Bienvenue à la 61e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Nous commencerons par reconnaître que nous nous réunissons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre du 25 novembre 2021. Les membres sont présents en personne dans la salle et à distance sur la plateforme Zoom.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 28 septembre 2022, le Comité entreprend l'étude du rapport annuel de 2021 du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Nous accueillons aujourd'hui en personne quatre représentants du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, que je désignerai à partir de maintenant par son sigle, le CPSNR, comme tout le monde. Nous accueillons l'honorable David J. McGuinty, président, la sénatrice Frances Lankin, membre, Lisa-Marie Inman, directrice générale, et Sean Jorgensen, directeur des opérations.
Bienvenue à tous. Merci d'être ici.
Comme convenu avant la réunion, un maximum de 10 minutes sera accordé pour les déclarations préliminaires, après quoi nous passerons aux questions.
Monsieur McGuinty, allez‑y, s'il vous plaît. Vous avez 10 minutes.
[Français]
Monsieur le président, membres du Comité, je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
En plus de la sénatrice Frances Lankin, je suis accompagné de deux représentants du Secrétariat du CPSNR: Mme Lisa‑Marie Inman, directrice générale, et M. Sean Jorgensen, directeur des opérations.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici pour discuter du rapport annuel de 2021 du Comité. Le rapport sert deux objectifs. D'abord, il remplit les obligations en matière de rapport annuel du Comité prévues par la loi. Ensuite, il résume le rapport spécial que nous avons produit en 2021, c'est‑à‑dire notre examen sur la cyberdéfense.
Je commercerai par les quatre obligations annuelles du Comité en matière de rapport.
Premièrement, nos rapports annuels doivent comprendre le nombre de fois où un ministre a déterminé qu'un examen que nous avons proposé ne peut pas être réalisé, car il porterait atteinte à la sécurité nationale. Jusqu'à présent, cela ne s'est pas produit.
Deuxièmement, notre rapport annuel doit indiquer le nombre de fois qu'un ministre a refusé de communiquer un renseignement au Comité, car le renseignement est un « renseignement opérationnel spécial » et que sa communication porterait atteinte à la sécurité nationale. Jusqu'à présent, cela ne s'est pas produit.
Troisièmement, nous devons faire rapport sur le nombre de questions dont le Comité est saisi par un ministre aux fins d'examen. En 2021, le Comité a reçu une telle question. Le 4 juin, le ministre de la Santé a présenté au Comité une question concernant de possibles incidents de sécurité au Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg.
Quatrièmement, nous devons inclure nos conclusions et nos recommandations. En 2021, le Comité a présenté quatre conclusions et a formulé deux recommandations, toutes dans le cadre de l'examen sur la cyberdéfense. J'aborderai ce rapport plus tard dans mon allocution.
De plus, au titre de la Loi visant à éviter la complicité dans les cas de mauvais traitements infligés par des entités étrangères, 12 ministères doivent soumettre au ministre compétent un rapport annuel sur les cas de mauvais traitements et doivent fournir ce rapport au Comité dès que possible. Les 12 ministères nous ont chacun fourni leur rapport annuel sur les cas de mauvais traitements.
En poursuivant, je tiens à souligner que l'année dernière a marqué le cinquième anniversaire du Comité. Depuis sa création en octobre 2017, le Comité a réalisé neuf examens et formulé 29 recommandations au gouvernement.
En 2018, le Comité a réalisé des examens sur le voyage du premier ministre en Inde cette année‑là, sur les activités du renseignement militaire et sur la façon dont le Cabinet établit les priorités du gouvernement en matière de renseignement.
En 2019, le Comité a réalisé des examens sur la diversité et l'inclusion, l'ingérence étrangère, l'Agence des services frontaliers du Canada et la collecte et l'utilisation de renseignements sur des Canadiens par les responsables du renseignement militaire.
En 2020, le Comité a livré un aperçu des menaces qui pèsent sur le Canada.
En 2021, le Comité a réalisé l'examen sur la cyberdéfense.
En 2022, le Comité a réalisé un examen sur les activités en matière de sécurité nationale et de renseignement d'Affaires mondiales Canada.
À l'heure actuelle, le Comité termine son examen du mandat de la GRC en matière de police fédérale.
Dans le but de poursuivre notre deuxième examen sur l'ingérence étrangère, le Comité a temporairement suspendu ses travaux sur l'examen de l'interception légale des communications dans le cadre d'activités liées à la sécurité et au renseignement.
Les membres se souviendront peut-être que le CPSNR est dissous pendant les périodes électorales et reconstitué dans les 30 jours de séance suivant le retour du Parlement. Par conséquent, au cours des cinq dernières années, il y a eu environ 12 mois durant lesquels le Comité n'a pas pu poursuivre ses travaux. Il n'a pas pu poursuivre ses travaux en raison de deux élections, celles de 2019 et de 2021.
[Français]
Passons maintenant au « Rapport spécial sur le cadre et les activités du gouvernement pour défendre ses systèmes et ses réseaux contre les cyberattaques », présenté en 2021.
Nous avons réalisé cet examen en raison de l'importance des systèmes et des réseaux fédéraux, qui font partie des infrastructures essentielles du Canada. Ces réseaux stockent une importante quantité de renseignements personnels et servent à la prestation de pratiquement tous les services gouvernementaux.
Les réseaux gouvernementaux sont la cible constante de cyberattaques menées par différents États, particulièrement la Chine et la Russie, et peuvent être vulnérables aux maliciels et à d'autres types de cybercrimes. Aujourd'hui, le gouvernement fédéral est un chef de file mondial dans la protection de ses réseaux, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Au début des années 2010, la Chine a mené des cyberattaques préjudiciables contre 31 ministères fédéraux. Ces événements ont tiré la sonnette d'alarme quant à l'étendue de la vulnérabilité informatique du gouvernement et de ses mécanismes de défense inadéquats.
Depuis, le gouvernement a développé progressivement un système de cyberdéfense solide, tant sur le plan de la gouvernance que sur le plan des capacités techniques.
[Traduction]
Cela m'amène à discuter de deux de nos conclusions.
Premièrement, notre rapport a révélé que, au fil du temps, l'approche du gouvernement à l'égard de la cyberdéfense a évolué et qu'elle considère maintenant l'ensemble des systèmes gouvernementaux comme étant un tout. Cette approche horizontale, chers collègues, a considérablement amélioré les capacités du gouvernement en matière de cyberdéfense. Nous avons toutefois constaté que ces capacités sont compromises par la nature verticale de la structure de reddition de comptes au sein du gouvernement.
Deuxièmement, notre rapport a révélé que ce ne sont pas tous les organismes fédéraux qui bénéficient de la même protection en matière de cybersécurité. Deux raisons connexes expliquent une telle situation. En premier lieu, les politiques en matière de cybersécurité du Conseil du Trésor ne s'appliquent pas à tout le gouvernement. Et si elles s'appliquent, elles ne s'appliquent pas toujours de façon uniforme. En deuxième lieu, les ministères n'ont pas l'obligation de recourir aux services de cyberdéfense offerts par Services partagés Canada et le Centre de la sécurité des télécommunications. Autrement dit, de nombreux organismes fédéraux évoluent entièrement à l'extérieur du périmètre de cyberdéfense du gouvernement, alors que d'autres choisissent certains services sans adopter la gamme complète des services de sécurité du gouvernement. Ces écarts et disparités affaiblissent l'approche intégrée du gouvernement à l'égard de la cyberdéfense. Le système est aussi solide que son maillon le plus faible.
Avec toutes ces considérations à l'esprit, le Comité a formulé deux recommandations. Premièrement, le Comité a recommandé au gouvernement de continuer de renforcer son approche intégrée à l'égard de la cyberdéfense. Deuxièmement, le Comité a recommandé au gouvernement d'intégrer tous les organismes fédéraux dans le périmètre de cyberdéfense et de s'assurer que l'ensemble des politiques sur la cybersécurité s'applique à tous les organismes fédéraux, y compris les sociétés d'État.
Le gouvernement est d'accord avec ces deux recommandations. À vrai dire, le Comité se réjouit du fait que, pour la première fois, le gouvernement a fourni une réponse officielle à ses recommandations dans le cadre de cet examen de la cybersécurité. Cela dit, le gouvernement n'a toujours pas répondu aux six autres rapports du Comité, lesquels contiennent 20 recommandations.
Le dernier point que nous voulons soulever est que nous nous attendons à ce que le Parlement entame cette année un « examen exhaustif » de la Loi sur le CPSNR. Nous savons que le Comité a demandé à être nommé comité de la Chambre responsable de cet examen. Lorsqu'un comité sera désigné pour mener l'examen, c'est avec plaisir que le Comité présentera des recommandations précises sur les réformes possibles à la loi.
Aujourd'hui, je tiens seulement à souligner l'importance de l'accès du Comité aux renseignements du gouvernement. En effet, le Comité est confronté à plusieurs difficultés au moment d'obtenir les renseignements auxquels il a droit en vertu de la loi et dont il a besoin pour remplir son mandat. Par exemple, le Comité est préoccupé par le fait que les ministères adoptent une interprétation trop large de la définition de renseignements confidentiels du Cabinet.
Pour terminer, je souhaite mentionner que tous nos rapports sont le fruit du travail incroyable accompli avec dévouement par mes collègues du Comité. Le rapport sur la cyberdéfense est un autre exemple d'un examen unanime et non partisan d'une activité centrale du gouvernement par un comité de sénateurs et de députés ayant une habilitation de sécurité et provenant de tous les grands partis et groupes.
Merci beaucoup, chers collègues.
Je comprends la question et je peux vous dire que le Comité a commencé à réfléchir à la question, mais que nous ne formulerons pas de recommandations précises tant que nous n'aurons pas un comité auquel nous adresser.
Le président vous a déjà dit que l'une des choses qui sont très importantes pour nous, c'est la question de l'accès à l'information.
Je tiens à souligner de façon générale que les ministères ont été très bons, et nous avons établi une relation très respectueuse avec des organisations qui, vous savez, se disaient initialement « ces politiciens, ces parlementaires vont avoir accès à cette information ». Il y avait une certaine hésitation. Dans l'ensemble, les choses se sont très bien passées, mais il y a eu certains incidents, comme l'a mentionné le président, je crois, où des ministères ont peut-être donné une interprétation trop large à la notion de document confidentiel du Cabinet.
L'autre question consiste à se demander si tous les documents confidentiels du Cabinet devraient être protégés ou dans quelles circonstances ils devraient l'être. Ils n'ont pas à l'être. Il est possible de nous les fournir.
Voilà le genre de questions sur lesquelles nous allons nous pencher. À ce jour, les seules choses que nous sommes prêts à dire — parce que nous en avons parlé dans nos rapports et dans les commentaires que nous avons formulés au sujet de nos rapports lorsque nous les avons publiés —, ce sont les deux choses concernant les mesures à prendre ou les rapports sur les recommandations mises en œuvre et la question de l'accès complet en temps opportun à l'information.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous de votre présence parmi nous aujourd'hui.
J'aimerais me pencher un peu sur l'importance que revêt votre comité.
Monsieur McGuinty, votre équipe, vos collègues et vous-mêmes avez fait un travail remarquable pour veiller à ce que votre comité fonctionne de façon essentiellement non partisane, grâce à une extraordinaire collaboration et à des recommandations que nous prenons tous au sérieux, du moins je l'espère.
L'une de mes préoccupations au cours des dernières semaines a été la tentative de politisation de la nature de votre travail. Je songe à un commentaire bien précis du , qui a déclaré que le CPSNR avait été utilisé et est encore utilisé pour éviter la reddition de comptes, qu'il travaille dans le secret et qu'il est contrôlé par Justin Trudeau.
Je pense qu'il est important que, en tant que président, vous disiez directement aux Canadiens si cela est vrai ou non, que vous leur expliquiez le rôle que doit jouer, selon vous, le CPSNR, et surtout, que vous leur disiez comment ils devraient considérer le Comité et le travail important qu'il accomplit.
La sénatrice Lankin voudra peut-être aussi intervenir à ce sujet.
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Le Comité évite scrupuleusement la partisanerie. Je pense que le plus grand compliment qu'a reçu le Comité depuis ses débuts, c'est celui qu'ont formulé un certain nombre de personnes qui se sont présentées devant nous et qui ont dit que, si on fermait les yeux et qu'on écoutait ce qui se dit à la table, il serait vraiment impossible de dire de quelle allégeance politique sont les personnes qui parlent.
Nous avons instauré ce que nous appelons, je crois, une « noblesse d'intention » en ce qui concerne notre travail. Nous pensons qu'il y a des questions qui transcendent la partisanerie, qui transcendent n'importe quel gouvernement. La sécurité nationale et le renseignement font partie de ces questions.
Pour la sénatrice Lankin et moi, en particulier, qui sommes là depuis le début, c'était une occasion unique de mettre sur pied l'organisation. C'était comme construire un avion de chasse en plein vol. Mais la raison d'être du Comité devrait vraiment transcender son président, ses membres et les cadres supérieurs de son secrétariat. Il s'agit d'un mécanisme important pour l'avenir, un mécanisme qui permet un examen exhaustif des renseignements classifiés au sein des deux chambres pour que ces questions très importantes puissent être traitées.
Nous respectons et comprenons tous le fait que ce qui se passe dans l'autre enceinte — qu'il s'agisse de la Chambre des communes ou du Sénat — est normal et nécessaire. Les tensions et les joutes oratoires constituent l'essence de la démocratie, mais pour ce qui est de l'accès aux renseignements classifiés, du traitement de ces renseignements et de la possibilité de délibérer calmement et de façon non partisane, en tant que collègues, au nom de 39 millions de Canadiens, nous pensons que cette structure sera vraiment importante pour le Canada dans l'avenir, peu importe qui est au pouvoir, peu importe qui est premier ministre ou ministre, peu importe la configuration du Comité.
Parfois, on entend des commentaires concernant le rôle du premier ministre ou du gouvernement dans les travaux du Comité qui sont, à mon avis, très à côté de la plaque. Dans le cadre des neuf, dix et bientôt onze examens que nous avons menés, le du Canada n'a jamais donné la moindre consigne au Comité. En fait, le seul moment où nous consultons le premier ministre du Canada sur notre travail, c'est au moment de présenter nos examens, une fois qu'ils sont terminés. Le premier ministre a l'obligation d'ordonner au Comité de les caviarder, mais pour des motifs extrêmement transparents.
L'équipe qui est ici avec nous aujourd'hui — pas seulement les membres, mais aussi les cadres supérieurs de notre secrétariat — est extrêmement souple lorsqu'il s'agit d'entamer une discussion avec les fonctionnaires du gouvernement en vue d'examiner plus à fond le caviardage proposé. Nous avons toujours tendance à être plus transparents plutôt que moins. Nous pensons qu'il est important que les Canadiens le comprennent.
Le débat qui se déroule actuellement à la Chambre, au Sénat et dans la société est important. C'est un débat vraiment important, mais c'est aussi une occasion d'apprentissage pour beaucoup de Canadiens. Par exemple, qu'est‑ce qu'un renseignement classifié? Pourquoi ces renseignements sont-ils classifiés? Quand peuvent-ils être communiqués et quand ne peuvent-ils pas l'être? Et pourquoi ne sont-ils pas communiqués? Les Canadiens comprennent cela. Ils peuvent parfaitement le comprendre.
Nous essayons de faire notre part pour les aider à comprendre cela, et je suis certain que la sénatrice Lankin a beaucoup de choses à ajouter.
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Je crois que le président a dit plus tôt, au sujet du travail du Comité, que tous ses rapports avaient fait l'unanimité. Comme on l'a dit, à certains égards, ils sont multipartites, mais à d'autres égards, ils sont non partisans.
Je crois que la diversité cognitive au sein du Comité constitue une de ses grandes forces. Nous avons des discussions où s'affrontent divers points de vue. Cela ne tient pas seulement à une question d'idéologie politique, mais aussi au bagage et à l'expérience des membres. Nous avons eu des gens de la GRC, de l'armée et de gouvernements provinciaux. Nous avons des gens de divers horizons, et leur expérience entre en ligne de compte dans notre examen des questions. Je pense que c'est très important.
Le président a dit qu'il n'est jamais arrivé que le , le Cabinet du premier ministre ou quiconque intervienne dans nos travaux. Je reprends ses propos à mon compte. J'irai même plus loin en disant que les insinuations de ce genre sont carrément fausses. Rien ne justifie ce type d'affirmation puisque nous nous protégeons nous-mêmes et protégeons la nature de notre travail. De plus, nous avons acquis une compétence que les gens respectent, et les gens respectent notre travail. Ce fut un très bon échange.
Avant d'être nommée au Sénat il y a quelques années, j'ai fait partie du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, l'ancêtre du CPSNR. À cette époque, nous n'examinions que les activités du Service canadien du renseignement de sécurité. Je me souviens que nous avions fait des recommandations au sujet de la nécessité d'un examen plus général, ce qui a mené à la création du CPSNR. Les membres de notre comité ont discuté activement avec des gens du Cabinet du premier ministre et du Bureau du Conseil privé de l'époque de la création d'un comité de parlementaires ou d'un comité parlementaire. Cela n'était pas clair à ce moment‑là.
Ce qui est intéressant, c'est que nous avions tous des doutes quant à savoir si un groupe multipartite ou non partisan de parlementaires pourrait se réunir et travailler dans le respect de toutes les exigences en matière de secret, en comprenant la nature de la sécurité nationale et les dommages qui peuvent être causés. Ayant vécu ces débats, à ce jour, j'ai personnellement une confiance incroyable dans le travail qui s'y fait, et j'ai un grand respect pour les personnes qui jouent leur rôle lorsqu'elles se présentent à la Chambre des communes ou au Sénat, et qui le mettent de côté lorsqu'elles viennent discuter au sein de notre comité. Je pense que cela sert bien les Canadiens.
Je pense que, à la lumière des résultats, cela sert bien les parlementaires, car ce n'est pas à sens unique. Nos recommandations sont le fruit de bonnes discussions et d'une bonne collaboration.
Comme la sénatrice Lankin l'a souligné, le Comité n'a pas de droit d'accès aux documents confidentiels du Cabinet, mais rien ne lui interdit non plus d'en recevoir. La question particulière que le Comité a soulevée dans le cadre de ses travaux antérieurs ne tient pas tant au fait que le Comité estime que son travail a été compromis ou entravé par son incapacité de recevoir des documents confidentiels du Cabinet; il s'agit en fait d'une question à deux volets.
Tout d'abord, les ministères ne sont pas obligés de déclarer les documents ou les documents pertinents visés par le secret du Cabinet qu'ils ne fournissent pas. Le Comité ne sait pas donc ce qu'il ne sait pas. S'il y a un document ou des renseignements qui relèvent du secret du Cabinet, le Comité n'est pas nécessairement au courant de leur existence, car leur communication n'est pas nécessaire.
La loi ne dit pas que les documents non communiqués doivent être déclarés; le Comité n'a tout simplement aucun droit de recevoir cette information. Ce n'est pas nécessairement que le Comité a examiné quelque chose, qu'il a constaté qu'il lui manque un élément évident et qu'il doit faire en sorte de l'obtenir. C'est plutôt qu'il est utile de savoir ce qui existe pour que le Comité puisse saisir la pleine mesure des renseignements qu'il ne reçoit peut-être pas ou des renseignements qu'il devrait recevoir.
De plus, ce que nous avons remarqué, en grande partie après avoir obtenu par inadvertance des renseignements qui ont été désignés ultérieurement comme des renseignements confidentiels du Cabinet, c'est que la définition était parfois interprétée de façon très large. Je suis sûre que vous savez tous que la définition énoncée dans la Loi sur la preuve au Canada est très générale et qu'elle peut faire l'objet d'une interprétation extrêmement large.
La question est de savoir quels documents confidentiels du Cabinet doivent être protégés contre le Comité. Le sont-ils tous? Y a‑t‑il une catégorie de documents confidentiels du Cabinet que le Comité devrait recevoir? Pour que cette question puisse vraiment être examinée à fond, il serait utile que le Comité sache quels documents ne lui sont pas communiqués en ce moment, et il pourrait être utile de fournir quelques lignes directrices ou de clarifier la définition en ce qui a trait aux documents du gouvernement qui doivent être communiqués.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le Comité, le président McGuinty, la sénatrice Lankin et les fonctionnaires du secrétariat. Merci de votre présence.
Quand je repense aux années qui se sont écoulées depuis que j'occupe ce poste, elles ne sont rien comparativement à mon expérience au CPSNR. Ce fut probablement la meilleure et la plus agréable période de ma vie, parce que j'avais l'impression de changer les choses. Pourquoi? C'était non partisan et ça l'était légitimement. Je peux le dire sans équivoque. Chapeau à vous d'avoir mis sur pied ce comité. Vous l'avez bien fait, et j'ai apprécié le temps que j'y ai passé.
Il y a tant de choses que je voudrais dire et tant de questions que je voudrais poser, mais je vais tenter de concentrer mes commentaires.
Je vous remercie de ceux que vous avez formulés sur la même bataille que nous avons eue à l'époque au sujet des interprétations générales des documents confidentiels du Cabinet et du fait que les membres de ce comité, non seulement ceux du secrétariat, mais aussi les membres du Comité, les sénateurs et les députés, ont la même cote de sécurité ou une cote plus élevée que la plupart des ministres. Il est important de ne pas l'oublier, et la loi nous y oblige. Il y a de la frustration, et je pense que le Comité doit avoir un accès complet aux documents confidentiels du Cabinet, parce que cette interprétation large ne permet pas une transparence complète. Je comprends cela.
L'autre chose qui m'a vraiment plu au sujet du CPSNR, c'est que son président a réclamé une plus grande transparence du processus de caviardage. Je pense que c'est essentiel pour que le public ait confiance en ce que nous faisons, au sein de ce comité et dans l'ensemble du gouvernement. Je tiens à saluer ces efforts. Notre objectif n'est pas encore atteint, mais nous sommes sur la bonne voie, et je vous en remercie.
J'aimerais poser une question sur la cyberdéfense et la cybersécurité, mais nous avons parlé il y a quelques années…
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Je vous remercie de poser la question.
Cette cote de sécurité est directement liée à l'accès du Comité à des renseignements hautement classifiés. Ces renseignements sont communiqués à la suite d'un processus de vérification visant à s'assurer que les membres détiennent la cote de sécurité de niveau Très secret, prêtent serment et, en tant que parlementaires, renoncent à leur privilège parlementaire.
Il est également important que les députés et les Canadiens comprennent que le gouvernement n'a pas la majorité des membres du Comité. Celui‑ci a en fait été conçu de façon à ce qu'aucun gouvernement ne soit majoritaire en son sein. De fait, avec le Sénat et la Chambre réunis, le gouvernement est toujours en situation minoritaire. Toutefois, je pense qu'il est important que les députés et les Canadiens sachent qu'au cours des cinq dernières années et demie, nous n'avons jamais eu à tenir de vote. Tout a été unanime. Si nous n'obtenons pas un résultat unanime, nous y revenons et délibérons.
Il est important pour nous de rappeler aux Canadiens que nous traitons des renseignements et des documents classifiés. Nous devons faire attention à la façon dont nous les utilisons et les communiquons, parce qu'elle témoigne, par exemple, des sources et des méthodes sous-jacentes. D'où viennent ces renseignements? Comment nos responsables de leur collecte les ont-ils obtenus? Si on les rend publics, on peut mettre en péril ces systèmes. On peut mettre en danger les Canadiens — des femmes et des hommes de bonne volonté — qui travaillent dans le domaine de la sécurité et du renseignement au Canada. Ils s'emploient à assurer notre sécurité et à contrer les menaces à la sécurité nationale et au renseignement. Nous devons faire preuve d'une grande prudence, et ce, à huis clos, parce que certains des renseignements que nous obtenons proviennent de nos partenaires du Groupe des cinq. Peut-être qu'on nous les communique en toute confiance quant au fait qu'ils ne seront plus communiqués ou transmis ailleurs, sous quelque forme que ce soit.
Il y a des considérations liées à la protection de la vie privée que nous devons contourner. Le Comité ne choisit pas de se cacher dans un endroit sûr parce qu'il ne veut pas voir la lumière du jour. Au contraire, la sénatrice Lankin et d'autres membres — ainsi que M. Motz, pendant qu'il siégeait au CPSNR — ont été très énergiques pour ce qui est d'aider le Comité à conclure que ses membres veulent être aussi transparents que possible. Nous voulons diffuser le plus d'information possible. Nous voulons pousser le plus loin possible le processus de caviardage, dans l'intérêt des Canadiens.
Cependant, la décision d'effectuer les travaux dans un établissement sécurisé lorsque nous avons affaire à des renseignements hautement classifiés n'est pas quelque chose que nous avons inventé simplement parce que nous voulons être des gens secrets. C'est parce que nous devons traiter ces renseignements.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
En ce qui concerne l'ingérence étrangère, le NPD a présenté, et le Parlement a adopté, une motion demandant la tenue d'une enquête publique.
Il ne fait aucun doute que le CPSNR a un rôle important à jouer. Nous croyons aussi fermement qu'une enquête publique est justifiée et nécessaire à cet égard. Lorsque nous examinons les excellentes recommandations que vous avez présentées, encore une fois, on a l'impression, en raison des allégations qui ont été faites au cours des derniers mois, que le gouvernement chinois pourrait appuyer certains candidats de quelques partis politiques. L'an dernier, des préoccupations ont déjà été soulevées au sujet de l'ingérence russe au Canada. Nous l'avons vu avec le soi-disant « convoi de la liberté », qui a causé tant de misère au centre-ville d'Ottawa, en privant les gens de produits alimentaires, de médicaments et de sommeil. Ce sont des préoccupations majeures.
Je vois les recommandations, mais je souligne également que, pour réagir adéquatement à la menace d'ingérence étrangère, il faut renforcer Élections Canada et mettre fin aux campagnes de désinformation. Je vois les recommandations, mais croyez-vous qu'une plus grande coordination soit justifiée pour contrer cette menace et faire en sorte que, après votre examen des élections précédentes, nous pouvons obtenir les réponses pour les Canadiens et faire en sorte que, lors des prochaines élections, nous puissions empêcher toute tentative d'influencer notre électorat de quelque façon que ce soit?
Vous formulez ces recommandations. Qu'en est‑il de la coordination nécessaire à leur mise en œuvre?