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La séance est maintenant ouverte.
Bienvenue à la 133e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 13 février 2024, le Comité reprend son étude des conséquences de la désinformation et de la mésinformation sur le travail des parlementaires.
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre témoin pour la première heure d'aujourd'hui. Nous accueillons M. Richard Gray, vice-président de CTV News, de Bell Media Inc.
Monsieur Gray, bienvenue. Je crois comprendre que tous les tests sur Zoom ont été effectués. Vous avez cinq minutes tout au plus pour présenter vos observations préliminaires au Comité.
Allez‑y, monsieur. Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour aux membres du Comité.
Je suis heureux d'être ici pour participer à votre étude sur la désinformation et la mésinformation, qui sont des préoccupations importantes pour le Canada. En tant que source de nouvelles la plus regardée au Canada, CTV News se soucie beaucoup des défis posés par un écosystème de l'information en plein changement. Dans un monde qui évolue rapidement, il est plus important que jamais que la population canadienne ait accès à une couverture de l'actualité impartiale, équilibrée et fiable. Étant une entreprise de nouvelles réputée dans une démocratie, il est fondamental pour CTV News de permettre à la population canadienne de savoir ce qui se passe et de clarifier les événements pour qu'elle puisse tirer ses propres conclusions. Cela se fait grâce à des reportages précis, justes et pertinents, présentés de manière claire et convaincante.
Je tiens à souligner le travail acharné des journalistes et du personnel de CTV News, qui se surpassent chaque jour pour respecter notre mandat en appliquant les normes les plus strictes en matière d'honnêteté, de transparence et d'indépendance. Ce n'est pas toujours un travail facile, mais c'est un travail important qui mérite d'être reconnu.
Depuis plus de 60 ans, CTV News informe la population canadienne de sujets importants. Parmi les événements des dernières années, il y a eu une pandémie historique, des élections nationales et internationales, des catastrophes naturelles, des crises géopolitiques, des problèmes économiques et plus encore. Grâce au travail assidu de ses journalistes et de son personnel, CTV News est régulièrement reconnue comme étant la source de nouvelles la plus fiable au Canada. Nous en sommes très fiers, car la confiance est une chose que nous prenons très au sérieux.
Notre mandat est de promouvoir l'intégrité et l'indépendance journalistique en toutes circonstances et en tout temps, sans exception. Nous sommes membres du Trust Project, un réseau mondial d'organismes de presse, et nous nous appuyons sur les outils mis au point par ce réseau pour aider la population canadienne à faire des choix éclairés en matière de nouvelles.
Notre équipe chargée des nouvelles a la responsabilité de demander aux personnes et aux organisations qui ont du pouvoir et de l'influence de rendre des comptes au public. Et cette responsabilité comprend la manière dont nous gérons nos propres affaires. Dans ce milieu, des erreurs arrivent parfois, malgré tous nos efforts. Je suis convaincu que la manière dont nous réagissons à ces erreurs est essentielle pour maintenir la confiance du public. Cela m'amène à aborder une situation qui a récemment attiré l'attention.
Un reportage diffusé le 22 septembre sur CTV National News a enfreint nos normes éditoriales élevées attendues et requises. Comme il est d'usage dans ces circonstances, nous avons enquêté pour déterminer s'il y avait eu un manquement aux normes et pratiques éditoriales. L'enquête a révélé que deux membres de l'équipe de CTV News étaient responsables de la modification d'une séquence vidéo. Leurs actions ont enfreint nos normes éditoriales et sont inacceptables. Par conséquent, ces personnes ne font plus partie de l'équipe de CTV News et ne travaillent plus pour une entité de Bell Média. C'est une situation profondément regrettable.
En 33 ans de carrière dans le domaine des nouvelles, c'est la première fois que je vois cela. J'espère que notre décision traduit l'importance que nous accordons au respect de notre engagement à l'égard de l'équité, de l'objectivité et de la vérité. Notre devoir est de fournir une couverture exacte, impartiale et équilibrée sur des questions importantes pour la population canadienne, et ce, de manière totalement indépendante. C'est primordial pour nous.
À l'avenir, nous continuerons de déployer des efforts pour gagner la confiance des millions de Canadiens et Canadiennes qui nous font confiance chaque jour. Compte tenu de la demande croissante pour une couverture de l'actualité 24 heures sur 24, CTV News continuera à transformer la façon dont nous diffusons les nouvelles aux Canadiens et aux Canadiennes, à la télévision comme sur le Web.
Pour quelqu'un ayant plusieurs dizaines d'années d'expérience dans le secteur des nouvelles, j'ai vu de mes propres yeux le déclin de la confiance envers les médias, dû en grande partie à l'augmentation de la désinformation et de la mésinformation, et à leur impact sur les connaissances médiatiques. Cela concerne tout le monde. J'espère que nous pourrons passer du temps ensemble aujourd'hui à discuter de ce défi et des solutions pour lutter contre la désinformation et la mésinformation, afin que nous puissions maintenir et renforcer la confiance dans nos institutions pour les années à venir.
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Très bien. J'ai une idée de la façon dont les choses vont se passer, alors allons‑y.
Nous avons vu maints exemples de l'activisme de CTV déguisé en journalisme. Je vais vous en donner quelques-uns.
Le 29 mai dernier, vous avez publié un article intitulé « Poilievre panned for video saying Canadians fleeing to Nicaragua ». Évidemment, ce reportage portait sur les discussions entre le et des Canadiens qui en arrachent après neuf années sous un gouvernement dont le vandalisme économique a rendu pratiquement impossible, pour des millions de Canadiens, de survivre ici.
Le 2 avril, quelques jours plus tard, la Banque Royale du Canada a publié un rapport sur les tendances en matière de logement et l'abordabilité, intitulé « La flambée des charges d’intérêts rend l’achat d’une propriété plus difficile que jamais ». Encore une fois, cela témoigne avec précision des résultats de neuf ans de vie sous le gouvernement néo-démocrate-libéral. Nous ne voyons rien à ce sujet, aucun reportage. Je n'ai pas de reportage de CTV à citer en exemple, ce qui témoigne de l'expérience que M. a racontée concernant ces Canadiens.
Bien entendu, nous avons l'exemple le plus récent de la désinformation flagrante diffusée par votre réseau. Une campagne de désinformation a été orchestrée contre les Canadiens et s'est répandue sur vos plateformes. Au lieu du message livré par M. — qui correspond à ce que disent des millions de Canadiens — sur la nécessité de tenir des élections sur la taxe sur le carbone alors que les Canadiens « n'ont pas les moyens de se nourrir, de se chauffer ou de se loger », vous l'avez modifié. Vous avez modifié cette citation de M. Poilievre, pour qu'elle reflète l'argumentaire du Cabinet du premier ministre . Nous n'aurions pas pris connaissance de ce cas récent si vous n'aviez pas été dénoncé par un employé du Parti conservateur.
Vous avez dit que vous êtes désolé, mais nous savons que vous regrettez seulement de vous être fait prendre, n'est‑ce pas?
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Je dirais que la première composante essentielle de ma réponse consiste à dire que nous avons des politiques très rigoureuses et très fermes dans lesquelles sont énoncées les attentes quant à l'exercice de la profession journalistique.
Outre ces politiques, nous adhérons aux codes de déontologie respectifs de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées du Canada et de l'Association canadienne des radiodiffuseurs. Au quotidien, dans la salle de nouvelles, on s'attend à ce que tous les membres de notre équipe respectent ces politiques à la lettre.
Quant aux reportages en soi, ils sont tous approuvés par un membre principal de l'équipe avant leur diffusion afin de nous assurer qu'ils sont exacts sur le plan factuel et que le contenu ne soulève aucune question d'ordre juridique.
Ce qui s'est produit dans ce cas précis, le 22 septembre, c'est que ces politiques et codes de déontologie ont été enfreints par deux personnes qui travaillaient à CTV National News. Dans un cas, un journaliste a modifié un texte, après approbation par le producteur, modifiant ainsi considérablement le sens et l'intention d'un extrait précis afin qu'il cadre mieux avec le sujet du reportage. Dans le deuxième cas, afin de couvrir un problème technique avec l'enregistrement original, un rédacteur en chef a fait un montage avec deux segments d'une déclaration, créant ainsi un extrait qui ne correspondait pas à ce qui a été dit.
Je travaille dans le domaine des nouvelles télévisées depuis 33 ans, et je ne me souviens pas d'avoir vu une situation semblable auparavant.
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Je vais entrer dans le vif du sujet.
Je sais que vous évoluez dans un environnement très dynamique. Il est certain que les journalistes évoluent dans un environnement où tout va très vite. Était‑ce le cas lors du licenciement...
Je tiens à préciser que le fait d'être en comité vous protège. Vous avez le privilège de parler sans que cela puisse être retenu contre vous dans un procès civil. Vous pourriez peut-être nous parler un peu de la situation: est‑il vrai que ces personnes étaient peut-être simplement à la course et qu'elles ont peut-être pris des raccourcis pour respecter une échéance? Étaient-elles sous pression?
Je suis toujours préoccupé par les points soulevés par mon ami du Bloc au sujet des motifs derrière tout cela. Je vous dirai, monsieur, qu'à première vue, même si cela a eu des répercussions sur le Parti conservateur — avec lequel je n'ai aucune affinité idéologique — cela reste très préoccupant, car cela sape la confiance non seulement envers les médias, mais envers toute notre démocratie.
Pouvez-vous nous aider à comprendre? Dans les entretiens de fin d'emploi que vous avez menés, quelles étaient les motivations évoquées, en particulier?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci d'être ici, monsieur Gray.
Je dois dire que les questions posées par mes collègues de tous les partis sont excellentes, et je suis certain qu'elles n'avaient absolument rien d'inattendu pour vous. Je vais revenir un peu sur ce qui a été dit pour obtenir des précisions.
Je veux répéter certaines des choses que vous avez dites dans votre déclaration liminaire. Vous affirmez être la source de nouvelles à laquelle les gens font le plus confiance. Vous avez dit que vous avez la responsabilité de gérer vos propres affaires. Cela me semble être quelque chose de difficile à concilier lorsque nous parlons de l'éléphant dans la pièce aujourd'hui. Nous parlons du contenu diffusé, d'inexactitudes concernant le chef d'un parti politique canadien.
Je pense que vous avez abordé certaines de ces choses, mais pouvez-vous passer en revue, en apportant quelques éclaircissements, les mesures que vous avez prises pour que vous puissiez encore dire à Bell Média, à CTV News, que vous avez l'intégrité journalistique et le sens de l'éthique qui s'imposent sous l'égide de Bell Média?
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Je vais répondre à votre question en deux parties.
Premièrement, je vais parler de cet incident particulier. On a porté l'affaire à notre attention. Nous nous sommes immédiatement excusés. Compte tenu de la nature de ce qui s'est passé, j'ai pris des mesures supplémentaires en lançant une enquête sur ce qui, comme je le craignais, était une très grave atteinte à notre code d'éthique et à nos politiques.
À la suite de cette enquête, nous avons pris la décision de faire deux choses: nous avons renvoyé les deux personnes impliquées dans la violation de nos politiques et nous nous sommes excusés une autre fois. Je pense que c'est tout à fait approprié, compte tenu de ce qui s'est produit, et je pense que cela montre la façon dont nous prenons au sérieux la confiance que les Canadiens ont en nous.
J'arrive maintenant à la deuxième partie de ma réponse. Au pays, une majorité écrasante de Canadiens choisissent les émissions de CTV comme principale source de nouvelles locales et nationales tous les jours de la semaine. Nous sommes aussi la principale source de nouvelles numériques au pays. Nous ne cherchons pas à nous plier aux exigences d'une audience. Les gens nous écoutent parce que depuis 60 ans, nous présentons un produit qu'ils connaissent, qu'ils aiment et qui leur inspire confiance.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Gray, avant de poser ma première question, vous me permettrez de faire un commentaire éditorial sur la diversité des points de vue politiques.
J'écoute CTV régulièrement, et je suis toujours un peu surpris, et même offensé, quand je vois qu'on qualifie le Bloc québécois de séparatiste. Le mot véhicule un sens. C'est un terme qui a été vilipendé par Jean Chrétien à l'époque. Aujourd'hui, il contient une certaine forme de négativité. L'usage même du mot met notre position politique dans une mauvaise posture face au Canada anglais.
Quand on parle de diversité des points de vue, je suis donc un peu sceptique à ce sujet. Pourriez-vous commenter, s'il vous plaît?
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Monsieur Gray, je veux juste vous dire un truc.
En effet, vous couvrez tous les points de vue, ce n'est pas ce qui me cause un problème. Par contre, à chaque usage du mot « séparatiste », un jugement de valeur est fait. Ce n'est pas un jugement de fait, mais un jugement de valeur. Pour ma part, je vous dirais de trouver un synonyme ou un autre terme parce que, ici, je trouve qu'on dérape.
Je vais revenir au problème qui nous occupe aujourd'hui. J'ai entendu vos explications. Vous faites état de la perte de crédibilité des médias, de la confiance qui s'érode et des volumes d'affaires qui s'érodent. J'arrive ici avec l'esprit ouvert, mais, en entendant des éléments comme ceux entendus aujourd'hui, j'ai un peu de difficulté à avoir plus confiance après le témoignage qu'avant le témoignage.
Que pourriez-vous faire pour me rassurer? Que pourriez-vous proposer comme solutions, afin que la population soit à l'aise et ait de nouveau confiance en CTV?
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Nous reprenons nos travaux.
Bon retour à tous. Je vous remercie de votre patience.
Nous entamons maintenant notre deuxième heure. Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui.
À titre personnel, sur Zoom, nous recevons John McAndrews, directeur général du Laboratoire de la société numérique de l'Université McMaster; ainsi que Neal Kushwaha, président du Centre d'excellence en sécurité nationale.
Je commencerai par vous, monsieur McAndrews. Vous disposez de cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
La parole est à vous, monsieur. Merci.
Je m'appelle John McAndrews et je suis directeur général du laboratoire de la société numérique.
Nous gérons un centre de recherche interdisciplinaire sis à l'Université McMaster de Hamilton. Par souci de transparence, sachez que le Laboratoire de la société numérique reçoit du financement de la Fondation canadienne pour l'innovation, du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, de Mitacs, de l'Université McMaster et de la société mère de Facebook, Meta. Ces bailleurs de fonds ne décident pas de la façon dont le laboratoire effectue ses recherches ou de ce qu'il publie. Notre liste de contributeurs financiers se trouve sur notre site Web à digitalsocietylab.org. Le laboratoire est également un fier membre du Réseau canadien de recherche sur les médias numériques, qui lui offre du soutien sous la forme d'espace dans le cadre de ses sondages.
C'est un honneur pour moi de comparaître devant votre comité aujourd'hui.
Permettez-moi de commencer par expliquer clairement pourquoi, à mon avis, il est si difficile de lutter contre la mésinformation, particulièrement sur les médias sociaux.
Premièrement, la mésinformation est difficile à détecter et ses effets, difficiles à mesurer. Ce n'est pas impossible, mais difficile.
Deuxièmement, les technologies sous-jacentes évoluent rapidement dans ce domaine, et il est difficile pour la recherche et les politiques de suivre le rythme.
Enfin, il y a parfois des compromis difficiles à faire au chapitre de la liberté d'expression quand il faut décider si ou comment on réagit à la mésinformation. À mon avis, il revient au Parlement de prendre certaines de ces décisions, et ce n'est pas une tâche que je vous envie.
Permettez-moi maintenant de dire quelques mots sur la façon dont le Laboratoire de la société numérique essaie d'apporter de l'aide. Le laboratoire a deux projets de recherche en cours sur la mésinformation. Dans le cadre du premier, nous partons du principe que, même si les nouvelles technologies risquent d'aggraver le problème ancien de la mésinformation, certaines de ces mêmes technologies ont également le potentiel d'aider les humains à lutter contre ce problème. Le laboratoire élabore donc activement des applications d'IA générative pour aider à repérer les affirmations vérifiables dans le flot de publications diffusées sur les médias sociaux, puis tirer parti de l'information sur la façon dont ces affirmations sont créées et publiées afin de fournir des renseignements en temps opportun. Nous voyons ce processus comme une sorte de système d'alerte précoce pour détecter des affirmations potentiellement trompeuses en vue d'un examen humain plus approfondi.
En ce qui concerne le deuxième projet du laboratoire, nous commencerons par faire remarquer que, malgré le nombre croissant de recherches internationales sur la mésinformation, nous n'en savons toujours pas assez sur les caractéristiques de la mésinformation que le public considère comme préjudiciable et sur les genres de réactions que les citoyens jugent appropriées. À cet égard, le laboratoire a récemment entrepris une nouvelle recherche pilote fondée sur des sondages afin de répondre à ces questions pour nos partenaires du Réseau canadien de recherche sur les médias numériques.
Les travaux de ces deux projets sont préliminaires et n'ont pas encore été examinés par des pairs, mais je crois qu'ils sont prometteurs pour mieux comprendre la mésinformation et le soutien du public à l'égard des politiques qu'il convient d'adopter pour y réagir.
Dans le temps qu'il me reste, permettez-moi de vous présenter trois recommandations sur la façon dont le Comité peut contribuer à lutter contre la mésinformation et à bâtir un écosystème d'information plus résilient.
Premièrement, le Comité devrait recommander un soutien public solide et durable à la recherche sur la mésinformation et ses effets au Canada. Ce soutien devrait prendre la forme d'un financement public de la recherche scientifique de haute qualité, transparente et accessible au public et de règles obligeant les plateformes à communiquer leurs données aux chercheurs dans des conditions et avec des protections appropriées.
Deuxièmement, comme l'ont proposé des témoins précédents, le Comité devrait également recommander un soutien public solide et durable pour les initiatives qui favorisent les efforts de littératie médiatique et scientifique à jour et fondés sur des données probantes. Il n'y a pas de panacée contre la mésinformation, mais d'après moi, de tels efforts de littératie sont importants, car ils permettent d'éviter en large partie les compromis les plus épineux en matière de liberté d'expression, dont j'ai parlé plus tôt.
Enfin, le Comité devrait maintenir continuellement sa visibilité dans ce domaine. Il devrait donc, selon moi, tenir des audiences trimestrielles ou annuelles régulières sur l'état de la mésinformation au Canada après avoir terminé la présente étude.
Permettez-moi de terminer en félicitant les membres du Comité d'avoir entrepris ce travail crucial et opportun.
J'attends avec impatience les échanges qui suivront. Merci.
Bonjour, monsieur le président, honorables vice-présidents et distingués membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à vous faire part des constats et des recommandations du Centre d'excellence pour la sécurité nationale.
Ce dernier est une ONG canadienne composée d'universitaires et de praticiens s'intéressant aux éléments clés du droit international et national, de la technologie, des politiques et de la politique qui ont une incidence sur le Canada et les Canadiens. Nous aidons les secteurs privé et public à gérer les risques et les problèmes que présentent les auteurs de menaces intérieurs et étrangers dans le cadre de recherches menées à l'échelle nationale et internationale.
Nos constats sont résumés sous la forme de conseils en matière de protection de la vie privée qui sont communiqués à divers ministères et organismes du gouvernement du Canada pour les aider à élaborer des politiques.
Je commencerai par quelques informations normalisatrices sur l'espionnage et le sabotage. Dans le domaine du droit international, on s'attend à de l'espionnage et du sabotage de la part d'États étrangers, et ce, depuis bien avant notre naissance à tous. Nous le faisons aussi. De fait, des domaines clés sont considérés comme étant intouchables, notamment les fonctions intrinsèquement gouvernementales et les infrastructures essentielles.
Lorsque des entités se comportent ainsi, elles peuvent être tenues criminellement responsables en vertu de nos lois nationales. Même si nous nous attendons à ce que les gouvernements étrangers fassent de l'espionnage et du sabotage, nous ne nous attendons pas à ce que les entreprises ou les particuliers étrangers en fassent autant. Lorsqu'ils le font, le gouvernement du pays où ils résident ou où se trouve leur siège social devrait les tenir responsables de leurs actes. Si ce n'est pas le cas, d'autres autorités pourraient considérer que ces acteurs étatiques agissent au nom de leur gouvernement. Le cyberespace offre un autre moyen de mener de telles actions. Ce n'est ni surprenant ni nouveau.
Cela étant dit, je vous présente nos constats. Le 27 septembre, Vanessa Lloyd et David Vigneault ont témoigné devant la Commission sur l'ingérence étrangère. Ils ont donné des exemples d'activités étrangères menées par les gouvernements de la Chine, du Pakistan, de l'Inde, de l'Iran et d'autres pays. En étudiant les comportements de la Chine et de la Russie à notre centre, nous avons établi la tendance de ces pays et constaté leur capacité à mener par voie cybernétique des activités d'influence complexes qui frôlent — sans le franchir — le seuil du conflit armé, ce qui limite les options du Canada au chapitre des réactions légales. La complexité de leurs méthodes fait aussi en sorte qu'il est très difficile pour le public, et même pour les élus, de les remarquer.
Par exemple, depuis la COVID, le travail à domicile est très courant et attendu. Des entreprises et des gouvernements du monde entier ont appuyé cet arrangement, y compris l'armée américaine, pour des dossiers classifiés jusqu'à « sercret» dans 2 000 foyers. En ce qui concerne les moyens cybernétiques, les communications sont bien chiffrées et considérées comme protégées. Du point de vue physique, un petit capteur placé sur une fenêtre saisit les voix, qui sont envoyées pour être traitées afin de déterminer les méthodes d'influence. Les fonctionnaires et les élus demeurent des cibles faciles.
De même, nous avons étudié le comportement des Canadiens qui recueillent des fonds au sein de communautés du Canada pour les envoyer à l'étranger afin d'influencer la population d'un autre pays. Ces genres d'activités ne se limitent pas à des cultures ou à des origines particulières. Certains groupes religieux canadiens envoient de l'argent à l'étranger pour appuyer des manifestations et parfois des actes de violence. De fait, ce n'est pas tout le groupe qui fréquente le lieu de culte qui agit ainsi.
Nous avons remarqué une augmentation du nombre de groupes criminels organisés actifs, notamment dans les petites villes du Canada. Dans divers restaurants fort respectés, il est possible d'observer des livraisons de drogues commandées par téléphone mobile par des clients aisés et des membres du personnel, comme s'il s'agissait d'une commande Uber. Les groupes du crime organisé envoient leur argent dans des pays étrangers en utilisant des cryptomonnaies et influencent la politique étrangère et les élus publics.
Nous croyons que les lois canadiennes ne sont pas adéquatement rédigées ou éprouvées pour contrer ces activités. Voilà pourquoi certains gouvernements d'Europe et d'Asie considèrent que le Canada soutient l'influence étrangère et même le terrorisme. Bien que les États-Unis soient un allié solide, leurs points de vue et leurs litiges juridiques sont très différents dans des domaines importants pour le Canada, comme le commerce et notre souveraineté dans l'Arctique. Les entreprises dont le siège social est aux États-Unis exercent une grande influence sur les promotions des fonctionnaires en offrant à ces derniers des postes bien rémunérés à leur retraite, influençant les opérations gouvernementales et les décisions des hauts fonctionnaires. Des entreprises ayant leur siège social à l'étranger emploient des Canadiens, permettant à des États étrangers d'exercer légalement une influence sur l'esprit de leur personnel en poste au Canada par l'entremise de leurs sociétés.
Il n'existe pas vraiment des solutions rapides. Je passerai à nos recommandations.
Le gouvernement du Canada devrait entreprendre des programmes éducatifs complets pour immuniser la société canadienne contre la mésinformation et la manipulation de l'information en général en s'inspirant du modèle finlandais. Il y a près d'une décennie, la Finlande a détecté les mêmes vulnérabilités que le Canada d'aujourd'hui et a entrepris un effort d'éducation pansociétal pour protéger la démocratie, en sensibilisant la population, des enfants fréquentant la maternelle jusqu'aux retraités.
Les électeurs canadiens à l'étranger sont directement soumis à l'autorité et à l'influence d'États étrangers. Nos constats donnent à penser que certains États se servent de cet avantage pour exercer une influence stratégique à long terme. Tout ce qu'on peut raisonnablement faire pour atténuer cette influence sur les Canadiens installés à l'étranger, c'est renforcer les normes internationales en faveur du Canada.
Le cyberespace n'existe que depuis 30 ans et nous n'avons pas encore pu établir un droit coutumier international. Nous avons signé des traités. En 2015, le Canada a ratifié la Convention de Budapest sur la cybercriminalité de 2001, mais nous n'avons pas signé les deux protocoles additionnels, ni la Convention de Malabo de 2014.
Les fonctionnaires canadiens, tout comme ceux de nombreux autres pays, ont été contraints d'accepter les risques liés à la souveraineté des données au nom du Canada. Il existe des instruments, comme la convention des Nations unies contre la cybercriminalité. Cependant, le centre recommande de rejeter ce traité, car il affaiblirait notre souveraineté. Le centre estime que le Canada devrait continuer de promouvoir le bon comportement des États grâce à une communication ouverte et à des pratiques normatives. Nous devons montrer aux parties étrangères que nous ne soutenons pas les actions menées contre d'autres parties, qu'elles aient lieu au Canada ou qu'elles visent le Canada.
Je vous remercie pour le temps que vous m'accordez et je vous souhaite bonne chance.
Ce que je trouve intéressant dans ce que vous dites, c'est que, très souvent, nous supposons que la mésinformation et la désinformation proviennent de l'extérieur, qu'elles sont externes et qu'elles arrivent au Canada. Cependant, dans l'exemple que je viens de donner, et je sais qu'il y a d'autres... Nous venons de tenir une réunion sur une source d'information qui était autrefois fiable et qui diffuse une désinformation flagrante.
Ce que je trouve intéressant, c'est qu'il s'agit presque d'un signal d'alarme pour le Canada, qui se rend compte que parfois, on donne 340 000 $ pour la production d'un film qui ne devrait pas être financé, ou nous avons des sources d'information... En tant que parlementaires, nous en subissons les conséquences. Je ne pense pas que le problème vienne seulement de l'extérieur. Je crois que nous devons nous regarder dans le miroir.
Qu'en pensez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Merci à M. McAndrews et à M. Kushwaha d'être parmi nous aujourd'hui et de nous apporter ces éclairages très intéressants.
Comme vous le savez, nous menons une discussion sur la désinformation et la mésinformation. Ce comité étudie cette question depuis un certain temps.
J'ai remarqué que vous aviez mentionné la Finlande, et j'ai également entendu parler de Taïwan. Des témoins précédents ont également déclaré que la Finlande et Taïwan étaient des exemples à suivre en matière de lutte contre la désinformation en raison de leur proximité avec la Russie et la Chine, respectivement.
Pourriez-vous nous parler de leurs programmes et nous suggérer d'autres moyens d'immuniser les Canadiens contre les effets de la mésinformation et de la désinformation?
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Oui, tout à fait. Merci.
Comme vous l'avez décrit, la Finlande est évidemment confrontée à un problème de taille à sa porte, et la situation de ce pays n'est pas très différente de la nôtre, si l'on y réfléchit bien. La Finlande a agi immédiatement. Son modèle, contrairement à celui du Canada... Notre politique en matière d'éducation est établie au niveau fédéral, mais elle est mise en œuvre aux niveaux provincial et territorial. Il est très difficile de bien gouverner au Canada comme le fait la Finlande.
Nous devons trouver des méthodes semblables à celles de leur modèle. Je ne suggère pas que ce soit à ce comité de le faire et je ne propose pas non plus de méthodes politiques pour faire passer ces responsabilités du gouvernement fédéral aux provinces et aux territoires, mais je pense que nous devrions trouver une façon de normaliser ce type d'information, comme nous le faisons pour les mathématiques, la physique, la science et le langage.
À cet égard, la Finlande a fait un travail remarquable en enseignant aux enfants de maternelle comment le faire en leur donnant des exemples loufoques, puis des exemples réels, comme on le ferait avec n'importe quel enfant. Ils les ont aidés à grandir. Même des personnes âgées et des retraités qui discutent dans un café, qui ont des difficultés avec la technologie et qui reçoivent des renseignements de leurs amis et de leurs voisins, peuvent alors vraiment réfléchir à ce qu'ils entendent et dire: « Vous savez quoi? Laissez‑moi vérifier. Je sais comment faire, parce que cela fait maintenant partie de mon écosystème, de ma vie et de mon être ». Les choses se sont transformées. Ce processus a pris une décennie.
Je vais vous poser une autre question difficile. Plus tôt, on a dit que, de nos jours, la vérité importait peu. Vous avez parlé de la Finlande, et quelques personnes nous ont également entretenus de ce sujet. J'ai retenu qu'il était très important d'avoir des médias très forts et de faire de l'éducation dès la petite enfance.
Or, je me questionne sur la pensée critique, qui ne s'enseigne plus. Il n'y a pas de lieu, au Québec et au Canada, où on l'enseigne, sauf si on fait un doctorat en philosophie, par exemple. Avez-vous une suggestion à ce sujet? Oublions les ordres de gouvernement un instant. Si la population ne s'intéresse pas à la vérité, on ne peut pas espérer l'intéresser à la pensée critique.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Kushwaha, vous avez parlé de l'ingérence de Pékin et du fait que, dans bien des cas, les tactiques qu'il utilise sont complexes. Dans ce contexte, il est difficile d'utiliser des outils d'application de la loi pour, par exemple, porter des accusations criminelles.
Les élections de 2019 et de 2021 ont été marquées par un effort concerté d'ingérence de la part de Pékin. Lors des élections de 2021, il est désormais bien établi qu'il y a eu une campagne assez sophistiquée pour faire en sorte d'assurer la réélection des libéraux et la défaite de certains candidats conservateurs, notamment les députés Kenny Chiu et Alice Wong.
Des élections pourraient avoir lieu d'un moment à l'autre. À votre avis, à l'approche des prochaines élections, le risque d'assister à de telles activités d'ingérence de la part de Pékin ou d'autres États étrangers hostiles est‑il plus grand, moins grand ou tout aussi grand qu'il ne l'était lors des dernières élections?
C'est mon temps de parole et je peux l'utiliser comme je le souhaite. J'ai noté que la vérité blesse les libéraux. a fait circuler une désinformation éhontée à des fins politiques. Et qu'est‑il arrivé? Il a dû se rétracter en raison d'une action en justice intentée contre lui.
Nous avons été témoins d'une autre désinformation de la part de nul autre qu'un réseau qui prétend être le réseau d'information le plus fiable au Canada, qui a frauduleusement trafiqué une vidéo de . Des ministres de ce gouvernement, dont la et le , ont défendu la manipulation de cette vidéo. Cela montre bien que les libéraux sont tout à fait favorables à la désinformation tant qu'elle ne se fait pas à leur détriment. Quoi qu'il en soit, cela a été dit.
Monsieur Kushwaha, vous avez parlé un peu du projet de loi . L'un des outils que propose ce projet de loi est la création d'un registre des influences étrangères. Pensez-vous que ce registre serait un outil utile pour lutter contre la désinformation et les informations erronées provenant d'États étrangers hostiles?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Par votre entremise, j'aimerais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui.
Je commencerai par M. Kushwaha. Je vais les classer en trois catégories: les consommateurs d'information, les créateurs d'information et, bien sûr, les canaux de communication.
Vous avez parlé un peu du citoyen moyen qui regarde les médias. Nous savons qu'il y a eu des cas — et un groupe d'experts précédent vient de nous en parler — où les médias traditionnels ont diffusé des informations erronées, de sorte que de plus en plus de gens se tournent vers d'autres plateformes pour s'informer.
Comment une personne ordinaire — et vous avez parlé un peu du modèle finlandais — peut-elle savoir si ce qu'elle lit est factuel ou non? Par exemple, ma mère relayait une nouvelle qu'elle avait vue sur Facebook concernant le décès d'un acteur. Cela fait trois fois que ce pauvre acteur est décédé, mais elle continue à faire circuler cette information en pensant qu'elle est vraie. Comment une personne peut-elle faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas sans la faire circuler?
Elle continue à relayer la même information erronée et la croit véridique. Que nous recommanderiez-vous?
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À cet égard, parlons maintenant des créateurs d'information. J'aimerais me concentrer sur les parlementaires ou les candidats politiques.
J'ose croire que nous avons la responsabilité de diffuser des renseignements exacts. Il n'y a peut-être pas de règles qui nous empêchent de diffuser de la désinformation, mais je suppose qu'il devrait y avoir une évaluation éthique ou, à la rigueur, une évaluation interne de ce que nous diffusons.
Je vais donner l'exemple de ce qui se passe au sud de la frontière, où un candidat à la présidence a envoyé de la désinformation au sujet de la FEMA, soit l'agence américaine chargée des secours d'urgence, pendant l'ouragan. En tant que parlementaires, en tant que candidats politiques, nous avons la responsabilité de ne pas diffuser de renseignements erronés qui pourraient mettre la vie des gens en danger. Êtes-vous d'accord?
Comment pouvons-nous nous assurer que les personnes qui occupent ces postes d'influence comprennent que les ramifications de ce qui est diffusé ont des conséquences réelles?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Kushwaha, je vais vous poser une question difficile. Depuis les 20 dernières années, on assiste à la disparition des agences de presse du type de l'Agence France-Presse. En effet, il y en a moins qu'avant. Les médias s'abreuvent donc aux quelques sources qui demeurent.
Personnellement, je me souviens que, lors de mon passage en Afrique, en 2012 — j'étais en Libye — l'assassinat de Mouammar Kadhafi avait été rapporté différemment en Amérique et en Afrique.
Ayant peu de sources de nouvelles auxquelles s'abreuver et puisqu'une foule de médias sociaux disséminent de la désinformation, comment peut-on savoir ce qui se passe aujourd'hui quant à la situation en Israël et en Palestine?
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J'ai deux observations à faire.
Toujours selon un récent numéro de la revue Nature, il se peut que nous nous trompions à l'égard du volume de désinformation sur les médias sociaux. Nous le surestimons peut-être. C'est pourquoi il est important que les chercheurs aient accès à ces données afin de maintenir la capacité de détecter les cas de mésinformation et de désinformation avec souplesse, mais nous surestimons peut-être la prévalence de la mésinformation. Mes collègues de l'Observatoire de l'écosystème médiatique mesurent la prévalence de la désinformation d'une certaine façon, et cette estimation me paraît assez basse. Ces renseignements sont disponibles dans leurs rapports mensuels sur la situation. Voilà pour le premier aspect.
Deuxièmement, il y a la relation de cause à effet. Nous pouvons imaginer ou craindre, en effet, que la mésinformation sur les médias sociaux polarise les gens, mais l'autre possibilité, c'est que des personnes aux opinions radicales soient exposées à la désinformation sur les médias sociaux. Il est important de remédier à ce genre d'incertitude au moyen de recherches scientifiques publiques et de grande qualité, et ce, de façon continue, car il s'agit d'une cible mouvante. Cette technologie évolue, et il faut donc une attention soutenue au Canada. Une grande partie de cette recherche se fait aux États-Unis, mais on ne peut pas comparer le Canada aux États-Unis. Il est tout à fait nécessaire d'effectuer également une telle recherche ici, au Canada.
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C'est intéressant: « Qui ne dit mot consent. »
J'ose espérer que la population a le bon sens de faire des recherches, de prendre des décisions éclairées et de formuler ses propres conclusions, mais je vois où vous voulez en venir. Je comprends ce que vous essayez de décrire.
Que peut faire le gouvernement?
Du point de vue des politiques, il y a déjà beaucoup de choses en place. Le problème, c'est que les fonds proviennent de nombreuses sources. À notre centre, nous avons toute une équipe de technologues, et nous avons été en mesure de suivre les transactions en cryptomonnaie provenant de sources étrangères, mais je vois aussi des transactions en provenance du Canada. J'ai trouvé des organisations au Canada qui s'occupent de traiter les transactions en les dirigeant vers une entité unique, qui est ensuite chargée de redistribuer le tout, de sorte qu'il devient impossible d'en déterminer la source et la destination.
Même si on peut voir les portefeuilles, on ne sait pas exactement à qui ils appartiennent. On voit toutefois que des transactions ont bel et bien lieu, et cela complique les choses, car on a l'impression que les fonds entrent et sortent en même temps. Par conséquent, n'exerçons-nous pas une certaine forme d'influence sur les autres autant qu'ils en exercent sur nous?
Si ce sont les citoyens qui font ces transactions, celles‑ci pourraient être considérées comme illégales. Il faut avoir des preuves et démontrer l'intention, du moins au Canada. À mon avis, cette tâche est très difficile dans le domaine financier, même pour le CANAFE ou la GRC, parce que ces portefeuilles sont censés être anonymes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Kushwaha, je vais parler en français, parce que c'est un sujet très intéressant pour mes concitoyens de Châteauguay—Lacolle, circonscription qui s'appellera bientôt Châteauguay—Les Jardins‑de‑Napierville.
Nous sommes de grands consommateurs de plateformes comme Facebook, Instagram et TikTok, entre autres. Nous avons entendu des témoignages concernant Tenet Media, à Montréal, une entreprise qui a participé à une campagne de désinformation russe.
Quelles seraient les meilleures étapes à suivre, les meilleures mesures à prendre afin de protéger les Canadiens et les Canadiennes, y compris d'eux-mêmes, relativement à ce genre de campagne?
[Traduction]
Messieurs Kushwaha et McAndrews, je tiens à vous remercier d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui. Vous nous avez fourni d'excellents renseignements. En tant que président et au nom du Comité, je vous suis vraiment reconnaissant du temps que vous nous avez consacré aujourd'hui.
Je vais libérer les témoins. Nous avons quelques questions à régler.
Plus tôt aujourd'hui, chaque membre du Comité a reçu une lettre de X. Comme je l'ai mentionné au Comité mardi, le plan consiste à faire venir ici les entreprises de médias sociaux après le congé de l'Action de grâces. Les représentants de X ont demandé de comparaître à huis clos. En général, le Comité n'a pas l'habitude de recevoir des témoins à huis clos. Ils ont donné leurs raisons. Le hic, c'est que je dois savoir ce que le Comité en pense et comment il souhaite procéder. La décision doit revenir au Comité.
Je vais d'abord vous donner la parole, madame Khalid, puis ce sera au tour de M. Green.