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Bonjour. Bienvenue à la réunion du Comité des pêches et des océans.
La séance est ouverte.
Bienvenue à la 66e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
La réunion se déroulera en format hybride conformément à l’ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Nous débuterons la séance publique par l'audition de témoins dans le cadre de notre nouvelle étude sur la propriété étrangère et la concentration des permis de pêche et des quotas par les sociétés. Par la suite, nous passerons à huis clos pour consacrer la dernière heure aux travaux du Comité.
Je rappelle à tout le monde que vos commentaires doivent s'adresser à la présidence. Les captures et photos d'écran ne sont pas autorisées.
Conformément à la motion de régie interne du Comité concernant les tests de connexion des témoins, j’informe le Comité que tous les témoins d'aujourd'hui ont effectué les tests requis avant la réunion.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 20 janvier 2022, le Comité entreprend son étude sur la propriété étrangère et la concentration des permis de pêche et des quotas aux mains de certaines entreprises.
Je souhaite la bienvenue à notre premier groupe de témoins.
Du ministère des Pêches et des Océans, nous avons, par vidéoconférence: Neil Davis, directeur régional, Direction de la gestion des pêches, région du Pacifique; Maryse Lemire, directrice régionale, Gestion des pêches, et Doug Wentzell, directeur général, Région des Maritimes. Nous accueillons en personne Jennifer Mooney, directrice, Opérations d'octroi de licence, et Mark Waddell, directeur général, Politique des pêches.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de vous rendre à notre invitation.
Vous avez cinq minutes pour votre déclaration liminaire. Allez‑y.
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Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité.
Je commencerai par souligner que la terre sur laquelle nous nous réunissons est le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin Anishnaabe.
Je tiens également à souligner la perte tragique de deux pêcheurs du Nouveau-Brunswick, la fin de semaine dernière, et à offrir mes condoléances à toutes les personnes touchées.
Mes collègues et moi sommes heureux d’avoir l’occasion de comparaître devant le Comité au nom de Pêches et Océans Canada au sujet de votre étude sur la propriété étrangère et la concentration des permis de pêche et des quotas dans les mains de certaines entreprises. Nous tenons à profiter de cette occasion pour remercier le Comité pour son travail continu à cet égard et nous serons heureux de répondre à ses éventuelles questions.
Pêches et Océans Canada s’est engagé à appuyer les objectifs socioéconomiques, culturels et de conservation du en matière de pêches commerciales et à travailler à des améliorations stratégiques dans la gestion de cette ressource publique au nom des Canadiens.
La question de la propriété étrangère sur le plan de l’accès aux pêches canadiennes a été soulignée dans le rapport de 2019 de ce comité, intitulé « Les pêches sur la côte Ouest: Partager les risques et les retombées ». Dans sa réponse à ce rapport, le gouvernement a affirmé que les recommandations du Comité rejoignent plusieurs priorités actuelles du gouvernement et a reconnu les défis auxquels sont confrontés les pêcheurs indépendants dans les pêches commerciales du Pacifique.
Les restrictions imposées par le ministère à la propriété étrangère sur l’accès aux pêches commerciales sont établies dans le cadre de ses politiques en matière de délivrance de permis et conditionnent le pouvoir discrétionnaire du ministre de délivrer des permis.
Au Canada atlantique, les politiques de Pêches et Océans Canada en matière de délivrance de permis exigent explicitement que les ressources halieutiques demeurent accessibles aux Canadiens.
Dans le secteur des pêches hauturières et semi-hauturières de l’Atlantique, les sociétés qui ont des permis doivent être détenues à hauteur de 51 % au moins par des intérêts canadiens. Cette exigence, qui est en place depuis plus de 35 ans, avait été instituée pour s’assurer que les entreprises canadiennes conservent un contrôle efficace de l’accès commercial, tout en permettant des investissements dans les pêches émergentes ou les pêches manquant de capitaux.
Dans le secteur des pêches côtières de l’Atlantique, le ministère réglemente la détention des permis de pêche commerciale côtière par le biais du Règlement sur la pêche côtière, qui exige que les titulaires de permis soient des propriétaires-exploitants indépendants satisfaisant aux exigences régionales en matière de résidence.
Dans la région du Pacifique, les politiques de gestion des pêches et de délivrance de permis sont fondées sur des objectifs de conservation. Le système de délivrance de permis qui régit la plupart des pêches du Pacifique permet aux détenteurs de permis de s’échanger l’accès aux pêches, ce qui favorise davantage la viabilité économique des opérations de pêche et limite la pression sur les stocks. Les politiques du ministère en matière de délivrance de permis de pêche commerciale dans le Pacifique visent à faciliter la gestion et la conservation responsables des ressources halieutiques.
Dans le secteur des pêches du Pacifique, Pêches et Océans Canada utilise à la fois des permis de pêche établis en fonction d’une partie et des permis de pêches rattachés à un bateau.
Pour les pêches établies en fonction d’une partie, le ministère exige que toutes les sociétés qui se voient délivrer des permis soient enregistrées au Canada. Le ministère n’a pas de politique en ce qui concerne la citoyenneté des personnes demandant un permis sur la côte pacifique.
En ce qui concerne les pêches rattachées aux bateaux dans la région du Pacifique, les permis sont plutôt délivrés directement aux navires qui doivent déjà être enregistrés auprès de Transports Canada. Ce ministère exige que tous les bateaux immatriculés appartiennent soit à un résident ou à une société canadienne, soit à une société enregistrée à l’étranger ayant une filiale ou une entité représentative au Canada. Transports Canada ne limite pas le degré de propriété étrangère directe ou indirecte d’un bateau de pêche immatriculé au Canada.
À la suite de la publication de la réponse du gouvernement en juillet 2020, Pêches et Océans Canada a entrepris un examen de ses politiques existantes en matière de propriété étrangère. Le ministère a conclu qu’il ne disposait pas de l’information nécessaire pour évaluer efficacement les préoccupations soulevées dans le rapport du Comité et a cherché à combler le manque de données tout en continuant de répondre aux préoccupations urgentes dans la mesure du possible.
En février 2021, le a approuvé une mesure visant à accroître la surveillance des investissements étrangers potentiels dans les pêches commerciales semi-hauturières et hauturières de l’Atlantique et dans la flotte exemptée. La mesure révisée applique la limite actuelle de propriété étrangère à l’ensemble de la structure organisationnelle de tous les futurs demandeurs de permis ainsi que des titulaires de permis actuels qui souhaitent acquérir des permis supplémentaires.
Le ministère a également commencé à travailler avec des experts fédéraux en juricomptabilité pour élaborer une enquête obligatoire visant à déterminer qui bénéficie des permis et des quotas de pêche commerciale, en intégrant les commentaires des principaux intervenants.
Cette enquête visait à recueillir des renseignements sur l’identification, la citoyenneté ou sur le pays d’immatriculation de tous les détenteurs directs et indirects d'un permis commercial ou propriétaires de bateaux titulaires d’un permis commercial. L’enquête visait également à obtenir des renseignements généraux sur les dettes des titulaires de permis, sur les accords de pêche en cours et sur les employés de la haute direction. En fin de compte, l’enquête identifiera les propriétaires véritables, soit les personnes qui détiennent ou contrôlent, directement ou indirectement l'accès aux pêches,
Plus de 2 500 titulaires de permis commerciaux de pêche sur la côte Pacifique, établis en fonction d’une partie et rattachés à un bateau, ainsi que pour les pêches semi-hauturières, hauturières, flottilles exemptées et de civelles de l’Atlantique ont dû répondre au sondage.
Le taux de réponse global au sondage a été de 80 % pour les titulaires de permis concernés sur les trois côtes. Les 83 % d’entreprises de l’Atlantique qui ont répondu au sondage représentent un total combiné de 90 % des permis de pêche commerciale des flottes semi-hauturières, hauturières et exemptées de l’Atlantique. De même, les 79 % d’entreprises du Pacifique qui ont retourné le questionnaire représentent au total 88 % des permis de pêche commerciale du Pacifique concernés.
Les données recueillies dans le cadre du sondage ont été transmises aux experts fédéraux en juricomptabilité aux fins d’analyse en décembre et les résultats agrégés du sondage seront rendus publics au printemps
Le ministère mobilisera ensuite les intervenants pour discuter des constatations et évaluer si des solutions stratégiques sont justifiées. Comme le Comité peut s’y attendre, il est nécessaire d’examiner attentivement les répercussions des solutions politiques possibles avant d’introduire des changements.
Pour conclure, le ministère s’est engagé à mieux comprendre les défis auxquels font face les détenteurs d’accès commercial. La décision de Pêches et Océans Canada d’améliorer l’application des restrictions à la propriété étrangère dans les pêches de l’Atlantique, combinée au lancement du Sondage sur la propriété effective, devrait indiquer que le ministère prend très au sérieux les commentaires du Comité.
Je vous remercie de votre attention. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Mes prochaines questions se concentrent plus sur le volet local.
Dans ma région, nous avons la pêche au crabe et la pêche au homard, toutes deux très lucratives. Par contre, au cours des dernières années, nous avons vu des permis de pêche au crabe échapper à la région. Par région, j'entends la zone administrative de la péninsule acadienne, plutôt que la zone de pêche, c'est-à-dire la zone 12. Des permis sont vendus à des prix faramineux, de l'ordre de 12, 15 ou 20 millions de dollars. Le Nouveau‑Brunswick perd ces permis de pêche au profit d'autres provinces ou régions comme le Québec, la Nouvelle‑Écosse, l'Île‑du‑Prince‑Édouard ou les Îles‑de‑la‑Madeleine. Ce qui facilite tout cela, c'est que le critère de résidence au Nouveau‑Brunswick est fixé à seulement six mois, comparativement au critère du Québec, par exemple, qui est de deux ans.
L'un d'entre vous pourrait-il m'expliquer quel processus il faudrait suivre pour faire changer le critère de résidence au Nouveau‑Brunswick, afin qu'il soit semblable à celui d'autres provinces, par exemple le Québec ou l'Île‑du‑Prince‑Édouard, et que le Nouveau‑Brunswick arrête de perdre ces permis?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens, moi aussi, à transmettre mes condoléances à la famille et à tous ceux qui ont été touchés par la tragédie qui s'est produite sur la côte Est et qui a coûté la vie à deux pêcheurs. Évidemment, je tiens à exprimer ma sympathie à Serge Cormier et à ses électeurs pour cette tragédie.
Pour ceux qui nous regardent à la maison, je pense que nous devons clairement préciser qu'il y a deux pêches distinctes, l'une sur la côte Est et l'autre sur la côte Ouest, et j'aimerais me concentrer sur la côte Est pendant un instant.
Je vais commencer par M. Waddell et faire le tour de la salle, puis peut-être en ligne.
Le principe du propriétaire-exploitant a été enchâssé dans la loi. C'est absolument essentiel sur la côte Est pour s'assurer que les gens de la région exploitent cette industrie et que la richesse demeure dans la collectivité. Pour des raisons évidentes, les retombées qui en découlent sont vraiment importantes.
J'ai quelques questions. La première concerne ce que nous avons appris au sujet des propriétaires-exploitants sur la côte Est, à savoir ce qui fonctionne, ce qui doit être renforcé sur la côte Est et les leçons que nous pouvons en tirer en vue de les appliquer sur la côte Ouest, sachant qu'il y a des nuances à cette pêche.
Je comprends qu'il y a des enquêtes et la mobilisation des intervenants, mais mon intérêt est du point de vue ministériel. Qu'avons-nous appris de l'expérience de la côte Est? Que peut‑on renforcer à cet égard? Comment cela pourrait‑il être appliqué du point de vue ministériel? Sans vouloir biaiser les discussions ou les résultats des enquêtes, que pouvons-nous apprendre des côtes Est et Ouest? Comment peut‑on renforcer les résultats sur la côte Est et comment faut‑il appliquer les leçons retenues sur la côte Ouest?
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Pour ce qui est de l'applicabilité sur la côte Ouest, je pense que certaines des considérations clés pour nous seraient simplement, si nous devions explorer cela, d'aborder la question dans le contexte de l'historique des pêches sur la côte Ouest.
Par exemple, en l'absence de politiques comme celles‑ci, pour nos pêches, nous avons des ententes assez bien établies ou de longue date qui peuvent donner accès à des capitaux aux pêcheurs pour des permis, des quotas ou d'autres actifs de pêche.
Nous avons des exemples de cas où des permis ou des quotas ont été acquis par des transformateurs, et il y a eu, depuis l'introduction de mesures comme les quotas, la rationalisation des flottilles, où des quotas ont été transférés entre des titulaires de permis pour rendre des activités de pêche viables.
Nous voudrions également tenir compte de certains aspects de la façon dont, si j'ai bien compris, les politiques ont été mises en œuvre sur la côte Est pour tenir compte de mesures comme les exemptions qui sont en place pour certaines flottes, compte tenu de certains de ces facteurs, et de préciser les objectifs que nous essayons d'atteindre par l'introduction de tout ce qui s'apparente aux politiques de la côte Est pour nos pêches.
Compte tenu de tout ce qui précède, je pense que si nous nous engagions dans cette voie, il serait absolument essentiel de mobiliser les intervenants du secteur des pêches et les groupes autochtones qui jouent un rôle important dans les pêches commerciales.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Waddell.
Monsieur Waddell, dans le prochain groupe, nous entendrons des témoins des Premières Nations côtières. Les Premières Nations côtières, comme vous le savez, sont composées de territoires des Premières Nations qui couvrent la vaste majorité des zones marines dans les eaux septentrionales de la Colombie-Britannique. Dans toutes ces nations vivent des familles et des collectivités de pêcheurs océaniques qui continuent de compter sur le poisson, l'habitat du poisson et les pêches sur leurs territoires pour assurer leur sécurité alimentaire, leur culture, leur survie et leurs besoins économiques.
Comme vous le savez, ces nations, ainsi que les Premières Nations côtières, ont signé une entente, l'Entente de réconciliation sur les ressources halieutiques, en 2021.
J'essaie de réunir beaucoup d'information en une très brève question, mais en fin de compte, selon ce que j'ai entendu de la part des deux Premières Nations côtières, par l'entremise d'une lettre envoyée à la , et d'autres pêcheurs autochtones, dans le cadre d'un événement récent, Fisheries for Communities, la propriété privée et étrangère fait augmenter les prix et entraîne des problèmes réels relativement à cette entente et à la capacité des nations de répondre aux besoins auxquels l'entente devait permettre de satisfaire?
Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, si vous avez eu l'occasion de rencontrer les Premières Nations côtières et d'autres nations autochtones pour mettre en œuvre un processus équitable, transparent et collaboratif afin de vous assurer qu'une politique fonctionne pour les collectivités locales et les nations autochtones?
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J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins.
Christina Burridge, directrice exécutive, représente la BC Seafood Alliance par vidéoconférence. Représentant la Fish, Food and Allied Workers Union de Terre-Neuve-et-Labrador, nous accueillons M. Greg Pretty, président, également par vidéoconférence. Paul Kariya, conseiller principal en politique, représente la Coastal First Nations Great Bear Initiative. Christine Martin n'est pas ici, mais nous accueillons tout de même Paul Kariya.
À une certaine époque, il y avait un joueur de hockey qui portait ce nom. N'a‑t‑il pas joué dans la LNH?
Une voix : Oui.
Le président : Merci de prendre le temps de comparaître aujourd'hui. Vous disposerez chacun de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire.
Nous allons commencer par Mme Burridge, s'il vous plaît, pour cinq minutes ou moins.
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Bonjour à tous. Je vous parle de Vancouver.
Je suis de la BC Seafood Alliance, un organisme-cadre dont les 30 membres qui comptent pour environ 90 % de la valeur des fruits de mer sauvages de la côte canadienne du Pacifique. Nos membres sont les associations commerciales de pêcheurs et la plupart des principaux transformateurs de fruits de mer.
Je voudrais aborder quatre points.
Premièrement, les investissements étrangers et la concentration des entreprises ne sont pas des obstacles à la réussite des pêches de la côte Ouest. Le principal obstacle est l'accès restreint.
Deuxièmement, l'étude du ministère des Pêches et des Océans, le MPO, sur la propriété effective devrait nous indiquer s'il y a un problème avec les investissements étrangers dans les pêches de la Colombie-Britannique. En réalité, je ne m'attends pas à ce qu'il y en ait un.
Troisièmement, la plupart des pêcheurs de la province sont constitués en personne morale pour la même raison que les autres entreprises.
Enfin, il y a chaque jour des nouvelles allocations de quotas dans le cadre du programme canadien des pêches intégrées des poissons de fond. Elles sont nécessaires pour l'exploitation efficace et durable de la ressource.
Pour ce qui est de l'accès, le réseau des aires marines protégées de la biorégion du plateau nord réduira de 25 à 45 % l'accès aux principales espèces, même si 25 % des eaux de la Colombie-Britannique sont déjà protégées. Ce pourcentage devrait être de 35 % à la fin de 2023. C'est cela qui pousse les pêcheurs à fermer boutique; ce n'est pas la politique de délivrance des permis.
En ce qui concerne la propriété, nous voulons décourager la spéculation, et non pas l'investissement. Nous avons proposé des moyens d'y arriver, comme un permis et un registre des quotas, ainsi qu'une politique de partage des risques et des avantages, qui vise à assurer un pourcentage prédéterminé de rendement aux détenteurs de quotas, aux bateaux et aux équipages, afin que le bailleur ne soit pas exposé au risque.
En ce qui concerne les investissements étrangers, deux de mes membres du secteur de la transformation appartiennent à des intérêts étrangers. Ce sont d'excellentes exploitations canadiennes qui ont investi dans des collectivités comme Ucluelet et Port Edward lorsqu'aucun autre exploitant canadien n'était prêt à le faire. Lorsqu'elles détiennent des permis, ces entreprises canadiennes s'assurent que l'usine a accès au poisson, de manière à offrir de l'emploi aux Canadiens et à engranger des revenus pour la collectivité locale.
Côté concentration des entreprises, le point de vue souvent exprimé selon lequel la Colombie-Britannique est une flottille commerciale ne reflète pas la réalité. La plupart des pêcheurs sont constitués en personne morale pour les mêmes raisons que les autres gens d'affaires: la protection contre la responsabilité et la planification des affaires et le dégagement des investissements de capitaux essentiels. La plupart des permis d'exploitation de bateaux sont détenus par au moins deux parties qui travaillent en coentreprise. Il existe des dizaines de variations de ces arrangements, souvent entre un transformateur et un ou plusieurs exploitants. Ces arrangements favorisent le type de coopération qui, selon un rapport d'Agriculture Canada, est essentielle pour améliorer la prospérité des pêches de l'Atlantique.
Nous bénéficions d'une flottille diversifiée et d'un large éventail d'entreprises de transformation. Par exemple, avant que la flottille de pêche au flétan ne fasse l'objet de QIT, c'est-à-dire de quotas individuels transférables, en 1991, seules les grandes entreprises avaient la capacité de transformer le volume, et elles achetaient environ les trois quarts des prises débarquées. Maintenant que la pêche s'étend sur neuf mois plutôt que six jours, la transformation est dominée par de petits transformateurs spécialisés qui proposent un produit de grande qualité et de grande valeur.
De plus, la Canadian Fishing Company ne possède pas tout. Elle détient 30 % des permis de pêche à la senne du hareng rogué, 12 % des permis de pêche au filet maillant du hareng rogué, 4 % des permis de pêche au saumon, 21 % du quota de pêche au chalut des poissons de fond, 15 % du quota de pêche au merlu du Pacifique, 3 % du quota de pêche au flétan, 2 % du quota de pêche à la morue charbonnière, et aucun quota de pêche aux mollusques et crustacés.
Pour ce qui est de la nouvelle allocation des quotas de poisson de fond, le programme intégré englobe la gestion de quelque 66 stocks différents, sept pêches et trois types d'engins de pêche. Cela représente environ les deux tiers de tous les débarquements en Colombie-Britannique. Ce programme exige une reddition de comptes complète pour tous les poissons pêchés, qu'ils soient conservés ou remis à l'eau. Les nouvelles allocations temporaires protègent les prises accessoires et permettent l'utilisation complète dans le cadre des limites de prises fondées sur des données scientifiques. Ces nouvelles allocations nécessitent l'approbation du ministère des Pêches et des Océans et divers freins et contrepoids, comme un plafond de 1 % sur le quota pour le flétan, ou des plafonds par espèce et des plafonds de détention pour le chalut.
Je termine en disant qu'une bonne politique repose sur d'excellentes données. Je vous invite donc à asseoir vos recommandations sur des faits, des analyses et des données probantes plutôt que sur des informations anecdotiques.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Vous avez eu Paul Kariya le mineur qui fait notre fierté et nous comble de plaisir en tant que joueur de hockey et par ses exploits. Je suis juste un peu moins connu que lui.
Je remercie le Comité et les autres témoins, y compris ma bonne amie Christina. Je sais que nous allons probablement être en désaccord plus souvent que d'accord aujourd'hui, mais elle est une bonne amie et collègue.
Je veux aussi dire que mon amie, collègue et patronne, Christine Smith-Martin, est malade ce matin. Elle est ici à Ottawa, dans sa chambre d'hôtel, et elle m'a demandé de vous présenter ses observations, que voici.
Je tiens à saluer les Premières Nations algonquines et anishinabes, les peuples locaux sur les territoires traditionnels desquels nous sommes réunis et les pêcheurs qui ont perdu la vie sur la côte Est, ou sur la côte Ouest, qu'on a mentionnés tantôt. Il y a trois jours, deux pêcheurs haïdas sont décédés à Skidegate Inlet. Je voulais le mentionner.
Je m'appelle Paul Kariya. Je travaille comme conseiller principal en politique pour la Great Bear Initiative Society, aussi connue comme les Premières Nations côtières. Notre organisation, qui existe depuis une vingtaine d'années, a eu une collaboration fructueuse avec les gouvernements fédéral et provinciaux sur des questions clés de politique terrestre et maritime.
La nation Haïda, la Première Nation Metlakatla, la nation Gitxaala, la Première Nation Gitga'at, la Première Nation Kitasoo/Xai'xais, la Première Nation Heiltsuk, la nation des Nuxalk et la nation des Wuikinuxv, dont les territoires forment plus de 40 % des eaux marines et côtières en Colombie-Britannique, sont les nations membres de l'organisation Coastal First Nations Great Bear Initiative. La région est vaste et sa population est relativement clairsemée. Environ 23 000 personnes y vivent, dont près de 50 % font partie des Premières Nations. Pourtant, nous détenons actuellement moins de 6 % de l'accès à la pêche commerciale dans la région.
La pêche fait partie intégrante de l'économie de toutes nos collectivités. Cependant, les régimes de délivrance des permis ont débouché sur la consolidation des permis entre les mains d'investisseurs et de sociétés, sans égard pour les populations côtières. La plupart des membres et des collectivités des Premières Nations côtières ont des possibilités économiques limitées autres que les pêches. Notre région côtière n'a pas le même avantage que les milieux urbains pour ce qui est de la diversité des possibilités économiques, des services ou des commodités. Étant donné l'éloignement des collectivités, le poisson est une source fondamentale de bien-être économique, culturel et social pour les Premières Nations. Par conséquent, un développement économique significatif pour les Premières Nations de cette région doit comprendre le rétablissement de notre accès aux pêches comme base de nos économies locales.
Les membres des Premières Nations côtières ont une longue histoire de réussite dans le secteur de la pêche commerciale. Cependant, la participation des pêcheurs des Premières Nations a été considérablement réduite au cours des dernières décennies en raison des initiatives de rationalisation de la flottille qui ont touché de façon disproportionnée les pêcheurs autochtones, ainsi que de la concentration continue des permis par les entreprises et de l'épuisement des ressources marines. En général, les collectivités côtières sont de plus en plus privées de leurs droits sur les ressources auxquelles elles doivent leur existence.
De concert avec la Great Bear Initiative Society, nos nations ont signé l'Accord transformateur de réconciliation sur les ressources halieutiques, ou l'ARRH, en juillet 2021. Cet accord engage le Canada et nos nations à collaborer à la gouvernance et à la gestion du poisson, de l'habitat du poisson et des pêches, notamment par une aide financière pour accroître l'accès des nations aux permis et aux quotas de pêche commerciale.
L'un des principaux objectifs de l'accord est la mise en place de conditions permettant aux membres des Premières Nations de participer pleinement à l'économie de la pêche, sur laquelle reposent leur passé et leur avenir. Le Canada a fourni des fonds substantiels aux nations dans le cadre de l'accord pour appuyer de nouvelles possibilités de pêche commerciale.
Cependant, cet accès est fondé sur une transaction de gré à gré, c'est-à-dire que nous devons acheter sur le marché tous les permis et quotas et faire concurrence à toutes les autres parties prenantes. Il est bien documenté que, pour de nombreux permis et catégories de quotas de pêche commerciale, la concentration de longue date des entreprises et des investisseurs, combinée à la propriété et à l'investissement croissants pour ce qui est des permis et des quotas de la Colombie-Britannique au large des côtes, ont fait et continuent de faire grimper les prix. De nombreuses espèces pêchées dans la province font l'objet de permis et ont des valeurs de quota qui dépassent de loin tout rendement raisonnable de l'investissement d'un pêcheur indépendant ou d'une petite entreprise de pêche.
On peut citer l'exemple direct d'une de nos entreprises de pêche commerciale, une EPC, qui a voulu récemment acquérir, à prix fort, un permis de pêche en plongée en Colombie-Britannique pour un produit de grande valeur vendu en Asie. Un courtier avait un permis à vendre, et une offre raisonnable de l'EPC, en fonction de la juste valeur marchande à l'époque. Le courtier a dit de ne pas se donner la peine de faire une autre offre, car il avait un chèque en blanc d'un acheteur étranger qui offrait déjà 25 % de plus que la valeur marchande d'alors...
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Je vais prendre une minute de plus. Merci, monsieur le président.
Au nom des 13 000 membres de notre syndicat, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
La FFAW, c'est-à-dire la Fish, Food and Allied Workers Union, représente tous les pêcheurs de la province, soit environ 3 000 propriétaires-exploitants et plus de 7 000 membres d'équipage. Nous comptons également parmi nos membres des milliers de travailleurs des usines de transformation du poisson, de l'aquaculture, du transport maritime, de l'hôtellerie et d'autres secteurs.
Dans cette province, il ne faut pas sous-estimer la valeur de la pêche côtière. C'est notre plus vieille industrie, elle est étroitement liée à notre culture et elle continue d'assurer la stabilité économique et d'ouvrir des possibilités aux collectivités côtières. Tout au long de notre riche histoire, les travailleurs de Terre-Neuve-et-Labrador ont consacré leur vie et leur mode de vie à l'océan qui nous entoure. Leur travail acharné reste un pilier de la province, soutenant une industrie de 1 milliard de dollars par année, qui ne cesse pas de croître et de présenter de nouvelles possibilités.
Aujourd'hui, notre succès collectif dépend du maintien de la valeur de cette industrie entre des mains compétentes, non seulement pour Terre-Neuve-et-Labrador, mais encore pour l'ensemble du Canada. On a reconnu maintes et maintes fois que la préservation de nos fondements, des fondements de la pêche des propriétaires-exploitants, est essentielle à la viabilité économique des collectivités côtières.
Toutefois, nous avons connu une augmentation du contrôle étranger dans les secteurs de la transformation et des sociétés. Le contrôle important de nos pêches accordé à des gouvernements étrangers non seulement a des répercussions négatives sur les permis et les quotas de pêche, mais encore il crée des obstacles importants pour les nouveaux venus, ce qui rend impossible la planification de la relève.
L'augmentation de la mainmise des entreprises a des répercussions très négatives. Elle a fait baisser la concurrence sur les quais, empêché les pêcheurs de chercher de nouveaux acheteurs et assujetti les relations de travail à un régime d'arbitrage exécutoire qui a sérieusement fait pencher la balance du côté des transformateurs. Pendant des années, nos membres ont dû se battre contre des entreprises qui veulent dicter les conditions de la pêche côtière et coordonner leurs efforts pour ne pas acheter les prises débarquées. Pouvez-vous croire qu'en 2023 cette bataille continue de faire rage?
J'ai entendu mentionner la Royal Greenland. Sans entrer dans les détails — j'espère que je saurai m'en tenir à mon propos —, disons que les intérêts des pêcheurs et des travailleurs d'usine de la Royal Greenland sont en conflit avec ceux des pêcheurs et des travailleurs d'usine de Terre-Neuve. Cela n'a aucun sens, mais c'est ainsi. Selon vous, qui a la petite part? La Royal Greenland achètera ses fruits de mer là où ce sera le plus rentable.
En 2020, elle n'a pas manifesté le moindre intérêt pour les crevettes de Terre-Neuve-et-Labrador, s'est moquée de la négociation collective, puis a mis les pêcheurs en lock-out pendant la plus grande partie de la saison de la crevette. Elle évite délibérément la concurrence en acceptant de desservir seulement certains territoires ou clients et en restreignant délibérément la production et l'approvisionnement. C'est considéré comme un comportement de type cartel, comme certains l'ont dit aujourd'hui. C'est un comportement de cartel selon la définition même du Bureau de la concurrence.
Le Royal Greenland obtient des conditions pour contrôler tous les aspects de la pêche, notamment en veillant à ce que les filiales aient un accès privilégié aux quotas ou aux débarquements, même si ces pratiques ne sont pas autorisées dans la pêche côtière. Pour contourner la réglementation fédérale canadienne, la Royal Greenland a créé sa propre forme d'intégration verticale par l'acquisition de contrats qui lui donnent illégalement le contrôle des permis de pêche. Tel est l'essentiel de mon message aujourd'hui. La concentration des entreprises a gonflé le coût des permis, et les pêcheurs côtiers ont rarement accès à ce niveau de capital. On l'a déjà vu aujourd'hui.
Le transformateur doit trouver un approvisionnement en matière première, de sorte que le transformateur paie pour un permis au nom du pêcheur côtier, ce qui fait qu'il détient le permis et peut se cacher derrière le nom du pêcheur. Le transformateur contrôle alors le moment où le permis est utilisé, par qui et avec quel bateau, et combien le pêcheur est payé.
J'aimerais passer à l'aspect suivant, parce que le gouvernement fédéral a fait des progrès pour renforcer les politiques du propriétaire-exploitant et de séparation des flottilles. Cela a été fait. Toute l'industrie s'est réjouie de l'enchâssement de la politique du propriétaire-exploitant dans la loi en 2021, car le but était de protéger la valeur de la pêche en veillant à ce qu'elle demeure dans les collectivités locales.
Cependant, en tant qu'organisme de réglementation, Pêches et Océans — le MPO — s'est révélé mal équipé pour appliquer cette politique. Le MPO n'a pas encore imposé de sanction dans les 30 dossiers et plus sur lesquels il a enquêté depuis l'entrée en vigueur de la politique en 2021. Au lieu de cela, la réaction a été de ramener gentiment les entreprises à la conformité. Cela ne marche pas.
Si vous misez sur ce qui se passe à Terre-Neuve-et-Labrador aujourd'hui, vous verrez que trois pêches ont été complètement fermées à cause des marchés, mais aussi à cause de la concentration des entreprises, que rien ne ralentit.
À la grande déception des pêcheurs indépendants de tout le Canada, il s'est révélé que la politique du propriétaire-exploitant n'est rien d'autre qu'un exercice de transition de la main-d'œuvre pour le MPO, sans effet dissuasif ni conséquence en cas d'infraction. Il est maintenant indispensable d'envoyer un message du ministère pour exprimer son engagement à protéger les pêches des propriétaires-exploitants pour rétablir la confiance dans ce projet de loi.
En tant que Canadiens de Terre-Neuve-et-Labrador, nous nous demandons si l'avenir nous donnera une pêche dynamique et durable — composée de milliers de petites entreprises de pêche qui contribueront comme maintenant au riche tissu culturel et à l'économie de notre pays — ou une pêche qui sera contrôlée par une poignée d'entreprises, transformée à l'étranger ou à l'international — ce qui privera de nos riches ressources durables les collectivités avoisinantes qui en dépendent — au service des intérêts d'un autre pays?
Il incombe à tous les députés et à tous les Canadiens qui tiennent à nos océans de protéger cette ressource publique et de veiller à ce que ce soient les Canadiens qui profitent des avantages économiques et sociaux que représentent nos eaux.
Je remercie les membres du Comité de l'attention qu'ils accordent à la gravité de la situation et je serai heureux de répondre à leurs questions au mieux de mes capacités.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, rendons hommage aux pêcheurs qui ont perdu la vie sur les deux côtes ces derniers jours. C'est une profession tragique... parfois très dangereuse. Je salue les efforts qu'ils ont déployés, de même que le travail de recherche et de sauvetage qu'ont accomplis les premiers répondants et les secouristes.
Je commence par quelques brèves questions pour Mme Burridge, si vous me le permettez.
Madame Burridge, dans votre déclaration préliminaire, vous avez dit que, côté concentration des entreprises, « la plupart des permis d'exploitation de bateaux sont détenus par au moins deux parties qui travaillent en coentreprise. Il existe des dizaines de variations de ces arrangements, souvent entre un transformateur et un ou plusieurs exploitants. Ces arrangements favorisent le type de coopération qui, selon un rapport d'Agriculture Canada, est essentielle pour améliorer la prospérité des pêches de l'Atlantique. »
Pourriez-vous transmettre ce rapport au Comité? Je ne crois pas l'avoir vu, et je me demande si d'autres membres du comité FOPO l'ont vu.
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L'ARRH est un important accord de réconciliation négocié entre les huit Premières Nations qui sont nos membres et le gouvernement du Canada. Il vise trois grands objectifs.
Le premier est de rétablir la participation aux règles de la pêche commerciale ouverte du MPO et de nos nations membres.
Le deuxième consiste à rétablir une flottille artisanale et la pêche alimentaire — ce qu'un pays pourrait vendre s'il le voulait. Cet artifice, qui a mis beaucoup de monde en prison sans aucune raison au fil des ans, disparaîtra, mais le poisson devra être compté, traité de façon sécuritaire et tout cela. Il y a une grande pêche commerciale et une petite pêche pour la sécurité alimentaire, et il y aurait des ventes accessoires.
Le troisième volet de cette entente est la cogestion. Il y a eu de la cogestion et des ententes de cogestion, mais ce sera... Il faudra un certain temps, entre le ministère et nous, pour établir un calendrier de mise en œuvre. Pour toutes les espèces pour lesquelles nous avons — nous avons déjà entendu le terme — un plan de gestion intégrée des pêches, un PGIP, ces accords seront élaborés conjointement avec nos nations et le MPO. À l'heure actuelle, c'est la qui donne son approbation. À l'avenir, ce sera à la fois les Premières Nations pour nos régions et la ministre.
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Il est difficile de répondre à cette question, monsieur Hardie.
J'ai grandi dans le milieu de la pêche commerciale. Pour ce qui est de la question au sujet du hockeyeur Paul Kariya, monsieur le président, je peux vous dire que, lorsque je donne des conférences sur d'autres sujets, je suis fier de dire que le grand-père du garçon qui évoluait dans la LNH est venu s'installer au Canada pour y pratiquer la pêche.
Je me souviens très bien quand le premier plan Davis a été introduit, alors que j'étais enfant, et que mon père, lui-même pêcheur, devait réfléchir aux options qui s'offraient à lui, hésitant entre un permis de catégorie A et un permis de catégorie B, sans parler des développements liés à la pêche au hareng et ainsi de suite... Mme Martin pourrait, elle aussi, nous relater quelques anecdotes de son époque.
Quant à savoir ce qui mérite d'être conservé et ce dont il faut se débarrasser, cela exige un grand effort de réflexion et un raisonnement complexe. J'estime que les Premières Nations ont souffert de leur exclusion au moment de l'entrée en vigueur du régime des permis commerciaux. Il faut corriger cette situation. C'est la raison d'être, à mon avis, de l'accord de réconciliation. Mais au‑delà de tout, je pense que beaucoup d'autres choses peuvent être faites. Encore une fois, ce n'est peut-être pas le rôle de ce comité d'examiner ce qui cloche dans la façon de gérer les ressources de notre province, ce qui s'est parfois fait aux dépens des Premières Nations, pour lesquelles je travaille aujourd'hui. Je ne voudrais pas donner une réponse à l'emporte-pièce comme « jetez tout cela », ni même tenter une réponse sans avoir étudié la question plus en profondeur, mais je pense qu'il faut revoir notre façon de faire à bien des égards. Nous n'avons pas encore parlé de la restauration des poissons et des pêcheries. Nous n'avons toujours pas abordé la question de la gestion globale. Dans son introduction, Mme Martin a évoqué le réseau de aires marines protégées, les AMP, de la biorégion nord sur lequel nous travaillons.
Je tiens à dire que ce n'est pas seulement la question d'accéder au poisson et de le vendre pour réaliser un profit qui préoccupe nos nations. La réflexion concerne notre avenir à long terme, la façon dont la ressource — et pas seulement la ressource, mais aussi l'habitat — est gérée. C’est pour cette raison qu'a été créé le réseau des AMP, qui font la fierté du Canada sur la scène internationale.
Y aurait‑il moyen de travailler avec les pêcheurs, avec tous les pêcheurs? Oui, pourquoi pas, alors je veux simplement affirmer...
Il nous faut une déclaration. Je pense que nous devrions réitérer nos politiques dans ce domaine et que nous devons intervenir directement auprès de ces entreprises. Personne n'a été inculpé, non pas qu'il y aura nécessairement des inculpations, mais il pourrait y en avoir. Il est possible que des lois aient été enfreintes et ces questions doivent être abordées.
Tant que ce ne sera pas fait, nous serons confrontés à la situation évoquée plus tôt, à savoir que des accords financiers peu transparents seront conclus entre les pêcheurs et les entreprises, qu'elles soient canadiennes ou étrangères, jetant un flou sur l'intention réelle, qui est, comme nous le savons, d'exercer un contrôle sur ces licences.
Si l'on se retrouve dans une situation où, malgré une déclaration, rien n'a bougé en deux ans, il convient de se pencher sur la question, car, mes amis, c'est qu'il s'agit d'activités qui ont toutes les apparences d'un cartel. Des pêcheurs viennent me voir pour me dire que le Bureau de la concurrence devrait faire enquête, parce qu'on constate que tous affichent le même prix. Ils traitent les pêcheurs comme s'ils étaient des joueurs de hockey, et la référence est particulièrement pertinente aujourd'hui. Ils peuvent disposer d'eux comme ils le souhaitent, ils peuvent dicter les lois de l'échange et de la vente des produits. Ce n'est pas à cela que nous avons souscrit avec les permis de pêche canadiens. Il faut remédier à cette situation.
Je sais que c'est un peu fastidieux, mais je vous remercie de cette question.
Si je puis me permettre, je dirais tout d'abord qu'il faut détenir un permis provincial, pour se comporter de manière aussi lamentable. Sans la délivrance d'un permis provincial, il ne serait pas possible de manigancer, de brouiller les pistes et d'user d'un tel contrôle. La première solution consiste donc à s'assurer que la politique d'octroi des permis favorise une pêche harmonieuse. Je l'ai dit à maintes reprises au cours des quatre derniers mois, depuis que j'ai assumé la présidence. On ne peut pas se retrouver avec un permis de transformation délivré par une province à une société ou à une entité et lui permettre de détruire systématiquement la pêche et les finances d'une municipalité. C'est pourtant ce genre de situations qui se produit aujourd'hui.
La solution doit d'abord venir de la province, mais on ne peut pas se permettre d'avoir un système de permis qui en vienne — comme c'est le cas en Colombie-Britannique — à exercer non seulement un contrôle sur les permis, mais également sur les quotas. Quand cela se produit, il n'est plus possible de négocier un prix approprié, sur le marché ou avec les pêcheurs. Le contrôle se déplace peu à peu vers des intérêts étrangers et le Canada... les provinces perdent le contrôle.
C'est la première étape.
Certaines de ces entreprises en arrivent à de très bonnes idées en matière de marketing. J'en suis conscient. C'est un élément que nous prenons en compte, mais elles doivent s'en tenir à leurs propres activités. Elles ont un savoir-faire, mais elles ne peuvent pas se permettre d'interférer avec les propriétaires-exploitants. S'il faut, pour régler le problème, envoyer certains de ces malfaiteurs en prison, eh bien, faisons‑le.
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Notre collègue du syndicat de l’Atlantique a évoqué les cartels. Je pense qu'il y a effectivement des cartels qui travaillent en Colombie-Britannique. Un nombre limité d'entités exerce un contrôle sur certaines espèces. Il est probable qu'ils se soient regroupés pour travailler contre nous en disant: « La ligne de démarcation est mince. Nous ne voulons pas céder notre accès, et nous allons travailler ensemble pour fixer les prix et ainsi de suite ».
L'accord que nous avons conclu avec le Canada contient un mécanisme. Quand nous avons négocié avec l'ancien ministre, nous avons ouvert la voie à un retour sur l'entente. Si nous devions constater que le marché ne fonctionnait pas, nous pouvions dire au gouvernement du Canada: « Vous pouvez reprendre votre argent. Libre à vous, ministre et gouvernement, de procéder à l'expropriation en récupérant l'argent et en versant des indemnités, si vous jugez que c'est nécessaire. Voilà des options mises pour nous assurer du succès de l'accord de réconciliation. »
Dans l'état actuel des choses, le marché ne fonctionne pas comme unmarché de libre-échange où l'argent circule. L'argent dont nous disposons est limité. Nous avons procédé à quelques achats, mais très peu, au cours des 18 mois d'exploitation et des deux années qui ont suivi la signature de l'entente.
Nous craignons qu'en utilisant cet argent... Nous avons une société de pêche distincte que nous avons constituée, avec un nouveau PDG, un conseil d'administration distinct. Ce sont des experts de la pêche. Ils nous disent: « Ne nous engageons pas sur cette voie. Nous ne faisons que perpétuer les dynamiques du passé ». Un changement fondamental s'impose, ce que le marché ne semble pas en mesure d'apporter.
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J'en profite pour souligner la qualité du rapport produit par le Comité en 2019. En ce qui concerne les questions posées plus tôt au sujet de la lenteur de la réponse du MPO, vous avez parfaitement raison. Nous faisons écho aux recommandations formulées dans ce rapport.
Il faut réduire l'impact des fonds étrangers. S'agit‑il d'un phénomène anecdotique? Les preuves sont pourtant là. Je pense que le rapport allemand sur le blanchiment d’argent que M. Hardie a évoqué contient des exemples concrets de fonds non canadiens utilisés pour influer sur les quotas et les permis. Cela doit cesser.
Le manque de transparence dans la propriété effective des quotas et des permis n'est pas nouveau, et cela aussi doit changer. Personne ne dit que ce sera facile, mais ce n'est pas en esquivant le problème qu'on le réglera, et je suis d'avis qu’une partie de la réponse du MPO revient à l'esquiver. Il faut s'y attaquer, alors prenons les choses en main.
Pour ce qui est des Premières Nations, je pense que nos chefs et nos dirigeants ont exercé une certaine influence à la table des négociations avec le Canada et la Colombie-Britannique, et ce genre d'engagement doit se poursuivre. On a besoin de plans de transition. Je pense que certains des membres que Mme Martin représente craignent les changements à venir, et je pense que nos organisations, les gens pour qui je travaille, veulent travailler avec l'équipe de Mme Martin.
Le réseau des AMP dont Mme Martin a parlé a bénéficié de la participation active de certains de ses membres, et nous les invitons à... En fait, certains d'entre eux se sont retirés. Ils sont peut-être insatisfaits, et nous pouvons anticiper certains changements à venir, mais continuons à travailler sur un plan de transition. Je pense que c'est le principal enjeu.
L'environnement doit passer avant tout. Si une ressource est épuisable, nous devrions nous en tenir à certains niveaux de durabilité; nous connaissons les incertitudes qui nous guettent. Les modèles du passé ne fonctionnent plus, à cause des changements climatiques et du réchauffement des eaux.
Je suis désolé. Je pourrais continuer encore longtemps.