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Je vous salue tous depuis Winnipeg, aux prises avec de grands froids. J'ai enfilé mon parka avec des gants et tout ce matin.
Bienvenue à la troisième séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 novembre 2021. Certains membres y participent dans la pièce, alors que d'autres y assistent par l'entremise de l'application Zoom. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que les diffusions montrent toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Compte tenu de la situation pandémique et conformément aux recommandations des autorités sanitaires et à la directive du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021, pour assurer la santé et la sécurité, tous ceux et celles qui assistent à la séance en personne doivent maintenir une distance de deux mètres dans la salle et porter un masque non médical lorsqu'ils ou elles circulent dans la pièce. Il est fortement recommandé d'en porter un en tout temps, y compris en position assise, et de maintenir une bonne hygiène des mains en utilisant le désinfectant à mains fourni à cette fin à l'entrée de la pièce. À titre de président, je veillerai au respect de ces mesures pour la durée de la séance, et je remercie à l'avance les membres du Comité de leur collaboration.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, je voudrais énoncer quelques règles à suivre.
Les membres et les témoins qui participent de manière virtuelle peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts au cours de la séance. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Si vous perdez l'interprétation, informez-moi immédiatement de la situation et nous veillerons à ce que ces services soient rétablis avant de poursuivre la séance.
Pour les membres qui participent en personne, procédez comme vous le feriez habituellement quand l'ensemble du Comité est réuni dans la pièce. Gardez à l'esprit les lignes directrices du Bureau de régie interne concernant le port du masque et les protocoles sanitaires.
Avant de parler, attendez que je vous accorde la parole. Si vous participez à la vidéoconférence, cliquez sur l'icône de microphone pour activer votre micro. Pour les participants présents dans la pièce, votre microphone sera contrôlé par l'agent de délibérations et de vérification, comme d'habitude. Quand vous intervenez, parlez lentement et intelligiblement. Quand vous ne parlez pas, votre micro devrait être désactivé.
Je vous rappelle que toutes les interventions doivent s'adresser à la présidence.
En ce qui concerne la liste des interventions, le greffier du Comité indiquera à la présidence qui lève la main, en faisant de son mieux. Nous ferons tout notre possible pour maintenir une liste unifiée pour tous les membres, qu'ils participent virtuellement ou en personne.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 7 décembre 2021, le Comité entreprend son étude du contrôle des armes à feu, du trafic illégal des armes et de l'augmentation des crimes commis par armes à feu par des personnes issues des gangs de rue.
Aujourd'hui, nous recevons par vidéoconférence l'honorable Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique; John Ossowski, président de l'Agence des services frontaliers du Canada; Rob Stewart, sous-ministre du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile; et Brenda Lucki, commissaire à la Gendarmerie royale du Canada.
Nous commencerons par entendre les allocutions d'ouverture, après quoi nous procéderons à des tours de questions.
Bienvenue, monsieur le ministre. Nous sommes ravis de vous voir, bien que ce soit de manière virtuelle. Je vous invite maintenant à faire un exposé.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je salue les honorables membres du Comité.
Pour commencer, je voudrais souligner que je me joins à vous de manière virtuelle depuis le territoire traditionnel des Algonquins.
C'est pour moi un honneur de témoigner pour la première fois à titre de nouveau ministre de la Sécurité publique. Je me réjouis à la perspective de collaborer avec vous.
[Français]
Je veux remercier Mme Michaud d'avoir présenté la motion à la Chambre pour étudier la violence armée. On a vu de trop de tragédies à Montréal, à Winnipeg, à Vancouver, à Toronto et partout au pays. Il y a eu trop de vies perdues.
[Traduction]
L'École Polytechnique de Montréal, la mosquée de Québec, la fusillade du Danforth à Toronto et le drame de Portapique, en Nouvelle-Écosse, chacune de ces tragédies a été marquée par des actes insensés de violence ayant un dénominateur commun: les armes à feu.
Nous pouvons dire que nous sommes désolés pour les victimes et les survivants, et nous sommes certainement de tout cœur avec eux, mais les mots ne suffisent pas. Les pensées et les prières ne suffisent pas. Il faut traduire les mots en action, et c'est ce que nous faisons. Notre gouvernement a pris des mesures énergiques en renforçant le contrôle des armes à feu, en investissant pour accroître les ressources policières et les contrôles frontaliers, et en affectant des fonds pour des stratégies de prévention et les infrastructures communautaires.
Nous avons adopté le projet de loi , qui exige des vérifications plus strictes des antécédents pour empêcher les personnes ayant des antécédents de violence de posséder des armes à feu. Le règlement d'application du projet de loi C‑71 a été renvoyé à votre comité. Une fois en vigueur, il aidera la police à retracer les armes à feu illégales et à s'assurer que les permis d'armes à feu sont vérifiés. Alors que nous voyons augmenter les taux de féminicides et de violence fondée sur le sexe commis avec des armes à feu, nous devons aux survivants d'en faire plus. J'exhorte les membres du Comité à examiner ce règlement dès que possible.
Les Canadiens se souviendront également que notre gouvernement a interdit plus de 1 500 armes à feu de style fusil d'assaut, y compris les armes qui ont été utilisées à l'École Polytechnique, à la mosquée de Québec et au Collège Dawson. Pendant des décennies, des familles endeuillées et des survivants ont demandé aux gouvernements successifs d'interdire ces genres d'armes. Comme l'a indiqué à l'époque mon prédécesseur, le ministre Blair: « Assez, c'est assez. »
En plus de resserrer les contrôles des armes à feu, nous avons soutenu l'exécution de la loi dans nos communautés et à la frontière. Nous investirons au‑delà de 300 millions de dollars en cinq ans, à compter de cette année, accordant notamment un montant de 40 millions de dollars pour lutter contre la contrebande, une somme de 15 millions de dollars pour le suivi systématique des armes à feu et plus de 21 millions de dollars pour l'échange de renseignements et l'équipement de l'Agence des services frontaliers du Canada. Nous avons affecté 250 millions de dollars pour lutter contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs. Les résultats de ces investissements sont manifestes: ils fonctionnent. Nous avons enregistré un nombre record de saisies d'armes à feu et d'arrestations grâce aux membres dévoués de la GRC et de l'ASFC.
[Français]
Au Québec, nos investissements ont permis l'embauche de 71 nouveaux policiers au cours de la dernière année. Cela s'ajoute aux 19 procureurs et aux 5 spécialistes de données embauchés au pays au cours de la dernière année.
[Traduction]
À la frontière, nous continuons de collaborer avec nos partenaires provinciaux et américains. Au pays, nous pouvons compter sur l'équipe intégrée de la police des frontières, qui coordonne les services de la GRC et des corps de police provinciaux dans le cadre d'opérations conjointes. Quand j'étais à Washington, D.C., il y a environ un mois, j'ai rencontré mon homologue, le secrétaire Mayorkas. Nous nous sommes engagés à participer au Forum sur la criminalité transfrontalière et à la force opérationnelle conjointe sur les armes à feu pour juguler le passage d'armes à feu illégales à nos frontières internationales.
Malgré ces progrès, nous devons en faire plus. Maintenant que nous avons interdit les fusils d'assaut, nous devons aller plus loin et mettre en œuvre un programme de rachat. Je tiens à ce que tous les survivants et les groupes de revendication, notamment PolySeSouvient et les familles de Danforth, sachent que nous les écoutons. Nous allons rendre le programme de rachat obligatoire.
[Français]
Quand il s'agit d'armes de poing, j'entends mes collègues du Bloc québécois. Je suis au courant de la motion adoptée par l'Assemblée nationale, et je travaillerai avec mes homologues de la province en fonction de leurs besoins.
[Traduction]
C'est un fait que dans la majorité des homicides commis avec une arme à feu, c'est une arme de poing qui est utilisée. Voilà pourquoi notre gouvernement s'est engagé à investir 1 milliard de dollars pour aider les provinces et les territoires qui veulent interdire les armes de poing. Nous allons renforcer les sanctions pénales pour la contrebande et le trafic d'armes à feu, et améliorer la capacité des agents de police et des agents frontaliers d'empêcher l'entrée d'armes à feu et de munitions illégales au pays.
Nous ne pouvons pas nous fier simplement au pouvoir du droit pénal. Les arrestations, les mises en accusation, les procès et les prononcés de la sentence arrivent tous après les faits. Nous devons prévenir les crimes liés aux armes à feu de survenir, et c'est pourquoi nous investissons 250 millions de dollars dans un fonds pour les communautés sécuritaires afin de créer des lieux plus sûrs et plus inclusifs.
Parlant de sécurité, je dis ceci aux propriétaires d'armes à feu qui respectent la loi: nous savons que vous êtes responsables, prudents et respectueux de la loi. Je peux garantir aux chasseurs, aux agriculteurs et aux tireurs sur cibles que rien de ce que nous faisons ne vise à restreindre leurs activités récréatives légitimes. Par contre, nous avons la responsabilité de travailler ensemble pour réduire la violence liée aux armes à feu. Nous ne pouvons pas risquer de voir survenir une autre fusillade dans une école ou un lieu de culte, ou contre un agent de police, une femme ou une autre vie innocente. La sécurité publique constitue notre principale priorité. La protection de la vie humaine passe avant tout le reste.
Monsieur le président et honorables membres du Comité, je suis déterminé à collaborer avec vous tous pour atteindre cet objectif.
Je vous remercie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie le ministre de nous rencontrer aujourd'hui malgré un préavis relativement court.
Monsieur le ministre, j'ai vécu à Montréal pendant un certain nombre d'années. Pour moi, il est extrêmement important de résoudre le problème de la violence liée aux armes à feu dans ce pays, mais nous assistons à des crimes violents partout au Canada également. Je représente une circonscription de Winnipeg, où nous observons aussi une augmentation de la violence. En fait, au Canada, les crimes violents ont augmenté au cours de cinq des six dernières années. Les infractions commises avec des armes à feu augmentent depuis six ans. Les homicides n'ont jamais été aussi nombreux en 30 ans, et nous savons qu'au moins le tiers d'entre eux sont commis avec des armes à feu. Il n'y a jamais eu autant d'homicides de toute ma vie. Je pense que le problème est très sérieux, et nous espérons des mesures sérieuses de la part du gouvernement.
Winnipeg elle-même est en voie de surpasser son record d'homicides de 2019 et s'est vu attribuer le titre de capitale des crimes violents du Canada en 2020. Les membres conservateurs prennent très au sérieux les crimes violents que nous voyons augmenter en flèche depuis six ans au pays.
Cependant, nous avons également été déçus cet automne après une fusillade survenue à Montréal. Je pense que c'était même le lendemain du jour où le gouvernement a déposé le projet de loi , lequel élimine les peines d'incarcération obligatoires pour ceux qui commettent un vol ou une extorsion avec une arme à feu, qui s'adonnent au trafic d'armes à feu, qui déchargent une arme à feu dans l'intention de causer des blessures et qui utilisent une arme à feu pour commettre un crime. Nous sommes fort préoccupés par le fait que, d'un côté, des criminels utilisent souvent des armes à feu illégales de contrebande pour sévir dans nos communautés, et que de l'autre, le gouvernement élimine la capacité d'imposer des peines d'incarcération obligatoires.
Je voudrais savoir si vous considérez que le projet de loi évitera que les criminels responsables des fusillades à Montréal et dans d'autres villes du pays ne hantent nos rues.
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Je crois que oui, madame Dancho. Avant de vous dire pourquoi, je veux vous remercier d'agir dans ce dossier et de faire bénéficier le Comité des expériences que vous avez vécues à Winnipeg et à Montréal.
Je dirai que le projet de loi maintient un certain nombre de sanctions minimales obligatoires en ce qui concerne les infractions graves liées aux armes à feu. En outre, comme je l'ai souligné, il y a un certain nombre d'infractions graves commises avec des armes à feu pour lesquelles nous proposons d'augmenter les sanctions maximales, et nous nous fions à notre système judiciaire indépendant pour imposer ces sanctions à bon escient, bien entendu.
Je dirai également, comme je l'ai indiqué dans mon exposé, que notre gouvernement prend la question très au sérieux. Voilà pourquoi nous avons instauré de nouveaux contrôles des armes à feu, notamment en interdisant les fusils d'assaut. Nous allons maintenant prendre d'autres mesures pour faire tout ce qu'il faut pour réduire la violence liée aux armes à feu, car je pense que nous luttons tous ensemble dans le cadre de cette cause.
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Je vous remercie, monsieur le ministre.
Nous ne partageons pas votre croyance selon laquelle on peut laisser les criminels qui utilisent des armes à feu pour commettre des vols et s'adonner à l'extorsion ou à des crimes semblables... Nous considérons que ces criminels devraient aller en prison et que cela ferait le ménage de nos rues. Nous craignons que le projet de loi ne leur permette de revenir dans nos rues et de continuer d'y faire régner la violence.
En outre, nous savons que la violence commise au moyen d'armes à feu observée à Montréal et à Toronto est, bien sûr, étroitement liée au trafic de stupéfiants, comme les opioïdes, le fentanyl et l'héroïne. Nous savons que les opioïdes tuent 7 000 Canadiens par année. Pourtant, le projet de loi élimine aussi les peines d'incarcération obligatoires pour les trafiquants de drogues. Voilà qui nous préoccupe fort. Nous savons qu'il existe une relation étroite entre la violence liée aux gangs et aux armes à feu et le trafic de stupéfiants, et pourtant, vous faites en sorte qu'il ne soit plus possible d'imposer des peines d'incarcération à ceux qui commettent des crimes dangereux et violents avec des armes à feu et qui vendent des drogues qui tuent 7 000 personnes par an.
Ici encore, nous considérons que le projet de loi fait exactement le contraire de ce qu'il faut faire pour lutter contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs et les activités de trafic de stupéfiants qui font augmenter cette violence dans nos villes. Le Manitoba a répertorié 372 décès attribuables aux stupéfiants en 2020. Nous jugeons donc la situation très sérieuse.
Est‑ce que le ministre pense qu'en laissant les trafiquants de drogues criminels hanter nos rues au lieu de les envoyer là où ils méritent d'être pour avoir tué des milliers de Canadiens, c'est‑à‑dire en prison, on mettra fin à la violence liée aux gangs à Montréal?
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Bien sûr que non, madame Dancho.
Pour avoir travaillé pendant plus d'une décennie en première ligne du système de justice pénale et avoir agi à titre de procureur fédéral chargé de poursuivre des trafiquants de drogues — et non ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale et d'autres afflictions —, je conviens qu'il peut être approprié d'imposer des peines d'incarcération, et nous devons faire confiance à nos tribunaux et à nos juges pour le faire s'il y a lieu.
J'ajouterai qu'en ce qui concerne la crise des opioïdes, notre gouvernement a mis en place des mesures pour empêcher le crime organisé et les criminels de s'adonner au trafic de stupéfiants, notamment à notre frontière. Comme je l'ai indiqué, j'ai rencontré mon homologue, le secrétaire Mayorkas, du ministère de la Sécurité intérieure à Washington, afin d'utiliser le Forum sur la criminalité transfrontalière pour interdire le trafic de drogues illégales, dont les opioïdes. L'ASFC et la GRC procèdent à des arrestations record, signe que nous réalisons des progrès concrets.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je remercie le ministre d'être présent parmi nous aujourd'hui.
Je remercie les différents témoins qui sont ici également, les membres du Comité et tous les partis représentés à la Chambre qui ont voté en faveur de ma motion pour que nous puissions nous pencher rapidement sur cet important enjeu.
Monsieur le ministre, j'aurai plusieurs questions à vous poser.
Aujourd'hui, on sait qu'au Canada, en général, le taux de criminalité liée aux armes à feu a doublé depuis 2014. Au Québec et à Montréal, les crimes liés aux armes à feu ont augmenté de façon assez importante au cours des dernières années également. Pour ce qui est des groupes criminels, à Montréal, quelque 90 % des armes qu'ils utilisent seraient illégales et la plupart proviendraient de la frontière américaine. Il est assez inquiétant de constater que le Service de police de la Ville de Montréal a saisi pratiquement plus d'armes que la GRC dans le Canada au complet au cours des dernières années.
J'aimerais savoir comment les agences qui relèvent du fédéral expliquent le fait qu'elles ne sont pas en mesure de saisir davantage d'armes. L'expliquent-elles par un manque de ressources ou simplement par un manque de courage politique pour s'attaquer à cet enjeu?
Monsieur le ministre, m'entendez-vous?
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Merci, monsieur le ministre.
Vous parlez souvent des investissements qui ont été faits dans le passé, et je comprends que beaucoup de sous ont été mis sur la table, mais les résultats ne semblent pas suivre. Il y a également des interdictions, des règlements et des lois qui ont été mis en place pour bannir certains types d'armes.
Vous avez mentionné certaines fusillades dans votre discours d'ouverture. Or, certaines de ces armes avaient été obtenues de façon tout à fait légale. Cela prouve que la règlementation en place n'est pas suffisante et qu'il faut en faire davantage pour le contrôle des armes à feu.
TVA Nouvelles présentait, en mars 2021, un reportage assez intéressant sur la route des armes au Québec, sur le territoire d'Akwesasne, qui chevauche l'Ontario et les États‑Unis. C'est un sujet sur lequel on ne se penche pas suffisamment. Cela semble être des centaines d'armes par semaine qui traversent la frontière, et on ne semble pas avoir les ressources nécessaires pour faire cesser cela.
Au Bloc québécois, nous avons proposé une meilleure collaboration entre les différents services de police, une espèce d'escouade mixte impliquant le service de police d'Akwesasne, la Sûreté du Québec, la GRC, le New York City Police Department, ou NYPD, et la Police provinciale de l'Ontario, ou OPP, pour que les informations circulent mieux et qu'on ait des gens qui travaillent ensemble sur le terrain pour mettre fin au trafic illégal des armes.
Que pensez-vous de cette proposition? Ne croyez-vous pas qu'on doit en faire davantage pour cesser le trafic des armes, notamment à la frontière américaine?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bienvenue, ministre Mendicino, à notre comité.
Vous venez de mentionner l'opération qui s'est déroulée à Cornwall, à laquelle ont participé la Police provinciale de l'Ontario, le Service de police mohawk d'Akwesasne, le Service de police de Montréal et la Sûreté du Québec.
À la législature précédente, le Comité de la sécurité publique a publié un rapport sur le racisme systémique dans les services de police au Canada. La recommandation 13 de ce rapport demandait au gouvernement du Canada de s'assurer que nous disposons d'un cadre pour les services de police autochtones, que ces services soient désignés comme essentiels, qu'ils soient dotés de ressources adéquates et qu'il y ait un engagement à fournir un financement suffisant pour que toutes les communautés autochtones intéressées puissent élaborer ces services de police.
Nous savons que de nombreuses communautés autochtones sont à cheval sur la frontière canado-américaine où se pratique la contrebande. Nous savons que de nombreuses communautés autochtones au Canada souffrent de la violence des gangs et des crimes commis avec des armes à feu.
Monsieur le ministre, je sais que vous commencez tout juste à assumer le rôle de la sécurité publique, mais comment orientez-vous votre ministère pour qu'il tire parti de cette recommandation et s'assure que les communautés autochtones disposent des ressources pour protéger efficacement leurs propres communautés contre le trafic d'armes et le recrutement par des gangs?
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Tout d'abord, monsieur MacGregor, je tiens à vous remercier, ainsi que les autres membres du Comité qui ont participé à cette étude. C'est l'une des raisons pour lesquelles le travail que nous faisons collectivement au comité SECU est si important.
Notre gouvernement s'est engagé à travailler avec les dirigeants et les communautés autochtones de tout le pays pour s'assurer que nous collaborons avec eux de manière à permettre aux dirigeants autochtones d'assurer la sécurité publique dans toutes les communautés.
J'ai déjà eu un certain nombre de discussions très constructives avec la commissaire Lucki, qui participe à cet appel, et vous aurez également l'occasion de lui poser des questions.
Nous allons nous assurer d'investir des ressources financières supplémentaires pour élaborer conjointement les politiques et cadres réglementaires et administratifs, en commençant par les perspectives autochtones dans nos communautés. C'est un travail qui, je le sais, est extrêmement important pour la GRC, qui travaille en étroite collaboration avec les dirigeants autochtones.
Pourquoi est‑ce important? C'est précisément pour la raison que vous avez signalée au début de votre question. Lorsque nous collaborons avec les peuples autochtones dans l'ensemble des gouvernements provinciaux et territoriaux, nous sommes mieux en mesure d'interdire le trafic illégal d'armes à feu et de drogues, et nous pouvons nous assurer de créer des communautés sécuritaires. C'est une chose que nous nous sommes engagés à faire.
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Merci, monsieur le ministre. Je veux poser quelques questions supplémentaires.
Nous savons qu'une grande partie de la violence armée au Canada est le résultat du trafic de drogue. Nous savons que de nombreux gangs se disputent le même territoire. Nous savons que les drogues importées au Canada sont beaucoup plus mortelles avec le fentanyl et le carfentanil et qu'elles créent une dépendance beaucoup plus forte. Tant que nous aurons ce problème de demande, en raison de la toxicité accrue des drogues mais aussi de leurs qualités de dépendance, nous aurons les problèmes qui en découlent.
Dans ma communauté en Colombie-Britannique, nous subissons l'épidémie d'opioïdes depuis maintenant six ans. Elle a laissé un carnage dans son sillage. La province de la Colombie-Britannique, la ville de Vancouver, la ville de Toronto et l'Association canadienne des chefs de police demandent maintenant au gouvernement du Canada de faire preuve d'audace et de mettre en œuvre la décriminalisation, car nous savons que tant qu'il y aura une perception de criminalité permanente, les gens ne seront pas à l'aise d'obtenir l'aide dont ils ont besoin.
Si nous ne traitons pas la cause profonde du problème, monsieur le ministre, nous continuerons à observer des symptômes tels que la violence armée et les activités des gangs.
Monsieur le ministre, pourquoi votre gouvernement ne met‑il en œuvre que des demi-mesures? Pourquoi n'allez-vous pas jusqu'au bout, répondre aux demandes de ces importantes instances et mettre en œuvre la décriminalisation pour les petites quantités de possession?
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Merci, monsieur le président.
Je veux juste préciser, monsieur le ministre, que votre gouvernement est au pouvoir depuis six ans. Pendant six ans, nous avons vu les crimes violents augmenter. Nous avons vu les crimes violents commis avec des armes à feu augmenter. Nous avons vu les décès dus aux trafiquants de drogue atteindre des taux extraordinaires. Encore une fois, 7 000 Canadiens meurent chaque année à cause des opioïdes. Nous voyons ce problème faire rage à Winnipeg, à Toronto et surtout à Vancouver, d'où vient le député néo-démocrate. Il s'agit d'un problème grave, et pourtant, avec le projet de loi , nous constatons une réduction des peines ou l'absence de peines d'emprisonnement minimales obligatoires pour les personnes responsables de ces décès.
Pour ma question, j'aimerais maintenant me concentrer sur l'enjeu de la contrebande d'armes à feu. Vous en avez parlé un peu, mais ce qui me frustre particulièrement, c'est l'endroit où votre gouvernement investit ses ressources. Nous voyons le programme de rachat, dans lequel nous savons qu'aucun criminel ne fournira ses armes au gouvernement fédéral. Cela n'aura aucune incidence sur le comportement criminel à l'égard des armes à feu, mais nous savons que le programme de rachat coûtera... J'ai vu des estimations allant de 1 à 3 milliards de dollars. Il en coûtera peut-être 3 milliards aux contribuables. Nous savons que les ressources de la GRC, qui sont bien trop sollicitées, devront consacrer des milliers d'heures à ce programme de rachat.
Nous estimons que les ressources que votre gouvernement consacre au programme de rachat sont malavisées. Si vous investissez de 1 à 3 milliards de dollars à nos frontières, je pense que nous verrions beaucoup moins d'armes illégales en provenance des États-Unis introduites en contrebande par des gangs, utilisées dans le trafic de drogue et utilisées pour tuer des Canadiens innocents.
Je voudrais vous poser une question précise sur la contrebande à la frontière. Nous savons que les communautés frontalières sont utilisées pour faire entrer clandestinement des armes et des drogues dangereuses. Nous savons qu'il y a certaines communautés des Premières Nations au Québec, par exemple, qui bordent la frontière entre les États-Unis et le Québec. J'aimerais savoir quelles discussions vous avez eues avec ces communautés des Premières Nations pour leur fournir des ressources afin d'assurer la sécurité de leur population et de mettre fin à la contrebande de substances illégales ou d'armes à feu qui pourraient traverser la frontière dans ces régions de notre pays.
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Merci, monsieur le ministre.
Un message de mes concitoyens... Dans vos remarques liminaires, vous avez dit qu'il y a un dénominateur commun pour tous ces crimes, et c'est une arme à feu. Eh bien, vous passez à côté d'une évidence, monsieur le ministre. L'autre dénominateur commun évident, ce sont les criminels, et il est temps de se concentrer sur les criminels dans cette affaire.
Vous avez également affirmé dans votre déclaration que vous voulez augmenter les peines pour les contrebandiers d'armes à feu, alors que le projet de loi , la politique de votre gouvernement, vise à réduire les peines minimales obligatoires. En fait, au cours de la dernière législature, lorsque notre collègue conservateur, Bob Saroya, a présenté le projet de loi visant à augmenter les peines pour la possession d'armes à feu de contrebande, vous et votre parti avez voté contre cette politique.
Pourquoi vous ne joignez pas le geste à la parole, monsieur le ministre?
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Brièvement, je dirais que c'est de travailler avec tous les membres de ce comité, tous les députés de la Chambre et tous les Canadiens pour réduire la violence armée. Nous croyons que nous avons d'autres mesures à prendre en matière de contrôle des armes à feu. Comme nous l'avons vu, il y a une augmentation de la violence armée, particulièrement en ce qui concerne la violence causée par les armes de poing.
Nous devons travailler en étroite collaboration avec nos partenaires provinciaux et territoriaux pour trouver de nouvelles solutions et de nouveaux moyens de retirer les armes de poing de nos rues. Elles causent la perte de trop de vies innocentes.
Nous devons également nous assurer que nous empêchons la violence armée de se produire en premier lieu. Très souvent, je pense que nous pouvons mettre l'accent sur l'application de la loi, sur le recours au droit pénal comme moyen de dissuader et de traduire en justice ceux qui ont commis des crimes avec des armes à feu, mais nous devons également nous concentrer sur la prévention des pertes de vie futures. Je pense à nos enfants. Je pense à nos communautés. Je pense aux femmes, qui ont été touchées de manière disproportionnée par la violence armée. Le programme de notre gouvernement vise à réduire la violence armée.
Je veux faire ce travail avec vous tous, et nous devons nous engager à le faire.
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Merci, monsieur le président.
Je vais reprendre là où j'en étais plus tôt. Le ministre a dit que quelque 74 armes avaient été saisies par la GRC. Cela est bien, mais insuffisant. Quelque 700 armes ont été saisies par les services de police de Montréal l'année dernière. De plus, toujours selon TVA Nouvelles, il y a pratiquement autant d'armes qui passent à la frontière par semaine que ce que les services de police de partout au Canada saisissent en une année.
Ce que l'on comprend des propos du ministre, c'est que les mesures actuelles de contrôle des armes à feu sont adéquates, mais qu'il en faut encore plus. Or, si l'on se fie aux enquêtes journalistiques faites sur le sujet, ces mesures ne sont de toute évidence pas suffisantes et ne sont donc pas adéquates. Nous avons besoin d'un coup de barre. À Montréal, en ce moment, une culture du gun à l'américaine est en train de s'installer. Les gens pensent à se doter d'une arme pour se protéger ainsi que pour protéger leurs enfants et ils obtiennent évidemment leurs armes de façon illégale. À Montréal, des jeunes meurent dans des bibliothèques ou en pleine rue, en plein jour ou alors qu'il n'est pas très tard le soir. Or, la seule mesure adoptée jusqu'à maintenant par le gouvernement a été de déposer le projet de loi , qui prévoit la suppression des peines minimales obligatoires pour des crimes liés aux armes à feu. Nous demandons une mesure un peu plus sérieuse pour contrôler les armes à feu et faire cesser leur trafic illégal.
Le ministre a-t-il un plan? Dans les prochains mois, qu'est-ce que son gouvernement compte faire concrètement pour lutter contre le trafic des armes à feu?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je suis d'accord avec vous. Je pense que dans votre déclaration liminaire, vous avez fait une observation sur le fait que le Code criminel est une partie importante de notre système de justice, mais qu'il s'agit d'une partie réactive, c'est-à-dire qu'il entre en vigueur après qu'un crime a été commis. Je m'intéresse beaucoup aux politiques qui visent à empêcher les crimes de se produire en premier lieu.
Nous savons que les gangs des grands centres urbains du Canada recrutent souvent leurs membres dans les communautés vulnérables. Il peut s'agir de communautés composées de Canadiens racialisés, de Noirs et d'Autochtones. Parallèlement, bon nombre de ces communautés éprouvent un profond sentiment de méfiance à l'égard de nos services de police. Ce sujet a fait l'objet de nombreux écrits, dont le plus récent est le rapport à la dernière législature sur le racisme systémique dans les services de police au Canada.
Si nous voulons essayer de prévenir le recrutement par les gangs, si nous voulons essayer de regagner la confiance de ces communautés afin qu'elles puissent avoir une relation positive et saine avec nos services de police, j'aimerais que vous me disiez, monsieur le ministre, quelles mesures vous prenez en tant que ministre pour demander à Sécurité publique Canada d'aider les services de police partout au Canada afin que nous puissions commencer à rétablir une relation de confiance, lutter efficacement contre le recrutement par les gangs et essayer de tuer ce problème dans l'oeuf plutôt que de toujours traiter les symptômes.
Nous accueillons durant cette deuxième heure, par vidéoconférence, de l'Agence des services frontaliers du Canada, John Ossowski, président, et Scott Harris, vice‑président, Direction générale du renseignement et de l'exécution de la loi.
Nous recevons aussi, du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, M. Rob Stewart, sous‑ministre, et M. Talal Dakalbab, sous‑ministre adjoint, Secteur de la prévention du crime.
Enfin, nous accueillons, de la Gendarmerie royale du Canada, Brenda Lucki, commissaire, Michael Duheme, sous-commissaire, Police fédérale, Stephen White, sous-commissaire, Services de police spécialisés, Kellie Paquette, directrice générale, et Mathieu Bertrand, directeur, Opérations criminelles de la Police fédérale.
Nous allons maintenant passer aux questions. Nous allons d'abord effectuer un tour de six minutes. La parole va en premier lieu à M. Van Popta.
Allez‑y, monsieur.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie tous les témoins pour leur présence aujourd'hui.
Nous avons convoqué cette réunion pour nous pencher sur le contrôle des armes à feu, le trafic illégal des armes et la violence liée aux gangs au regard des fusillades survenues récemment à Montréal, mais malheureusement, le cas de Montréal n'est pas unique. La violence armée est présente partout au pays. Elle l'est aussi dans la région métropolitaine de Vancouver, où se trouve ma circonscription, Langley—Aldergrove.
Plus tôt cette année, il y a eu dans le Grand Vancouver, notamment à Langley, une flambée de fusillades du genre de celles perpétrées par les gangs. Une personne a été abattue en plein jour devant le complexe sportif Langley, où mes petits-enfants jouent au hockey. J'ai trouvé cela très troublant.
À la suite de ces événements, j'ai commencé à m'intéresser de plus près à la violence liée aux gangs, et j'ai été surpris d'apprendre qu'il n'existe aucun système national permettant de retracer la source des fusils et des armes à feu utilisés pour perpétrer des crimes violents. Nous entendons dire que la plupart des fusils employés pour commettre des crimes sont des armes de contrebande provenant des États‑Unis, mais il semble que les statistiques à ce sujet ne sont pas nécessairement fiables, car les services de police au pays ne sont pas tous tenus de fournir ce genre de données.
Est‑ce que les témoins auraient des commentaires à formuler à cet égard? Nous pourrions peut-être commencer par les représentants de la GRC.
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Je vous remercie beaucoup, madame la commissaire.
J'ajouterais que les services de police au pays sont tenus de déclarer au Centre canadien des armes à feu toutes les armes à feu qu'ils saisissent. C'est une exigence. En 2020, les services de police du pays ont saisi plus de 30 000 armes à feu, qui ont été déclarées au Programme canadien des armes à feu. Comme la commissaire vient de le mentionner, nous utilisons ces données principalement aux fins du retraçage. Malheureusement, à l'heure actuelle, nous retraçons seulement un petit nombre de l'ensemble des armes à feu déclarées au centre de dépistage.
Nous voulons en retracer davantage, et l'objectif ultime que nous essayons d'atteindre, c'est brosser un tableau plus précis et plus complet en matière de renseignements. Le renseignement tactique sera essentiel à la mise en œuvre efficace de toute stratégie que nous allons utiliser à l'égard de ceux qui possèdent et utilisent des armes à feu illégales et qui en font le trafic.
Nous devons disposer d'un tableau d'ensemble complet pour tout le pays. C'est pourquoi nous sommes en train de concevoir un système national tout nouveau et moderne de renseignements criminels qui sera utilisé par l'ensemble des services de police au pays pour obtenir des renseignements sur le crime organisé, sur les gangs ainsi que sur les armes à feu.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Au cours de la journée, nous avons entendu des propos à l'américaine, dignes de la NRA, voulant que les armes à feu ne tuent pas les gens et que le problème se trouve plutôt à la frontière.
Je me demande, madame la commissaire et monsieur Ossowski, si vous pouvez nous dire ce que vous pensez d'un certain nombre de points. D'abord, comment devrions-nous aborder toute la question des raisons pour lesquelles le Canadien moyen aurait besoin d'une arme à feu ou d'une arme de poing chez lui, dans le Grand Vancouver ou à Montréal? J'aimerais vous entendre à ce sujet.
Madame la commissaire, vous pourriez peut-être aussi nous en dire un peu plus sur les armes à feu qui sont détournées au pays. Vous pourriez prendre une minute pour nous parler de cet aspect. Monsieur Ossowski, vous pourriez aussi nous donner votre opinion sur la question afin que nous saisissions mieux la situation.
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Merci, monsieur le président.
Comme la commissaire y a fait allusion, nous sommes évidemment responsables de la lutte contre la contrebande aux points d'entrée. Nous considérons la question comme un continuum: il y a avant la frontière, à la frontière et après la frontière. Avant la frontière, si nous recevons des renseignements sur l'arrivée de marchandises de contrebande, nous pouvons bien sûr empêcher le véhicule d'entrer au pays. À la frontière, c'est évidemment l'endroit où nous effectuons la majorité de nos saisies. Je pense que vous avez des données sur le taux de saisie et les investissements qui ont été faits. Nous avons dû intensifier nos efforts.
À mon avis, nous nous concentrons maintenant sur la surveillance des réseaux criminels et des routes utilisées pour le trafic. Nous faisons ainsi tout pour empêcher l'entrée des armes à feu illégales en perturbant ces voies d'approvisionnement. Le groupe de travail transfrontalier que nous dirigeons, avec le soutien de la GRC, jouera un rôle essentiel dans l'atteinte de cet objectif, en regroupant l'information que détiennent les services de police locaux ainsi que nos partenaires aux États-Unis. De plus, nous travaillons à la conclusion d'un protocole d'entente sur le partage d'information directement avec le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives pour obtenir un portrait clair du renseignement.
Oui, il y a eu des investissements pour l'acquisition de chiens et de technologies qui se sont révélés extrêmement utiles, mais ce que nous voulons vraiment, c'est d'agir en amont et de perturber ces réseaux afin d'empêcher l'entrée des armes à feu illégales.
Merci.
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Merci, monsieur Noormohamed. Je remercie tous les participants à la réunion d'aujourd'hui.
Je sais que la violence liée aux armes à feu, comme M. Van Popta l'a mentionné, est également un problème en Colombie-Britannique, plus particulièrement dans la vallée du bas Fraser. Un certain nombre d'entre nous qui siégeons au comité vient de la Colombie-Britannique, et je m'intéresse aux mesures qui pourraient être prises.
Madame la commissaire, vous avez dit que 73 % des armes à feu sont obtenues au pays même, au Canada. De ces 73 %, combien ont été détournées à des fins illégales? Quelle portion de ce pourcentage représentent les armes volées, les armes achetées et ainsi de suite? Combien de ces armes à feu sont utilisées par leur propriétaire légitime?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, madame la commissaire Lucki. C'est un plaisir de vous retrouver.
Je pense que nous sommes ici pour trouver des solutions, bien entendu, mais, avant tout, il est important de bien cibler et de bien comprendre le problème.
Selon vous, pourquoi y a‑t‑il autant d'armes qui arrivent au Canada par la frontière américaine?
Est‑ce que vous jugez avoir toutes les ressources nécessaires et suffisantes pour intercepter ces armes, autant à la frontière, en collaboration avec les autres agences, notamment l'Agence des services frontaliers, mais également une fois qu'elles sont entre les mains des criminels?
Je vais maintenant m'adresser à M. Ossowski.
J'ai devant moi un extrait d'article paru dans le journal 24 heures le 2 décembre dernier, dans lequel Mark Webber, président national du Syndicat des Douanes et de l'Immigration, propose d'élargir le mandat des douaniers. Selon lui, cela pourrait être une solution pour contrôler les armes à feu aux frontières et il est dommage que les agents ne puissent pas patrouiller avec la GRC entre les postes frontaliers, car ils possèdent l'expertise nécessaire pour le faire et pourraient assister la GRC, par exemple avec les chiens détecteurs, les agents de renseignements, les méthodes pour lutter contre la dissimulation d'armes. Toutes ces formes d'expertise sont accessibles, mais elles pourraient être mieux utilisées.
J'aimerais vous entendre sur le sujet.
Croyez-vous qu'il serait possible d'élargir le mandat des agents? Devrions‑nous demander au gouvernement de le faire?
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Merci, madame la commissaire.
J'ajouterais que le traçage d'une arme à feu est complexe. Il consiste à déterminer l'endroit de la fabrication et à retrouver tous les intermédiaires. Il faut penser à l'importation et à la livraison jusqu'aux distributeurs, aux détaillants, aux titulaires de permis et aux revendeurs d'armes à feu à autorisation restreinte et prohibées. Au bout du compte, nous espérons remonter jusqu'à un propriétaire, en particulier ici au Canada, s'il s'agit d'une arme à feu à autorisation restreinte ou prohibée qui est inscrite à un registre.
Pour ce qui est d'identifier la personne qui est en possession de l'arme à feu au moment du crime, nous espérons y arriver en établissant tout l'historique depuis le point d'origine et en retrouvant tous les intermédiaires. C'est un processus complexe. Il peut être long, mais, comme la commissaire l'a dit, c'est un outil essentiel pour déterminer les sources des armes à feu illégales et les moyens de détournement.
Comme il a été dit, l'un des défis que nous avons en ce moment, c'est que nous ne retraçons qu'une petite proportion des armes à feu. L'an dernier, on nous a demandé de retracer un peu plus de 2 000 armes à feu, et nous y sommes parvenus pour 1 472 d'entre elles. Selon le nombre d'armes à feu qui sont saisies à l'échelle nationale, nous avons encore beaucoup de chemin à faire en ce qui concerne l'amélioration de nos capacités de traçage.
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Merci de votre réponse.
Pour ma prochaine question, je vais me tourner vers M. Stewart, qui est le sous-ministre de la Sécurité publique.
Monsieur le sous-ministre, lorsque le a témoigné devant le Comité à la première heure de notre réunion, il a mentionné dans sa déclaration préliminaire que des fonds fédéraux ont été réservés pour des stratégies de lutte contre les gangs et ainsi de suite. Lorsque je lui ai parlé des relations parfois troubles qu'ont certaines communautés vulnérables — y compris les communautés racisées, noires et autochtones — avec les services de police...
Je voudrais simplement vous demander ceci: du point de vue de votre ministère, quels types de données utilisez-vous pour mesurer le succès? De toute évidence, la baisse du nombre de cas est l'un d'entre eux, mais avez-vous une idée de ce que les rapports provisoires indiquent pour ces services de police en aval? Les fonds fédéraux qui ont été dépensés jusqu'à maintenant ont-ils porté des fruits?
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques questions pour la GRC et l'Agence des services frontaliers. D'abord, merci à tous d'être ici aujourd'hui. Je vous remercie de vos efforts soutenus et de votre dévouement pour assurer la sécurité des Canadiens.
Je me tourne d'abord vers la GRC. Selon ce que nous entendons des petits détachements partout au pays, vous êtes à court de ressources, surtout dans le contexte où les crimes violents et les activités des gangs s'étendent des grands centres urbains vers les petites localités, à l'extérieur des principales villes. C'est très inquiétant pour moi, et je ne doute pas que ce l'est pour l'ensemble des Canadiens. Nous constatons également l'augmentation des décès causés par les opioïdes. Nous savons que le trafic de drogues dures est aussi à la hausse. Pourtant, il semble y avoir de moins en moins de ressources policières et d'agents pour s'attaquer à ces problèmes.
Je me demande si vous pourriez donner votre avis sur la situation en général. Si le gouvernement libéral — ou un gouvernement fédéral — décidait de vous verser un milliard de dollars supplémentaires pour lutter contre la violence liée aux gangs, la contrebande d'armes à feu et les armes à feu détenues illégalement, cette somme serait-elle utile? Comment utiliseriez-vous ce milliard de dollars?
Vous avez raison. Il faut du temps. C'est malheureux, mais une grande portion de ce financement vient d'être octroyé alors que le gouvernement actuel est au pouvoir depuis six ans.
Pour passer à un autre sujet, j'aimerais poser une question à la GRC et à l'ASFC — je pense qu'elle relève davantage de la GRC — sur la mobilisation des collectivités frontalières, surtout celles qui chevauchent la frontière. Nous savons que des communautés autochtones chevauchent la frontière. On nous dit que des factions criminelles pourraient profiter de cette situation et se servir de ces territoires pour faire de la contrebande de drogues dures et d'armes à feu.
J'aimerais savoir ce que vous avez fait et ce qui pourrait être fait de plus pour appuyer ces communautés, les protéger et arrêter les criminels qui profitent des problèmes à la frontière où on constate beaucoup de va‑et‑vient et d'infiltration d'activités illégales. Pouvez-vous éclairer le Comité quant à certains enjeux dans ces régions et quant aux façons dont nous pourrions mieux servir les communautés frontalières?
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C'est une excellente question. Tout d'abord, je dirais qu'une collecte de renseignements efficace constitue une bonne base — il faut mettre la technologie à profit. Il faut aussi travailler avec tous les services policiers et les partenaires, comme l'ASFC; être en mesure de partager ces renseignements et les transformer en preuves; et suivre la chaîne menant à la source des saisies. Par exemple, lorsque nous effectuons des saisies à des services postaux, nous devons retracer les pistes et les traduire en arrestations et en accusations.
Nous travaillons avec les États-Unis. Nous venons de créer un groupe de travail formidable coprésidé par l'ASFC. Nous nous sommes dotés de ce que nous appelons la « meilleure » approche, qui nous permet de travailler aux côtés de nos homologues américains de l'autre côté de la frontière. Ici encore, nous établissons des liens avec les différents services policiers. C'est rendu possible grâce au service de renseignements canadien avec lequel nous mettons à niveau, par exemple, la technologie très désuète prenant en charge notre logiciel de partage d'information et de collecte de renseignements. Nous nous rencontrons régulièrement. En résumé, le partage d'information qui nous permet d'appliquer la loi est probablement la meilleure façon de s'y prendre.
Bien entendu, pour nous attaquer aux causes profondes, j'aimerais mentionner l'intervention auprès des gangs et le soutien pour sortir les membres de gangs de ce mode de vie. Il est également important de travailler avec les autres organisations sociales en services sociaux, en éducation, en santé...