Nous savons maintenant que d'autres députés ont été ciblés et que le Secrétariat du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement l'avait signalé en 2019.
Compte tenu de tout cela, qui a pris la décision d'annoncer qu'il n'y avait pas de raison significative de s'inquiéter pour les élections de 2021?
[Français]
Chers amis, il est très important que nous tirions des leçons des erreurs du passé. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vous remercie beaucoup, monsieur O'Toole, d'être avec nous. C'est bon de vous revoir.
Je pense que ce qui ressort très clairement de votre déclaration, ainsi que des nombreuses façons dont vous avez servi le pays, c'est qu'il est essentiel de veiller à ce que les Canadiens fassent confiance à nos institutions. Nous devons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour renforcer cette confiance. À l'heure actuelle, l'incertitude règne au Canada. Je pense qu'il est très important que nous adoptions une position non politique sur ce sujet, que nous nous attaquions vraiment aux aspects difficiles et que nous trouvions des solutions pour que les gens puissent avoir confiance dans notre système.
L'un des moments forts quand est venu témoigner a été lorsqu'il nous a décrit les étapes. La première chose dont il a parlé, bien sûr, c'est qu'il a assisté à une séance d'information du SCRS, au cours de laquelle on lui a expliqué comment repérer les signes d'ingérence étrangère. Ils lui ont donné des outils utiles pour l'aider à voir ces signes. Il n'a jamais été question qu'il soit ciblé de quelque manière que ce soit. Ces outils lui ont été donnés à titre d'information. Par la suite, il a rencontré des agents du SCRS à plus d'une reprise. Cependant, chaque fois, il les a rencontrés directement parce qu'il l'avait demandé, parce qu'il voulait leur faire part de ce qu'il vivait. Ensuite, bien sûr, il a découvert ce qui se passait dans un article du Globe and Mail. Je pense qu'aucun député ne souhaite vivre cette expérience: découvrir dans un article que l'on est pris pour cible, que sa famille et ses proches sont pris pour cible par un gouvernement étranger. Je pense que cela a été l'un des moments les plus embarrassants — j'ose croire — pour la Chambre.
Ma première question — et j'aurai quelques questions complémentaires — porte sur la séance d'information. a dit espérer que ce processus aboutisse à ce que tous les députés puissent bénéficier dorénavant d'une séance d'information sur la manière de détecter les signes d'ingérence étrangère, afin de les sensibiliser à ce qu'ils pourraient observer dans leur travail quotidien. Que pensez-vous du fait qu'il s'agisse de la plus élémentaire des mesures à prendre pour aller de l'avant?
:
Je vous remercie de poser cette importante question, monsieur Berthold.
À la suite du XIXe Congrès du Parti communiste chinois, à Pékin, le gouvernement chinois a beaucoup changé son approche en Chine et dans le monde. Ensuite, il y a eu le génocide des Ouïghours et la construction des îles dans la mer de Chine méridionale.
Il a adopté une approche stratégique d'acquisition partout au monde en matière de sécurité publique, de renseignement, d'énergie, de minéraux critiques, etc. L'Occident a mis beaucoup de temps à réagir à cette façon de faire.
C'est pour cela que j'ai proposé, en 2019, la création d'un comité spécial sur les relations Canada-Chine. C'est aussi pourquoi nous devons aussi avoir une approche plus sérieuse relativement aux élections, ainsi qu'à la protection de notre démocratie et de nos institutions.
Il y a eu des fuites et des articles dans le Globe and Mail et à Global News. Cela inquiète nos services de renseignement depuis quelques décennies. Malheureusement, on a seulement pris en considération les avantages pour l'économie et le commerce international, mais pas les préoccupations liées aux droits de la personne et à la sécurité internationale.
Notre approche doit être non partisane, si c'est possible, et accorder plus de ressources à nos services de renseignement. Il faut adopter une approche plus sérieuse en ce qui concerne les risques pour les députés et les sénateurs.
C'est la raison pour laquelle le travail de ce comité est très important.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je suis heureux de vous voir, monsieur O'Toole. Comme les autres, j'aimerais vous remercier pour vos années passées à servir notre pays et à servir le Parlement.
Je vous remercie également pour l'hommage rendu à Ian Shugart, avec qui j'ai eu la chance de travailler lorsqu'il était sous-ministre à Emploi et Développement social Canada. Il a joué un rôle déterminant dans l'établissement du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg, en travaillant avec un excellent ministre régional, Jake Epp, un progressiste-conservateur.
M. O'Toole a mentionné que l'ingérence étrangère a été présente sous des gouvernementaux conservateurs et libéraux. Tous ces gouvernements auraient dû en faire plus, et nous devons maintenant nous attaquer sérieusement à ce problème de manière non partisane, en faisant passer les intérêts du pays en premier.
Je suis un nouveau membre au sein du Comité, comme vous le savez, madame la présidente, et je ne suis pas un expert en procédure, mais je crois comprendre que les motions de privilège sont traitées rapidement. Nous avons entendu 34 témoins, monsieur O'Toole. Vous êtes le 34e et, je crois, le dernier. Mon point de vue — et je pense que c'est le point de vue de ce côté‑ci de la table — est que nous devons passer aux recommandations, passer au rapport, et que nous devons nous abstenir de la partisanerie que j'ai vue autour de la table ici.
Seriez-vous d'accord pour dire que nous devons rapidement passer aux recommandations et au rapport afin de protéger le privilège de tous les parlementaires? Je pense que vous savez que nous avons eu d'autres incidents d'ingérence récemment, les révélations sur le « camouflage de pourriel ». Pourriez-vous nous donner votre avis à ce sujet, s'il vous plaît?
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Duguid.
C'est un plaisir de vous voir tous. Si j'avais toujours été traité aussi bien, je ne serais pas parti.
Je plaisante.
Il est très important de rédiger un rapport — mais je ne veux pas laissez entendre que vous devez limiter votre enquête et passer immédiatement à l'action. Ce que j'ai essayé de faire au cours de mon exposé d'aujourd'hui, c'est de vous poser quelques questions pour que vous y réfléchissiez, de vous donner mon point de vue, de vous expliquer comment les gouvernements libéraux et conservateurs ont eu du mal à trouver un juste équilibre et, comme M. Berthold l'a très bien exprimé, il est devenu encore plus difficile de trouver ce juste équilibre en 2017.
Mme Hogue va mener son enquête. Vous pourriez conclure votre étude avant elle, et elle pourrait alors utiliser votre travail, mais je pense que son enquête sera assez complète. Cela ne veut pas dire que vous devez terminer avant elle. Je crois que vous devez laisser la volonté du Comité suivre son cours.
Par votre intermédiaire, j'ai essayé aujourd'hui d'ajouter quelques points à son ordre du jour, car je sais que son équipe suivra de près cette audience. J'ai donc posé les questions à la fois à vous et à elle. Je dirais que lorsqu'elle a été nommée et que nous avons observé le tumulte que cela a causé sur Twitter — ou X, ou quel que soit le nom qu'on donne à cette application aujourd'hui —, j'ai défendu sa nomination parce que nous l'avions demandée et que nous voulions qu'elle ait lieu, parce que Mme Hogue a eu jusqu'à maintenant un parcours professionnel incroyable et que je pense que le processus mérite de connaître un bon départ.
Ce que j'ai tenté de faire aujourd'hui, c'est en partie de vous poser des questions et de vous faire part de ma propre expérience, mais aussi d'indiquer à Mme Hogue que, selon moi, pour examiner correctement un enjeu, il faut parfois éviter de s'en tenir à ce qui est visible ou aux personnes dont les décisions sont scrutées.
:
C'est une excellente question.
Je pense que nous ne pouvons pas dissocier complètement ce processus de la politique, mais j'ai déclaré que nous devions tenter de le faire.
Les séances d'information de sécurité doivent avoir lieu avant que le Globe and Mail ne publie de gros titres à ce sujet. Lorsque cela se produit, je comprends les préoccupations de qui craint que sa capacité à demander des comptes au gouvernement ne soit limitée.
Si vous souhaitez discuter davantage du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, l'ancien Président de la Chambre, , a dû se présenter devant un tribunal pour exiger que la volonté du Parlement soit respectée en ce qui concerne nos questions au sujet du laboratoire.
Le moment où le aurait dû amener le chef de l'opposition, un poste que j'occupais à l'époque, à s'intéresser aux enquêtes sur les employés et leurs liens avec l'armée chinoise, aurait dû précéder l'explosion. C'est la raison pour laquelle je pense que les solutions que nous pouvons apporter seront utiles à long terme, mais une fois que nous sommes au beau milieu d'une tempête, chaque chef politique doit faire de son mieux pour la traverser, et il est difficile de bénéficier d'une deuxième chance, comme je suis sûr que M. Trudeau aurait aimé en bénéficier au sujet de ce laboratoire.
Je pense qu'il y aura d'autres cas comme celui-là, monsieur Duguid, et c'est la raison pour laquelle, à long terme, nous avons besoin de mettre en place de meilleurs processus, et nous devons faire confiance à un plus grand nombre de députés et leur permettre d'assister à des séances d'information de sécurité qui peuvent être confidentielles.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur O'Toole, c'est bon de vous revoir.
Vous avez fait allusion aux documents que vous souhaitez présenter au Comité. Nous allons rendre les choses officielles: êtes-vous disposé à déposer ces documents?
L'hon. Erin O'Toole: Oui.
M. Eric Duncan: Merci. Je vous en suis reconnaissant.
Je voudrais m'appuyer sur vos commentaires.
Vous avez eu l'occasion de parler du rapport de M. Rosenberg. Vous avez déclaré tout à l'heure que le fait de ne pas vous avoir interviewé ou avoir interviewé des responsables du Parti conservateur du Canada était presque de la négligence professionnelle.
Compte tenu de votre volonté d'essayer d'aborder cette question de manière sérieuse, je voudrais que vous nous en disiez un peu plus au sujet du rapporteur, M. Johnston, qui a rédigé son rapport. Vous avez vécu certaines frustrations, alors je voudrais que vous en parliez.
Ai-je raison de dire que chaque fois que vous l'avez rencontré, il vous a dit que le rapport était déjà rédigé et qu'il avait été envoyé au service de traduction? Lorsque vous avez parlé de négligence, vous avez mentionné le fait que vous n'avez pas du tout été interrogé par M. Rosenberg, et que lorsque vous avez été interrogé par M. Johnston, la situation s'est avérée tout aussi déplorable. Le document avait déjà été expédié.
Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet et nous expliquer ce qui s'est passé dans ces circonstances, et si c'était inapproprié ou non?
:
Merci, monsieur Calkins. Je suis ravi de vous voir également.
Nous avons effectivement participé à des séances d'information. La structure du programme fonctionnait, mais je pense que son efficacité laisse à désirer. Ce que M. Soliman m'a dit... Comme je l'ai dit, j'ai délégué la tâche à M. Soliman et, en partie, à Tausha Michaud, ma cheffe de cabinet, parce que j'avais confiance en leur capacité à m'informer.
Des candidats sur le terrain — en particulier M. Chiu, mais aussi des candidats de la circonscription de Bob Saroya, dans la région de Markham, et des environs — m'ont dit qu'il y avait beaucoup d'activité sur WeChat et de l'intimidation en ligne et en personne.
Les chiffres des sondages étaient incroyables, mais cela ne s'est pas traduit dans les résultats obtenus. Si les gens ont peur de voter, ils ne se présenteront pas. Nous avons rapporté des incidents qui nous ont été signalés sur le terrain. M. Soliman et Mme Michaud m'ont dit qu'ils avaient toujours eu l'impression qu'on entendait ce qu'ils disaient, mais qu'on ne les écoutait pas.
Nous voulions, à un moment donné, que le seuil — dont a parlé Mme Blaney — soit atteint, qu'on donne au moins un avertissement au sujet de certains réseaux de médias sociaux, WeChat en particulier.
On m'a dit que plus de 600 000 Canadiens, rien qu'en Colombie-Britannique, utilisent principalement cet outil pour communiquer et s'informer. Je suis sûr que mes collègues du quatrième pouvoir qui sont derrière moi n'aiment pas l'entendre, mais beaucoup de gens s'informent sur WeChat et Facebook. Si ces outils étaient corrompus, il fallait avertir les gens d'y jeter un second coup d'œil. Cet avertissement n'a jamais été donné.
:
Je vais vous interrompre pour deux raisons.
Tout d'abord, tout le monde a déclaré, à un moment donné, que les interprètes jouent un rôle important dans nos travaux, car nous avons deux langues officielles.
Je sais que vous avez fourni la motion au greffier, qui l'a distribuée, mais les interprètes n'ont pas le texte. Lorsque nous proposons une motion, je ne pense pas qu'il soit très compliqué de demander qu'elle soit distribuée, puis de reprendre la parole. Nous l'avons fait à de nombreuses reprises.
La deuxième préoccupation que je voudrais soulever est que M. O'Toole a demandé à pouvoir partir à 12 h 15. Nous savons que d'autres personnes ont des questions à poser. C'est maintenant la troisième fois que les conservateurs estiment qu'ils peuvent utiliser leur tour, mais d'autres ne peuvent pas poser leurs questions.
Je pense que nous pouvons faire plusieurs choses en même temps. Par conséquent, je vais faire une pause pour m'assurer que les interprètes reçoivent la motion. C'est M. Cooper qui a la parole, mais je souhaiterais que les autres partis nous disent s'ils veulent utiliser le temps qui leur est imparti ou si nous devons laisser le témoin partir.
J'aimerais que vous interveniez à ce sujet, mais je vais faire une pause pour m'assurer que les interprètes ont la motion. J'aimerais qu'on me fasse signe lorsqu'ils l'auront.
Ce n'est pas encore le cas. Nous allons nous assurer que les interprètes l'ont, puis nous redonnerons la parole à M. Cooper.
Je vais sonder rapidement mes collègues pour savoir où ils en sont, car nous fonctionnons par consensus.
Comme vous le savez, monsieur O'Toole, cette motion est le fruit de la collaboration de tous.
d) ordonne au greffier de contacter tout témoin qui n'a pas entièrement respecté un engagement mentionné dans le rapport établi en vertu du point c) pour lui demander de le respecter dans un délai de deux semaines à compter de la demande du greffier et
e) ordonne la production, dans un délai de trois semaines, des documents suivants
(i) le rapport du SCRS de juillet 2021 intitulé People's Republic of China Foreign Interference in Canada: A Critical National Security Threat et la note de gestion des enjeux du SCRS de mai 2021 envoyée au ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile de l'époque concernant l'intention du régime de Beijing de cibler les députés de cette Chambre, ainsi que tous les documents concernant la transmission, la distribution, l'analyse et le traitement de ce rapport par le Cabinet du premier ministre, le Bureau du Conseil privé, le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, le ministère de la Défense nationale et le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, et
(ii) tous les autres mémorandums, notes d'information, courriels, comptes rendus de conversations et autres documents pertinents, y compris les brouillons, qui sont en possession de tout ministère ou organisme gouvernemental, y compris le groupe de travail sur les menaces pour les élections en matière de sécurité et de renseignement, le groupe d'experts sur les incidents électoraux critiques, tout Cabinet ministériel et le Cabinet du premier ministre, contenant des informations concernant
(A) la planification ou les efforts déployés par ou au nom de gouvernements étrangers ou d'autres acteurs étatiques étrangers pour intimider un membre de la Chambre des communes, ou
(B) les questions soulevées par l'honorable Erin O'Toole à la Chambre des communes le mardi 30 mai 2023,
(iii) ces documents soient déposés sans expurgation, dans les deux langues officielles, au Bureau du légiste et conseiller parlementaire,
(iv) une copie des documents soit également déposée, dans les deux langues officielles, au Bureau du légiste et conseiller parlementaire, avec toute proposition de caviardage d'information qui, de l'avis du gouvernement, pourrait raisonnablement compromettre l'identité d'employés ou de sources ou les méthodes de collecte de renseignements d'organismes de renseignement canadiens ou alliés,
(v) le Bureau du légiste et conseiller parlementaire doit rapidement faire savoir au Comité s'il est convaincu que les documents ont été produits conformément à l'ordre donné et, dans la négative, le Président doit être chargé de présenter immédiatement, au nom du Comité, un rapport à la Chambre décrivant les faits matériels de la situation,
(vi) le Bureau du légiste et conseiller parlementaire évalue les expurgations proposées par le gouvernement, conformément au paragraphe (iv), afin de déterminer si le Bureau est d'accord que les expurgations proposées sont conformes aux critères énoncés au paragraphe (iv), et
(A) s'il est d'accord, il fournit les documents, tels qu'ils ont été expurgés par le gouvernement conformément au paragraphe (iv), au greffier du Comité, ou
(B) s'il n'est pas d'accord avec tout ou partie des expurgations proposées, il fournit au greffier de la commission une copie des documents expurgés de la manière que le bureau juge conforme aux critères énoncés au point (iv), ainsi qu'un rapport indiquant le nombre, l'étendue et la nature des expurgations proposées par le gouvernement qui n'ont pas été approuvées, et
(vii) le greffier du Comité fait distribuer aux membres du Comité les documents expurgés, fournis par le Bureau du légiste et conseiller parlementaire conformément au paragraphe (vi).
Sur ce, madame la présidente, je ferai de brèves remarques. Il est nécessaire de présenter la motion parce que M. O'Toole est le dernier témoin à comparaître devant le Comité dans le cadre de l'étude sur la question de privilège concernant le député . Bien que M. O'Toole soit notre dernier témoin, en raison de la coalition de camouflage néo-démocrate-libérale, le Comité n'a pas reçu les documents pertinents sur la question de privilège en dépit des efforts que nous avons déployés pour les obtenir. Par conséquent, il est nécessaire de présenter la motion.
Nous avons besoin de ces documents pour savoir qui savait quoi, à quel moment, et ce qu'il est advenu des avertissements du SCRS selon lesquels les députés — y compris le député , le député O'Toole et la députée — étaient ciblés par le régime de Pékin. Nous devons savoir comment une note de service du SCRS, qui était de haute importance, et qui indiquait que le député Chong et sa famille à Hong Kong étaient pris pour cible par Pékin, a été reléguée aux oubliettes malgré le fait qu'elle ait été envoyée au ministre de la Sécurité publique de l'époque, , à sa cheffe de cabinet, Mme Zita Astravas, et au sous-ministre de la Sécurité publique de l'époque.
De nombreux ministres ont comparu devant ce comité, et personne n'a assumé la responsabilité de cet échec colossal, de cet effondrement de l'appareil gouvernemental. Au contraire, au lieu d'accepter la responsabilité ministérielle, nous avons assisté, lors de notre dernière réunion, au spectacle du qui a sacrifié tout le monde, sauf lui, depuis le directeur du SCRS jusqu'à son sous-ministre, en passant par d'autres fonctionnaires. C'est ce même ministre qui n'a pas pris la peine d'aller au bout du couloir pour utiliser le terminal sécurisé où il aurait pu lire la note de service qui indiquait que le député Chong et sa famille étaient pris pour cible. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le ministre Blair n'était tellement pas à son affaire qu'il n'a pas pu trouver le terminal qui était tout simplement au bout du couloir, sur le même étage que son bureau. Il n'a même pas pris la peine de se rendre à l'autre bout du couloir. C'est dire à quel point le ministre Blair n'a pas pris au sérieux la sécurité nationale, l'ingérence de Pékin et la sécurité des députés et de leurs familles.
Depuis des mois, la coalition de dissimulation néo-démocrate-libérale bloque la production de documents. Nous nous demandons donc ce qu'ils cachent. Qui protègent-ils? En fait, nous savons qui la coalition néo-démocrate-libérale protège. Elle protège un incompétent et corrompu qui a refusé d'assumer la responsabilité d'avoir fermé les yeux sur l'ingérence de Pékin malgré de nombreux avertissements et de multiples séances d'information à ce sujet. Cela témoigne du manque total de transparence qui persiste depuis que les révélations sur l'ingérence de Pékin ont été faites pour la première fois l'année dernière. En avril, des fonctionnaires du Cabinet du premier ministre, dont la cheffe de cabinet du premier ministre, Mme Katie Telford, ainsi que le conseiller principal du premier ministre, M. Jeremy Broadhurst, nous ont dit que des documents nous seraient envoyés, mais nous ne les avons toujours pas reçus. Est‑ce là faire preuve d'ouverture? Est‑ce là faire preuve de transparence? Travaillent-ils avec ce comité, comme ils se sont engagés à le faire? Ce premier ministre et son cabinet ont l'habitude de manquer de transparence et de dissimuler des renseignements.
Maintenant que nous avons entendu le dernier témoin dans le cadre de l'étude sur la question de privilège, nous avons besoin des documents pour pouvoir rédiger un rapport complet. Nous devons aller au fond des choses, et pour ce faire, il nous faut les reçus; il nous faut tous les documents pertinents. C'est ce que prévoit cette motion. J'espère donc que les membres de la coalition de dissimulation néo-démocrate-libérale prendront la bonne décision et appuieront cette motion afin que nous puissions obtenir les réponses que méritent les députés Chong et Kwan, le député et ancien chef du Parti conservateur M. O'Toole et, évidemment, tous les Canadiens.
Je vous remercie, madame la présidente.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je le serai. Je vais poser une petite question, puis je céderai le temps qu'il me reste à Mme Romanado.
Je vous remercie, monsieur O'Toole, de vous joindre à nous aujourd'hui. Il est bon d'entendre qu'il y a une vie après la politique. Je m'en réjouirai un jour.
J'aimerais réagir aux propos de M. Cooper. Il est question de la sécurité des Canadiens. Nous devons trouver un équilibre entre la transparence et l'atteinte de notre objectif, comme vous l'avez dit, pour nous assurer d'envisager des solutions et des recommandations qui atténueront certains de ces problèmes.
Je suis inquiet. Ma circonscription est très multiculturelle. Je représente la circonscription de Steveston—Richmond-Est, où l'ONU a reconnu une de nos routes comme étant la « route du paradis ». Il s'agit d'un tronçon de route de cinq kilomètres sur lequel plus de 20 institutions confessionnelles différentes coexistent en harmonie les unes à côté des autres. C'est une formidable collectivité. J'y ai grandi et j'y ai toujours habité. Je m'inquiète pour les membres de ma collectivité et pour tous les députés de cette Chambre.
Vous avez parlé des erreurs du passé. Je tiens à souligner qu'il est bien connu — et des représentants du SCRS ont témoigné, comme vous, et l'ont dit aux membres du Comité — que sous le gouvernement Harper, un certain nombre de protocoles d'entente ont été signés et conclus directement avec la GRC, ce qui a permis à 25 agents communistes chinois de venir ici, d'entrer au pays pour tenter de rapatrier des gens qu'ils considéraient comme des criminels et qu'ils devaient donc ramener chez eux. Un certain nombre d'entre eux ont été déportés au cours de cette période — environ 290 —, et 2 900 citoyens ont été influencés par ces agents, pour ainsi dire. On leur a suggéré qu'il serait dans leur intérêt de retourner en Chine, parce que le régime menaçait des membres de leur famille.
Un gouvernement dont vous étiez membre a admis des agents étrangers au Canada pour intimider des Canadiens. Ce sont ces mêmes agents qui, selon vous, vous prennent pour cible.
Il est clair que cela a créé un terrible précédent. Ne pensez-vous pas que c'était une mauvaise décision? Avez-vous eu connaissance à un moment ou à un autre que cela vous touchait... que ces agents... Est‑ce qu'on vous en a déjà parlé?
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C'est une excellente question.
Je n'ai pas tout de suite pensé au mot « seuil », en français, dans la réponse que j'ai donnée à Mme Gaudreau. C'est ce que je voulais dire en parlant de niveau. Nous devons nous assurer que le niveau n'est pas ridiculement élevé ni complètement déconnecté de ce qui se passe pendant une campagne électorale.
Je pense que le groupe d'experts du Protocole, composé de cinq personnes, n'avait aucune idée de la manière dont les élections se déroulent et du poids des plateformes de médias sociaux en langue étrangère. Les électeurs d'une douzaine de circonscriptions au Canada qui ont fait l'objet de campagnes de désinformation et de pressions intenses ne regardent pas The National, CTV ou Global. Ils obtiennent leurs nouvelles par l'entremise de chaînes contrôlées par une entité étrangère. Sans même pouvoir les avertir... Certains des messages que j'ai vus, madame Blaney, à mon sujet... Je n'aurais probablement pas voté pour moi. Le groupe d'experts savait ce qui se passait, mais je ne pense pas qu'il comprenait comment les événements pouvaient tourner dans une circonscription girouette. Si vous éliminez quelques milliers ou 5 000 votes, l'élection peut changer du tout au tout. C'est ce qui s'est passé, selon moi. Nous ne pouvons pas que pointer WeChat du doigt.
Les questions à propos du fait que j'ai quitté le Comité... Chose certaine, je crois ce que j'ai lu dans les journaux, et non ce que le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement visant les élections et d'autres m'ont dit. Les informations que j'ai lues dans les journaux atteignaient certainement le seuil requis pour au moins avertir tous les partis. Il fallait au moins avertir les personnes qui faisaient l'objet d'un contrôle de sécurité de ce qui s'était passé lors des élections précédentes et de ce dont le avait été informé, certainement en ce qui concerne la situation de , qui n'était survenue qu'un mois ou deux avant les élections.
Je reviens aux questions de M. Duguid. Vous vous souviendrez que le Parlement a été dissous au moment où le Président intentait une poursuite contre le gouvernement au sujet du laboratoire de Winnipeg. Nous étions saisis de la motion sur le génocide des Ouïghours. Nous étions saisis de bon nombre de questions sur lesquelles l'ambassadeur de Chine s'exprimait, même publiquement. Sachant maintenant qu'il y a eu beaucoup de séances d'information lors desquelles les renseignements communiqués permettaient certainement d'atteindre le seuil d'avertissement, nous devons maintenant nous demander qui a établi le seuil et qui s'est adonné à l'aveuglement volontaire. Nous devons aussi, possiblement, parler de l'éducation politique des membres du groupe d'experts pour qu'ils sachent que dans ces circonscriptions girouettes, il est essentiel qu'il n'y ait aucune manipulation des médias sociaux par les gouvernements d'autres pays.
J'y ai fait allusion dans ma déclaration liminaire. Les membres du groupe d'experts ont déclaré, au début, qu'ils étaient au courant d'opérations d'ingérence menées par plusieurs pays, mais qu'aucune ne constituait une préoccupation sérieuse. C'est ainsi qu'ils se sont d'abord adressés aux partis. Je pense que c'était inacceptable.