Bonjour, chers collègues. J'espère que vous passez une bonne semaine.
Bienvenue à la 134e réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
[Français]
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
[Traduction]
Je tiens à rappeler à nos témoins que, lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, vous devez la placer sur l'autocollant devant vous. Bien sûr, vous pouvez la mettre sur votre oreille lorsque vous l'utilisez.
Chers collègues, cette séance matinale se déroulera sur deux heures.
[Français]
Au cours de la première heure, nous recevons M. Perrault et M. Sampson.
[Traduction]
Nous allons accueillir, à la deuxième heure, plusieurs témoins.
Cela étant dit, chers collègues, je laisse la parole à M. Stéphane Perrault, directeur général des élections, et à Robert Sampson, avocat général et directeur principal des Services juridiques.
Monsieur Perrault, vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions. Je vous remercie d'avoir pris le temps de venir ici, aujourd'hui, au Comité, pour discuter de cet important projet de loi, qui a évidemment d'importantes répercussions sur les travaux que vous faites en notre nom et au nom des Canadiens.
Cela étant dit, monsieur, vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président.
Il est possible que je dépasse légèrement les cinq minutes. Je vais essayer de faire cela rapidement.
Merci de me donner l'occasion de m'adresser au Comité au sujet du projet de loi . J'ai déjà eu la chance de parler avec des membres, du Comité, de tous les partis, de certains aspects du projet de loi. Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous tous aujourd'hui.
Je souhaite tout d'abord souligner que, de manière générale, j'appuie le projet de loi. J'aimerais toutefois aussi exprimer mes préoccupations et proposer des améliorations au Comité. Enfin, je désire aborder certains défis que pose la mise en œuvre du projet de loi dans un contexte d'incertitude à l'égard du déclenchement d'élection.
Plusieurs changements prévus par le projet de loi découlent ou s'inspirent des recommandations que j'ai présentées au Parlement en 2022. Parmi eux, certains visent à prévenir l'ingérence étrangère, comme de nouvelles règles pour restreindre le financement de tiers par des sources étrangères et des restrictions sur l'utilisation de cryptomonnaies et d'instruments monétaires non traçables, ainsi que des mesures visant à éliminer les obstacles auxquels se heurtent certains groupes d'électeurs.
Le projet de loi codifiera également le vote d'Élections Canada sur le campus, un service offert depuis 2015, sauf durant la pandémie.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai toutefois des préoccupations, surtout en ce qui concerne la modification de la date fixe d'octobre 2025 prévue pour l'élection générale. La nouvelle date proposée dans le projet de loi entrerait en conflit avec la date de l'élection territoriale au Nunavut. Cette situation poserait des défis particuliers pour le recrutement de fonctionnaires électoraux et la location des bureaux de scrutin, compromettant ainsi notre capacité à servir les électeurs du territoire. C'est pourquoi je suis défavorable à l'idée de changer la date de l'élection.
Je crois que certains des changements proposés dans le projet de loi pourraient être bonifiés. Cela comprend, par exemple, des mesures visant à contrer la désinformation et à protéger la vie privée de la population canadienne. Mon temps de parole étant restreint, j'ai soumis au Comité, en vue de son examen du projet de loi article par article, un tableau précisant mon appui, mon opposition, mes préoccupations et mes propositions d'amendements pour chacune des modifications substantielles recensées. Je suis bien sûr disposé à répondre aux questions des membres, le cas échéant.
Le projet de loi représente aussi l'occasion d'examiner les enjeux émergents que posent l'intelligence artificielle et les hypertrucages, ainsi que les bulletins de vote comportant un grand nombre de candidats. Le projet de loi prévoit actuellement très peu de mesures concernant l'intelligence artificielle générative, qui offre aux auteurs de menaces d'ici et de l'étranger de nouveaux moyens pour miner l'intégrité électorale et la confiance du public dans les élections. La disposition actuelle de la Loi ne s'applique qu'à quelqu'un qui se présente faussement comme une autre personne, par exemple le directeur général des élections, un candidat ou le représentant d'un parti.
De plus, la Loi interdit les publications trompeuses qui paraissent produites par des acteurs importants du processus électoral. Encore une fois, il s'agit du directeur général des élections, d'un directeur du scrutin, d'un candidat ou d'une personne qui désire se porter candidat. Aucune de ces dispositions ne s'appliquerait si la voix ou l'image de l'un de ces importants acteurs était manipulée pour lui faire dire ou faire des choses qu'il n'a jamais dites ou faites, ou pour modifier le contexte dans lequel il a fait des déclarations ou posé un geste.
Le projet de loi propose des changements clarifiant que ces interdictions s'appliquent, quelle que soit la façon dont la présentation a été faite, le lieu où elle l'a été ou le support utilisé, mais ces modifications ne règlent toutefois en rien le problème des hypertrucages que j'ai décrit. Pour remédier à ce problème, la Loi doit interdire la représentation trompeuse des acteurs clés du processus électoral par la manipulation non consensuelle de la voix ou de l'image. Je formule une proposition à cet égard dans le tableau que je vous ai soumis.
[Français]
Le deuxième enjeu sur lequel j'invite les membres du Comité à se pencher est lié à la question de l'accessibilité du bulletin de vote.
Comme vous le savez, il existe un mouvement de contestation qui vise à faire augmenter de façon considérable le nombre de candidats sur les bulletins de vote. Ce mouvement a commencé à la 44e élection générale, et il s'est poursuivi lors de quatre élections partielles subséquentes. J'ai apporté le bulletin de l'élection de l'automne qui s'est tenue dans la circonscription de LaSalle—Émard—Verdun. Le bulletin, qui fait un mètre de long, comporte 91 noms sur deux colonnes. On imagine les difficultés qu'éprouve un électeur qui a un déficit quelconque, a un problème de littératie ou ne peut pas manipuler aisément un tel bulletin. Si le nombre de candidats augmente encore, je vais devoir réduire la taille de la police de caractère utilisée sur le bulletin de vote, ce qui ne facilitera pas la tâche des électeurs ayant un problème de littératie ou un handicap.
Bien que j'appuie la proposition du projet de loi de faire passer de 75 à 100 le nombre de signatures nécessaires dans l'acte de candidature, il est important de veiller à ce que l'exigence concernant les signatures ne soit pas vidée de son sens. Dans le cas de l'initiative du plus long bulletin de vote, on a vu des actes de candidature de différents candidats qui comportaient des signatures en très grande partie identiques. C'est donc dire que les électeurs qui signent les actes de candidature appuient la nomination, non pas d'un candidat en particulier, mais plutôt du plus grand nombre de candidats, quels qu'ils soient. Ces électeurs agissent conformément aux objectifs du Comité du plus long bulletin de vote.
En septembre, j'ai écrit au pour demander au gouvernement d'examiner un amendement au projet de loi, que je traite dans le tableau transmis au Comité, afin que les électeurs ne puissent signer l'acte de candidature que d'un seul candidat. Il est toutefois essentiel de garantir que l'acte de candidature ne sera pas rejeté ou remis en question simplement parce qu'un électeur aurait aussi signé l'acte de quelqu'un d'autre. Le candidat ne sait pas quels autres actes de signature l'électeur aurait pu avoir signés. On parle d'une interdiction, non pas d'une condition de validité de l'acte de signature.
En terminant, je dirai qu'il faut prendre en compte l'incidence des modifications législatives assez importantes, non seulement en fin de cycle électoral, mais aussi dans le contexte actuel d'un gouvernement minoritaire. La pleine mise en œuvre du projet de loi nécessitera la mise à jour de nos documents et de nos formations, ainsi que la mise à niveau de nombreux systèmes de technologies de l'information. Ces changements doivent être suivis de tests rigoureux et de simulations. Il faut disposer du temps nécessaire si jamais des corrections devaient être apportées avant que le système puisse servir pendant une élection. Ce sont des étapes cruciales pour maintenir la confiance du public dans le processus électoral.
Si le projet de loi est adopté, mon objectif est de mettre en œuvre les nouvelles mesures le plus rapidement possible avant l'élection à date fixe d'octobre 2025. Il se pourrait, toutefois, que je ne sois pas en mesure de procéder à des tests intégrés des systèmes modifiés avant le mois de juin. Si jamais des problèmes étaient repérés lors des tests intégrés, ma priorité sera de veiller à ce que l'intégrité de l'élection ne soit pas compromise. Même si cela me paraît improbable — j'insiste là-dessus: je ne crois pas que ce soit probable —, je pourrais devoir retarder la mise en œuvre de certains changements pour l'élection de l'automne 2025 en cas de préoccupations techniques.
Il serait donc prudent d'intégrer au projet de loi un mécanisme qui permettrait une certaine marge de manœuvre. J'ai fait une proposition à cet égard dans le tableau que je vous ai soumis.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, d'être parmi nous aujourd'hui, ce matin.
Récemment, le Bureau du Conseil privé a répondu par écrit au Comité, disant que des représentants du NPD avaient assisté en coulisses, le 25 janvier et le 30 mars, à des séances d'information données par le Bureau du premier ministre et Élections Canada et avaient obtenu des informations pour l'élaboration du projet de loi.
Monsieur Perrault, vous avez assisté à ces deux séances. Comme vous le savez, le projet de loi soulève la controverse, puisqu'il était évident que le NPD et les Libéraux avaient négocié une entente pour repousser la date des élections afin de protéger les pensions de leurs députés, qui allaient probablement perdre leur siège.
Nous savons que le personnel d'Élections Canada et vous-même avez assisté à ces deux réunions. Pourriez-vous dire au Comité si vous ou le personnel d'Élections Canada avez, à d'autres occasions, eu des rencontres, des séances d'informations ou des communications téléphoniques ou en personne avec des membres du NPD présents ou concernés, au sujet du projet de loi , avant qu'il soit annoncé?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais répéter la question que j'ai déjà posée deux ou trois fois.
Pourriez-vous dire au Comité, et le confirmer par écrit, si à l'exception des réunions tenues le 25 janvier et le 30 mars, vous ou le personnel d'Élections Canada avez, à d'autres occasions, eu des rencontres, des séances d'informations ou des communications téléphoniques ou en personne avec des membres du NPD présents au sujet de l'élaboration et de l'étude du projet de loi avant qu'il soit annoncé?
Je ne parle pas de réunions générales sur la politique, qui est habituellement tenue après l'annonce du projet de loi — j'ai, par la suite, eu des réunions avec vous, monsieur Perrault, sur différents sujets —, mais précisément de réunions avec le NPD concernant le projet de loi avant qu'il soit annoncé.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Perrault, encore une fois, bienvenue. Nous sommes heureux de vous voir ici.
J'aimerais me concentrer sur l'une de vos recommandations sur l'interdiction des déclarations trompeuses. Je sais que le sujet a été abordé à quelques reprises, ici, puisque les conservateurs ont déjà essayé de déformer votre témoignage aujourd'hui, mais nous aimerions parler de l'hypertrucage et de l'utilisation de l'intelligence artificielle. Je crois que vous avez qualifié cette technologie de choc pour le système, un « choc » pour le système électoral du Canada. Je crois que c'est une bonne chose de considérer cela comme une grande préoccupation. C'est certainement une chose qui me préoccupe.
J'ai eu la chance de siéger au comité de l'industrie et de travailler sur un projet de loi, dont une partie porte sur... Le projet de loi s'appelle Loi sur l'intelligence artificielle et les données, ou la LIAD. Il s'agit de la loi sur l'intelligence artificielle que notre gouvernement a proposée. Malheureusement, elle a été bloquée pendant un bon moment par les partis de l'opposition. Néanmoins, voici une occasion de parler de son lien avec le projet de loi .
Vous avez fait quelques recommandations précises. Pourriez-vous nous donner un peu plus de détails sur son importance, puisque la désinformation pourrait être un élément perturbateur pour notre démocratie, dans l'élection à venir, peu importe quand elle aura lieu? Je vous prierais de vous concentrer sur vos recommandations spécifiques.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Perrault, je vous remercie de votre présence.
Dans votre allocution d'ouverture, vous avez dit être contre le fait de changer la date des élections. Il est étrange que le gouvernement cherche à vous dicter quoi faire et qu'il s'ingère dans vos activités alors que vous êtes indépendant. L'article 56.2 de la Loi électorale du Canada donne au directeur général des élections la latitude de veiller à modifier la date, au besoin. Toutefois, le projet de loi dicte quoi faire au directeur général des élections.
Cela n'a-t-il pas l'apparence d'un gouvernement qui cherche à défendre les intérêts d'un grand nombre de ses députés, en reportant la date précise pour leur assurer une pension? Même si on met de côté cet intérêt, cela ne laisse-t-il pas présumer ou ne donne-t-il pas l'impression que le gouvernement ne fait pas confiance au directeur général des élections pour prendre, de façon éclairée, neutre et indépendante, la décision de changer une date comme celle-là?
:
Je vais poursuivre dans le même ordre d'idées.
Il est étrange que la date qui vous serait imposée par le gouvernement entre en conflit avec les dates de plusieurs scrutins. Vous avez parlé du Nunavut, mais il y a aussi les élections municipales au Québec.
De plus, le vote par anticipation aurait lieu la fin de semaine précédente, c'est-à-dire le 27 octobre. En matière de gestion des effectifs, des ressources humaines et des ressources matérielles, il s'agit d'un véritable casse-tête. Le gouvernement vous place dans une situation extrêmement difficile, il faut le dire.
Bien sûr, la majorité des libéraux sont en milieu urbain, mais chez nous, à Mont-Saint‑Michel, ou à Lantier, deux scrutins vont avoir lieu dans la même salle, parce qu'il n'y en a qu'une par petite municipalité.
J'aimerais avoir vos commentaires à cet égard.
:
Il s'agit effectivement d'un casse-tête. Au niveau fédéral, on est nécessairement en conflit avec un grand nombre d'élections de différents territoires, municipalités et provinces.
Comme je l'ai indiqué, il n'y a pas de date parfaite. Si on garde la date actuelle, il y a un conflit avec les élections municipales en Alberta. On ne peut pas ignorer cela. Si j'avais une date parfaite, je serais le premier à en faire la recommandation au gouverneur en conseil, mais, selon le régime qui existe déjà dans la loi, il n'y a pas de date parfaite.
Ce que je dis, c'est que la date actuelle, soit le 20 octobre, n'est certainement pas la pire. Si on fixe la date au 27 octobre, cela pose des défis particuliers pour le Nunavut. Au Nunavut, le recrutement constitue un important défi. Les communautés sont petites, et, souvent, peu de locaux sont disponibles. Je crois qu'il serait très difficile de tenir l'élection en même temps que celle du Nunavut.
Toutefois, il ne faut pas s'imaginer qu'il n'y aura pas de conflit le 20 octobre, et qu'il y a une date, par exemple à l'automne, où il n'y aura pas de conflit. Il y a toujours des conflits.
:
D'accord. Merci, monsieur le président.
Merci de comparaître devant le Comité aujourd'hui, et j'apprécie le professionnalisme avec lequel vous abordez votre rôle. Vous comprenez les règles très claires et neutres ainsi que l'importance de tenir des élections et des activités de lobbying.
Je suis très heureuse que M. Gerretsen ait obtenu des précisions et qu'il se soit assuré que nous soyons mis au courant de l'important travail que vous avez fait sur les politiques et les questions plus vastes touchant l'amélioration des élections, puisque nous souhaitons encourager les gens à participer pleinement au processus électoral.
Je voulais mentionner les problèmes spécifiques que vous avez avec le déplacement de la date des élections. Le NPD a été très clair en annonçant l'amendement qu'il a l'intention de proposer, pour ramener les élections à leur la date d'origine. J'espère que cela apaise vos préoccupations à ce sujet. Oui. Génial. Parfait.
Je voulais vous poser des questions à propos des dispositions actuelles de la Loi électorale du Canada en ce qui concerne la publicité partisane et électorale. Les communications entre les syndicats et leurs membres ont clairement été exclues. Les dispositions spécifient que les communications réglementées sont celles qui sont destinées au public.
Cela étant, pourriez-vous expliquer la décision d'Élections Canada d'interpréter plus largement les activités partisanes et les sondages électoraux? Je pose cette question car aucune exemption claire n'existe et qu'aucun public spécifique n'est clairement défini, mais il n'y a pas de restrictions non plus.
C'est bien cela? Pourriez-vous expliquer ces larges interprétations?
:
Certainement. Merci de la question.
La loi précise que certaines activités ne sont pas de la publicité. Ce n'est pas fait à titre d'exemption ou d'exclusion, mais bien pour plus de certitude. La loi dit, par exemple, que les communications entre les syndicats et leurs membres... Il y a un livre. Il dresse une liste de choses qui offrent une plus grande certitude, pas de la publicité, alors il ne s'agit pas d'une exclusion.
D'un autre côté, elle prévoit très clairement que les activités et les sondages de nature partisane sont réglementés, sans exception ou, pour plus de certitude, que certaines activités sont écartées. Cela ne veut pas dire que ces activités ne peuvent pas avoir lieu. Cela veut dire que, si un syndicat ou toute autre entité mène des sondages ou des activités partisanes jusqu'à un certain seuil, elle doit s'inscrire et sera assujettie à une limite, laquelle, je dois dire, est assez généreuse. On parle de plus d'un million de dollars pendant la période électorale et de plus d'un demi-million de dollars, avec l'inflation, maintenant, pendant la période électorale.
Il ne s'agit pas d'activités interdites d'une quelconque manière, mais elles sont réglementées.
:
Cela ne change rien, alors il n'y a rien qui est entravé. Parfait. Merci.
L'article 9 du projet de loi recule de deux jours la date limite pour l'inscription d'un candidat, du jour E moins 21 au jour E moins 23, mais il donne aussi aux candidats la capacité de s'inscrire pendant la période préélectorale. Dans le cas de la date d'élection fixe, il pourrait y avoir un grand gain de temps, mais dans le cas d'une élection partielle, ce que nous avons vu beaucoup, ou d'une élection éclair, ce qui pourrait se produire, il ne semble pas y avoir de gain. Il pourrait y avoir une perte.
Pourriez-vous me dire si mon résumé est correct?
Vous avez aussi mentionné, avec le tableau que vous avez présenté avec vos déclarations préliminaires, que vous soutenez ce changement. Pourriez-vous expliquer pourquoi?
:
C'est quelque chose que j'ai envisagé.
Tous les candidats affiliés à ce mouvement font l'objet d'un rapport nul. C'est tellement facile de signer un rapport nul que je pense que plusieurs agents officiels pourraient s'en charger.
Je ne connais pas les raisons qui sous-tendent cette politique. En ce qui concerne la signature, elle est justifiée parce que les électeurs appuient la nomination d'un candidat précis — et pas celle de n'importe qui dans le monde qui veut déposer sa candidature. Je pense que le fait de permettre à une personne de déposer une série de 75 mises en candidature et de permettre aux gens de les signer une à la suite de l'autre ne respecte pas la raison d'être des signatures des candidats. C'est pour cette raison que j'ai proposé cette mesure.
Au cours des quatre dernières élections partielles, j'ai dû modifier les prescriptions de la loi compte tenu du nombre de candidats. Cela veut dire que je laisse de côté la volonté du Parlement, ce que je ne fais pas à la légère. Le Parlement a conçu le bulletin de vote d'une certaine façon, et on peut discuter et débattre des amendements afin de décider si c'est ce qu'il faut faire, mais selon moi, le fait de laisser de côté la volonté du Parlement est un geste sérieux. Je ne prends pas cette décision à la légère, mais il n'y a pas d'autre façon de permettre tant de mises en candidature. Je pense effectivement que c'est un problème.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier M. Sampson et M. Perrault d'être venus nous voir et pour tout le travail acharné qu'ils font afin de moderniser la Loi électorale du Canada.
J'aimerais revenir en 2014, et vous rappeler la Loi sur l'intégrité des élections, que vous avez étudiée avant d'assumer vos nouvelles fonctions, j'en suis certain. Elle a été grandement critiquée parce qu'elle restreignait le vote. Le droit de vote est essentiellement le droit fondamental dans une démocratie. Il est absolument obligatoire de présenter une pièce d'identité pour voter, et l'on sait avec certitude que, de toute évidence, cela a fait en sorte que les Autochtones, les personnes âgées, les résidents du Nord et des régions rurales et, surtout, les jeunes ont eu de la difficulté à voter.
Pourriez-vous dire à notre comité, selon vous, quels progrès nous avons faits au cours des 10 dernières années au regard des premiers amendements proposés par la , alors qu'elle était ministre de la Réforme démocratique au sein du gouvernement libéral, et nous expliquer où nous en sommes maintenant.
Vous pourriez peut-être pour terminer parler du vote sur les campus et de ce que vous prévoyez pour faire augmenter la participation des jeunes. M. Gerretsen et moi représentons de grands campus, qui seront ravis de voir cela, et je pense que cela aidera à augmenter la participation des électeurs.
:
Dans n'importe quel projet de loi qui concerne les élections, il y a des aspects que Élections Canada appuie et d'autres qu'il aime moins. Notre rôle est de soutenir le travail des parlementaires dans l'étude de ces projets de loi, et c'est ce que je fais ici, aujourd'hui.
À l'époque, il y avait des préoccupations. Certaines ont été réglées plus tard, dans la Loi sur la modernisation des élections de 2018. On a modifié des choses dans la Loi sur l'intégrité des élections, comme les dispositions relatives aux lignes directrices et aux notes d'interprétation, des améliorations importantes sous le régime. Il n'y a pas toujours un projet de loi parfait.
Je pense que, au fil du temps, une des vertus du système canadien, c'est que nous réexaminons régulièrement la loi, que nous tirons des leçons et que nous apportons des améliorations. En voici un autre exemple.
Présentement, que le projet de loi soit adopté ou non, il y aura des votes sur les campus aux prochaines élections. Nous travaillons présentement avec 119 campus d'établissements postsecondaires. C'est autant que la dernière fois, en 2019. C'est essentiellement la même chose, sauf quelques changements mineurs; 119, c'est un chiffre non négligeable. Aux dernières élections, en 2019, la participation n'a pas été très élevée. Au total, 70 000 jeunes électeurs ont choisi d'utiliser ce système.
Quoi qu'il en soit, c'est une première expérience importante pour les électeurs. Nous savons que les électeurs qui votent quand ils sont jeunes voteront le reste de leur vie. On a évidemment entendu dire que des gens étaient déçus de ne pas avoir eu la possibilité de voter sur un campus, aux dernières élections. Je suis très heureux de ramener cela. Comme je l'ai dit, ce sera possible, que ce soit ou non dans le projet de loi.
:
Respectueusement, je crois que leur préoccupation concerne les dispositions prévues dans la de 2018, et non pas un quelconque amendement que je propose ou le projet de loi.
Comme je l'ai dit, aucune de ces dispositions n'interdit aux syndicats de s'engager, de tenir des discussions ou de faire de la promotion partisane. Toutefois, comme tout autre groupe, s'ils dépensent plus que la somme établie, ils doivent s'inscrire; ils peuvent alors dépenser jusqu'à, je dirais environ 1,2 million ou 1,3 million de dollars, pendant la période préélectorale, avec l'inflation, et sans doute 600 000 $, durant la période électorale — j'arrondis, ici, en tenant compte de l'inflation —, donc ils ont assez de latitude pour faire des sondages et mener des activités partisanes, mais ils doivent s'inscrire.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Perrault, je m'inquiète de la vulnérabilité des gens vivant dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée. Je m'explique: dans ma vie personnelle, j'ai passé cinq années auprès de mon père, qui était atteint de la sclérose latérale amyotrophique. Il ne pouvait plus utiliser ses membres, mais il pouvait encore parler, ce que d'autres personnes atteintes de cette maladie ne peuvent plus faire.
Au cours de ces cinq années, il y a eu une élection.
Actuellement, au paragraphe 243.01(1) de la Loi électorale du Canada, il est écrit ceci:
L'électeur qui a besoin d'aide pour voter peut être accompagné, à l'isoloir aménagé dans le bureau du directeur du scrutin, soit d'un ami, de son époux, de son conjoint de fait ou d'un parent, soit d'un parent de son époux ou de son conjoint de fait, qui l'aide à marquer son bulletin de vote.
Au paragraphe 243.01(2) de la même loi, il est écrit:
La personne mentionnée au paragraphe (1) qui désire aider un électeur à marquer son bulletin de vote fait au préalable une déclaration solennelle, selon le formulaire prescrit, portant qu'elle:
a) marquera le bulletin de vote conformément aux instructions de l'électeur;
b) ne divulguera pas le vote de l'électeur;
c) ne tentera pas d'exercer une influence sur celui-ci dans son choix;
d) n'a pas déjà aidé, lors de l’élection en cours, une autre personne, à titre d’ami, à voter.
Or, le projet de loi C‑65, au paragraphe 38(1), propose de remplacer le paragraphe 243.01(1) ci-dessus par ce qui suit:
L'électeur qui a besoin d'aide pour voter peut être accompagné à l'isoloir aménagé dans le bureau du directeur du scrutin d'une personne qui l'aide à marquer son bulletin de vote.
De plus, le projet de loi, au paragraphe 38(2), propose d'abroger l'alinéa 243.01(2)d) ci-dessus.
Ces modifications proposées m'inquiètent. J'aimerais connaître votre avis par rapport au fait que des personnes pouvant accompagner des électeurs à l'isoloir pourraient être en position d'autorité. Ce pourrait être, par exemple, un membre du personnel soignant.
:
Quand on fait un changement important concernant la façon dont les gens votent, je pense que la population doit avoir confiance à l'intégrité du processus.
En ce qui concerne le vote par téléphone, je pense que cela pourrait se faire, mais je sais que cette façon de faire n'est pas considérée comme aussi sûre, donc c'est une question difficile. Il est tout à fait possible que nous envisagions quelque chose de similaire, soit de voter par Zoom ou Teams, où les gens pourraient confirmer leur identité et montrer leur visage, pour que l'on sache plus clairement de qui il s'agit, avant de les envoyer dans une autre salle pour qu'elles votent de façon anonyme.
La technologie peut nous aider à améliorer l'intégrité perçue de ce genre de vote à distance, et, selon moi, nous devrions nous y pencher.
Je sais que, aux États‑Unis, le vote à l'auto est pratique courante et très bien acceptée. Les gens ayant des handicaps se feront conduire ou conduiront jusqu'au bureau de scrutin et des représentants iront à leur rencontre avec une boîte de scrutin. C'est une recommandation que nous avons faite par le passé qui n'a pas été acceptée par le Parlement, mais je crois que c'est quelque chose que nous devrions envisager.
Je crois que nous devons toujours explorer de nouvelles façons de mieux servir les électeurs ayant un handicap.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Par votre entremise, je souhaite remercier les témoins de leur présence aujourd'hui.
Je voudrais clarifier un point.
Monsieur Perrault, vous avez parlé de l'initiative relative au plus long bulletin de vote. Je vous demanderais de me corriger si je me trompe. Il y a quelques années, lorsque quelqu'un voulait se présenter comme candidat à une élection fédérale, n'était‑il pas tenu de verser un certain montant? Il me semble qu'il fallait mille dollars pour être candidat.
Je ne pense pas que cela s'applique encore aujourd'hui. Je ne veux pas que l'on interdise aux personnes qui souhaitent se présenter aux élections de le faire pour des raisons financières, mais cela permettrait‑il de réduire le nombre de — je ne veux pas les appeler « faux candidats », car il s'agit de candidats légitimes —, personnes qui figurent sur un bulletin de vote de 91 noms?
:
Il me reste juste une brève question de suivi.
En ce qui a trait au vote sur le campus, quand nous en avons parlé lorsque vous étiez là précédemment, nous avons mentionné la possibilité de faire participer le système d'éducation, qui est de compétence provinciale, non seulement pour sensibiliser les étudiants au vote, mais aussi, comme vous l'avez mentionné, pour inciter les jeunes à voter. Parfois, même au secondaire, des étudiants organisent des simulations d'élections et ainsi de suite.
Je suis consciente que vous ne faites pas référence à cela dans ce projet de loi, mais y a‑t‑il quoi que ce soit que vous souhaiteriez inclure, ou que vous recommandez que nous ajoutions, au chapitre de la mobilisation des jeunes?
:
Chers collègues, nous allons poursuivre.
Nous accueillons un certain nombre de témoins, autant en ligne qu'en présentiel.
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux personnes suivantes, qui comparaissent à titre personnel: Colin Bennett, professeur émérite et chercheur associé au département de science politique du Centre d'études mondiales à l'Université de Victoria, qui se joindra à nous en ligne; Gerald Chipeur, un avocat de la Cour du Roi; Michael Pal, professeur à la faculté de droit de l'Université d'Ottawa; et, Alim Lila, vice-président ainsi qu'Ayesha Khan, membre du comité de gestion, de l'Association canadienne indo-caribéenne.
Chers témoins de l'Association indo-caribéenne du Canada, si vous m'entendez, sachez que nous ne pouvons vous voir, alors s'il vous plaît assurez-vous d'allumer vos caméras dès que possible. Merci beaucoup.
Chaque témoin disposera de cinq minutes. L'Association indo-caribéenne du Canada disposera de cinq minutes au total pour les deux témoins.
Sur ce, monsieur Bennett, nous allons commencer par vous. S'il vous plaît, veuillez vous assurer que votre micro est bien activé et qu'il se situe environ à mi‑chemin entre votre nez et votre bouche. Votre temps de parole débute maintenant.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
J'ai étudié et mené des recherches dans le domaine de la protection de la vie privée à l'échelle tant nationale qu'internationale pendant plus de 40 ans, et mes recherches récentes portent sur les utilisations bonnes et mauvaises des données personnelles lors des campagnes électorales. Je souhaite aborder entièrement les exigences de l'article 444 sur les « renseignements personnels recueillis par les partis politiques ».
Premièrement, je doute que la loi électorale soit le véhicule législatif approprié pour imposer des obligations en matière de protection des renseignements personnels aux partis politiques fédéraux. La loi contemporaine sur la protection de la vie privée est complexe et exige beaucoup plus que les obligations de transparence prévues dans le projet de loi . Les amendements requis s'intègrent mal dans une loi conçue pour réglementer le déroulement et le financement des élections.
Si le gouvernement souhaite réellement établir un régime de protection des renseignements personnels « national, uniforme, exclusif ou complet » applicable aux partis politiques fédéraux et aux organisations qui œuvrent pour eux en réponse au litige en cours en Colombie‑Britannique, il pourrait soit intégrer les partis dans l'actuel projet de loi , modifiant la LPRPDE, soit adopter une loi nationale distincte sur la protection des renseignements personnels qui s'appliquerait à eux.
Deuxièmement, la loi sur la protection des renseignements personnels, comme vous l'a indiqué le commissaire à la protection de la vie privée au cours de sa communication, devrait comprendre tous les principes internationalement reconnus en matière de protection des renseignements personnels, en plus de dispositions sérieuses et applicables en matière de surveillance et de responsabilisation.
Les dispositions actuelles permettent essentiellement aux partis politiques fédéraux de récolter toutes les données personnelles qu'ils souhaitent auprès de toutes les sources et de les traiter comme ils l'entendent, à condition d'être transparents, de donner des exemples représentatifs et de ne pas les vendre.
Ils n'accordent aux personnes aucun droit d'accès et de rectification, et ces dispositions ne prévoient donc guère plus qu'une autoréglementation, en totale contradiction avec le consensus international actuel sur la manière de protéger les informations personnelles à l'ère numérique moderne.
Troisièmement, contrairement à la sous-section 444.1 proposée, qui « vise à établir un régime national, uniforme, exclusif et complet » applicable aux partis politiques fédéraux ainsi que pour les organisations qui travaillent pour eux, au chapitre de la protection des renseignements personnels, je suis d'avis que ces modifications ne font rien de tel.
Un récent rapport provenant d'OpenMedia, fondé sur l'analyse des déclarations nationales et provinciales des dépenses de campagne, révèle que plus 90 entreprises au Canada travaillent pour des partis politiques aux paliers fédéral, provincial et municipal. Rien dans ces amendements n'oblige les partis politiques à obtenir un consentement lorsqu'ils récoltent des données personnelles auprès des Canadiens; en revanche, les entreprises qui travaillent pour les partis en vertu d'un contrat et qui sont régies par les lois fédérales et provinciales sur la protection des renseignements personnels doivent s'assurer que les données personnelles sont recueillies légalement, selon une décision datant de 2019 des commissaires à la protection de la vie privée du Canada et de la Colombie‑Britannique. J'estime qu'il est probable que l'article 444 va engendrer une confusion chez les entreprises qui traitent les informations personnelles au nom de partis politiques.
Quatrièmement, il n'existe aucune surveillance indépendante digne de ce nom. Les obligations de conformité se fondent sur la notion que le directeur général des élections peut et doit mettre fin à l'enregistrement d'un parti si ce dernier ne soumet pas une politique de confidentialité valide. Le régime de sanctions administratives pécuniaires à l'encontre des personnes commettant des infractions est également inefficace.
D'ailleurs, rien n'indique ce qu'une personne est censée faire si elle n'est pas satisfaite de la façon dont l'agent de la protection des renseignements personnels du parti concerné réagit à une plainte. Avec tout le respect que je dois à Élections Canada et au commissaire aux élections fédérales, je ne suis pas d'avis qu'il possède les ressources ou l'expertise nécessaires pour contrôler l'environnement technique complexe des campagnes numériques modernes. Le Commissariat à la Protection de la vie privée du Canada joue, comme il le devrait, un rôle collaboratif au sein du processus de surveillance, ce qui ressemblerait à ce qui existe en Colombie‑Britannique.
Enfin, il n'existe pas de mécanisme efficace pour signaler les atteintes à la sécurité des données. Nous avons déjà été témoins d'un certain nombre d'atteintes aux données de la part de partis politiques, et il est probable que cela se poursuive. Les dispositions actuelles n'obligent les partis qu'à informer les personnes affectées s'ils jugent qu'elles sont exposées à un « réel risque de préjudice significatif ». Il doit également y avoir une obligation de signaler de telles violations à un organisme indépendant, comme le Commissaire à la protection de la vie privée.
Le Canada est l'un des rares pays démocratiques où la législation nationale sur la protection des renseignements personnels ne s'applique pas aux partis politiques et aux informations sensibles sur les opinions politiques qu'ils recueillent. Rien ne prouve, malgré les affirmations des partis, que le respect de ces lois dans d'autres pays et administrations, y compris en Colombie‑Britannique et au Québec, entrave l'engagement politique, mine leur capacité de recruter des bénévoles ou les empêche de communiquer avec l'électorat.
De plus, il n'existe aucune raison crédible pour laquelle les Canadiens devraient jouir de droits de la protection des renseignements personnels lorsqu'ils traitent avec des agences gouvernementales et des organisations commerciales, mais pas avec des partis politiques.
Au fond, il ne s'agit pas seulement d'une question de droit de protection des renseignements personnels, mais il s'agit également d'une question de santé et de résilience de notre démocratie.
Les campagnes politiques changent de façon draconienne à mesure que les élections sont de plus en plus fondées sur des données et que des éléments tels que l'analyse des électeurs, la modélisation prédictive et l'intelligence artificielle, dont vous avez discuté plus tôt avec le directeur général des élections, alimentent les communications des campagnes électorales. Il est urgent d'élaborer et d'appliquer un ensemble solide et cohérent de règlements applicables en matière de protection des renseignements personnels aux partis politiques fédéraux, et les dispositions du projet de loi ne permettent pas d'atteindre ces objectifs, à mon avis.
Merci beaucoup.
Mon témoignage de cet après-midi va aborder trois aspects.
Premièrement, l'article 482.01 proposé du projet de loi est, selon moi, une violation de l'alinéa 2b) de la Charte. En effet, comme ce qui s'est passé avec les lois électorales de Hong Kong, cet article peut être utilisé pour réprimer l'expression protégée des citoyens et des médias.
Deuxièmement, l'article 358 proposé du projet de loi n'exclut pas de manière efficace toutes dépenses que les acteurs étrangers dans le pays engagent pour influencer les élections fédérales. En effet, il se peut qu'un acteur étranger ait simplement financé toutes les contributions d'une tierce partie habile au moins deux ans avant une élection générale.
Troisièmement, il est préférable de dépolitiser le rôle du directeur général des élections en commençant par lui interdire de changer l'interprétation de la loi entre les élections à moins qu'il reçoive des instructions du Parlement ou des tribunaux pour l'inciter à le faire, et en révoquant ensuite la section 4 de la partie 18 de la Loi électorale du Canada. C'est la partie qui régit les candidats à l'investiture.
C'est la première chose, et ensuite je vais aborder la liberté de la presse.
L'article 482.01 proposé ne devrait pas être adopté. Il devrait être retiré, car il favorise l'abus et viole l'alinéa 2b) de la Charte. L'application de la loi électorale récente à Hong Kong devrait inciter les députés à réfléchir au pouvoir que cela confère aux fonctionnaires pour réguler l'expression.
Il y a seulement une semaine, les médias canadiens se sont énormément focalisés sur le sujet. L'article 482.01 va à l'encontre de la Charte, étant donné qu'il punit une fausse déclaration liée au processus démocratique. Je suis d'avis que les tribunaux du Canada ne vont pas maintenir cette disposition.
L'article 482.01 proposé n'est rien d'autre qu'une reformulation de la loi sur la sédition ou la lèse-majesté. Le Royaume-Uni a aboli ces lois en 2010, et la cour constitutionnelle belge a invalidé une loi similaire en 2021, car celle‑ci violait la Constitution belge.
Dans nos tribunaux, le juge Pedlar, en Ontario, en 2006, dans l'affaire 790R3‑515, a formulé ce commentaire concernant les poursuites pour diffamation lancées par le gouvernement:
... Je juge que le fait qu'une entité gouvernementale comme le demandeur [ici] engage une poursuite pour diffamation contre l'un de ses citoyens est incompatible avec l'article 2b) de la [Charte]. Le risque associé à l'usage de la diffamation comme outil pour inhiber toute critique des activités gouvernementales institutionnelles, et donc la liberté d'expression, est plus élevé que le risque associé au fait de permettre de telles critiques, même si elles sont excessives.
Par la suite, la juge Côté, dans un jugement unanime, a mentionné à la Cour suprême du Canada, dans l'affaire 1704604 c. Pointes Protection Association — c'est 2020 RCS 587 — que même une expression vexatoire serait à l'abri de poursuites bâillons ou SLAPP, lorsqu'il est question de « la participation à la démocratie ». C'est au paragraphe 30.
En ce qui concerne l'influence étrangère, je remarque que les articles 349 et 349.4 feront l'objet d'un amendement. C'est une bonne étape, mais l'article 358.1 est miné par le paragraphe 358(2) proposé dans le projet de loi , et c'est parce que, aux termes de ce paragraphe, une tierce partie peut simplement contourner toutes les limitations de cet article en s'arrangeant pour qu'une tierce partie ou des acteurs étrangers financent la tierce partie en question au moins deux ans avant une élection fédérale prévue.
Enfin, je remarque que la participation du directeur général des élections dans la gouvernance interne d'un parti politique a été condamnée par la Cour d'appel de l'Ontario dans l'affaire Longley c. Canada. C'est l'affaire 852 de la Cour d'appel de l'Ontario, de 2007. Nous nous intéressons à l'article ou au paragraphe 74. Dans ce paragraphe, le tribunal affirme ce qui suit:
Il importe de veiller à ce que l'impartialité de ce rôle public essentiel ne soit pas inutilement compromis — véritablement ou potentiellement, aux yeux du public — par la mise sur pied d'un régime qui fait appel au directeur général des élections pour qu'il décide de la façon dont un parti politique gère ses affaires internes ou de la façon dont celui‑ci dépense son [argent].
En incluant les candidats à l'investiture...
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que le Comité et la greffière de l'invitation à comparaître aujourd'hui. Je suis professeur et j'enseigne en bas de la rue, à la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa, et mes domaines de spécialité sont la loi électorale et la loi constitutionnelle.
Compte tenu de l'importance du projet de loi , il y a un certain nombre d'éléments d'intérêt. Je vais essentiellement commenter, dans le délai qui m'est imparti, le même sujet que M. Bennett, c'est‑à‑dire les règles régissant la protection des renseignements personnels des électeurs, car je pense que des amendements seraient utiles ici.
Comme nous le savons certainement tous très bien ici, les partis politiques utilisent énormément les données. Cependant, les partis politiques fédéraux échappent aux lois fédérales encadrant la protection des données des secteurs public et privé. Il y avait ou il y a certaines dispositions dans la Loi électorale du Canada qui encadrent l'utilisation abusive de la liste des électeurs, mais à part cela, les restrictions étaient relativement minimes et elles étaient certainement loin de notre vision de l'information juste ou des principes de protection des données généralement reconnus qui s'appliquent dans la plupart des secteurs privé et public.
Les amendements récents apportés à la Loi électorale du Canada ont tenté de favoriser la mise en place d'un régime de protection des renseignements personnels, qui s'appliquerait aux partis politiques, compte tenu en particulier, de la en 2018, qui impose aux partis d'avoir une politique à ce chapitre. Le problème, c'est que, bien que la Loi sur la modernisation des élections ait permis de franchir une étape supplémentaire, elle n'a pas imposé de limites considérables à l'égard de l'usage, de la collecte, de la conservation et de l'analyse d'informations personnelles de nature délicate d'une façon qui rassurerait les Canadiens quant à la façon dont leurs données sont recueillies et utilisées.
Cela vaut la peine de revoir certaines des dispositions spécifiques du projet de loi , dont certaines permettent, selon moi, de franchir une étape importante, tandis que d'autres nécessitent, selon moi, d'importants amendements.
L'article 444.2 proposé permettra aux partis autorisés de « recueillir, utiliser, communiquer et conserver des renseignements personnels » dans la mesure où ils le font « conformément à la politique sur la protection des renseignements personnels du parti ». Encore une fois, la règle est liée à une politique en particulier et non à des principes indépendants liés à d'autres valeurs de la protection des données. Les partis et les entités agissant au nom du parti « sont tenus de se conformer à la politique sur la protection des renseignements personnels » ou ils s'exposent à des sanctions administratives pécuniaires. Les partis doivent maintenant protéger les renseignements personnels qui relèvent d'eux « au moyen de mesures de sécurité matérielles, organisationnelles et techniques [adaptées] ». Je pense qu'il s'agit d'une avancée positive, mais il faut définir davantage ce que sont des moyens de sécurité « adaptés ». Cette définition est plus explicite dans la loi.
Fait plus important, il est maintenant interdit aux partis de continuer de « vendre les renseignements personnels », de communiquer des renseignements personnels « dans le but de causer du tort », et de « fournir des renseignements faux ou trompeurs » ayant trait à leurs pratiques de collecte de données. Je pense que ces trois mesures sont certainement acceptées et représentent un pas de plus par rapport aux amendements de 2018.
Le problème principal qui reste, cependant, c'est que les amendements visent à s'assurer que les partis, leurs bénévoles et leurs représentants adhèrent à la politique du parti concerné sans imposer de limites considérables concernant la façon dont les données peuvent être recueillies et utilisées, hormis ces limites spécifiques ayant trait à la vente et à la communication des renseignements.
Pour conclure, je dirais que c'est un important pas en avant. Il reste encore beaucoup à faire. La préoccupation la plus importante tient certainement au fait de faciliter la participation démocratique. C'est une bonne chose pour la démocratie canadienne et les élections que les partis recueillent des données et les utilisent. Cette collecte facilite la communication avec les électeurs, elle facilite la publicité et permet d'être plus attentif au public. Cependant, les Canadiens ont des attentes de plus en plus élevées à l'égard de la façon dont les entités perfectionnées au Canada protègent leurs données, et même si nous adoptions les amendements du projet de loi , il reste encore du chemin à parcourir.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Alim Lila et je suis actuellement vice-président de l'Association canadienne indo-caribéenne. En outre, je préside le comité de planification VOICE de l'organisme, qui est le volet de notre organisme consacré à l'engagement civique. Je suis accompagné aujourd'hui par Ayesha Khan, membre du conseil d'administration de l'organisme.
L'Association canadienne indo-caribéenne a été créée le 1er mai 2021 dans le but de relier, de servir et d'amplifier la communauté indo-caribéenne du Canada. Nous offrons un certain nombre de services et de programmes communautaires dans le but de combler un vide pour notre communauté sous-représentée et mal desservie.
La communauté indo-caribéenne possède des racines dans les Caraïbes avec des ancêtres indiens. Nous représentons une double diaspora. Notre culture dynamique a contribué à de nombreux éléments importants de la culture moderne des Caraïbes. Notre communauté est également composée de personnes issues de différents groupes confessionnels, notamment des hindous, des musulmans et des chrétiens, et c'est ce qui la rend si spéciale.
J'ai rejoint l'Association canadienne indo-caribéenne en 2022 pour soutenir ses efforts visant à modifier la date des élections municipales en Ontario en raison d'un conflit avec Diwali. Je m'identifie comme musulman, mais je reconnais l'importance de garantir à notre communauté entière l'accès au processus démocratique.
En outre, je pense qu'il est important que le droit de vote n'entre pas en conflit avec la participation d'une personne à une célébration religieuse ou culturelle d'importance. Qu'il s'agisse de Diwali, de l'Aïd, de Bandi Chhor Divas, de Rosh Hashana ou de Pâques, nous devons comprendre et respecter la diversité de notre pays et veiller à ce que chacun soit libre de participer à ses pratiques culturelles et religieuses tout en conservant son accès à la participation à nos institutions démocratiques.
Je passe maintenant la parole à ma collègue, Ayesha Khan.
Merci aux membres du Comité de nous avoir accueillis ici aujourd'hui.
Le projet de loi comprend plusieurs mesures visant à garantir que davantage de Canadiens ont la possibilité de participer à une élection. Nous devons veiller à ce qu'il y ait le moins d'obstacles possible pour qu'un Canadien puisse participer à une élection.
En tant que nation qui clame fièrement qu'elle bénéficie de sa société multiculturelle, nous devons veiller à la modernisation de nos institutions démocratiques afin de refléter et de respecter cette réalité. Lorsque des obstacles à la démocratie sont cernés, les sociétés progressistes y remédient.
À juste titre, les bureaux de vote doivent être accessibles. Les options de vote doivent être élargies pour tenir compte de la population active. C'est le propre d'une société moderne qui respecte la voix des personnes qui la composent. Le fait de veiller à ce que les élections générales n'aient pas lieu le jour de Diwali constitue un pas important dans cette direction.
En 2024, 2,3 millions de Canadiens se sont déclarés d'origine sud-asiatique. L'Inde a été la première source d'immigration au Canada entre 2016 et 2021. Ces statistiques ne tiennent pas compte non plus de la communauté indo-caribéenne en pleine expansion au Canada.
L'Association canadienne indo-caribéenne approuve la proposition de déplacer la date des élections pour qu'elle n'entre pas en conflit avec Diwali. Dans de nombreux pays des Caraïbes, comme la Guyane et Trinité, Diwali est une fête nationale, au même titre que d'autres fêtes religieuses telles que l'Aïd et Noël.
Nous ne demandons pas cela, mais nous pensons que notre gouvernement devrait reconnaître l'importance considérable de Diwali et veiller à ce que les Canadiens qui observent cette fête religieuse n'aient pas à choisir entre leurs pratiques religieuses et leur droit de vote démocratique. Cela ne se limite pas aux électeurs, mais organiser une élection le jour de Diwali, ou à toute autre date culturelle ou religieuse importante est injuste pour les candidats, le personnel de campagne, les organisateurs politiques, les bénévoles, les sympathisants et le personnel électoral qui observent cette occasion.
En fait, à l'occasion des élections municipales qui se sont tenues en 2022 en Ontario, la Ville de Brampton a dû mettre en œuvre des mesures pour faire face à…
À l'occasion des élections municipales qui se sont tenues en 2022 en Ontario, la Ville de Brampton a dû mettre en œuvre des mesures pour faire face à des démissions sans précédent 24 heures avant l'ouverture des bureaux de vote.
En 2022, j'ai participé à une campagne électorale municipale dans ma communauté d'origine. Je me suis retrouvée dans la position délicate de soutenir un candidat en qui je crois, mais je n'ai pas pu passer cette soirée spéciale avec ma famille. Je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas. Je me souviens d'avoir fait du porte‑à‑porte le soir des élections et d'avoir vu des habitants quitter la maison et faire la queue pour voter en tenue traditionnelle, et des voitures sortir des allées qui arboraient déjà des lampes traditionnelles. Malgré l'observation, certains membres de ma communauté estimaient qu'il est important d'exercer leur droit de vote démocratique. Personne ne devrait être confronté à ce choix.
De plus, la modification de la date des élections n'est pas un concept nouveau au Canada. En 2007, le gouvernement de l'Ontario a modifié la date des élections du 4 octobre au [difficultés techniques] en raison d'un conflit avec la fête juive de Shemini Atzeret, au cours de laquelle certains membres de la communauté juive orthodoxe ne pourraient pas voter.
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Je suis d'accord avec vous.
J'ai trois préoccupations par rapport à cette approche.
La première est l'article 3 de la Charte. Toute l'idée du droit de vote est individuelle, et le droit de se présenter aux élections est individuel. La loi elle‑même parle d'élire des députés individuels. Si une personne est élue en tant que députée, alors elle n'est pas tenue de rester avec le parti avec lequel elle s'est présentée au Parlement.
Ce sont les trois préoccupations. La première est la loi elle-même, qui parle de l'élection de personnes. La deuxième, c'est que les personnes, une fois élues, sont libres de se ranger du côté de n'importe quel parti. La troisième, c'est que la Charte elle-même énonce des droits qui sont de nature individuelle.
L'approche qui consiste à inscrire le nom d'un parti semble être — du moins de mon point de vue, et je ne m'appuie sur aucune jurisprudence — incompatible avec ces trois approches.
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Absolument. C'était effectivement la préoccupation soulevée par le juge Pedlar, je pense, dans les tribunaux ontariens.
L'idée que l'on puisse être poursuivi pour ses propos… Le fardeau de la preuve incombe au gouvernement, mais il incomberait à la personne de prouver la véracité de ses propos. S'ils étaient faux et qu'elle « savait » qu'ils l'étaient, elle pourrait faire l'objet de poursuites. Sans entrer dans la question de savoir si la personne aurait ou non gain de cause dans sa défense, le coût de la défense, en soi, serait si élevé que les personnes se contenteraient de respecter le bureaucrate ou le directeur général des élections sans s'engager dans cette bataille, alors que la seule chose qu'elles souhaitaient faire, c'était de participer au processus démocratique.
Le processus démocratique dont nous parlons accroît l'examen qu'un tribunal accorderait à cette loi. J'ai souligné les mots de la juge Côté de la Cour suprême du Canada. Elle a dit que, lorsque nous parlons du processus démocratique et de la participation au processus démocratique, ce type d'expression doit se voir accorder une plus grande protection. Lorsqu'il s'agit de trouver un équilibre entre, disons, la protection de la réputation d'une personne ou de l'institution du gouvernement, les tribunaux devraient pencher du côté de la liberté d'expression, et non pas de la protection de la réputation ou, si vous le voulez, du nom de l'institution ou de la crédibilité du processus.
Il ne fait aucun doute que l'institution des élections est très importante, mais les tribunaux ont penché du côté de la liberté d'expression au Canada. Je pense que les tribunaux d'autres sociétés libres et démocratiques comme la Belgique et le Royaume-Uni ont également dit qu'il n'est pas nécessaire d'invoquer la protection de la Couronne.
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Merci beaucoup de poser la question.
La liberté d'expression politique est l'une des valeurs fondamentales de la Charte canadienne des droits et libertés. C'est pourquoi nous devons faire très attention en adoptant une loi électorale qui limite la liberté d'expression politique. Étant donné que la désinformation et la mésinformation sont maintenant très présentes et qu'elles représentent, franchement, des tactiques délibérées, souvent d'acteurs étrangers, d'acteurs étatiques et non étatiques, qui sont hostiles à la démocratie canadienne, il s'agit de problèmes très pressants.
Le projet de loi a clarifié certaines des infractions qui existent, en partie dans la Loi sur la modernisation des élections, qui comportait quelques ambiguïtés. Le libellé était vaste, mais il n'était pas clair que les hypertrucages étaient nécessairement couverts. Le projet de loi l'a clarifié, alors je pense que c'est une bonne chose.
Là où mon point de vue diffère peut-être de celui de mon collègue ici présent aujourd'hui, c'est à l'article 482.01. Encore une fois, je suis professeur de droit constitutionnel. Je pars du principe que nous devons absolument protéger la liberté d'expression politique. Toutefois, une des tactiques dans le monde entier, de la part d'acteurs hostiles à la démocratie, consiste à miner la confiance envers le système électoral en propageant la désinformation au sujet de la qualité des élections et de leur administration. Par conséquent, l'article 482.01 constitue, à mon avis, une tentative utile pour réagir à certaines de ces préoccupations.
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Je suis désolé. C'est bon. Merci.
OpenMedia a travaillé sur un certain nombre des entreprises employées par les partis politiques aux échelons fédéral, provincial et municipal. Il s'est avéré qu'il y avait environ 90 entreprises différentes.
Mon point est le suivant: ces entreprises doivent se conformer à la loi fédérale ou provinciale sur la protection des renseignements personnels, principalement la LPRPDE, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, à l'échelle fédérale. Bon nombre d'entre elles ne traiteront pas des données personnelles des partis politiques, mais certaines le feront, alors elles doivent s'assurer que cette information est fournie avec le consentement approprié, généralement. C'est ce qu'ont dit les commissaires fédéraux et provinciaux à la protection de la vie privée dans une décision concernant AggregateIQ, l'entreprise en cause dans le scandale de Cambridge Analytica.
Mon point concernant le projet de loi , c'est que, peu importe la mesure dans laquelle vous le modifiez, il sera toujours incompatible avec les règles que les entreprises devront respecter. Par conséquent, il ne fournit pas le régime uniforme pour les partis politiques et l'utilisation des renseignements personnels dans les campagnes politiques que le projet de loi prétend atteindre.
J'espère que c'est clair.
Monsieur Pal, quand il est question d'intelligence artificielle, je suis inquiète.
Pas plus tard que mardi dernier, j'ai demandé au greffier, au sergent d'armes et au légiste et conseiller parlementaire de la Chambre des communes quel défi planétaire, qui nous concerne de l'intérieur, devrait nous préoccuper le plus. La première réponse à venir a été l'intelligence artificielle.
D'ailleurs, j'arrive d'une conférence internationale à laquelle participaient plus de 50 pays. Le sujet de l'heure était l'intelligence artificielle.
Pour agir, il faut avoir des outils qui ont du mordant. C'est bien beau d'apporter des modifications à une loi, mais nous devons avoir ce qu'il faut pour intervenir. Ce n'est pas une question de qualité ou d'innovation.
En tant que législatrice, je suis très inquiète. Bien sûr, il y a un rythme à suivre, mais il y a aussi la vraie vie. Le processus d'une élection générale est extrêmement complexe. Dans un contexte où l'aspect numérique prend davantage d'espace, que peut-on faire pour aider les gens à voter?
J'aimerais connaître votre opinion à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Je pense que je vais reprendre la série de questions de Mme Gaudreau.
Monsieur Pal, vous avez copublié un livre au sujet des cybermenaces, qui porte sur les conséquences plus grandes des dangers de ces cybermenaces sur la façon dont l'information, la désinformation et la mésinformation touchent les électeurs, ainsi que la protection des électeurs.
Je veux poser une question sur l'utilisation étendue de l'intelligence artificielle dans la publicité partisane. Quelles limites la loi électorale impose‑t‑elle actuellement aux publicités?
Doit‑on apporter des modifications, compte tenu du fait que nous savons maintenant que, en marketing, c'est maintenant un fait connu que les gens sont manipulés pour consommer?
Si vous comparez les manœuvres électorales à l'adoption d'un produit, comment pourrions-nous modifier les lois ou suivre cette évolution lorsque nous le constatons dans la publicité? Comment l'utilise‑t‑on contre les gens avec l'intelligence artificielle? Quels sont les dangers?
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Pour ce qui est de la publicité partisane et électorale, l'outil le plus robuste de la loi électorale, ce sont les limites de dépenses. Je pense que le directeur général des élections a mentionné qu'il existe des limites de dépenses très généreuses pour les tierces parties pendant la période pré-électorale. Elles sont plus limitées pendant la période électorale.
Les limites de dépenses ont été confirmées comme étant constitutionnelles par la Cour suprême du Canada à maintes reprises. Il y a l'affaire Harper, l'affaire Libman et l'affaire B.C. FIPA. Il existe un certain nombre de cas.
À certains égards, l'outil est moins efficace parce que la technologie a fait en sorte qu'il en coûte beaucoup moins pour participer à des communications politiques. C'est une chose positive. Cela a permis de démocratiser la capacité des gens de communiquer avec un grand nombre d'électeurs, mais cela signifie également que les limites de dépenses des tierces parties et celles visant la publicité politique et partisane sont moins efficaces lorsque les entités utilisent la technologie pour communiquer à un coût très faible.
En partie, si ces infractions au sujet des fausses déclarations et d'autres choses existent, c'est parce que nous essayons de cibler la communication dans les publicités, plutôt que le montant dépensé. Je pense que cela nous oblige à trouver de nouveaux mécanismes pour utiliser la technologie de façon responsable. Le Parlement l'a fait avec les entreprises de médias sociaux dans la Loi sur la modernisation des élections. Nous ne savions pas quelles publicités étaient publiées sur Facebook, mais il existe maintenant un répertoire des publicités.
Je pense que nous devons modifier de la même façon les lois électorales en fonction de l'intelligence artificielle et d'autres nouvelles technologies. Le projet de loi a été modifié d'une certaine façon, mais je pense que l'on doit réfléchir davantage, en tant que société canadienne, pour essayer d'en tenir compte. La technologie et les techniques changent si rapidement que l'on doit essayer d'y réagir en temps réel.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Chipeur, je ne sais pas si vous le savez ou non. J'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire lors de la toute première législature, sous l'administration actuelle, qui aurait considérablement limité le montant d'argent que des tiers pourraient utiliser en provenance de sources étrangères.
Je sais que mon collègue, M. Cooper, vous a déjà posé une question à ce sujet, mais je vais vous donner un exemple hypothétique.
La fondation Tides, selon les renseignements qui sont du domaine public, possède environ 1,4 milliard de dollars d'actifs. La fondation David et Lucille Packard possède 6,7 milliards de dollars d'actifs. Pew Charitable Trusts possède 6,7 milliards de dollars. Ces trois organisations, à elles seules, ont un peu moins de 15 milliards de dollars d'actifs. Elles financent des organisations, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada et ailleurs, par l'intermédiaire d'organisations non gouvernementales, d'organismes sans but lucratif, etc.
Toutes ces organisations pourraient choisir de s'inscrire en tant que participantes au processus électoral lorsque nous tiendrons des élections fédérales. Bien entendu, elles s'alignent éventuellement sur un parti politique. Je ne prends que ces trois exemples. Nous ne parlons même pas des syndicats. Nous ne parlons pas d'acteurs étrangers, d'acteurs étatiques ou de quoi que ce soit de ce genre.
Des milliards de dollars pourraient provenir de toutes sortes de sources. Les changements proposés ici ont peut-être aidé, mais il est illégal, au Canada, pour tout parti politique d'accepter de l'argent de l'extérieur du Canada. Pourquoi est‑ce toujours illégal?
Selon vous, devrait‑il être légal pour tout parti enregistré qui souhaite participer à une élection de recevoir des fonds de l'extérieur du Canada, point final?
Nous considérons que c'est un obstacle pour les membres de notre communauté, la communauté indo-caribéenne, qui fait partie de la diaspora sud-asiatique. Cependant, nous constatons également que les Canadiens d'origine bengalie et indienne rencontrent les mêmes obstacles.
Le défi est le suivant: les gens essaient de participer de façon équilibrée à ces obligations religieuses. Diwali est une fête très importante pour les communautés hindoue, jaïne et sikhe. Elles doivent trouver un équilibre entre ces obligations et ce droit le plus important: la capacité de participer au processus démocratique. Nous en avons été témoins. Comme ma collègue Ayesha l'a souligné dans ses remarques, nous l'avons vu lors des élections municipales en Ontario en 2022. Les gens ont vécu ce défi en temps réel.
Pour répondre à votre question, cependant, en tant qu'organisme communautaire, nous avons déployé beaucoup d'efforts pour « inciter les gens à voter » et à voter par anticipation. Toutefois, notre engagement auprès de nos intervenants et des membres de la communauté nous a permis de constater que ce conflit était évident et ressenti.
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C'était une question sur l'intégrité démocratique des élections.
La démocratie électorale est gravement menacée partout dans le monde, c'est pourquoi nous cherchons tous des solutions pour essayer d'avoir plus d'intégrité dans nos élections. Il y a certains domaines dans lesquels le Canada s'en tire très bien. Il y en a d'autres où on peut faire plus, notamment en ce qui a trait aux courses à l'investiture.
En ce qui concerne particulièrement la question que vous avez posée plus tôt sur l'adaptation aux nouvelles technologies, notamment l'IA, je vais revenir à mon témoignage à l'enquête sur l'ingérence étrangère. Il s'agit de s'adapter aux techniques en constante évolution de ceux qui sont hostiles à la démocratie au sens large. Je pense que le projet de loi prévoit un certain nombre de mécanismes différents qui, dans l'ensemble, nous rapprochent de cet idéal d'intégrité électorale, mais je crois que le directeur général des élections a mentionné des mises à jour périodiques de la loi. Nous avons eu une grande modification plus tôt, celle de la Loi sur l'intégrité des élections, en 2018. Je suppose que le Comité étudiera un autre changement important dans les années à venir, car nous devrons continuer de mettre à jour la loi pour faire face à ces nouveaux défis.
Je crois que je vais m'arrêter là.
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Excellent. Merci beaucoup.
Chers collègues, nous avons un point à l'ordre du jour à régler avant de lever la séance, mais je vais donner la possibilité à nos témoins de quitter la réunion maintenant.
Merci beaucoup à tous ceux qui ont pris le temps de nous rencontrer aujourd'hui.
Chers collègues, j'ai parlé de façon informelle avec des membres de tous les partis l'autre jour d'une invitation que nous avons reçue de la part de membres du Parlement ukrainien qui aimeraient nous rendre visite. Nous avons été d'accord, mais nous devons adopter une motion de procédure pour aller de l'avant.
Je vais lire cette motion et demander le consentement des personnes présentes. J'en ai parlé avec vous tous avant la réunion, donc j'espère qu'il n'y aura pas de problème.
La motion est ainsi rédigée:
Que le Comité rencontre, lors d'une réunion informelle, une délégation de femmes parlementaires du Parlement ukrainien le jeudi 28 novembre 2024, et que le Comité prenne en charge les frais d'accueil liés à cette réunion.
Autrement dit, il ne s'agit pas d'une réunion officielle. Vous n'êtes pas obligés d'y assister. Il n'y aura pas de discussion sur les affaires du Comité. Il s'agit simplement d'une occasion pour ces femmes parlementaires du Parlement ukrainien de se joindre à nous.
(La motion est adoptée.)