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La séance est ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 21e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes. Le Comité se réunit aujourd'hui pour étudier le Budget principal des dépenses de la Commission des débats des chefs. Pendant la première moitié de la réunion, nous entendrons le ministre LeBlanc, ainsi qu'Allen Sutherland et Sarah Stinson, fonctionnaires au Bureau du Conseil privé.
Je rappelle aux membres du Comité qu'ils doivent adresser leurs observations et leurs questions à la présidence. Plus cette règle sera respectée, moins j'aurai à vous interrompre. Je vous rappelle également que le travail des interprètes est difficile et que vous devriez ralentir votre débit en conséquence afin de leur faciliter la tâche.
Cela étant dit, je vous souhaite, monsieur le ministre, la bienvenue au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Comme vous êtes le premier des ministres à comparaître, je vous prie de placer la barre à la hauteur qui convient. Vous avez cinq minutes.
Soyez les bienvenus.
:
Madame la présidente, je m'efforce toujours, dans mon travail, d'être à la hauteur qui convient et j'espère que ce sera le cas aujourd'hui.
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir invité. Par votre entremise, je remercie nos collègues du travail qu'ils font. Je suis heureux de comparaître devant le Comité pour discuter du Budget principal des dépenses de la Commission des débats des chefs. J'ai appris que le très honorable David Johnston comparaîtra peu après mon départ.
Comme vous l'avez dit, madame la présidente, je suis accompagné de M. Al Sutherland, secrétaire adjoint du Cabinet chargé de l'appareil gouvernemental. C'est un titre qui impressionne et, dans ma circonscription, certains pensent qu'il s'agit d'un chasse-neige. En fait, M. Sutherland veille au bon fonctionnement de l'appareil gouvernemental, qui comprend les institutions démocratiques. Mme Sarah Stinson est directrice des opérations du Secrétariat des institutions démocratiques au Bureau du Conseil privé.
Madame la présidente, nous croyons, comme tous les députés, je pense, que les Canadiens ont de nombreuses raisons d'être fiers de leur démocratie. Elle n'est pas sans ses défis, mais il y a beaucoup plus de raisons de célébrer notre démocratie que de nous en préoccuper. Nos institutions et nos pratiques sont le reflet de nos valeurs sociétales. Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que nous devons les protéger collectivement de notre mieux. En même temps, il existe toujours des possibilités d'améliorer et de renforcer les institutions démocratiques afin de mieux accomplir les promesses de la démocratie.
Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que vos collègues du Comité, pour votre travail incessant à cet égard.
[Français]
Les débats des chefs jouent un rôle essentiel lors des élections fédérales et sont une pierre angulaire de la démocratie saine, dynamique et diversifiée au Canada.
Depuis sa création, en 2018, la Commission des débats des chefs, qui est indépendante, a suscité l'intérêt des Canadiens lors de deux élections fédérales, soit en 2019 et en 2021, et a fourni une plateforme qui permet aux citoyens d'en apprendre davantage sur les premiers ministres potentiels, sur les chefs des partis et sur leurs idées pour le pays, et de les comparer.
[Traduction]
La Commission des débats des chefs, bien qu'elle reçoive un soutien administratif limité du Bureau du Conseil privé, exerce son mandat en toute indépendance et dans l'intérêt public. Dirigée par un commissaire indépendant, soutenue par un comité consultatif de sept membres, la Commission des débats des chefs a pour mandat d'organiser deux débats des chefs, un dans chaque langue officielle, à chaque élection fédérale.
En novembre 2020, j'ai annoncé que la Commission des débats des chefs, établie à l'origine pour organiser les débats de l'élection générale de 2019, demeurerait en place pour les élections suivantes. Comme je l'ai dit, ça s'est fait l'année dernière. Le gouvernement a également reconduit dans ses fonctions le commissaire aux débats, le très honorable David Johnston, pour une période de quatre ans, et je lui suis reconnaissant d'avoir accepté de demeurer en poste. Nous avons tous à tirer profit de son leadership, de ses connaissances, de son expérience et de son discernement.
Pendant l'élection fédérale de 2021, plus de 10 millions de Canadiens ont suivi le débat en anglais et plus de 4 millions celui en français. Ces débats ont été diffusés par 36 réseaux de télévision, 4 réseaux de radio nationaux et 115 services de diffusion numériques. Les débats étaient plus accessibles que jamais, puisqu'ils étaient offerts dans 16 langues, dont 6 langues autochtones, la langue des signes américaine et la langue des signes québécoise. Ils étaient également disponibles en sous-titrage codé et en vidéodescription.
[Français]
Au cours des mois qui ont suivi, la Commission a mené un exercice sur les leçons retenues de son expérience des débats de 2021. Cet exercice s'est traduit par un rapport de recommandations réfléchies, qui contribuera à orienter les futurs débats des chefs.
J'ai reçu du le mandat d'examiner le rapport déposé à la Chambre des communes cette semaine, portant sur les manières d'améliorer les débats des chefs et de prendre les mesures nécessaires pour que les débats continuent de servir l'intérêt public.
[Traduction]
Il va sans dire que je tiens à remercier le commissaire Johnston pour son évaluation réfléchie et franche des débats de 2021. J'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le très honorable David Johnston plus tôt cette semaine. Je l'ai remercié personnellement du travail que lui et ses collègues ont accompli. J'aimerais savoir ce que vous pensez de son rapport. Je sais que le Comité de la procédure en sera saisi et j'espère qu'il formulera, à l'intention de nous tous, des recommandations sur la voie à suivre.
Sachant que notre temps est limité et que mes collègues ont sans doute des questions à poser, permettez-moi, madame la présidente, de parler brièvement du Budget principal des dépenses, qui est précisément l'objet de notre discussion d'aujourd'hui et la raison de ma comparution.
Le Budget principal des dépenses de 2022‑2023 prévoit un crédit de 454 187 $ pour la Commission des débats des chefs, ce qui correspond au montant alloué dans le budget de 2021. Plus précisément, le budget de 2021 a modifié le profil de financement préélectoral et électoral de deux ans de la Commission de façon à répartir le financement existant sur une période de quatre ans — 500 000 $ pour la première année d'un cycle électoral, 700 000 $ pour la deuxième, 700 000 $ pour l'année préélectorale et 3,6 millions de dollars pour l'année d'élection — pour que la Commission dispose de suffisamment de fonds pour se préparer à une élection générale et, évidemment, y être préparée à tout moment en raison de la situation minoritaire du gouvernement au Parlement. Ces mesures aideront à faire en sorte que les débats des chefs continuent de jouer le rôle que nous attendons d'eux pendant les prochaines élections fédérales.
Madame la présidente, voilà qui conclut ma déclaration préliminaire, qui aura sans doute emballé mes collègues. J'attends avec impatience leurs questions. S'il y a des questions techniques au sujet du budget des dépenses, Mme Stinson et M. Sutherland pourront y répondre. À défaut de quoi, je serais heureux d'obtenir l'information demandée et de la faire parvenir, par votre entremise, madame la présidente, à mes collègues.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Madame la présidente, je remercie la députée de cette question.
Je pense que tous ceux d'entre nous qui étaient candidats — ou qui, sinon candidats, s'intéressaient du moins — à l'élection de 2015 ont vu une série de débats organisés, certains sur une base régionale, certains par des réseaux de télévision. Différents chefs ont participé à beaucoup de ces débats, certains chefs n'ont pas participé à tous. Cela a, bien sûr, soulevé des questions: quels étaient les critères appropriés de participation? Comment les divers réseaux, organismes ou universités ont-ils décidé qui allait être invité?
Nous avons pensé qu'il était important d'avoir une tribune indépendante et sérieuse. Le choix, qui allait de soi, d'en confier la présidence au très honorable David Johnston a fait comprendre, je pense, aux Canadiens le sérieux de cet effort. Je suis d'avis que sa réputation et son indépendance ont permis une discussion réfléchie sur la façon d'organiser, avec autant d'ouverture que possible, l'accès aux débats des chefs.
Pour répondre à la question de notre collègue, madame la présidente, le principe de base était d'assurer le plus haut degré d'accessibilité. Les réseaux devaient pouvoir diffuser ces débats télévisés. Ils devaient pouvoir être suivis à la radio, comme je l'ai dit. Le but était d'offrir une tribune neutre permettant aux chefs de parti de communiquer directement avec les électeurs canadiens.
C'était un travail évolutif. Peut-être que certaines choses pouvaient bien fonctionner, d'autres non. Évidemment, le commissaire y est allé de ses réflexions à ce sujet.
Voilà ce qu'était, en quelque sorte, la principale motivation. Beaucoup d'autres démocraties — on pense évidemment aux pays européens — ont des structures semblables.
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Madame la présidente, je remercie ma collègue de la question.
C'est, à mon sens, un élément essentiel de la confiance du public, de la crédibilité qu'inspirent dans les débats eux-mêmes et de la capacité des divers chefs politiques de communiquer leur message aux Canadiens.
De toute évidence, le gouvernement n'a aucun rôle à jouer dans ces questions au sujet des animateurs et ainsi de suite. C'est pourquoi nous avons pensé à nommer le très honorable David Johnston au poste de commissaire aux débats, avec le personnel professionnel qu'il avait réuni pour le conseiller. Par exemple, Michel Cormier, journaliste de haut niveau très connu de Radio-Canada, qui jouit d'une grande réputation nationale et internationale, a travaillé auprès du commissaire Johnston.
Ces questions sont cruciales. Le commissaire a livré ses réflexions sur ces questions dans ses deux rapports postélectoraux.
Je vous exhorte à en discuter avec lui dans quelques instants, car je crois, madame la présidente, que notre collègue, Mme Block, a cerné ce qui est pour nous un point essentiel et fondamental, à savoir assurer l'indépendance, la crédibilité et l'intégrité journalistique de ces débats. M. Johnston pourrait peut-être ajouter quelque chose à ce que j'ai dit.
Merci, madame la présidente.
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Madame la présidente, je dirai simplement que la structure du budget est conçue de manière à offrir une certaine souplesse dans le cas où une élection a lieu plus tard ou plus tôt que prévu.
Comme le ministre l'a si bien dit, il y a, pour ainsi dire, un montant de base. Je crois que le commissaire a dit que son personnel compte cinq employés, dont quatre à temps partiel et un est à temps plein. Le financement alloué est de 500 000 $, ce qui est suffisant pour ce niveau de ressources.
En cas d'élection anticipée, il aura accès à environ 2,8 millions de dollars pour organiser et tenir les débats. Cependant, ce montant est gelé jusqu'au moment où il devient nécessaire. Le but visé est de donner à la Commission la souplesse dont elle aura besoin en cas d'élection imprévue, ce qui, comme cela a été dit, est toujours possible avec un gouvernement minoritaire.
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Madame la présidente, c'est une autre question essentielle.
À la suite des derniers débats de 2019 et de l'automne 2021, j'ai discuté avec le très honorable David Johnston. Les critères servant à choisir les chefs qui devraient participer aux débats relèvent, au premier chef, de la Commission.
Une décision de la Cour fédérale sur l'accréditation de journalistes pour leur permettre de participer aux conférences de presse à la suite des débats a quand même suscité une certaine controverse ou un intérêt. C'est toujours très délicat. M. Fergus a dégagé la question essentielle. Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement élu, qui est partisan dans le bon sens du mot, de choisir les journalistes qui seront accrédités. C'est au commissaire que revient cette décision.
La Commission a établi des critères et les a exposés publiquement aux Canadiens. Ces critères ont été appliqués. Il y a eu une certaine évolution de ces critères entre le premier débat de 2019 et le dernier de l'année passée. Nous allons nous fier au jugement indépendant de la Commission et aux réflexions que M. Johnston présente dans ses rapports, mais aussi aux opinions du comité d'experts qu'il a consulté et aux professionnels qui se sont penchés sur cette question.
Dans mes conversations avec M. Johnston, j'ai été impressionné par l'effort substantiel qui a été fait pour comprendre ce qui se passe dans d'autres grandes démocraties, que ce soit en Europe ou dans les Amériques. C'est cela qui a nourri les réflexions du commissaire et de son équipe. Néanmoins, cela demeure une question qui suscitera forcément une controverse.
Je vais laisser le soin à M. Johnston de nous expliquer le contexte.
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Que fait-on quand la Commission fait de la politique?
Comment vous sentez-vous quand vous constatez que la Commission a fait de la politique dans le cadre du débat en anglais? C'est ce qu'elle a fait. Comment vous sentez-vous?
Je vous le dis, le principe de cette commission vous honore. Vous avez créé cette commission pour qu'on ne puisse pas faire de politique et pour que les débats soient les plus neutres possible.
Or, lors du débat en anglais, ce que tout le monde a retenu, au Québec surtout — dans le reste du Canada, honnêtement, je ne le sais pas —, c'est que la Commission, au cours du débat, a fait de la politique. La question qui a été posée par une animatrice, qui est censée être neutre et objective, a été politique à un point tel que je me demande même si un député ou un politicien aurait pu aller aussi loin dans une question pour faire de la politique.
Comment vous sentez-vous, sérieusement, devant cela?
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Madame la présidente, je suis sensible, évidemment, aux commentaires de notre collègue.
Cela m'a plu de l'imaginer en ministre libéral. Cela m'a fait plutôt chaud au cœur.
Plus sérieusement, madame la présidente, je comprends son intervention. Évidemment, nous avons tous constaté ce qui a suivi le débat en anglais, dans le domaine public et dans le contexte de la campagne électorale, et de ce que cela a suscité au Canada français. Le seul point de divergence que j'ai avec mon ami, c'est que je ne crois pas que la Commission a fait de la politique. M. Johnston a toute notre confiance, tout comme les autres personnes qui ont participé à ces discussions, comme M. Michel Cormier. Évidemment, je ne participais pas à ces conversations.
C'est une question importante, sur laquelle M. Johnston pourra jeter de la lumière. Son rapport fournit, selon moi, un constat assez franc et honnête. Cependant, malgré toute l'amitié que j'ai pour M. Therrien, je refuse de croire que la Commission a fait de la politique. C'est la dernière chose que je reprocherais à M. Johnston dans ce contexte.
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Je pense que de présenter des points de discussion et de les défendre ainsi que de porter des jugements sur des situations pour démontrer qu'on a raison, c'est faire de la politique. C'est ce que la modératrice a fait.
Est-ce que la Commission a fait de la politique par l'intermédiaire de la modératrice, ou de l'animatrice?
La Commission aurait dû se dissocier des propos de l'animatrice, à tout le moins, en s'excusant. Or, l'animatrice et la Commission ne sont pas excusées. Les gens qui nous écoutent devraient aller relire la question posée par la modératrice et se demander si un politicien aurait pu parler comme cela pour avoir des votes, pour changer des opinions ou pour porter un jugement. La réponse est manifestement affirmative.
Constatant cela, on ne peut se cacher qu'il y a un problème évident. En effet, nous avons créé une entité qui doit être apolitique et indépendante des pouvoirs du ministre, ce qui est à l'honneur de ce dernier. Toutefois, je constate les événements survenus et je me dis qu'il faut sonner l'alarme. Cela n'a absolument aucun sens. Il faut espérer que la situation sera corrigée.
Je pense que vous avez un rôle à jouer en ce sens. Vous pouvez examiner ce qu'a fait la Commission et en discuter. Vous pouvez étudier les recommandations et vous assurer que celles-ci feront que cela ne se reproduira plus.
J'ai examiné attentivement les recommandations, et je n'y ai rien trouvé qui nous garantit qu'une situation pareille ne pourrait pas se reproduire.
Avez-vous été tenté de sonner l'alarme et de dire que ces recommandations ne contiennent rien qui empêcherait qu'on revive une pareille situation?
:
Merci, madame la présidente.
Évidemment, comme je l'ai dit, nous avons tous pris note des commentaires et des réactions à la suite du débat dont parle M. Therrien. J'ai une confiance énorme en M. Johnston et en son entourage. Ils ont réfléchi à la suite des débats de 2021, comme en 2019. Pour permettre une meilleure préparation, ils ont l'intention de nommer à l'avance un responsable des débats.
[Traduction]
En anglais, c'est un « producer ».
[Français]
Je ne veux pas utiliser le mot technique en français, car il n'est pas exact.
Je pense qu'ils ont réfléchi à la façon de donner une plus grande visibilité aux débats grâce à leur format. Personnellement, je pense que les Canadiens voulaient entendre les chefs discuter entre eux des questions de politique publique dans un contexte électoral. Au point de départ, avoir cette occasion était, pour moi, une très grande priorité. Les membres de la Commission peuvent donc voir s'ils sont d'accord sur cet objectif et évaluer s'il a été atteint.
Merci, madame la présidente.
:
[
La députée s'exprime en inuktitut ainsi qu’il suit:]
ᖁᔭᓐᓇᒦᒃ ᐃᒃᓯᕙᐅᑖᖅ. ᓯᕗᓪᓕᕐᒥᑦ ᐃᓄᒃᑑᕐᓗᖓ ᑐᙵᓱᒃᑎᑦᑐᒪᓪᓗᒋᓪᓗ ᖁᔭᓕᔪᒪᓪᓗᒋᓪᓗ. ᑕᒪᓐᓇ ᐱᒻᒪᕆᐊᓘᖕᒪᑦ, ᑐᑭᓯᐅᒪᑎᑦᑎᓂᖅ ᑭᓇᒃᑰᖕᒪᖓᑕ ᑖᒃᑯᐊ ᓯᕗᓕᖅᑏᑦ ᐱᒻᒪᕆᐅᖕᒪᑦ. ᖃᐅᔨᒪᔪᖓ ᐃᓄᒃᑎᑑᖅᑐᖓ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Merci, madame la présidente. Tout d'abord, je vais m'exprimer en inuktitut pour vous souhaiter la bienvenue. Je suis reconnaissante envers vous tous. Il est primordial que nous nous présentions. Je suis heureuse de m'exprimer en inuktitut.
[Traduction]
Je vais poursuivre en anglais. Je tenais à vous remercier et à vous souhaiter la bienvenue à cette importante réunion dans ma langue.
Je pense qu'il est très important que les Canadiens comprennent la position des chefs de parti. Les députés qui finissent par être élus suivent de très près les chefs et cherchent à bien travailler avec eux. Je crois que ces débats des chefs sont très importants et je partage les préoccupations de mon collègue au sujet du dernier débat.
Avant de passer à des questions précises, je veux profiter de l'occasion pour vous remercier de l'une des décisions que vous avez prises en tant que ministre des Infrastructures, et dans laquelle j'ai eu, je crois, une certaine influence, qui a été d'accorder des fonds pour résoudre la crise de l'eau à Iqaluit. Je vous en suis très reconnaissante.
Je voudrais aussi vous demander rapidement si vous êtes d'accord avec la recommandation 7 de la Commission, selon laquelle elle doit veiller à ce que les débats soient disponibles dans des langues autres que le français et l'anglais, en accordant une attention particulière aux langues autochtones du Canada.
:
Madame la présidente, je remercie ma collègue de sa question.
Madame Idlout, j'ai également été heureux que le gouvernement, de concert avec la ville d'Iqaluit et les autorités territoriales, ait pu résoudre la crise très urgente de l'accès à l'eau potable dans la ville la plus importante et la plus peuplée du territoire.
Quand j'ai rencontré le maire, je m'inquiétais du temps que cela prendrait. Cela m'a rappelé, et devrait rappeler à tous les Canadiens, les difficultés que présentent les projets d'infrastructure dans le territoire du Nunavut et l'accès aux fournitures, aux matériaux et à la main-d'œuvre. Dans le Sud du pays, on tend naturellement à considérer que la saison de construction dure des mois et des mois, mais ce n'est pas le cas au Nunavut.
Je suis heureux que ce problème soit sur le point d'être réglé. Nous avons encore du travail à faire dans ce territoire au chapitre des infrastructures, et j'envisage avec plaisir l'occasion de collaborer à cette fin avec la députée du Nunavut.
Pour ce qui est de la recommandation 7, le gouvernement est très heureux que la Commission ait reconnu l'importance de rendre ces débats accessibles, pour les raisons que notre collègue a, il me semble, si bien décrites, au plus grand nombre de Canadiens possible. De toute évidence, nos efforts collectifs pour voir à ce que les langues autochtones soient prises en compte dans cette discussion sont essentiels.
La Commission a pris note du travail du Comité concernant la question des langues autochtones dans le cadre du processus électoral. Tout ce que la Commission peut faire qui lui paraît utile pour rendre les débats accessibles au plus grand nombre possible de Canadiens aurait certainement notre appui.
Merci, madame la présidente.
:
Madame la présidente, par votre entremise, merci pour cette question.
Lorsque j'ai parlé des valeurs sociétales, je pensais que ce serait... Pour ceux d'entre nous autour de cette table qui ont la chance d'être les représentants élus de nos collectivités, ces valeurs sociétales sont notamment une démocratie ouverte, accessible, juste et libre. Je sais que tous ceux qui ont l'honneur de siéger à la Chambre des communes du Canada y aspirent.
Notre démocratie, comme toutes les démocraties du monde, n'est pas sans connaître des défis. Toutefois, comme notre collègue l'a si bien dit, la capacité du plus grand nombre de Canadiens de participer de façon constructive, de façon éclairée et réfléchie, aux débats sur les politiques qui devraient — à notre avis — constituer la base d'une campagne électorale nationale, nécessite que ces débats soient disponibles dans le plus grand nombre de langues possible. L'une des grandes forces de notre pays, ce sont les nombreuses langues parlées sur son territoire. Bien souvent, les voix des Inuits et celles d'autres peuples autochtones sont les plus anciennes à résonner sur nos terres.
Pour moi, il est d'une importance cruciale que la Commission continue d'examiner cela. Nous sommes convaincus que le commissaire Johnston et son personnel assureront l'indépendance du modérateur et des producteurs et veilleront à ce que ces facteurs fassent également partie de la conversation.
M. Sutherland a dit que, lorsque le gouvernement est minoritaire, il faut toujours être prêt, alors il faut affecter des fonds. Cependant, à l'heure actuelle, après votre entente secrète, vous n'êtes plus minoritaires à la Chambre; il y a un gouvernement majoritaire néo-démocrate-libéral.
Cet argent doit‑il malgré tout être sur la table? Vous avez convenu qu'il n'y aurait pas d'élections avant 2024‑2025. À quoi servirait cet argent désormais?
Vous avez dit qu'en situation minoritaire, vous devez vous tenir prêts, mais qu'il ne devrait pas y avoir d'élections avant 2024‑2025, alors à quoi servent ces quelque 5,2 millions de dollars, dans la perspective d'une élection en 2024‑2025?
:
Merci, madame la présidente, et merci, par votre entremise, au ministre et à son équipe d'être ici. C'est formidable de vous avoir parmi nous, comme toujours. Nous vous sommes vraiment reconnaissants du temps que vous nous consacrez aujourd'hui.
Il y a une chose dont nous avons beaucoup parlé au Comité et qui a été soulevée à maintes reprises, et je l'ai déjà évoqué, c'est le sentiment général qu'il y a beaucoup de colère et une montée de la haine. Il est clair que la désinformation peut parfois être nourrie par cette fausse indignation que nous entendons quelquefois venir de l'opposition.
En général, je m'inquiète de l'érosion de notre débat et de notre discours public, surtout pendant les élections. Lorsque j'entends le ministre parler, j'entends des mots comme « confiance du public », « crédibilité », « indépendance » et « intégrité ». L'autre mot qui me vient à l'esprit est « confiance ».
En cette période mouvementée, je dirais que le mot « turbulent » est approprié pour décrire le débat public auquel nous assistons. Le débat des chefs contraste avec cela. Il revêt une importance encore plus grande et joue peut-être un rôle important dans la préservation et la modélisation du type de discours que nous voulons. Le ministre a utilisé des mots comme « éclairé » et « réfléchi ».
Cela contraste vraiment avec ce que nous voyons parfois. M. Perrault nous a parlé de l'augmentation de la violence et des menaces que subissent les députés, même le personnel et les bénévoles d'Élections Canada, qui ont contribué à notre processus démocratique. Cela me brise un peu le cœur. Comment pouvons-nous nous assurer que le débat des chefs préserve vraiment ce niveau de confiance du public et qu'il en fait la promotion dans les discours? Je pense que cela devient de plus en plus important.
J'aimerais entendre quelques observations sur la formule générale, au sujet de laquelle nous avons entendu des préoccupations en lien au dernier débat en anglais.
:
Madame la présidente, je vous remercie de la question.
Je pense que notre collègue, M. Turnbull, a répondu de façon beaucoup plus éloquente que moi à la question précédente de notre collègue conservateur sur l'importance de cet organisme indépendant financé par l'État pour offrir très exactement — comme l'a décrit de façon très claire, je crois, M. Turnbull, madame la présidente — cette possibilité aux Canadiens.
Je ne disconviens pas qu'il existe des défis. Je pense que M. Turnbull a utilisé le mot « turbulent » pour décrire le contexte auquel est confrontée notre démocratie, tout comme d'autres démocraties dans le monde. Comme beaucoup de gens dans le monde, nous sommes évidemment préoccupés par certaines des turbulences que nous avons vues se manifester lors de l'élection présidentielle chez notre voisin du Sud, les États-Unis. Dans le monde entier, madame la présidente, ce genre de circonstances se multiplient.
J'ai moi aussi eu une conversation avec M. Perrault et, je le répète, je partage l'analyse de M. Turnbull au sujet de l'augmentation de la désinformation, des menaces et de l'intimidation des gens qui travaillent pour les élections et qui sont très modestement rémunérés — bon nombre d'entre eux sont des bénévoles — pour aider à organiser les scrutins. Ce sont des défis constants. Je sais que votre comité mènera une réflexion approfondie sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour renforcer ces institutions, mais la Commission aux débats des chefs, à notre avis et comme M. Turnbull l'a énoncé, est un élément essentiel de cette infrastructure démocratique pour assurer un accès équitable, accessible, ouvert et transparent.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de turbulences. Je le répète, nous avons pris note des commentaires publics et politiques concernant certaines personnes qui ont participé à ces débats. Peut-être que M. Johnston ou ses collègues mèneront une réflexion au sujet de ces personnes en particulier ou sur la façon dont elles ont été choisies et sur les améliorations qui pourraient être apportées au processus pour s'assurer que cela ne se produise plus. Cependant, je ne pense pas que nous aurons un jour au Canada un débat national des chefs télévisé dans le cadre d'une campagne électorale vigoureuse qui ne suscite pas de controverse.
Certains dirigeants penseront qu'ils auraient dû faire mieux ou qu'ils auraient aimé faire mieux. D'autres penseront qu'ils ont très bien réussi. Le lendemain, le commentaire sera peut-être en désaccord avec leur propre auto-analyse. Tout cela fait partie du débat ordinaire, et c'est pourquoi il est important qu'il soit entre les mains de personnes indépendantes et réfléchies, ce qui coupe court à l'idée que ces conversations pourraient être organisées par des groupes d'intérêt ou des organisations du secteur privé.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Toutes et tous s'entendent pour dire qu'une grave erreur a été commise. Même les autres chefs de parti ont réagi quand elle s'est produite. Mon chef a réagi immédiatement et les autres l'ont fait ultérieurement.
Or, les recommandations proposées ne me convainquent pas.
L'indépendance dont vous jouissez à l'égard de la Commission est à mon avis une bonne chose et je vous l'ai dit. Cependant, vous avez pu constater qu'une erreur grave s'est produite. La turbulence observée dans nos débats n'a pas été causée par des politiciens, comme ce fut le cas dans d'autres pays, mais par la modératrice. Il faut le faire. Cela ne s'invente pas.
Si les recommandations sont insuffisantes, comme je le pense, et qu'une telle situation se reproduit, quelle sera alors la réaction du ministre? Que pourra-t-il faire?
:
Madame la présidente, je vous remercie de la question.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre que je suis évidemment d'accord avec la façon dont Mme Idlout a décrit l'importance pour les Canadiens de pouvoir prendre note des plateformes des chefs et des divergences d'opinions sur les questions qui sont importantes pour eux.
Dans le contexte d'une élection générale, c'est précisément cette interaction entre les chefs — les divergences de vues et de politiques — qui devrait être le résultat le plus important d'un de ces débats des chefs. Il ne devrait servir à rien d'autre qu'à faciliter, dans la mesure du possible, la compréhension qu'ont les Canadiens des programmes des chefs et des valeurs de leur parti.
C'est un sport de contact. Un débat national des chefs télévisé est nécessairement un moment critique dans une campagne électorale nationale. Comme je l'ai dit, nous avons une confiance totale en M. Johnston et ses collègues. S'il est bien mené, ce débat devrait précisément offrir aux Canadiens cette occasion. Nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un travail en cours et que nous pouvons tous, collectivement, trouver la meilleure façon d'aller de l'avant.
:
Merci beaucoup, madame la présidente. Quel plaisir d'être ici avec vous.
Je suis accompagné de mon collègue Michel Cormier, directeur général de la Commission.
[Français]
Je suis aussi accompagné de Chantal Ouimet, directrice des communications et des relations extérieures de la Commission. Nous sommes très chanceux d'avoir l'équipe ici, avec [inaudible] derrière, qui est une étoile.
[Traduction]
Merci beaucoup d'avoir invité la Commission des débats des chefs pour l'étude de son budget principal des dépenses. La Commission demande un financement total de 454 000 $ pour l'exercice 2022‑2023.
[Français]
Vous nous avez convoqués pour discuter de la façon dont la Commission remplit son mandat et s'acquitte de son rôle à l'intérieur de son cadre financier et pour discuter des projets et des activités futurs de la Commission.
[Traduction]
À la suite de l’expérience de 2021, qui a donné lieu à d’importantes critiques de la part de plusieurs parties prenantes aux débats, la Commission a soigneusement évalué les leçons positives et négatives tirées de cet exercice, et reconnaît qu’elle se doit d’évaluer ce qui a été accompli et si elle doit continuer d’exister. Je vais prendre quelques minutes pour résumer notre rapport de 2021. Nous avons très hâte d'entendre vos conseils. Il s'agit d'un processus continu. Nous apprenons sur le tas. Nous avons beaucoup à apprendre de votre évaluation de l'importance des débats dans notre société.
Nous avons divisé notre mandat en quatre catégories.
Premièrement, les débats étaient-ils accessibles et largement diffusés? Plus de 14 millions de Canadiens ont suivi les débats. Ils ont été diffusés en direct sur 36 réseaux de télévision, 4 réseaux de radio et 115 services de diffusion numérique, compte tenu de l'émergence du numérique. Les débats ont été présentés en 16 langues, en plus des formats spéciaux prévus pour l'accessibilité.
[Français]
Deuxièmement, les invitations aux débats ont-elles été faites sur la base de critères de participation clairs, ouverts et transparents?
En 2021, la Commission a défini les critères de participation et les a rendus publics avant les élections. Nous avons également dévoilé le raisonnement qu'elle utilise pour appliquer ces critères et publier sa décision concernant les chefs de parti qui se qualifiaient pour être invités aux débats.
[Traduction]
Troisièmement, les débats ont-ils été efficaces, informatifs et ont-ils suscité l'intérêt? De l'avis général, les débats de 2021 n'ont pas donné les résultats escomptés. Les deux principales faiblesses relevées sont le format et l'animation. Les intervenants ont critiqué le format comme étant chargé, restrictif et ne permettant pas aux chefs d'avoir suffisamment de temps pour participer à des échanges dignes de ce nom.
Quatrièmement, les débats ont-ils été organisés dans l'intérêt public? Nous croyons que des changements doivent être apportés à l'avenir pour mieux servir l'intérêt public.
Notre rapport de 2021 décrit nos recommandations en détail, et voici quelques points saillants très brefs: la Commission devrait avoir l'approbation finale du format et travailler avec les parties prenantes entre les élections à la conception d'un format simplifié qui sert au mieux les Canadiens. La Commission devrait sélectionner l'animateur des débats sur la base d'une consultation menée auprès d'experts; maintenir une capacité permanente suffisante entre les élections pour être en mesure d'organiser les débats dans un court délai et, de façon plus générale, cultiver des relations entre les élections pour favoriser la discussion au Canada et à l'étranger; et être dirigée par un commissaire aux débats dont le processus de nomination prévoit la consultation des partis politiques enregistrés et représentés à la Chambre des communes.
À notre avis, la Commission devrait être créée au moyen d'une loi ou d'un mécanisme semblable, et soumise à un examen périodique, par exemple tous les cinq ans, afin de privilégier sa pérennité, une transparence accrue et un meilleur accès aux ressources. Sa composition institutionnelle devrait accorder la priorité à l'indépendance opérationnelle réelle et perçue, à l'efficacité financière et à la souplesse administrative.
[Français]
Au cours des 12 prochains mois, nous nous appliquerons à améliorer les débats de façon à ce qu'ils servent mieux l'intérêt public. Nous avons l'intention: de consulter les organisateurs des débats, ici et à l'extérieur, sur les meilleures pratiques en matière de format et d'animation; de rédiger et lancer un appel de propositions afin de désigner le producteur des débats et ainsi permettre à la Commission et au producteur désigné d'entreprendre leurs travaux entre les élections; et de faire de la recherche sur les différents formats de débats et les tester.
[Traduction]
Si on nous confie le mandat de choisir l'animateur, nous consulterons un vaste éventail d'experts afin d'élaborer un processus de sélection transparent; un ensemble détaillé de qualifications, y compris la capacité, l'expérience et la neutralité politique; et un processus de diligence raisonnable pour s'assurer que les qualités recherchées par la Commission sont vérifiées. Nous avons l'intention de travailler en étroite collaboration avec le producteur des débats.
Permettez-moi de revenir sur le financement de 454 000 $ qui est demandé. L'efficacité financière est fondamentale. N'oubliez pas que je suis de descendance écossaise.
Au cours de notre premier mandat en 2019, nous avons reçu 5,5 millions de dollars et dépensé environ 3,9 millions de dollars. Dans notre deuxième mandat, en 2021‑2022, nous avons dépensé environ 3,5 millions de dollars.
[Français]
Comptant une personne à temps plein et trois à temps partiel, nous constituons une petite équipe. Nous croyons que les débats sont importants, mais nous sommes aussi d’avis qu’ils peuvent être organisés et produits dans un souci d’efficience administrative et financière. S’il est convenu que la Commission continue d'exister, nous nous engageons à ce que cette efficience soit l'un des principes fondamentaux de notre travail.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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C'est vraiment une question très importante.
Il s'agit d'un processus continu. Dans le cadre des deux exercices que nous avons menés, nous nous sommes familiarisés avec ce qui constitue le meilleur intérêt public dans les débats.
L'équipe de production des débats avait la responsabilité de choisir l'animateur et, en grande partie, le format. À la suite du débat de 2021, selon le changement que nous proposons, la Commission devrait avoir la responsabilité ultime du format et du choix de l'animateur. D'après nos études dans d'autres pays et chez nous, le rôle de l'animateur est vraiment essentiel pour la qualité du débat.
Permettez-moi d'approfondir un peu la question, parce qu'il est important de comprendre les différents éléments et de savoir qui devrait être responsable de quoi. Nous proposons que la Commission des débats ait la responsabilité ultime du format. Cela comprend le forum, la séance de discussion ouverte et la question de savoir si le débat est ouvert ou non au public; le nombre de segments et la détermination des segments; les déclarations d'ouverture et de clôture; la participation du public, des témoins ou des invités; les éléments vidéo, et ainsi de suite.
La durée du débat est un autre élément à déterminer, c'est-à-dire la durée du débat, la longueur de chaque segment, le temps dont dispose chaque chef pour répondre à une question, le temps qui devrait être consacré à chaque thème, la durée des sections de débat ouvert et le nombre de questions posées à chaque chef, mais pas les thèmes ou les sujets des questions. Il est très intéressant de noter que dans les débats de 2008, il y avait 8 questions, et dans le débat de 2021, il y en avait 45, ce qui représente un style de débat entièrement différent.
Nous recommandons que la Commission assume la responsabilité ultime de l'animation, qui a relevé jusqu'ici du producteur du débat. Le rôle de l'animateur touche quiconque intervient sur la scène, y compris un journaliste, pour poser des questions. L'animateur doit diriger ou présider le débat, suivre l'horaire et dialoguer avec les chefs en posant des questions et en faisant un suivi avec les chefs.
Pour plus de clarté, un journaliste qui est sur la scène pour discuter avec les chefs, leur poser des questions et faire un suivi devient, pendant cette période, l'animateur de facto. Un membre du public qui est assis dans l'auditoire ou en direct, etc., ne l'est pas.
Nous arrivons ensuite à une catégorie très importante — qui suscite pas mal de controverse — et c'est la teneur du débat. Parmi les éléments qui constituent la teneur du débat, mentionnons les thèmes et les questions à l'intention des chefs, y compris la détermination de ces thèmes et questions, l'ordre des thèmes et des questions et, en fait, le libellé précis de chaque question. Essentiellement, les chefs parlent de contrôle de la teneur — les thèmes et les questions qui leur sont posées. L'animation concerne l'identité de la personne qui pose ces questions; le format concerne la façon dont le débat se déroule. Où se trouve l'organisation...
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Merci, madame la présidente.
Merci au très honorable David Johnston d'être parmi nous aujourd'hui, et merci aux autres membres de votre équipe à la Commission des débats des chefs d'être ici. Nous vous sommes très reconnaissants de votre participation et du travail que vous faites.
Il ressort clairement de votre déclaration préliminaire que vous avez rempli la majeure partie de votre mandat, bien que nous puissions tous reconnaître que certaines améliorations peuvent être apportées. J'ai apprécié votre rapport et votre déclaration préliminaire parce que vous avez été très franc au sujet de ce qui pourrait être sensiblement amélioré dans le cadre des débats.
Vous avez dit très clairement que ces améliorations à apporter concernent le format et l'animation, et vous avez fourni une liste de solutions suggérées. Pour moi et pour bien d'autres, nous avons considéré ou même qualifié ce débat particulier — je parle du débat en anglais lors des plus récentes élections — comme un affrontement entre journalistes. Je pense que c'est ce que les gens ont ressenti.
Le , lorsqu'il était ici tout à l'heure, a dit qu'il s'agit vraiment de présenter ce qui éclaire le mieux le discours public. Quelle information le public veut‑il vraiment retirer du débat des chefs?
Nous savons tous que c'est un moment très intense. C'est un moment où la pression est forte pour une élection générale, et il y a beaucoup de choses à faire, alors je pense qu'il est vraiment important que nous nous efforcions de bien faire les choses.
Je me demandais si quelqu'un avait retracé ce que le public... Si nous prenions le citoyen moyen et lui demandions ce qu'il voulait vraiment retirer du débat, comment pourrions-nous nous assurer de réaliser cet objectif sous l'angle du format? Il est certain que le format a une incidence réelle sur ce que le public retire du débat.
J'ai entendu parler de gens qui ont changé de chaîne; ils n'ont pas regardé le débat. Ils ont commencé à le regarder et ont rapidement changé de chaîne. C'était très décevant pour moi en tant que candidat, bien sûr.
Je vais poser cette question par votre entremise, madame la présidente. Je serais heureux d'entendre vos observations.
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Je vous remercie de cette réponse vraiment éclairante, et c'est ce que j'espérais entendre.
À partir de là, et compte tenu du format du débat, pourrait‑il y avoir plus de temps, en général, pour le débat? Pourrait‑il être un peu plus long? Pourrait‑il y avoir un arrangement différent?
Certains ont laissé entendre qu'il devrait peut-être y avoir moins de questions. J'ai eu l'impression que les journalistes avaient soulevé de nombreuses bonnes questions au cours du dernier débat. À quelques exceptions près, j'ai été impressionné par les questions, mais c'est en quelque sorte ce que la plupart des gens ont retenu. Il y avait d'excellentes questions, mais presque aucun contraste entre les réponses des différents partis. Il est certain qu'un moins grand nombre de questions laisserait plus de temps pour les réponses. Quoi qu'il en soit, je vais en rester là pour l'instant. C'était plutôt un commentaire bien personnel de ma part.
Dans certaines de vos suggestions, vous avez parlé de rechercher des personnes neutres. Je me demande comment, dans un processus de sélection, vous pouvez vraiment vous assurer de sélectionner un animateur neutre sur le plan politique.
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C'est vraiment fondamental. Comme vous pouvez le constater, nous y avons consacré pas mal de temps dans la préparation de notre rapport. Quelles sont les qualités de l'animateur idéal? Il est particulièrement intéressant de voir ce qu'on en pense dans d'autres pays, de l'importance de cette personne, tant pour formuler les questions que pour en traiter avec les chefs.
Il est évident que l'animateur idéal est en quelque sorte invisible. Les chefs ont l'occasion de présenter leurs idées, leurs qualités, etc., et l'animateur doit leur faciliter les choses. Un de nos conseillers experts a dit que les animateurs doivent être comme les arbitres d'un match sportif: ils ne prennent pas part au jeu, mais se tiennent à l'écart et veillent au respect des règles, du temps alloué, etc.
Leur expérience est vraiment importante, surtout leur crédibilité auprès des partis eux-mêmes, ainsi que leur intégrité et leur fiabilité. Ce doit être quelqu'un qui n'est pas là pour mousser sa carrière, mais qui se voit comme un facilitateur sur scène, un peu comme un chef d'orchestre qui ne joue pas d'instruments, mais qui s'assure que les différentes sections jouent en harmonie. La musique douce n'est peut-être pas la meilleure métaphore pour parler d'un débat, mais c'est l'idée.
Je dois ajouter qu'une des raisons pour lesquelles nous recommandons que la Commission reste active en dehors des périodes électorales, c'est pour réfléchir à ce sujet et recueillir ce qui se fait de mieux dans le monde entier. Qu'est‑ce qui fait une bonne animation? Qu'est‑ce qui fait un bon format de débat? Et ainsi de suite. Si on présentait cela au Canada, le pays serait en mesure de bien comprendre ce qui fait le succès des débats dans un processus électoral.
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Merci, madame la présidente.
Je salue nos collègues qui sont venus nous rencontrer. C'est avec plaisir que je vais les interroger. J'ai beaucoup de questions à poser. Même si je ne peux pas l'imposer, j'aimerais qu'on me fournisse des réponses aussi courtes et précises que possible.
Si on dit que le débat en anglais était un fiasco, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'en parler davantage. J'aurais pu sortir des articles de journaux sérieux, mais nous ne jouerons pas à ce jeu-là aujourd'hui. En effet, je crois qu'il y a un consensus à ce sujet. Même mes collègues des autres partis sont d'accord. Il y avait trop de questions, et pas assez de débats. Il y avait aussi trop de journalistes. On a mis l’accent sur les journalistes plutôt que sur les politiciens, alors qu'on aurait dû faire le contraire.
Je vais revenir sur la forme du débat. J'aimerais savoir qui vous l'a proposée, comment vous en êtes venus à l'autoriser et, par la suite, comment se sont déroulées les choses.
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Qujannamiik, iksivautaq.
Merci beaucoup aux témoins et au très honorable David Johnston.
Je tiens à vous remercier tout particulièrement du temps que vous nous avez consacré en qualité de gouverneur général. J'aime beaucoup vos états de service et la façon dont vous avez mis en valeur le hockey. Je suis moi-même une joueuse de hockey, et vous m'avez vraiment donné le goût de continuer, même en vieillissant, alors je vous en remercie.
J'aurais une question au sujet du rapport. J'ai examiné l'annexe 3 et la liste des « personnes consultées » est assez impressionnante, répartie en sept groupes différents.
Je pense que les partis politiques sont particulièrement importants à consulter. Lorsque vous parlez des recommandations émanant des intéressés, pouvez-vous nous dire dans quelle mesure elles ont l'agrément des partis politiques, d'après ce que vous avez entendu? J'ai l'impression que les partis politiques ne se sont pas sentis écoutés par la Commission. Qu'avez-vous fait pour faire en sorte qu'ils le soient?
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Merci, madame la présidente, et merci à la députée par votre entremise.
Nous avons travaillé très fort pour consulter les intéressés en général, et les partis politiques en particulier, ou les gens qui ont de l'expérience politique. Notre comité consultatif, composé de sept personnes, avait pour mandat de choisir des gens qui représentaient la diversité du pays et la neutralité de genre, mais surtout qui avaient une expérience directe de la politique. Trois d'entre eux — John Manley, Deborah Grey et Megan Leslie — ont beaucoup d'expérience. Les quatre autres étaient des gens qui s'intéressaient certainement aussi à la politique, qui avaient une certaine expérience de l'action politique, etc. Nous en avons grandement profité.
Ensuite, nous avons eu des consultations assez directes avec chacun des partis — les chefs des partis ou les présidents de leurs associations — sur un certain nombre de questions, y compris celle de savoir qui devrait être présent sur la scène. Nous avons poursuivi cette consultation avant et après les débats.
Nous avons eu l'impression que les partis étaient plutôt satisfaits du degré de consultation. Le groupe d'étude sur les élections canadiennes a conclu que la relation avec les partis politiques était bonne. Nous avons fait attention de ne pas simplement prendre note de leurs suggestions, mais de les filtrer soigneusement les unes à travers les autres.
C'était loin d'être parfait, et on peut faire mieux, mais notre impression est que les partis politiques ont certainement été mieux écoutés sur les enjeux fondamentaux que lorsqu'il n'y avait pas de commission pour leur servir d'interlocuteur. Les négociations entre les partis politiques et les producteurs des débats ont parfois donné des résultats moins satisfaisants, comme l'absence d'un débat en anglais en 2015.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Tant qu'à y être, j'aimerais aussi mentionner que le très honorable David Johnston était recteur et vice-chancelier de mon alma mater également, mais il s'agissait de l'Université McGill. Cependant, je n'ai pas son nom sur mon diplôme.
Je tiens à remercier M. Johnston de sa présence ici aujourd'hui, avec ses collègues.
Je vais me concentrer sur deux questions.
La première, évidemment, concerne la recommandation no 2 et le choix d'un animateur. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le rapport que vous avez présenté au ministre au sujet de l'animation. Il était dit très clairement que selon certains avis, il vaudrait mieux s'en tenir à un seul animateur à l'avenir. Ailleurs, un organisateur de débats chevronné faisait remarquer qu'un animateur devait avoir une réputation à perdre et non une réputation à bâtir.
En tant que députée et candidate du Québec, je peux vous dire à quel point j'ai été insultée par la question inacceptable et biaisée de Mme Kurl lors du débat en anglais. La question qu'elle a posée et les sous-entendus qui en découlaient étaient tout à fait injustes.
À ce sujet, dans votre recommandation concernant la sélection d'un animateur après consultations d'experts, pourriez-vous nous dire combien de temps à l'avance vous entamez le processus de sélection d'un ou de plusieurs animateurs en vue d'une élection? Pourriez-vous nous en donner une idée, s'il vous plaît?
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Madame la présidente, il y a deux réponses à ces deux questions connexes.
Tout d'abord, j'ai été très encouragé de constater, lors des consultations, que ce n'était pas du divertissement qu'on recherchait dans ces débats, pas des matchs de lutte ni des coups d'assommoir. L'opinion générale des Canadiens est qu'ils veulent être en mesure de bien choisir ceux qui seront appelés à les diriger et à former le gouvernement de leur pays. Il s'agit d'une recherche réelle et sérieuse, et les débats sont un élément important de cette recherche. C'est notre responsabilité de donner au public ce qu'il veut clairement.
Nous passons ensuite à la question de l'animateur et du format. Si la Commission est maintenue, nous allons faire de notre mieux pour comprendre ce qui constitue un grand débat dans l'intérêt public et présenter avec le plus de clarté et de profondeur possible les différentes positions des différents partis. Deuxièmement, qui sont les chefs les plus aptes à tenir ce rôle, et quelles sont chez eux les qualités de chef que les Canadiens devraient rechercher?
À partir de là, dans les consultations que nous aurions avec quiconque formerait l'équipe de production des débats, nous voudrions nous assurer d'avoir à la fois un animateur et un format qui correspondent à toutes ces valeurs dont nous venons de parler.
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Merci, madame la présidente.
L'erreur faite par la modératrice démontre qu'il existe un problème de responsabilité. J'appelle cela une erreur, car je suis gentil.
À qui revient la faute?
À la suite de la question de Mme Kurl, je vais vous lire ce que le premier ministre du Québec a dit.
« La nation québécoise est attaquée », a déclaré M. Legault aux journalistes à Québec, ajoutant que Shachi Kurl et le groupe de diffuseurs ayant organisé le débat devaient s'excuser.
Nous n'avons pas reçu d'excuses du Consortium ni de Mme Kurl. En fait, elle ne sait même pas pourquoi elle devrait s'excuser. Alors, on est loin des excuses.
Est-ce que M. Johnston pense que les Québécois méritent des excuses?
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Madame la présidente, je suis heureux qu'on me pose cette question.
Il ne fait aucun doute que le caractère inclusif du Canada sera un élément important de nos discussions, et que la diversité comptera dans les efforts que nous ferons pour bien représenter ce caractère inclusif dans l'organisation générale des débats.
Deuxièmement, en ce qui concerne la présentation dans des langues accessibles, nous sommes heureux d'avoir fait de très bons progrès lors des des deux derniers débats, et nous pensons pouvoir en faire d'autres.
Lors du dernier débat, l'équipe de production comprenait notamment le réseau APTN, qui a été un précieux partenaire. Un des sept conseillers était Jean La Rose, qui a été chef de la direction d'APTN pendant un certain nombre d'années et qui a su apporter beaucoup de profondeur à nos travaux. Nous avons présenté les débats dans six langues autochtones, et c'était important.
Si la Commission est maintenue, nous allons travailler avec les traducteurs au cours des prochains mois et des prochaines années, parce que la traduction dans certaines langues a été tout un défi. C'est assez intéressant d'être choisi pour faire ces traductions. Avec plus de temps devant nous, nous deviendrons encore meilleurs dans la maîtrise des langues et nous pourrons voir auprès de Patrimoine Canada comment d'autres programmes de renforcement des langues autochtones peuvent être incorporés dans nos institutions démocratiques.
Cela fera certainement partie de nos attentes, et de nos travaux à venir à la Commission des débats des chefs.
Nous allons maintenant nous occuper rondement des affaires du Comité.
Je dois faire rapport du Budget principal des dépenses à la Chambre, et je vous demande de consentir à regrouper toutes les questions. Il y a quatre questions.
Les crédits 1, sous les rubriques Chambre des communes, Commission des débats des chefs, Directeur général des élections et Service de protection parlementaire, du Budget principal des dépenses 2022-2023 sont-ils adoptés?
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Crédit 1—Dépenses du programme..........395 255 315 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
COMMISSION DES DÉBATS DES CHEFS
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Crédit 1—Dépenses du programme..........421 549 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
BUREAU DU DIRECTEUR GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS
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Crédit 1—Dépenses du programme..........49 335 030 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
SERVICE DE PROTECTION PARLEMENTAIRE
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Crédit 1—Dépenses du programme..........89 504 130 $
(Le crédit 1 est adopté avec dissidence.)
La présidente: Puis‑je faire rapport du Budget principal des dépenses à la Chambre?
Des députés: D'accord.
La présidente: Pendant les 30 secondes qu'il me reste, le greffier a communiqué les budgets d'étude pour la Cité parlementaire, ainsi que le Budget principal des dépenses. Sommes-nous tous d'accord pour qu'il aille de l'avant avec ces documents?
Nous sommes d'accord. Excellent. Merci.
Portez-vous bien et soyez prudents. Nous nous reverrons la semaine prochaine.
La séance est levée.