:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 68e réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes.
Commençons par souligner que nous nous réunissons en territoire ancestral non cédé du peuple algonquin.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 23 juin 2022. Des membres participent à la réunion en personne dans la salle et d'autres à distance au moyen de l'application Zoom.
Conformément à l'ordre de renvoi du vendredi 25 novembre 2022, le Comité va entamer son étude du projet de loi , Loi établissant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public et modifiant certaines lois et textes réglementaires.
Nous accueillons aujourd'hui l'honorable Marco Mendicino, le ministre de la Sécurité publique.
Il est accompagné de fonctionnaires du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile: Randall Koops, directeur général des Politiques internationales et frontalières; Martin Leuchs, gestionnaire; et Julie Thompson, directrice générale des Politiques en matière de Police.
Je précise que le ministre sera parmi nous pendant la première heure. Les autres témoins de Sécurité publique Canada ainsi que les témoins de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, répondront aux questions des membres pendant la deuxième heure.
Je souhaite la bienvenue à tous.
J'invite maintenant le ministre Mendicino à prononcer une déclaration liminaire.
Vous disposez de 10 minutes, monsieur.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, je suis heureux de comparaître devant le Comité au sujet du projet de loi , Loi établissant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public. Un examen indépendant et rigoureux de nos organismes d’application de la loi est essentiel à la confiance du public et à la transparence pour veiller à ce que tous les Canadiens se fassent traiter de façon égale, sécuritaire et équitable par les organismes responsables de notre protection.
Dans les dernières années, nous avons pris parfaitement conscience du racisme à l'encontre des Noirs et des Autochtones dans nos services policiers et notre système judiciaire. À vrai dire, ce phénomène existe depuis un certain temps. Nous savons que les Canadiens racisés et autochtones sont grandement surreprésentés dans les prisons, ont plus de démêlés avec les forces de l'ordre et sont disproportionnellement susceptibles d'être victimes de préjugés et même de profilage. Ces problèmes s'ajoutent à une culture où on ferme les yeux sur le harcèlement, l'intimidation et d'autres comportements inacceptables de la part de nos institutions dans le secteur de l'application de la loi.
En tant que représentants de nos électeurs, nous qui portons la voix de tous les Canadiens, nous avons le devoir de remédier à cet héritage. C'est précisément pourquoi nous avons déposé le projet de loi . Ce projet de loi établirait la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public — ou, comme je l'appellerai, la CETPP — en tant que nouvel organisme civil indépendant d'examen pour la Gendarmerie royale du Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada. Fait significatif, le projet de loi entraînerait le premier examen indépendant de l'Agence des services frontaliers du Canada.
[Français]
La Commission continuerait de remplir le mandat actuel de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC avec, à sa disposition, des outils de responsabilisation accrus.
[Traduction]
La CETPP examinerait et enquêterait toute activité de la GRC signalée, mais n'ayant pas trait à la sécurité nationale. Elle remettrait ensuite ses constats et recommandations au commissaire de la GRC et au bureau du ministre de la Sécurité publique.
La GRC fournit des services policiers à plus de 150 municipalités et 600 Premières Nations à l'échelle du pays qui interagissent avec un large segment de la société canadienne, ce qui rend cette surveillance nécessaire.
Pour sa part, l'ASFC n'est actuellement pas dotée de mécanisme indépendant externe pour examiner les plaintes du public, seulement d'un processus interne. Il s'agit du seul organisme du portefeuille de la Sécurité publique exempt d'examens externes indépendants. En moyenne, l'ASFC interagit avec près de 100 millions de voyageurs par année. Elle traite plus de 20 millions d'envois commerciaux et plus de 60 millions d'expéditions de messagerie par année.
La surveillance et les examens se font attendre depuis longtemps pour cette organisation. Le projet de loi comblerait cette lacune qui perdure. Grâce à la CETPP, les plaignants pourraient dorénavant se tourner vers une entité externe qui déclencherait des enquêtes et qui examinerait la conduite de l'ASFC de façon indépendante.
[Français]
Je reconnais que certaines personnes peuvent être réticentes à déposer une plainte ou à entamer une procédure de plainte. C'est pourquoi la loi permet à un tiers de déposer une plainte au nom d'une personne lorsqu'il y a consentement explicite.
[Traduction]
Comme autre mesure provisoire, le président de la CETPP mènerait aussi un examen de la conduite posant problème.
[Français]
Afin de garantir l'efficacité de ce mandat élargi, il donne à la CETPP des mécanismes supplémentaires pour renforcer la responsabilité de la GRC et de l'ASFC, l'Agence des services frontaliers du Canada, en établissant des délais clairs dans la loi pour que la GRC et l'ASFC répondent aux rapports de la CETPP.
[Traduction]
La GRC et l’ASFC seraient tenues de présenter un rapport annuel sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission, que le ministère de la Sécurité publique déposera ensuite au Parlement.
Ce projet de loi obligerait également la Commission à mettre en œuvre des programmes d’éducation et d’information pour le public, afin de mieux faire connaître à la population le mandat de la Commission et les droits de recours des personnes, y compris au sein des communautés vulnérables et marginalisées.
La CETPP détiendrait un nouveau pouvoir, soit celui de recommander au commissaire de la GRC et à la présidente de l’ASFC d’engager des processus disciplinaires ou d’imposer des mesures disciplinaires. Le commissaire et la présidente seraient tenus de déclarer au président de la CETPP et à moi-même si des mesures disciplinaires ont été prises ou imposées.
De plus, le projet de loi crée de nouvelles dispositions pour renforcer la responsabilité et la transparence de la GRC et de l’ASFC, notamment des échéanciers codifiés, des rapports annuels au ministre de Sécurité publique et la collecte de données ventilées selon la race. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la collecte de données selon la race est particulièrement essentielle pour cerner les tendances et remédier au racisme systémique ancré dans nos institutions.
Le projet de loi est déposé à un moment critique dans l'histoire des services policiers au Canada, immédiatement après les conséquences du rapport final de la Commission des pertes massives de la Nouvelle-Écosse. Le projet de loi C‑20 répond aux constats de la Commission des pertes massives en créant des rapports plus transparents pour les organismes fédéraux de l'application de la loi.
[Français]
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour répondre au rapport final de la Commission des pertes massives de la Nouvelle‑Écosse, mais les éléments du projet de loi démontrent notre engagement à apporter des changements.
[Traduction]
En plus d’établir la CETPP, le projet de loi créerait un cadre réglementaire dans la Loi sur l’ASFC pour régir les interventions de l’ASFC en cas d’incidents graves, qui sont actuellement gérés au sein même de l'organisation. En vertu de ce cadre, l’ASFC serait tenue d’effectuer des examens en cas d’incidents graves, d’en informer la Commission et la police compétente, et de fournir à la CETPP tous les rapports et renseignements connexes.
[Français]
Les Canadiens nous ont clairement fait savoir que ces questions nécessitaient une action immédiate. J'ai écouté attentivement les arguments soulevés par certains de mes collègues, au cours du débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi, concernant la nécessité de s'assurer que les Autochtones, les Noirs et les personnes racisées sont représentés au sein des nominations à la CETPP.
[Traduction]
Je suis ravi de mentionner que ce projet de loi jouit d'un appui généralisé, non seulement à ce comité, mais au sein de tous les partis.
Je serai maintenant heureux d'entendre vos questions et commentaires.
Je vous remercie encore une fois, monsieur le président.
:
Vous avez posé deux questions. Je vais commencer par la fin. Nous nous engageons à investir suffisamment dans la Commission pour répondre aux normes que vous avez soulevées. La GRC et l'ASFC s'engagent à faire de même; vous pouvez me croire là‑dessus.
Plus important encore, ce projet de loi représente à lui seul un tournant à bien des égards. En effet, il contribuera à un meilleur examen externe indépendant de la GRC, et, pour la première fois, de l'ASFC, en assurant une plus grande transparence en matière d'échéanciers et de délais d'exécution pour le traitement des plaintes. La CETPP pourra recommander des procédures disciplinaires et l'imposition de sanctions ou de mesures disciplinaires. Si elle ne le fait pas, les administrateurs généraux seront chargés de fournir un rapport sur l'affaire.
J'aimerais soulever deux autres points rapidement, monsieur Motz, si je puis me permettre.
Il y aura davantage de rapports sur les travaux de la CETPP.
Enfin, et c'est important, la CETPP aura le mandat de recueillir et de ventiler des données fondées sur la race, ce qui est crucial pour réduire le racisme systémique et les obstacles auxquels de nombreux Canadiens ont été confrontés.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous pour parler de cet enjeu, monsieur le ministre. Ce projet de loi est très important.
Je m'y intéresse tout particulièrement, et j'espère que nous l'adopterons. J'ai été fonctionnaire de 2002 à 2006, et j'ai travaillé avec M. Koops à ce moment‑là. Il a beaucoup été question de l'examen de la Loi antiterroriste à l'époque.
On a créé divers organes à l'époque, dont la Table ronde transculturelle sur la sécurité. Ce groupe a recommandé de veiller à ce que l'on supervise l'ASFC. Malheureusement, le gouvernement a changé, et rien n'a été fait à cet égard, alors je suis vraiment heureux que nous allions maintenant de l'avant.
La plupart des membres de la communauté musulmane, des Canadiens arabes, des Canadiens sikhs, et des personnes à la peau noire ou à la peau brune vous diront qu'ils sont parfois traités différemment par l'ASFC. C'est indéniable, et je l'ai moi-même vécu. Beaucoup l'ont vécu, et je pense que le fait que nous allions maintenant de l'avant envoie un message important. Il a en fallu du temps.
Je crois que ce serait bon que ces Canadiens vous entendent dire ce que ces changements signifieront pour eux, monsieur le ministre. Je pense tout particulièrement aux Canadiens racisés qui reviennent au pays après leurs voyages.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, de votre présence. Nous sommes toujours heureux de vous recevoir au Comité. Je remercie également vos collègues d'être là.
Je pense que le projet de loi est, en quelque sorte, une troisième prise pour votre gouvernement. Vous avez présenté le projet de loi au cours de la 42e législature et le projet de loi lors de la 43e législature. Ces deux projets de loi sont morts au Feuilleton pour la simple raison que votre gouvernement n'en a pas fait une priorité.
Il y a près de 20 ans, en 2004, le juge O'Connor a aussi recommandé la création d'un processus indépendant pour gérer les plaintes du public contre l'Agence des services frontaliers du Canada.
En janvier 2020, le commissaire à la protection de la vie privée du Canada a constaté d'importantes lacunes concernant la fouille d'appareils électroniques des voyageurs et a démontré, lui aussi, l'importance d'un examen indépendant des plaintes.
Devant toutes ces preuves montrant le besoin d'une commission indépendante, pourquoi votre gouvernement n'en a-t-il pas fait une priorité avant aujourd'hui?
:
Merci beaucoup. Nous allons attendre cela impatiemment, monsieur le ministre.
J'aimerais vous poser une question au sujet du projet de loi de façon précise.
J'ai récemment rencontré les représentants de la Fédération de la police nationale. Je sais que vous les avez probablement rencontrés aussi, à maintes reprises. Ils m'ont dit qu'ils craignaient que la Commission ne soit pas complètement indépendante des agents de la GRC. Les policiers continueront d'enquêter sur leurs collègues en cas de plainte.
Pourquoi la Commission n'est-elle pas plus indépendante?
Ces représentants m'ont dit... Bien sûr, chaque province a ses propres organismes, mais j'ai beaucoup entendu parler de l'Équipe d'intervention en cas d'incident grave de la Nouvelle-Écosse. Lorsqu'on a recours à la force mortelle, je crois, ou même lorsqu'un policier décharge son arme à feu, un organisme provincial... Un organisme entièrement indépendant est chargé d'enquêter sur les événements, afin d'éviter que la police enquête sur la police.
Pourquoi n'a‑t‑on pas adopté un modèle de ce genre? Nous vivons une période de changement; je me demande pourquoi cela n'a pas été fait.
:
Merci, monsieur le président.
Selon ce que je comprends du résumé législatif, cette nouvelle Commission d'examen et de traitement des plaintes du public que va permettre de créer le projet de loi n'aura pas la compétence pour effectuer l'examen d'activités liées à la sécurité nationale. Pourtant, le juge O'Connor a recommandé, dans son rapport de 2004, que l'organisme d'examen soit habilité à examiner toutes les activités de la GRC, y compris celles qui sont relatives à la sécurité nationale.
Dans son rapport, il donnait cet avertissement:
Les activités de la GRC relatives à la sécurité nationale ne représentent qu’une partie assez petite de sa charge générale de travail. Confier l’examen des activités relatives à la sécurité nationale à un organisme et l’examen des autres activités de la GRC à un autre organisme pourrait comporter de sérieux risques. Tout d’abord, il se pourrait que des organismes différents appliquent des normes différentes, voire contradictoires, aux mêmes activités ou à des activités semblables d’application de la loi. De plus, dans de nombreuses circonstances, il pourrait s’avérer difficile de distinguer ce qui est considéré, à juste titre, comme une activité relative à la sécurité nationale des autres activités de la GRC, et l’existence d’organismes d’examen distincts pourrait donner lieu à des désaccords et à des conflits de compétence.
On peut comprendre que le juge O'Connor a alors exprimé une crainte assez sérieuse. Toutefois, comme je l'ai dit, il est prévu au paragraphe 52(8) du projet de loi que la nouvelle Commission d'examen et de traitement des plaintes du public doit refuser d'examiner une plainte si elle concerne les activités étroitement liées à la sécurité nationale.
Pourquoi avoir mis de côté cette recommandation du juge O'Connor dans le projet de loi
:
M. Julian souligne une question très importante qui se rapporte aux interactions entre cette nouvelle commission d'examen des plaintes du public et les autres organismes ayant pour mission d'examiner précisément les enjeux de sécurité publique exprimés clairement par le juge O'Connor.
Je peux répondre à la question de mon mieux, monsieur Julian, mais c'est au Comité de réfléchir à la façon dont cette nouvelle commission travaillera en étroite collaboration avec le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, ou CPSNR, et l'OSSNR pour garantir que... Supposons qu'il y ait une plainte possiblement sur une question de sécurité nationale. Au titre de la version actuelle du projet de loi, elle ne pourrait pas être examinée immédiatement par la Commission, mais serait saisie soit par le CPSNR, soit par l'OSSNR. De cette manière, on pourrait obtenir de la transparence et une reddition de comptes, répondant ainsi aux inquiétudes et aux recommandations formulées par le juge O'Connor.
À mon avis, il convient d'adopter une approche holistique: la Commission aura pour rôle de relever le niveau d'exigence quant aux examens indépendants et à la reddition de comptes au sein de la Gendarmerie royale du Canada et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Cela dit, d'autres comités et organismes sont en place pour traiter aussi des enjeux de sécurité nationale, s'il y a dépôt d'une plainte sur cette question.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je veux revenir aux questions relatives à la Fédération de la police nationale sur la possibilité de rendre la Commission indépendante. Vous avez affirmé qu'il y a certains enjeux de compétence provinciale, mais je n'ai pas obtenu de vous une réponse très claire quant aux motifs pour lesquels la Commission n'est pas plus indépendante.
J'insiste là‑dessus, car je crois que vous conviendrez qu'il y a un problème de moral au sein des forces policières au pays depuis quelques années, pour de multiples raisons. Au cours de la dernière année, presque 10 policiers, je crois, sont morts dans le cadre de leurs fonctions, dans des circonstances variées, ce qui est dévastateur pour le moral. Certains mouvements ont aussi demandé à ce qu'on cesse de financer la police. Ces situations sont extrêmement difficiles pour les policiers, qui, comme vous le savez, risquent leur vie pour nous.
Ces enjeux soulèvent de vives passions et ont un effet sur le moral. D'après des discussions avec les forces policières et avec des membres de la GRC, je comprends qu'il y a des problèmes de recrutement. Il n'y a vraiment pas suffisamment de candidats qui cherchent à rejoindre les rangs de la GRC. Il s'agit d'une institution de longue date, alors il est profondément désolant de faire cette constatation.
Le présent projet de loi est important — je suis ravie que vous l'ayez présenté —, mais il concerne en fin de compte les mesures disciplinaires prises à l'encontre de policiers par l'entremise du processus de plainte. Je répète que c'est important, nous en avons tous convenu, mais à mon avis il faut accorder tout autant d'importance à l'amélioration de la situation des policiers. Je ne suis pas certaine que cela ait été une priorité d'égale importance pour vous.
Pourriez-vous donner en exemple une annonce faite ou une mesure prise dernièrement pour améliorer le moral des policiers et des membres de la GRC et pour améliorer le maintien en poste et le recrutement?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le ministre pour sa comparution devant le Comité.
Monsieur le ministre, vous avez parlé d'un investissement de 390 millions de dollars, dont 121 millions iront à l'Ontario. J'étais présent lors de l'annonce, qui a été très bien reçue; je vous en remercie.
J'adhère aux propos tenus par mon collègue, M. Noormohamed. Une personne racisée est souvent perçue un peu différemment, bien franchement, par les personnes en position de pouvoir. J'ai étudié aux États-Unis et, même si j'avais des documents d'immigration officiels — un visa d'études F1, un visa de travail H‑1B —, j'ai fait l'objet d'un second contrôle à la frontière pratiquement chaque fois. Je suis donc très heureux que nous ayons proposé cette mesure.
Vous avez affirmé que la Commission aurait l'obligation de recueillir des données désagrégées sur la race. Pourriez-vous expliquer pourquoi il est important de recueillir ces renseignements et, surtout, à quoi serviront-ils?
Avant de poursuivre avec les hauts fonctionnaires, j'aimerais souligner que nous devons rajuster légèrement notre budget pour le projet de loi .
Je crois que tous les députés ont reçu un exemplaire du budget supplémentaire. Plaît‑il au Comité d'adopter le budget supplémentaire? Les membres du Comité sont-ils d'accord?
Des députés: D'accord.
Le président: Voilà qui est fait. Merci.
Maintenant que nous avons payé notre repas, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux hauts fonctionnaires qui se joignent à nous.
Nous accueillions, de l'Agence des services frontaliers, Mme Natasha Alimohamed, directrice générale, Direction des recours, et M. Philippe Tremblay, directeur par intérim, Division des plaintes du public et des examens externes. Nous recevons également, de la Gendarmerie royale du Canada, le sous-commissaire Bryan Larkin, des Services de police spécialisés, et M. Alfredo Bangloy, commissaire adjoint et dirigeant de la responsabilité professionnelle.
Nous passons maintenant à la période de questions.
Nous devons nous arrêter à 18 heures, alors nous n'aurons probablement pas plus d'un tour.
Monsieur Shipley, je vous prie de commencer. Vous avez six minutes.
:
Je vous remercie beaucoup.
Sur une moyenne de cinq ans, environ 2 385 plaintes sont déposées. Comme mon collègue, M. Koops, y a fait allusion, nous avons un droit de premier refus.
Je vous donnerai une idée d'un des éléments importants. Nous pensons que c'est une question de gestion du nombre de plaintes. En moyenne, 13 % des plaintes sont retirées après un dialogue ou une discussion initiaux. Le processus de résolution informelle permet de régler environ 35 % des plaintes. D'un point de vue plus général, il s'agit de satisfaire les niveaux de service et de répondre aux préoccupations du particulier quant au geste posé par le membre de la GRC. Nous pensons toujours que nous avons une occasion unique, car si on peut résoudre la plainte de manière informelle et en arriver à un degré de satisfaction, alors ce résultat a du bon.
Nous observons les effets sur notre niveau de service quand on voit la demande à l'égard de la GRC à l'échelle du pays. La demande est substantielle et continue de croître en fonction des défis actuels. Cependant, ici encore, nous fermons les dossiers relativement rapidement.
Mon collègue, le commissaire adjoint et dirigeant de la responsabilité professionnelle Alfredo Bangloy, pourrait vous fournir des renseignements supplémentaires qui vous aideraient dans le cadre de votre étude.
:
Je vous remercie de vous préoccuper de la question.
Il est certain que dans tout le pays — et pas seulement au sein de la GRC —, tous les services de police font face à une période difficile compte tenu de notre climat actuel. En particulier, la perte causée par les décès récents en service aggrave la situation. Bref, le recrutement de policiers est un enjeu non seulement national, mais mondial. Grâce à mon expérience de travail avec l'Association internationale des chefs de police, je peux vous dire qu'à l'échelle mondiale, tous les corps de police tiennent des discussions semblables.
Le commissaire Duheme est très engagé à l'égard du recrutement et de la collaboration avec tous les intervenants. En fait, nous sommes en train de lancer à titre proactif un important examen et une modernisation de notre processus de recrutement. Bon nombre de ces processus sont déjà en place.
Nous travaillons, par exemple, avec la Fédération de la police nationale sur la façon de renforcer la confiance. Les processus de plaintes du public jouent un rôle substantiel à cet égard. Il est également essentiel de s'assurer que les gens sont satisfaits de l'institution du maintien de l'ordre. Lorsque ces types de processus sont adéquats, nous renforçons également la confiance.
Nous croyons voir la lumière au bout du tunnel en ce qui concerne le recrutement. Nous pensons qu'il y a des possibilités de mobiliser tous les Canadiens. Nous avons apporté des changements à la résidence permanente. Nous avons apporté des changements pour diversifier notre main-d'œuvre. Nous observons un certain nombre de stratégies. Les processus de recrutement reprennent lentement. Cependant, cette année, nous ferons probablement passer quelque 800 personnes par la Division Dépôt de la GRC. Encore une fois, cela respectera les normes existantes.
Lorsque nous examinons la composition démographique de notre effectif, nous constatons une attrition et une augmentation des départs à la retraite. Il y a des défis pour l'organisation.
Le recrutement est l'un des principaux piliers du commissaire Duheme. En fait, à l'heure actuelle, c'est la priorité absolue pour combler les postes vacants partout au pays et régler les problèmes relatifs à la possibilité d'être libéré d'une affectation et à la mobilité entre... Nous sommes un service de police national et, en fait, un service de police mondial où nous déployons un certain nombre de membres. C'est une source de préoccupation, mais je dirais que tous les chefs de police, et pas seulement la GRC, partagent cette préoccupation.
:
Je vous remercie de cette précision
J'aimerais revenir à la question que j'ai posée plus tôt au , laquelle portait sur les ressources. Mme Michaud a également abordé le sujet lorsqu'elle a parlé du soutien à l'interprétation et aux langues officielles.
En examinant les renseignements que nous avons reçus au sujet de l'entente de règlement du recours collectif Merlo Davidson, nous avons vu, à ce propos, que plus de 3 086 demandes ont été déposées entre août 2017 et mai 2018, et qu'il y avait 29 enquêteurs externes. Je m'intéresse au budget, car il me semble inadéquat, compte tenu de l'ampleur et de la portée du nombre de plaintes potentielles, et du fait que nous parlons de l'ASFC et de la GRC. Le financement est de 15 millions de dollars et s'élève à 19,4 millions de dollars si on inclut les services d'interprétation et d'autres éléments.
Sur quelle base a‑t‑on évalué le budget nécessaire pour gérer la situation de façon appropriée, assurer le respect des normes de service et répondre adéquatement aux plaintes déposées? Comment ce budget a‑t‑il été établi?
:
Il y a de 3 000 à 4 000 plaintes par année à l'interne à l'ASFC. Ce sont les chiffres pour les voyages effectués avant la pandémie.
Nous avons examiné à quoi pourrait ressembler la commission pour pouvoir traiter à peu près ce volume de plaintes au sujet de l'ASFC, puis, en collaboration avec les organismes centraux du ministère des Finances et du Conseil du Trésor, nous avons commencé à déterminer à quoi ressemblerait l'organisation et quels seraient ses besoins.
Le dossier a suivi le processus budgétaire fédéral, et la a annoncé dans le budget la somme globale de 112,3 millions de dollars sur six ans pour la mise en œuvre du projet dans son ensemble. La prochaine étape, qui consiste à déterminer quelle part de cet argent va à la Commission par rapport à celle qui va à la GRC ou à l'ASFC, passe par le processus budgétaire, par le budget principal des dépenses ou le budget supplémentaire des dépenses, quand le gouvernement cherche à affecter des fonds à la nouvelle organisation.
Au besoin, il existe d'autres moyens pour compléter le budget de fonctionnement de l'organisation. Dans le passé, le gouvernement a mis des fonds à la disposition de la CCETP lorsqu'elle en avait besoin, par exemple dans le cadre de l'exercice sur l'intégrité des programmes.