Bienvenue à la réunion no 106 du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Le Comité se réunit aujourd'hui pour entamer l'étude du protocole parlementaire concernant l'incident survenu à la tribune de la présidence le vendredi 22 septembre 2023.
Il faut tenir compte des interprètes. Je suis certaine que les représentants de l'Administration de la Chambre qui sont parmi nous aujourd'hui savent très bien que l'écouteur est un outil, non un gadget. Si vous pouviez l'éloigner du microphone, ce serait vraiment apprécié pour ménager les oreilles des interprètes.
Nous avons reçu un courriel qui a circulé hier soir concernant une personne qui connaît relativement bien ce dossier et qui souhaiterait comparaître. Je demande aux membres s'ils sont d'accord pour inviter cette personne. Nous pouvons également en discuter à la fin de la séance. Sommes-nous d'accord pour inviter cette personne? Y a‑t‑il des préoccupations? Nous trouverons un moment approprié pour l'accueillir et nous procéderons en conséquence. Le greffier et moi-même pouvons en décider. Merci.
Nous tiendrons une liste consolidée des députés qui souhaitent prendre la parole.
Nous accueillons aujourd'hui Eric Janse, greffier de la Chambre des communes; Michel Bédard, légiste et conseiller parlementaire, Bureau du légiste et conseiller parlementaire; Patrick McDonell, sergent d'armes et directeur de la sécurité institutionnelle — que je remercie toujours ainsi que son équipe, de leurs services; Jeffrey LeBlanc, sous-greffier, Procédure; Stéphan Aubé, sous-greffier par intérim, Administration; Jeremy LeBlanc, greffier adjoint et directeur général des Affaires internationales et interparlementaires; et Nancy Anctil, cheffe du protocole et de la gestion des événements.
J'ai cru comprendre qu'une personne allait faire des commentaires d'ouverture. Cette personne disposera de 10 minutes pour ce faire, puis nous commencerons à entendre les questions et les observations des membres du Comité.
La parole est à vous. Bienvenue au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je me rends compte que nous sommes toute une délégation de l'Administration à comparaître devant vous aujourd'hui. Nous avons estimé que c'était la meilleure façon de répondre à toutes les questions du Comité.
Je vous remercie de nous avoir invités, mes collègues et moi-même, à comparaître aujourd'hui concernant l'allocution prononcée le 22 septembre 2023 devant le Parlement par Son Excellence Volodimir Zelenski. Compte tenu de ce qui s'est passé à cette occasion, il va sans dire que je comprends que tous les députés souhaitent éviter qu'un tel incident ne se reproduise.
Je suis ici pour faire part au Comité du rôle de l'Administration de la Chambre pour ce qui est de l'envoi d'invitations à des allocutions devant le Parlement et du contrôle de sécurité des personnes invitées à de tels événements.
Il arrive de temps à autre que la Chambre des communes invite un visiteur de marque — généralement un chef d'État ou de gouvernement — à prononcer une allocution devant les deux Chambres du Parlement.
[Français]
À titre d'hôte, le Président joue un rôle de premier plan lors de ces cérémonies, dont le déroulement suit un protocole bien établi.
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Pendant le processus de planification et de mise en œuvre de toute allocution, le bureau du protocole parlementaire veille à ce que tous les renseignements soient transmis à tous les partenaires, coordonne les exigences en matière de logistique et de protocole et s'assure que le tout est conforme aux pratiques parlementaires établies.
[Traduction]
Un aspect essentiel de ce rôle est la coordination des invitations aux invités présents à la Chambre et dans les tribunes lors d'une allocution. Les députés de la Chambre des communes occupent leur place habituelle, tandis que des sièges supplémentaires dans l'allée centrale de la Chambre sont réservés aux sénateurs et à divers dignitaires canadiens et étrangers.
Un certain nombre de sièges qui ne sont pas occupés par des parlementaires sont attribués selon une liste d'invités préétablie. Sur cette liste se trouvent des groupes figurant au Tableau de préséance pour le Canada, ainsi que des membres du Cabinet du premier ministre, de la délégation en visite et les Présidents des deux Chambres. Les places restantes sont attribuées aux sénateurs et aux députés de la Chambre des communes.
Chaque fois qu'il y a une allocution, la formule utilisée pour l'attribution des places est établie par l'Administration de la Chambre et approuvée par le Cabinet du premier ministre et les parties concernées. Ces dernières années, la répartition des places disponibles correspondait au nombre de sièges de chaque groupe ou parti reconnu au Sénat et à la Chambre des communes.
[Français]
Une fois la répartition des sièges approuvée, tous les groupes doivent soumettre leur liste d'invités au bureau du protocole parlementaire, qui coordonne l'envoi des invitations. Les groupes et les partis qui ont fourni des noms sont responsables de leur propre liste d'invités. Ces listes ne sont pas communiquées aux autres partis ou groupes et, conformément au principe d'indépendance du Parlement, elles ne sont pas transmises au gouvernement non plus.
[Traduction]
Je voudrais le répéter, car cette question a fait l'objet de nombreuses discussions. Les listes d'invités fournies au Bureau du protocole ne sont pas communiquées aux autres partis ou groupes et, conformément au principe d'indépendance du Parlement, elles ne sont pas non plus transmises au gouvernement.
[Français]
Comme c'est le cas pour la plupart des événements se déroulant sur la Colline du Parlement, lorsque le bureau du protocole du Parlement reçoit les listes d'invités, il s'assure que les noms qui y figurent sont communiqués aux partenaires de la sécurité parlementaire, dont le groupe responsable de l'accès à la Cité parlementaire. Ces équipes procèdent à la vérification des noms au moyen d'une base de données de sécurité et participent au processus d'autorisation des invités.
[Traduction]
Comme pour tous les visiteurs aux édifices de la Cité parlementaire, les invités à une allocution au Parlement doivent se soumettre à un contrôle de sécurité physique lorsqu'ils arrivent sur la Colline du Parlement. Les invités au Parlement ne font pas l'objet d'un contrôle de leurs antécédents, ce qui serait de toute façon difficile à effectuer étant donné le très court laps de temps dont on dispose pour l'organisation de telles cérémonies. En outre, il convient de souligner que la quasi-totalité des invités sont de simples spectateurs qui ne jouent aucun rôle officiel lors des allocutions prononcées devant le Parlement.
En ce qui concerne l'allocution prononcée devant le Parlement le 22 septembre, c'est le Président de la Chambre des communes, par l'entremise de son bureau, qui a communiqué les noms de M. Hunka et de son fils au Bureau du protocole parlementaire. La procédure a été la même que pour les allocutions précédentes et pour les autres groupes qui peuvent proposer les noms des personnes qu'ils souhaitent inviter.
[Français]
Il existe des lignes directrices et une marche à suivre en ce qui concerne la reconnaissance d'invités ayant lieu pendant les séances de la Chambre. Ces lignes directrices sont conçues pour permettre la reconnaissance de manière ordonnée et appropriée de dignitaires dans la tribune du Président en évitant de perturber indûment le déroulement des travaux à la Chambre.
Les lignes directrices actuelles en matière de reconnaissance s'appliquent lorsque la Chambre siège, mais elles ne visent pas les cérémonies ou les événements spéciaux qui ont lieu à la Chambre des communes en dehors des séances officielles de la Chambre, comme une allocution devant le Parlement prononcée par un visiteur de marque.
Il convient de souligner que la pratique consistant à reconnaître les visiteurs à la tribune lors d'une allocution au Parlement est relativement nouvelle. Il est arrivé, lors de récentes allocutions, que le premier ministre ou le visiteur de marque prenne le temps de le faire dans le cadre de son discours. C'est ce qu'a choisi de faire le Président Rota lors de son allocution en septembre. Ce dernier n'a pas demandé l'avis de l'Administration de la Chambre des communes avant de reconnaître la présence de M. Hunka pendant son allocution.
[Traduction]
À la lumière des événements récents, il est légitime de vouloir renforcer les pratiques liées à la reconnaissance des invités lors d'événements très médiatisés, advenant le cas où cette pratique se poursuivrait. Je signale qu'en octobre, le a demandé aux chefs des partis représentés à la Chambre de suggérer des mesures supplémentaires qui pourraient être prises en ce qui concerne les invités de la présidence ou du premier ministre.
Pour terminer, je tiens à souligner que l'Administration de la Chambre est déterminée à faire le nécessaire pour éviter qu'une situation semblable à celle qui s'est produite lors la dernière allocution devant le Parlement ne se reproduise.
Sur ce, je vous remercie encore une fois de m'avoir invité à comparaître devant le Comité. Mes collègues et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de ces commentaires d'ouverture.
Nous allons maintenant entreprendre les séries de questions de six minutes. Nous commençons avec M. Calkins.
[Français]
Ensuite, ce sera le tour de Mme Fortier et de Mme Gaudreau.
[Traduction]
Nous passons alors à Mme Mathyssen.
Je dirai simplement que, par le passé, j'ai fait preuve d'une certaine tolérance. Le comité de la procédure et des affaires de la Chambre compte en ce moment beaucoup de nouveaux membres. Souhaitez-vous que je continue à présider comme je l'ai toujours fait? Souhaitez-vous que j'indique quand se termine le temps alloué? En tant que présidente, j'ai cette prérogative, donc si des témoins n'ont pas le temps de faire des commentaires, je peux leur accorder du temps pour le faire.
Je continuerai à procéder de cette façon, donc la question ne se pose pas. Cependant, dois‑je continuer à présider comme je l'ai fait jusqu'à présent? J'aimerais obtenir l'accord de tous.
Je constate un certain consensus. Excellent. Je continuerai à procéder de cette façon.
Monsieur Calkins, vous disposez de six minutes pour poser des questions, par l'entremise de la présidence.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
En tant que nouvelle membre du Comité, je suis très heureuse de pouvoir participer à cette étude. J'ai déjà fait un peu de travail afin de me préparer en conséquence.
La première question à se poser est la suivante: pourquoi sommes-nous ici aujourd'hui?
Madame Gaudreau, je pense que vous aviez posé cette question la semaine dernière, alors je me remets dans ce contexte.
J'ai eu des discussions avec certains parlementaires, des sénateurs et des députés, pour vraiment comprendre ce qui se passe à la Chambre. C'est la question que nous devons nous poser aujourd'hui. Le rôle du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre est d'examiner ce qui se passe à la Chambre, de tirer des conclusions et de fournir des recommandations pour que certaines situations ne se reproduisent pas.
Aujourd'hui, nous voulons faire la lumière sur les événements qui se sont produits à la Chambre des communes le 22 septembre dernier.
Je comprends qu'il y a un protocole ou des procédures à suivre pour recevoir des invités ou reconnaître leur présence à la tribune lors d'une séance normale. Il en existe maintenant aussi pour la reconnaissance d'invités lors d'une adresse conjointe à la Chambre, et c'est là-dessus que portent le plus mes questions.
Monsieur Janse, vous avez mentionné cet aspect dans votre allocution d'ouverture. J'aimerais que vous passiez en revue les différences, sur le plan du protocole, entre une séance normale de la Chambre et une adresse conjointe.
J'ai regardé dans le fameux livre La procédure et les usages de la Chambre des communes. Au chapitre 7, à la page 339, la note en bas de page no 175 mentionne qu'il y a un protocole, mais il n'est pas défini. Cette note renvoie seulement au chapitre 9. J'ai donc consulté ce chapitre. À la page 423, c'est la même chose: on parle d'un protocole, mais je ne vois pas de détails.
J'aimerais que vous nous expliquiez la différence entre les deux.
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Je peux vous expliquer ça brièvement.
Ce qui diffère dans le cas des adresses conjointes à la Chambre, c'est notamment que les sénateurs sont invités à prendre place à l'intérieur de la Chambre des communes. Les premières places sont réservées aux parlementaires.
Pour ce qui est des autres invités, nos procédures tirent leur source de la pratique des dernières années. Il y a des gens qui figurent sur la liste de préséance, par exemple le juge en chef, les anciens premiers ministres, les anciens gouverneurs généraux, de même que des invités de notre invité de marque. Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, il s'agissait d'invités de l'ambassade et de la délégation ukrainiennes.
Par la suite, ce qui doit être approuvé par les parlementaires, c'est la façon dont seront partagés les sièges qu'il reste à la tribune et sur le parquet de la Chambre. Depuis plusieurs années, la pratique veut que ce soit déterminé par prorata. Par exemple, si 300 sièges sont libres, ils seront divisés au prorata de la représentation de la Chambre des communes et du Sénat. C'est de cette façon qu'on détermine le nombre de personnes. Ainsi, chacun des partis à la Chambre ou des groupes au Sénat sait combien de personnes il peut inviter, et c'est alors à lui de nous fournir une liste.
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Je veux revenir sur les commentaires que le Président précédent a faits à CTV Northern Ontario au sujet d’un « peigne fin ». Voici ses mots: « Normalement, l’invitation est envoyée au Cabinet du premier ministre, qui la passe au peigne fin, puis l’invitation est transmise par le protocole. »
J’essaie de comprendre. Le Président précédent affirme qu’il y a un processus de « peigne fin », mais j’ai encore du mal à comprendre. Pour l’événement dont nous sommes saisis, il a dit que le Cabinet du premier ministre avait reçu la liste.
Vous y avez d’ailleurs fait allusion, monsieur Janse.
Cela pique un peu ma curiosité par rapport à la production de documents que nous avons reçus au cours des derniers mois. Si le Cabinet du premier ministre n’avait pas reçu une liste complète des invités, comment se fait‑il que, le 20 septembre, il y a eu un échange de messages textes entre un coordonnateur du protocole parlementaire et le conseiller en communication auprès du premier ministre au sujet d’une certaine personne qui était invitée, qui figurait sur une liste d’invités des conservateurs? Le Cabinet demandait pourquoi une certaine personne était invitée alors que son nom n’apparaissait pas sur leur liste.
Comment pouvaient-ils le savoir? Je ne comprends pas très bien comment ils auraient pu savoir qu’une personne était invitée par les conservateurs s’ils n’avaient pas reçu la liste.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
[Traduction]
Je vous remercie d’être ici aujourd’hui.
Monsieur Janse, vous avez mentionné que, normalement, un invité n’a aucun rôle à jouer lors d’une allocution spéciale devant les deux Chambres du Parlement et que, habituellement, on ne reconnaît pas la présence d’une personne en particulier à la tribune.
Lorsque je regarde le chapitre 9 du Bosc et Gagnon, je constate qu’il y a, à la figure 9.1, une liste de toutes les allocutions prononcées par des visiteurs de marque devant le Parlement, de 1940 à 2017.
Êtes-vous en mesure de savoir si la présence d’une personne à la tribune a déjà été reconnue pendant l’une de ces allocutions? Était‑ce la première fois que le Président soulignait la présence d’un invité lors d’une telle allocution?
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Merci, madame la présidente.
Ce que nous avons vécu est un désastre, nous en sommes tous conscients.
Vous m'avez dit tantôt que vous ne saviez pas que le Président allait souligner la présence de M. Hunka. J'en comprends donc que c'est son erreur, et non la vôtre. Vous avez dit aussi que vous n'aviez pas le temps de faire les vérifications des noms, notamment au moyen des sources ouvertes. Dans le fond, vous n'avez aucune responsabilité dans cette histoire, parce que c'est un geste posé par M. Rota. C'est ce que vous dites.
Or, le a également invité M. Hunka, un ancien nazi, dans le cadre d'une cérémonie en Ontario. Dans ce cas, la faute revient au premier ministre, n'est-ce pas? C'est ce que vous dites, dans le fond. En invitant M. Hunka, le premier ministre a fait la même chose que M. Rota. On parle d'un choix délibéré.
Dans toute cette histoire, est-ce que M. Rota n'a pas été simplement l'agneau sacrifié dans le but de sauver le premier ministre? Je veux savoir ce qu'il en est, parce que ça n'a pas de bon sens. Qui peut me répondre?
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Je veux juste dire qu'il y a déjà eu une motion à ce sujet et que nous avons reçu les documents. Les seuls documents que nous n'avons pas reçus sont ceux du Bloc québécois. Selon ce que je comprends, ils ont été reçus, mais ils sont en processus de traduction, puisqu'ils doivent être dans les deux langues officielles.
Notre comité a donc déjà demandé tous les documents et, selon ce que je comprends, nous les avons reçus, alors je ne pense pas que le moment soit opportun pour qu'une députée demande des documents. Cependant, si tous les membres du Comité veulent avoir une discussion à ce sujet, je vais le laisser en discuter.
À mon avis, maintenant que nous avons reçu les documents, il est temps de poser des questions afin de trouver une façon d'aller de l'avant et de s'assurer qu'un tel événement ne se reproduira pas.
[Traduction]
Je vais en rester là, car il s'agit de la deuxième référence aux documents, mais je crois comprendre qu'une motion a été adoptée. Il semble que nous avons reçu les documents, alors je veux m'assurer que tous les membres sont présents.
Monsieur Berthold, la parole est à vous.
[Traduction]
Sur ce, je vous remercie beaucoup de votre temps.
Vous avez eu beaucoup d'échanges. De toute évidence, il y a un désir de recevoir de l'information afin que le Comité puisse faire son travail. S'il y a des idées ou des renseignements que vous pouvez nous fournir, le Comité vous en serait reconnaissant. Veuillez vous adresser au greffier.
De plus, comme vous avez eu des discussions pendant la période des questions, si quelque chose vous vient à l'esprit qui vous fait dire que vous auriez aimé ajouter des renseignements, ce serait une excellente occasion pour vous de les fournir à notre comité. Si vous les remettez au greffier, nous veillerons à ce qu'ils soient distribués. Je suis certaine que vous songerez à tout cela pendant des jours, et il se pourrait que vous vous disiez: « Je vais peut-être partager cette information. » Nous vous en serions reconnaissants.
C'est maintenant au tour de Mme Romanado.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie de cette invitation l'ensemble de mes collègues parlementaires.
Je suis ici pour parler de ce qui s'est passé au Parlement en septembre dernier, lorsque le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a prononcé son discours.
Ce fut une journée historique pour nous tous. Son discours nous a donné l'occasion de réaffirmer notre soutien indéfectible à l'Ukraine. Soyons clairs: ce jour-là, l'Ukraine luttait pour sa souveraineté contre l'incursion illégale de la Russie sur son territoire, comme c'est toujours le cas aujourd'hui. La guerre de l'Ukraine contre la Russie de Poutine représente un moment critique. Si l'Ukraine tombe, nous en souffrirons tous. Nous avons donc tous le devoir, en tant que parlementaires canadiens, de mettre de côté la partisanerie, de faire ce qu'il faut et de présenter un front uni de soutien au peuple ukrainien.
Malheureusement, le discours du président Zelensky a été entaché par un incident honteux qui a causé de la peine à de nombreux Canadiens, en particulier ceux d'origine juive et d'Europe de l'Est. Un homme a été invité à s'asseoir à la tribune et il a été reconnu par le Président comme un héros. Il a été applaudi par tous les députés de la Chambre, tous partis confondus. C'est vraiment un moment horrible pour notre Parlement et pour l'ensemble des députés. Nous ne connaissions pas le passé de cet homme pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, nous avons été appelés à lui rendre hommage, pendant que le président Zelensky était parmi nous.
[Traduction]
Madame la présidente, votre comité examine comment ce malheureux incident s'est produit. Permettez-moi de passer en revue la chronologie de ce qui s'est passé dans les jours qui ont suivi le discours du président Zelensky.
L'allocution à la Chambre a eu lieu un vendredi. Au cours de la fin de semaine, on a appris des détails sur l'implication de cette personne dans la Seconde Guerre mondiale. Le dimanche soir, le Président Rota a publié une déclaration qu'il a écrite. Je cite:
Le vendredi 22 septembre, dans le cadre de mon allocution suivant l’adresse du président de l’Ukraine, j’ai souligné la présence d’un individu dans la tribune.
J’ai depuis reçu de nouveaux renseignements qui me font regretter ma décision d’avoir présenté cette personne.
Je tiens à préciser que personne parmi mes collègues parlementaires ou la délégation ukrainienne n’était au courant de mes intentions ou de mes remarques avant mon allocution.
Je suis le seul responsable de cette initiative, l’individu en question étant une personne de ma circonscription dont on m’avait parlé.
Je tiens tout particulièrement à offrir mes excuses les plus sincères aux communautés juives partout au Canada et autour du monde.
J’assume l’entière responsabilité de mes actes.
C'est l'explication du Président. C'était concis, et il a dit clairement qu'il était le seul à avoir pris la décision d'inviter l'individu à la Chambre.
Le lendemain matin, lundi, le Président s'est levé à la Chambre et a fait une déclaration semblable aux députés. Il a dit:
Je tiens à présenter mes excuses à la Chambre. Je suis profondément désolé que mon geste et mes propos aient blessé autant de gens.
En dépit de sa déclaration claire et de ses excuses, l'opposition s'est demandé si le gouvernement avait participé à l'invitation de la Chambre. Le Président est intervenu dans les délibérations et a dit clairement:
Je tiens à préciser que c’est moi, et moi seul, qui ai pris cette décision. Il s’agit d’un résident de ma circonscription qui souhaitait être présent ici, et je l’ai invité. C’était ma décision, et je vous présente toutes mes excuses. Je ne peux pas dire à mes collègues à quel point je le regrette. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour certains d’entre vous, et je m’en excuse.
Madame la présidente, comme vous vous en souviendrez, malgré les explications et les excuses du Président Rota, les députés ont exprimé des préoccupations importantes au sujet de ses actions à cet égard. Le lendemain, le mardi 26 septembre, il s'est levé à la Chambre pour annoncer sa démission à titre de Président. Il a réitéré son profond regret pour son erreur. Il a dit que cela avait causé de la douleur à des personnes et à des collectivités, y compris à la communauté juive du Canada et du monde entier. Le Président Rota a dit:
J'accepte l'entière responsabilité de mes actes.
Encore une fois, ses propos étaient clairs et définitifs.
Plusieurs mois plus tard, son explication n'avait pas changé. Dans une lettre qu'il a écrite au Comité le 30 janvier, il a écrit:
Je répète que la décision d'inviter cette personne était la mienne, tout comme celle de le saluer dans mes observations.
[Français]
En résumé, il est important de souligner les faits entourant ce qui s'est passé en septembre dernier.
L'ancien Président a clairement indiqué que lui seul était responsable d'avoir invité cette personne à la Chambre et d'avoir décidé de le saluer lors de son discours. Il a fait ce choix de sa propre initiative, et aucun autre parlementaire n'y a participé.
Le gouvernement n'a joué aucun rôle dans cette affaire. En effet, il ne savait pas que cette personne serait présente à la Chambre.
L'ancien Président a invité ses propres invités pour le discours. Ceux-ci ont été déterminés par lui et son bureau uniquement.
Lorsque le gouvernement a appris l'horrible incident qui s'était produit à la Chambre, le a reconnu à quel point cet incident était particulièrement douloureux pour les Canadiens et les communautés touchés par l'holocauste. Le premier ministre a fait une déclaration publique à ce sujet à l'extérieur de la Chambre et s'est également entretenu à ce sujet avec les députés à la Chambre. Il a noté que le Président Rota avait envoyé l'invitation, qu'il avait souligné la présence de cet individu à la tribune et qu'il en avait assumé l'entière responsabilité. Le premier ministre a déclaré qu'aucun député n'était au courant des antécédents de cette personne.
Le premier ministre a souligné ceci:
[...] au nom de toutes les personnes présentes à la Chambre, je tiens à présenter mes plus sincères excuses pour ce qui s'est produit vendredi et pour la situation dans laquelle le président Zelensky et la délégation ukrainienne ont été placés. Pour nous tous qui étions présents, le fait d'avoir rendu hommage à cet individu sans savoir qui il était a été une terrible erreur et une violation de la mémoire de ceux qui ont cruellement souffert aux mains du régime nazi.
[Traduction]
Il y a un autre point, madame la présidente, au sujet duquel j'aimerais faire quelques brèves observations.
Je suis bien sûr ici pour travailler en collaboration avec tous mes collègues afin de discuter de ce qui s'est passé à la Chambre en septembre dernier. Cependant, je m'attends à ce que certains membres du Comité aient l'intention de poser des questions sur un autre événement qui s'est également produit au cours de cette semaine.
Lorsque le président Zelensky est venu au Canada, plus de 1 000 personnes ont été invitées à un événement communautaire à Toronto. Des centaines de Canadiens ont été invités sur la recommandation de groupes communautaires. Le nom de la personne dont nous discutons dans le cadre de ces procédures a été soumis par le Congrès des Ukrainiens canadiens. Au bout du compte, la personne n'a pas assisté à l'événement. Il est important de souligner que ces deux événements — le rassemblement en soirée à Toronto et l'adresse sur le parquet de la Chambre à Ottawa — étaient deux événements complètement distincts.
Le dernier point à retenir, madame la présidente, c'est qu'après cet incident malheureux, notre gouvernement n'a laissé aucun doute quant à la position du Canada dans son soutien indéfectible à l'Ukraine. Le a dit que notre pays était aux côtés de l'Ukraine dans sa lutte contre la brutalité, les mensonges et la violence de Vladimir Poutine. Il a rendu hommage aux sacrifices des Ukrainiens qui se battent pour leur démocratie, leur liberté, leur langue et leur culture, ainsi que pour la paix.
Le a également prévu publiquement que cet incident serait politisé et se transformerait en fausse propagande de la part de la Russie pour affaiblir l'Ukraine. Il n'est pas surprenant que Poutine lui-même ait poursuivi ces efforts ces derniers jours dans une entrevue en Russie avec le commentateur conservateur américain d'extrême droite Tucker Carlson. Cependant, les faits disent le contraire. Les Canadiens ne se laisseront pas berner par cette propagande irresponsable et malveillante. Le Canada et l'Ukraine sont des alliés. Notre détermination à soutenir l'Ukraine en cette période cruciale n'est pas moins forte aujourd'hui qu'elle ne l'était à l'époque.
C'est ce qui s'est passé en septembre dernier. Le Président de l'époque a fait une erreur dont il était le seul responsable. Il a accepté cette responsabilité et a démissionné. Cependant, nous ne pouvons pas laisser cela définir notre relation avec l'Ukraine et nous ne le permettrons pas. Les Ukrainiens sont nos amis. En cette période périlleuse de leur histoire, ils ont besoin de notre amitié. Nous ne les décevrons pas.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Merci de votre présence, monsieur MacKinnon. C'est toujours un plaisir de vous voir.
Vous avez très bien expliqué la situation. Vous avez même cité les propos du Président de la Chambre en ce qui concerne ses intentions et ses réponses.
Je vous remercie encore une fois de nous rappeler notre soutien indéfectible à l'Ukraine.
Je pense que le message à retenir aujourd'hui, c'est qu'il faut trouver une solution pour ne plus voir une telle situation se produire à la Chambre des communes.
Tout d'abord, je veux vous parler du rôle de whip que vous occupiez lors de cet événement.
Comme on le sait, le gouvernement doit suivre un processus en matière de protocole. Ce dernier a été bien expliqué par la panoplie de témoins que nous avons entendus tantôt.
À quel moment aviez-vous à intervenir directement dans le processus relativement au protocole entourant une adresse conjointe? Tantôt, vous vous apprêtiez à donner une réponse en disant que vous vouliez plaire à vos collègues en leur offrant des places, mais que celles-ci étaient limitées.
Parlez-moi de votre rôle et dites-moi où se situent ses limites dans ce processus d'adresse conjointe, c'est-à-dire en présence des sénateurs.
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Merci beaucoup de la question.
C'est un plaisir de discuter avec vous ici, monsieur Lauzon.
Je peux vous affirmer qu'il y a un nombre très restreint de places à la tribune de la Chambre des communes. Un certain nombre de places pour les invités est accordé à l'opposition officielle, au Bloc québécois et au Nouveau Parti démocratique. Des places sont peut-être même accordées aussi aux députés indépendants et au Parti vert, mais je l'ignore.
On m'a toujours dit que, pour un événement comme le discours de M. Zelensky, l'allocation des places pour le gouvernement se faisait généralement au prorata du nombre de sièges de députés à la Chambre des communes. Encore une fois, je présume qu'on procède ainsi. L'allocation de places pour les invités du gouvernement comprend obligatoirement des diplomates ainsi que certaines autres personnes qui doivent y assister en raison de leur rôle ou de leurs fonctions officielles, ce qui limite le nombre de places pour les autres invités.
Nos collègues libéraux m'ont souvent fait le commentaire selon lequel un député typique de l'opposition avait plus de chances d'inviter quelqu'un à assister à ces événements qu'un député du gouvernement, en raison du nombre restreint de places offertes à l'ensemble des partis.