:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à préciser d'emblée que je ne suis pas en mesure de me prononcer sur l'exactitude de l'information contenue dans l'article du Globe and Mail qui est mentionnée dans la motion adoptée par le Comité le 21 février, puisque cette information ne m'a pas été communiquée, ni avant ni depuis.
Bien que je vous invite à considérer l'article avec une certaine prudence, ce dernier soulève des questions qui sont extrêmement préoccupantes pour notre démocratie et pour notre souveraineté.
L'ingérence étrangère n'est pas un enjeu partisan. Elle peut cibler les élus et les membres de tous les ordres de gouvernement, de quelque parti que ce soit.
[Traduction]
Les Canadiens ont le droit de savoir que nos institutions ont des mandats clairs, qu’elles ont les outils nécessaires pour remplir ces mandats, qu’il existe des mécanismes de collaboration et d’échange d’information, le cas échéant, et que les lois sont adéquates. Les Canadiens ont aussi le droit de savoir que tous les efforts sont déployés pour contrer la menace d’ingérence étrangère. J’ajouterais à cet égard que je salue le travail du Comité. Bien qu’il ne soit pas possible de tracer une ligne droite entre l’influence étrangère et le résultat d’une élection donnée, les actes d’ingérence étrangère portent atteinte à l’équité du processus électoral et doivent être contrés pour protéger notre démocratie.
Lorsque j’ai comparu le 1er novembre, j’ai parlé de l’importance d’une approche pangouvernementale. J’ajouterais que les partis politiques, les associations de circonscription et les campagnes locales ont aussi des rôles cruciaux à jouer. L’ingérence étrangère se fait au moyen d’un éventail de tactiques, et pour contrer ces tactiques, il faut un éventail de mesures, tant législatives que non législatives.
Plusieurs suggestions ont été faites à l’intérieur et à l’extérieur de ce comité. Aucune d’entre elles, y compris les recommandations que j’ai formulées, ne fournit une réponse complète. Nous ne pouvons pas nous protéger totalement contre l’ingérence étrangère, surtout dans une société ouverte et libre, mais nous pouvons et nous devons accroître notre résilience.
Merci, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de me recevoir de nouveau à ce comité.
À titre de commissaire aux élections fédérales, je prends très au sérieux la question de l'ingérence étrangère dans les élections.
La Loi électorale du Canada définit la portée de mon mandat et vise des activités d'ingérence étrangère très précises. Ce rôle est complémentaire à celui d'autres intervenants qui jouent un rôle clé dans la protection de notre démocratie et avec lesquels nous collaborons.
Depuis ma dernière comparution, le 1er novembre, des allégations d'ingérence étrangère ont circulé dans l'environnement public et ont mené à des plaintes à mon bureau.
Je suis saisie de l'importance de cet enjeu et du besoin de rassurer les Canadiens et les Canadiennes dans les circonstances exceptionnelles actuelles.
Je vous informe donc que nous avons procédé à un examen rigoureux et minutieux de chaque plainte et de chaque renseignement qui ont été portés à notre attention concernant des allégations d'ingérence étrangère lors des élections générales de 2019 et de 2021.
[Traduction]
Je vous confirme également que cet examen continue au moment même où je m'adresse à vous afin de déterminer s’il existe des éléments de preuve tangibles démontrant que des conduites répréhensibles couvertes par la Loi électorale du Canada ont été commises. Ce travail se poursuit de façon impartiale et en toute indépendance du gouvernement de l'heure, de la fonction publique et même, du directeur général des élections.
Je note que les résultats de ces travaux me permettront de déterminer si les allégations sont fondées au regard de notre loi. Ils ne me permettront pas de tirer des conclusions sur la validité des résultats électoraux dans leur ensemble ou dans une circonscription particulière.
Pour des raisons de confidentialité, je ne pourrai fournir de détails supplémentaires concernant l’examen en cours, les plaintes ou tout autre renseignement reçu. Comme pour tout autre organisme d’enquête, la confidentialité est essentielle pour protéger la présomption d’innocence et, bien entendu, ne pas compromettre l’intégrité de notre travail. J'aimerais, par ailleurs, inviter toute personne qui a des renseignements tangibles au sujet d'une contravention possible à la Loi électorale du Canada, y compris toute tentative d’ingérence étrangère dans les élections fédérales, à communiquer avec mon bureau.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Perrault et madame Simard, je vous remercie du travail non partisan que vous faites au quotidien pour protéger notre démocratie. Je vous en suis reconnaissant. C'est un lourd fardeau, mais votre travail est important.
Je sais que vous ne pouvez pas prendre position là-dessus, mais M. Jean‑Pierre Kingsley, ancien directeur général des élections, a aussi demandé la tenue d'une enquête publique concernant l'ingérence étrangère de la Chine ou de la Russie. C'est important. Je sais que vous ne pouvez pas faire de commentaires à cet égard, mais je crois qu'on penche vers la tenue d'une enquête publique. D'ailleurs, le Comité va en discuter dans quelques heures.
[Traduction]
Je voulais commencer par poser des questions sur le processus de mise en candidature.
Il est vrai qu’Élections Canada ne s’ingère pas dans le processus de mise en candidature, mais chaque candidat à l’investiture doit présenter une demande de remboursement de ses dépenses et déposer un état détaillé et complet des contributions qu’il a reçues. Cela étant, si, pour une mise en candidature, on a, par exemple, loué un autobus pour emmener des gens à une assemblée d’investiture, cela doit‑il être inclus dans la déclaration des dépenses d’investiture?
:
Merci, madame la présidente.
[Français]
Membres du Comité, merci beaucoup de nous recevoir ce matin.
[Traduction]
Je tiens à vous remercier d'avoir invité le Service et nos collègues à faire le point sur les menaces d'ingérence étrangère qui pèsent sur les institutions démocratiques du Canada.
Le SCRS estime toujours que les activités hostiles parrainées par les États sont la plus grande menace stratégique pour la sécurité nationale du Canada. L'ingérence étrangère — en particulier dans nos institutions démocratiques — nuit à la société canadienne. Les acteurs étatiques étrangers qui mènent en secret des activités trompeuses et hostiles cherchent à miner la confiance dans les institutions et les processus fondamentaux du Canada, à menacer certaines communautés, à semer la discorde et ultimement à influencer les politiques du pays.
[Français]
Comme l'a récemment souligné un représentant du SCRS devant ce comité, l'ingérence étrangère peut prendre plusieurs formes. Les auteurs de menaces pourraient, par exemple, menacer leurs cibles ou les forcer à agir d'une certaine façon. Il s'agit là d'une stratégie courante qui a malheureusement des répercussions sur diverses communautés du Canada, dont les membres peuvent être la cible de menaces à leur égard ou à l'encontre de leur famille à l'étranger.
Des auteurs de menaces pourraient également entretenir des relations avec certaines cibles de sorte à les manipuler pour obtenir des faveurs et des informations utiles, ou encore mener des activités de financement illicites ou corrompues. Je tiens également à souligner que les auteurs de menaces peuvent faire appel à d'autres acteurs qui servent d'intermédiaires pour mener ces activités.
[Traduction]
Il ne s'agit là que de quelques-unes des techniques utilisées par ces acteurs étatiques pour influencer à leur avantage le discours public, le comportement des Canadiens et même les processus démocratiques du pays.
Le SCRS a également observé des cyberattaques, des campagnes de désinformation et des activités d'espionnage menées à ces fins. Tous ces facteurs font de l'ingérence étrangère une menace complexe et persistante pour la souveraineté du Canada. Cela dit, je vous assure que le SCRS prend très au sérieux toutes les allégations d'ingérence étrangère et qu'il fait appel aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi sur le SCRS pour mener des enquêtes, conseiller le gouvernement et, au besoin, prendre les mesures nécessaires pour atténuer la menace. L'une des façons d'amortir les effets néfastes de l'ingérence étrangère est de renforcer la résilience du pays à cet égard.
Lors de divers forums, le SCRS a informé le public afin de mettre en garde les Canadiens contre ces techniques et de leur apprendre différentes façons de se protéger. Le Service a également donné des briefings axés sur la défense à des représentants élus de tous les ordres de gouvernement partout au Canada. L'aspect qui est possiblement le plus important de ces efforts est la collaboration du SCRS avec les communautés canadiennes. Le Service a clairement indiqué que la principale menace pour le Canada provient de la République populaire de Chine, ou RPC, en veillant toutefois à préciser que la menace n'émane pas des Chinois, mais bien du Parti communiste chinois et du gouvernement de la Chine. Le SCRS est d'ailleurs parfaitement conscient que les communautés chinoises sont les premières à être victimes des activités d'ingérence étrangères menées au Canada par la RPC.
[Français]
Le Service continue aussi à investir des efforts notables dans l'établissement de relations avec des citoyens, des communautés et leurs leaders pour gagner et maintenir un sentiment de confiance, leur offrir l'appui dont ils ont besoin et établir des partenariats afin d'assurer leur protection. Il convient toutefois de rappeler que ces efforts ne se limitent pas aux communautés sino-canadiennes.
[Traduction]
Pour conclure, j'aimerais réitérer que le SCRS prend très au sérieux les allégations de divulgation non autorisée d'informations classifiées. Ce genre d'incidents pourrait en effet révéler aux adversaires du Canada — qui sont toujours aux aguets — des sources, des méthodes et des techniques de nature sensible, ce qui pourrait ensuite menacer l'intégrité des opérations, voire la sécurité physique des sources humaines et des employés du Service. En outre, la divulgation de telles informations pourrait ultimement nuire à la capacité du SCRS de protéger les Canadiens. Par conséquent, je tiens à rappeler au Comité que, comme c'était le cas lors de nos récentes comparutions devant celui‑ci ou d'autres comités parlementaires, les informations dont je peux vous faire part dans un environnement non classifié sont plutôt limitées. Le SCRS ne peut pas émettre de commentaires publics au sujet des dossiers et des besoins opérationnels, et ce, dans l'optique de protéger la sécurité des Canadiens. Cela dit, je suis heureux de pouvoir tenir une discussion franche et aussi transparente que possible au sujet des menaces posées par l'ingérence étrangère au Canada.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente, et bonjour à tous.
C'est avec plaisir que je témoigne devant le Comité pour discuter de l'ingérence étrangère dans les élections. Je suis accompagné par un autre membre du groupe d'experts qui administre le Protocole public en cas d'incident électoral majeur, M. Rob Stewart, sous-ministre du Commerce international et ancien sous-ministre de la Sécurité publique.
Je remercie le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'étudier la question de l'ingérence étrangère dans les élections. La protection du processus électoral du Canada contre l'ingérence est essentielle si nous voulons que les processus démocratiques canadiens demeurent légitimes, fiables et dignes de confiance.
Madame la présidente, le Protocole public en cas d'incident électoral majeur a été mis sur pied avant les élections générales de 2019 dans le cadre du plan établi pour protéger la démocratie canadienne au moyen d'un certain nombre de mesures visant à protéger les institutions et les processus démocratiques au pays, notamment les élections.
Le plan met en place un effort pangouvernemental reposant sur quatre piliers, c'est‑à‑dire l'accroissement de l'état de préparation des citoyens, le renforcement de la préparation des organisations, la lutte contre l'ingérence étrangère et le maintien d'un écosystème d'information en santé.
Le Protocole public en cas d'incident électoral majeur prévoit un processus simple, clairement établi et impartial permettant de signaler aux Canadiens toute menace à l'intégrité des élections générales au niveau national ou au niveau d'une ou de plusieurs conscriptions pendant les périodes de transition électorale. Le gouvernement a mis sur pied un groupe d'experts pour instaurer une surveillance rigoureuse et non partisane des élections ainsi qu'un processus permettant d'informer les Canadiens de tout incident ou de toute série d'incidents qui pourrait nuire à la capacité de tenir des élections libres et justes au pays. Les décisions concernant les annonces publiques sont prises par consensus, c'est‑à‑dire avec l'assentiment de tous les membres du groupe d'experts.
Ce sont les membres du groupe d'experts qui déterminent si le seuil au‑delà duquel les Canadiens doivent être informés de l'existence d'une menace à l'intégrité des élections générales a été atteint. Le seuil élevé qui doit être franchi pour faire une annonce publique se limite aux circonstances exceptionnelles découlant d'un incident ou d'une série d'incidents qui pourraient compromettre la capacité des Canadiens à tenir des élections libres et justes.
Les incidents en question doivent poser un risque important pour les droits démocratiques des Canadiens, ou être susceptibles de miner la crédibilité du processus électoral.
Il faut souligner que les annonces faites par le groupe d'experts sont une mesure de dernier recours. D'autres acteurs de l'écosystème peuvent aussi intervenir publiquement avant qu'une annonce publique ne soit nécessaire. Par exemple, les médias peuvent dénoncer de la désinformation, ou un candidat peut de son propre chef fournir des correctifs. La société civile joue elle aussi un rôle clé dans la vérification des faits et la correction des messages fallacieux.
Le protocole est assorti d'un mandat limité. Il est seulement lancé pour répondre à des incidents qui surviennent dans les périodes de transition électorale et qui ne tombent pas dans les domaines de responsabilité d'Élections Canada énumérés dans la Loi électorale du Canada.
Au cœur du protocole se trouvent les membres du groupe d'experts qui apportent différentes perspectives à la table décisionnelle selon leur expérience respective dans le domaine de la sécurité nationale, des affaires étrangères et de la gouvernance démocratique. Ces hauts fonctionnaires possèdent une connaissance approfondie des droits démocratiques inscrits dans la Charte canadienne des droits et libertés.
Pendant les élections de 2019 et de 2021, les membres du groupe d'experts ont reçu sur une base régulière et fréquente des mises à jour sur la sécurité présentées par le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, ou Groupe de travail sur les MSRE, y compris des rapports de situation quotidiens pendant la période électorale. Comme vous le savez, les membres du Groupe de travail sur les MSRE proviennent du SCRS, du CST, de la GRC et d'Affaires mondiales Canada. Des représentants de chacun de ces organismes ont d'ailleurs témoigné devant le Comité.
En outre, la directive du Cabinet sur le protocole établit très clairement que tout organisme de sécurité nationale qui prend connaissance d'une forme d'ingérence doit prendre en considération toutes les options qui permettraient de la contrer efficacement.
Dans le cadre du processus, ces organismes informent le groupe d'experts de l'incident, mais ils peuvent en outre informer directement le parti touché, à moins de motifs liés à la sécurité nationale ou à la sécurité publique. Comme le sait le Comité, la menace liée à l'ingérence étrangère est toujours présente. Lors des deux dernières élections, le groupe d'experts n'a toutefois pas décelé d'activités qui atteignaient le seuil lié à ces élections. Lors de mon dernier témoignage devant le Comité, le 13 décembre dernier, j'ai parlé de la présence constante de la menace tout en précisant qu'à ma connaissance, aucune hausse marquée de l'ingérence étrangère n'avait été observée pendant les élections de 2019 ou de 2021. C'est encore le cas aujourd'hui.
Comme le sait le Comité, les rapports Judd et Rosenberg ont confirmé que le seuil suivi par le groupe d'experts était approprié et qu'il devait être utilisé seulement en dernier recours.
Avant de conclure, madame la présidente, j'aimerais dire quelques mots en tant qu'ancien conseiller à la sécurité nationale et au renseignement, rôle que j'ai assumé de façon intérimaire dans la deuxième moitié de l'année 2021, période où ont eu lieu des élections, avant que Jody Thomas entre en fonction au début de 2022.
Je vais m'abstenir, comme l'a fait Mme Thomas, de formuler des commentaires sur des reportages en particulier publiés dans les médias, mais je veux souligner — les membres du Comité le savent déjà — qu'un débat se déroule en ce moment sur la publication par des médias réputés d'articles faisant état de documents de renseignements hautement classifiés qui décrivent les méthodes que des puissances étrangères ont utilisées pour influer sur les plus récentes élections canadiennes. Il y est question entre autres d'activités carrément illégales consistant à verser de l'argent à des candidats au moyen de stratagèmes. Comment ce qui est rapporté peut‑il se produire alors que des experts, dont moi, maintiennent qu'aucune forme d'ingérence étrangère qui aurait pu compromettre la capacité du Canada à tenir des élections libres et justes n'a été détectée lors des élections de 2019 ou de 2021 au niveau national ou au niveau des circonscriptions? Comment ces deux points de vue sont-ils conciliables?
Une bonne partie de la réponse se trouve dans les questions soulevées récemment par la professeure Stephanie Carvin de l'Université Carleton dans les médias sociaux. Les mêmes questions sont également le thème central d'une entrevue accordée récemment par l'ancien greffier du Conseil privé Ian Shugart, qui, comme vous le savez, était membre du groupe d'experts en 2019.
Les questions clés sont les suivantes: qu'entend‑on par renseignement et comment est‑il utilisé? Sans reprendre intégralement les propos de Mme Carvin et de M. Shugart, je vous dirais que les rapports de renseignements brossent rarement un tableau complet, concret ou exploitable. Ils s’accompagnent presque toujours de nombreuses mises en garde et de réserves destinées à inciter les consommateurs de renseignement comme moi à ne pas tirer de conclusions hâtives, mais ils nous permettent au moins d’en savoir plus sur la situation.
Par exemple, certains rapports se fondent sur « une source non corroborée dont la fiabilité est incertaine ». En termes simples, ces rapports sont fondés sur des rumeurs. Je suis très fier de vivre dans un pays où même les informations provenant d'une source dont la fiabilité est incertaine sont portées à un niveau supérieur, car ces informations permettent aux personnes qui, comme moi, consomment quotidiennement du renseignement, à commencer à se faire une idée de la situation et des mesures qui pourraient être prises si ces mêmes informations s'avéraient exactes ou qu'elles s'inscrivaient dans une tendance plus globale. Il est toutefois rarissime de tomber sur un rapport de renseignements suffisamment concret pour constituer une preuve. Le renseignement est un ensemble d'éléments disparates dont bon nombre, au moins dans un premier temps, ne semblent pas s'imbriquer.
Gardons en tête que les individus qui se livrent à des activités répréhensibles ne veulent pas que nous sachions ce qu'ils font. Ce n'est qu'après avoir lu tout un corpus de renseignements constitué au fil du temps qu'il est possible de se faire une idée approximative du quoi et du pourquoi. Il existe, madame la présidente, des exemples historiques patents de renseignements qui se sont avérés complètement erronés même lorsque le tableau de la situation commençait enfin à émerger. La guerre en Irak me vient à l'esprit.
Dans cette optique, je soulignerais un dernier point. Les renseignements qui font l'objet de fuites et qui sont lus hors de son contexte, en l'occurrence les rapports venant d'une source unique non corroborée... Ceux qui considèrent automatiquement ces rapports comme des faits risquent de mettre à mal la sécurité nationale du Canada. Je pense que Jody Thomas a tenté de faire valoir ce point hier. Les adversaires du Canada souhaitent avant tout diviser les Canadiens et les amener à remettre en question les institutions qui protègent leur sécurité et leurs libertés, notamment le processus électoral. Nous devons prendre au sérieux toutes les possibilités d'ingérence étrangère, même si les seules informations dont nous disposons sont douteuses ou partielles. Sachez que c'est ce que nous faisons. Toutefois, au‑delà de tout cela, il faut prendre le renseignement pour ce qu'il est, et non pas pour ce qu'il n'est pas, à défaut de quoi la situation s'aggravera.
Merci.
Je veux citer les propos d'Ian Shugart, dont vous avez parlé pendant votre allocution d'ouverture, monsieur Morrison. M. Shugart, ancien greffier du Conseil privé et membre du groupe d'experts en 2019, a déclaré récemment à CBC que le groupe d'experts aurait été prêt à intervenir et à aviser la population si une situation s'était présentée, qu'elle ait concerné une ou deux circonscriptions ou que problème ait été d'envergure nationale. Tout aurait dépendu de la nature de l'intervention.
Il a ajouté qu'il faut comprendre que l'information est souvent parcellaire et incomplète au sens où on a des indications d'intérêt, mais que c'est loin d'avoir un effet. Intervient‑on parce que l'autre côté est intéressé ou est peut-être même à l'œuvre? Non, on n'intervient pas nécessairement, car on peut simplement vouloir recueillir plus de preuves ou on n'a peut-être pas des preuves suffisamment éclatantes des intentions de l'autre côté.
Les organismes de renseignement surveillent donc la situation avec attention et continuent de glaner des informations, mais à aucun moment au cours des élections de 2019, les membres du groupe d'experts n'ont reçu d'informations indiquant que la désinformation avait un potentiel perturbateur tel qu'elle pourrait influencer le résultat des élections, que ce soit à l'échelle locale ou nationale. Le groupe d'experts avait le mandat et le pouvoir d'intervenir à l'échelle locale ou internationale.
Monsieur Morrison, je pense que dans votre allocution d'ouverture, vous avez déjà fait référence à la nature parcellaire des informations qui sont réunies pour en arriver à des conclusions approximatives. Souhaitez-vous réagir à la déclaration de M. Shugart?
:
C'est une question très importante, dont Ian Shugart, qui a été membre du groupe d'experts en 2019, a traité dans ses remarques, auxquelles référence a déjà été faite aujourd'hui, je pense.
Le seuil existe à l'échelle nationale et dans les diverses circonscriptions, car, comme on vient de le souligner, du point de vue mathématique, ce qui se passe dans une ou plusieurs circonscriptions peut avoir une incidence à l'échelle nationale.
Permettez-moi de dire, comme M. Shugart l'a fait avant moi, que le contexte dans lequel les allégations sont faites ou l'ingérence est examinée est très important, et le seuil à partir duquel le groupe d'experts peut intervenir est très élevé. Le rapport Judd sur les élections de 2019 et le rapport Rosenberg sur les élections de 2021 confirment que le seuil est adéquat, compte tenu du mandat du groupe d'experts.
J'ajouterais que, comme j'ai tenté de le dire pendant mon allocution, le groupe d'experts n'est qu'un des mécanismes qui existent et qu'il est là en dernier recours. Si quelque chose se passe dans une circonscription ou à l'échelle nationale, d'autres instances peuvent agir, y compris les partis ou les candidats.
La réponse à la question est oui. Le seuil s'applique également dans les diverses circonscriptions.
Je vous remercie.
:
Encore une fois, c'est une question très importante.
[Traduction]
J'ai utilisé l'exemple de ce qui s'est passé en Irak pour montrer que, même si une communauté de renseignement s'accorde sur un point de vue, celui‑ci peut parfois être erroné. Je pense donc qu'il est tout à fait justifié que notre système, comme tous les systèmes pluralistes, accueille un éventail de points de vue sur n'importe quel sujet, en particulier sur quelque chose d'aussi menaçant que l'ingérence étrangère.
Je n'ai absolument pas l'intention de remettre en question l'expertise, l'autorité et le jugement de nos agences de sécurité sur les questions d'ingérence étrangère, mais, pour toutes les raisons que j'ai tenté d'exposer ici aujourd'hui, il ne s'agit que d'une des sources d'information qui alimentent le processus d'élaboration des politiques.
Le renseignement n'est pas la vérité, et il est souvent inexact, ou partiel, ou incomplet, ou en fait conçu pour nous faire dévier de notre chemin, et je pense donc qu'il est... Il n'y a pas de tensions entre Affaires mondiales Canada et le SCRS. Nous avons des débats sains, comme le Canada s'y attendrait, devant des enjeux de l'ampleur de l'ingérence étrangère, et je m'attends à ce qu'il y ait aussi de bons débats au sein du SCRS, compte tenu de l'image que j'ai essayé de brosser de ce qu'est le renseignement et de ce qu'il n'est pas.
:
Je vous remercie de cette question. Elle va me permettre, je l'espère, de clarifier les choses.
Dans le cas évoqué, à savoir l'élection de 2021, pour laquelle j'étais membre du groupe d'experts, nous avons déterminé, à l'issue d'une série de réunions et de discussions approfondies fondées sur les renseignements fournis au groupe, qu'un seuil n'avait pas été atteint. Je précise qu'il ne s'agit pas d'une ligne de démarcation nette, mais d'un jugement de valeur de la part du groupe. En fait, cela signifie que nous n'avons pas défini de seuil puisqu'il n'a pas été atteint.
Cependant, nous pouvions observer des signes d'ingérence étrangère. En effet, je pense que tout le monde sait depuis longtemps que c'est un problème récurrent. Les rapports des agences de renseignement et les rapports du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, entre autres, soulignent que le renseignement étranger pose problème et que ce problème prend de l'ampleur, comme l'a dit M. Morrison.
Je pense que le problème consiste à comprendre ce que l'on voit sur le terrain et à savoir si les campagnes sur les médias sociaux, par exemple, sont le reflet de la politique du jour, ou si elles sont en fait orchestrées par des acteurs étrangers. Il s'agit là d'une zone grise très difficile à cerner.
:
Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, monsieur Morrison, je tiens à vous présenter des excuses pour ce que vous subissez aujourd'hui, et je parle en particulier des plus récentes tirades.
Je peux vous dire que je trouve réconfortant — parce que je me consacre entièrement au déroulement d'une élection pendant la période électorale — de savoir qu'il y a des gens comme vous qui veillent sur le processus démocratique dans notre pays pendant ces périodes. Je le dis en toute sincérité. Nous n'avons pas le temps de nous occuper de cela, et le gouvernement n'a pas le temps de s'en occuper. Pour un influenceur étranger, il s'agit du moment idéal pour agir sur notre démocratie, et de nombreux députés — je dirais même la grande majorité — sont réellement heureux de savoir qu'il existe un groupe chargé de protéger notre démocratie et d'agir le cas échéant, au contraire de la façon dont vous avez été traités aujourd'hui pour ce qui est de la qualité de votre travail.
Monsieur Morrison, j'aimerais revenir sur quelque chose que vous avez dit. J'ai regardé et voici ce que vous avez dit:
les rapports de renseignement brossent rarement un tableau complet, concret ou exploitable. Ils s’accompagnent presque toujours de nombreuses mises en garde et de réserves destinées à inciter les consommateurs de renseignements comme moi à ne pas tirer de conclusions hâtives, mais ils nous permettent au moins d’en savoir plus sur la situation.
Par exemple, certains rapports se fondent sur « une source non corroborée dont la fiabilité est incertaine ». En termes simples, ces rapports sont fondés sur des rumeurs.
Ce que vous dites, si je vous comprends bien, c'est que vous recevez sur votre bureau de nombreux rapports de renseignements. Certains pourraient se révéler tout à fait légitimes et être vérifiés en fonction de la manière dont vous évaluez les variables et les mises en garde qui s'y rapportent, mais d'autres pourraient être complètement absurdes, peu fiables et sans fondement. Est‑ce exact?
:
Tout d'abord, madame la présidente, l'écran n'arrête pas de vaciller, comme s'il voulait s'éteindre et se rallumer. Il y a peut-être moyen d'arrêter ce vacillement.
Oui, madame la présidente, j'en conviens, un rappel au Règlement sert à aborder un point sur la manière dont s'est déroulée la réunion et non de débattre d'un point qu'on aimerait avoir eu la possibilité de présenter.
Pour ce qui est du recours au Règlement, une motion a été déposée hier soir. Après quoi, une motion d'ajournement a été proposée et le Comité a levé la séance. Chaque fois que le Comité reprend après cela, la motion qui faisait l'objet du débat n'est pas automatiquement reprise. L'auteur de la motion doit présenter la motion de nouveau à sa propre discrétion et selon sa propre décision.
M. Cooper a clairement entendu M. Julian dire tout à l'heure qu'il allait présenter une motion, alors plutôt que de suivre les pratiques habituelles, soit de permettre aux témoins de partir avant d'aborder les travaux du Comité, M. Cooper a tenté de saisir l'occasion pour contourner le fait qu'il savait que M. Julian allait procéder de la sorte.
Pour ce qui est du rappel au Règlement, aucune motion n'est officiellement déposée à l'heure actuelle parce que nous avons levé la séance hier soir et que nous la reprenons maintenant, et je crois qu'il vous incombe de respecter les règles et de laisser la parole à M. Julian d'abord.
:
En ce qui concerne mon rappel au Règlement, madame la présidente, je souligne simplement qu'hier, après six heures de travail, nous étions sur le point d'en finir avec une motion pour laquelle un avis avait été reçu à l'avance, en priorité sur celle de M. Julian.
Maintenant, nous pouvons nous montrer raisonnables et nous atteler aux travaux d'hier qui ont été interrompus par M. Julian hier soir et en finir par un vote pour ou contre mon sous-amendement, passer à l'amendement de M. Julian, passer à ma motion principale et après, passer à la motion de M. Julian.
C'est tout à fait raisonnable, après tout, si M. Julian est sincère quant à son désir de voir Mme Katie Telford comparaître devant notre comité. À mon avis, il est tout à fait prêt à traiter mon sous-amendement plutôt mineur, à laisser le Comité voter sur ce sous-amendement, puis à traiter son propre sous-amendement.
Dans mon sous-amendement, je proposais de former un groupe d'experts avec les cheffes de cabinet, les présidents de la campagne nationale de tous les partis. La seule cheffe de cabinet qui n'en ferait pas partie serait Mme Telford. Si le Comité vote contre, eh bien, le Comité vote contre.
Je n'essaie pas de paralyser le Comité. Je voudrais juste traiter la motion de M. Julian dont nous avons reçu l'avis aujourd'hui, mais pour cela, je pense qu'il est tout à fait raisonnable, étant donné le temps passé à débattre hier, que, le plus rapidement possible, nous...
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je vais lire, pour le compte rendu, la motion que j'ai transmise hier matin. Elle a été distribuée mardi après-midi au Comité et, bien sûr, j'ai également signalé ce matin que je la proposerai immédiatement après le groupe d'experts. Par conséquent, il y a eu suffisamment d'avis dispensés à tous les partis pour qu'ils sachent que j'allais proposer cette motion, quand j'allais la proposer et comment j'allais la proposer.
Je vais lire la motion pour le compte rendu. Et j'aurais quelques commentaires après cela, madame la présidente.
Que le comité fasse rapport à la Chambre qu'il demande au gouvernement du Canada de lancer une enquête publique nationale sur les allégations d'ingérence étrangère dans le système démocratique canadien, y compris, mais sans s'y limiter, les allégations d'ingérence dans les élections générales par des gouvernements étrangers;
Que cette enquête soit dotée de tous les pouvoirs nécessaires pour convoquer des témoins du gouvernement et des partis politiques, y compris, mais sans s'y limiter, les ministres, les anciens ministres, les chefs de cabinet du premier ministre et du chef de l'opposition officielle pendant les campagnes électorales fédérales de 2019 et 2021 et les directeurs de campagne nationaux pour les campagnes électorales fédérales de 2019 et 2021 du Parti libéral du Canada et du Parti conservateur du Canada;
Et que cette enquête ait le pouvoir d'ordonner et d'examiner tous les documents qu'elle juge nécessaires pour ce travail, y compris les documents qui sont liés à la sécurité nationale.
Je suis heureux d'avoir enfin été en mesure de proposer cette motion, après deux jours et après une heure de cirque procédural.
Madame la présidente, j'aimerais commencer par déclarer que je crois que M. Cooper, par ses actions, m'a convaincu de la nécessité d'une enquête publique nationale, parce que nous avons assisté à un cirque tant hier soir qu'aujourd'hui. C'est la preuve incontestable que nous avons besoin d'une enquête publique nationale non partisane pour obtenir des réponses pour les Canadiens. De quelles réponses parle-t‑on? Eh bien, certainement, des allégations troublantes, à mon avis, sont ressorties des reportages publiés par Robert Fife et Steven Chase dans le Globe and Mail et par Sam Cooper de Global News. Parmi ces allégations, comme je l'ai affirmé plus tôt aujourd'hui, il pourrait y avoir des violations de la Loi électorale du Canada. Ces allégations sont très graves.
Je suis en profond désaccord avec la déclaration du affirmant qu'une enquête publique nationale, à son avis, n'est pas justifiée. Le député de Burnaby—Sud, , s'est prononcé à ce sujet dimanche, comme vous le savez. D'autres partis politiques l'ont fait par la suite. L'idée que le Comité indique à la Chambre qu'une enquête publique nationale est le meilleur moyen de s'assurer que les Canadiens obtiennent des réponses devrait faire consensus.
Certains diront qu'il faut circonscrire l'enquête à l'influence exercée par Pékin sur les élections. J'aimerais rappeler aux membres du Comité la déclaration d'un témoin du 3 novembre 2022, que je cite:
Les opérations d'information et d'influence russes sont persistantes et en croissance. Elles ne s'allument pas et ne s'éteignent pas avec les cycles électoraux et se sont intensifiées depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
Il poursuit:
L'objectif principal et permanent de la Russie est de miner et de déstabiliser notre démocratie en exploitant les enjeux les plus polarisants de l'heure.
Il affirme encore:
Ces attaques touchent notre environnement et nos choix politiques tous les jours, pas seulement en période électorale.
Des allégations suggèrent que l'ingérence de Pékin pourrait avoir touché jusqu'à 11 candidats. Ces allégations doivent être examinées dans le cadre d'une enquête publique nationale.
La Russie suscite des inquiétudes constantes, pas seulement dans les articles publiés par le National Observer, mais aussi, comme je l'ai mentionné hier, à la School of Public Policy de l'Université de Calgary, qui a indiqué explicitement dans ses recherches que des agents de l'État russe participaient à des activités de désinformation, et, bien sûr, chez des témoins ayant comparu devant notre comité.
Ces observations excluent-elles d'autres gouvernements étrangers ou acteurs étatiques? Bien sûr que non. Voilà pourquoi je crois qu'il faut inclure les allégations d'ingérence étrangère dans le régime démocratique canadien dans le mandat de cette enquête publique nationale et ne pas la limiter à l'une ou l'autre des puissances étrangères qui s'ingèrent potentiellement dans notre démocratie et dans nos élections générales.
Qui devrait être convoqué? Nous offrons des lignes directrices à cet égard, mais il est manifeste que les allégations jusqu'à maintenant indiquent la présence de liens avec la campagne du Parti libéral et la campagne du Parti conservateur, et nous croyons que des lignes directrices doivent être fournies dans le cadre de l'enquête publique nationale.
Croyons-nous que certaines personnes doivent être emprisonnées et que d'autres noms doivent ressortir? Il est clair que non, bien qu'une enquête publique nationale ait le pouvoir de se pencher sur les témoignages qu'elle juge pertinents, alors la liste proposée n'est pas contraignante du tout. Toutefois, il importe aussi que l'enquête publique nationale ait le pouvoir d'ordonner la production de tous les documents et de les examiner, y compris les documents relatifs à la sécurité nationale.
Il s'agit d'un enjeu qui inquiète les Canadiens, un enjeu sur lequel nous devons nous prononcer. Je propose la présente motion pour cette raison, et j'espère que nous pourrons l'envoyer à la Chambre par consensus, pour indiquer au gouvernement qu'il faut agir sur cette question dans le cadre d'une enquête publique nationale indépendante et non partisane.
[Français]
À la lumière de toutes les allégations sérieuses d'ingérence chinoise et russe, qui pourraient aussi inclure des violations de la Loi électorale du Canada, il me semble important, comme l'a si bien dit dimanche passé, de mener une enquête nationale publique non partisane. On a vu tout à l'heure combien la partisanerie peut mener à un cirque plutôt qu'à une enquête valable et importante.
Par conséquent, nous demandons simplement que notre comité présente un rapport à la Chambre et qu'il demande par la suite au gouvernement de mener une enquête nationale publique. Le a dit qu'on n'en avait pas besoin, mais je crois, moi, qu'il est très important d'en faire une afin d'obtenir toutes les réponses dont les Canadiens et les Canadiennes ont besoin.
Merci, madame la présidente.
Madame la présidente, comme je le disais, il ne fait aucun doute qu'il existe d'autres acteurs étatiques étrangers malveillants — dont la Russie, tel que l'a précisé M. Julian — et qu'il nous faut prendre ces menaces au sérieux, mais en même temps, la plus grande menace pour le Canada est celle que représente le régime communiste de Pékin. Nos services de sécurité et du renseignement ont été clairs à ce propos. C'est ce que nous ont dit ce matin les représentants du Service canadien du renseignement de sécurité, ou le SCRS.
De plus, il y a eu des reportages alarmants sur une vaste campagne très élaborée d'ingérence dans nos élections de 2019 et 2021, fondés sur un examen de documents du SCRS par des journalistes de renom. Bien que cette ingérence n'ait eu aucune incidence que ce soit sur les résultats d'ensemble des élections de 2019 ou de 2021, elle a eu, ou pourrait avoir eu, une incidence dans certaines circonscriptions.
Même s'il y avait eu incidence dans une seule circonscription, ce devrait être une source de grave inquiétude pour tous les Canadiens pour qui il importe de protéger notre démocratie et nos institutions démocratiques. Seuls les Canadiens, et non des acteurs étatiques étrangers hostiles, doivent décider du résultat des élections, tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle des circonscriptions.
Face à ces allégations, je crois que ce qui convient pour que l'enquête aille au cœur de la question de l'ingérence, c'est une enquête ciblée qui puisse produire un rapport très prochainement. J'espère que ce pourrait être avant les prochaines élections, qui pourraient avoir lieu à tout moment. Il ne serait pas souhaitable d'avoir une enquête de large portée dont le rapport ne serait publié possiblement que dans un an ou deux. Nous avons besoin de réponses, et nous en avons besoin maintenant. Voilà pourquoi il est logique de recourir à une enquête ciblée et restreinte, qui porte sur les allégations et révélations très précises qui ont été faites.
L'autre aspect de cet amendement vise à garantir que , le premier ministre, ne puisse pas nommer le commissaire unilatéralement. Nous...
:
Merci, madame la présidente.
Nous ne croyons pas qu'il soit opportun que , le premier ministre, puisse décider unilatéralement qui dirigera cette enquête. Le premier ministre se trouve en conflit d'intérêts, dans la mesure où des allégations graves, dans un reportage de Global News la semaine dernière, stipulent que plusieurs de ses conseillers principaux ont été informés par le SCRS en 2019 d'un candidat libéral aujourd'hui député qui aurait eu l'aide du consulat de Pékin à Toronto lors de sa campagne d'investiture, un cas sur lequel ils auraient fermé les yeux. Ils n'ont rien fait à ce propos, face à ces avertissements du SCRS. En outre, nous n'avons obtenu aucune réponse de la part du quant à la véracité de ces assertions. Il a refusé de répondre à des questions élémentaires, y compris à savoir s'il en avait été informé.
Il va sans dire que le Bureau du premier ministre s'occupe d'enjeux qui vont au cœur du sujet de cette enquête, et le cœur du sujet est de savoir ce que savait le , quand il l'a su et ce qu'il a fait exactement, ou pas, au sujet de l'ingérence de Pékin dans nos élections. Pour que cette enquête inspire confiance, elle doit non seulement procéder de manière impartiale et juste, mais aussi être perçue comme telle. Mon amendement à la motion de M. Julian permettrait d'atteindre cet objectif. Il donnerait l'occasion à tous les leaders en Chambre des partis reconnus de s'entendre de manière unanime sur la personne qui devrait diriger cette enquête.
Bien que cette enquête soit importante, il compte tout autant de reconnaître qu'une bonne partie du travail du commissaire et des membres du groupe pourrait se faire à huis clos, c'est‑à‑dire pas en public, compte tenu des documents classifiés et des autres renseignements qui pourraient faire l'objet d'un examen en vertu de l'enquête. Étant donné les allégations très graves, étant donné les révélations presque quotidiennes exposant de nouveaux aspects, de nouveaux enjeux, de nouveaux scandales concernant l'ingérence de Pékin dans les élections de 2019 et 2021, il ne suffit pas d'affirmer simplement que nous devrions laisser l'enquête suivre son cours derrière des portes closes pour, en fin de compte, nous retrouver avec un rapport lourdement caviardé.
Je le répète, nous sommes en faveur d'une enquête, mais pas si elle doit remplacer les travaux en cours du Comité sur l'ingérence étrangère dans les élections et les travaux qu'on nous a chargé d'entreprendre précisément en ce qui concerne l'ingérence de Pékin dans les élections de 2019 et 2021.
L'avis du SCRS sur la façon de répondre à l'ingérence étrangère se fonde sur la lumière et la transparence. Le SCRS conseille d'informer la population de cette ingérence. Notre comité offre un forum pour obtenir cette lumière et cette transparence maintenant, et pour obtenir des réponses maintenant, même si nous ne pourrons peut-être pas les obtenir toutes. Voilà pourquoi je soutiens l'objectif de la motion de M. Julian, qui est de démarrer une enquête.
À mon avis, l'arrêt des travaux de ce comité nous empêcherait de découvrir la vérité et le fin fond de cette affaire. Nous devons poursuivre notre travail. Nous devons continuer à entendre des témoins et à insister sur la production de documents. Nous devons entendre de nombreux témoins, y compris Katie Telford, la cheffe de cabinet du . Ce dernier a affirmé que, lorsqu'on s'adresse à Katie Telford, c'est comme si on s'adressait à lui. Elle représente un témoin clé pour découvrir le fin fond de l'affaire, c'est‑à‑dire pour déterminer ce que le premier ministre savait, quand il a appris la situation et ce qu'il a fait ou omis de faire pour mettre fin à l'ingérence de Pékin dans notre élection.
Dans ce contexte, je crois que l'amendement trouve le juste équilibre et reflète l'ouverture et la transparence de ce comité afin que nous continuions — aujourd'hui, la semaine prochaine et dans les prochaines semaines — à en apprendre davantage sur cette ingérence alarmante. Jusqu'à présent, le a été tout sauf transparent sur cette ingérence alors qu'il tente d'esquiver et de bloquer les questions, et de dissimuler son inaction, selon les renseignements obtenus jusqu'à maintenant.
J'aurai probablement d'autres commentaires à prononcer, mais je vais m'en tenir à ces observations pour l'instant. J'espère que cet amendement recevra suffisamment d'appui pour être adopté.
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Merci, madame la présidente.
Que savait le et quand l'a-t-il appris? Qu'est-ce que le premier ministre Justin Trudeau a fait, ou plutôt, qu'est-ce qu'il n'a pas fait, quand il a pris connaissance des nombreuses allégations d'ingérence de la part du régime chinois dans le processus démocratique au Canada? C'est la question fondamentale qui nécessite qu'une enquête publique soit lancée. D'ailleurs, le a démontré hier sa volonté d'aller dans cette direction.
Pourquoi? C'est parce qu'en tant que premier ministre du Canada, Justin Trudeau est celui qui est responsable, ultimement, de rendre des comptes à la population canadienne concernant toutes les questions de sécurité nationale et de respect de notre processus démocratique. Malheureusement, malgré le fait que le premier ministre a reçu plusieurs breffages sur l'ingérence étrangère du régime communiste chinois dans nos élections, comme nous l'avons appris et comme nous l'ont confirmé tous les témoins qui étaient au courant de la situation et qui ont été impliqués, jamais le bureau du premier ministre n'a jugé bon de faire connaître son inquiétude à la Gendarmerie royale du Canada ou au Service canadien du renseignement de sécurité. C'était comme si tout allait bien.
Je vous rappelle que les allégations sont quand même sérieuses. On parle de la création d'un réseau clandestin de 11 candidats qui auraient été soutenus financièrement par le régime chinois. On parle de supposés bénévoles qui n'auraient pas été tout à fait bénévoles et qui auraient été subventionnés par des gens proches du régime chinois pour aider des candidats dans leur campagne électorale. On parle de campagnes orchestrées pour faire réélire un gouvernement libéral minoritaire et défaire certains candidats conservateurs.
Il ne se passe pas une journée sans qu'on apprenne des choses dans les journaux ou sur les réseaux sociaux concernant l'ingérence du régime chinois dans notre processus démocratique.
On a appris aujourd'hui que la quantité d'informations et de preuves nécessaire pour que les candidats soient informés de l'ingérence du régime chinois dans une campagne électorale était tellement élevée que ce seuil était pratiquement impossible à atteindre.
Pourtant, la première défense du a été de dire que toutes les informations avaient été soumises au groupe chargé de déterminer si les élections avaient été entravées par de l'ingérence étrangère et que celui-ci avait jugé qu'il n'y avait pas eu d'ingérence étrangère dans nos élections et que le processus s'était déroulé pour le mieux. C'est la réalité: c'est ce qu'on a entendu depuis le début de la part du premier ministre. Soit dit en passant, c'est le premier ministre lui-même qui a mis en place ce groupe de travail. Cela prête à interprétation et soulève beaucoup trop de questions.
C'est pourquoi l'amendement de mon collègue est très pertinent. On ne peut pas simplement laisser au gouvernement le soin de décider qui va diriger cette enquête publique, puisque le gouvernement est dirigé par le , qui est lui-même directement impliqué dans de nombreuses allégations rapportées dans les médias, que ce soit du côté de Global News, dans The Globe and Mail, dans d'autres médias ou dans les fils d'actualité de journalistes.
De même, on doit absolument faire en sorte que cette enquête publique se fasse d'une manière responsable, en effet, mais qu'elle porte sur tous les partis politiques. C'est là que je tends la main à mon collègue du NPD, qui s'est fait l'apôtre du consensus et de l'unanimité, au début de sa présentation. Il disait effectivement que nous devions absolument mener cette enquête de manière non partisane, que nous devions absolument nous entendre et envoyer un message unanime à la Chambre des communes et au gouvernement disant que nous voulions une enquête qui allait refléter ce que nous voulons. Dans sa proposition, cependant, il oublie son propre parti. Il ne veut entendre personne du NPD. Il ne veut pas que la commission nationale d'enquête puisse entendre des gens du NPD.
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D'accord, alors je continue.
Monsieur Julian, si vous êtes à ce point convaincu de ce que vous affirmez, alors vous devez trouver que notre proposition est tout à fait légitime. Vous ne devriez avoir aucune crainte qu'une commission nationale d'enquête puisse également s'intéresser à tous les partis politiques. Si nous adoptons la motion dans la forme où elle a été présentée aujourd'hui et qu'elle est appuyée par la majorité des leaders à la Chambre, alors nous laisserons la personne qui aura été choisie à titre de commissaire décider de ce qui conviendra dans cette situation. Je pense que l'enquête elle-même révélera la même chose que ce que vous dites, monsieur Julian.
Nous avons eu beaucoup d'information non dite sur ce qui pouvait ou ne pouvait pas être rendu public. Parfois, le non-dit est plus important que ce qui est dit. Si cette enquête était menée derrière des portes closes et que nous ne pouvions malheureusement pas avoir d'information, cela porterait grandement atteinte au processus visant à faire la lumière sur l'ingérence étrangère du régime chinois. C'est pour cette raison que, parallèlement à l'enquête publique, le Comité doit absolument continuer son étude sur l'ingérence étrangère dans le processus électoral. Nous devons également maintenir notre demande visant à obtenir certains documents. C'est de cette façon que nous pourrons faire la lumière sur la situation.
En terminant, j'insiste pour dire que nous devons nous concentrer sur le rôle du régime chinois dans les élections de 2019 et de 2021. Ainsi, notre rapport ne portera pas sur une trop longue période et le contenu ne s'en trouvera pas trop dilué dans une trop grande quantité d'informations.
Les allégations sont claires, nettes et précises: un système a été organisé par le régime communiste chinois pour influencer les résultats des élections dans certaines circonscriptions du Canada et pour faire changer les intentions de vote des gens. Cela a été fait par toutes sortes de moyens et de techniques, allant de l'intimidation à la peur. Cela ne doit se produire ni au Canada ni dans aucune démocratie.
C'est la raison pour laquelle nous devons absolument nous concentrer sur ces allégations, qui ont d'ailleurs été démontrées dans de nombreux articles. Nous avons eu de nombreuses révélations à cet égard au cours des dernières semaines.
Dans tout cela, il ne faut pas oublier que les groupes de la diaspora qui sont ciblés par des gouvernements étrangers hostiles sont les premières victimes de cette situation. Elles sont les premières victimes, puisqu'on brime leur droit de voter en toute liberté dans notre pays. Ces gens méritent que nous allions au fond des choses et que nous fassions toute la lumière sur l'ingérence du régime chinois dans notre processus démocratique.
J'invite tous mes collègues à adopter nos amendements, et je tends la main particulièrement à mon collègue du NPD. Nos amendements sont simples et ils nous permettront d'atteindre le même but, c'est-à-dire faire la lumière sur l'ingérence étrangère. J'espère que mon collègue va accepter la main que nous lui tendons, afin que les partis de l'opposition parlent d'une même voix. Je rappelle que la situation pourrait se reproduire lors des prochaines élections, qui pourraient bien survenir plus vite que nous le pensons, étant donné que le gouvernement est minoritaire.
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Madame la présidente, je vous remercie de me donner l'occasion de parler de cet amendement à la motion de M. Julian.
Tout d'abord, je dois dire que je demeure indécis relativement à la motion principale. Je vois que cette motion contient de bons éléments. En effet, il est important de comprendre que l'ingérence étrangère ne se limite pas à un seul pays, comme nous l'ont dit les témoins qui ont comparu hier et aujourd'hui. On a mentionné trois ou quatre pays en particulier. Lorsqu'on leur a demandé de préciser le nombre de pays qui faisaient de l'ingérence ici, au Canada, les témoins n'étaient pas prêts à se limiter à quatre pays. Cet élément représente donc un avantage important de la proposition de M. Julian.
Cependant, sa motion a aussi certaines faiblesses. L'une d'entre elles, c'est le fait qu'une enquête publique nationale serait contrainte par les mêmes limites que celles auxquelles nous nous heurtons aujourd'hui. Il s'agit de savoir quelles sortes d'informations peuvent être divulguées au grand public sans mettre en péril nos alliances avec les services du renseignement de nos alliés, sans mettre en péril les méthodes que nos services utilisent pour contrer l'ingérence des autres pays et sans risquer carrément la vie de nos agents sur le terrain.
La motion contient donc certaines choses importantes et nous pouvons peut-être parvenir à une entente sur celles-ci. Il est important de trouver une façon non partisane d'enquêter sur cet important sujet, et là-dessus, encore une fois, je félicite mon collègue. Malheureusement, les députés d'une formation politique en particulier n'ont pas démontré jusqu'à maintenant qu'ils étaient capables de résister à la tentation de verser dans la partisanerie. J'en arrive à cette triste conclusion parce que cet amendement vise à réduire énormément la portée de la motion de M. Julian sans tenir compte des témoignages que nous avons entendus. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, c'est regrettable.
En ce qui concerne la proposition de M. Cooper, on joue à des jeux politiques et on vise particulièrement Mme Telford. Je trouve que cela n'aide pas du tout la situation.
De plus, on se limite à deux élections, alors qu'on sait bien que cela dure depuis plus que deux élections, comme l'ont démontré les témoignages.
Enfin, en me basant sur ce que j'observe depuis plus de 24 heures alors que nous siégeons en comité et que nous discutons de ces sujets, je crains que l'opposition officielle exerce un veto à la sélection de la personne qui présidera la commission d'enquête. Les députés de l'opposition me prouveront peut-être que j'ai tort. Si jamais c'est le cas, j'en serai heureux.
Je vais donc certainement voter contre cet amendement, parce que, pour les raisons que je viens d'énumérer, celui-ci dénaturerait la motion principale.
En ce qui concerne la motion principale, j'ai hâte d'écouter mes collègues. Ceux-ci pourraient présenter des propositions qui joueraient un rôle positif pour améliorer la motion principale.
Je me limiterai à ces commentaires.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'en arrive à mon argument.
Nous avons entendu différents experts dans leur domaine — qu'il s'agisse de la conseillère en sécurité nationale et au renseignement, du Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignements visant les élections, du directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, aujourd'hui, du Centre de la sécurité des télécommunications et de la GRC — affirmer sans équivoque qu'une enquête publique donnerait accès aux mêmes renseignements que ce que notre comité pourrait obtenir.
Je soulève ce point par rapport à la production de documents et à la convocation de témoins. À des fins de sécurité nationale, nous ne pouvons faire circuler dans un forum public de l'information qui aurait une incidence directe sur nos partenaires du renseignement du Groupe des cinq. Les répercussions, comme on l'a entendu avec le dernier groupe de témoins, seraient dévastatrices, non seulement pour notre alliance et nos partenariats, mais aussi pour nos actifs du renseignement partout dans le monde, y compris les membres des Forces armées canadiennes.
[Français]
Je sais très bien que la Garnison Saint‑Jean et le Collège militaire royal de Saint‑Jean sont situés dans la circonscription de Mme Normandin, et je suis sûre qu'elle ne veut pas mettre en péril la santé et la sécurité des membres des Forces armées canadiennes.
[Traduction]
Je m'oppose vertement à cet entêtement à discuter de notre refus de fournir ces renseignements. Nous ne pouvons les fournir, et ce n'est pas une question partisane. De tels renseignements ne peuvent se retrouver dans l'arène publique. Nous pouvons continuer à clamer haut et fort et à faire semblant que nous devrions obtenir des documents non caviardés alors que nous savons sciemment que c'est impossible. Plutôt que de faire des manigances au sujet de notre sécurité nationale, ne pourrions-nous pas confier le dossier à un autre forum d'intervenants détenant l'attestation de sécurité appropriée, par exemple le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement — le CPSNR — ou un autre groupe?
C'est ce qui m'irrite le plus dans cette discussion. Je n'invente rien: c'est ce que les experts nous disent. Nous ne pouvons diffuser cette information.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vais essayer d'être brève. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Ce n'est pas que je n'apprécie pas la présence de mes collègues, mais je suis convaincue qu'ils ont envie autant que moi de traiter efficacement ce dossier.
En ce qui a trait à l'amendement tel qu'il nous est proposé, je vais présenter mes propositions de sous-amendement en commençant par la fin de l'amendement. Plus tard, j'aurai besoin de la sagesse de notre greffière concernant une question de procédure, mais ce sera dans un deuxième temps. Il n'y a aucun stress, aucune presse.
À la fin de l'amendement, on suggère que la tenue d'une enquête indépendante publique, comme le réclament le Bloc québécois, le NPD et le Parti conservateur, n'aurait pas d'incidence sur la tenue d'une étude par les parlementaires au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je pense qu'il est pertinent de mener de front les deux en même temps, de la même façon qu'on l'a fait dans le cas de la commission Rouleau. Le comité parlementaire mixte a continué ses travaux malgré le fait que la commission Rouleau avait cours. Les mandats peuvent être différents, les questions qu'on peut poser peuvent être différentes, les recommandations qu'on peut faire peuvent être différentes de part et d'autre. Je pense que c'est absolument pertinent. L'un n'empêche pas l'autre d'exister.
En ce qui concerne la nomination de la personne qui sera responsable de tenir l'enquête publique indépendante, le Bloc québécois aussi martèle depuis le début qu'il est absolument nécessaire que cela se fasse d'un commun accord entre les partis. Je suis absolument d'accord sur cette portion de l'amendement. Je pense même que c'est la partie la plus importante de l'amendement. Si on veut rétablir la confiance des électeurs dans leurs institutions démocratiques, il est absolument nécessaire de s'assurer dès le départ que la personne qui mènera l'enquête a une forme de crédibilité. J'adhère entièrement à cette proposition.
On propose aussi d'ajouter à l'enquête un volet qui porterait sur les abus de gouvernements étrangers hostiles envers des groupes de la diaspora. On vient préciser quelque chose qu'on aimerait voir être étudié dans le cadre d'une enquête indépendante publique, sans limiter le mandat d'un éventuel commissaire. Je pense que c'est pertinent. On peut très bien mentionner d'entrée de jeu qu'il y a des éléments qu'on ne souhaite pas oublier dans la tenue d'une enquête. Compte tenu des différents éléments d'information qu'on a vus dans les médias, entre autres, en plus de ce que certains témoins nous ont dit ici, c'est pratiquement une lapalissade que de dire qu'il y a de l'ingérence étrangère qui touche plusieurs membres de diasporas ici. On ne peut pas passer à côté de cette question dans un contexte d'analyse de l'ingérence étrangère.
J'arrive à la portion de l'amendement qui rayerait le fait que les témoins comprendraient, sans s'y limiter, des ministres, des anciens ministres, et ainsi de suite. Je suis particulièrement favorable à l'idée qu'on se limite à mentionner qu'il s'agirait de témoins du gouvernement et de tous les partis politiques. Ainsi, l'éventuel commissaire pourrait convoquer un large éventail de personnes. Si on tient à avoir un commissaire qui serait nommé presque conjointement par l'ensemble des partis pour qu'on ait confiance en lui, c'est aussi pour lui donner un mandat large. Je pense que cet amendement répond à cette volonté qu'on aurait de ne pas lier les mains d'un éventuel commissaire.
J'en arrive maintenant à la première partie de l'amendement. C'est là que le bât blesse, à mon avis. Plutôt que de donner toute la latitude possible à un commissaire, on vient au contraire préciser qu'on veut s'attaquer à la question de l'ingérence chinoise dans les élections de 2019 et de 2021. Je suis convaincue qu'un commissaire qui aurait les coudées franches pour mener une enquête sur l'ingérence étrangère se pencherait sur la question de l'ingérence chinoise dans les élections de 2019 et de 2021. Je n'ai pas de doute là-dessus. On n'aurait pas besoin de l'aiguiller, il le ferait, car l'actualité le commanderait. Par contre, je ne voudrais pas qu'on limite d'entrée de jeu un commissaire en lui demandant de se pencher uniquement sur l'ingérence étrangère chinoise et uniquement dans le cadre de deux élections.
Pour ces raisons, je suis moins à l'aise devant la formulation de l'amendement qui touche le premier paragraphe de la motion initiale. C'est ici que j'attire l'attention de la greffière. Plutôt que de déposer un sous-amendement, j'aimerais savoir s'il est possible de scinder l'amendement en deux parties, de sorte que nous votions indépendamment sur chacune d'elles. J'aimerais bien pouvoir voter séparément sur la première partie de l'amendement et, dans un deuxième temps, voter sur le reste de l'amendement, plutôt que de procéder par sous-amendements successifs pour ensuite revenir à une proposition initiale.
Le cas échéant, est-ce une motion que je dois déposer maintenant ou est-ce le genre de motion qu'on doit déposer au moment où on est sur le point de voter un amendement?
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Merci, madame la présidente.
J'écoute très attentivement le débat sur cet amendement. J'aimerais exprimer quelques réflexions. Je trouve que mes collègues ont soulevé des points très importants.
Un bon nombre de témoins nous ont expliqué que les renseignements et les données en question sont très délicats et passent par un processus de collecte, de validation et d'évaluation. Je crois qu'on nous a dit que leur divulgation pourrait compromettre notre sécurité nationale. Je partage l'avis de Mme Romanado sur la motion initiale et l'amendement. L'amendement conserve le passage sur les documents liés à la sécurité nationale, ce qui, à mon avis, pose problème pour bien des raisons.
De façon générale, l'autre point qui me frappe par rapport à l'enquête publique est le fait que, selon ce que j'en comprends, le processus est en moyenne très long. Je ne sais pas si les membres aiment l'idée d'un processus quelconque qui durerait de deux à trois ans. Il me semble que c'est la durée normale.
Récemment, Wesley Wark a rédigé un article dans lequel il suggère, contrairement à certains autres qui préconisent une enquête publique, qu'il ne s'agit pas de la meilleure option. Une telle enquête peut notamment s'éterniser. Mentionnons aussi que ce processus peut créer des embûches comme celles que connaissent ce comité, ou d'autres comités parlementaires, lorsqu'ils se penchent sur des documents classifiés de nature aussi délicate.
Tous les témoins comptant une expertise dans ce domaine nous ont affirmé que, oui, nous devons promouvoir les connaissances sur la sécurité nationale et veiller à ce qu'une plus grande partie de la population soit consciente des menaces bien réelles à la sécurité nationale, que nous prenons tous très au sérieux. Or, tous ont souligné que nous ne pouvons nous y prendre de façon irréfléchie. Nous devons prendre très au sérieux les menaces et dangers réels de divulguer avec désinvolture de tels renseignements.
Il ne fait aucun doute que je les prends très au sérieux. Ces écueils peuvent compromettre nos relations avec nos partenaires internationaux. Je crois qu'ils peuvent faire du tort aux agents et aux autres intervenants travaillant pour les agences qui nous protègent au quotidien. Je ne voudrais pas qu'il arrive quoi que ce soit à ces alliés.
De plus, selon mon analyse de l'amendement, je dirais qu'il semble grandement restreindre la proposition de M. Julian. Pékin ne représente pas la seule menace à nos élections. On a appris que différents pays s'ingèrent dans des activités à l'étranger. Je sais que nos agences de sécurité ont nommé — tout comme M. Rosenberg dans son rapport, il me semble — la Russie et l'Iran. Je crois que le directeur du SCRS, aujourd'hui, a insinué que d'autres pays s'ajoutent à la liste. Si nous entreprenons un tel projet — une entreprise des plus importantes —, nous devons sans faute comprendre les menaces.
Selon le rapport de M. Rosenberg qui énumère les initiatives et les mesures du gouvernement depuis environ 2018, je crois que notre gouvernement a démontré sans équivoque avoir bâti un écosystème robuste, grâce à une approche pangouvernementale, pour aborder l'ingérence étrangère dans les élections. Je ne crois tout simplement pas que c'est en nous concentrant sur un ensemble d'allégations relatées dans les médias que... Je crois que le SCRS nous a dit aujourd'hui ne pouvoir confirmer ou infirmer que ces allégations viennent du service du renseignement.
Je pense qu'il serait nuisible de limiter la portée à un seul pays, même si je reconnais que l'ensemble de nos organismes de sécurité s'entendent pour dire que Pékin représente la principale menace. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas nous préparer à d'autres menaces très réelles et en comprendre la nature.
Je ne pense pas appuyer... J'y réfléchis à mesure que j'en fais la lecture, mais l'amendement proposé par M. Cooper comporte d'autres éléments qui, à mon avis, réduisent considérablement la portée de la proposition de M. Julian, et je ne suis pas tout à fait à l'aise avec cela.
Mentionner uniquement les élections fédérales de 2019 et 2021 semble également réduire la portée. La motion originale de M. Julian fait référence à ces deux élections, certes, mais sa portée semble inclure d'autres élections. Je pense que nous devrions envisager de remonter un peu plus loin avant les deux dernières élections, même si je peux affirmer en toute confiance que de nombreux processus, structures et mécanismes de protection contre l'ingérence étrangère étaient en place lors des deux dernières élections. Je pense que cela ressort très clairement du récent rapport de Morris Rosenberg. J'ai un résumé que j'aimerais partager avec le Comité. J'y reviendrai peut-être un peu plus tard, mais je pense qu'il y a beaucoup de preuves. J'ai fait référence à cela dans la question que j’ai posée à M. Morrison lors de sa comparution au Comité aujourd'hui. Voilà quelques-uns de mes commentaires.
J'ai un autre point à soulever. Je crois que cela a été évoqué dans notre débat d'hier soir, et je trouve cela quelque peu troublant. On mentionne dans la dernière partie de l'amendement que de nombreux comités étudient la question. Je pense que M. Fergus a abordé la question avec beaucoup d'éloquence, comme toujours. Je remarque qu'à la fin de l'amendement de M. Cooper, on ajoute ce qui suit: « Que cette enquête n'entrave ni n'arrête l'étude du comité sur l'ingérence électorale étrangère, y compris la production de documents et la convocation de témoins. » Je suppose qu'il s'agit de ce comité. Dans cette motion, on propose la création d'un autre organe, en quelque sorte, ou d'une enquête publique, parallèlement à l'étude du Comité sur la question. Beaucoup d'autres comités examinent également la question. Donc, l'intention de M. Cooper est-elle que tous les comités de la Chambre des communes étudient sur la question, ou qu'il y ait une enquête publique, si nous devions appuyer cette idée, ce qui n'est pas nécessairement la solution idéale, comme je l'ai évidemment indiqué?
Il est insensé d'inclure cela, à mon avis, car c'est contraire à la tenue d'une enquête publique plus complète qui serait vraiment à la hauteur de l'enjeu, qui était l'intention initiale de M. Julian, au moins, je pense. Il s'agit donc aussi d'une déviation importante.
Il m'est donc difficile, pour toutes ces raisons, d'appuyer cet amendement précis, même si je tiens compte de l'ensemble des arguments et points soulevés par mes collègues. C'est une question importante, et j'espère que nous ferons le bon choix, quelle que soit la décision du Comité. J'espère que nous ne tomberons pas dans des querelles et jeux partisans comme ceux auxquels nous semblons nous adonner — du moins aujourd'hui, d'après ce que je constate —, que nous prendrons cette question très au sérieux et que nous adopterons une approche globale à l'égard de cet important enjeu. J'espère que nous pourrons trouver une façon d'aller de l'avant.
J'ai omis d'aborder un aspect dans mes commentaires il y a quelques instants: je pense qu'il y avait, du moins selon l'article de Wesley Wark... Je vais le citer au lieu de le paraphraser. Il dit ce qui suit:
Les enquêtes judiciaires sont censées être des exercices d'établissement des faits. Dans le cas de l'ingérence de la Chine dans les élections, les « faits » sont rares, sujets à interprétation par les médias et à des acrobaties politiques.
C'est une citation directe.
Pour moi, si une enquête judiciaire vise à établir les faits — et nos experts du renseignement nous ont indiqué qu'il faut avoir l'expertise nécessaire pour interpréter les renseignements —, avons-nous la certitude que cet exercice d'établissement des faits par l'intermédiaire d'une enquête publique serait réellement la bonne approche? Cela dépendrait sans doute de la personne choisie pour diriger ce processus, et de son expertise, mais selon Wesley Wark, les faits se font rares sur le terrain.
Je vais m'arrêter là pour le moment, mais je pense que le débat va se poursuivre. J'espère que nous trouverons bientôt une marche à suivre qui fera consensus.
Merci.
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Il est question des élections fédérales de 2019 et de 2021; on parle donc effectivement d'une période de 70 jours. De plus, c'est limité au régime chinois. Pourtant, d'un autre côté, pour ce qui est de la diaspora, il est dit qu'il faut se pencher sur l'ensemble des gouvernements. Ce qui n'est pas clair, c'est si on parle seulement des périodes électorales ou non.
Cet amendement est mal rédigé et il écarte le principe d'une enquête nationale publique. C'est pour cette raison que je m'oppose à la première partie de cet amendement.
[Traduction]
À voir l'amendement des conservateurs, on en vient à se demander de quoi ils ont peur.
Je vais revenir sur l'ensemble des allégations qui ont été faites au sujet de l'implication ou de l'ingérence de la Russie, non seulement au Canada, mais aussi dans d'autres pays. Nous sommes déjà au courant de la collusion qui a eu lieu dans le cas de Donald Trump. Nous sommes déjà au courant de l'ingérence liée au Brexit, selon un rapport publié après les élections de 2019 qui a aussi soulevé des préoccupations entourant le financement du Parti conservateur du Royaume-Uni.
Quant au Canada, je pense qu'il est important de souligner les préoccupations soulevées dans une série d'articles publiés dans le National Observer, où l'on peut lire ce qui suit: « En janvier et février 2022, un grand nombre de chaînes Telegram publiques ont été créées ou transformées pour soutenir le convoi pour la liberté » [...] y compris certains ayant des dizaines de milliers de membres. [Ces chaînes] ont commencé à diffuser de la propagande russe mêlée à du contenu lié au convoi.
« En fin de compte, une partie de ce réseau de comptes Telegram est devenu, dans les faits, un organe de propagande russe. »
Les articles de cette série sont très préoccupants, mais il y a d'autres articles. Je pourrais sans doute consacrer des heures à lire toutes les préoccupations qui ont été soulevées.
Je vais maintenant citer la Presse canadienne. Le 8 juin 2022, Marie Woolf a écrit au sujet de l'étude entreprise par l'École des politiques publiques de l'Université de Calgary:
Une analyse effectuée sur plus de six millions de messages et de partages publiés sur Twitter — en tenant compte de leur origine — a permis de démontrer que le Canada était visé par la Russie pour manipuler l'opinion publique.
D'après le rapport de l'École de politiques publiques de l'Université de Calgary, de très nombreux messages et partages à propos de l’invasion russe en Ukraine ont pu être reliés directement à la Russie et à la Chine. À cela s’ajoutent des millions d’autres messages prorusses en provenance des États-Unis.
Selon le professeur adjoint Jean-Christophe Boucher, l’État russe est directement lié à de très nombreux comptes sur Twitter qui visent le Canada et qui influencent d’autres publications en partageant des messages, en distribuant des mentions « j’aime » ou en republiant sans cesse leurs messages.
L'étude a révélé que dans l'écosystème Twitter du Canada, lorsqu'il était question de la guerre, environ 25 % des comptes « diffusaient des arguments prorusses. [...] L'analyse du contenu des gazouillis a révélé que des opinions prorusses similaires étaient exprimées par des personnalités de droite et leurs partisans aux États-Unis et au Canada. »
Le professeur Boucher a déclaré que « les partisans du “convoi pour la liberté” et du mouvement anti-vaccination, dont certains ne se rendent peut-être pas compte qu'ils ont absorbé des messages provenant de la Russie, écrivaient également des messages en soutien à l'invasion de l'Ukraine sur Twitter. »
Nous avons entendu des témoignages au Comité. Permettez-moi de citer M. Marcus Kolga, qui a déclaré ce qui suit le 3 novembre:
Les opérations d'information et d'influence russes sont persistantes et en croissance. Elles ne s'allument pas et ne s'éteignent pas avec les cycles électoraux et se sont intensifiées depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
L'objectif principal et permanent de la Russie est de miner et de déstabiliser notre démocratie en exploitant les enjeux les plus polarisants de l'heure. [...] Ces attaques touchent notre environnement et nos choix politiques tous les jours, pas seulement en période électorale.
La motion que j'ai présentée, et qui semble faire consensus, vise à demander le lancement d'une enquête publique nationale sur les allégations d'ingérence étrangère lors des élections fédérales de 2019 et 2021 et dans le système démocratique canadien, y compris, mais sans s'y limiter, les allégations d'ingérence dans les élections générales par des gouvernements étrangers.
Personne ne devrait s'opposer à cela. Je suis donc perplexe de constater que les conservateurs essaient d'amenuiser le sentiment d'inquiétude que ressentent de nombreux Canadiens au sujet de l'ingérence étrangère. Je pense que c'est un manque de respect envers un million et demi de Canadiens d'origine ukrainienne qui ont subi les campagnes dont nous avons parlé. Ce sont des campagnes connues du SCRS et d'autres agences, comme nous l'avons entendu plus tôt aujourd'hui. Pourquoi les conservateurs voudraient-ils retirer la possibilité d'une enquête publique nationale portant non seulement sur l'ingérence étrangère de Pékin, ce qui est important, j'en conviens, mais aussi sur l'ingérence de la Russie, de l'Iran et d'autres acteurs hostiles au Canada et à la démocratie canadienne?
Voilà la contradiction. Nous sommes saisis d'un amendement qui supprime la disposition principale et qui limite la capacité du commissaire ou des commissaires d'examiner quoi que ce soit, outre les allégations d'ingérence étrangère par Pékin, et ce, seulement pour les élections fédérales de 2019 et 2021, ce qui représente, comme je l'ai mentionné, une période de 70 jours. Ensuite, du même souffle, les conservateurs affirment que l'enquête peut porter sur « les abus des groupes de la diaspora par des gouvernements étrangers hostiles » en général. Est‑ce seulement pendant ces 70 jours? Est‑ce pour les quelques dernières années? À mon sens, ce libellé est totalement incompréhensible.
Je trouve troublant que les conservateurs veuillent jouer à un jeu avec une chose aussi importante qu'une enquête publique nationale, mais cela ne fait que renforcer le point que j'ai soulevé au début: les jeux de ce genre et le cirque dont raffolent les conservateurs n'apporteront pas de réponses aux Canadiens. Je pense que les Canadiens d'un océan à l'autre veulent vraiment obtenir des réponses à leurs questions, des réponses concernant les allégations de violations potentielles de la Loi électorale, et connaître la gravité de la situation. Plus tôt aujourd'hui, Élections Canada nous a dit que si les allégations concernant le soutien de Pékin s'avéraient exactes, on pourrait compter jusqu'à une demi-douzaine de violations de la Loi électorale du Canada. C'est grave. Il s'agit d'activités criminelles, d'allégations de violations criminelles, et l'enquête publique nationale doit manifestement porter là‑dessus.
Étant donné tout ce que je viens de lire, aux fins du compte rendu, concernant la Russie et la tentative de la dictature de Poutine d'influencer notre démocratie, je ne comprends pas pourquoi les conservateurs craignent la tenue d'une enquête publique sur cette ingérence. Ils présentent deux amendements contradictoires. D'un côté, on dit qu'il faut examiner les « abus des groupes de la diaspora par des gouvernements étrangers hostiles » — c'est ce que les conservateurs ont écrit —, mais oh! ne touchons à rien qui ait rapport à l'ingérence étrangère, sauf dans le cas de Pékin, et uniquement pour deux périodes électorales précises de 35 jours chacune. Je trouve très étrange qu'ils aient proposé cet amendement.
J'ai exprimé mon opposition à cet amendement.
J'ai entendu mes collègues, tant conservateurs que libéraux, parler de la désignation de l'enquête, de l'octroi des pouvoirs nécessaires et du fait qu'on ne précise pas nécessairement qui serait invité. Je serais prêt à accepter ces amendements. Je pense que cela nous aiderait à parvenir à un consensus. Je pense que nous devons enquêter sur les abus des groupes de la diaspora, mais cela nous ramène à la disposition principale que j'ai proposée à l'origine, qui vise à examiner l'ingérence étrangère, quelle qu'en soit la source, dans le système démocratique du Canada, « y compris, mais sans s'y limiter, les allégations d'ingérence dans les élections générales par des gouvernements étrangers ».
L'enquête a‑t‑elle le pouvoir d'ordonner un examen? Tout à fait: il s'agit d'un mandat normal, et cela peut inclure des dispositions relatives à la sécurité nationale. Je n'accepte pas l'argument selon lequel le mandat pourrait menacer la sécurité nationale d'une manière ou d'une autre.
Je conviens également qu'il est logique que la ou les personnes appelées à diriger cette enquête soient choisies avec l'accord unanime des leaders parlementaires. Nous le faisons souvent, madame la présidente. Nous l'avons fait pour diverses questions, la plus récente étant la nomination du greffier intérimaire de la Chambre des communes.
C'est pratique courante. Cela a pour effet de garantir un droit de veto à chaque parti, donc oui, il est vrai que cela signifierait que les conservateurs pourraient avoir un droit de veto. Cela signifie également que les libéraux ont un droit de veto à cet égard, qu'il pourrait s'agir d'une personne irréprochable. Je pense que nous pourrions — nous tous — proposer de nombreux noms pour veiller à ce que cette enquête soit menée correctement.
Enfin, quant à savoir si cette enquête mettrait un terme ou non à l'étude du Comité, c'est vraiment à lui d'en décider. Je n'en vois pas la pertinence. Le Comité peut décider de poursuivre l'étude ou non. Cela dépend des travaux du Comité. Cela ne dépend d'aucun d'entre nous, madame la présidente. À mon avis, cette disposition n'est pas particulièrement utile et est plutôt de nature accessoire.
En fin de compte, ce qui me choque vraiment dans cette affaire, c'est que les conservateurs cherchent à éliminer la tenue d'une enquête en bonne et due forme qui donnerait des réponses aux Canadiens au‑delà de la portée très étroite qu'ils veulent donner à cette enquête publique. Je voterai contre leurs modifications à la première disposition. Je pense que c'est un manque de respect envers les Canadiens d'origine ukrainienne et d'autres Canadiens qui ont été touchés par l'ingérence étrangère, outre celle de Pékin. De plus, je pense que cela limite l'enquête au point de ne pas donner aux Canadiens les réponses qu'ils recherchent.
Je suis surpris que les conservateurs proposent une série d'amendements dont certains sont contradictoires au moment où ce qu'il nous faut, dans la salle, ce sont des gens qui se comportent en adultes et qui travaillent ensemble en espérant arriver à lancer cette enquête publique nationale et obtenir des réponses pour les Canadiens.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Je dois dire qu'il est fort de café d'entendre M. Julian se dire si préoccupé, quant à l'ingérence étrangère et à la sécurité des communautés et des diasporas ciblées.
M. Julian a cité l'Iran, et il a tout à fait raison de dire que l'Iran constitue le principal État commanditant des actes terroristes commis partout dans le monde. Cet État est une grande menace à la sécurité, et la principale menace à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. Ce régime a étendu ses tentacules en sol canadien.
M. Julian et le NPD ont eu l'occasion de désigner le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme entité terroriste. Sachez que le CGRI recueille des fonds, recrute des militants et intimide des Iraniens en sol canadien. Mais ils ont voté contre cette désignation. Ils l'ont fait cette fois‑ci, et M. Julian avait également voté contre la désignation du CGRI en tant qu'entité terroriste en 2018.
Il prétend maintenant être très inquiet concernant le régime iranien. Mais les gestes sont plus révélateurs que les paroles, et lorsque M. Julian a eu l'occasion de se prononcer et de voter, il s'est rangé du côté du régime terroriste iranien; voilà ce qu'il a fait.
Ne vous méprenez pas: le CGRI applique les décisions du régime et c'est l'organisation qui a exporté le terrorisme ailleurs dans le monde. Il arme d'autres organisations terroristes, comme le Hezbollah, et a du sang sur les mains dans le cas des 55 Canadiens et des 30 résidents permanents qui prenaient place à bord du vol PS752 qu'il a abattu, un geste déterminé comme étant un acte de terrorisme par un juge de la Cour supérieure de l'Ontario.
Lorsque M. Julian pouvait agir comme il se doit, défendre les Canadiens d'origine iranienne et empêcher le Corps des Gardiens de la révolution islamique de financer ses activités, de recruter des militants et d'intimider des Canadiens de la communauté iranienne, il s'y est opposé. Voilà la position qu'avait adoptée M. Julian. Il retourne désormais sa veste et se dit fort préoccupé; quelle hypocrisie!
M. Julian parle d'autres acteurs et d'autres États, comme la Russie. J'ai dit très clairement en présentant mon amendement que la Russie était bel et bien une source de préoccupation et représente une menace bien réelle. Les activités menées par la Russie en sol canadien sont effectivement très inquiétantes, et nous devons faire la lumière sur ces activités. Nous devons effectuer un suivi et éviter de balayer la question sous le tapis. Je n'affirme rien d'autre que cela tout en précisant que cette affaire est grave.
Diverses motions ont été adoptées par le Comité pour élargir la portée de son étude sur l'ingérence étrangère afin que nous nous penchions sur des allégations très précises concernant l'ingérence de Pékin dans les élections de 2019 et de 2021. Les activités hostiles et malveillantes de l'Iran, de la Russie et d'autres acteurs étrangers n'ont rien de nouveau. L'ingérence pékinoise n'est pas non plus un phénomène nouveau.
Cependant, ce n'est que maintenant que M. Julian demande une enquête publique relative à tous les aspects de l'ingérence étrangère, une approche qui selon moi nous ferait perdre de vue la nécessité d'en apprendre plus sur les allégations et les révélations très précises qui se trouvent dans les articles du Globe and Mail et les reportages de Global News. En réaction à ceux‑ci, le s'efforce d'esquiver, de nier, de camoufler et dissimuler toute cette affaire, en faisant preuve d'un manque de transparence relativement aux renseignements qu'il détient.
C'est pourquoi il importe d'aller au fond de l'affaire, et c'est pourquoi notre motion propose un amendement pour que puisse se tenir une enquête ciblée avec une portée précise. Rien n'empêche de tenir d'autres audiences et d'autres enquêtes à une date ultérieure. Toutefois, l'enquête proposée doit être menée plus tôt que tard. Nous avons besoin du rapport qui sera produit, et nous espérons le recevoir avant la prochaine élection générale. D'un point de vue pratico-pratique, nous devons nous assurer de limiter et de préciser la portée de l'enquête pour que seules les activités relatives à l'ingérence de Pékin soient considérées.
M. Julian affirme qu'il veut aller au fond de cette affaire d'ingérence de Pékin, mais il ne semble pas vouloir faire toute la lumière sur le rôle du , en ce qui a trait à cette ingérence lors des élections de 2019 et de 2021. Il ne paraît pas vouloir aller au fond des choses et tout connaître sur les informations que possédait le premier ministre, sur le moment où il a été mis au courant, ainsi que sur son échec et son absence de réaction dans le cadre de ce scandale.
D'après ce que nous avons entendu, le n'a à peu près rien fait. Les principaux adjoints de son Cabinet ont fait fi des alertes lancées par le SCRS, mais ce n'était qu'un manquement parmi d'autres. Je comprends que, dans un certain sens, le premier ministre aimerait cacher ce qui s'est passé, même si ce serait fort peu louable. Mais il est effarant que M. Julian et le NPD soient prêts à se joindre au premier ministre dans le but de camoufler cette affaire.
Hier soir, nous avions l'occasion de traiter de la motion que j'ai présentée...
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J'ai écouté très patiemment M. Julian, même si une grande partie de ce qu'il a déclaré n'avait que très peu de rapport avec l'amendement et qu'il a fait des insinuations totalement infondées. Quoi qu'il en soit, il est absolument impératif, s'il y a une enquête, que le ne puisse pas refaire la commission Rosenberg.
Il y a quelques jours, un rapport a été publié par la personne chargée d'examiner le Protocole public en cas d'incident électoral majeur en vigueur pendant l'élection de 2021. M. Rosenberg était en conflit d'intérêts. Il était en conflit d'intérêts, ou il y en a nettement apparence, en raison de son rôle d'ancien PDG de la Fondation Trudeau, qui a contribué à permettre le versement d'un don de 200 000 $ d'un homme d'affaires et d'une personnalité politique associée au régime communiste chinois de Pékin et qui a été impliqué dans le scandale de l'argent versé pour que le milliardaire ait accès au en 2016. Cette personne, M. Rosenberg, quelles que soient ses compétences, n'aurait certainement jamais dû être chargée d'entreprendre un tel examen, compte tenu des circonstances et de toutes les questions qui se posent quant à l'ingérence exercée par le régime de Pékin, à son affiliation, à son association et à sa proximité avec le premier ministre.
Cela mine la crédibilité du rapport. Cela sape la confiance qu'il inspire. Nous ne pouvons pas nous permettre une telle chose dans une enquête. Nous devons avoir confiance que les résultats de l'enquête seront crédibles. C'est pourquoi nous insistons pour que tous les partis, y compris le NPD, et j'espère que M. Julian s'en réjouira, aient cette possibilité.
Je m'arrêterai là. J'aurais peut-être d'autres commentaires à faire, mais je m'en tiendrai à cela pour l'instant. Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
M. Julian a posé une question très importante: pourquoi les conservateurs ne s'intéressent‑ils qu'à 2019 et à 2021?
J'attire l'attention de tout le monde sur un autre article paru dans le Globe and Mail le 28 février, il y a quelques jours à peine, que je traduirais ainsi:
La source a déclaré que le Service canadien du renseignement de sécurité a capté une conversation en 2014 entre un attaché commercial anonyme de l'un des consulats de la Chine au Canada et le milliardaire Zhang Bin, un conseiller politique du gouvernement de Pékin et un haut fonctionnaire du réseau chinois de promoteurs de l'État à travers le monde.
Ils discutaient des élections fédérales prévues en 2015 et de la possibilité que les libéraux battent les conservateurs de Stephen Harper et forment le prochain gouvernement. Selon cette source, le diplomate a demandé à M. Zhang de faire un don de 1 million de dollars à la Fondation Trudeau et lui a dit que le gouvernement chinois lui rembourserait la totalité de ce montant.
Autrement dit, madame la présidente, à l'époque où Stephen Harper était premier ministre, le gouvernement chinois a tenté d'influencer le chef d'un parti politique national au cours de l'année précédant les élections. L'information selon laquelle le SCRS avait ce don à l'œil a été révélée pour la première fois il y a deux jours.
Cela soulève la question suivante: Harper a‑t‑il gardé le secret pour des raisons politiques, soit parce que les élections approchaient, soit parce qu'il s'efforçait de signer l'accord secret sur la promotion et la protection des investissements étrangers? Les conservateurs donnent l'impression que c'est leur travail au sein du Comité qui nous force à faire quelque chose, mais c'est eux qui étaient au pouvoir lorsque l'incident présumé a eu lieu.
Pour répondre à la question de M. Julian et à la question plus générale de l'impartialité dans le cadre de ce travail très important, si nous sommes censés prendre cet article de presse qui est essentiellement le fondement de tout ce que nous faisons ici aujourd'hui et de tout ce que M. Cooper ne cesse de répéter depuis un moment... Si nous sommes censés nous pencher sur la question, pourquoi ne tiendrions-nous pas également compte de cet autre incident datant de 2014? Pourquoi ne faisons-nous pas toute la lumière sur ce que Stephen Harper et les conservateurs savaient à l'époque?
C'est peut-être la seule raison qui explique pourquoi M. Cooper n'est pas intéressé à connaître les détails des événements de 2014. Cela pourrait être la seule raison pour laquelle M. Cooper voudrait insister pour que nous nous concentrions uniquement sur 2019 et 2021. Je ne vois pas d'autre raison.
Pour répondre à l'argument de M. Julian et à l'argument que j'essaie de faire valoir depuis le début, il ne s'agit que de jeux politiques pour les conservateurs. Ils se moquent de ce rapport. Ils se moquent de...
Soit dit en passant, il faudrait de deux à quatre ans pour que cette commission termine son travail ou que cette enquête publique soit menée à bien. Une autre élection aura probablement eu lieu d'ici là, surtout si l'on dépasse les quatre ans. Ils n'en ont que faire. Tout ce qui intéresse les conservateurs, c'est de donner l'impression que c'est eux qui ont découvert le pot aux roses quand on découvre quelque chose pendant cette enquête. Tout ce qui les intéresse, c'est de braquer les feux des projecteurs sur qui leur plaît. À mon avis, si vous voulez vraiment qu'on se penche sérieusement et impartialement sur la question, vous devriez écouter les experts.
Bien que je sois en grande partie d'accord avec ce qu'a dit M. Julian, je pense que nous ne nous entendons pas sur la formule appropriée pour mener cet examen. Je n'estime pas approprié de le mener sous le regard du public, pour les raisons exposées par presque tous les experts qui ont déjà comparu devant le Comité. Une enquête publique ne pourrait pas aller au‑delà de l'information à laquelle ce comité a accès. Or, le Comité sera limité par la classification de sécurité des différents documents pertinents.
Bien entendu, le y trouvera son compte lorsqu'il se pavanera dans les couloirs en brandissant des documents caviardés. Il prétendra alors que les libéraux essaient de cacher des secrets, qu'ils se cachent derrière les portes closes des bureaux de leur parti et ont eux-mêmes caviardé toutes ces informations. C'est la façon de faire habituelle des conservateurs. C'est leur jeu. C'est le jeu. Il n'y a personne à cette table ni aucun Canadien qui devrait croire que la motivation du Parti conservateur du Canada en ce moment est de s'attaquer à l'ingérence étrangère.
Cela dit, je n'ai pas l'impression que c'est la même chose pour le NPD. Je n'ai pas l'impression que c'est la même chose pour le Bloc non plus. J'ai l'impression qu'ils estiment sincèrement qu'il serait fondé de tenir une enquête publique. Bien sûr, le meilleur moyen d'exposer de l'information au regard du public reste de mener une enquête publique et d'exposer les choses au grand jour, dans la lumière et la transparence, comme M. Cooper l'a dit à maintes reprises au cours de cette réunion, mais parfois, l'information est tellement sensible et classifiée que ce n'est tout simplement pas possible.
J'ai demandé au dernier groupe de témoins qui ont comparu ici s'il y avait beaucoup d'informations qu'ils ne pouvaient pas partager avec nous. Ils ont répondu par l'affirmative. Je leur ai demandé s'ils pourraient les divulguer au CPSNR. Ils m'ont répondu que oui, ils le pourraient. C'est là qu'il y a les autorisations de sécurité nécessaires.
Je n'ai pas besoin de m'étendre sur le sujet. Je pense que M. Cooper et ses collègues veulent en parler plus longuement. Ils en ont le droit. Je serai heureux de rester assis ici et de les écouter.
En fin de compte, la question est de savoir si nous pensons qu'il s'agit réellement de protéger notre démocratie ou s'il s'agit simplement de tirer à boulets rouges sur le et de le prendre en défaut. Je ne reproche pas aux conservateurs de vouloir le faire. C'est ce que leur chef fait a répétition. C'est tout ce qui l'intéresse. C'est vraiment malhonnête, mais c'est la réalité. Voilà où nous en sommes.
Je voudrais mieux comprendre. Il y a de l'ingérence étrangère dans de nombreuses régions du monde, particulièrement là où les démocraties sont vivantes. Comme un témoin nous l'a dit aujourd'hui, de par sa nature même, une démocratie est ouverte et beaucoup plus sujette à l'ingérence étrangère que d'autres régimes politiques. L'ingérence étrangère n'est pas un phénomène nouveau.
Depuis la création de ce comité, il y a plus d'un an, nous parlons de nous pencher sur la question. Nous en parlons depuis longtemps. Ce n'est rien de nouveau. Tout à coup, c'est devenu un sujet à sensation pour les conservateurs, qui s'agitent dans tous les sens pour essayer de faire croire que le dissimule une chose ou une autre. C'est tellement malhonnête de la part de députés de penser que nous autoriserions, en toute connaissance de cause, n'importe qui... Même si je ne suis pas d'accord avec les conservateurs, je suis convaincu qu'aucun des conservateurs assis de l'autre côté n’accepterait sciemment d'ouvrir la porte à l'ingérence étrangère. J'espère que c'est la même chose pour eux. Qui pourrait jamais accepter une telle chose?
Il y a ensuite qui, soit dit en passant, je crois que c'était hier, a déclaré qu'il resterait ici aussi longtemps qu'il le faudrait pour s'assurer que sa position soit défendue et qui est parti après deux heures de réunion hier et n'est toujours pas revenu. Il a qualifié un député d'agent de la Chine.
Je m'excuse, il a plutôt dit qu'il était un agent de Pékin. Merci, madame la présidente, de la correction.
Est‑ce bien approprié ou s'agit‑il simplement d'une façon pour les conservateurs de recueillir des fonds? C'est tout ce dont il s'agit. Pensez-vous qu'il soit tout à fait approprié de traiter un autre député élu d'agent de Pékin et qu'il n'y a rien de mal à cela? Les trolls de Twitter vont adorer. Ils vont se jeter là‑dessus. Les conservateurs récolteront un peu plus d'argent grâce à cela. Nul besoin de s'inquiéter des conséquences de tout cela sur les fondements de notre démocratie.
Une fois de plus, nous nous retrouvons à nous perdre dans des débats sans fin sur la façon dont les conservateurs peuvent prendre le en défaut. Cela ne sert à rien. Si vous voulez vraiment atteindre un objectif louable, alors écoutons les experts et faisons ce qu'ils disent de faire, c'est‑à‑dire autorisons les personnes qui ont les autorisations requises, qui sont chargées par la Chambre des communes d'assurer la surveillance, à voir ces documents. Laissons-les faire le travail qu'elles sont censées faire pour nous prémunir contre toute forme d'ingérence étrangère et surveiller tous les acteurs étrangers qui tentent de s'ingérer dans notre démocratie d'une manière ou d'une autre.
Merci, madame la présidente.
:
Voilà une intervention très percutante.
Je suis heureux de voir le sous-amendement supprimer les éléments trop restrictifs qui limiteraient l'étude de M. Julian à la seule Chine, pour toutes les raisons que nous avons entendues de la part de nos témoins. Je suis très favorable à cela. Je remercie Mme Normandin d'avoir proposé cette modification.
Si les changements proposés par M. Cooper me gênent toujours, c'est que je doute de sa bonne foi, j'ai le regret de le dire.
[Français]
J'ai déjà discuté hier avec quelques députés de cette idée d'obtenir l'approbation de toutes les formations politiques à la Chambre des communes, sans exception. Si une des formations politiques décidait pour des raisons partisanes de ne pas accepter le candidat choisi par consensus pour présider cette commission d'enquête, je crains que cette commission ne voie jamais le jour.
Je pense qu'il serait beaucoup mieux que le candidat soit choisi par trois des quatre formations politiques reconnues à la Chambre des communes. Personne n'aurait de droit de veto sur le choix d'un président ou d'une présidente de la commission d'enquête, pas même le parti au pouvoir. Cela forcerait les gens à chercher un compromis afin de trouver la meilleure personne pour assumer ce rôle.
Je pense qu'il s'agit d'un enjeu très important, sinon essentiel. Parce que nous devons traiter du sous-amendement qui est actuellement à l'étude, je ne peux pas en proposer un autre. J'espère que mes collègues pourront voir juste et qu'ils trouveront ce bon compromis.
[Traduction]
Madame la présidente, juste pour m'assurer que tous les gens qui nous regardent de chez eux... J'ai exprimé en français ma crainte que la recherche d'un choix unanime pour le nouveau président ne permette à un parti de retarder la sélection de la personne chargée de présider cette commission d'enquête.
Si tel était le cas, pour des raisons très partisanes, cela ne servirait pas les besoins et les intérêts des Canadiens. Je proposerais... et je ne peux pas le faire officiellement parce qu'il y a déjà un sous-amendement qui a été proposé. Cependant, j'ai eu quelques discussions avec des députés de l'opposition, qui se disent prêts à accepter un changement, de sorte que trois des quatre partis devraient être d'accord sur le choix de la présidence, au lieu des quatre partis de la Chambre des communes, de manière à ce que personne n'ait de droit de veto et à ce que tout le monde doive faire preuve de bon sens et chercher à travailler dans l'intérêt de tous les Canadiens.
[Français]
Merci, madame la présidente.