Nous sommes saisis d'une motion de Mme Michaud. Quelqu'un veut débattre de la motion? Je vois des hochements de tête.
S'il y a consentement unanime du Comité, pouvons-nous adopter cette motion?
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci, madame Michaud.
Allez‑y, monsieur Morantz.
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Monsieur le président, j'aimerais aborder une question rapidement avant de passer aux témoins.
J'ai une motion qui a fait l'objet d'un avis de motion. J'aimerais en faire la proposition et la lire aux fins du compte rendu:
Étant donné que de récents dépôts de documents judiciaires ont révélé des détails troublants sur un attentat terroriste lié à l'EIIL qui a été déjoué et qui visait les Canadiens juifs sur la Colline du Parlement, et que les crimes haineux ont augmenté de 251 % au cours des neuf dernières années,
Le Comité donne immédiatement la priorité à une étude visant à enquêter sur la hausse spectaculaire des attentats terroristes et des actes de violence ciblant la communauté juive du Canada, y compris l'attentat terroriste déjoué sur la Colline du Parlement; que l'étude comprenne pas moins de six réunions; que le ministre de la Sécurité publique, le conseiller spécial sur les relations avec la communauté juive et l'antisémitisme auprès du premier ministre, le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, le directeur du Service de protection parlementaire, le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité et d'autres responsables des forces de l'ordre, ainsi que des organisations de la société civile et du milieu universitaire, notamment le Centre for Israel and Jewish Affairs et le B'nai B'rith, soient invités à témoigner dans le cadre de cette étude; et que le Comité fasse rapport de ses conclusions et de ses recommandations à la Chambre.
Monsieur le président, brièvement, il s'agit d'une motion très importante étant donné ce qui s'est passé. J'étais à ce rassemblement en décembre dernier, alors que des centaines de personnes se trouvaient sur la Colline du Parlement. Si la GRC n'avait pas fait de l'excellent travail pour déjouer ce complot, le carnage aurait été tel que nous n'aurions jamais pu l'accepter.
Les révélations au sujet de cet attentat terroriste déjoué ciblant la communauté juive sur la Colline du Parlement frappent au cœur même de notre démocratie. C'est quelque chose qui devrait préoccuper énormément les parlementaires.
Je tiens à remercier ma collègue, , une concitoyenne de Winnipeg, d'avoir présenté cette importante motion.
Aujourd'hui, nous accueillons une importante témoin. Je propose donc que nous mettions rapidement la motion aux voix afin de revenir à notre témoin.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le député de ses propos. Je suis d'accord avec lui. Ce qui se passe actuellement en ce moment est extrêmement préoccupant. J'ai eu de nombreuses conversations avec le rabbin Stephen Wise, dans ma circonscription, au sujet de la montée de l'antisémitisme.
Je viens de lire un article sur le nombre de jeunes radicalisés par l'EIIL. Nous avons aussi un autre problème dans ce pays, à savoir la montée de l'islamophobie et la montée de la radicalisation des jeunes, principalement en ligne.
Monsieur le président, j'avais également présenté une motion.
J'espère que nous pourrons entendre Mme Southern, qui a pris le temps de venir ici aujourd'hui. Nous l'avons convoquée à comparaître.
J'aimerais lire la motion que j'ai ici. J'espère que nous pourrons en débattre de manière plus approfondie lors d'une prochaine réunion.
La motion que j'avais proposée...
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Je veux juste que ce soit clair, car la députée a d'abord mis une condition — étant donné que nous avons une témoin —, ce qui en fait une motion non dilatoire.
Mme Pam Damoff: Non, elle ne peut pas faire l'objet d'un débat.
M. Marty Morantz: Je pense que c'est une motion sujette à débat. Si la motion avait simplement été « Je propose d'ajourner le débat », j'aurais convenu qu'il s'agit d'une motion dilatoire.
Pour citer ses propos exacts, elle a dit: « [...] puisque nous avons convoqué cette témoin à comparaître aujourd'hui, j'aimerais proposer d'ajourner le débat. » Je pense que vous devriez consulter le greffier, car je crois que cela rend la motion conditionnelle et sujette à débat.
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La décision du président est maintenue. Par conséquent, nous revenons à la motion proposée par Mme Damoff visant à ajourner le débat sur la motion qui a été présentée par M. Morantz.
Nous allons tenir un vote par appel nominal.
(La motion est rejetée par 6 voix contre 5.)
Le président: La motion visant à ajourner le débat est rejetée.
Nous revenons à l'ordre des interventions. On m'a dit que l'ordre des interventions est à la discrétion de la présidence et, techniquement, Mme Damoff a toujours la parole.
M. Lloyd sera le prochain intervenant, suivi de Mme Michaud puis de M. Johns. C'est l'ordre des interventions actuel.
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Merci, monsieur le président.
Je vais répéter ce que j'ai dit. Nous avons pris le temps d'assigner un témoin à comparaître. Elle est prête à témoigner sur un sujet que nous jugeons tous important, et je trouve très regrettable que nous retardions les choses.
Je vais proposer un amendement assez important à la motion de M. Morantz. Je l'ai dans les deux langues officielles. Il vise essentiellement à modifier la motion de M. Morantz pour refléter la motion que j'ai lue précédemment.
Je ne veux pas prendre le temps de le relire, mais je pense que tous les membres devraient s'inquiéter du nombre de jeunes qui sont radicalisés et du fait que cela se passe sur les plateformes de jeux et sur les médias sociaux. Nous devons élargir l'étude pour qu'elle ne se limite pas à un seul attentat. Il y a plusieurs personnes.
Je présenterai mon amendement, et je suppose que vous voulez le distribuer, monsieur le président.
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Le greffier me dit que, du point de vue de la procédure, c'est sur l'ensemble du sujet.
Je vois des gens qui hochent la tête dans la salle.
Des députés: D'accord.
Le président: Nous ajournons le débat sur la motion et l'amendement.
Merci de votre patience, madame Southern.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 19 septembre 2024, le Comité reprend son étude sur l'ingérence russe et les campagnes de désinformation au Canada.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre témoin d'aujourd'hui, Mme Lauren Southern.
Madame Southern, je tiens à préciser que votre témoignage, ou celui de tout autre témoin, est protégé par le privilège parlementaire. La procédure et les usages de la Chambre des communes énonce ce qui suit:
Les témoins qui comparaissent devant un comité jouissent de la même liberté de parole que les parlementaires et de la même protection contre l'arrestation et la brutalité.
Avant de poursuivre, je dois informer le Comité que la citation à comparaître n'a pas pu être signifiée à Liam Donovan. Le Comité peut décider s'il souhaite prendre des mesures à ce sujet.
Nous allons céder la parole à Mme Southern pour qu'elle fasse sa déclaration liminaire.
Honorable président et membres estimés du Comité, je tiens à vous remercier de m'avoir invitée avec tant d'enthousiasme à prendre la parole aujourd'hui.
Je suis Lauren Southern. Je suis cinéaste, youtubeuse et fière Canadienne.
À la fin de 2023, une entreprise du nom de Tenet Media m'a engagée pour réaliser des vidéos hebdomadaires. Récemment, le département de la Justice des États-Unis a publié un acte d'accusation selon lequel les fondateurs de Tenet auraient créé la société conjointement avec deux citoyens russes, le financement provenant au final du gouvernement russe. Selon l'acte d'accusation, les fondateurs de Tenet Media ont trompé les personnes qu'ils avaient engagées en ce qui a trait à leur prétendue source de financement.
Je tiens à préciser quelques points d'entrée de jeu.
Premièrement, à aucun moment durant ma collaboration avec Tenet, je n'ai eu connaissance des allégations contenues dans l'acte d'accusation.
Deuxièmement, j'étais la seule personne à avoir un contrôle créatif sur mes vidéos. Personne de Tenet ou d'ailleurs n'a jamais dicté les sujets que j'abordais ou les opinions que je défendais.
Je cherche toujours à lutter contre la désinformation sous toutes ses formes et j'ai donc le devoir d'informer ce comité que la désinformation s'est répandue dans ces murs mêmes. Certains médias et même des témoins qui ont comparu à ce comité ont tenté de dépeindre Tenet comme un acteur extrêmement influent dans le paysage médiatique politique. Franchement, ce n'est pas vrai.
Un témoin précédent à ce comité, qui n'a pas été contesté, a déclaré que Tenet Media contrôlait un réseau de plus de 16 millions d'abonnés. Ce n'est pas vrai. Sur sa plus grande plateforme, YouTube, Tenet avait à peine plus de 300 000 abonnés. Je crois que le chiffre total de 16 millions fait référence au nombre total d'abonnés parmi toutes les personnes dont les vidéos sont sous contrat ou sous licence avec Tenet. Avec un tel nombre d'abonnés et compte tenu de tous les faits, Tenet n'avait absolument aucun contrôle sur... Déclarer que Tenet contrôlait ces abonnés reviendrait à déclarer qu'une chaîne de télévision a une incidence sur la présidence des États-Unis parce qu'elle diffuse des reprises de l'émission The Apprentice. Le même témoin a déclaré que Tenet avait obtenu plus d'un milliard de visionnements de vidéos et 20 milliards d'impressions. Je n'ai absolument aucune idée de la provenance de ces chiffres. Des données publiques très facilement accessibles montrent que, sur sa plus grande plateforme, Youtube, Tenet n'a reçu que 16 millions de visionnements au total.
Selon les chiffres trompeurs du témoin, il a affirmé que la Russie en avait eu pour son argent. N'importe qui qui connaît sommairement les nouveaux médias sait cependant que 10 millions de dollars pour 16 millions de visionnements sur YouTube, ce n'est pas très rentable. C'est en fait un échec total. Par conséquent, si les allégations sont vraies, il y a un bon côté à cette affaire. Il semble que la Russie ait tenté d'influencer les médias occidentaux, mais elle a échoué lamentablement.
Maintenant, je sais que la principale préoccupation de ce comité est de savoir comment ce fiasco a pu influencer les Canadiens. Eh bien, j'étais la seule commentatrice canadienne et la seule animatrice qui abordait constamment les questions canadiennes. En fait, si l'entreprise avait exercé un contrôle créatif sur moi, ce qui n'est pas le cas, elle m'aurait demandé de cesser de réaliser des vidéos canadiennes, car elles n'ont pas donné de très bons résultats. Par conséquent, si vous craigniez que ce prétendu argent russe influence indûment les questions canadiennes, j'ai une bonne nouvelle: cela ne s'est pas produit.
Je vais être honnête. J'ai trouvé surréaliste de voir notre gouvernement, nos experts et nos médias affirmer que les textes que je notais dans mon application quand j'étais dans la file d'attente à l'épicerie faisaient secrètement partie d'une gigantesque campagne d'influence étrangère. On peut soutenir que l'incidence réelle sur les Canadiens a été les deniers publics qu'ils ont dû dépenser pour enquêter sur ce faux problème.
Certains médias et ce gouvernement semblent avoir conclu que la seule raison pour laquelle un Canadien ordinaire pourrait avoir certaines opinions qui ne concordent pas avec celles de l'administration libérale actuelle est la désinformation pernicieuse et généralisée de la Russie. J'aimerais proposer une autre hypothèse. Je sais que cela peut paraître insensé. Je sais que cela dépasse les limites de la pensée concevable, mais peut-être, juste peut-être, que certains Canadiens ont fait appel à leur sens moral et ont décidé qu'ils ne veulent pas que ce pays finance des guerres étrangères. Ils verront peut-être les files d'attente dans les hôpitaux ou les prix des logements et ils se diront que l'immigration est peut-être un peu élevée. Ils ont peut-être perdu leur entreprise pendant le confinement et se sont dits, « Je m'inquiète pour mes libertés dans ce pays. »
Certains membres de ce gouvernement s'acharnent à exagérer drastiquement l'étendue de l'influence étrangère parce qu'ils ne tolèrent pas l'idée qu'ils pourraient avoir tort sur un point et qu'une majorité croissante de Canadiens s'opposent légitimement et naturellement à ce qu'ils font. Ils ne peuvent tout simplement pas concevoir qu'ils deviennent naturellement impopulaires, si bien qu'il doit y avoir un jeu déloyal en cours.
Permettez-moi encore une fois d'être bien claire: personne d'autre que moi, dans le cadre de mes véritables expériences en tant que Canadienne, n'a influencé mes opinions. Aux membres du gouvernement qui nous écoutent, je suggère qu'ils prennent connaissance de ces opinions, car elles sont en train de devenir rapidement celles de la majorité de cette nation.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Southern, d'être venue devant ce comité aujourd'hui. Cette étude est très intéressante et j'ai trouvé votre déclaration d'aujourd'hui intéressante, et elle a répondu à un certain nombre de questions que j'allais vous poser, mais j'ai encore quelques questions supplémentaires.
L'acte d'accusation — et vous l'avez lu, je suppose — allègue que les employés de RT et Tenet Media ont utilisé un faux personnage nommé Eduard Grigoriann pour tromper les commentateurs. Avez-vous déjà été pressentie par une personne se faisant passer pour Eduard Grigoriann pour produire du contenu?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie Mme Southern d’être ici et d’avoir accepté notre invitation à témoigner, aujourd'hui.
Madame Southern, je vais m’exprimer en français, donc, si vous voulez mettre votre oreillette, vous aurez l'interprétation en anglais.
Vous avez mentionné plus tôt que vous aviez entièrement le contrôle sur le contenu de vos vidéos. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de regarder ces vidéos. Je ne sais pas si vous pouvez nous parler un peu du sujet et des contenus que vous abordiez. Cela nous aiderait peut-être à comprendre pourquoi Tenet Media vous a approchée en premier lieu. On a allégué que Tenet Media serait sous influence russe.
Pourquoi Tenet Media vous aurait-elle choisie pour faire trois vidéos par semaine et deux documentaires par mois?
Si vous pouvez nous donner quelques exemples de sujets que vous abordez dans vos vidéos, je vous en serais reconnaissante.
Je voudrais prendre deux secondes pour répondre aux allégations. On me traite d'écervelée parce que j'ai mené une entrevue avec Alexandre Dougine. C'est l'émission de la chaîne TVO The Agenda with Steve Paikin qui m'a inspiré ce projet. Même s'il a réalisé lui aussi une entrevue avec M. Douguine, M. Paikin ne se ferait pas traiter d'écervelé par la Chambre. Je crois que des efforts délibérés sont déployés à des fins politiques pour me calomnier.
Au sujet des raisons pour lesquelles j'ai été choisie pour tourner ces vidéos, ce doit être parce que j'ai diffusé beaucoup de contenus depuis les 10 dernières années. La multitude de documentaires que j'ai réalisés ont attiré des millions de visionnements et ont encouragé bon nombre de personnes à explorer des réalités qui leur étaient inconnues jusque‑là, comme les assassinats d'agriculteurs en Afrique du Sud, ou mon film Borderless, qui traite de l'immigration de masse en Europe du point de vue des immigrants, qui ont carrément été piégés et vendus comme du bétail par des individus se livrant à la traite de personnes.
Je fais depuis longtemps du journalisme honnête sur des problèmes que la plupart ont peur d'aborder. Voilà pourquoi, à mon avis, les gens de Tenet m'ont demandé de travailler avec eux.
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Je ne me souviens pas d'avoir réalisé de vidéos sur la situation de la Russie et de l'Ukraine. Par contre, j'en ai réalisé plusieurs sur le Canada en m'appuyant sur ma propre expérience de Canadienne.
J'ai réalisé entre autres une vidéo sur les prix du logement à Vancouver, que j'ai vu augmenter jusqu'à des niveaux absurdes. Des membres de ma famille qui habitaient près de chez moi ont été forcés d'aller vivre dans des parcs de maisons mobiles parce qu'ils ne pouvaient plus payer leur loyer en raison de la flambée des prix du logement. Je me penche sur les effets de l'inflation sur le panier d'épicerie et sur la situation des familles qui ont du mal à payer leur nourriture en raison des mauvaises politiques fiscales du gouvernement libéral. Ces thèmes constituent la matière première de mes vidéos.
Mes vidéos portent également sur les préoccupations que suscite l'immigration de masse sans politique d'intégration. Il y a quelques semaines, une amie a failli perdre sa fille dans une collision avec une voiture dont le conducteur, un immigrant, avait refusé d'obtenir un permis de conduire valide. La fille de mon amie s'en est sortie indemne, mais le conducteur a essayé de l'intimider pour ne pas qu'elle communique avec l'Insurance Corporation of British Columbia.
Puisque nous sommes aux prises avec l'immigration de masse sans politique d'intégration, avec des acheteurs étrangers qui viennent faire gonfler les prix de l'immobilier au pays et avec les conséquences de décisions qui relèguent au second plan la population canadienne, les points de vue exprimés dans mes vidéos font beaucoup d'adeptes.
Je suis désolée de le répéter, mais je dirais à ceux qui prétendent que ce contenu est de la propagande étrangère qu'ils ont tort. Personne ne m'a demandé d'exprimer ces points de vue. J'ai grandi à Surrey, en Colombie-Britannique. Je vis au Canada. Je survis d'un chèque de paie à l'autre en ce moment. Comme beaucoup d'autres Canadiens, j'en arrache sous ce gouvernement, et je ne me suis fait dicter aucune des opinions que je mets dans mes vidéos.
Je comprends votre situation et votre histoire, mais vous semblez quand même prendre à la légère l’ingérence étrangère.
Les allégations devant nous sont extrêmement sérieuses. L’ingérence et la désinformation russes existent, au Canada, en ce moment. J’ai l’impression que vous n’êtes pas inquiète de la même façon que je le suis pour nos institutions démocratiques.
Est-ce que je me trompe? Pensez-vous que l’ingérence étrangère est extrêmement préoccupante?
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C'étaient des collègues dans le domaine des médias qui travaillaient pour différentes entreprises. Nous nous étions déjà côtoyés à des événements politiques, peut-être à quelques reprises seulement.
Mme Chen et moi avions une relation plutôt cordiale. Elle m'a appelé pour me dire qu'elle démarrait une nouvelle entreprise et qu'elle avait un investisseur dans le domaine de la technologie. Au début, pour être honnête, la proposition ne m'intéressait pas tellement. Ensuite, elle m'a appelée quelques fois de plus et m'a dit que ce serait un contrat où j'aurais une liberté d'expression totale, et que je pourrais faire tout ce que je voulais.
Ils m'ont envoyé l'offre. À l'époque, je cherchais à prendre de l'expansion et à embaucher du personnel pour améliorer la qualité de mes vidéos. Être en mesure de le faire tout en ayant une liberté et un contrôle absolus sur le contenu que je produis est, très franchement, quelque chose que l'on n'obtient dans presque aucune entreprise médiatique — très peu, en tout cas. C'est pourquoi je n'ai pas travaillé dans beaucoup d'entreprises au cours des 10 dernières années, à l'exception de Rebel, qui avait un contrat semblable. Alors, oui, je me considérais assez chanceuse d'avoir trouvé une entreprise en démarrage qui cherchait à donner à ses créateurs le plein contrôle de la création.
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Il y a certainement du vrai là‑dedans.
Je veux continuer à poser des questions, mais je vais prendre un bref moment pour présenter un avis verbal d'une motion, qui se lit comme suit:
Étant donné qu'il a été rapporté cette semaine que les familles des victimes de Paul Bernardo s'étaient vu refuser le droit de présenter leurs déclarations en personne lors de sa prochaine audience de libération conditionnelle, et que la Commission des libérations conditionnelles déclare maintenant qu'elle « s'efforce actuellement de permettre la présentation en personne des déclarations des victimes » qui souhaitent se présenter à l'audience du 26 novembre,
Le ministre de la Sécurité publique
La présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada
L'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels
À comparaître séparément, pendant une heure chacun, pour témoigner de la façon dont ces décisions sont prises et du processus permettant de déterminer si elles sont « incapables d'assurer la sécurité de tous les participants à l'audience ».
Et que ces comparutions aient lieu avant le 17 décembre.
Je vais en parler très brièvement, car je veux revenir à Mme Southern.
Évidemment, tout le monde est au courant de ce qui s'est passé cette semaine avec les familles French et Mahaffy, à qui on a interdit d'assister en personne à l'audience de libération conditionnelle de Paul Bernardo. Franchement, j'ai été choqué et dégoûté de l'apprendre.
La Commission des libérations conditionnelles, ou CLCC, a déclaré qu'elle était « incapable d'assurer la sécurité de tous les participants à l'audience ». Je ne sais pas pourquoi ce serait différent maintenant. Lorsque le détenu était dans un établissement à sécurité maximale, ils étaient autorisés à y assister. Maintenant qu'il a été transféré dans un établissement à sécurité moyenne, on leur dit que la sécurité va poser problème.
Nous avons entendu l'avocat des familles, Tim Danson. Il raconte qu'il était déchirant de voir la réaction douloureuse de Debbie Mahaffy et de Donna French quand elles ont appris que la CLCC leur refusait la possibilité de représenter leurs filles en personne et le droit de faire face à Paul Bernardo.
Selon un article du Toronto Star, il est allé encore plus loin dans sa lettre en qualifiant de « glaçante » la décision de la CLCC. Elle serait contraire à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, qui, selon lui, consacre le droit à prononcer en personne la déclaration de la victime quant aux conséquences de l'infraction.
M. Danson a également déclaré: « Il est incroyable de voir à quel point le “système” est là pour aider et avantager le meurtrier sadique et psychopathe sexuel le plus notoire du Canada, mais pas ses victimes, qui souffrent tous les jours. »
Comme je l'ai dit, monsieur le président, je voulais simplement donner un avis verbal, je vous prie.
Vous savez, c'est drôle. J'étais récemment dans les pays baltes et j'ai rencontré le Centre d'excellence de l'OTAN pour les communications stratégiques. Or , une grande partie de ce que vous avez publié correspond parfaitement aux types de désinformation russe dont j'ai entendu parler, en particulier au sujet de l'immigration. Quoi qu'il en soit, ce n'est qu'un commentaire.
Vous ne cessez de parler de Steve Paikin et du fait qu'il a accordé une entrevue à une personne.
Vous êtes allée en Russie. Si je ne me trompe pas, on vous a interdit l'entrée au Royaume-Uni, n'est‑ce pas?
En septembre dernier, l’Organisation des Nations unies rapportait que, depuis février 2022, soit depuis que la Russie a commencé une guerre illégale contre l’Ukraine, plus de 11 700 civils ukrainiens ont été tués et 24 600 ont été blessés. C’est énormément de gens; je rappelle qu'il s'agit de civils.
Qu’est-ce que cela vous fait de savoir que vous avez obtenu de l’argent d’un pays qui mène cette guerre d’agression contre l’Ukraine et qui a causé des milliers de décès? Est-ce que cela vous rend mal à l’aise?
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Oui, c'est ce que je vais faire.
Compte tenu de ce que j'ai observé dans les médias au cours des 10 dernières années, je crois qu'une grande majorité du contenu est influencé par des entreprises ou des gouvernements nationaux ou étrangers, ou bien qu'il est produit contre rémunération. Je dirais que la moitié des commentaires, des mentions « J'aime » et des vues sont maintenant tous automatisés. Ils ne sont pas légitimes et sincères. On a recours à la désinformation populaire orchestrée.
C'est en partie la raison pour laquelle je renonce personnellement à prendre part aux médias sociaux. Je pense qu'en grande partie aujourd'hui, nous n'interagissons pas avec de vraies personnes dans Internet. C'est très différent maintenant. On peut le sentir, si on a passé du temps dans Internet il y a 10 ans.
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'avoir l'occasion de revenir sur cette question.
J'ai des préoccupations au sujet de l'amendement qui a été proposé, en raison de la suppression de... Comme je l'ai dit plus tôt, je ne pense même pas que cela respecte la portée de la motion, même si le Comité a décidé que c'était le cas. Je déplore que nous n'accordions pas la priorité à cette étude pour enquêter sur la hausse des attentats terroristes et des actes de violence ciblant la communauté juive du Canada, d'autant plus qu'on nous a appris qu'une attaque terroriste avait été déjouée sur la Colline du Parlement, où mon collègue M. Morantz — qui est assis à côté de moi aujourd'hui — était présent, ainsi que le et de nombreux autres députés, sans parler des centaines de membres de la communauté juive et de leurs alliés qui étaient là, sur la Colline du Parlement. Le fait de ne pas en faire une priorité envoie un message assez fort.
Je suis également très préoccupé par le fait que nous n'incluions pas dans la motion le ni le . Je pense que beaucoup de Canadiens, notamment les membres de la communauté juive, aimeraient entendre leur conseiller spécial sur l'antisémitisme, étant donné que cette attaque était sans aucun doute alimentée et motivée par une haine et un antisémitisme profondément ancrés. Je suis très mécontent de voir que cela a été retiré.
Les noms du directeur du Service canadien du renseignement de sécurité et d'autres responsables de l'application de la loi en ont été retirés également. Je suis très inquiet. Je pense que les Canadiens veulent entendre le SCRS à ce sujet. Beaucoup de Canadiens, de membres de la communauté juive et même de mes collègues se demandent pourquoi nous avons appris cela de la presse. Les gens qui étaient là n'en ont même pas été informés. Ils ont dû l'apprendre par les nouvelles. Je pense que c'est également très préoccupant.
Il y a toutefois une chose de positive que je note dans tout cela. La motion libérale d'origine, qui a été lue aux fins du compte rendu par Mme Damoff plus tôt visait à exclure les membres de la communauté juive, y compris le Centre for Israel and Jewish Affairs et B'nai Brith. Je n'aurais en aucun cas voulu appuyer une motion des libéraux qui visait à empêcher les membres de la communauté juive — en particulier ces deux organisations — de témoigner devant le Comité et de s'exprimer à ce sujet. Je suis toutefois heureux de voir que dans l'amendement qu'ils ont proposé, ils n'ont pas essayé d'exclure la communauté juive en retirant ces organisations de la motion, malgré le fait qu'ils aient cherché à en exclure d'autres. Il y a un peu de bon dans tout le mauvais qu'il y a là‑dedans.
De toute évidence, il y a beaucoup de problèmes de criminalité et de sécurité publique dans ce pays. Ils sont tous très graves. Ils sont particulièrement graves pour les collectivités qu'ils touchent. Cependant, je suis vraiment outré que le gouvernement élargisse la portée de cette étude à un point tel qu'il mine l'intérêt d'enquêter précisément sur la montée de la haine antisémite dans ce pays et sur cette attaque à la bombe inspirée par l'État islamique, qui a été déjouée sur la Colline du Parlement.
Je ne sais pas pourquoi Minecraft, Reddit et Snapchat sont inclus là‑dedans. Il y a d'autres organisations. Je ne sais pas trop s'il y a un lien direct entre ces organisations et les attaques. Je ne sais pas si les libéraux ont des renseignements que nous n'avons pas, mais il me semble qu'il pourrait y avoir d'autres témoins très pertinents. Les gens de Minecraft ne sont peut-être pas les meilleurs témoins à inviter dans le cadre d'une étude sur l'antisémitisme et une attaque à la bombe sur la Colline du Parlement. Cependant, je suis heureux d'apprendre que Minecraft a peut-être joué un rôle important dans une attaque terroriste ciblant la Colline du Parlement. Autrement, s'il n'y a aucune preuve que ces entreprises de médias sociaux soient impliquées d'une manière ou d'une autre dans cette affaire, je dirais que les libéraux qui ont proposé cet amendement essaient de miner cette étude et de l'élargir au point où nous tiendrions des réunions inutiles qui n'iraient pas au cœur du problème.
Je pense que parmi les témoins qu'il serait très utile d'inviter à ces réunions, il y a notamment le , le , son sous-ministre, et le SCRS.
Je trouve ahurissant que ce gouvernement ne veuille pas entendre ses propres représentants, son propre ministre et les responsables de nos propres services de sécurité, mais qu'il veuille entendre des gens de Snapchat, Reddit, Minecraft et je ne sais même pas ce que fait Roblox. On dirait le nom d'un jouet avec lequel mes enfants pourraient jouer.
Je suis absolument choqué qu'ils essaient activement de nous empêcher d'entendre des représentants du gouvernement, parce que c'est vraiment la raison pour laquelle nous sommes ici, en comité. Il s'agit de réclamer des comptes du gouvernement. C'est la raison d'être du Parlement. Si nous n'entendons pas les représentants du gouvernement, nous ne faisons pas notre travail. Je suppose que les députés ministériels qui siègent à ce comité estiment que c'est leur rôle de protéger le , les bureaucrates et les fonctionnaires de ce gouvernement.
Ce n'est pas le rôle des parlementaires. Nous sommes là pour exiger des comptes du gouvernement et découvrir la vérité, afin que les Canadiens puissent connaître la vérité sur ce qui se passe. Je sais que tous les Canadiens s'inquiètent beaucoup de la menace d'une attaque sur la Colline du Parlement, qui est au cœur de notre démocratie, au Canada. Le fait que ce soit prétendument des jeunes qui aient cherché à perpétrer cette attaque est très troublant.
Le Comité a mené une étude approfondie sur l'extrémisme violent à caractère idéologique. Je trouve très préoccupant que nous voyions cela se produire et que, dans ce cas — je veux faire très attention parce que je sais qu'il y a des problèmes qui demeurent ici —, des jeunes soient impliqués.
Sur ce, je tiens à préciser que je n'appuierai pas cet amendement à la motion, pour les raisons que j'ai présentées.
Je vais céder la parole au prochain intervenant.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je sais que la réunion a été longue. Même si nous avons commencé en retard, cette réunion paraît très longue. Je sais que le Comité se penche sur de nombreuses questions difficiles. Je suis ici en remplacement de .
D'après ce que nous venons d'entendre des conversations et des réflexions de mes collègues, il y aurait de nombreuses façons de procéder pour la suite des choses. Je pense qu'il y aurait moyen de collaborer sur le contenu de la motion. Mme Damoff a présenté quelques idées. Nous avons aussi évidemment nos idées sur la façon dont nous aimerions procéder, mais il sera 17 h 30 dans deux minutes, et la réunion est censée se terminer à 17 h 30. Beaucoup de députés doivent prendre l'avion afin de retourner dans leur circonscription afin de servir leurs électeurs, monsieur le président.
J'aimerais...
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Il y a une motion d'ajournement. Je vois des hochements de tête. Je vois aussi des non, alors nous allons passer au vote.
(La motion est adoptée par 6 voix contre 5.)
Le président: La motion est adoptée.
Juste avant de lever la séance, très rapidement, le Comité m'a demandé un calendrier la dernière fois. Je n'ai pas de calendrier, mais j'ai un avis à vous donner. Mardi, j'aimerais revenir à l'étude sur les vols de voitures que Mme Michaud a proposée. C'est un sujet très important. Nous pourrions la conclure mardi, puis, jeudi, nous reprendrons notre étude sur l'ingérence étrangère en provenance de l'Inde.
Madame Michaud, vous avez la parole.