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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 56e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Cette réunion se déroule en format hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022.
Avant que nous commencions la réunion, j'aimerais formuler quelques commentaires à l'intention des témoins et des députés. Je vous prie d'attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et mettez‑le en mode sourdine lorsque vous n'avez pas la parole. En ce qui concerne les services d'interprétation pour ceux qui participent par Zoom, vous avez le choix au bas de l'écran entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux présents dans la salle, vous pouvez bien entendu utiliser l'écouteur et choisir le canal souhaité. Veuillez adresser toutes vos observations par l'entremise de la présidence. Je vous rappelle que les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Enfin, je rappelle à tous que l'utilisation d'un casque d'écoute approuvé par la Chambre est obligatoire pour participer à distance aux travaux parlementaires. Si un participant virtuel ne porte pas un casque approprié, l'interprétation ne pourra pas être assurée, et la personne ne pourra donc pas participer aux travaux du Comité.
Conformément à la motion de régie interne approuvée par le Comité concernant les tests de connexion pour les témoins, j'informe le Comité que tous les témoins ont effectué les tests de connexion requis avant la réunion.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 18 janvier 2022, le Comité entreprend son étude des impacts écosystémiques et de la gestion des populations de pinnipèdes.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins, du ministère des Pêches et des Océans. Nous accueillons Jennifer Buie, directrice générale par intérim, Gestion des ressources halieutiques; Mike Hammill, chercheur émérite, Région du Québec; Bernard Vigneault, directeur général, Direction des sciences des écosystèmes; M. Mansour, directeur régional, Sciences, Région de Terre-Neuve‑et‑Labrador, qui comparaît par vidéoconférence; et Andrew Thomson, directeur régional, Sciences, Région du Pacifique, qui comparaît aussi par vidéoconférence.
Je vous remercie tous de prendre le temps de comparaître devant nous aujourd'hui. Vous disposez de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire, et je crois que c'est M. Vigneault qui la présentera.
Allez‑y dès que vous êtes prêt.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis heureux d'être avec vous aujourd'hui à Ottawa, sur le territoire ancestral du peuple algonquin anishinaabe, pour parler des travaux effectués sur les pinnipèdes par le ministère des Pêches et des Océans.
Je m'appelle Bernard Vigneault et je suis directeur général des Sciences des écosystèmes. Je suis accompagné aujourd'hui de Jennifer Buie, directrice générale par intérim du Programme national de gestion des ressources halieutiques, et d'Andrew Thomson, qui comparaît en ligne, directeur régional des Sciences dans la région du Pacifique. Atef Mansour, directeur régional des Sciences de la région de Terre-Neuve-et-Labrador, comparaît également virtuellement, et voici Mike Hammill, chercheur émérite, qui a récemment pris sa retraite de son poste de chercheur scientifique en chef, spécialiste des phoques dans la région du Québec.
Pêches et Océans Canada a des scientifiques hautement qualifiés et dévoués partout au pays, et nous améliorons sans cesse notre compréhension des populations de pinnipèdes et de leur rôle dans les écosystèmes marins. Nos chercheurs en la matière sont reconnus à l'échelle nationale et internationale pour leur expertise et leur leadership, ainsi que pour leur utilisation de méthodes innovantes dans l'étude de l'écologie des pinnipèdes.
Le ministère mène continuellement des activités scientifiques sur les pinnipèdes partout au Canada. Ces relevés et évaluations visent à comprendre l'abondance, les tendances de la population et sa répartition. Nous menons également les études écologiques nécessaires pour mieux comprendre le rôle des pinnipèdes dans l'écosystème, y compris leur régime alimentaire.
Le ministère est conscient des préoccupations des pêcheurs commerciaux concernant l'impact des phoques et des otaries sur les pêches, tout en sachant que de nombreux facteurs peuvent contribuer au déclin ou à l'absence de rétablissement des stocks de poissons. Pour répondre à ces préoccupations, le ministère a mis sur pied le groupe de travail sur la science des phoques de l'Atlantique en 2019 afin de recueillir de l'information sur les activités et les programmes scientifiques concernant les phoques et leur rôle dans l'écosystème au Canada atlantique et au Québec.
Le groupe de travail a formulé un certain nombre de recommandations en mai 2022, dont l'une a donné lieu à un sommet sur les phoques organisé par le ministère à St. John's (Terre-Neuve) en novembre 2022.
À la lumière de la recommandation du groupe de travail invitant le ministère à renforcer ses efforts de collaboration avec les intervenants, la a annoncé, lors du sommet, la mise à disposition de fonds pour des propositions scientifiques visant à améliorer notre compréhension du rôle des phoques dans l'écosystème. Ces propositions sont en cours d'examen et les candidats retenus en seront informés sous peu.
Les efforts se poursuivront pour donner suite aux autres recommandations du groupe de travail. Sur la côte Ouest, la Direction des sciences du MPO continue de donner suite aux recommandations émises lors de deux ateliers internationaux organisés en 2019 pour recenser les lacunes en matière de recherche avec l'Université de la Colombie-Britannique et le Washington Department of Fish and Wildlife. Des travaux sont en cours dans un certain nombre de domaines clés. Un plan est en place cette année pour réaliser la première évaluation du phoque commun dans le Canada atlantique et en effectuer un relevé dans le Pacifique.
Le ministère met également en œuvre de nouvelles méthodes biochimiques pour étudier la variabilité géographique et temporelle du régime alimentaire des pinnipèdes. Il utilise le marquage par satellite pour étudier la répartition, les mouvements et le comportement de recherche de nourriture des pinnipèdes. Le ministère utilise également des caméras fixées sur les animaux pour étudier le régime alimentaire et le comportement de recherche de nourriture du phoque gris. Par ailleurs, le ministère continue à élaborer et à tester des méthodes permettant de tenir compte de la mortalité due à la prédation par les pinnipèdes et d'autres prédateurs dans l'évaluation d'autres espèces proies.
[Français]
Les avis scientifiques générés par ces activités continueront d'être utilisés dans le but de soutenir une chasse au phoque durable. Le ministère reconnaît l'importance d'une chasse au phoque durable, humaine et bien réglementée, car elle soutient les collectivités autochtones, rurales et côtières du Canada et constitue une activité économique importante et culturelle au Canada atlantique, au Québec et dans l'Arctique.
Le ministère fonde ses décisions de gestion sur l'approche de précaution. Il utilise les meilleures informations disponibles, y compris les données scientifiques examinées par les pairs et le savoir autochtone. La chasse au phoque pratiquée dans le Canada atlantique n'a pas pour but de servir d'outil de contrôle des populations, mais de les gérer de façon durable.
Il n'y a actuellement aucune chasse commerciale au phoque sur la côte Ouest. Toute proposition de chasse commerciale potentielle aux pinnipèdes est évaluée dans le cadre de la Politique sur les nouvelles pêches.
Pour résumer, le ministère s'est engagé à gérer la chasse au phoque à l'aide des meilleurs renseignements disponibles afin de s'assurer que les décisions de gestion sont fondées sur la science et sur des données probantes. Pêches et Océans Canada dispose d'un programme scientifique solide, et les scientifiques du ministère améliorent sans cesse notre compréhension des populations de pinnipèdes et de leur rôle dans les écosystèmes marins. Le ministère continue à faire progresser ses recherches scientifiques sur les phoques et cherchera des moyens de collaborer davantage avec les intervenants dans le cadre de ses activités scientifiques.
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de discuter avec vous des pinnipèdes.
Mes collègues et moi nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Oui, la science a évolué. Nous disposons de nouveaux outils qui n'existaient pas il y a 20 ans pour analyser l'ADN et les acides gras, ce qui nous permet de très bien mesurer la relation entre les proies et les prédateurs dans l'ensemble de l'écosystème marin. Cela nous a permis de commencer à documenter les principales relations proie-prédateur entre les stocks.
Nous examinons l'ensemble de l'écosystème marin: oui, il y a les phoques et les autres pinnipèdes, mais il y a aussi d'autres prédateurs présents dans l'océan. M. Hammill a évoqué la télémétrie. Aujourd'hui, nous disposons de la télémétrie par satellite, entre autres. Nous disposons de données beaucoup plus précises et beaucoup plus nombreuses sur les mouvements des phoques et leur répartition.
De même, la modélisation que nous faisons pour prévoir l'abondance de la population a beaucoup évolué. Elle continue d'évoluer avec la recherche. Nous affinons notre compréhension de ces populations au fil des années grâce à la surveillance et à la recherche.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents pour répondre à nos questions. Nous leur en sommes très reconnaissants.
D'entrée de jeu, je vous dirais que, il y a à peu près 25 ans, j'allais à la pêche à la morue sur le fleuve Saint‑Laurent avec mon père. Tout à coup, on a fait une annonce qui a eu l'effet d'une hécatombe dans le domaine de la pêche à la morue: il n'y aurait plus de chasse au phoque. Mon père, sans hésiter, m'a dit que le phoque était le principal prédateur de la morue et que celui-ci n'en mangeait que les viscères. Quelques années plus tard, mon père m'a dit que c'était fini, la morue. Il m'a dit qu'il n'allait pas voir de son vivant la disparition de la morue dans le fleuve, mais que moi, j'allais en être témoin dans le temps de le dire. Quelques années plus tard, je me suis fait un mari, qui était plongeur. Il plongeait aux Escoumins et il voyait plein de carcasses de morues éventrées et éviscérées dans le fond du Saint‑Laurent. Évidemment, on nous disait que c'étaient les phoques qui consommaient les viscères des morues.
C'était il y a assez longtemps. Aujourd'hui, on constate une diminution extrême de la ressource, exactement comme mon père le disait. Je suis certaine qu'il n'était pas le seul à anticiper la situation.
Dans quelle mesure la recherche scientifique de terrain est-elle prise en compte depuis 25 ans? Est-ce que cette recherche fait partie intégrante de vos réflexions et de vos démarches?
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Effectivement, dans le secteur des sciences, nous nous assurons de faire tous les travaux et toutes les évaluations de stocks nécessaires pour démontrer que c'est une chasse durable et que c'est une ressource disponible.
Nous réalisons aussi certains travaux scientifiques pour nous assurer du côté humanitaire de la chasse. Par exemple, nous avons récemment produit un avis scientifique sur la manière de saigner les animaux de façon à respecter le bien-être animal tout en préservant la qualité de la viande.
Essentiellement, en sciences, nous nous assurons de documenter nos recherches pour démonter que les stocks ont retrouvé leurs niveaux historiques, qu'ils sont en santé et qu'ils peuvent faire l'objet d'une exploitation beaucoup plus grande qu'elle ne l'est présentement.
Je ne sais pas si ma collègue Jennifer Buie aurait des précisions à ajouter.
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En ce qui concerne le degré d'acceptation internationale, comme l'a indiqué M. Vigneault, nous faisons toujours la promotion de l'aspect durable de notre chasse, qui est bien réglementée et sans cruauté. Bien sûr, nous avons une réglementation stricte visant les mammifères marins qui prévoit un processus à trois étapes afin de que les phoques soient chassés sans cruauté. Ce sont des exemples de la façon dont nous communiquons avec les communautés internationales pour indiquer qu'il s'agit d'une chasse durable, bien réglementée et sans cruauté. Nous soutenons ainsi l'industrie de la chasse au phoque.
Tel qu'il a été indiqué plutôt, nous avons tenu un sommet sur les phoques en novembre et, dans sa foulée, nous avons eu l'occasion de participer à un dialogue ouvert et franc sur l'état de la chasse au phoque et des innovations dont l'industrie fait la promotion.
Lorsque nous entretenons un dialogue avec notre industrie, c'est toujours une occasion de voir comment nous pouvons encourager l'innovation et créer une vitrine pour les produits dérivés du phoque sur la scène internationale. Cela ne fait pas vraiment partie de mes fonctions en tant que gestionnaire des pêches, mais je crois que ce que nous faisons pour gérer notre pêche montre que nous avons une chasse bien encadrée qui donne des produits de grande qualité.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins.
Ma première question, qui porte sur la région du Pacifique, est destinée à M. Thomson. Nous avons reçu un rapport qui contenait des renseignements généraux sur la consommation du saumon par les pinnipèdes. On y cite la recherche effectuée par Andrew Trites et David Rosen en 2019.
Je peux vous en faire un petit résumé. On y indique que les causes du déclin du taux de survie du saumon quinnat et coho et de la truite arc-en-ciel dans la mer des Salish sont complexes. Les causes pourraient comprendre des facteurs en amont qui ont une incidence sur la proie, ainsi que des facteurs en aval, y compris une abondance croissante de prédateurs, comme le phoque commun, qui pourraient aggraver la mortalité. À cela s'ajoute une multitude de facteurs anthropogéniques comme la perte d'habitat, les contaminants et les pratiques de gestion des écloseries qui pourraient être source de maladie, nuire à la santé des poissons et, au final, en accroître la mortalité. Les effets cumulatifs de ces facteurs sont inconnus.
Monsieur Thomson, y a-t-il autre chose que nous devrions savoir pour compléter les renseignements que nous avons reçus ?
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Ma question concernait les phoques par opposition aux pêcheurs commerciaux.
Lors du sommet sur les phoques, vous avez fait part d'une révélation, c'est‑à‑dire que les phoques mangent les poissons. La l'a mentionné récemment en mai dernier. Je suis curieux, car en 2019, les scientifiques du MPO ont déclaré publiquement que les phoques gris n'avaient aucune incidence sur la population de morue et l'ont répété en 2021.
Comment se fait-il qu'après l'analyse du contenu de l'estomac des phoques, vous ayez affirmé qu'il n'y avait aucune incidence, et maintenant vous dites le contraire?
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Merci, monsieur le président.
Depuis les trois dernières années, juste en avant de ma maison, sur le bord de la baie de Caraquet et de la baie des Chaleurs, il y a chaque année des centaines, voire des milliers de phoques, ce qu'on n'avait jamais vu avant.
Je ne sais pas si on a clarifié cela tantôt, mais, selon vous, les phoques mangent-ils du homard et du crabe?
Pour être clair, je dirais qu'on voit là toute l'importance de disposer des bonnes données scientifiques et de bien comprendre les répercussions précises de la prédation sur la gestion des stocks de poissons commerciaux.
Nous n'avons aucune preuve que les phoques ont un effet sur certains stocks en particulier. Par exemple, les stocks de homards sont en très bonne santé. Il n'y a pas de problème de ce côté.
Une évaluation scientifique des stocks de maquereaux vient tout juste d'être réalisée. Encore une fois, on a observé une augmentation de nombreux autres prédateurs, dont le fou de Bassan. En ordre de grandeur, on a estimé que la consommation de maquereaux par le fou de Bassan est beaucoup plus importante que celle des phoques.
Si on concentrait nos efforts sur l'élimination des phoques, il n'y aurait vraisemblablement aucune incidence importante, parce qu'il y a tellement d'autres prédateurs, ce qui ajoute à la complexité de l'environnement.
On ne peut pas garantir que la simple réduction de la population de phoques aurait une incidence directe et importante sur les stocks de poissons en général.
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Je vous remercie de votre question.
Dans certains cas, nous avons effectivement des estimations. Cela dit, il y a beaucoup d'incertitudes. Ce sont des ordres de grandeur.
Dans le cas du maquereau, l'information paraîtra dans l'évaluation de stocks que nous sommes en train de publier. Des travaux semblables ont été faits à Terre‑Neuve-et-Labrador.
Si vous me le permettez, j'aimerais ajouter qu'il y a évidemment la prédation, comme nous en avons discuté, mais qu'il y a également beaucoup d'autres facteurs environnementaux qui ont un effet fondamental sur le rétablissement des stocks, notamment les changements climatiques.
Dans le golfe du Saint‑Laurent, on constate chaque année le réchauffement et l'acidification de l'eau, des conditions qui limitent l'habitat pour plusieurs espèces et qui ont une incidence directe sur le rétablissement.
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Merci, monsieur le président.
Madame Buie, j'essaie de comprendre ce que vous avez dit plutôt. Vous parliez des plans de reconstitution et vous me corrigerez si j'ai tort, mais j'ai cru vous entendre dire que votre travail n'était pas de réduire les stocks, mais plutôt d'en assurer la santé.
Selon cette logique, si, par exemple, les stocks de morue ou de saumon étaient tels qu'il fallait mettre en œuvre un plan de reconstitution, vous avez bien dit que vous examineriez tous les autres facteurs. Admettons que vous aviez trouvé que les pinnipèdes étaient l'un des facteurs responsables du déclin. Le plan comporterait-il, par exemple, une chasse au phoque durable?
Vous travaillez avec d'autres ordres de gouvernement et vous savez que ce genre de décision a une incidence sur les gagne-pain, les collectivités, et ainsi de suite. Je me demande si vous faites du travail avec d'autres ministères lorsque vous cherchez à établir un plan de reconstitution et à gérer les stocks d'une façon qui soit réellement holistique.
Je suis toujours un peu déconcerté par le fait que pas plus tard qu'en 2021 et qu'en 2019, le MPO disait publiquement que les phoques n'avaient pas d'impact sur la morue du Nord.
Monsieur Vigneault, vous avez dit en gros que vous ne pensiez pas qu'ils avaient un impact important parce qu'il y a d'autres prédateurs, mais je pense que la consommation de dizaines de millions de tonnes de nourriture, de poissons, a un impact. En fait, vous connaissez probablement M. McAllister, qui témoignera tout à l'heure. Dans ses travaux scientifiques sur l'effondrement de la morue du Nord, qui ont été évalués par des pairs et publiés en 2018, il a dit que le phoque gris est un important prédateur de la morue de l'Atlantique. Il est la principale raison pour laquelle la morue ne se rétablit pas, même si elle ne représente que 15 % du régime alimentaire d'un phoque gris.
Comment peut‑on expliquer que des scientifiques indépendants affirment depuis des années qu'il s'agit d'un facteur majeur qui empêche la morue du Nord de se rétablir, mais que le MPO continue de soutenir que ce n'est pas le cas?
Je vais formuler quelques commentaires à l'intention des nouveaux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de prendre la parole. Si vous participez à la séance par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro et mettez‑le en mode sourdine lorsque vous n'avez pas la parole.
En ce qui concerne les services d'interprétation, pour ceux qui participent par Zoom, vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français. Pour ceux qui sont présents dans la salle, vous pouvez utiliser l'écouteur et choisir le canal souhaité.
Veuillez adresser toutes vos observations à la présidence.
Enfin, je rappelle à tous que l'utilisation d'un casque d'écoute approuvé par la Chambre est obligatoire pour toutes les personnes qui participent à distance aux travaux parlementaires.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins. Nous accueillons, par vidéoconférence, M. Murdoch McAllister, professeur agrégé à l'Université de la Colombie-Britannique, qui témoigne à titre personnel. Nous accueillons également les codirecteurs généraux de Reconseal Inuksiuti: M. Ruben Komangapik et M. Yoanis Menge.
Je vous remercie de prendre le temps de témoigner aujourd'hui. Chaque organisme dispose de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire.
Nous entendrons tout d'abord M. McAllister.
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Bonjour. Merci de m'avoir invité à témoigner.
J'aimerais parler tout d'abord d'une étude sur les phoques communs de la Colombie-Britannique. Leur population a décuplé depuis les années 1970. On en compte aujourd'hui environ 100 000. Leurs besoins alimentaires sont d'environ deux kilogrammes par jour, ce qui représente environ 70 000 tonnes de nourritures consommées par année. Les études sur leur régime alimentaire montrent qu'ils consomment différentes espèces de poissons, notamment des saumons et d'autres stocks de poissons d'importance. Ils consomment des espèces à différents stades de leur vie, par exemple des juvéniles.
Mon équipe de recherche s'est penchée sur les taux de prédation chez le saumon chinook et le saumon coho dans le sud de la Colombie-Britannique. Bon nombre de ces stocks ont diminué à des niveaux très bas. Malgré des taux de pêche très bas depuis le début des années 1990, ces stocks ne se sont pas rétablis ou n'ont pas montré de signes de rétablissement. Notre étude, dans laquelle nous avons examiné en détail la prédation des saumons chinooks et cohos juvéniles par les phoques communs, indique que les taux de prédation ont presque décuplé. Ils atteignent environ 40 % pour le saumon chinook juvénile qui entre en l'eau salée et environ 60 % pour le saumon coho juvénile qui entre en eau salée. C'est la situation dans le sud de la Colombie-Britannique.
Quels sont les effets sur la population? Nous avons effectué une méta-analyse pour 20 stocks différents de saumon chinook et avons examiné la productivité. Nous avons constaté qu'il y avait un lien négatif important entre la productivité du stock et l'abondance du phoque commun dans 14 stocks de saumon chinook sur 20. Notre étude a montré qu'avec l'augmentation du nombre de phoques communs, les taux de récolte durables avaient diminué d'environ 44 % en moyenne. Les rendements équilibrés ont diminué, en rapport avec la prédation par les phoques communs, d'environ 74 % depuis les années 1970.
Dans une autre étude, nous avons examiné des hypothèses sur la prédation du saumon rouge par l'otarie de Steller. Il s'agit du saumon rouge du fleuve Fraser. La population d'otaries de Steller a presque sextuplé pour atteindre environ 48 000, du moins jusqu'en 2017. C'est à l'échelle de l'espèce. Elle mange environ 18 kilogrammes de poissons par jour en moyenne. Cela représente environ 300 000 tonnes de poissons consommés par année, soit plus que le volume annuel combiné de la pêche et de l'aquaculture en Colombie-Britannique.
Nous avons constaté qu'en raison de la faible abondance du saumon rouge en montaison, les taux de capture ont chuté et les stocks continuent de diminuer. Notre analyse de la prédation par les otaries de Steller autour de l'extrémité nord de l'île de Vancouver montre que les taux de prédation augmentent d'environ 60 % par année et qu'ils sont plus élevés les années où l'abondance du saumon rouge est la plus faible. Notre étude indique que ces stocks de saumon rouge peu abondants pourraient être coincés dans un piège de prédateurs.
Je vais maintenant passer à une autre étude, qui a été mentionnée précédemment, qui porte sur la morue dans le sud du golfe du Saint-Laurent et la prédation par les phoques gris de l'Atlantique. Il s'agit d'une étude de modélisation approfondie dans le cadre de laquelle nous avons constaté que les taux de prédation de la morue dans ce stock ont peut-être décuplé depuis les années 1970. Malgré les faibles taux de pêche, le stock ne s'est pas rétabli et il est en déclin constant. Fait plutôt alarmant, nous observons des taux de production négatifs pour les stocks les moins abondants. Notre modélisation montre que cette situation est attribuable à la prédation par les phoques gris, qui se nourrissent encore d'un mélange de morues de ce stock. Des études sur leur régime alimentaire montrent que leur consommation de morue est suffisamment importante pour expliquer ce déclin continu. Il est si prononcé qu'il pourrait potentiellement conduire à une extinction.
En résumé, sur les deux côtes, depuis les années 1990, nous avons constaté que de nombreux stocks de poissons épuisés au Canada ne se sont pas rétablis, et ce, malgré une baisse considérable des taux de pêche. Nous avons constaté des taux de prédation accrus pour de nombreux stocks de poissons. Ces taux auraient presque décuplé. Dans certains cas, nos études montrent que les taux de prédation étaient supérieurs à la capacité de production naturelle.
Nos études montrent que les hausses des taux de prédation ont entraîné une diminution du rendement durable et des taux de récolte durables. De plus, de nombreux stocks peu abondants pourraient être coincés dans des pièges de prédateurs, maintenus à un faible niveau par les taux de prédation intensive par différentes populations de pinnipèdes.
Je vais m'arrêter ici. Merci.
Bonjour. Merci de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis désolé de ne pas être présent en personne, mais j'avais un autre engagement auquel je devais participer en personne.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, le Conseil canadien des pêches est l'association nationale qui représente les transformateurs de produits de la pêche de tout le pays, qui pratiquent tous la pêche également.
Je tiens à féliciter le Comité d'avoir entrepris une étude aussi importante. Le Canada dispose d'un solide régime réglementaire de gestion des pêches qui est censé favoriser le maintien de pêcheries commerciales durables. Comprendre l'interrelation entre les stocks de poissons et les phoques doit faire partie intégrante du processus.
Le Conseil canadien des pêches approuve les recommandations scientifiques du groupe de travail sur la science des phoques de l'Atlantique en général. Dans son rapport, le groupe de travail a souligné que les données disponibles sur la nourriture, l'alimentation et la migration des phoques étaient terriblement insuffisantes et que, dans certaines régions, ces éléments n'avaient fait l'objet d'aucune étude. Le manque de renseignement à cet égard pose un sérieux problème lorsqu'il s'agit d'élaborer des plans de gestion et de rétablissement des stocks de poissons qui se trouvent dans la zone de prudence ou la zone critique. Le Conseil appuie en particulier les recommandations 1 à 3 du rapport du groupe de travail sur la science des phoques, car elles portent de la nécessité de faire plus de travaux pour combler les lacunes dans l'ensemble des connaissances scientifiques.
Je me réjouis que cette étude porte à la fois sur les côtes Est et Ouest. Jusqu'à présent, la plupart des travaux, y compris ceux du groupe de travail, conformément à son mandat, se sont concentrés sur le Canada atlantique. Il est important de mieux comprendre l'ampleur de la surpopulation de phoques et d'otaries et leurs répercussions sur l'écosystème marin sur toutes les côtes canadiennes. Je vous invite à prendre en compte les trois côtes du Canada lorsque vous ferez des recommandations au gouvernement.
Il est également important de souligner qu'on ne doit pas étudier seulement l'impact que les phoques ont de façon directe sur leurs proies, mais aussi l'impact qu'ils peuvent avoir de façon indirecte sur l'ensemble de la chaîne alimentaire et de l'écosystème marins. Par exemple, les phoques et les otaries ont une incidence sur le saumon chinook et, par conséquent, sur les épaulards résidents du sud.
Bien que la nécessité de recueillir davantage de données scientifiques sur l'incidence des phoques soit très importante, le Conseil canadien des pêches insiste sur le fait que cela ne doit pas se faire au détriment de la science halieutique de base. Nous comprenons que le MPO dispose de ressources limitées, mais la science et la gestion de la pêche sont essentielles au maintien d'une ressource durable au Canada. Le Conseil espère que l'appel d'offres qui a été annoncé à la fin du Sommet sur les phoques permettra de combler certaines lacunes scientifiques. Par ailleurs, le MPO devrait envisager des options externes et internes pour répondre aux besoins scientifiques à long terme, en particulier pour ne pas compromettre le travail scientifique de base dans le domaine de la pêche.
Ma dernière remarque, qui est peut-être la plus importante, concerne les marchés des produits de la mer. Il y a deux aspects: l'accès au marché tel qu'il est défini par la réglementation gouvernementale dans le pays de destination et l'acceptation par le marché, soit la volonté du secteur privé d'acheter nos produits. Il est extrêmement important que les mesures envisagées par le gouvernement ne perturbent ni l'accès au marché ni l'acceptation des poissons et fruits de mer canadiens, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Je ne saurais trop insister sur ce point. Les répercussions sur les communautés côtières qui dépendent de notre secteur pourraient être graves.
Les pays vers lesquels le Canada exporte ses produits ont des règlements qui pourraient entraver l'accès de notre secteur au marché. En particulier, les États-Unis et l'Union européenne interdisent presque totalement, voire totalement, l'importation de produits du phoque. Ils ont également des règles très strictes concernant les dommages causés aux mammifères marins qui, si l'on considère qu'elles ont été enfreintes, pourraient limiter ou éliminer l'accès de nos poissons et fruits de mer au marché. Aux États-Unis, la National Oceanic and Atmospheric Administration, ou NOAA, examine encore les demandes du Canada concernant les conclusions de comparabilité pour nos pêcheries dans le cadre de la Marine Mammal Protection Act, qui est loi sur la protection des mammifères marins aux États-Unis. La NOAA devrait publier ses conclusions d'ici la fin de l'année.
En ce qui concerne l'acceptation par le marché, certains importateurs et acheteurs nationaux ne veulent pas être liés à des entreprises ou à des pays associés à l'industrie de la chasse au phoque. Le gouvernement doit donc faire preuve d'une extrême prudence pour ne pas nuire aux clients des entreprises canadiennes de produits de la mer. Nous travaillons dur pour améliorer la confiance du public dans notre secteur et renforcer notre image de marque sur le marché. Ces efforts pourraient facilement être sapés par des mesures gouvernementales qui ne reposent pas sur des renseignements fiables et qui ne sont pas bien communiquées.
Je vous remercie de votre attention et j'ai hâte de répondre à vos questions.
Nous sommes vraiment très heureux d'avoir été invités par Mme Desbiens et d'être ici aujourd'hui. Je suis très content de pouvoir m'exprimer en français, et j'ai hâte au jour où mon ami Ruben Komangapik pourra s'exprimer en inuktitut.
Je m'appelle Yoanis Menge et je viens des Îles‑de‑la‑Madeleine. Je suis photographe, président de l'Association des chasseurs de phoques intra-Québec et cofondateur de Reconseal Inuksiuti, avec mon associé, Ruben Komangapik, qui est originaire de Pond Inlet, au Nunavut.
À l'automne 2021, Ruben Komangapik et moi avons fondé la compagnie Reconseal Inuksiuti, qui est établie aux Îles‑de‑la‑Madeleine. « Reconseal » est un jeu de mots avec « réconciliation » et « seal », qui signifie en anglais « phoque ». Le mot « inuksiuti » signifie en inuktitut « nourriture pour humains ».
Notre projet novateur propose de relancer l'industrie du phoque, tout en changeant l'image de la chasse par la réconciliation de nos différentes cultures de chasseurs, autochtones et non autochtones. Reconseal Inuksiuti, ce sont des Madelinots et des Inuits qui travaillent ensemble, chassent le phoque gris aux îles de la Madeleine et en redistribuent ensuite la viande et les peaux aux Inuits urbains par l'intermédiaire d'organisations comme Tungasuvvingat Inuit, ou TI, Isaruit Inuit Arts, qui est basée à Ottawa, et Makivvik, qui est basée à Montréal.
Selon plusieurs études, lorsqu'un Inuk est coupé de sa nourriture traditionnelle, comme le phoque, sa santé mentale et son sentiment identitaire en pâtissent. Si l'histoire inuite est indéniablement marquée par les conséquences du colonialisme, elle est aussi façonnée par les efforts actuels des Inuits pour se réapproprier leur destin socioculturel, économique et politique. En tant que vecteur de transmission intergénérationnelle, le phoque est une occasion de s'approprier les traditions tout en acquérant un savoir-faire et en développant une estime de soi.
En plus de s'attaquer à l'insécurité alimentaire des Inuits vivant en milieu urbain en leur fournissant un aliment de base important pour la santé physique et mentale, notre initiative fait progresser les connaissances, la culture et les traditions, grâce à l'utilisation complète de l'animal. Quand je dis « complète », c'est vraiment exact. En effet, les seules parties que l'on rejette sont les organes génitaux et l'estomac. Pour vous donner une idée, je précise que les intestins, tous les abats, la cervelle, les yeux et la langue sont consommés. Même les peaux servent dans des programmes de couture et de tannage.
La chasse au phoque représente un aspect incontournable de la culture vivante, tant pour les Inuits que pour les Madelinots. C'est pourquoi notre projet vise à favoriser la réappropriation et la revalorisation des pratiques traditionnelles pour nos communautés, qui sont distinctes à bien des égards, mais qui sont liées par cette tradition commune. Nous y mettons tout notre cœur. Par nos propres moyens pécuniaires, jusqu'à maintenant, nous nourrissons des êtres humains. Reconseal Inuksiuti est la preuve qu'il est possible pour les Autochtones, les non-Autochtones, les Madelinots, voire les Terre-Neuviens, de travailler ensemble. Nous ne faisons pas que parler de réconciliation: nous agissons en ce sens.
Si nous y parvenons à petite échelle et par nos propres moyens, imaginez ce que nous pourrions accomplir avec l'appui financier du gouvernement.
Je passe maintenant la parole à M. Komangapik.
Je vous remercie.
:
[
Le témoin s'exprime en inuktitut.]
[Traduction]
Tout d'abord, je voudrais vous remercier de m'avoir invité, monsieur le président.
Je m'appelle Ruben Komangapik. Je viens de Pond Inlet, au Nunavut. La première fois que j'ai tué un phoque, j'avais trois ans, et c'était un bébé, un blanchon. Mon père l'a ramené pour m'apprendre à voir l'animal en entier.
Depuis trois ans, je vis à Ottawa et je travaille pour nourrir mes proches dans la ville. Avec M. Menge, j'ai fondé Reconseal pour régler le problème de l'accès permanent à la viande de phoque lorsque l'on vit en ville.
Il est temps de prendre soin de la nature et de la protéger en chassant le phoque. Non seulement nous prenons les phoques, mais nous nourrissons les océans. Cela nous ramène aux toutes petites créatures. Le gouvernement doit nous aider à changer l'image de la chasse aux phoques et à nous réconcilier avec les différentes cultures de cette chasse au pays. Nous devons sensibiliser les Canadiens à l'aide de babillards électroniques ou de publicités pour leur montrer que le phoque n'est pas une mauvaise chose. C'est une ressource formidable que nous pouvons utiliser.
Les effets sur le corps et l'esprit se renouvellent en abondance lorsque l'on est nourri correctement. Nous devons retrouver notre alimentation et notre liberté économique en chassant le phoque. L'insécurité alimentaire est un véritable problème, tant dans le Sud que dans le Nord. Vous devriez vous fier aux Inuits et aux Autochtones — je ne sais pas comment vous nous appelez de nos jours —, ainsi qu'aux pêcheurs qui font le travail et qui voient ce qui se passe autour d'eux.
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Merci, monsieur le président.
Je vais céder une partie de mon temps à M. Perkins. Ma question s'adressera à M. McAllister.
Je vous remercie de nous avoir fourni votre document. Il y a quelques points ici. Je vais employer d'autres termes que j'ai entendus dans d'autres canaux de gestion de la faune aquatique et terrestre, qui sont essentiellement l'invasion des prédateurs et les pièges de prédateurs.
Une partie de vos graphiques semble indiquer que certaines des populations de saumons de la côte Ouest sont maintenant si faibles que le nombre élevé de phoques a un effet combiné sur ces saumons. La situation est telle qu'ils se trouvent dans un piège de prédateurs et qu'ils ont du mal à s'en sortir. Lorsque les populations de saumons sont très nombreuses, on parle d'invasion des prédateurs. La quantité de nourriture est telle que les prédateurs envahis et n'ont que très peu d'effet sur les espèces proies.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
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Oui. Le saumon rouge du fleuve Fraser est un bon exemple de ce phénomène. Une fois tous les quatre ans, il y a une migration de retour très importante. C'est toujours le cas, une fois tous les quatre ans, depuis les années 1940 ou à peu près, soit depuis que la passe migratoire de Hell's Gate a été mise en place. Le nombre de saumons qui reviennent est toujours aussi important, de l'ordre de 5 à 30 millions.
Ces jeunes saumons partent en mer, en masse, et les analyses indiquent qu'il y a tellement de saumons et relativement peu de prédateurs par proie — comme la population de phoques, par exemple — qu'ils sont tout simplement envahis. Ils ne peuvent pas avoir une incidence aussi importante sur les saumons rouges en migration. De même, la population d'otaries de Steller — les adultes — serait envahie si l'on considère la courte période.
Les populations beaucoup plus petites de saumon rouge, entre ces années dominantes — les trois lignes sous-dominantes —, étaient en fait assez abondantes jusqu'aux années 1980. Ensuite, nous avons assisté à des déclins, et ces lignées hors cycle ont diminué progressivement. L'abondance des otaries de Steller, par exemple, est suffisamment importante pour que, lorsque seulement quelques millions de saumons reviennent, elles puissent facilement en manger 6 %. C'est ce que notre étude indique.
Ce qui se passe, c'est que l'on obtient un équilibre stable beaucoup plus bas. Même s'il n'y a pas de pêche, 10 millions de saumons pourraient revenir, mais avec les phoques et les otaries, c'est comme une autre flotte. La population de saumon rouge reste à un niveau très bas, peut-être à un ou deux millions, nous ne le savons pas. Ces tendances sont inquiétantes, car cette diminution ne cesse pas. Il pourrait s'agir d'un équilibre stable ou instable, c'est‑à‑dire stable à un faible niveau ou instable qui mènera peut-être à l'extinction. Nous ne pouvons pas faire de distinction à ce stade.
Je remercie les témoins
Je veux dire à mes amis de Reconseal que je suis ravi de les revoir.
Monsieur McAllister, je voulais vous parler un peu de l'étude de 2017 sur les phoques et la morue du Nord que vous avez publiée.
Dans le résumé de l'étude, on dit que l'effondrement de la morue du Nord il y a 31 ans, qui a commencé avant — en 1991 — ne semble pas avoir été causé par les phoques, mais principalement par d'autres facteurs. Je suppose qu'on en arrivait à cette conclusion en partie parce que le nombre de phoques était beaucoup plus faible à l'époque qu'il ne l'est aujourd'hui.
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Oui, bien sûr. On sait que le merlu du Pacifique mange du saumon.
Je connais une étude de modélisation sur l'écosystème dans laquelle on a examiné les interactions potentielles entre l'abondance des phoques, la prédation du merlu, etc. Une réduction de l'abondance des phoques pourrait-elle entraîner une augmentation de l'abondance du merlu du Pacifique? Mon collègue, Carl Walters, a effectué cette analyse et a constaté que, pour l'essentiel, dans ce modèle d'écosystème du détroit de Géorgie, ce n'est absolument pas le cas. Si l'on réduit l'abondance des phoques communs, le nombre de merlus du Pacifique n'augmentera pas suffisamment pour qu'il y ait un quelconque effet sur les espèces de saumon du Pacifique qu'il a incluses dans son modèle, à savoir le saumon coho et le saumon chinook, si je ne me trompe pas.
Bien sûr, il y a d'autres espèces. La population de taupe du Pacifique connaît peut-être une hausse. C'est un prédateur connu du saumon dans l'océan Pacifique, mais il y a assez peu de données.
Évidemment, les épaulards résidents du Nord sont de plus en plus nombreux. Nous savons que ce sont de grands prédateurs du saumon chinook, mais il ne s'agit que d'une espèce parmi d'autres. Il existe également des corrélations négatives entre eux et la productivité des stocks de saumon chinook.
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Merci, monsieur Hardie.
Bonjour à tous les témoins.
Mes questions s'adressent aux représentants de Reconseal Inuksiuti.
Tout d'abord, je vous remercie d'être venus aujourd'hui. C'est un plaisir de vous voir. La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était à la conférence sur les phoques.
Je me demande si vous pouvez dire aux personnes qui sont ici aujourd'hui et à celles qui nous regardent ce qu'un retour à une récolte en mer fructueuse signifierait pour les communautés autochtones côtières pour lesquelles la chasse au phoque est un mode de vie et un élément important de leurs moyens de subsistance et de leur culture. Voilà pour la première question.
Pour ce qui est de la deuxième, pouvez-vous nous parler de l'importance — vous y avez fait allusion — de l'utilisation complète du phoque?
Merci.
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Pour l'instant, nous nous concentrons sur l'insécurité alimentaire des Inuits et leur besoin d'accès aux phoques. Il y a de l'insécurité alimentaire partout au Canada et dans le monde. Des gens qui ont besoin de manger, il y en a partout. Toutefois, pour l'instant, nous tentons d'abord de répondre aux problèmes des Inuits. Il y a 30 % d'une population de 65 000 Inuits qui vivent dans le Sud et qu'on ne voit pas nécessairement.
Il y a 6 000 habitants inuits qui sont recensés à Ottawa. Il y a donc 6 000 Inuits qui habitent à Ottawa en plus de tous ceux qui sont de passage, et qui vont chercher des soins à l'hôpital, qui peuvent se retrouver en milieu carcéral ou vivre dans la rue. C'est surtout cette réalité qui est la plus visible.
Notre projet cherche à apporter une solution aux problèmes d'accès à la nourriture, mais de façon positive. Comme je le disais, cette nourriture n'est pas seulement pour le ventre, mais aussi pour l'esprit, le corps et l'identité.
Effectivement, si nous pouvons recevoir plus d'aide pour faire avancer notre projet, les solutions seront plus substantielles.
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Je vous remercie, madame Barron.
[Le témoin s’exprime en langue autochtone.]
[Traduction]
Tous les chasseurs de phoques qui pratiquent cette culture au pays sont formidables, et nous devrions tous les respecter, qu'ils viennent de Terre-Neuve, des Îles‑de‑la‑Madeleine ou du Nunavut, ainsi que des territoires et bientôt, espérons‑le, de la Colombie-Britannique.
La viande de phoque devrait être offerte dans les restaurants et dans tous les magasins du Canada. Nous devons mettre en place l'infrastructure nécessaire. Comme je l'ai dit, c'est ce qui fera avancer les choses.
Pour assurer une industrie de la chasse aux phoques fructueuse, nous avons besoin du même soutien que celui que le gouvernement du Canada apporte à l'industrie de la pêche.
Que pensez-vous du phoque? Il ne faut pas le diaboliser. C'est une très belle créature.
Si vous voulez vraiment vous réconcilier avec les Inuits, souvenez-vous de l'époque où on a tué tous nos chiens. Je pense que ce serait une bonne chose si le gouvernement fédéral pouvait commencer à fournir de la viande de phoque aux chiens de traîneaux. C'est un scénario qu'on peut imaginer pour l'avenir.
Si nous réglons cet enjeu, nous pourrons parler d'une véritable réconciliation. Même si notre entreprise, Reconseal Inuksiuti, n'est qu'un petit intervenant dans ce secteur, nous avons de grandes idées de changement. Nous avons créé cette entreprise nous-mêmes, avec notre propre argent. Nous avons démontré au monde ce dont nous sommes capables, mais nous avons maintenant besoin d'aide. Nous avons besoin de gens qui nous montrent le chemin à suivre.
Je vous remercie.
Mon récent voyage au Nunavut — j'y ai amené ma fille — a changé beaucoup de choses. Cela m'a ouvert les yeux. J'ai vécu une expérience très positive pendant mon séjour.
Lors de mes conversations avec les gens de Pangnirtung et d'Iqaluit, on a mentionné l'impact du marché et le fait que de nombreuses personnes semblent croire qu'en raison des droits des Autochtones, ces derniers peuvent pratiquer la chasse. Le problème, c'est que sans ce marché pour vendre les phoques et utiliser cette ressource renouvelable, de nombreux Inuits se retrouvent sans moyen de subsistance.
J'aimerais que vous nous parliez de l'importance de l'existence d'un marché sur lequel les Inuits peuvent vendre cette magnifique ressource naturelle dont vous nous parlez.
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Il existe un marché. Dans quel pays sommes-nous? Au Canada. Nous devons sensibiliser le reste de nos concitoyens canadiens aux réalités de la chasse aux phoques.
Tout le monde a diabolisé cet animal et l'être humain qui le chasse. Nous devons commencer à montrer la réalité au Canada, d'abord et avant tout. Comme nous n'avons pas de frontières, nous pouvons envoyer de la viande de phoque d'ici jusqu'en Colombie-Britannique et partout entre les deux, et jusqu'à Terre-Neuve depuis la capitale.
Je pense que le gouvernement fédéral doit commencer à en faire la promotion — peut-être aussi dans des contextes éducatifs, et peut-être dans les écoles. Il faut commencer dès le plus jeune âge. On pourrait mettre en œuvre un programme alimentaire dans chaque école primaire de chaque province et territoire.
Je pense que ce n'est pas seulement un problème inuit. C'est un problème canadien que le Canada peut régler lui-même, sans se tourner vers le monde extérieur pour savoir quoi faire et ne pas faire, etc.
Je vous remercie.
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On cherche souvent à exporter nos produits à l'extérieur du pays, à développer des marchés à l'international. Pourtant, dans notre pays, des consommateurs seraient prêts à acheter de la viande de phoque.
Si on déploie les efforts nécessaires pour développer les produits du phoque et les marchés à l'intérieur même du Canada, on va pouvoir vendre nos produits ici, à l'intérieur, sans avoir peur que des frontières se ferment par la suite. On l'a vécu avec les États‑Unis et l'Europe. Est-ce qu'on va vivre cette situation avec la Chine prochainement? Pourquoi envoyer des produits en Chine alors qu'ici même, on pourrait être fier de manger nos propres produits?
Les gens qui viennent visiter le Canada pourraient avoir envie d'essayer le produit national. Le produit du Canada pourrait être le phoque. Je peux aller chez IGA et trouver de la viande de kangourou. Le kangourou représente un problème important en Australie. Pourquoi ne pourrais-je pas trouver de la viande de phoque chez IGA?
Monsieur le président, j'aimerais proposer une motion que M. Bragdon a présentée plus tôt cette semaine. La voici:
Que, compte tenu de l'inexactitude factuelle fournie par M. Richard Goodyear, dirigeant principal des finances et sous-ministre adjoint du ministère des Pêches et des Océans, lors de son témoignage devant le Comité le 2 décembre 2022, et soulevée dans une correspondance au Comité datée du 14 décembre 2022, de M. Gregory McClinchey, directeur des politiques et des affaires législatives de la Commission des pêcheries des Grands Lacs, et considérant le tort causé aux relations du Canada avec les États-Unis par le manque continu de responsabilité financière du Canada envers la Commission des pêcheries des Grands Lacs et les nombreuses initiatives bilatérales qui seraient compromises par la résiliation de la Convention sur les pêcheries des Grands Lacs, le Comité fasse rapport à la Chambre de cette inexactitude et rappelle M. Goodyear au Comité pour rectifier son témoignage
Puis‑je suggérer, monsieur le président, que ce haut fonctionnaire, c'est‑à‑dire M. Goodyear, soit convoqué à comparaître au cours de la deuxième heure de la réunion pendant laquelle la doit comparaître, je crois, plus tard ce mois‑ci?
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Merci, monsieur le président.
Je voulais simplement signifier à tous mes collègues, autour de la table, que nous sommes en train de faire une étude. Nous avons fait se déplacer des témoins, qui sont venus de très loin. Nous avons aussi des experts présents par Zoom. Le temps d'étude de notre comité est précieux. Je m'oppose à ce processus, qui accapare tout le temps du Comité.
Je pense que ce genre de choses devrait être planifié dans le calendrier ou d'une autre façon, mais je le suggère fortement.
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Nous allons procéder au vote.
(La motion est adoptée.)
Le président: Je tiens à remercier chaleureusement nos témoins d'avoir comparu aujourd'hui, en particulier le groupe Reconseal. Ce que vous essayez d'accomplir est formidable. Je vous souhaite tout le succès possible.
Je tiens à remercier chaleureusement MM. Lansbergen et McAllister, qui ont participé à la réunion par l'entremise de Zoom. Nous sommes désolés pour l'interruption, mais cela fait partie du travail en comité. Cela peut arriver à tout moment.
Je vous remercie tous de vos contributions.
Je vous souhaite une bonne fin de journée.
La séance est levée.