:
Bonjour à tous. Bienvenue à la 108
e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
Cette réunion se déroule dans un format hybride, suivant les modalités prévues dans le Règlement.
J'aurais d'abord quelques indications à l'intention des témoins et des membres du Comité. Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Ceux qui participent par vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour activer leur micro et se mettre en sourdine lorsqu'ils n'ont pas la parole. Les services d'interprétation sont accessibles sur la plateforme Zoom. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre la transmission du parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent bien sûr utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Veuillez adresser toutes vos interventions à la présidence.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais rappeler à tous les députés ainsi qu'aux autres participants ici présents certaines mesures préventives d'une grande importance. Afin de prévenir les rétroactions sonores perturbatrices qui peuvent causer des blessures, on rappelle à tous les participants en personne de tenir leur oreillette loin de tous les microphones en tout temps.
Comme indiqué dans le communiqué du Président envoyé à tous les députés le lundi 29 avril dernier, les mesures suivantes ont été prises pour aider à prévenir les incidents acoustiques. Toutes les oreillettes ont été remplacées par un modèle qui réduit considérablement les risques d'un incident acoustique. Les nouvelles oreillettes sont noires, alors que les anciennes étaient grises. Veuillez utiliser uniquement une oreillette noire dûment approuvée. Toutes les oreillettes inutilisées au début d'une réunion seront débranchées. Lorsque votre oreillette n'est pas utilisée, veuillez la placer au milieu de l'autocollant apposé à cette fin. Veuillez consulter les cartes laissées sur la table pour connaître les lignes directrices sur la prévention des incidents acoustiques.
La disposition de la salle a été modifiée pour augmenter la distance entre les microphones et réduire le risque qu'un effet larsen soit causé par une oreillette à proximité. Ces mesures sont en place afin que nous puissions exercer nos activités sans interruption et pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes. Je vous remercie tous de votre collaboration.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 16 juin 2022, le Comité reprend son étude de la viabilité de la population de saumon du Yukon.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
Nous accueillons M. Aaron Hill, de la Watershed Watch Society.
Nous recevons également M. Greg Knox, du SkeenaWild Conservation Trust.
Il y a un autre témoin qui est censé être des nôtres, M. Taylor. S'il se joint à nous, nous annoncerons sa présence.
Merci d'avoir pris le temps de comparaître aujourd'hui. Vous disposez de cinq minutes chacun pour nous faire part de vos observations préliminaires.
Monsieur Hill, vous avez la parole. Nous vous écoutons.
:
Merci beaucoup de m’accueillir aujourd’hui.
Je suis le directeur général de la Watershed Watch Salmon Society, un organisme de bienfaisance voué à la conservation du saumon sauvage de la Colombie-Britannique depuis plus de 25 ans. Je suis à l'emploi de la Société depuis 2008. Une grande partie de mon travail a pour but de rendre la pêche au saumon du Pacifique plus viable à long terme.
J'ai siégé au sein de nombreux comités multipartites de gestion des pêches. J'ai une maîtrise en biologie et j'ai des années d'expérience comme observateur de tous les modes de pêche commerciale et récréative au saumon. J'ai également grandi dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, où mon père travaillait comme guide de pêche. Je comprends donc très bien l'importance du saumon pour le maintien des moyens de subsistance dans nos collectivités.
En Colombie-Britannique, les populations de saumon sauvage du Pacifique et de saumon arc‑en‑ciel diminuent progressivement depuis plusieurs décennies déjà. Dans bien des cas, la surpêche a été un facteur, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières.
Après leur éclosion dans nos rivières, les jeunes saumons et saumons arc‑en‑ciel migrent vers l'océan Pacifique, où ils se nourrissent et se développent pendant au moins un an. Bon nombre de ces poissons suivent une trajectoire en arc dans le sens horaire autour du golfe de l'Alaska avant de se diriger vers le sud le long de la bande côtière alaskienne. Ils sont alors interceptés en grande quantité par les pêcheurs commerciaux de l'Alaska.
Il y a encore de la surpêche en Colombie-Britannique, mais bon nombre de nos activités de pêche ont été considérablement réduites au cours des dernières années pour aider à conserver nos stocks. De 1924 à 1994, notre récolte annuelle moyenne était de 24 millions de poissons. La moyenne des dernières années est d'environ deux millions et demi.
L'ampleur de cette diminution a été l'un des éléments déclencheurs de l'Initiative de la Stratégie relative au saumon du Pacifique, qui a permis de majorer de 647 millions de dollars sur cinq ans le financement fédéral visant à lutter contre ce déclin.
Toutefois, pendant que nous fermions nos pêches et que nous investissions tous ces fonds publics pour le rétablissement de nos stocks, les flottes alaskiennes, juste de l'autre côté de la frontière, ne ralentissaient pas leurs activités. Il y a quelques années, nous avons, de concert avec le SkeenaWild Conservation Trust, commandé un rapport technique complet sur les répercussions de la pêche en Alaska sur le saumon de la Colombie-Britannique. Le rapport a confirmé que la part des prises alaskiennes a augmenté considérablement au cours de la dernière décennie et que l'Alaska est maintenant le principal prédateur pour de nombreuses populations de saumon de la Colombie-Britannique.
Au cours des dernières années, les Alaskiens ont prélevé la moitié de toute la montaison adulte de certaines populations de saumon et de saumon arc‑en‑ciel provenant des rivières du nord de la Colombie-Britannique, comme la rivière Skeena et la rivière Nass.
L'an dernier, il s'est pêché plus de saumon dans deux districts de l'Alaska le long de la frontière avec notre province que le total des prises en Colombie-Britannique, dans l'État de Washington, en Oregon et en Californie réunis. De 30 à 75 % des captures alaskiennes proviennent d'aussi loin au sud que l'île de Vancouver et tout le bassin versant du Fraser. Plus de 90 % du saumon quinnat capturé par les pêcheurs à la traîne du Sud-Est de l'Alaska provient des rivières de la Colombie-Britannique, de l'État de Washington ou de l'Oregon.
Un tribunal fédéral américain a récemment statué que cette pêche en particulier empêche le rétablissement de l'épaulard résident du Sud, une espèce en voie de disparition pour laquelle le saumon quinnat est la principale source de nourriture. Ces épaulards se déplacent entre le Canada et les États-Unis, et nous avons réduit nos pêches au saumon quinnat pour contribuer à leur rétablissement.
Nous aimerions que l’Alaska retire sa flotte des zones de la côte extérieure par où migrent la plupart des saumons en direction de la Colombie-Britannique.
Nous voudrions qu'ils mettent en œuvre des mesures de gestion de base qui sont pratique courante en Colombie-Britannique et ailleurs. Il s'agit notamment de recueillir et de communiquer des renseignements génétiques sur leurs prises afin de déterminer leurs rivières d'origine; d'exiger la remise à l'eau des espèces non ciblées; de déclarer le nombre de poissons rejetés; et d'utiliser des caméras ou des observateurs sur les navires pour confirmer les quantités capturées. Ce sont toutes des choses que nous faisons en Colombie-Britannique et que l'on ne fait pas en Alaska.
Le Traité sur le saumon du Pacifique est censé régler ces questions, mais il ne le fait pas. Il faut que les Alaskiens collaborent avec nous pour apporter les correctifs nécessaires.
Le Canada doit exercer davantage de pression sur les Alaskiens, aussi bien dans le cadre du Traité que par d'autres moyens. Le Canada pourrait également offrir une indemnisation pour la fermeture de ces pêches, comme l'ont fait les États-Unis pour la fermeture de la pêche à la traîne sur la côte Ouest de l'île de Vancouver en 2008, lorsqu'ils voulaient en réduire les répercussions sur les poissons qui retournent dans les rivières de l'État de Washington et de l'Oregon.
Je sais que votre étude doit porter sur les stocks du Yukon, mais ces questions de gestion transfrontalière sont également cruciales pour la Colombie-Britannique. C'est pourquoi je me concentre aujourd'hui sur cet aspect‑là de la question.
Ce sont des problèmes qui peuvent être réglés, et les solutions pourraient permettre de remettre des millions de poissons de plus dans les rivières de la Colombie-Britannique chaque année.
Je vous remercie de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Je m'appelle Greg Knox. Depuis 2007, je suis directeur général du SkeenaWild Conservation Trust. Nous nous employons à assurer la conservation du saumon dans le nord de la Colombie-Britannique. J'ai une formation en sciences et en gestion de l'environnement. Je suis également technicien breveté en pêches. Je fais partie du Groupe d'experts du Nord au sein de la Commission du saumon du Pacifique depuis 14 ans. C'est donc un domaine que je connais plutôt bien.
Je suis ici parce que le saumon de la Colombie-Britannique est en crise, comme le soulignait M. Hill. Ce sont désormais les pêches alaskiennes qui ont le plus d'impact sur bon nombre de nos populations de saumon, et nous ne pouvons pas reconstituer nos stocks sans l'aide de l'Alaska. Je vais d'abord vous fournir quelques détails sur certaines de ces répercussions.
En Alaska, l'information est difficile à obtenir. C'est pour cette raison que nos deux groupes, Watershed Watch et SkeenaWild, ont commandé il y a quelques années un rapport indépendant pour compiler les meilleurs renseignements pouvant être obtenus du ministère de la Pêche et de la Chasse de l'Alaska. C'est dans ce rapport que je vais puiser une partie des informations que je m'apprête à vous communiquer.
Je vais adopter une perspective un peu plus large pour ajouter aux commentaires de M. Hill. Dans le sud-est de l'Alaska, on pêche entre 50 et 70 millions de saumons par année, juste au nord de la frontière avec la Colombie-Britannique, et la plupart de ces captures proviennent de pêches à la senne non sélectives.
Je vais maintenant parler des répercussions sur certaines espèces en commençant par le saumon rouge.
Les pêcheurs du sud-est de l'Alaska capturent environ un million de saumons rouges par année. Quelque 80 % de ces saumons proviennent des rivières de la Colombie-Britannique. Chaque année, jusqu'à 30 % de la montaison de saumon rouge de la rivière Skeena se fait dans le sud-est de l'Alaska. On s'inquiète de plus en plus de la conservation du saumon rouge de la rivière Skeena. Par exemple, les populations sauvages ont diminué d'environ 90 % par rapport à leur abondance historique. Souventes fois, nous avons fermé les pêches ici dans le nord de la Colombie-Britannique pour protéger ces poissons, pendant que les pêcheurs de l'Alaska poursuivaient leurs activités comme si de rien n'était, et le Traité sur le saumon du Pacifique ne prévoit aucun mécanisme permettant de les en empêcher.
Les répercussions sont encore plus importantes pour certaines populations individuelles. Le saumon rouge sauvage du lac Babine en est un bon exemple. Il fut un temps où l'on y trouvait la plus grande population de la rivière Skeena, avec environ un million d'individus, l'une des plus grandes populations de saumon au Canada. Leur nombre a diminué d'environ 93 %, et l'Alaska capture entre 20 et 50 % de cette population chaque année.
Par ailleurs, le saumon kéta des régions nord et centrale de la côte a connu des déclins importants. Les stocks de saumon kéta de la région centrale ont diminué d'environ 90 % depuis 1960. D'autres populations de la région nord de la côte ont connu des déclins semblables. Chaque année, l'Alaska capture au moins 10 millions de saumons kéta juste au nord de la frontière avec la Colombie-Britannique. Nous n'avons aucune idée du nombre de ces saumons kéta qui se dirigeaient vers les rivières de la Colombie-Britannique, mais il pourrait être considérable. L'Alaska n'effectue pas les tests de base nécessaires pour pouvoir le déterminer.
Le saumon arc‑en‑ciel de la rivière Skeena a connu un déclin rapide au cours des cinq dernières années. La pêche sportive rapporte des dizaines de millions de dollars chaque année à l'économie locale, et l'Alaska capture entre 10 et 50 % de la montaison de saumon arc‑en‑ciel de la rivière Skeena année après année.
Pour ce qui est du saumon quinnat, comme M. Hill l'a souligné, la plupart de ceux qui sont pêchés en Alaska ne viennent pas de cet État, et nous nous retrouvons ici en Colombie-Britannique avec des populations fortement décimées.
Il y a aussi des préoccupations au sujet du saumon coho. Les Alaskiens prélèvent chaque année entre 25 et 35 % de nos montaisons de saumon coho.
Comme je l'ai mentionné, j'ai participé à la mise en œuvre du Traité sur le saumon du Pacifique. En principe, l'intention était d'empêcher la surpêche et de permettre à chaque partie de tirer pleinement avantage des poissons provenant de ses rivières. Les principes fondamentaux énoncés dans le traité ne sont plus respectés. Ce traité n'a pas été conçu pour faire face aux répercussions du changement climatique et de la crise du saumon que nous vivons maintenant. Les récentes tentatives du Canada à la table de négociation du traité n'ont pas permis d'inciter l'Alaska à prendre les mesures qui s'imposent, et le Traité sur le saumon du Pacifique dans sa forme actuelle nuit en fait à notre capacité de mettre un frein au déclin en cours et de permettre le rétablissement des stocks.
Le fait est que le Canada a fortement réduit ses activités de pêche et investi considérablement dans le rétablissement des stocks de saumon. L'Alaska est maintenant à l'origine des impacts les plus marqués sur de nombreuses populations, et il est impossible de reconstituer ces populations sans l'aide des Alaskiens.
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'écouter.
:
Merci beaucoup. Je vous prie d'excuser mon retard, mais il m'a fallu un certain temps — et mon image à l'écran ne ment pas sur mon âge — pour me coordonner avec les gens de la Chambre des communes afin de mettre la technologie au point.
Je vais vous parler de l'évolution de cette pêche au fil du temps.
Comme l'indique ma biographie, j'ai commencé à travailler dans le secteur des pêches en 1980, et j'y suis demeuré tout au long de ma carrière. J'ai fini par être vice-président d'une grande entreprise de pêche en Colombie-Britannique et responsable de l'achat de tous les saumons et autres produits de la Colombie-Britannique et de l'Alaska.
J'ai donc passé une bonne partie de ma carrière en Alaska à acheter du poisson dans les régions dont nous parlons. Beaucoup d'entre vous ont peut-être vu l'émission de télé Deadliest Catch. Je nolisais des navires semblables pour aller pêcher en plus d'acheter directement du poisson des pêcheurs en activité dans cette région pour le ramener à Prince Rupert, où nous le déchargions et le transformions.
En plus de cela, j'ai passé beaucoup de temps dans un avion à suivre le poisson et les activités de pêche du haut des airs. J'ai vu ces poissons arriver à notre usine pour y être transformés. Je comprends très bien de quoi il en retourne.
Je peux confirmer les propos et les données fournies par MM. Hill et Knox en me fondant sur mon expérience personnelle. Cette pêche n'est plus viable, et n'a certes plus rien à voir avec celle établie au départ au Canada.
Dans les années 1990, le Canada, sous la direction d'abord d'un ministre conservateur, John Fraser, qui vient malheureusement de nous quitter, puis d'un libéral, David Anderson, a réduit les pêches d'interception en Colombie-Britannique après avoir constaté le déclin de nos populations dans les régions du nord et du centre de la côte. Bon nombre des pêches qui étaient en place lorsque ces mesures ont été prises ont été éliminées à ce moment‑là.
Le Canada ne pêche plus de poisson de l'Alaska. En fait, nous avons considérablement réduit nos pêches d'interception touchant nos propres populations. Pendant ce temps, l'Alaska a maintenu ses pêches et refuse de prendre le même genre de mesures. Nous devons préciser que personne ne demande à l'Alaska de cesser de pêcher son poisson. Nous leur demandons simplement de ne pas mener leurs activités dans les régions où les taux d'interception sont élevés.
Le secteur dont nous parlons principalement se trouve à l'extérieur de la bande côtière dans le district 104. Dans cette région, il n'y a pas de montaison de saumon rose, de saumon kéta ou de tout autre type de saumon de l'Alaska. Il s'agit d'une pêche purement axée sur l'interception. Les bateaux qui pêchent là‑bas ont des permis les autorisant à pêcher n'importe où ailleurs dans le sud-est de l'Alaska. L'Alaska a fait un choix lourd de conséquences en décidant de pêcher dans cette région.
Si ces populations étaient alaskiennes, il serait littéralement inconstitutionnel pour l’Alaska de maintenir ces pêches. Les Alaskiens sont tenus de veiller à ce que les cibles d'échappée soient atteintes pour leurs stocks. Ils choisissent de faire fi de ce qui est prévu dans leur propre constitution en ce qui concerne la gestion et l'exploitation de leurs pêches en permettant que l'on intercepte les poissons canadiens.
Comme M. Knox l'a souligné, c'était peut-être logique de le faire lorsque le traité a été signé en 1985, alors que nous cherchions à équilibrer les bénéfices de la pêche, mais ce ne l'est plus en cette ère de changement climatique. Nous constatons un déclin rapide de nos propres populations, et nous devons composer avec ces pêches d'interception, qui ont été éliminées au Canada, mais qui se poursuivent aux États-Unis, si bien que nos pêches ne sont plus viables. Il faut que cela change.
L'une des choses les plus intéressantes qui se sont produites cette semaine, c'est que Brian Riddell, éminent scientifique et ancien membre de la Commission sur le saumon du Pacifique, a déclaré par écrit que le traité ne fonctionne plus et ne nous mènera pas aux solutions recherchées. Nous devons explorer d'autres avenues, qu'il s'agisse de tenir d'autres négociations avec l'Alaska, d'acheter les quelques navires en question — n'oubliez pas qu'il y en a très peu qui pêchent dans la zone interdite —, pour les déplacer ou d'adopter une autre approche pour inciter l'Alaska à faire ce qui est juste. Nous devons chercher à déplacer ces pêches d'interception et à modifier les activités de pêche pour qu'elles correspondent à ce que fait le Canada en vue d'assurer la viabilité de la pêche au saumon en protégeant nos populations en prévision des années à venir.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs témoignages d'aujourd'hui.
J'aimerais passer directement aux questions pour vous entendre, mais il y a un point que je dois soulever à ce moment‑ci.
Les déclarations liminaires d'aujourd'hui attirent davantage l'attention sur ce point. Nous devons vraiment entendre la ministre sur des questions autres que les nombreuses questions au sujet desquelles nous avons convenu à l'unanimité d'inviter la ministre à comparaître, mais elle a décliné cinq des six invitations que nous lui avons transmises cette année. Comme la ministre a refusé à plusieurs reprises de comparaître devant le Comité, nous n'avons pas pu lui poser les questions que se posent de nombreux Canadiens concernant un certain nombre de sujets relevant de son portefeuille.
Par conséquent, je propose:
Que le Comité exprime sa profonde déception devant le fait que la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne a décliné cinq demandes de comparution devant le Comité pour répondre à des questions sur des sujets importants liés à son portefeuille, et qu'il en soit fait rapport à la Chambre.
J'ai donné avis de cette motion le 26 avril 2024.
Avant que mes honorables collègues prennent la parole au sujet de la motion et proposent éventuellement des amendements, je tiens à dire que, si le secrétaire parlementaire peut s'engager à consulter la ministre et à fournir au Comité d'ici la fin de la journée du lundi 6 mai une date ferme pour la comparution de la ministre devant le Comité pendant au moins deux heures en mai, j'accepterai que l'on mette fin au débat sur cette motion.
:
Merci beaucoup à tous les témoins de leur présence.
Vous avez raison. Je sais que l'un d'entre vous a souligné qu'il s'agit d'une étude qui se concentre sur le saumon du fleuve Yukon, mais il y a certainement des parallèles à faire. Vous en avez d'ailleurs fait un bon nombre durant votre exposé.
Je vais peut-être commencer par vous, monsieur Knox.
Je me demande s'il ne faudrait pas revoir le Traité sur le saumon du Pacifique. N'importe lequel d'entre vous peut peut-être répondre à cette question. On peut présumer qu'il s'agit d'une conversation ou d'une proposition qui a déjà eu lieu. Qu'en est‑il de la possibilité de revoir le Traité sur le saumon du Pacifique pour s'attaquer à ce problème, étant donné qu'il ne fonctionne manifestement pas?
:
Au Canada, on reconnaît très bien que de nombreux défis se posent. Je pense que même dans les États de Washington et de l'Oregon, les experts et les commissaires reconnaissent qu'il y a beaucoup de problèmes. L'Alaska résiste davantage à tout changement.
La raison pour laquelle je dis cela, c'est que la Commission de coopération environnementale examine actuellement le Traité sur le saumon du Pacifique. Elle est en train d'évaluer ce genre de choses, bien qu'il ne soit pas clair si son mandat lui permettra d'aller au cœur de la question de savoir si ce traité respecte réellement les principes qui y sont énoncés, c'est‑à‑dire s'assurer que nous ne pratiquons pas la surpêche de nos stocks respectifs et que nous tirons des avantages de nos propres populations.
Je pense qu'il faudrait étudier cet examen pour vraiment déterminer si le contenu de chaque chapitre permet d'atteindre les objectifs énoncés dans le traité et, à partir de là, il faudrait recommander des mécanismes beaucoup plus solides pour modifier le traité en fonction des défis environnementaux actuels auxquels le saumon est confronté et des efforts que nous déployons pour rétablir ces populations.
:
Il serait utile d'avoir ces conversations avec les départements fédéraux américains parce qu'ils exercent une influence sur les commissaires. Au bout du compte, nous avons affaire à des commissaires à la fois de l'Alaska, de l'État de Washington et de l'Oregon, pas seulement de l'Alaska. Le traité doit être renégocié d'ici 2028. Nos commissaires canadiens traitent avec tous les commissaires américains dans le cadre de cette renégociation, et l'Alaska fait partie de la commission américaine.
Le travail diplomatique à court terme pour rallier les Américains et, en même temps, pour entamer des discussions avec les commissaires américains à la table de négociation du traité doit avoir lieu pour susciter la volonté politique de procéder à un examen approfondi du traité et d'apporter les modifications nécessaires en temps opportun.
Comme je l'ai dit, il faut se concentrer sur la question de savoir si les principes énoncés dans le traité sont respectés, car ils sont assez simples, et l'examen actuel ne permet pas de poser les questions difficiles.
Donc, moi aussi, j'ai donné avis d'une motion que j'aimerais voir débattue. C'est une motion qui a été déposée le 29 février dernier. Cela ne date pas d'hier, quand même. Cela fait un bail. À ce moment-là, j'avais demandé à ce comité de réfléchir à la possibilité d'inviter le ministre à comparaître et d'inviter aussi Mme Sylvie Lapointe, qui nous parlerait des pêches hauturières. Cela manquait à notre réflexion. Bien sûr, je suis d'accord que , soit également convoquée.
J'aimerais donc, moi aussi, que nous débattions enfin de ma motion, qui propose d'inviter ces deux témoins supplémentaires.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie ma collègue, Mme Barron, de m'avoir présenté et de m'accueillir au sein de son comité.
De toute évidence, c'est une question qui touche beaucoup les gens de la région que je représente. Skeena—Bulkley Valley englobe un territoire d'environ 300 000 kilomètres dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique et comprend toutes les rivières qui ont été mentionnées jusqu'à maintenant ainsi que bon nombre des stocks de poissons qui sont touchés par l'interception de saumons par l'Alaska.
Je tiens à remercier nos témoins de s'être joints à nous aujourd'hui et de nous faire part de leur point de vue important.
J'ai soulevé cette question il y a environ deux ans au Parlement auprès de l'ancienne des Pêches. À l'époque, la ministre a dit essentiellement qu'étant donné qu'il s'agissait d'une question transfrontalière et qu'elle concernait les États-Unis, le gouvernement chargeait Affaires mondiales Canada de s'occuper de ce dossier sur le plan diplomatique.
Ma question s'adresse à nos trois témoins. Avez-vous déjà vu des représentants d'Affaires mondiales Canada s'occuper de cette question? Des diplomates canadiens font-ils preuve de leadership pour tenter de résoudre ce problème important?
:
Je peux tenter de répondre à cette question.
Nous n'avons pas vraiment vu grand-chose de la part de l'actuelle .
Nous savons que les commissaires de la Commission, dont plusieurs font partie du personnel du MPO, ont intensifié leurs efforts dans ce dossier. Depuis que nous avons commencé à soulever ces préoccupations il y a quelques années, les priorités de la Commission du saumon du Pacifique ont changé. Je pense que M. Knox peut sans doute le confirmer.
La ministre précédente, , a dit que c'était une de ses priorités lorsqu'elle a rencontré le consul général américain, je crois, ou l'ambassadeur américain, il y a un an ou deux, mais nous n'avons pas vraiment vu grand-chose depuis. Il serait formidable que la actuelle s'exprime au sujet de ce dossier et qu'elle donne plus de détails sur ce que le ministère est en mesure de faire au‑delà de ce qu'il fait déjà, parce que nous devons vraiment faire un pas de plus sur le plan diplomatique, tant dans le cadre du processus qu'en dehors de celui‑ci.
:
Oui. Le plus efficace, ce serait que nous vous envoyions sa déclaration, que vous pourrez lire.
Grosso modo, il affirme que nous nous trouvons dans un monde nouveau en raison des changements climatiques. Les populations connaissent un fort déclin. Le traité n'est plus le cadre dans lequel on peut régler le problème de l'Alaska qui continue d'intercepter le poisson canadien.
Il ne propose pas forcément de solution, il dit juste que nous devons examiner d'autres pistes pour régler cet enjeu, au lieu de simplement nous fier au traité. Cela ne veut pas dire que le traité ne fait pas partie de la solution, mais il ne suffira pas pour régler le problème avec l'Alaska. Le Canada doit se défendre et chercher d'autres solutions.
:
Oui, je peux répondre à cette question.
Si vous parlez des pêcheurs de l'Alaska qui interceptent les stocks de la Colombie‑Britannique, ils recueillent quelques données. Ils analysent l'ADN du saumon rouge pêché, mais ces données ne nous fournissent pas d'information sur la population dans son ensemble. Elles ne nous informent que sur un agrégat des populations de la Skeena, par exemple.
Ils prélèvent l'ADN du saumon chinook, et les résultats sont très bons. Ils ne recueillent aucune information sur le saumon kéta — qui présente des niveaux extrêmement faibles et constitue une préoccupation extrême sur le plan de la conservation —, mais on pourrait analyser son ADN.
Pour les populations de saumon coho, ils pourraient recueillir leur ADN, mais ils ne le font pas. Ils n'analysent pas l'ADN du saumon arc‑en‑ciel non plus, ni le nombre de prises, de remises à l'eau et de morts.
Ils ne nous donnent pas d'information sur le nombre de prises de saumon rose de la Colombie‑Britannique.
Il manque de données. Puis...
:
Je vais prendre les trois secondes de M. Arnold.
Il y a un schéma qui se dessine, ici. Une cheffe de Première Nation nous a dit mardi qu'il y avait une abondance de stocks à l'embouchure du fleuve Yukon qui se déverse dans la mer de Béring, mais que très peu de poissons franchissent la frontière canadienne. Il semble que le même phénomène se produise dans les eaux menant à la Colombie‑Britannique. Nous voyons aussi ce qui se passe avec le maquereau sur la côte Est. On peut même penser au bois d'oeuvre. Je veux dire par là qu'il est de plus en plus difficile de traiter avec les Américains.
Ma question s'adresserait à M. Taylor. Pourquoi devrions‑nous respecter notre part du marché?
Non, pardonnez‑moi. Je vais recommencer.
Est‑ce que l'Alaska respecte sa part du Traité sur le saumon du Pacifique? Les Alaskiens observent‑ils les modalités de ce traité?
:
Merci, monsieur le président.
Il y a bien des groupes touchés par ce problème en Colombie-Britannique. On a parlé de ses effets sur le rétablissement des stocks de saumon. Nous pourrions aussi parler de son incidence sur la pêche commerciale en Colombie-Britannique. Bien sûr, il ne faut pas oublier la pêche sportive et la pêche sportive commerciale.
Je veux poursuivre dans la même veine que M. Hardie sur les groupes autochtones et les Premières Nations. Si je ne m'abuse, nous espérions entendre des témoins autochtones au Comité. Malheureusement, nous n'avons pas pu confirmer leur présence.
Monsieur Taylor, je crois comprendre que vous êtes consultant pour plusieurs Premières Nations. Je me demande si vous pourriez nous parler des répercussions des interceptions de poisson en Alaska sur leurs efforts pour reconstituer les stocks sur leurs territoires.
:
Eh bien, je peux vous raconter une histoire qui illustre bien la situation. Je travaille auprès de la Lake Babine Nation. Au total, 85 % des stocks de saumon rouge de la Skeena retournent à leur zone de fraie pour se reproduire.
Les stocks de saumon rouge sur ce territoire comprennent de vastes populations sauvages mises en valeur sur lesquelles cette nation compte depuis des temps immémoriaux. La Lake Babine Nation en est à un point tel qu'elle envisage sérieusement de fermer ses installations de mise en valeur, parce qu'elles ne servent qu'à alimenter les pêches en Alaska et en Colombie‑Britannique, ce qui appauvrit ses populations sauvages.
Cela a des conséquences graves. Les Premières Nations du Canada sont forcées de prendre des décisions épouvantables à cause des pêches en Alaska. D'autres Premières Nations qui me consultent rencontrent les mêmes problèmes, leurs populations sauvages sont interceptées avant même de remonter vers les eaux canadiennes et de les atteindre. Leurs pêches de subsistance sont alors compromises.
Les Premières Nations du Canada, même si elles se situent sur la côte et bénéficient de pêches commerciales qui ne sont plus vraiment... Elles ne sont que l'ombre de ce qu'elles étaient. Qu'on parle de pêche de subsistance dans le fleuve ou... Les peuples qui vivent dans les territoires de fraie constatent un grand appauvrissement des stocks, au point où ils ne veulent plus faire de mise en valeur, parce que cela ne fait que favoriser la pêche et causer un appauvrissement encore pire des populations sauvages. C'est le genre de décisions difficiles que doivent prendre les Premières Nations.
:
Eh bien, je m'éloigne peut-être un peu, mais nous constatons le même phénomène sur le fleuve Fraser, où il y a beaucoup de pêches illégales, non déclarées et non réglementées. Ces pêches illégales nuisent aux stocks menacés. Il n'y a littéralement aucune application de la loi.
Il y a d'autres problèmes sur la côte Nord, où il y a un manque de surveillance des pêches commerciales.
Le Canada ne met pas en place ses propres politiques en matière surveillance, de gestion des pêches et d'application de la loi, malheureusement. Le Canada doit juste instituer ses propres politiques.
Le Canada doit simplement mettre des politiques en œuvre, et tout ira mieux. C'est juste que le MPO s'y refuse. C'est aussi simple que cela.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais présenter un amendement. Il a été envoyé à la greffière et je vais lui demander de le distribuer, si possible, mais je sais aussi que le membre de mon équipe a l'amendement sur papier, qu'il va faire circuler.
La motion originale débute ainsi: « Que, concernant la décision de la ministre Diane Lebouthillier de fermer la récolte légale de civelles de 2024, le Comité constate que: »
L'une des modifications que je propose touche l'alinéa b), qui débuterait comme suit: « Depuis la fermeture de la pêche à la civelle, l'activité criminelle et la violence n'ont pas diminué, comme l'ont démontré les témoins [...] ».
Il s'agirait ensuite d'ajouter, au début de l'alinéa c), les mots « selon les témoins ».
Dans le dernier paragraphe — et cela aura plus de sens lorsque les gens auront la version sous les yeux —, je propose d'ajouter, après « ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne de », le passage suivant: « faire le travail nécessaire entre les différentes juridictions pour s'assurer que la sécurité publique est maintenue, que les droits des nations autochtones à des moyens de subsistance convenables soient protégés, et qu'un plan est développé pour la durabilité à long terme de la pêche à la civelle, et ».
Je remarque qu'il y a de petites fautes. Je m'en excuse. Je serais ravie qu'elles soient corrigées. Je vois que, dans la version anglaise de l'amendement, le mot « the » apparaît deux fois. Autrement, ce sont là les modifications que j'aimerais proposer.
:
Je pense que c'est une bonne suggestion, monsieur Bachrach.
Est‑ce que tout le monde est d'accord?
Des députés: Oui.
Le président: Je remercie les témoins de leur participation aujourd'hui et des connaissances qu'ils ont communiquées au Comité dans le cadre de l'étude. Malheureusement, nous n'allons pas pouvoir poser d'autres questions parce que nous sommes en plein milieu de l'examen d'un sous-amendement, d'un amendement et d'une motion, ce qui va prendre un peu de temps.
Si vous souhaitez fournir quelque chose au Comité, veuillez le faire par écrit et l'envoyer à la greffière, qui veillera à ce que nous recevions tous l'information que vous nous enverrez.
Je vous remercie une fois de plus.
Nous passons maintenant au sous-amendement.
(Le sous-amendement est adopté par 6 voix contre 5. [Voir le Procès-verbal])
(L'amendement modifié est adopté par 6 voix contre 5. [Voir le Procès-verbal])