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Merci, monsieur le président.
Je comprends la préoccupation exprimée par M. Bagnell.
Tout d’abord, avant qu’il ne soit présenté à la Chambre, le projet de loi, comme c’est le cas pour tous les projets de loi, est soumis à une analyse approfondie de la Charte. Le ministre de la Justice doit être convaincu de la conformité du projet de loi à la Charte.
Les réformes proposées par le projet de loi sur la contre-preuve n’empêchent pas le juge d’évaluer la preuve pertinente. M. Bagnell a mentionné deux ou trois fois qu’une personne souffle dans un appareil et qu'elle est déclarée coupable. Ce n’est pas ainsi que les chose se passent. Les réformes n’empêchent pas le juge d’évaluer la preuve pertinente. Les réformes sont conçues pour assurer que le juge prenne en considération la preuve — soit le taux d’alcoolémie mesuré par l’analyse faite au moyen d’instruments approuvés. C’est la seule preuve scientifiquement valide pour résoudre la question fondamentale présentée au tribunal. La question fondamentale étant de déterminer si le pourcentage d’alcool dans le sang d’une personne dépasse 80 mg.
Je vous rappelle aussi que l'infraction de dépassement de la limite de 80 mg d'alcool par 100 ml de sang est unique dans le Code criminel. Des tentatives ont été faites pour établir des analogies — je pense que nous avons tous essayé — mais, le fait est que cette infraction est unique. C’est la seule dans le code concernant la présence d’une substance dans le corps à un pourcentage dépassant la limite permise. En 1969, le Parlement a établi l'infraction de dépassement de la limite de 80 mg d'alcool par 100 ml de sang en se fondant sur le fait qu’à ce taux d’alcoolémie, les automobilistes encourraient de plus grands risques d’entrer en collision. Par conséquent, le Parlement, en établissant l’infraction, a reconnu qu’il allait être nécessaire d’analyser une substance corporelle telle que l’haleine ou le sang pour vérifier le taux d’alcoolémie.
Selon des témoignages que nous avons entendus, nous sommes au stade où les mesures obtenues sont très précises. Mais, nous avons aussi entendu dire, et c’est le problème que nous essayons de résoudre au moyen de ce projet de loi, qu’au cours des dernières décennies, une personne accusée d’avoir conduit avec des facultés affaiblies pouvait éviter d’être déclarée coupable de conduite avec un taux d’alcoolémie supérieur à 80 mg en appelant des témoins. Ces témoins, ne l’oublions pas, et nous avons entendus des témoignages à cet égard, sont leurs copains, leurs amis. Selon ces amis, ces connaissances et peut-être des membres de la famille, la personne accusée n’avait pas consommé beaucoup d’alcool, seulement deux bières — d’où le nom de cette défense, même si c’était une bière, deux bières — ce qui ne serait pas suffisant pour faire passer son taux d’alcoolémie à plus de 80 mg.
Le comité a entendu plusieurs fois des témoignages selon lesquels ces copains sont appelés à témoigner que, non, Joe n’a consommé que…
Désolé, Joe. Je voulais utiliser un prénom différent de celui d’un des membres du comité.