:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous les membres du Comité des ressources humaines. Je vous remercie infiniment de tout le travail que vous accomplissez.
Je vous remercie de m'avoir invité à vous faire part de mes réflexions aujourd'hui. J'aimerais d'abord vous communiquer les sages paroles de la sénatrice Sharon Carstairs, selon laquelle il y a autant de façons de vieillir qu'il y a de Canadiens qui vieillissent. Les personnes âgées sont donc définies par leur mode de vie, et non pas par leur âge.
Les Canadiens ont récemment entendu des chiffres alarmants concernant notre vieillissement démographique. La motion jette les bases pour que toutes les instances gouvernementales puissent être au service de notre population vieillissante d'un bout à l'autre du Canada. Il est temps de passer à l'action, et la motion no 106 assure la planification de l'avenir.
Je tiens à remercier la Chambre des communes d'avoir adopté la motion le 17 mai. Elle lance le processus visant à officialiser et à élaborer une stratégie nationale pour les aînés.
[Français]
Comme vous le savez peut-être, ma motion M-106 permet d'engager le dialogue avec le Conseil national des aînés. Une étude servira à informer le Conseil, récemment reformé, de la meilleure façon d'élaborer et de mettre en oeuvre une stratégie nationale pour les aînés qui entraînera un changement positif en ce qui touche la qualité de vie et le bien-être des personnes âgées et de ceux qui s'en occupent.
[Traduction]
Je m'en voudrais de ne pas remercier le caucus multipartite des aînés — les députés , , ainsi que le député du NPD — pour son travail relatif aux personnes âgées. Cet effort qui transcende les divisions partisanes vise à discuter de façons d'améliorer la qualité de vie des aînés.
Voici pourquoi j'ai décidé de cibler mon initiative parlementaire sur l'élaboration d'une stratégie nationale pour les aînés.
[Français]
Au sujet de la motion, deux motifs m'ont inspiré: tout d'abord, ma famille, puis les aînés qui n'ont qu'un revenu fixe et qui vivent dans la pauvreté.
C'est ce que j'ai entendu partout, dans ma circonscription, Nickel Belt, et ailleurs au Canada. Mon père est lui-même devenu député à la Chambre des communes en 1968. Il est l'aîné d'une famille de 16 enfants. Ma mère est l'aînée d'une famille de 15 enfants. Nous formons une grande famille catholique française du Nord de l'Ontario qui compte 60 oncles et tantes et plus de 100 cousins et cousines.
Parfois, les membres d'une famille s'occupent d'une, de deux ou de trois personnes qui leur sont apparentées. J'ai une préoccupation en ce qui les concerne. Bien sûr, nous devons être présents pour la famille. Toutefois, je sais bien que ce ne sont pas tous les Canadiens qui ont de grandes familles comme la mienne. C'est pourquoi nous étudions les moyens de prendre soin des aînés, au fur et à mesure que les familles vieillissent.
[Traduction]
Qui plus est, nous assistons maintenant à une augmentation du nombre d'aînés qui s'occupent d'autres aînés. Cela comprend les aînés qui prennent soin de leur conjoint âgé, d'un ami âgé ou même d'un parent qui est rendu à cette étape de sa vie. Souvent, ces aînés reçoivent un revenu fixe et peuvent eux-mêmes avoir des troubles de santé mentale ou physique, de sorte qu'ils ont du mal à s'occuper de leurs proches et même d'eux.
J'ai eu l'honneur d'en discuter avec des gens de ma circonscription ainsi qu'avec de nombreux députés. J'en ai parlé avec des membres du personnel et des aînés de centres d'aide à la vie autonome, comme la résidence pour personnes âgées Au Château à Sturgeon Falls, la St. Gabriel's Villa à Chelmsford, le centre Saint Élisabeth à Valley-Est, et le centre de santé St. Joseph et Finlandia dans la Ville du Grand Sudbury, de même que des centres de partout dans la circonscription de Nickel Belt.
[Français]
J'ai rencontré des gens de plusieurs organisations communautaires comme les clubs de l'âge d'or de River Valley, de Field, de St. Charles, de Verner, de Sturgeon Falls, de Lavigne, d'Azilda.
[Traduction]
Il y a aussi les clubs de l'âge d'or, comme ceux de Warren, Mulville, Capreol, Chemesford et Onaping-Levack.
En outre, en tant que président du caucus du Nord de l'Ontario, vice-président du caucus rural et membre des Premières Nations des Algonquins de l'Ontario, je continue à apprendre et à comprendre les besoins et les défis auxquels sont confrontés les aînés des zones rurales et des collectivités autochtones au Canada.
J'ai entendu des histoires sur l'ingéniosité des aînés, qui souhaitent demeurer indépendants et vivre dans leur foyer aussi longtemps que possible, mais qui ne peuvent pas assumer le coût nécessaire pour rendre leur maison accessible et l'adapter à leurs besoins.
J'ai entendu des histoires de personnes soignantes qui travaillent sans relâche pour aider leurs proches, mais aux dépens de leurs revenus et parfois même de leur bien-être mental et physique. J'ai également entendu des histoires de personnes âgées qui veulent être heureuses, en santé et actives dans leur communauté, mais qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Surtout, j'entends des histoires de personnes qui aiment les membres de leur famille et veulent s'assurer qu'ils vivent longtemps, heureux et en santé. Voilà qui me motive à cibler mon initiative parlementaire sur l'élaboration d'une stratégie nationale pour les aînés.
Je suis tout à fait d'accord pour dire qu'un des sujets les plus importants que votre comité peut étudier, en ce qui a trait à l'amélioration de la qualité de vie des personnes âgées, est de leur offrir des logements abordables et accessibles.
[Français]
D'après l'Association médicale canadienne, prendre soin des personnes âgées à leur domicile et dans leur communauté est une des solutions les plus rentables pour que le système de santé du Canada puisse répondre aux besoins des aînés qui ne souffrent pas entièrement de démence ou qui ne sont pas gravement malades.
[Traduction]
J'aimerais souligner la présence aujourd'hui du président de l'Association médicale canadienne, ou AMC, le Dr Granger Avery, qui milite activement pour cette cause auprès des députés de la Chambre des communes et des Canadiens depuis trois ou quatre ans. J'invite tous les membres du Comité et les Canadiens à visiter le site Web www.exigeonsunplan.ca.
[Français]
ou, en français, exigeonsunplan.ca.
[Traduction]
Ce plan a déjà été signé par 50 000 Canadiens.
Docteur Avery, je vous remercie de tout le travail que l'Association et vous avez accompli au nom des aînés de partout au Canada.
Le besoin d'encourager le traitement des personnes âgées dans leur maison et de permettre aux aînés de vivre dans leur communauté le plus longtemps possible est d'une importance cruciale pour neuf aînés sur dix.
Selon une étude de l'AMC, la plupart des soins à domicile au pays sont fournis de façon informelle par des membres de la famille, des amis et des voisins non rémunérés. En fait, le rapport de 2007 du Conference Board du Canada estime que les aidants naturels non rémunérés fournissent 10 fois plus d'heures de soins à domicile que les travailleurs rémunérés. Autrement dit, en 2007, environ 3,1 millions de personnes ont dispensé des soins non rémunérés aux personnes âgées au Canada, soit plus de 1,5 milliard d'heures.
Selon un rapport du Sénat qui s'intitule Le vieillissement de la population, un phénomène à valoriser, publié en 2009 par les sénateurs à la retraite Carstairs et Keon, il semble que la famille et les amis fournissent environ 80 % de l'ensemble des soins à domicile aux personnes âgées vivant dans la collectivité, et jusqu'à 30 % des services aux personnes âgées vivant dans des établissements.
[Français]
À mon avis, les gouvernements fédéral et provinciaux ont besoin de prendre part à une étude collective afin d'évaluer le système actuel de soutien financier. Cela pourrait permettre aux aînés d'avoir accès à un revenu de base pour prendre une retraite respectable et en toute dignité, ainsi que réduire la pauvreté chez les personnes âgées.
[Traduction]
Une part importante de la stratégie pour les aînés devrait également permettre de connaître les déterminants sociaux de la santé des aînés et d'offrir une aide pour les améliorer. Il s'agit notamment du revenu, de la situation sociale, des réseaux de soutien social, de l'éducation, de l'emploi, des conditions de travail prolongé, de l'environnement social et de l'environnement physique. Il faut aussi s'attarder à l'hygiène de vie et aux capacités d'adaptation tout en tenant compte du genre et de la culture.
[Français]
Cela devrait aussi prendre en considération la façon dont le gouvernement fédéral peut appuyer l'expansion et l'amélioration des programmes de loisirs, sociaux et de soutien pour les personnes âgées, particulièrement pour les Canadiens et les Canadiennes vivant avec la maladie d'Alzheimer ou la démence. Il y a moins de programmes de ce genre à l'intention des gens touchés par ces conditions et ils coûtent généralement beaucoup plus cher que d'autres.
[Traduction]
En fait, en tant que membre permanent du Comité de la condition féminine, j'ai entendu Tamara Daley, professeure titulaire de la Chaire de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, à l'Université York, dire au comité mardi dernier que ces programmes coûtent jusqu'à 30 ou 40 $ par jour, une somme que beaucoup de personnes âgées ne peuvent malheureusement pas se permettre.
Le centre pour personnes âgées Good Companions est un excellent exemple d'établissement qui offre un bon programme semblable à Ottawa, dont les représentants sont ici aujourd'hui.
Monique, chers membres du conseil, je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour soutenir la motion.
Ce programme de jour offre aux personnes âgées une aide minimale pour 18 $ par jour. C'est le genre de programmes et de pratiques exemplaires que nous devons examiner partout au Canada. Je suis heureux de voir qu'ils sont ici aujourd'hui, accompagnés d'aînés en établissement.
Je tiens également à remercier Carolyn Pullen, de l'Association des infirmières et infirmiers, qui est présente et appuie la motion.
[Français]
En terminant, j'aimerais exprimer ma gratitude envers le Comité qui a entrepris cette étude afin de savoir comment le gouvernement peut appuyer les aînés aujourd'hui tout en les préparant pour demain.
[Traduction]
J'ai hâte de répondre aux questions.
[Français]
Merci beaucoup, meegwetch.
:
Merci, monsieur le président.
Marc Serré, je vous remercie, et je vous félicite pour la motion sur le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui.
La question du vieillissement de la population est très grave pour le Canada, mais elle ne touche pas que notre pays. Tous les pays occidentaux ont une population vieillissante. On a récemment annoncé qu'il y a désormais plus de personnes âgées au Canada que de jeunes. À l'heure actuelle, un Canadien sur six est un aîné. Dans cinq ans et demi environ, ce sera un sur cinq. D'ici 12 ans, ce sera un sur quatre. Il s'agit là d'un changement majeur au sein de la population canadienne.
Nous devons nous y préparer parce que 50 % des coûts médicaux provinciaux et territoriaux sont déjà engagés pour les aînés. Si ce pourcentage augmente, nous assisterons fort probablement à une hausse du coût des médicaments au pays. En revanche, je crois qu'il y a actuellement quatre Canadiens et demi qui travaillent pour soutenir chaque aîné au pays, une proportion qui diminuera à deux Canadiens et demi, de sorte qu'il y aura moins de gens au travail pour soutenir les aînés, alors que leurs besoins seront plus importants.
Nous devons être astucieux et nous préparer à ce raz-de-marée gris, comme certains l'appellent. Les Canadiens vivent longtemps et sont en santé, mais les aînés ont encore des besoins uniques.
Marc, je tiens à vous remercier de soulever cet enjeu. Le Comité en parle depuis un an et demi, et il est regrettable que nous n'ayons pas commencé l'étude plus tôt. Avec le recul, nous aurions dû le faire, mais nous agissons enfin.
Je tiens également à remercier le Dr Avery et l'Association médicale canadienne, ou AMC, pour le travail incroyable qu'ils ont accompli. J'ai eu l'honneur de siéger à un groupe d'experts aux côtés du Dr Avery à la Langley Senior Resources Society, dans ma circonscription de Langley. Les représentants de l'AMC ont fait une présentation incroyable là-bas et ont rencontré des aînés canadiens pour répondre à leurs questions. En outre, le Dr Avery a pris la parole devant le caucus parlementaire des aînés et a fourni d'excellents commentaires et conseils.
Marc, les professionnels de soins de santé pour les aînés m'ont appris qu'il ne sera pas possible en 12 années à peine de préparer et de construire suffisamment de logements pour abriter cette population grandissante, et ce n'est pas non plus ce que veulent nos aînés. Ils souhaitent plutôt vieillir chez eux. Par conséquent, il est tout à fait essentiel de former des professionnels de la santé dans les soins à domicile, la gériatrie et les soins palliatifs si nous voulons pouvoir nous occuper de notre population vieillissante. C'est réaliste et abordable. Comme vous l'avez souligné, il est beaucoup moins cher de laisser une personne vieillir chez elle, mais nous avons besoin de personnel à cette fin.
Il est très réconfortant et satisfaisant de s'occuper d'un nouveau-né, de sorte que la formation en pédiatrie est très prisée, contrairement à celle en gériatrie. Il est important de simplement parler aux personnes âgées. Nous devons donc nous demander comment inciter les gens à se porter bénévoles pour visiter des maisons de repos, afin d'assurer la dignité des aînés et de faire preuve de gentillesse à leur égard, et que quelqu'un leur montre leur valeur et les visite quand ils s'ennuient. Les gens qui ont pris leur retraite et qui ont désormais le temps de le faire, mais qui vivront également dans des endroits semblables bientôt, refusent de s'en approcher tant que leur temps n'est pas venu. Ils ne veulent pas visiter les aînés.
C'est un dilemme. Comment convaincre les Canadiens de montrer de l'affection, de la dignité et de la gentillesse à l'égard de notre population vieillissante, et d'en prendre soin? En outre, comme vous l'avez souligné, 85 % du soutien aux aînés provient d'amis et de membres de la famille, qui le font bien souvent à un coût très important sur les plans personnel, physique et financier. Comment pouvons-nous les aider?
Cela dit, je reconnais votre excellent travail, et je vous en remercie.
Mais avant tout, j'espère bel et bien que le gouvernement nommera prochainement un ministre pour les aînés, car je pense qu'il tarde à agir parce que personne n'est chargé de défendre ces personnes. Il y a un ministre de la Jeunesse, mais les aînés sont pourtant plus nombreux que les jeunes. Il y a bel et bien un ministre pour les jeunes, mais pas pour les aînés. J'espère que vous porterez ce message à l'attention du , c'est-à-dire qu'il nous faut un ministre pour les aînés, de même qu'un plan ou une stratégie, dont nous discuterons ici.
Préconisez-vous également un financement adéquat pour un plan semblable? Un plan sans force motrice, sans attribution de fonds, sans formation ni collaboration avec les provinces et les universités... Allez-vous inciter le gouvernement à prévoir un financement suffisant dans les prochains crédits budgétaires pour que le plan fonctionne?
Marc, dans un premier temps, j'aimerais remettre les pendules à l'heure. Vous avez parlé du SRG et vous avez dit qu'il s'agissait de sa première augmentation. Toutefois, je sais pertinemment que les budgets précédents ont aussi présenté plusieurs augmentations. Je tenais à le préciser.
J'aimerais revenir à la Sécurité de la vieillesse et à ce que nous réserve l'avenir. Je suis tout à fait consciente que nos aînés ont besoin de soutien maintenant. Nous avons besoin de soins palliatifs, de soins à domicile et d'un large éventail de soins pour eux, mais nous devons également penser à l'avenir.
Hier soir, je me suis exprimée devant la Chambre des communes concernant le projet de loi , et je parlais du service de la dette. En 2015-2016, nous avons consacré plus de 62 milliards de dollars au service de la dette. Avec le gouvernement actuel, nous savons que le fardeau de la dette s'alourdira et que nous assisterons à une augmentation de cette somme.
Je sais que beaucoup de gens étaient inquiets lorsqu'on a fait passer de 65 à 67 ans l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse. Votre gouvernement a fait campagne en promettant de ramener l'âge d'admissibilité à 65 ans et en faisant croire aux gens que c'était la meilleure chose à faire. D'après mon expérience, les gens de cette génération croyaient qu'ils n'auraient pas accès à la Sécurité de la vieillesse, alors qu'en fait, les changements n'allaient pas être apportés avant 2023. Cette mesure aurait tout de même eu une incidence sur ma soeur aînée, qui n'a que 55 ans aujourd'hui.
Évidemment, nous devrons rembourser toute cette dette, et nous avons déjà dépensé plus de 62,8 milliards de dollars en 2015-2016. Nous savons que dans les années à venir, on comptera deux travailleurs pour chaque personne âgée. Comment pourrons-nous continuer de cibler les bonnes priorités et d'offrir de bons services à tous les Canadiens — en matière d'éducation, de santé, etc. — sans étudier l'impact de la Sécurité de la vieillesse ni envisager la possibilité de revoir encore une fois l'âge d'admissibilité?
Est-ce quelque chose que vous envisageriez dans le cadre de cette étude, en sachant qu'on prévoit un ratio de deux pour un au cours des 12 à 15 prochaines années, et à la lumière de l'énorme dette que nous accumulerons au pays? Je pose la question au nom des 46 ans de ce pays, comme moi et Wayne.
En fait, Wayne, nous savons que vous n'avez pas 46 ans. Je parle au nom des gens de notre génération.
Et des générations futures.
Il faut comprendre qu'il n'y a pas que la génération actuelle d’aînés; il faut aussi penser aux futures générations. Que comptez-vous faire dans le cadre de cette étude? Comptez-vous augmenter l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse, en sachant que ces ratios vont également diminuer?
:
Monsieur le président, membres du Comité, c'est avec un grand plaisir et le sentiment d'un privilège intensément vécu que je suis parmi vous ce matin, au moment où vous entamez votre étude sur la façon dont le gouvernement canadien peut et doit soutenir les aînés vulnérables d'aujourd'hui.
Comme vous l'avez souligné, je suis accompagné de la sous-ministre adjointe principale, Mme McDade, qui sera heureuse de fournir des précisions, le cas échéant.
Cette étude est le résultat d'une motion présentée par notre collègue M. Marc Serré, qui est député de la circonscription de Nickel Belt. Nous nous devons de le féliciter pour son engagement à l'égard des aînés et pour l'intérêt qu'il porte à la question du vieillissement de la population.
Dans sa motion, on demande au Comité de se pencher sur l'élaboration d'une stratégie nationale pour les aînés et de transmettre ses conclusions à la Chambre. Le gouvernement est aussi dévoué que moi à la cause des aînés et sa conviction à cet égard est égale à la mienne. C'est pourquoi nous avons appuyé cette motion demandant au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées d'entreprendre cette étude.
[Traduction]
La question de la protection des aînés au Canada est l'une des principales raisons qui m'ont poussé à me lancer en politique. Avant de me présenter aux élections, j'ai passé 23 ans à l'Université Laval comme chercheur et professeur, et le vieillissement de la population figurait parmi mes principaux centres d'intérêt.
Il y a quelques années, comme le savent bien les membres du Comité, le gouvernement précédent a décidé de hausser de 65 à 67 ans l'âge d'admissibilité aux prestations de la Sécurité de la vieillesse. Cela m'a inquiété, parce qu'il m'a semblé que le gouvernement à l'époque n'avait mené aucune étude scientifique sur les conséquences de ce changement, en particulier sur les aînés les plus vulnérables. Le précédent gouvernement n'a pas pris la peine de compter et n'a pas non plus semblé s'en soucier.
J'ai fait ce que tout économiste aurait fait: j'ai décidé d'examiner les faits. J'ai formé une équipe de chercheurs et nous avons étudié les effets économiques et sociaux probables de la hausse de l'âge d'admissibilité. Nous avons découvert que ce changement aurait plongé dans une grave pauvreté 100 000 aînés de 65 à 67 ans chaque année. Cela aurait fait tripler le taux de pauvreté des aînés, le faisant passer de 6 à 17 %.
Parmi eux, ce sont les femmes qui auraient été les plus affectées, car leur revenu moyen aurait diminué du tiers. Les aînés vulnérables auraient été les plus touchés par le changement, car ils sont les moins en mesure de se protéger en ajustant leurs habitudes de travail et d'épargne.
Je me suis donc lancé en politique afin d'être une voix pour la défense de la population vieillissante du Canada. Je suis donc particulièrement satisfait du travail réalisé par mon collègue du Nord de l'Ontario, ainsi que de la collaboration de votre Comité, monsieur le président, dans la réalisation de cette étude sur le bien-être des aînés canadiens.
Ce sujet est tout particulièrement important pour moi, à titre de ministre responsable des personnes âgées, pour notre gouvernement et, j'en suis persuadé, pour l'ensemble des parlementaires.
[Français]
Votre étude arrive à point nommé. Statistique Canada a publié récemment les données du Recensement de 2016. Le Recensement montre qu'entre 2011 et 2016, le nombre d'aînés a augmenté de 20 %. Il s'agit de l'augmentation la plus prononcée depuis les débuts de la Confédération. À titre de comparaison, précisons que la population globale du pays a augmenté de 5 % au cours de cette même période.
Selon les projections démographiques, les aînés représenteront environ 23 % de la population totale en 2031, comparativement à 17 % en 2016. Ces changements présentent à la fois des défis, mais aussi des occasions, et je m'attends à ce que votre étude soit très utile sur ce plan.
[Traduction]
Le gouvernement a travaillé à la mise en place d'un programme concernant les aînés pour faire progresser les quatre objectifs stratégiques suivants: accroître l'accès des aînés aux logements abordables; améliorer la sécurité du revenu des aînés; promouvoir le vieillissement en bonne santé et améliorer l'accès aux soins de santé; et favoriser l'inclusion sociale et la mobilisation des aînés.
Nous croyons — comme vous tous — que tous les Canadiens ont droit à un logement sécuritaire, accessible et abordable. Le logement est un élément essentiel de l'édification d'une société inclusive. Le gouvernement s'est employé à améliorer l'accès des aînés à des logements abordables. Dans le budget de 2016, nous avons investi la somme de 200 millions de dollars sur deux ans pour la construction, la rénovation et l'adaptation de logements abordables pour les aînés. Dans le budget de 2017, nous annonçons également un investissement de 11,2 milliards de dollars sur 11 ans dans la mise en oeuvre de la toute première stratégie nationale en matière de logement. Elle contribuera à bâtir, à renouveler et à réparer le parc de logements abordables du Canada et d'assurer aux Canadiens, y compris aux aînés, des logements abordables qui répondront à leurs besoins et amélioreront leur qualité de vie.
Je suis impatient de connaître les résultats de vos discussions et vos recommandations alors que nous mettons au point notre stratégie nationale en matière de logement afin que le gouvernement fédéral reprenne un rôle de premier plan dans le dossier du logement, tout particulièrement en ce qui a trait à la question très importante du logement pour les aînés. Mais ce n’est là qu’une partie de la solution. Nous devons également aborder des sujets plus vastes comme l’inclusion sociale et le vieillissement en bonne santé. Cela dit, je suis heureux d'apprendre que votre comité étudiera cette question avant la fin de la session.
[Français]
Le gouvernement a agi avec détermination pour améliorer la sécurité du revenu des aînés. L'une des premières mesures que nous avons prises lorsque nous sommes arrivés au pouvoir a été de ramener l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti de 67 à 65 ans. Nous avons également augmenté jusqu'à un maximum de 947 $ par année la valeur maximale du montant complémentaire du Supplément de revenu garanti pour les aînés célibataires. Cette mesure a amélioré la situation financière de près de 900 000 aînés et a permis à 13 000 d'entre eux, dont la grande majorité sont des femmes, de sortir de la pauvreté.
Nous avons aussi introduit une loi pour nous assurer que certains couples, vivant séparément pour des raisons indépendantes de leur volonté et qui reçoivent le Supplément de revenu garanti, pourront toucher les prestations fondées sur leur revenu individuel. Tous les Canadiens devraient pouvoir vivre leur retraite dans la dignité et la sécurité. Pour les aînés de demain, par conséquent, nous avons aussi adopté des modifications législatives afin de bonifier le Régime de pensions du Canada. Cela permettra d'augmenter les prestations de retraite en faisant passer le taux de remplacement des revenus admissibles de 25 à 33 % des revenus donnant droit à pension.
La limite des revenus donnant droit à pension augmentera également de 14 %. Ces améliorations s'échelonneront sur sept ans à partir de 2019. Ces changements permettront, entre autres, de réduire de 24 à 18 % la proportion des ménages en situation d'insécurité financière une fois à la retraite.
Ma collègue l'honorable Jane Philpott, ministre de la Santé, dirige les efforts de notre gouvernement en ce qui a trait au vieillissement en bonne santé et à l'accès aux soins de santé. Ces éléments sont une part importante de notre programme concernant les aînés. Sous sa direction, le gouvernement du Canada a fait des progrès majeurs au profit des aînés, allant de nouveaux financements offerts aux provinces et aux territoires pour investir dans les soins à domicile à la poursuite de la mise en place de collectivités-amies des aînés et à la collaboration avec des partenaires pour lutter contre la démence. Je vous invite, bien sûr, à examiner attentivement ces programmes.
Finalement, afin d'atteindre notre quatrième objectif stratégique qui consiste à favoriser l'inclusion sociale et la mobilisation des aînés, nous investissons pour permettre aux aînés d'être actifs et indépendants, et de contribuer pleinement au développement de leur communauté.
Par exemple, par l'intermédiaire du programme Nouveaux Horizons pour les aînés, nous collaborons avec les gouvernements locaux, les institutions et les organisations afin de réduire l'isolement social des aînés et d'améliorer la qualité de vie des Canadiens.
Sous la direction de l'honorable Carla Qualtrough, ministre des Sports et des Personnes handicapées, le gouvernement élabore aussi une loi sur l'accessibilité qui éliminera les obstacles dans les secteurs sous réglementation fédérale. Cela facilitera l'accès et favorisera l'inclusion de tous les Canadiens, y compris les plus âgés.
Notre gouvernement reconnaît le rôle primordial que nombre de Canadiens assument pour soutenir des parents ou des amis qui souffrent de problèmes de santé, qui sont handicapés ou qui ont des défis liés au vieillissement, tout en conciliant leur travail et leurs autres responsabilités personnelles.
C'est pourquoi le budget de 2017 prévoit un investissement de près de 700 millions de dollars sur cinq ans pour la création d'une nouvelle prestation d'assurance-emploi destinée aux proches aidants. Celle-ci couvrira un éventail plus large de situations dans lesquelles ces personnes dispensent des soins à un membre de leur famille.
Nous faisons également progresser les travaux du Conseil national des aînés. Le Conseil communique à la ministre Philpott ainsi qu'à moi-même les possibilités et les défis liés au bien-être et à la qualité de vie des aînés. La force du Conseil réside dans l'expertise et l'expérience de ses membres.
C'est pourquoi, au fur et à mesure que les mandats des membres actuels prendront fin, la ministre Philpott et moi-même comblerons les postes vacants au moyen du nouveau processus de nomination ouvert, transparent et fondé sur le mérite. En fait, un appel de candidatures pour la présidence ainsi que pour les postes de membres du Conseil a été lancé le 18 mai dernier.
En conclusion, au moyen de toutes les mesures que j'ai décrites, le gouvernement s'efforce d'accroître la sécurité ainsi que l'inclusion sociale et économique des aînés. Nous avons fait des progrès importants en ce sens, mais il reste évidemment beaucoup de travail à faire. Je m'attends donc à ce que votre rapport contribue à l'efficacité des mesures du gouvernement du Canada en faveur des aînés.
Je vous remercie très sincèrement de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous et je serai très heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Merci, monsieur le ministre. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous au Comité. Il existe ce qu'on appelle un bon député libéral, et je dois dire que vous en êtes un.
Des députés: Bravo!
M. Mark Warawa: Vous êtes très respecté.
Au début de vos observations, vous avez dit que le gouvernement est aussi engagé envers les aînés que vous l'êtes. Je dirais, ou à tout le moins je l'espère, que votre engagement dépasse largement celui du gouvernement jusqu'à présent. Je vous suis reconnaissant de votre engagement en vue d'aider les aînés.
Comme vous le savez, nous enregistrons un vieillissement démographique très rapide au Canada. À l'heure actuelle, une personne sur six est une personne âgée. Dans environ six ans, ce sera une personne sur cinq, et dans environ 14 ans, ce sera une personne sur quatre. Vous l'avez signalé dans vos observations.
La grande majorité des aînés canadiens adoreraient vieillir chez eux, et la seule façon pratique et abordable de prendre soin de cette population vieillissante est de leur permettre de vieillir chez eux. Nous n'avons pas les moyens de construire suffisamment de logements, et il serait inapproprié d'entasser les aînés dans des établissements. Ce n'est pas ce qu'ils veulent, et ce n'est pas ce que nous avons les moyens de faire. Nous n'avons pas assez de temps pour bâtir suffisamment de logements pour les héberger. Pour toutes ces raisons, nous devons nous concentrer sur le vieillissement chez soi.
Dans vos remarques, vous avez fait savoir qu'il y a une stratégie nationale sur le logement des personnes âgées, qui inclurait des logements pour les aînés — et nous devons offrir plus d'établissements de soins de fin de vie et de soins palliatifs. Nous avons besoin de lits supplémentaires, mais nous devons nous concentrer principalement sur la prestation de soins à domicile.
Vous avez abordé ce sujet. Vous avez dit que la a prévu d'investir dans les soins à domicile dans le cadre de négociations et d'ententes avec les provinces et les territoires, alors c'est une question qui porte là-dessus. J'ai également une question pour vous et la qui porte sur l'accès.
Pourriez-vous fournir des détails sur les mesures que le gouvernement prend pour s'assurer que les soins à domicile que nous offrons répondent aux besoins d'une population vieillissante? Formerons-nous de nouvelles personnes dans les domaines de la gériatrie et des soins palliatifs pour offrir ces soins à domicile? Est-ce prévu dans l'entente avec les provinces?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le d'être venu témoigner devant nous aujourd'hui. Merci beaucoup de votre leadership, de votre passion et de l'orientation que vous fournissez au gouvernement concernant les gens qui vivent dans la pauvreté. De toute évidence, nous discutons aujourd'hui des aînés.
Nous avons un problème au pays, mais chaque défi offre des occasions. Je lisais sur le sujet hier soir, et les statistiques ne sont pas surprenantes, mais pour la première fois de notre histoire, je pense que nous avons plus de personnes qui sont des aînés — 5,9 millions en fait — que de personnes de 14 ans et moins — 5,8 millions. Par ailleurs, il y a 8 230 Canadiens qui ont plus de 100 ans. Ces chiffres sont alarmants.
Compte tenu du nombre croissant de personnes âgées... Je viens plus particulièrement de la circonscription de Saint John—Rothesay au Canada atlantique, où nous avons le pourcentage le plus élevé de personnes âgées au Canada, avec 20 %. Si l'on compare avec la côte Ouest, l'Alberta compte 12 % de personnes âgées, nous sommes confrontés à des difficultés dans le Canada atlantique.
C'était une courbe d'apprentissage et un processus d'apprentissage pour moi en 2015, et l'une des choses que j'ai apprises en faisant du porte-à-porte et en discutant avec des aînés, c'est à quel point ils se sentent laissés pour compte et à quel point ils sont préoccupés par l'augmentation de l'âge de l'admissibilité à la retraite de 65 à 67 ans. J'ai discuté avec de nombreux aînés et je leur ai demandé ce qui s'était passé, d'après eux, et je les ai interrogés sur les mesures que le gouvernement prend pour les aider. Bien des gens ont parlé, ou le gouvernement précédent en a certainement parlé, du compte d'épargne libre d'impôt. Je me suis entretenu avec de nombreuses personnes âgées à Saint John et avec des personnes qui vivent dans la pauvreté, et elles n'ont pas investi dans un compte d'épargne libre d'impôt. Elles n'avaient pas d'argent pour le faire.
Dans un premier temps, monsieur le ministre, du point de vue du gouvernement en ce qui concerne le budget de 2016-2017, pouvez-vous nous en dire plus sur les mesures que le gouvernement a prises pour changer la vie des aînés, pour les sortir de la pauvreté et pour leur permettre de mener une vie meilleure?