[Français]
Je vous souhaite la benvenue à la 55e réunion du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes.
[Traduction]
La réunion d'aujourd'hui se déroule dans un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Par conséquent, les membres du Comité peuvent assister à la réunion en personne et à distance en utilisant l'application Zoom.
En cas de difficultés techniques, veuillez m'en avertir. Veuillez noter qu'il se peut que la réunion doive être suspendue un moment afin de nous assurer que tous les députés peuvent participer pleinement aux délibérations.
[Français]
Conformément à l'article 108(3)h) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le mercredi 30 novembre 2022, le Comité entreprend son étude de la troisième édition du « Code de déontologie des lobbyistes ».
[Traduction]
Je tiens maintenant à souhaiter la bienvenue à notre témoin d'aujourd'hui. Nous accueillons Nancy Bélanger, la commissaire au lobbying.
Je vous souhaite la bienvenue en ce vendredi matin.
[Français]
Madame la greffière, tous les casques de son fonctionnent-ils correctement en vue du travail de l'équipe d'interprétation?
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de discuter du « Code de déontologie des lobbyistes », que je vous ai soumis le 15 novembre dernier, accompagnée d'un document qui en explique les changements.
Je suis accompagnée de M. Scott Whamond, l'analyste des politiques du Commissariat.
En tant que commissaire au lobbying, j'ai la responsabilité d'élaborer le code qui définit les normes de comportement éthique exigées des lobbyistes enregistrés. Il contribue, avec d'autres régimes d'éthique, à renforcer la confiance que fait le public aux institutions gouvernementales fédérales.
J'ai pu constater, compte tenu de mon expérience dans l'administration du Code de 2015, qu'il y avait des difficultés sur le plan de l'application de ses règles et de l'orientation des lobbyistes. En mettant à jour le code, j'ai cherché à y remédier: en utilisant un langage clair et simple, en me concentrant sur les actions des lobbyistes sans importer divers régimes d'éthiques, et en créant un code complet sans avoir à recourir à des documents d'orientation distincts afin de définir les concepts clés.
[Traduction]
Nous avons mené trois séries de consultations publiques sur une période de deux ans. Dans l'ensemble, nous avons reçu des commentaires positifs sur le nouveau code, notamment en ce qui concerne la clarté de ses objectifs et de ses règles de conduite.
J'ai reçu des commentaires passionnés, mais très divergents sur deux questions. Il s'agit du travail politique et de la valeur de l'hospitalité autorisée.
En ce qui concerne le travail politique, le Code de 2015 empêche un lobbyiste qui a participé à une activité politique de faire du lobbying auprès du titulaire d'une charge publique qui a bénéficié de cette participation, et de son personnel, pendant une période déterminée. Il n'y a pas de définition de l'activité politique ni de ce que l'on entend par une période déterminée. Une directive distincte suggère que la période de réflexion pour les activités politiques à risque élevé devrait être équivalente à un cycle électoral complet. Il n'y a aucune période déterminée pour les activités à moindre risque; on invite seulement les lobbyistes à faire preuve de prudence s'ils sont fréquemment impliqués dans de telles activités.
Au cours de la consultation, certaines parties prenantes ont suggéré qu'après avoir participé à des activités politiques importantes, la période de réflexion devrait être d'au moins 10 ans, tandis que d'autres ont fait valoir qu'une telle restriction pourrait porter atteinte aux droits d'un lobbyiste en vertu de la Charte, une préoccupation que je partage.
La règle mise à jour a été soigneusement élaborée pour atteindre son objectif de restreindre le lobbying lorsqu'un sentiment d'obligation peut raisonnablement être considéré comme existant et pour fournir la plus grande clarté aux lobbyistes, tout en respectant la Charte.
La nouvelle règle définit et fournit des exemples de rôles politiques qui pourraient raisonnablement être considérés comme créant un sentiment d'obligation. Elle exclut également de son application certaines formes de participation politique. La règle n'interdit pas aux lobbyistes de s'engager dans un travail politique, mais les empêche de faire du lobbying auprès du titulaire d'une charge publique qui a bénéficié de ce travail politique et de ses proches associés. La règle prévoit également une période de réflexion d'un ou deux ans, en fonction de l'importance du travail politique ou du niveau d'interaction avec le titulaire d'une charge publique.
Prenant en considération d'autres régimes et la restriction de cinq ans sur le lobbying qui s'applique aux titulaires d'une charge publique désignée lorsqu'ils quittent leurs fonctions, je pense que ces périodes de réflexion sont raisonnables et appropriées.
Je suis convaincue que, telle qu'elle est actuellement rédigée, la règle repose sur une base constitutionnelle solide. Je crains toutefois que l'extension au‑delà de deux ans ne crée des risques en ce qui concerne le respect de la Charte, d'autant plus que le Code n'est pas un texte réglementaire.
[Français]
En ce qui concerne les marques d'hospitalité, le Code de déontologie des lobbyistes de 2015 empêche un lobbyiste d'offrir des cadeaux à un titulaire de charge publique que celui-ci n'est pas autorisé à accepter. Cette règle exige donc que le commissaire s'en remette aux diverses autorités fédérales régissant l'éthique de ces titulaires pour déterminer si les lobbyistes peuvent offrir des marques d'hospitalité. La nouvelle règle permet aux lobbyistes de savoir quand ils peuvent en offrir, ainsi que la valeur maximale permise, indépendamment des autres régimes.
Certains ont fait valoir que les lobbyistes ne devraient pas être autorisés à offrir quelque marque d'hospitalité que ce soit. D'autres étaient d'avis que l'établissement d'une valeur maximale ajoutait de la clarté, mais certains étaient d'avis qu'elle était trop faible. D'autres estimaient que le statu quo devrait être maintenu.
J'ai déterminé qu'une limite de 40 $ pour les aliments et les boissons, sans compter les taxes, était raisonnable, et ce, avec une limite annuelle de 80 $. Ce montant de faible valeur est basé sur les normes fédérales en matière de marques d'hospitalité, sur le coût moyen récent des repas dans les restaurants et sur l'incidence de l'inflation au cours des deux dernières années.
À mon avis, cette règle favorisera un accès équitable pour tous les lobbyistes et évitera de créer un sentiment d'obligation de la part du titulaire de charge publique.
[Traduction]
Bien qu'il ne soit pas possible de prévoir tous les scénarios, la révision des normes éthiques que doivent respecter les lobbyistes enregistrés au niveau fédéral a fait l'objet d'une réflexion approfondie.
Monsieur le président et membres du Comité, j'attends avec impatience vos questions ou commentaires, et je serais heureuse de recevoir toute suggestion visant à améliorer le Code avant que je le finalise.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à préciser que je ne porte pas seulement un t‑shirt. Lorsque je suis monté à bord d'un avion hier, je ne m'attendais certes pas à ce qu'on parle de ma tenue durant des délibérations parlementaires.
Merci, madame la commissaire, pour votre présence aujourd'hui. Pratiquement toutes les personnes avec lesquelles je m'entretiens seraient d'avis qu'il nous faut un régime visant à éviter l'exercice d'une influence indue par des personnes qui tenteraient de manipuler des fonctionnaires, des politiciens et d'autres dans leur propre intérêt.
J'ai passé en revue certains articles publiés récemment dans les médias, dont quelques-uns ont été très médiatisés. Il était question de personnes qui ont joué un rôle relativement à des contrats gouvernementaux, des personnes recevant des honoraires de consultants et bien d'autres. J'ai consulté le registre des lobbyistes, et je n'y ai pas trouvé le nom de ces personnes. Elles ne sont pas des lobbyistes enregistrés, et pourtant il est très clair… À titre d'exemple, le et la ont très clairement fait référence à une personne qui a fait les manchettes — M. Barton — et qui a été recrutée en raison de sa liste de contacts.
Pourriez-vous m'expliquer comment nous pouvons en arriver à un juste équilibre, car lorsque j'ai consulté le registre, ces noms n'y figuraient pas?
:
Si je comprends bien votre question, vous voulez savoir dans quelle mesure le Code que je propose sera bénéfique, ou s'il ajoute...?
D'accord.
Essentiellement, les règles actuelles ne sont tout simplement pas claires, et parce qu'elles ne sont pas claires, il est très difficile de réglementer, d'enquêter et de fournir des conseils. Je pense qu'en les rendant plus claires... Depuis mon entrée en fonction, en 2018, les lobbyistes me disent que le Code n'est pas clair. Ils ne savent pas ce qu'ils peuvent ou ne peuvent pas faire. Nous publions des directives, mais je ne vois pas comment je pourrais déterminer qu'une personne a enfreint une directive qui en soi n'est pas très claire.
J'espère que nous avons trouvé le juste équilibre, car notre code est actuellement, à mon avis, l'un des meilleurs au monde. Nous allons maintenant relever davantage la barre en étant plus clairs.
Nous avons regardé ce qui existe ailleurs dans le monde et dans les provinces, et nous avons constaté qu'il n'existe pas beaucoup de codes de déontologie. Compte tenu des commentaires que nous avons reçus, je pense que nous avons atteint un juste équilibre. J'invite les gens à prendre le temps de les consulter sur notre site Web.
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Je vous remercie pour cette précision.
Ma prochaine question concerne les bénévoles.
J'ai été élue assez récemment, en 2021. Je pense que tous les élus ici présents, virtuellement ou en personne, connaissent la valeur des bénévoles au sein du système politique.
Nous avons besoin de beaucoup de bénévoles. Ils sont très importants. Je pense que le bénévolat permet aux gens de participer au système politique à l'échelle locale, de mieux comprendre ce système, d'en faire l'expérience, et de s'exprimer. À mon avis, c'est un aspect très important du processus.
J'aimerais savoir si ces personnes, ces Canadiens ordinaires qui prennent part au processus et qui font du porte‑à‑porte durant les campagnes électorales, seront touchées par la mise à jour du Code. Est‑ce que le sentiment d'obligation est un facteur en ce qui a trait à ces activités politiques courantes à l'échelle locale?
:
Le Code de déontologie des lobbyistes s'applique uniquement aux lobbyistes enregistrés. Toute personne qui fait du bénévolat pour vous et qui n'est pas un lobbyiste n'est pas assujettie au Code. Le Code s'applique exclusivement aux personnes inscrites dans le registre.
Si la personne est enregistrée comme lobbyiste et qu'elle travaille bénévolement pour vous, il est probable qu'il y ait des répercussions en vertu du Code, car elle y est assujettie. Si cette personne fait du lobbying auprès de vous, alors que vous savez qu'elle a travaillé bénévolement pour vous, il peut certes y avoir apparence d'un sentiment d'obligation. Tout dépend de ce qu'elle a fait.
J'ai pour rôle de réglementer les lobbyistes, et, de votre côté, vous devez respecter votre propre code de déontologie pour vous assurer de ne pas servir indûment les intérêts des personnes qui vous ont aidée.
C'est un tout. D'une part, il y a les lobbyistes, et d'autre part, il y a les titulaires d'une charge publique. Tout dépend des faits en cause et de ce que la personne a fait, et il faut savoir aussi si elle est enregistrée comme lobbyiste.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame Bélanger, je vous remercie de votre présence.
Ma première question est en lien avec celle de mon collègue M. Kurek. Vous y avez peut-être déjà répondu, mais je veux m'assurer d'avoir bien compris votre réponse.
Si je comprends bien, advenant le non-respect du Code de déontologie des lobbyistes, une commissaire peut mener une enquête et, ultimement, présenter un rapport à la Chambre.
Est-il possible que la commissaire le fasse pour quelqu'un qui devrait être inscrit au Registre des lobbyistes, mais qui ne l'est pas?
:
C'est une bonne question.
Dans le cas d'une personne qui devrait être inscrite au Registre, mais qui ne l'est pas, je vais mener une enquête. Si j'ai des doutes raisonnables de croire qu'elle aurait dû y être inscrite, je dois suspendre mon enquête et le signaler à la GRC.
Par la suite, le Commissariat au lobbying est en attente. Si le dossier nous revient, je pourrais en faire rapport au Parlement pour expliquer la situation. Cependant, cela vaut-il la peine de faire une enquête, en se basant sur le Code, sur une personne qui aurait dû être inscrite au registre? Je n'ai vraiment pas les ressources pour faire cela.
Je vous préviendrais probablement que cette personne aurait dû être inscrite au registre. Si une personne n'y est pas inscrite, il s'agit d'une infraction à la Loi sur le lobbying, et je dois le déclarer à la GRC.
:
Permettez-moi d'abord de vous corriger: on parle d'une période 12 ou 24 mois, et non de deux mois.
Nous avons pris ceci en considération: selon la ligne directrice actuelle, on parle de 5 ans ou de rien du tout. Nous nous sommes penchés sur ce qui a été fait ailleurs dans le monde. Ce que je peux dire, c'est que ce sont ceux auprès de qui on fait le lobbying qui doivent respecter la réglementation. Si la personne a un sentiment d'obligation, c'est à elle à déterminer si elle doit rencontrer cette personne.
Pour ma part, j'ai décidé de faire une règle parce qu'il y en avait une en 2015, mais j'aurais pu simplement interdire qu'on fasse du lobbying auprès de ceux qui ont possiblement un sentiment d'obligation envers le lobbyiste. Nous avons voulu offrir de l'encadrement au moyen d'une règle.
Je me suis penchée sur toutes les interdictions qui existent.
Selon la Loi sur les conflits d'intérêts, un ministre qui quitte ses fonctions ne peut pas faire certaines activités pendant deux ans. Pour d'autres titulaires, c'est un an.
Quand vous, les députés, quittez vos fonctions, vous ne pouvez pas faire de lobbying pendant cinq ans. C'est la période de restriction à laquelle vous êtes soumis.
Entre une activité politique restreinte dans le temps et sur le plan de l'importance et celle d'une personne qui, comme vous, a occupé un poste pendant au moins deux ans, sinon plus, il fallait que je fasse une comparaison.
Je n'ai pas embauché de psychologue. C'est vraiment le sentiment d'obligation qui compte. Ce sera basé sur des faits, sur le rôle que vous aurez joué et l'importance que cela aura pour vous. Nous vous recevrons certainement en entrevue si jamais nous menons une enquête sur un lobbyiste qui vous aurait contactés alors qu'il n'aurait pas dû le faire.
:
Oui. C'est une bonne question.
Vous êtes tous tenus de vous assurer que vous ne favorisez pas les intérêts privés de vos amis. Je pense que c'est important.
Il est difficile de définir ce qui constitue un ami. Je veux que les gens nous appellent pour que nous puissions les aider à y voir clair. Nous avons défini ce qu'on entend par lien étroit. C'est de l'affection personnelle. Nous allons regarder les faits. Voyez-vous la personne régulièrement? Même si ce n'est pas le cas, l'appelez-vous lorsque vous avez le pire problème au monde?
Cela dépendra des faits propres à chaque cas. Nous allons conseiller les gens et leur dire de ne pas aller de l'avant. Vous savez qu'on devrait toujours pécher par excès de prudence et ne pas faire de lobbying. Si vous avez des doutes au moment de dire si la personne est un ami, vous ne devriez probablement pas faire de lobbying pour elle.
Nous avons remis une liste de définitions et d'indicateurs qui montrent ce que nous devrions regarder. C'est une liste d'exemples pour tenter de guider les lobbyistes afin d'éviter les écarts de conduite.
:
C'est une très bonne question. Si c'est une chose que le Comité pense que je devrais faire, je vais certainement l'envisager.
De toute évidence, il y a d'importantes préoccupations en matière de protection de la vie privée lorsqu'on demande des conseils ou une réduction de la période de réflexion. Sauf si je dois publier ces choses en vertu de mon code, la personne devrait donner son consentement. Avant de se présenter et de faire du lobbying auprès de vous, elle vous indiquerait probablement qu'elle a obtenu une réduction de la période.
Si le Comité veut que je donne suite à cela, je peux le faire. Je consulterais probablement mon collègue, le commissaire à la vie privée, pour m'assurer de ne rien faire de fâcheux.
C'est un bon point. C'est probablement une bonne suggestion. Cela accroîtrait sans aucun doute la transparence, et je vais donc l'envisager.
:
À l'heure actuelle, les directives ne veulent pas dire grand-chose. Les lobbyistes peuvent offrir l'hospitalité, et si le destinataire l'accepte, ils peuvent la donner.
N'oubliez pas que vous n'êtes pas les seuls à faire l'objet de lobbying et à vous faire offrir l'hospitalité. Il y a aussi les sénateurs et tous les fonctionnaires. Je dois déterminer qui peut accepter quoi, et conformément à quel régime. En créant cette règle, nous réglementons maintenant les lobbyistes pour qu'ils soient tous sur un pied d'égalité auprès de tout le monde.
Quand j'entends dire que ce sera un fardeau... Ce n'est pas si compliqué. Nous offrons une formule. Vous vous attendez à recevoir 300 personnes et vous commandez de la nourriture en conséquence. Vous prenez le total et vous le divisez, et la somme doit être inférieure à 40 $ par personne. Il faut tenir compte des personnes à qui vous offrez l'hospitalité. Qu'elles se présentent ou non ou qu'elles mangent pour 50 $ ou pas du tout, cela ne fait pas partie des critères. Nous ne faisons pas de moyenne. Nous signalons qu'il faut être raisonnable.
J'ai vu dans les nouvelles qu'il y a probablement eu certains... Je réglemente de nouveau la chose. En ce qui me concerne, du point de vue des lobbyistes, toute la question de l'hospitalité est demeurée non réglementée beaucoup trop longtemps, et nous revenons donc là‑dessus.
Quand j'entends des lobbyistes dire que je vais porter atteinte au privilège parlementaire, j'ai de graves préoccupations. C'est la raison pour laquelle cela nous a menés où nous en sommes.
:
Merci, monsieur Cannings.
Avant que nous passions à M. Dalton et au prochain tour, je vais utiliser le privilège de la présidence pour poser une question.
Madame Bélanger, la question porte sur la lettre que vous avez envoyée au Comité le 14 décembre à propos de la période de réflexion et de l'avis juridique que vous avez demandé. Dans la lettre, vous dites que la Charte offre un seuil peu élevé pour l'atteinte à la liberté d'expression établie par les tribunaux et que la nouvelle période de réflexion serait probablement justifiée en vertu de l'article 1 de la Charte.
Y a‑t‑il la moindre chose dans les décisions judiciaires antérieures ou la jurisprudence qui indiquerait en quoi consiste la violation de la Charte?
Autrement dit, vous avez demandé cet avis juridique et on vous a dit que ce serait justifié en vertu de cet article, mais pas en vertu d'un autre. Y a‑t‑il des décisions auxquelles l'avis juridique pourrait faire allusion?
:
Je vais donner un cours 101 d'analyse de la Charte.
Le premier critère consiste à déterminer si la règle porte actuellement atteinte à des droits constitutionnels. Dans le cas de la liberté d'expression, j'empêche des gens de faire du lobbying pendant au moins une ou deux années, selon les circonstances. Les tribunaux ont dit que dès qu'on empêche quelqu'un de parler — le seuil est très peu élevé —, on porte atteinte à la liberté d'expression.
Quand on regarde ensuite l'article 1, est‑ce justifié? Y a‑t‑il une raison à cela, et la règle a‑t‑elle été rédigée de manière à violer le moins possible les droits garantis par la Charte? Lorsque l'objectif est de garantir un lobbying éthique et transparent, et d'éviter que des lobbyistes interviennent auprès de personnes ayant un sentiment d'obligation à leur égard, l'avis juridique dit que l'objectif est clair.
Compte tenu de la façon dont la règle est formulée, nous n'empêchons pas les gens de faire un travail politique. En fait, ils sont libres de le faire, mais si c'est leur choix, il y a des limites quant aux personnes auprès desquelles ils peuvent intervenir. Il s'agit seulement des personnes qu'ils ont aidé à se faire élire et de leurs proches collaborateurs.
La période prévue est également limitée, et selon les faits, elle peut être réduite. Si après une semaine vous vous rendez compte que votre directeur de campagne ne vous convient pas et que vous le congédiez, il ne devrait pas lui être interdit de faire du lobbying auprès de vous les deux années suivantes.
Certains faits seront examinés. Selon l'avis, la règle est rédigée de manière à ce que les tribunaux disent tout simplement que c'est justifié.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, madame Bélanger, de vous joindre à nous aujourd'hui.
Ce sont des questions et des choses importantes auxquelles nous devons sans aucun doute réfléchir. Le gouvernement et tous mes collègues présents ici, j'en suis certaine, sont déterminés à assurer le respect des normes dans le cas du lobbying auprès de titulaires de charge publique fédérale. J'accorde vraiment de l'importance — comme tout le monde ici, j'en suis certaine — à ces questions concernant l'intégrité et le renforcement de la confiance dans le régime proprement dit.
Auparavant, c'était d'autres autorités fédérales qui s'occupaient des règles concernant les présents, les faveurs et d'autres avantages. Votre bureau a dit que cela se traduit par des difficultés dans l'application et le respect de cette règle. Pouvez-vous dire à quelles difficultés votre bureau s'est heurté dans le cadre de cet arrangement?
:
Depuis ma nomination en 2018, j'ai reçu 12 appels de personnes qui voulaient savoir si des lobbyistes pouvaient organiser des réceptions. Même si je leur dis de s'abstenir, elles savent que les réceptions auront lieu si vous pouvez accepter.
Lorsque des gens nous appellent et nous demandent s'ils peuvent offrir un déjeuner de 25 $, nous disons habituellement que oui, et s'ils veulent offrir un déjeuner de 50 $, et que nous répondons non, cela n'a aucune importance, car s'ils vous offrent le déjeuner de 50 $, que vous le mangez et que personne ne vient vous dire que n'auriez pas dû, ce n'est pas réglementé.
Il est actuellement très difficile de donner des conseils lorsque je dois compter sur tous les autres régimes. Je répète encore une fois que nous ne parlons pas uniquement de vous, des députés; il y a tous les fonctionnaires, qui sont tous assujettis à différents codes. Il y a un code de valeurs de la fonction publique, mais il arrive parfois que les ministères aient leur propre code.
Il est difficile de savoir avec certitude à quoi s'en tenir, et comment suis‑je ensuite censée trouver une personne qui enfreint cette règle?
:
Les températures de -40˚C nous rendent bienveillants. Je vous remercie.
Je veux aborder la question des périodes de restriction de 12 et 24 mois. Comme ma collègue, Mme Normandin, l'a souligné, avec des gouvernements minoritaires, les cycles électoraux pourraient être légèrement différents.
Qu'est‑ce qui change par rapport aux normes précédentes? Comment avez-vous établi des périodes de 12 et 24 mois au lieu de... Normalement, les cycles électoraux sont de quatre ans au pays, mais ils pourraient avoir ou non cette durée. Je viens d'un autre pays, où les cycles électoraux peuvent être de six mois. Je voudrais avoir votre son de cloche à ce sujet, car les gouvernements sont ainsi aujourd'hui et les élections pourraient être plus fréquentes.
:
C'est la raison pour laquelle je ne traite pas... La nouvelle règle ne comprendra pas le concept de cycle électoral complet. Ce concept a été éliminé. Il ne figurait que dans un document d'orientation. La période était proposée et ne s'appliquait que si les lobbyistes avaient joué un rôle très important auprès de la personne dont ils avaient favorisé l'élection. Nous avons éliminé le concept de cycle électoral complet. De plus, vous avez raison de dire que des élections ont été déclenchées aux deux ans ces dernières années.
Nous nous sommes également penchés sur les régimes. Comme je l'ai précisé, quand il est question de travail politique, il n'existe pas vraiment de régime. À cet égard, je n'ai pu trouver qu'une seule période de restriction d'un an en consultant mon collègue de l'Ontario.
Bien entendu, cela ne concerne pas les relations étroites et continues; en pareil cas, une règle différente s'applique. Nous avons établi des périodes d'un ou deux ans en étudiant les rôles et les divers régimes. Les rôles sont énumérés à titre d'exemples. Tout dépend en fait de l'importance de la relation et du niveau d'interaction. La période sera de deux ans, à moins que l'interaction soit moins importante, auquel cas la période sera d'un an. Si l'interaction est minime, aucune période ne s'appliquera.
:
Je vous remercie de votre transparence et de votre célérité.
Je vais poursuivre dans le même ordre d'idées et sur la question du respect de la Charte.
Vous avez dit, entre autres choses, que, comme le Code n'est pas un texte réglementaire, on aurait peut-être intérêt à se pencher sur la Loi sur le lobbying elle-même, carrément. Ce serait un travail de parlementaire. Est-ce une recommandation que vous pourriez faire au Comité?
Croyez-vous que les députés devraient se pencher sur une révision de la Loi, par exemple, pour envisager une augmentation de la période de restriction et pour faire en sorte que ce soit nous qui ayons le fardeau de vérifier s'il y a un manquement aux obligations qui nous incombent relativement à la Charte?
:
Je vous remercie beaucoup de vos explications, madame la commissaire.
Notre pays vient de traverser des temps difficiles avec la pandémie de COVID. Le gouvernement fédéral a ouvert tout grand ses coffres pour offrir de l'aide.
J'aimerais entendre ce que vous avez à dire au sujet d'un contrat qui a reçu une certaine attention. Il s'agit d'un contrat à fournisseur unique de 237 millions de dollars pour l'achat de respirateurs. C'est deux fois plus que le montant demandé par la concurrence. C'est donc une somme substantielle.
Le problème, c'est qu'il s'agissait d'une nouvelle entreprise appartenant à l'ancien député Frank Baylis. Il ne s'est pas représenté aux élections de 2019 et a obtenu ce contrat quelques mois plus tard.
Je ne suis pas certain de la manière dont le Code s'applique ici, mais j'aimerais avoir votre avis au sujet de cette affaire, de l'entreprise de M. Baylis et même des personnes qui ont travaillé avec lui.
L'affaire a fait évidemment beaucoup jaser, car elle fait intervenir une somme considérable et soulève bien des préoccupations. M. Baylis a énoncé un chiffre dans les médias, indiquant qu'il avait vu une occasion d'aider et qu'il l'avait saisie. Or, il semble qu'il se soit aidé lui-même avec son entreprise.
Cette affaire est fort préoccupante. Pouvez-vous en parler brièvement ici?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup de votre présence aujourd'hui, madame Bélanger.
J'ai deux questions à vous poser.
Il semble que les questions de mes collègues et les miennes portent sur deux principales préoccupations. La première concerne la limite annuelle de 80 $, et la deuxième porte sur les droits garantis par la Charte canadienne des droits et libertés concernant la participation politique des Canadiens, dans ce cas-ci, les lobbyistes.
[Traduction]
Permettez-moi de dire que c'est le genre de chose au sujet de laquelle des personnes raisonnables peuvent être en désaccord.
Penchons-nous d'abord sur la question de la limite de 80 $. J'aime l'idée d'instaurer une limite de 40 $ — ou du montant que vous voudrez — par interaction pour l'accueil des députés. Je pense que c'est très important. À titre d'ancien lobbyiste, je pense que cette mesure nous permet d'éviter les déboires.
[Français]
Si on ne veut pas voir des personnes aller à un méchoui avec des choses en or, entre autres, je pense que la somme de 40 $ est raisonnable.
:
Cependant, ce qui me semble problématique, ce sont certaines soirées et réceptions qu'un secteur d'activité peut organiser. Prenons l'exemple d'une association représentant plusieurs membres, comme Universités Canada, qui regroupe 96 universités publiques de partout au Canada. Elle peut organiser un rassemblement. Les députés vont passer pour parler à leurs présidents locaux. C'est tout à fait acceptable, et c'est même un avantage. En tant que député, je peux rencontrer non seulement la rectrice de l'UQO, mais aussi tous les recteurs et rectrices du réseau universitaire du Québec. Je peux ainsi avoir une discussion sur l'innovation, par exemple.
Si l'on impose une limite de rencontres par année, nous allons forcer les universités à avoir des interactions individuelles au lieu d'avoir des rassemblements de groupe qui, dans mon cas, sont plus efficaces sur le plan du temps. C'est probablement plus intéressant pour eux, aussi.
Ne serait-il pas préférable d'imposer une limite par activité, par exemple, de 40 $ pour les aliments et boissons? Par contre, si l'on vous signale qu'un membre en particulier, une société privée ou un organisme contacte un député cinq ou six fois par année, cela dépasse les normes raisonnables.
Ne serait-il pas préférable d'imposer une limite par interaction, ainsi que des lignes directrices pour empêcher les abus?
:
Ce n'est pas beaucoup, mais cela envoie un message. Si les fonctionnaires sont capables de respecter ce montant lorsqu'ils ont, eux-mêmes, besoin d'offrir une marque d'hospitalité aux gens de l'extérieur, je ne comprends pas pourquoi les lobbyistes ne pourraient en faire autant. C'est le premier point.
Ensuite, je comprends ce que vous dites concernant les 80 $ quand, par exemple, un organisme compte plusieurs membres et veut en profiter pour rencontrer le plus de gens possible en tenant plusieurs événements. Dans ce cas, pour tout événement supplémentaire, il peut me demander la permission au moyen d'une demande d'exemption et me dire quel sera le coût de l'événement et qui sera invité. Cette possibilité existe.
Je ne sais pas quelle serait la solution idéale. Je ne peux compter sur le fait qu'on va m'envoyer des rapports sur le nombre de fois, disons cinq, qu'un lobbyiste va emmener quelqu'un dîner. Je ne reçois pas ce genre de plainte, mais je sais lire dans les journaux.
Je serais heureuse d'entendre une solution du Comité à cet égard.
:
Non. Je suis désolé. Les cinq minutes sont dépassées.
[Français]
Merci, madame Bélanger.
[Traduction]
Nous entamerons maintenant notre prochain tour, en commençant avec M. Kurek.
Auparavant, je rappellerai aux membres du Comité que vous n'avez pas publié le Code dans la Gazette du Canada à la demande du Comité. Nous vous avons envoyé une demande pour que vous témoigniez devant nous. Je veux que nous gardions ces faits à l'esprit alors que nous poursuivons la séance, car le report de la publication a évidemment retardé la mise en œuvre des nouvelles règles.
Le Comité voudra peut-être présenter d'autres recommandations à la commissaire au lobbying à la suite de la présente séance. Il se peut également, comme nous en avons discuté l'autre jour pendant les affaires du Comité, que le dossier suscite de l'intérêt et que d'autres témoins souhaitent comparaître.
Cela étant dit, madame Bélanger, vous pourriez peut-être nous donner, à la fin de la séance, un aperçu la manière dont vous comptez procéder pour la publication du Code dans la Gazette du Canada. Quand pensez-vous le publier? Dans quelle mesure le Comité — ou les autres parties qui ont démontré un certain intérêt dans ce dossier — peuvent-ils raisonnablement s'attendre à pouvoir fournir des observations à ce sujet?
Nous passerons maintenant à la prochaine intervention. Monsieur Kurek, vous disposez de cinq minutes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, madame la commissaire, de votre témoignage d'aujourd'hui.
Surtout lorsqu'il s'agit de certains sujets qui font les manchettes comme les conflits d'intérêts, l'un des problèmes auxquels sont confrontés de nombreux Canadiens est qu'il semble qu'aucune règle ne puisse les arrêter, qu'il s'agisse du premier ministre ou d'autres ministres qui ont été reconnus comme n'ayant pas respecté la loi ou de ceux qui tentent de la contourner.
En ce qui concerne la Loi sur le lobbying plus particulièrement, l'un des aspects très troublants des témoignages que j'ai entendus aujourd'hui est le nombre d'interactions. Vous avez dit qu'il y a très peu de personnes qui se manifestent et demandent des conseils.
Comment pouvons-nous faire en sorte que ce sujet de conversation fasse les manchettes non seulement lorsque les règles sont enfreintes, mais aussi pour créer un climat où il y a plus de transparence, plus de redditions de comptes et, au final, plus de confiance dans nos institutions en ce qui concerne la Loi sur le lobbying?
:
Merci. Je veux seulement me prononcer sur la perspective de la Loi sur le lobbying.
L'un des plus grands aspects de la Loi sur le lobbying est le registre. Il comporte une foule d'éléments. Il est transparent, mais ce n'est pas tout le monde qui doit s'y inscrire. Il y a donc certainement une lacune. Je m'inquiète du fait qu'un grand nombre de communications ne sont pas couvertes par la Loi sur le lobbying, alors il faut corriger la situation.
En ce qui concerne le code, j'espère vraiment qu'il établira une nouvelle norme de référence à laquelle nous nous attendons que les gens respectent. La clarté me donnera les moyens d'enquêter et de rendre des comptes. J'espère qu'il aura une incidence positive sur la confiance que les Canadiens peuvent avoir dans le lobbying éthique et transparent.
Je soulignerais que, d'après les médias, beaucoup d'entre vous ont fait l'objet de pressions au sujet de ce code. Rien de tout cela ne s'est retrouvé sur le registre, donc je ne sais pas qui vous a parlé de cela. Je soupçonne que ce sont les mêmes personnes qui ont fourni des mémoires, mais c'est un problème. Je ne suis pas sûr de ce que je vais faire à propos de ce problème, mais c'est un problème pour le moment. J'espère que le code vous aidera.
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On a mentionné plus tôt qu'il y avait une différence entre une personne qui parle avec un député d'arrière-ban et un fonctionnaire. Un fonctionnaire demande peut-être des éclaircissements sur quelque chose qui a été dit à une réunion précédente. Il y a une grande différence entre cette situation et quelqu'un qui demande au gouvernement un contrat d'un milliard de dollars.
C'est un encouragement plutôt qu'une question, et c'est pour essayer de trouver un moyen de s'assurer que nous pouvons créer une culture de la transparence, comme on l'a mentionné, dans l'ensemble du système, et s'assurer que les messages textes ou les appels téléphoniques qui semblent aider à déterminer qui obtient les contrats sont certainement traités.
En ce qui concerne la question de l'activité politique, nous tous, autour de cette table, connaissons très bien l'activité politique, que ce soit de faire du porte‑à‑porte, de passer des appels téléphoniques, de poser des pancartes électorales, etc.
Pouvez-vous décrire, pour ceux qui nous regardent, votre expérience qui vous a amené à adopter la position dans les rôles que vous proposez lorsque vous essayez de trouver ce juste équilibre? Il y a une différence assez importante entre quelqu'un qui fait du porte‑à‑porte à quelques reprises pendant une campagne et quelqu'un qui le ferait pour influencer un titulaire d'une charge publique.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivée à ces conclusions?
N'interprétez pas cela comme étant un manque d'intérêt. Je pense que nous pourrions vous avoir ici pendant plusieurs heures.
Ma deuxième question porte sur la Charte. Comme vous le savez, l'article 3 de la Charte prévoit des droits fondamentaux de participation. Vous avez cherché et vous pensez avoir trouvé un moyen d'avoir une incidence minimale sur ces droits, mais je crois que si nous devons limiter les droits des Canadiens garantis par la Charte, nous devons le faire par voie législative. Je suis un peu préoccupé par le fait de codifier cela sans avoir de débat public plus vaste, avec tout le respect que je dois aux consultations exhaustives que vous avez organisées.
Il s'agit en fait de déterminer ce qui est une influence significative et ce qui ne l'est pas, et je pense que nous devons faire très attention à ne pas limiter les droits de la personne en vertu de la Charte. Nous avons cette idée que les lobbyistes sont des gens diaboliques. Je pense que ce sont seulement des gens qui essaient d'aider des organisations. Certains font un travail formidable pour les ONG et pour les personnes qui n'ont normalement pas la possibilité de se faire entendre, pour essayer d'attirer l'attention des députés, des législateurs et des titulaires de charge publique, qui sont partout.
Plutôt que d'effectuer ce changement à l'aide de lignes directrices, ou de le codifier à l'aide de lignes directrices, pensez-vous qu'il serait préférable de le faire par l'entremise d'une loi — c'est‑à‑dire par des changements réels à la Loi sur le lobbying — afin que le Parlement puisse avoir l'occasion d'en discuter?
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Certainement, si vous me dites que la Loi sur le lobbying sera modifiée dans les prochaines semaines, mais cela n'arrivera pas, et je dois trouver un moyen de réglementer ce qui se passe maintenant.
À l'heure actuelle, il y a déjà une règle en place, et elle existe depuis 2015. J'essaie maintenant de l'encadrer d'une manière qui répond aux obligations de la Charte. Quand on y pense, je pourrais avoir une règle qui dit simplement de ne pas faire pression sur quiconque a un sentiment d'obligation envers vous, et en rester là.
Je recevrai beaucoup de plaintes à mon bureau, que je ne pourrai pas traiter, car je n'ai que 28 personnes. Ce code a pour but d'expliquer comment nous essayons de limiter quand et comment, en fonction de facteurs à considérer. Les gens devraient nous appeler, et s'ils nous appellent, nous serons en mesure de leur donner des conseils appropriés.
N'oublions pas que vous avez vos propres obligations si vous avez l'impression que quelqu'un... Je ne sais pas. Si un directeur de campagne vous aide à être élu et qu'il vient faire pression sur vous après l'élection, est‑ce approprié? Nous disons que cela ne devrait pas se produire si nous voulons renforcer la confiance du public dans le processus décisionnel. C'est pourquoi nous l'avons limité. Si ce comité estime que ce devrait être cinq ans...
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Merci, monsieur le président.
Si jamais la réponse est plus longue, je vais vous demander d'étirer le temps un peu.
Nous avons abordé les questions de la prévention et de l'intervention rapide. J'aimerais connaître votre avis à ce sujet. J'imagine que les personnes qui vous consultent ne sont pas celles dont les cas sont les plus problématiques, mais plutôt celles qui respectent le plus le Code de déontologie des lobbyistes.
À l'autre bout du spectre, les cas problématiques sont ceux qui paraissent dans les médias. Je pense à Frank Baylis, l'organisme UNIS, McKinsey, l'Aga Khan et compagnie, bref, les grands dossiers croustillants.
Quand vous devez mener une enquête, l'information provient-elle uniquement des journaux ou y a-t-il d'autres filons?
Le cas échéant, est-ce que les ressources dont vous disposez sont suffisantes pour trouver les problèmes avant qu'ils paraissent dans les médias? Avez-vous les ressources permettant de mener un travail de prévention, autant que possible en amont? L'enquête n'est-elle menée qu'une fois le mal fait, lorsqu'il est trop tard, que les contrats ont été octroyés, que les médias sont dans le coup et que cela va devant les tribunaux et ainsi de suite?
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Je vais commencer par la première. Non, je n'ai pas assez de ressources. J'ai des ressources pour 33 employés et nous sommes habituellement 28. Nous avons un important mandat, nous travaillons fort et nous sommes tous fatigués.
J'ai présenté une demande de crédits budgétaires supplémentaires pour pouvoir ajouter sept employés, principalement en vue de bien remplir mon mandat de sensibilisation visant à prévenir au lieu de guérir.
En ce qui concerne l'information servant à mener les enquêtes, je ne me fie pas à ce qui est publié dans les journaux. Ce sont des allégations, et je ne parle pas aux journalistes. Cela dit, les journaux incitent souvent à ouvrir un dossier.
Nos témoins les plus importants, ce sont vous, les titulaires de charges publiques, les gens avec qui les lobbyistes discutent. Si vous n'avez pas reçu de lettre de ma part, vous allez peut-être en recevoir un jour. Je vais alors vous demander de me fournir les preuves écrites de vos discussions avec certaines personnes et je vais vous interviewer.
Ce sont vraiment les titulaires de charges publiques, les fonctionnaires, les sénateurs, les ministres et leur personnel qui sont nos témoins, ainsi que les documents qu'ils possèdent à l'appui des discussions tenues. Leurs agendas en font partie, car ils indiquent qui ils ont rencontré et quand la rencontre a eu lieu. C'est ce qu'est le lobbying: une communication avec les titulaires de charges publiques.
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D'abord, je supprimerais le seuil relatif à la « partie importante des fonctions ». Les organisations et les personnes morales sont seulement tenues de s'enregistrer si elles dépassent un certain seuil. Il faut éliminer ce seuil. C'est la première modification à apporter.
Ensuite, il y a les dispositions relatives aux déclarations mensuelles. Les personnes doivent déclarer qu'elles ont eu des communications orales et organisées. Toutes les autres formes de communications qui ne sont pas organisées à l'avance ne doivent pas être déclarées. Cela pose problème.
L'autre élément serait sans doute l'éventail de sanctions. À l'heure actuelle, d'un côté, nous avons le Code, et lorsque je dépose un rapport au Parlement, la réputation des parties s'en trouve ternie. De l'autre côté, il y a les infractions en vertu de la loi, qui sont du ressort de la GRC. Il n'y a rien entre les deux. J'aimerais avoir la possibilité d'infliger des amendes, d'interdire aux personnes de faire du lobbying et de les obliger à suivre une formation; je le fais déjà. Je leur demande de se présenter lorsque des problèmes surviennent.
Ce sont les trois premières lacunes qui me viennent à l'esprit.
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Tout d'abord, je tiens à dire que j'ai trouvé notre discussion très constructive. J'espérais que vous m'invitiez parce que j'accorde beaucoup d'importance aux discussions publiques et à la transparence. Je vous remercie d'avoir pris le temps de me recevoir. Je sais que vous êtes très occupés; je suis donc ravie d'avoir eu l'occasion d'échanger avec vous.
Nous avons entamé ce processus en 2020. En deux ans, nous avons consacré beaucoup de temps et d'attention à ce dossier. Il y a eu trois séries de consultations. J'ai examiné chaque commentaire plus d'une fois. Le temps est venu de mettre le nouveau Code en place, car tant et aussi longtemps que la version actuelle du Code sera en vigueur, les problèmes persisteront.
Mon plan ministériel et mon rapport annuel montrent que la date cible pour la mise en place du Code est le 31 mars, soit avant la fin de l'exercice. Je comprends parfaitement que cette échéance ne vous laisse pas beaucoup de temps. Je vous demande de faire votre travail le plus rapidement possible parce que je suis très impatiente que le nouveau Code entre en vigueur.
Le Code parle d'années civiles; il aurait donc été souhaitable qu'il soit mis en place le plus tôt possible au début de l'année. Toutefois, si cet objectif est inatteignable, j'espère pouvoir le publier à la fin mars ou avant le 1er avril. Cela dit, je ne passerai pas à la prochaine étape avant de savoir si vous avez des recommandations à faire. Le cas échéant, je les attendrai, mais je vous prie de me les soumettre dès que possible.
Vous recevrez peut-être des témoins. Je serai à l'écoute au cas où de nouveaux renseignements soient présentés, car je tiens vraiment à ce que le travail soit bien fait. Il n'est pas question d'aller de l'avant avec les changements proposés, puis d'apporter des améliorations au besoin. Cependant, de notre côté, nous avons fait tout ce que nous pouvions à partir des commentaires que nous avons reçus.
Je m'en remets à vous, mais je vous en prie, faites votre travail le plus rapidement possible pour que nous puissions passer à autre chose. Je sens que mon équipe veut clore ce dossier.
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Je vous remercie pour votre réponse. D'après ce que nous avons entendu aujourd'hui, il se peut que d'autres discussions s'avèrent nécessaires, comme M. Fergus l'a laissé entendre. D'après moi, la fin de l'exercice, soit le 31 mars, est un délai raisonnable pour la publication du code.
Je pense qu'il serait acceptable — corrigez-moi si j'ai tort — que le Comité vous demande d'attendre au moins jusqu'à la fin de l'exercice avant de publier les changements proposés. Si tel est votre objectif, je trouve ce délai raisonnable. Ainsi, le Comité aura suffisamment de temps pour faire son travail, et les parties externes, pour nous fournir des observations, selon les témoignages et les questions d'aujourd'hui. Si de nouveaux renseignements sont présentés, vous pourrez aussi les considérer, comme vous l'avez dit.
Le problème du Comité — nous en avons parlé l'autre jour —, c'est qu'il nous reste maintenant 29 réunions avant la fin de l'année, et nous avons plusieurs dossiers à traiter, notamment celui de l'accès à l'information. Par conséquent, je vais vous demander, si le Comité le veut bien, d'attendre au moins jusqu'à la fin de l'exercice avant de publier le code dans la Gazette. Je peux aussi présenter officiellement la demande sous forme de lettre. Ainsi, les membres du Comité auront le temps qu'il leur faut. Si cela vous convient...